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Critiques de Hugo Boris (389)
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Le baiser dans la nuque

Fanny, mariée et maman de deux enfants, est sage-femme à la maternité de Dourdan.

Aurélie, épaulée par Louis, vient accoucher en toute urgence. Etrange loi de la nature: son enfant naît alors qu'elle vient d'enterrer son mari.

Fanny et Louis, une rencontre improbable dans les couloirs de la maternité.

Alors que rien ne les prédestinait à se revoir, la sage-femme, touchée par ces événements, restera en contact avec eux. Juste pour manger une sucrerie ensemble...

Elle apprend que Louis, professeur d'économie, donne également des cours de piano. Elle se décide à aller le voir et lui annonce qu'elle veut apprendre à en jouer... avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'elle ne se retrouve totalement dans un silence absolu...



Fanny et Louis, deux êtres sur la même longueur d'onde, deux âmes blessées au diapason.

Les mots d'Hugo Boris sont mélodieux à souhait et résonnent encore une fois la dernière page de la partition tournée. Tel un chef d'orchestre, il manie le crayon posément et tout en délicatesse. Les notes, en parfaite harmonie, font battre la chamade. Le ton est d'une justesse incroyable. Une romance tendre, à fleur de peau, à fleur de mots, qui va crescendo. Cette composition musicale sensuelle, emplie d'amour et de volupté, fait vibrer notre corde sensible tant il dégage de douceur, d'élégance et de pudeur.



Le baiser dans la nuque... quel baiser...
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Débarquer

Chaque jour 175 personnes disparaissent en France dont près de 50 à tout jamais.



Se rend on compte ce que vivent les compagnons et les enfants de ces disparus ?



Hugo Boris se penche sur le sort de Magali qui n’a plus de nouvelles de son mari depuis 9 mois. Elle se retrouve seule à élever leurs deux enfants Albane et Émilien, seule face à Anaïs sa conseillère bancaire, seule face à l’institutrice qui, préoccupée par le trouble de l’élève, alerte une psychologue.



Darius, le mari de Magali, est né aux Indes, et ses parents finissent, au détour d’un échange téléphonique avec leurs petits-enfants, par apprendre sa disparition. Ils dépêchent son frère pour enquêter et Magali se retrouve seule face à lui pour expliquer l’inexplicable. Explication compliquée par l’écart culturel et linguistique. La famille de Darius soupçonne Magali du pire.



Les collègues et camarades de Magali prennent leurs distances car « l’instinct de survie ordonnait de ne pas nager trop près d’elle ». Elle est de plus en plus seule …



Magali vit en Normandie à Colleville-sur-Mer, village qui est entré dans l’histoire le 6 juin 1944, sous le nom de guerre d’Omaha Beach, Omaha la sanglante, là où le débarquement faillit être repoussé par les Allemands. Elle preste comme guide auprès des Tours Opérateurs qui accueillent touristes et vétérans.



Soixante-dix ans après « le jour le plus long », un vétéran de la 29° Division US, Andrew Calkins, débarque seul à Colleville et c’est Magali qui est désignée pour le guider …



Andrew, l’un des 150 00 soldats de la première vague d’assaut, vient se recueillir sur les tombes de ses camarades tombés pour la libération de l’Europe et notamment pour honorer la mémoire du barreur Garnett disparu lors du débarquement.



En se rencontrant face à la mer, Andrew et Magali vont-ils partager leurs drames et leurs solitudes ?



C’est une rude histoire que nous projette d’une écriture très visuelle Hugo Boris en confrontant deux époques, deux disparus, l’un débarqué d’Amérique, l’autre d’Asie, deux survivants Andrew et Magali.



Débarquer touche le lecteur au cœur avec une introduction d’anthologie en 40 pages qui décrit ce qu’Andrew a affronté le 6 juin 1944, mais la véritable héroïne est Magali que sa résilience, son amour maternel, sa fidélité au disparu, son courage et son énergie face à l’inimaginable, rendent inoubliable.
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Le courage des autres

Hugo Boris a inventé une très jolie formule : il « herborise » dans les transports à commun – métro et RER - , c'est-à-dire il consigne sur le vif les « cadeaux du hasard, le ravissement d'une scène, d'une rencontre, le saisissement d'un mot lu ou entendu », «  témoignage d'un coude à coude avec mes contemporains et leur imprévisibilité. »



Un jour, il fait dace à une altercation violente qui le sidère : il est incapable d'intervenir, de prendre la parole, encore moins à s'interposer physiquement, lui qui est pourtant ceinture noire de karaté. C'est l'occasion pour l'auteur de s'interroger sur sa propre veulerie et sur le courage des autres, ceux qui osent aller au contact quand une situation dégénère.



Si j'ai trouvé le numéro d'autoflagellation assez agaçant et répétitif, ce qui m'a lassé et fait parfois décroché de ma lecture, j'ai vraiment goûté le talent d'observateur. Le microcosme du RER est scruté avec beaucoup acuité, révélant la brutalité du monde ( agressions, racisme, harcèlement, homophobie, abandon des SDF ) et explorant sans complaisance comment l'individu fait face à cette violence. Cette focale centrée sur la réaction individuelle est très pertinente et juste.



Mais ce que je retiens, ce sont les scènes vibrantes d'humanité comme celle-ci. Une rame bondée, une chaleur étouffante, une fenêtre impossible à ouvrir, une femme qui n'arrête pas de râler :

« C'est plus fort qu'elle, elle a besoin de s'agiter. En face, la vieille femme sourit faiblement depuis tout à l'heure. L'apercevant, ma voisine se tourne vers elle tout à trac en désignant son chemisier à manches longues.

- Et vous, comment vous faites ? Vous n'avez pas chaud ?

La vieille tressaille légèrement , comme si elle espérait et redoutait cette sollicitation. Son visage prend une expression de douceur navrée. Elle déboutonne son poignet et retrousse sa manche pour faire apparaître un numéro de matricule bleu pâle tatoué sur son avant-bras. Silence horrifié dans le carré.

- J'ai passé dix huit heures dans un wagon à bestiaux sans air, sans eau, avec un bébé de six mois, alors aujourd'hui, je n'ai plus chaud.

Elle nous attendait au tournant depuis toute à l'heure. Nous restons stupides. Ma voisine de droite ne sait plus où se mettre. Un sourire de bonté désolée éclaire le visage de la vieille dame, qui la rassure aussitôt :

- Mais c'est pas grave, c'est pas grave.

Elle passe le reste du trajet à consoler les passagers autour d'elle, comme un grand malade à l'hôpital qui s''efforcerait de remonter le moral de ses visiteurs. »



Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2020, catégorie Essai.
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Débarquer

Le titre ne ment pas : le roman s’ouvre sur cet épisode à la fois dramatique et salvateur de la deuxième guerre mondiale : le débarquement en Normandie. Dans un environnement terriblement hostile, la nuit, les embarcations instables, la mer houleuse, et rapidement les cadavres qui s’échoueront sur les plages, on assiste comme si on y était au drame humain qui se joue là, et qui est bien plus terrifiant que ce que le cinéma a bien voulu mettre en images.



Sans transition, le temps a passé, et c’est de nos jours que nous faisons connaissance avec Magali, une jeune femme éprouvée par la disparition inexpliquée du père de ses enfants, parti pour son jogging et jamais revenu. Jonglant avec les tracas d’une organisation quotidienne à gérer seule, elle ne parvient pas à éviter une mission que son employeur lui confie : accompagner un vétéran américain sur les lieux du débarquement. Une rencontre qui changera sa vie…





La crainte de devoir lire un roman de guerre s’estompe vite, et le changement soudain de temporalité et d’ambiance, met au contraire en valeur la prouesse d’écriture de la première partie.



L’auteur attire aussi l’attention sur cette profession de guide touristique, avec les travers des touristes qui se pensent malins dans leur réflexion, ou qui savent plus que le guide lui-même. Même leur tenue vestimentaire n’échappe pas au regard peu amène de l’auteur.



Histoire originale, très bien écrite, qui rétablit des vérités et ne manque pas d’ironiser sur les maladresses de nos contemporains.





193 pages Grasset Aout 2022


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Le courage des autres

Petites lâchetés, violence banale, incivilité de tous les jours, héroïsme inattendu, Hugo Boris traque dans le métro parisien ses réactions et celles de ses contemporains face aux situations qui interpellent, sollicitent, exigent une prise de parole, un geste. Et dit-il : « Oh, comme le masque tombe dans ces cas-là ! Comme les forces et les failles se révèlent dans ces situations journalières ! »



Même si je prends peu le métro, je comprends parfaitement l'anxiété qu'il génère chez certains. La photographie, faite de scènettes souvent anxiogènes prises sur le vif, qu'en donne l'auteur me semble très proche de la réalité. Hugo Boris qui fait preuve de pas mal d'auto dérision quand il pointe son manque de courage dans certaines situations. Mais le courage n'est-il pas multiforme ? Et écrire sur son propre courage que l'on juge insuffisant n'en est-il pas une sorte tout aussi valable que d'autres plus éclatantes et spectaculaires ? Reste que j'ai été un peu agacée par une condescendance de classe qui sourd d'Hugo Boris à son insu, lui qui dit être sensible aux pauvres et aux opprimés mais qui le fait à la manière des dames patronnesses.



Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Police

Après avoir enfilé sa tenue de travail, elle se regarde dans le miroir, s'étonnant de ne pas voir ses yeux salis par tout ce que l'existence lui offre de pire. Elle pense surtout au lendemain, jour où son avortement est programmé. Elle appelle son mari pour le prévenir qu'elle rentrera tard et qu'il n'oublie pas les gouttes de leur bébé. Elle a accepté une mission qui va déborder l'horaire de fin de service. Une mutinerie s'est produite dans un centre de détention, obligeant le transfert des prisonniers d'un bâtiment à l'autre. Pour ce faire, l'on a fait appel aux escorteurs de la COTEP, ceux-là même chargés des reconduites aux frontières. Or, ces hommes étant tous mobilisés ce soir, ce sont aux hommes du commissariat que l'on a confié la mission. Virginie sera de ceux-là. Elle fera équipe avec Érik, son chef de bord et Aristide, son collègue mais surtout son amant de quelques soirs. Ils doivent récupérer un réfugié politique tadjik au centre de Vincennes et l'emmener à Roissy...



Hugo Boris met en lumière ces hommes et ces femmes de l'ombre. Ces hommes et ces femmes qui, derrière l'uniforme, ont une vie, comme tout un chacun. Il met en avant surtout Virginie, une jeune femme tout juste maman qui, délaissée par son mari, s'est lancée dans une aventure extra-conjugale avec son collègue, Aristide. Mais, maintenant qu'elle se retrouve enceinte, elle est plus que jamais déstabilisée. À ses côtés, Aristide et Érik, ses collègues. Tous les trois vont se trouver dans une bien étrange situation qui va au-delà de leurs fonctions habituelles à savoir reconduire un réfugié politique vers son pays. Des personnages parfois fragiles dépeints avec une profonde humanité et qui, face à cette mission, seront confrontés à leurs propres convictions. Le temps de quelques heures, confinés dans cette voiture banalisée, l'on devient spectateur de ce qui se joue, l'on partage leurs doutes et leurs émotions. Hugo Boris nous offre un roman admirablement mené, saisissant, intelligent et décrivant avec perspicacité cette ambiance tendue. Un roman servi par une plume vive et vivante...
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La délégation norvégienne

La forêt de chaque côté de la route. Pas une seule voiture croisée depuis trois heures. La nuit profonde l'envahit. La route devient très étroite. Encore quelques kilomètres à franchir et René Derain devrait apercevoir une lueur. Il arrive enfin devant cette grande bâtisse si sombre. Il sort son chien de la voiture lorsqu'un vieil homme vient l'accueillir. Tout le monde semble être déjà arrivé. Deux femmes et cinq hommes. Français, anglais, allemand ou suédois. Tous passionnés de chasse, ils ont loué une semaine dans cette grande maison, nichée en pleine forêt. Bizarrement, le propriétaire des lieux n'est pas là. Qu'importe, ils vont s'organiser... Chacun est venu pour s'adonner à son loisir préféré. Les présentations faites, la discussion s'anime aussitôt. Mais, dès le lendemain, les choses prennent une tournure étrange. Une partie de chasse surprenante, la neige et le froid qui s'invitent, des hôtes énigmatiques...



Hugo Boris nous convie à un séjour vraiment atypique. Oublier les maillots de bain et les lunettes de soleil. Une bonne parka et des moufles feront l'affaire. Sans oublier le fusil sur l'épaule et le chien. L'auteur nous plonge dans cette forêt épaisse et noire, nous glace le sang avec cette neige qui nous enveloppe. La chasse n'est qu'un prétexte pour nous parler des hommes, de leur condition de survie, de leur isolement, de la faim qui les tenaille, du danger qui rôde et d'un livre, feuilleté par René Derain, qui sera la source de bien des tourments. L'on se demande où Hugo Boris nous emmène et l'on vit ce séjour dans un malaise profond et une atmosphère inquiétante. Ce n'est pas un simple huis-clos, cela va au-delà. Et l'on se sent piégé...

A noter que les quelques dernières pages ne sont pas coupées, c'est au lecteur de le faire au couteau. Un procédé vraiment original qui l'implique d'autant plus...



La délégation norvégienne ... visez juste!
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Police

Quelques heures de la vie d'une femme flic.

Virginie s'apprête à avorter, l'intervention est programmée pour le lendemain. Elle y pense, beaucoup, forcément... Mais avant de s'y préparer, de rentrer chez elle retrouver son mari et leur petit garçon, elle a sa journée de travail à finir. Mutinerie dans un centre de rétention, incendie, il s'agit d'aller chercher avec deux collègues un réfugié politique tadjik et de l'emmener à l'aéroport, il doit être reconduit dans son pays. Est-ce la grossesse et la perspective de l'IVG qui rendent Virginie si sensible au sort de cet homme ?



En lisant cet ouvrage, j'avais deux films en tête : 'Welcome' (Philippe Lioret, 2009) et 'Polisse' (Maïwenn, 2011).

Comme la militante de l'ASFFAM* dans ce roman, je m'indignais en regardant 'Welcome' : comment peut-on faire ce boulot, être à la solde de l'Etat pour traquer des migrants et les ramener à la frontière, les exposant à une mort probable ?

Moins de hargne à l'égard des policiers en lisant cet ouvrage de Hugo Boris (comme en voyant le film 'Polisse') : la complexité de leurs fonctions, la rudesse de leur quotidien sont bien mises en évidence à travers les états d'âme de Virginie et de ses deux collègues, tiraillés entre leur mission professionnelle et leur empathie pour un condamné.



Cette lecture m'a légèrement laissée sur ma faim, je n'ai pas retrouvé dans la plume la grâce du 'Baiser dans la nuque', mais il est vrai que le thème est bien différent... Et surtout, je reste désemparée avec mes questions naïves sur certaines missions de la Police et de l'Armée...



* Association Service Social FAmilial Migrants
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Débarquer

Andrew Calkins a fait partie de ces hommes qui ont débarqué sur cette plage d'Omaha, à Colleville-sur-mer, ce 6 juin 44. S'il s'en est sorti, beaucoup ont péri là-bas. Et c'est en souvenir de ses camarades morts que, des dizaines d'années plus tard, ce vétéran refait le voyage depuis le Connecticut...



Magali est guide sur les plages du Débarquement. Mariée et mère de deux enfants, Émilien et Albane, elle est passionnée par son métier. Autant dire qu'accueillir un soldat du 6 juin est en soi un honneur et, il y a 9 mois, elle aurait payé pour l'accompagner. Mais aujourd'hui, elle peine et ce, depuis que son mari, Darius, a disparu, littéralement, alors qu'il était parti faire un jogging. Est-il mort ? A-t-il eu un accident ? A-t-il abandonné sa famille pour retourner en Inde, son pays d'origine ? Autant de questions auxquelles Magali ne trouve de réponses. Cette disparition incompréhensible rend d'autant plus difficile, parfois pénible, aussi bien sa vie personnelle que professionnelle. Ce jour-là, comme personne n'a pu la remplacer pour accueillir Andrew, c'est avec un certain retard qu'elle le retrouve seul, sur le quai de la gare...





Un vétéran qui a débarqué sur Omaha Beach et qui, au seuil de sa vie, décide de revenir sur les lieux tragiques qui l'auront profondément marqué. Une femme abandonnée par son mari dont le quotidien devient de plus en plus pesant. Une rencontre entre deux âmes cabossées, empreints d'une certaine culpabilité qui, au détour d'une journée et d'une nuit, vont s'entraider, en se raccrochant à cet infime espoir en la vie. Ce court roman donne à ressentir la douleur, le désarroi, la fragilité de Magali et Andrew, avec une extrême pudeur. Cette rencontre, improbable et pourtant intime, va, pour un instant, panser les cœurs et, pour un instant, combler cette absence qui les ronge. Hugo Boris, entremêlant la petite et la grande Histoire, livre un texte à la fois émouvant, empreint d'une tendresse inattendue et auréolé d'un infime espoir...
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La délégation norvégienne

Voilà un roman sacrément étonnant. Je l’ai lu d’une traite mais sans savoir vers quel genre d’histoire j’allais être entraînée.

Sept personnes ont réservé un séjour dédié à la chasse dans une région nordique, au cœur d’une forêt épaisse, en plein cœur de l’hiver.



Déjà, voir des hommes et des femmes rigoler en buvant une gorgée d’alcool avant de tirer sur des chevreuils, des élans ou des écureuils, je n’étais pas emballée, mais les nombreuses critiques étaient bonnes, et je me suis dis qu’il y avait sûrement autre chose dans ce livre que des descriptions de traque et de gibiers morts.



Effectivement, il y a autre chose dans ce roman mais ça serait vraiment dommage d’en dire plus, car tout le suspense repose sur plein de petits détails anodins, des sensations bizarres, des impressions de légers malaises qu’on ne peut pas expliquer.

La montée de l'angoisse se fait au rythme des flocons de neige qui tombent, doucement au début, et on se retouve vite pris au piège de cette histoire, comme les protagonnistes le sont des conditions climatiques.



La fin est à la hauteur du reste, c'est-à-dire étrange, presque inexplicable, mais assurément très forte.

Le livre neuf est vendu avec le dernier feuillet non découpé, ce qui maintient encore plus le suspense, car les curieux n’ont pas la possibilité d’aller jeter un œil sur les dernières pages sans s’être auparavant munis d’une lame bien aiguisée.

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Police

Illustration très noire d'un problème d'immigration illégale, que nous préférons souvent ignorer, omettre ou carrément oublier. Pour ce qui me concerne, les conditions des mesures d'éloignement des clandestins ne m'ont jamais été décrites ainsi.



Le poison du doute s'immisce dans la tête de trois policiers pendant une opération de reconduite à la frontière. Une mission de trop qui entrouvre la porte à la conscience, en dépit des valeurs d'obéissance et de loyauté.



Dans le huit clos de la voiture vers l'aéroport et dans les locaux de la police des frontières de Roissy, Hugo Boris met à nu trois fonctionnaires lessivés par leur profession, pris dans leurs contradictions professionnelles et personnelles. Les masques tombent, montrant les fêlures, le stress, la perte de motivation, et la mécanique dans l'exercice d'un métier fait de violences en tous genres. Sans oublier le réfugié tadjik laminé par la force brute de la loi.



C'est direct, en coup de poing. Ça sent le vécu, hyper réaliste et ingrat, pour des flics qui composent comme ils peuvent avec leurs propres sentiments.

Un roman pétri d'humanité, écrit sans chercher l'artifice littéraire.

Bluffant!

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Débarquer

6 juin 1944, Andrew, sergent dans l'armée américaine, débarque avec ses milliers de compagnons d'armes sur une plage de Normandie. En quelques courts chapitres, ces quelques heures, de l'attente à bord du navire au moment où les soldats évacuent les barges de transport alors qu'ils n'ont pas encore pied, sont décrites d'une façon réaliste et saisissante, qui m'a évoqué l'insoutenable scène d'ouverture du film « Il faut sauver le soldat Ryan ».



Un bond en avant dans le temps, et nous voici de nos jours, avec Magali, trentenaire mère de deux jeunes enfants et guide touristique sur les plages du débarquement. La perspective de la journée qui commence devrait la réjouir, puisqu'elle est chargée d'accueillir et de guider Andrew, vétéran du 6 juin 1944. Un privilège pour tout guide qui se respecte.

Mais Magali n'a pas vraiment la tête à son travail, elle qui se sent débarquée de sa propre vie depuis neuf mois et la disparition de son mari, évaporé sans laisser la moindre trace. Depuis lors, Magali est totalement dépassée, entre ses enfants, les tâches du quotidien, les calmants et les somnifères qui l'abrutissent. A quoi s'ajoute, précisément aujourd'hui, un rendez-vous avec la psy de l'école de son fils.

Avec un tel chaos lui tenant lieu d'état d'esprit, la rencontre entre Magali et Andrew est un peu abrupte. La jeune femme est néanmoins assez lucide pour s'étonner qu'Andrew, fragile vieillard, soit venu seul depuis le Connecticut, alors qu'en général les vétérans sont accompagnés par leurs familles et font l'objet d'un accueil en grande pompe. Rien de cela ici, Andrew est solitaire, déterminé, et un peu étrange. En quelques heures, ces deux-là vont se toucher au coeur et réaliser que leurs blessures respectives résonnent douloureusement dans celles de l'autre, comme un écho qui marquera la fin ou le début de quelque chose dans leurs vies.



« Débarquer » est donc le récit d'une rencontre entre deux âmes en désarroi, égarées l'une dans un passé non révolu, l'autre dans un présent au jour le jour et sans perspective.

Un roman à l'écriture sobre, fluide et addictive, qui suscite instantanément l'empathie à l'égard des personnages, et une histoire mélancolique, pudique, très touchante.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Débarquer #NetGalleyFrance
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Le baiser dans la nuque

Où il est question d'enfantement et de musique, d'urgence à jouir de ses sens avant qu'ils ne vous trahissent... Louis et Fanny se sont connus en salle de travail, il tenait la main de sa belle-soeur veuve, elle était la sage-femme. Ils se revoient tous les jeudis : Louis est professeur de piano, Fanny veut apprendre à en jouer avant de devenir sourde, sa maladie gagne rapidement du terrain.



J'ai découvert dans ce beau roman des mots superbes pour parler de la maternité dans toute son animalité, toute sa majesté, toute sa splendeur. Pour parler de la beauté et de la fragilité d'un bébé, de ses allures de chaton lorsqu'il tète, lorsqu'il est endormi. Pour dire l'amour, le bonheur et la fierté dans le regard d'une jeune maman.



Hugo Boris a une très belle sensibilité. Je n'aurais qu'une chose à lui reprocher ici : ce titre qui laisse présager une simple bluette, cette couverture qui me fait bailler d'ennui à l'idée de lire un récit centré sur des leçons de piano. Il y a bien cela, certes, mais joliment accompagné d'histoires de femmes devenant mères qui m'ont rappelé 'Chambre 2' de Julie Bonnie, en moins pessimiste, et 'Le choeur des femmes' de Martin Winckler.



Lu et aimé de cet auteur, dans un tout autre registre : 'La délégation norvégienne'.
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Le courage des autres

Si « la peur n'évite pas le danger », elle évite au moins de nous jeter dans la gueule du loup. Mais lorsque le danger vient à nous, comment maîtriser cette peur de manière à pouvoir agir ? Dans cette compilation d'instants du quotidien, tirés de ses expériences de métro, l'auteur analyse les mouvements de violence (physique, passive, verbale, etc…) pour comprendre nos réactions de peur, dans l'espoir de les maîtriser. Car le courage des autres, par définitions, c'est celui qu'on n'a pas. C'est celui qu'on admire discrètement, un peu honteux, en espérant qu'il déteigne. Ce n'est pas forcément un exploit insurmontable, ni une épreuve de force impressionnante. Ça peut consister à désamorcer une situation avec calme et naturel avant qu'elle ne dégénère. C'est parfois un mot, ou rien qu'un regard. Ce n'est pas toujours résoudre un problème, c'est simplement accepter de l'affronter. Ne pas nier l'existence du clochard qui monte dans la même rame de métro que vous ; admettre son existence, sa pauvreté et sa souffrance. Les regarder en face. Vous êtes désormais celui sur qui un regard égaré peut s'appuyer, exister.

Et dans le même temps, si vous n'êtes plus celui qui fuit, vous n'êtes plus la proie.





Capturés sur le vifs, ces instantanés font échos en nous tous. Enfant, on apprend en observant tout et tout le monde intensément. En grandissant, on se rend compte que ceux qui croisent nos regards peuvent vouloir y prendre aussi quelque chose ; et comme on ne veut pas toujours le leur donner, on fuit. On se fait discret, on essaye tellement fort d'ignorer autrui alentour qu'un jour, on y arrive ; il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut plus voir. C'est tellement pratique qu'à force, on ne parvient plus à rouvrir les yeux. Quand il faudrait voir, on est aveugle ; quand il faudrait entendre, nous sommes devenus sourd. Au moment d'agir, nos réflexes nous fuient, à leur tour. Juste retour des choses. Tout cela par confort, ou par sécurité. Et la ceinture se resserre autour de nous, nous isole dans nos bulles. Jusqu'à s'y trouver tellement seul. Y compris quand nous, nous aurions à notre tour besoin d'aide… Parce que les autres sont devenus sourds, eux aussi. Et aveugles. Et craintifs, comme nous. L'individualisme, finalement, n'est-ce pas lui, le coupable ? Comme ces fois où vous vous faites méchamment accoster dans les rues aux heures de pointe, et où le courage des autres est de s'enfuir, staccato des pas accélérant sur le bitume, plongeons des nez dans les poussettes et sacs à mains, sur les portables des pères de familles raisonnables. En même temps, qu'aurions-nous fait à leur place ?





Hugo Boris s'est toujours senti désarmé contre les agressions qui nous entourent. Pour avoir moins peur au quotidien, il passe avec application chaque dan jusqu'à obtenir sa ceinture noire de karaté. Il est fier, il sait se battre ; il ne peut plus rien lui arriver, pense-t-il. Jusqu'au jour où l'agression de sa voisine de métro le laisse paralysé. Pas un mot en sa faveur. Pas même un cri d'alerte, un mouvement, un souffle ; pas un regard, pour ne pas se faire remarquer à son tour par les agresseurs. Rien. Juste cette sensation que, s'il faut sauver une peau, c'est la sienne, et que même pour la sienne on n'est pas sûr d'en avoir le cran. Après cette expérience, il ne s'épargne pas. Et il cherche à comprendre : d'où vient cette réaction oui, mais surtout comment la modifier. Où se placent les frontières entre lâcheté, courage, et inconscience ? Pourquoi certaines personnes sont des cibles et d'autres pas, pourquoi certaines se sacrifient et d'autres pas ? Il fait son herbier dans le métro, recueillie tous les comportements, les analyse, les rapproche et, surtout, tente de s'inspirer des meilleurs ; du courage des autres. Même si ça doit commencer par celui d'un enfant, qui n'a pas peur de s'intéresser au clochard assis dans le wagon tandis que tout le monde le nie, le renie, l'ignore, l'évite ; le fuit.

Je regarde les clochards assis, tendant la main. Je leur réponds ; je donne, parfois. Mais je fuis le regard des punks à chiens, saouls et agités, semblant sans limites et insistants ; mécaniquement, ballet orchestré pour ma tranquillité, je change de trottoir. Je deviens la proie parfaite.





Vous vous rappelez ? Dans la soirée du 21 août 2015, le monde, sidéré, apprend qu'un attentat a été déjoué à bord du Thalys 9364 à destination de Paris. Une attaque évitée de justesse grâce à trois Américains qui voyageaient en Europe. Un jeune soldat américain se jette sur le tireur, s'interposant entre l'arme et le reste du wagon, faisant un écran à l'épreuve des balles pour protéger les autres. Si l'arme ne s'était pas enrayée à ce moment-là, il serait mort - ou mal en point, et les autres avec. Mais il l'a fait, sans savoir que l'arme allait s'enrayer, et sans pouvoir ignorer qu'il n'avait pas - ou peu - de chances de bien s'en tirer.

Clint Eastwood, dans « Le 15h17 pour Paris », a tenté à son tour de nous montrer le courage de ces autres : Il met en scène, dans leur propre rôle, chacun des trois passagers américains qui ont déjoué l'attentat.

Il témoigne en outre au vrai procès contre les auteurs de l'attentat raté.





Il m'est arrivé d'être victime de harcèlement de rue, comme vous l'êtes peut-être régulièrement.

J'ai même lu ce bouquin - et aussi regardé ce film.





Et quelle est la première chose que j'ai dit à Chou quand le film s'est achevé ?

« Surtout je t'en supplie, si ça se produit ne te jette pas au devant de l'arme ou de l'adversaire ».





Alors ce livre, sur le courage des autres, je vais le garder dans ma bibli, le faire infuser encore un peu. Il me reste du chemin à faire.





Et vous, votre dernier courage, votre dernière faiblesse ?
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Le courage des autres

"il m'arrange de penser que le métro a été mon service militaire. le service du pauvre, mais mon service quand même.

Les transports en commun et leur anonymat n'obligent-ils pas les milieux les plus divers à passer un peu de temps ensemble ? Les Parisiens et les provinciaux, les Français et les étrangers, les bien-portants et les malades, les riches et les pauvres, les travailleurs et les chômeurs, les nouveau-nés et les vieillards, les honnêtes gens et les voyous fréquentent les mêmes quais. Sans le vouloir, l'humanité tout entière se donne rendez-vous dans une rame de métro, pour un trajet qui la dépasse largement." (p. 12)



Une lecture très attachante, qui nous interpelle tous plus ou moins, sur nos comportements au quotidien: nos petites lâchetés, nos défilades, nos tendances à ne pas voir ce qui nous dérange, mais aussi nos actes

de courage, nos élans de compassion, de solidarité, etc.



L'auteur a choisi comme terrain d'observation de prédilection: le métro, où le brassage des populations est tel, qu'il est comme un résumé de notre société....Premiere lecture de cet écrivain, qui me touche à la fois par son sens de l'observation et dans un même temps j'ai été très réceptive à la sensation d'un examen de conscience personnel, se voulant sans concession...sincère !... où je me suis retrouvée dans plusieurs anecdotes...



En dépit d'une ceinture noire de karaté, Hugo Boris, à 15 ans est témoin d'une altercation dans les transports en commun. Tétanisé, il ne parvient

pas à agir, se contente de tirer la sonnette d'alarme. Des années après, il se remémore cet incident humiliant, et s'en veut de son manque de courage.

Il se demande si il est "un couard patenté " à vie...ou si c'est seulement sa peur universelle "d'affronter l'autre, l'inconnu, au quotidien ?", sa hantise de la violence et de la loi du plus fort ?



Heureusement , dans ces courtes histoires survenues dans le métro, proposées par Hugo Boris, il y a aussi des instants magiques, lumineux...qui redonnent le sourire...



"Quinze ans que je consigne dans le métro en quelques lignes, sur le vif, les cadeaux du hasard, le ravissement d'une scène, d'une rencontre, le saisissement d'un mot lu ou entendu. Quinze ans que j'herborise dans les transports en commun." (p.9)



Une lecture très bénéfique...de "santé publique" !!... pour réfléchir et améliorer nos propres attitudes dans le modeste quotidien, en collectivité !!... Cet ouvrage m'a donné envie et curiosité pour les autres écrits d'Hugo Boris...
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Le baiser dans la nuque

Il y a des livres qui ne font pas de bruit, les découvrir par hasard est une grande chance, celui-ci est un petit bijou qui aurait dû faire partie des best- seller… Mais voilà !

C’est donc au lecteur de prendre le relai pour essayer de faire découvrir ces trésors ignorés.

« Le baiser dans la nuque » est l’histoire d’une magnifique rencontre, une histoire d’amour, même si les mots ne sont jamais prononcés entre deux personnes trop pudiques.

Fanny est sage-femme, suite à une maladie, elle devient sourde peu à peu, inexorablement, Louis est professeur de piano, solitaire depuis le départ de sa femme.

Entre eux vont se tisser des liens très forts. En échange des leçons de piano qu’il lui donne elle lui garde les petits bracelets bleus ou roses que l’on met aux bébés à la naissance.

Hugo Boris révèle dans ce premier roman empreint de tendresse et de douceur un talent prometteur qui se confirmera par la suite notamment avec « La délégation Norvégienne » et « Trois grands fauves".







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Police

Police, Hugo Boris chez Grasset aout 2016.

J'ai lu ce roman dans le cadre du prix SNCF du polar 2019 et je suis "estomaquée" Ici pas de superflic, de brigades criminelles renommées, de malfrats du grand banditisme auréolés de gloire! Non ici trois agents de police lambda..

C'est l'été, Virginie, Aristide et Erik font des heures supplémentaires , une mission hors de leur zone les attend: prendre un charge un reconduit et le convoyer jusqu'à l'aéroport Charles de Gaulle. Une mission qui va brutalement faire exploser leur petit monde et les mettre en péril...

Hugo Boris, pour écrire ce roman , a mené une enquête minutieuse , réussi à s'immiscer dans les méandres administratifs et policiers. Ces quelques heures passées dans cette voiture de patrouille valent beaucoup de grands discours. Un huis-clos tout )à la fois étouffant et salvateur...

Un très beau roman sur un sujet "inflammable" . A lire !



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Police

Victime de violences policières, je partais avec un a priori négatif au sujet de ce livre, mais peut-être mon comportement avait-il justifié cette répression ? Alors dès que je vois un képi, un truc bleu, un gyrophare, y a comme un demi-tour qui s'opère dans l'estomac, les lèvres se retroussent les dents du bas s'avancent, enfin celles qui me restent, et un grognement jaillit des profondeurs de mes entrailles arhgreeeeeeeuuuuu !

De plus cette bande de joyeux drilles doit raccompagner un migrant en situation irrégulière à l'aéroport de Roissy Charles de Gaules, double arhgreeeeeeeuuuuu !

Alors les premières pages je les ai lues d'un œil, espérant secrètement que ces braves gens se prennent quelques baffes, du genre de celles qu'Astérix et Obélix mettent aux Romains. (Ouh c'est pas beau dom la vengeance ! Oui, je sais, mais je me soigne !)

Petit à petit, l'histoire humaine de ces trois flics se met en place et comment ne pas se prendre d'affection pour Virginie qui doit avorter le lendemain matin. Son couple battant de l'aile, elle trouve un peu de réconfort auprès d'un de ses collègues de travail : Aristide.

La situation qui s'ensuit me parait improbable dans la réalité mais force est de constater que l'histoire d'Hugo Boris est plutôt plaisante, s'essayant à grand coup de tendresse de nous dépoussiérer les gens qui exercent ce métier. Je ne remets pas en cause les talents de l'auteur qui grâce à sa plume émouvante à faillit m'avoir mais désolé je ne suis pas encore prêt à aller les biser.

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Débarquer

Je n’ai pas compris le thème du livre Débarquer d’Hugo Boris. J’ai aimé que l’histoire de Magali soit traitée avec beaucoup de réalisme, mais je n’ai pas compris le rapport avec ce qui est arrivé à Andrew, personnage pas assez travaillé à mon goût.

Le matin du 6 juin 1944, Andrew Calkins se trouve à bord du navire porteur USS Charles Carroll. D’ici quelques heures, il participera au débarquement, non sans avoir vécu quelque chose d’inédit.



De nos jours, Magali, guide sur les plages de Normandie, doit faire face au départ mystérieux de Darius, son mari. Est-il mort ? A-t-il volontairement disparu ? Nul ne le sait. Épuisée, elle doit quand même accueillir un vétéran.



L’intrigue est assez plate, les difficultés de Magali sont décrites avec minutie et je me suis un peu ennuyée en me demandant quel message l’auteur voulait faire passer.



Au fil du livre, Magali va se transformer, mais je n’ai pas vu le rapport avec l’histoire d’Andrew.



Merci à NetGalley et aux éditions Grasset pour cette lecture


Lien : https://dequoilire.com/debar..
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Débarquer

Je me souviens de ce film de Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat Ryan.

Je me souviens de cette terrible scène d'ouverture.

Ces soldats inquiets à l'approche du débarquement et puis tout se précipite.

Sifflent les balles, tombent les corps.

L'eau glaciale de laquelle il faut s'extirper.

Débarquer, ça commence comme ça.

Le 6 juin 44, sur une plage de Normandie.

Des gars venus de Géorgie, chantait Sardou, où d'ailleurs, bien sûr.

Bien des années plus tard, il reste les vestiges, les cimetières, les musées et les commémorations.

Ils sont de moins en moins nombreux, les vétérans qui viennent revoir ces lieux où nombre de leurs camarades laissèrent leur vie.

Magali, est guide.

Elle refait l'histoire pour les touristes.

Sa vie est compliquée, c'est une jeune femme perturbée, qui se retrouve seule avec ses deux enfants à élever.

Quand on lui propose de prendre en charge un de ces vétérans pour l'accompagner dans son travail de mémoire et alors que c'est un honneur d'habitude, elle ne se sent pas de le faire.

Boris nous livre le portrait d'une femme perdue, qui ne comprend pas ce qui lui arrive.

Il met, sur son chemin, un vieil homme fragile lui aussi et ces deux êtres cabossés vont tenter de s'apprivoiser.

Avec leur maladresse, les regrets qui les rongent, les souvenirs d'amours disparus.

Une journée particulière, presque folle, où le temps qui court les rattrape.

L'auteur sait parfaitement, même s'il ne donne pas toutes les réponses attendues, transcrire l'émotion et la pudeur de ses personnages.

Un bon roman de cette rentrée littéraire 2022.
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