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Citations de Ingrid Betancourt (51)


...ce que les autres ont de plus précieux à nous offrir, c'est le temps, auquel la mort donne sa valeur.
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Les sons étaient tamisés. Le grondement de la rivière avait fait place au calfeutrement des eaux quiètes.

Un oiseau vola au ras de la surface et nous évita de peu. Mes gestes avaient perdu instinctivement de leur amplitude, j'anticipais une mauvaise rencontre.

Pourtant, rien de ce que je voyais n'était différent de ce que j'avais vu mille fois. Nous nagions entre les branches des arbres tomme le bongo qui pénétrait et s'ouvrait un chemin jusqu’à la rive. Un clapotis proche nous annonça la berge.

- Là-bas ! chuchota Lucho à mon oreille.

Je suivis du regard. À ma gauche, un lit de feuilles et loin ies racines d'une ceiba majestueuse. Mes pieds venaient d'entrer en contact avec le sol. Je sortis de l'eau, lourde d’émotion, grelottante, ravie d'être debout sur la terre ferme. exténuée, j'avais besoin de trouver un endroit où m'écrouler.
Lucho sortit en remontant la pente douce en même temps que moi et me tira entre les racines de l'arbre.

- Il faut se cacher, ils peuvent surgir à n'importe quel moment.

Il ouvrit le plastique noir qu'il gardait dans ses affaires et m'enleva mon sac à dos.

- Passe-moi tes vêtements un par un, il faut les essorer.

Je m'exécutai. Je fis instantanément l'objet d'une attaque de jejenes, minuscules moucherons, particulièrement voraces, qui se déplaçaient en nuages compacts et qui m'obligèrent à effectuer une danse primitive pour les tenir à l'écart.

(p.521-522
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Ingrid Betancourt
La lecture, c'est une intimité avec un auteur, une intimité rare et parfaite. Il n'y a pas d'interférence. C'est un grand moment de communication.
(dans la revue "Panorama" no 512 novembre 2014)
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Je comprenais maintenant que la vie nous remplissait de provisions pour nos traversées du désert.
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J'aime la France en toute lucidité, car elle est élégante dans sa constance afin de ne pas paraître opiniâtre, et généreuse dans ses engagements afin de ne pas sombrer dans l'obsession. Mon amour inconditionnel et éternel pour la France et pour le peuple français est l'expression de ma gratitude.
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On se réveilla le lendemain sous une pluie torrentielle. Il fallut remballer nos affaires sous l'orage et commencer à marcher trempés. Nous devions escalader une pente raide.

J'étais trop lente et surtout très faible. Passé la première demi-heure, mes gardes jugèrent préférable de me porter plutôt que d'attendre. Je me retrouvai emprisonnée pendant des heures dans un hamac qui se gonflait d’une eau de pluie que les guérilleros évacuaient en me secouant par terre lorsque le terrain s'y prêtait. La plupart du temps ils me hissaient en me traînant, l'un tirant à l'avant, l'autre poussant à l'arrière.

A plusieurs reprises ils me lâchèrent et je glissai, prenant dangereusement de la vitesse, pour aller m'écraser contre un arbre qui arrêtait ma chute. Je rabattis la toile du hamac sur mes yeux pour ne rien voir.

J’étais trempée, rouée de coups. Je répétais des prières dont j'oubliais le sens mais qui m'évitaient d'avoir à penser à quoi que ce soit et de céder à la panique.

Celui qui pouvait écouter mon coeur savait que j'appelais au secours.

(p.450)
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La viande était une de ces rares choses dont nous rêvions le plus. Personne ne voulait savoir d'où elle venait, et encore moins s'embarrasser de questions existentielles sur la convenance ou l'inconvenance qu'il y avait à en consommer.

Ma situation était différente. J'étais effrayée par mes pulsions de meurtre. Si j'étais capable d'agir comme eux, alors, je courais le risque de devenir comme eux, Le plus grave n'était pas de mourir, mais de devenir ce qui me dégoûtait le plus.

Je voulais ma liberté, je tenais à ma vie, mais je décidai que je ne deviendrais pas une meurtrière. Je ne tuerais pas, même pour m'évader. Je ne mangerais pas non plus de viande de singe. Je ne savais pas pourquoi cela s'était lié dans mon esprit, mais cela avait un sens.

(p.458)
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Il faut vieillir pour apprécier la paix.

(P.45)
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Les mois passaient dans une redoutable uniformité.
Des heures vides qu'il fallait meubler, rythmées par les repas et le bain.

Une distance faite de lassitudes' était installée entre Clara et moi.
Je ne lui parlais plus, ou très peu. Juste le nécessaire pour aller de l'avant, parfois pour se donner du courage.
Je me retenais partager mes sentiments, pour ne pas ouvrir une discussion que je voulais éviter. Cela avait commencé par de toutes petites choses : un silence, une gêne d'avoir vu chez l'autre ce que nous tenions à ne pas découvrir. Ce n'était rien, juste le quotidien qui s’installait malgré l'horreur.
Au début, nous partagions tout sans compter. Bientôt il fallut diviser méticuleusement ce qui nous était alloué. On se regardait de travers; chacun en voulait à l'autre de la place qu'il lui prenait, on glissait imperceptiblement vers l'intolérance et le rejet.

Le " chacun pour soi » commençait à faire surface

(p.140)
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Notre capital de vie se compte en seconde. Une fois que ces secondes se sont écoulées, on ne les récupère plus.
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Raconter certaines choses, c'est leur permettre de rester vivantes dans l'esprit des autres, alors qu'il nous paraît finalement plus convenable de les laisser mourir à l'intérieur de nous-mêmes.
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Je venais de naître. Il y avait en moi plus rien d'autre que de l'amour.
Je tombais à genoux devant le monde, et remerciai le ciel à l'avance pour tout ce qui devait venir.
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La liberté était mon unique oxygène
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Qu'il s'effondre et ils se retrouvent dans la tourmente, sous la menace d'une véritable incarcération à vie, avec en point d'orgue le probable retour de l'extradition.
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Je n'ai envie de rien. Je crois que la seule bonne chose, c'est ça: n'avoir envie de rien. Car ici, dans cette jungle, l'unique réponse à tout est "Non". Mieux vaut donc ne rien vouloir pour demeurer au moins libre de désirs.
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Les gardes, qui nous parlaient avec respect, se permirent des familiarités que je recevais avec froideur. Les soldats n'y voyaient pas de mal, ils aimaient à être traités avec les lourdeurs d'une franche camaraderie. Je redoutais pour ma part que la perte de certaines formes de courtoisie n'ouvre la porte à des rudoiements semblables à ceux qui avaient sévi dans la prison de Sombra.

Mes craintes se révélèrent fondées.

Très vite le ton passa de la plaisanterie à l'aboiement. Les jeunots sentaient qu'ils prenaient de l'ascendant sur leurs pairs s'ils osaient nous donner des ordres à tout bout de champ.

(p.478)
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Cette fois, j'ai soutenu Pastrana contre Serpa, sans enthousiasme, mais forte d'un pacte paraphé sous le regard des Colombiens. Ces mêmes Colombiens qui prétendent qu'on n'a jamais le choix chez nous qu'entre la peste et le choléra. Comment leur donner tort?
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Il m'avait fallu attendre plus d'un an de captivité pour que je commence à me remettre en question.
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Ma conscience de ce temps irrémédiablement fichu réveillait la terreur de me sentir ensevelie vivante.
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Comme souvent en Colombie, l'effet d'annonce tient lieu de programme, le peuple croit que les choses vont changer, et puis l'on découvre quelques années plus tard que la fameuse commission, installée dans un grand tapage, n'a pas produit une idée, et qu'il faut donc tout recommencer.
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