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Critiques de Hubert Monteilhet (68)
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Néropolis

Un de mes plus beaux moments de lecture, une fresque magnifique, d'une érudition époustouflante, qui nous donne un sentiment d'immersion dans la Rome antique. Je partage donc pleinement l'enthousiasme majoritaire pour la dimension historique du roman. Certes, nos sensibilités actuelles ont du mal avec la débauche de violences sanguinaires et obscènes qui surabondent au fil des pages, commises le plus souvent avec l'indifférence débonnaire des gens ordinaires qui ne se démarquent pas des usages de leur époque.

Beaucoup de lecteurs ou de lectrices sont assez sévères avec l'intrigue romanesque et avec l'intérêt des personnages de l'intrigue. Je ne partage pas cet avis considérant au contraire que Kaeso est une sorte de Hamlet avant la lettre, qui se débat à sa manière avec des interrogations universelles qu'il aborde avec une humanité bouleversante, bien que manifestement, ceci ne fasse pas l'unanimité. Pourtant, Kaeso est un héros romantique, qui préfigure Werther ou Julien Sorel. S'il déploie des stratagèmes tortueux pour échapper au destin qu'on veut lui imposer, il n'en reste pas moins guidé par une volonté, sinon de transcendance, du moins de recherche de vérité et de dignité. Les dialogues avec Paul, Luc et Pierre, sont également d'une extraordinaire simplicité et profondeur à la fois. On comprend au fur et à mesure de l'avancement du roman, que le parcours de Kaeso est celui d'une conversion qui est en réalité le dévoilement de son véritable destin. Ajoutons encore qu'il y a chez l'auteur une justesse psychologique exceptionnelle qui donne encore plus d'épaisseur à ses personnages en dépit de leur distance dans le temps.









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De quelques crimes parfaits

Julie est exceptionnellement belle (malgré les années). Depuis longtemps, elle collectionne les conquêtes masculines comme d'autres collectionnent les papillons. Elle semble aussi abonnée aux veuvages : ses riches époux ont une forte propension à mourir prématurément. Sa demande de description d'un crime parfait, auprès du narrateur (expert en criminologie) présage une nouvelle exécution. Quant à la perfection du crime, je vous laisse découvrir par vous-même ce qu'il en sera ici.



L'écriture est agréable mais la narration de quelques exploits de Julie donne une certaine monotonie au récit, et l'intrigue reste banale.

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Néropolis

Un immense roman dont l'intrigue n'est que secondaire. L'essentiel est ailleurs : c'est un monument littéraire sur la Rome de Néron, grouillante, perverse et sanglante, mais parfois aussi sublime. La ville et surtout son peuple constituent le véritable sujet de ce livre majeur pour qui souhaite revivre ces moments si déterminants pour l'histoire de notre monde. Entre les nobles et leurs relations de clientélisme, les bordels et l'esclavage sexuel, les excès d'un empereur insaisissable, les cruels jeux du cirque et autres spectacles terribles, naissent de féconds débats entre penseurs, tandis que le christianisme se constitue en doctrine par l'intermédiaire de Saint Paul. Un monde fascinant.
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Néropolis

Un roman fleuve qui raconte l'histoire de Kaeso, un jeune romain qui feint de se convertir au christianisme pour échapper aux convoitises de sa belle-mère adoptive. Il y a aussi le grand incendie de Rome de 64, qui rend compte du climat apocalyptique où baignaient les premiers chrétiens. Un très grand roman.
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INTOX 1870-1914 La presse française en délire

C’est la lecture du roman de Gordon Zola Cartonne 14 (voir ma dernière critique) qui m’a poussé à relire ce court livre de Monteilhet déjà lu à sa sortie en 2015. Gordon Zola avec sa verve humoristique habituelle expliquait pourquoi et comment les Français et les Russes (surtout les Français) étaient responsables du déclenchement de la guerre de 14-18 qu’ils avaient ardemment désirée et obtenue dans le but de récupérer l’Alsace-Lorraine perdue en 70.



Si le livre de Gordon Zola est un roman drôlatique, celui de Monteilhet est un essai historique qui montre à quel point la presse française a, pendant 40 ans, préparé, nettoyé et bourré les esprits de ces pauvres Français pour qu’ils haïssent les Allemands et désirent eux-aussi cette guerre. Les très nombreux extraits de cette presse, « en délire » comme l’indique le titre, sont tout bonnement stupéfiants et même alarmants sur la santé mentale de leurs auteurs. A ce niveau-là, c’est un concours d’aliénés…



Je ne peux pas reproduire ici ces extraits, ce serait trop long, mais je vous engage fortement à les lire (car il faut les lire pour y croire). Je vais quand même vous mettre quelques échantillons de ce que ces journalistes ou des docteurs écrivaient à propos des Allemands. Attention, c’est du lourd.



Au point de vue anatomique, la mesure de l’intestin révèle chez les Allemands une augmentation de longueur d’environ trois mètres. Cet accroissement porte notamment sur le gros intestin dont la capacité est développée dans les mêmes proportions. L’ampoule rectale des Allemands atteint des dimensions considérables en rapport avec le surmenage dont elle est l’objet. La quantité de matière fécale produite par un Allemand est plus du double de celle d’un Français. Leur sphincter, comme cela a été fréquemment constaté au cours de l’anesthésie chirurgicale, n’offre qu’une résistance extrêmement faible.



Plus loin :



La proportion des matières fécales des Allemands s’élève à plus du double de celle des Français. Dans les usines de papeterie de Chenevières en Meurthe-et-Moselle, cinq cents cavaliers allemands ont résidé pendant trois semaines. Ils y ont absorbé des quantités énormes de victuailles de toutes sortes. La conséquence en a été qu’ils ont encombré de leurs déjections toutes les salles de l’usine. Une équipe d’ouvriers a mis une semaine pour retirer de l’usine trente mille kilos de matières fécales. L’amas de ces déjections a été photographié : il s’élève à une hauteur à peine croyable.



Plus loin encore :



A Liège, après le séjour de 180 Allemands pendant six jours dans l’immeuble N°112 boulevard de la Sauvenière, les cabinets débordants ont nécessité une démolition complète pour les évacuer. La maison tout entière était encombrée de matières fécales. Les lits en étaient remplis. Des ordures avaient été déposés sur les tapis. Six personnes furent occupées durant une semaine à cet épouvantable nettoyage. La ville tout entière fut « submergée », selon l’expression d’un témoin, sous une marée d’excréments.



Vous en voulez encore ? Allez, d’accord !



Une constatation qui s’impose à tout odorat normal, c’est que la puanteur des résidus stercoraux allemands n’est pas en rapport simple avec la quantité – ce qui suffirait d’ailleurs à constituer une sérieuse incommodité. L’intensité des émanations malodorantes se manifeste, au contraire, dans une proportion géométrique. Si, quant à son énormité, la production excrémentielle est double, au point de vue de l’odeur, elle atteint des proportions inouïes, incroyables. On pourrait dire qu’elle est au moins quatre fois plus forte. L’yperchésie des Allemands réalise un cas auquel s’applique la situation pressentie par l’auteur de l’Art Poétique : « Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable ».



Encore un, s’il vous le voulez bien :



Dans toutes leurs invasions antérieures, les hordes germaniques s’étaient signalés à l’attention par le débordement d’évacuations intestinales dont elles jalonnaient leur marche. Déjà, du temps de Louis XIV, on disait que par le seul aspect de l’énormité des excréments, le voyageur pouvait savoir s’il avait franchi les limites du Bas-Rhin et s’il était entré dans le Palatinat.



Passons maintenant des excréments à l’urine :



Le coefficient urotoxique est chez les Allemands au moins un quart plus élevé que chez les Français. Cela veut dire que s’il faut 45 centimètres cubes d’urine française pour tuer un kilogramme de cobayes, il ne faudra que 30 centimètres cubes d’urine allemande, plus toxique, pour obtenir le même résultat. La principale particularité organique de l’Allemand actuel, c’est qu’il est impuissant à éliminer par sa fonction rénale surmenée tous les éléments uriques ; il doit donc y ajouter la sudation plantaire : cette conception peut s’exprimer en disant que l’Allemand pisse par les pieds.



Et on va terminer cet échantillon par des remarques d’une tout autre hauteur :



Les Allemands dégagent une odeur fétide, ce n’est pas douteux : il suffit d’avoir été dans l’obligation d’en héberger l’un d’eux pour être à tout jamais fixé là-dessus. Quant à la nature de cette senteur spéciale, on s’accorde moins. Beaucoup la compare à celle de la graisse rancie ; d’autres assurent qu’elle ressemble aux émanations d’une ménagerie foraine ; certains lui découvre une similitude avec l’odeur fade d’un clapier à lapins, ou de la bière aigre, ou du lait tourné, ou d’un poulailler mal tenu, ou d’un vieux baril de salaison. Aucun système de désinfection ne parvient à la neutraliser. Plusieurs aviateurs affirment que, lorsqu’ils arrivent au-dessus d’une agglomération allemande, ils en sont avertis par une odeur dont leurs narines sont affectées, même s’ils la survolent à une très grande hauteur.



Bien, après de tels délires scatologiques par des journalistes et des docteurs qui mériteraient de se soigner (leur racisme au moins…), le paysan bas-breton (basque ou ardéchois…) devait être convaincu que c’étaient de vrais bêtes qu’il allait combattre.



Le livre de Monteilhet, ce n’est pas que ça, évidemment et heureusement. C’est aussi la description de l’engrenage déclenché par la France pour parvenir à la guerre. On y parle aussi comme dans le roman de Gordon Zola de l’affaire Calmette, des emprunts russes, de l’assassinat de Jaures, de la visite de Poincaré en Russie, etc. C’est court, mais très instructif, et très en accord avec ce que Gordon Zola nous raconte dans son Cartonne 14 d’une toute autre manière.



A lire pour mieux comprendre jusqu’où peut aller une presse aux ordres.

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Les Cavaliers de Belle-Ile

Après « De plume et d’épée » (1999) et avant « Au royaume des ombres » (2003), « Les Cavaliers de Belle-Ile » est le second roman de la succulente trilogie consacrée par Hubert Monteilhet au XVIIème siècle. Le premier volume, sous-titré « Roman Louis XIII », nous racontait les aventures d’Arnaud d’Espalungue, émule et ami de d’Artagnan, qu’il a suivi au siège de La Rochelle et jusque dans les coulisses du Louvre. « Les Cavaliers de Belle-Ile » se situe vingt ans après (ce n’est pas tout-à-fait un hasard) et concerne donc le règne de Louis XIV. Si le premier roman coïncidait grosso modo avec « Les Trois Mousquetaires » le deuxième est à cheval (normal pour des cavaliers) entre « Vingt ans après » et « Le Vicomte de Bragelonne ». La filiation avec Dumas est évidente, flagrante, et pour tout dire inévitable. Mais Monteilhet n’est pas un copieur, ni un pasticheur. « Son » XVIIème siècle, celui qu’il recrée avec précision et scrupule, est en quelque sorte un peu plus « historique » que chez Alexandre le Grand, plus réaliste, plus coquin aussi (Monteilhet est un libertin, autant dans le sens intellectuel du XVIIème siècle, comme Gassendi et Cyrano de Bergerac, que dans le sens plus sensuel du XVIIIème comme Laclos ou Crébillon). Plus qu’une honnête copie, il faut donc voir dans ce roman (dans ces romans, veux-je dire) un hommage appuyé au Maître.

On se souvient que dans le premier volume, Arnaud avait participé « activement » à la conception du futur Louis XIV. Ce thème revient donc ici, noyé dans les péripéties d’un début de règne houleux (Mazarin a remplacé Richelieu, et Anne d’Autriche a toujours autant de talent pour se plonger dans les em… bêtements. Arnaud et son ami d’Artagnan, seront là, bien sûr, pour l’en sortir. Au milieu d’une foule de personnages connus (mais d’une autre façon, chez Dumas) nos héros s’en donnent à cœur joie (à corps joie aussi) dans une intrigue qui, elle, prend quelques libertés avec la réalité historique (mais ça on en a la délicieuse habitude).

Certains personnages ressemblent au portrait que Dumas en a fait : Mazarin, la reine, Fouquet, Beaufort et même Molière. D’autres, tout en y ressemblant, sont dessinés un peu différemment, d’autres encore sont nouveaux et font une apparition mémorable, notamment un escadron de sorcières et d’empoisonneuses qui vaut son pesant… d’arsenic.

Le XVIIème siècle comme si vous étiez, donc, reconstitué dans toute sa vérité. Si les évènements historiques sont quelque peu interprétés, voire réécrits, la description physique et morale de l’époque est parfaite :

« Le public sera juge de ces jeux de lumière, de la nature de quelques contradictions et de leur gravité. Nous espérons qu’il ne sera pas choqué par les rudesses d’une époque dont la sensibilité était si différente de celle de notre monde policé » ‘Avertissement de l’auteur).

Le fait et qu’on est ici entre deux mondes, celui de Corneille et du Capitaine Fracasse, plein de panache, d’intrigues et de complots en tous genres, et celui qu’annonce Louis XIV, Colbert et Louvois, fait d’ordre (ordre politique, ordre religieux et ordre moral) et d’absolutisme.

Nul mieux que Monteilhet n’est apte à mieux restituer cette ambiance, cette atmosphère. Il la fait avec une telle aisance d’écriture, une fluidité, une élégance, qu’il met le lecteur dans sa poche dès les premières lignes : si vous avez aimé « De plume et d’épée » vous aimerez « Les Cavaliers de Belle-Ile ». On y retrouve le même contraste et la même continuité qu’entre les volumes de la trilogie dumasiennes : les héros mûrissent et leur regard sur les évènements (fussent-ils historiques) évolue. Mais ils gardent le même attrait pour le lecteur : celui d’une aventure sans pareille.

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De plume et d'épée

Vous avez aimé « Les Trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas ? Question sotte et grenue. Ceux qui n’ont pas aimé ne l’ont pas vraiment lu, et ceux qui ne l’ont pas lu ont raté quelque chose d’important… Peut-être aimerez-vous aussi « De plume et d’épée » », sous-titré « Roman Louis XIII » de cet écrivain plutôt insolite qu’est Hubert Monteilhet. Ceux et celles d’entre vous qui ont lu ma chronique de « Néropolis » connaissent un peu le personnage : écrivain fantasque et imaginatif, il excelle dans deux genres : le polar, et le roman historique.

Dans ce dernier domaine, il a écrit une trilogie qui correspond plus ou moins à la « Trilogie des Mousquetaires ». Du moins dans les dates. Parce qu’au niveau de l’intrigue, Monteilhet, plus près de l’Histoire que Dumas, nous offre une vision différente (mais pas tant que ça, au fond) des règnes de Louis XIII et Louis XIV. Du reste, il serait vain de comparer les deux écrivains : Monteilhet a lu Dumas et lui rend un hommage appuyé, mais « De plume et d’épée » par rapport aux « Trois Mousquetaires » n’est ni une parodie, ni une paraphrase, encore moins une imitation, c’est un roman parallèle (avec des héros qui se croisent, curiosité géométrique), et même un roman-miroir, parce que les personnages, d’un roman à l’autre se répondent, et finalement se complètent.

« De plume et d’épée, roman Louis XIII » (1999) est suivi de « Les cavaliers de Belle-Ile » (2001) et de « Au royaume des ombres » (2003). Si le premier volume se passe sous Louis XIII, Richelieu et Anne d’Autriche, les deux suivants se passent sous Louis XIV.

Le narrateur est Arnaud d’Espalungue, un cadet de Béarn monté à Paris pour y faire fortune. Ça ne vous rappelle rien ? Le prologue nous met tout de suite dans l’ambiance :

« A la désolation de toute l’armée, nous avons porté en terre, en ce jour de disgrâce de l’an 1673, Charles de Montesquiou, comte d’Artagnan, maréchal de camp de Sa Majesté depuis l’année dernière… Avant d’aller se faire tuer à mon côté, Charles, que je chérissais comme un frère d’élection, m’ait confié dans un demi-sourire : « Mes pressentiments m’ont toujours trompé, mon cher Arnaud, et je n’ai aujourd’hui aucun pressentiment : c’est mauvais signe. » Je lui ai tenu la main, devant mon grand Porthos qui avait peine à cacher ses larmes, jusqu’à ce qu’une dernière saignée vînt à bout de son sang généreux. Ce que l’ennemi n’avait su faire, un chirurgien de rencontre l’avait accompli. »

Après la cérémonie, le roi prend Arnaud à part et lui propose la succession de d’Artagnan. Celui-ci décide alors d’entreprendre le récit de ses mémoires.

Depuis son départ de province jusqu’à l’épisode toujours aussi captivant du « Masque de fer », nous suivons les aventures picaresques d’Arnaud, tiraillé entre deux religions, qui a le donc de se mettre dans des situations « pas possibles » de s’attirer les amitiés les plus cordiales, comme les inimitiés les plus fortes (entre autres Richelieu et son âme damnée le Père Joseph).

Encore une fois, « De plume et d’épée » n’est pas « Les Trois Mousquetaires ». Les héros de Dumas, nous les croisons de temps en temps, ils servent surtout à donner corps au roman, à le placer dans la foulée du grand Alexandre. Mais l’intrigue est différente : la restitution de l’époque est plus historique, et plus réaliste. Les mœurs du temps sont décrites avec rudesse parfois (comme dans « Néropolis »), mais comme on dit « en ce temps-là, ça se passait comme ça ». De Dumas, Monteilhet a gardé le style vif et enlevé, enjoué, peut-être plus teinté d’ironie mordante, et aussi cette imagination débordante qui lui fait entre autres, trouver la solution pour donner un héritier au trône de France, ou pour expliquer le mystère du Masque de fer…

Un grand roman d’aventures, donc, plein d’invention et de passion, où les chevauchées haletantes alternent avec de piquantes scènes d’alcôve, les sordides complots avec des tableaux guerriers impressionnants, le destin individuel avec l’épopée.

En selle, mes amis, la Reine vous regarde (Anne d’Autriche, bien sûr !)





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Néropolis

Dans la catégorie des romanciers insolites, en voici un qui est bien à sa place : Hubert Monteilhet (1928-2019) est un auteur de romans (essentiellement, mais il a écrit aussi des essais et des écrits polémiques) dans deux genres différents, le roman policier et le roman historique. Et dans ces deux genres, il fait preuve d’une originalité qui le met dans une position étrange, à la fois classique et franc-tireur, à la fois traditionnel et provocateur.

Pour résumer très grossièrement, disons que Monteilhet est un libertin dans la lignée des écrivains du XVIIIème (Choderlos de Laclos, à qui on le compare souvent, l’abbé Prévost, Crébillon, Restif de La Bretonne ou encore Sade), et aussi, d’une certaine façon, aux « Hussards » des années 50 (Nimier et Laurent en particulier). Pour l’élégance du style, jointe à une description des mœurs où se mêlent liberté et impertinence, voire licence. Aussi sans doute pour une vision particulière de la littérature : dans les deux genres qu’il pratique, il dresse (avantageusement, et parfois avec une malicieuse insolence) des tableaux parfois sordides de la société qu’il veut décrire, tout en laissant au lecteur le soin de juger. Ses romans policiers sont plus des romans psychologiques, voire des romans de mœurs, que des romans à énigme classique. Dans ses romans historiques, il fait appel à une Histoire, parfaitement réelle et documentée, mais qui heurte l’idée que nous avons de l’Histoire traditionnelle, parce qu’elle s’oppose souvent à nos opinions morales et religieuses.

C’est en particulier le cas avec « Néropolis » (1984). Néropolis, comme le nom l’indique, c’est la ville de Néron. Le roman, à travers l’histoire de Kaeso, raconte la Rome des julio-claudiens, à la lumière des écrits de Tacite et de Suétone (les deux plus grandes langues de vipère de l’Antiquité), mais également des plus sérieux historiens de la vie quotidienne romaine. Prétexte pour l’auteur de nous mettre sous les yeux la vie décadente des romains, et aussi les fluctuations politiques et sociales, tous comme les premiers pas d’un christianisme brouillon et pas toujours convaincant. Les portraits sont dépeints au vitriol, l’analyse qu’en fait l’auteur est souvent teintée de cynisme et de causticité. Voilà pour les points négatifs. Mais, si l’on veut avoir une idée plus juste de ce pavé (près de 900 pages), il faut souligner le sérieux de la documentation (c’est pas jojo, mais tout est vrai), et surtout le style d’écriture : à la fois élégant (sa marque de fabrique) et plein d’humour, de mouvement et de vie. On ne s’ennuie pas une minute, tant la curiosité prend le pas sur l’ennui, lors des descriptions, tour à tour savoureuses et répugnantes, des portraits réjouissants ou inquiétants…

Nous avions l’habitude de voir la Rome des julio-claudiens à travers les récits primo-chrétiens de Sienkiewicz (« Quo vadis ? ») de Wallace (« Ben-Hur ») ou de Douglas (« La Tunique »), d’autres auteurs plus nuancés comme Graves (« Moi Claude, empereur ») ou Waltari (« Le secret du royaume »), voire Grimal (« Mémoires d’Agrippine »). Monteilhet est un des premiers à nous donner un tableau aussi complet (et complaisant, il faut bien l’avouer) de la Rome du 1er siècle.

A rapprocher du « Royaume des mécréants » de cet autre trublion qu’est Anthony Burgess.

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Néropolis

Je viens de terminer le premier tome de ce roman : je ne sais pas bien pourquoi la maison d’édition a décidé de diviser le roman en deux. J’ai certes apprécié de suivre l’évolution d’une famille de patriciens romains mais j’ai encore plus apprécié découvrir le quotidien des Romains sous les Julio-Claudiens : gastronomie, mariage, querelle religieuse entre les Juifs et les premiers chrétiens etc. Un roman pour les amoureux de Rome. Quelques semaines plus tard, j’ai achevé le second tome. J’ai vraiment hésité avant de m’y lancer : les premiers chapitres qui mettent en avant Paul et Luc ne m’ont rien fait regretter.
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Choc en retour

Un cuisinier de renom qui mène une vie tranquille durant l'Occupation est brusquement dénoncé en juin 1944, déporté à Auschwitz, trimballé par les Soviétiques de Charybde en Scylla, de camps en goulags, pour être enfin libéré en 1948. De retour en France il retrouve son cousin aux fourneaux dans son restaurant, et sans doute aussi dans la chambre nuptiale. Sous le choc, il tente de savoir qui l'a dénoncé.



Ça pourrait être cocasse, puisque le personnage principal aime à rire de tout, ambiance Cuisine au beurre, avec Fernandel et Bourvil. Et bien, ça ne l'est pas.. J'aurais dû me méfier, j'ai encore sur l'estomac l'indigeste Retour des cendres du même auteur. Hubert Monteilhet aime les traits d'esprit et la gastronomie, mais la sauce ne prend pas. L'intrigue est tarabiscotée, le cuisinier a la main lourde sur les invraisemblances, les digressions, le mépris de classe et j'en passe. Le roman ne date pourtant que de 2009 mais il est rassis.
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Sans préméditation

Une lecture très plaisante, un rythme soutenu, beaucoup d'humour. Parfois une petite phrase inattendue, qui nous surprend par son intervention brusque, mordante est plein d'une vivacité plutôt hardie.



S'il n'y avait pas certains propos grivois, alors j'aurais pleinement aimé ce style.

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Néropolis

J'ai eu beaucoup de mal à terminer ce roman historique se déroulant dans la Rome impériale. Ce n'est pas l'époque, les personnages ou même l'intrigue qui m'ont gênée: l'époque est passionnante, les personnages, si pas toujours très subtiles, sont suffisamment réussis pour qu'on s'intéresse à leur sort, et l'intrigue se débrouille, même si un peu lentement.

Cependant, Néropolis souffre d'un défaut rédhibitoire: l'auteur veut nous apprendre beaucoup trop de choses! C'est pour cela aussi que l'histoire progresse si lentement: chaque fois qu'un personnage entre dans une taverne, on a droit à une tartine sur les tavernes dans la robe antique, chaque lettre d'un personnage à un proche donne trois à quatre pages d'explications sur le lieu où il est, où l'histoire de l'Empire ou je ne sais quoi, que le destinataire doit parfaitement connaître. C'est un équilibre à atteindre entre le déroulement de l'intrigue et le contexte historique, un équilibre que tous les romans historiques doivent chercher à atteindre.

Là, c'est raté.

Intéressant, donc, mais totalement alourdi, le roman s'en ressent beaucoup.
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Mademoiselle le juge

De la littérature policière, extrêmement bien écrite avec une héroïne à la fois victime et coupable et une intrigue quelque peu abracadabrante et peu de suspense.

Je résume ou du moins j’essaie.

Une professeure de philosophie ayant intégré un lycée particulièrement difficile (de nos jours on dirait en zone prioritaire), se fait agresser sexuellement par un de ses élèves, qui est de surcroit fils du député maire de la ville. À partir de là commence une vengeance implacable.

Une juge (mademoiselle) chargée du dossier, un lieutenant de gendarmerie, fin limier, chargé de l’enquête.

Alors pourquoi abracadabrante ? hé bien parce que ce qui me gêne dans ce livre, c’est que ce n’est pas crédible. Cela me fait penser aux westerns « d’avant » ou les cowboys prenaient des balles tombaient et restaient là morts pas de sang pas de douleur…peu réaliste en fait.

En bref une fiction superficielle sans réalisme…par contre écriture impeccable, références philosophiques à gogo.

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La Pucelle

Un peu long mais très intéressant. On peut parfois s'y perdre un peu entre les deux histoires qui s'entrecroisent mais l'ensemble apporte un bel éclairage en mettant bien en lumière les différents modes de pensée entre les nations en constructions et les cités-états qui existent encore. Nous sommes obligatoirement dans la fiction mais le portrait de Jeanne est très crédible et, tour de force, Hubert Montheillet nous rendrait presque sympathique ce suppôt des enfers qu'était Gille de Retz
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Les confessions du diable

Après le meurtre d'un ecclésiastique dans un pensionnat de réputation sévère, les soupçons se portent sur le filleul de l'homme, Gédéon, un élève brillant, fils de notaire.

Un auteur de la vieille école, un peu passé de mode. Il renoue ici avec ses thèmes et ses succès anciens en plaçant son intrigue dans un pensionnat de province. Ca sent quand même la nostalgie mais malgré cela on peut souligner les qualités de l'écriture qui du coup nous emporte dans cette intrigue bien mené. Un bon moment de lecture fort agréable au final !
Lien : https://collectifpolar.com/
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Néropolis

Le roman des temps neroniens voici comment est présenté cet ouvrage qui il faut le reconnaître est excellent et nous donne un bel apercu de cette epoque ou le vice était roi et ou l'empereur menait une vie dépravée.Rien ne nous est épargné et l'auteur nous offre ici une vision tres realiste de la situation de l'époque ,un livre témoignage.
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De quelques crimes parfaits

L'écriture châtiée, à la limite du précieux, est la marque de fabrique d'Hubert Monteilhet... C'est ciselé et précis comme la taille-douce des timbre-poste!

Cette fois, l'auteur emmène son visiteur dans les arcanes du crime dit "parfait". C'est délicieux à souhait, dans ce récit où trois personnes ( père, fils et belle-mère) font appel à l'expertise très spéciale du narrateur.

Comment supprimer son prochain et s'en tirer blanc comme neige?

Monteilhet divulgue quelques recettes, appuyés d'historiques exemples.

Ce "divertissement criminel" (comme indiqué en page de garde sous le titre), a le bon goût de ne courir que sur 157 pages... taillé pour un trajet en chemin de fer, à la fin des années 60 pendant laquelle fut publié le bouquin.

cependant, le livre manque une cinquième étoile de ma part, au vu d'une fin qui m'a semblée un peu simpliste....

Un livre à lire sans crainte, donc.
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La part des anges

Grosse déception en ce qui me concerne, pour ce polar, choisi pour le Challenge des 50 objets de Sallyrose.



D'abord le choix de la forme, à savoir un roman épistolaire, que je n'apprécie pas trop, car je trouve que cela donne un caractère artificiel à l'histoire. A quel moment ce courtier en assurance qui s'improvise détective trouve-t- il le temps d'écrire des lettres de 50 pages (au moins) à sa femme?



Ensuite parce que l'auteur confond polar, chronique gastronomique et documentaire sur le monde du cognac en France. Des pages et des pages de descriptions sur la façon de bien faire des oeufs brouillés, sur l'élaboration du cognac, etc, ce n'est pas ininteressant mais ca plombe le rythme du récit. Et le petit côté réac des considérations des protagonistes - c'était tellement mieux avant, tout se perd ma bonne dame - m'a également agacée.



Enfin, l'intrigue en elle-même m'a paru incroyablement tire-bouchonnée, brouillonne et hautement improbable.



Pour finir (quand même) sur une note un peu positive, j'ai appris que "La part des anges" est une expression dont j'ignorais la signification et que j'ai trouvée très jolie...

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Néropolis

Me suis longtemps surprise à me croire vivre, ressentir, penser, marcher, imaginer à Rome, même après avoir refermé cette fresque haute en couleur...
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Les pavés du diable

Ah! Ces Pavés du diable...

C'est avec eux que j'ai découvert, voici plus de quarante ans, la prose soignée d'Hubert Monteilhet. Celle-ci emmène le lecteur dans quelque bourgade de province bien engoncée dans ses routines et qu'en-dira-t'on.

Il faut dire que l'histoire de ces chantages, perverse et malicieuse, convient tout à fait à la narration (et vice-versa).

Les gages, pour chaque fautes maître-chantées, sont assez réjouissantes.

Mais où cela mène-t-il?

Cependant, ce polar des provinces est à remettre dans le contexte d'une époque plus serrée et moins permissive qu'elle ne l'est maintenant (quoique...).

En tout cas, le livre m'a laissé un agréable souvenir et je ne me priverai pas d'en relire quelques beaux morceaux.
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