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Critiques de Isabelle Rodriguez (22)
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Les orphelines du mont Luciole

« Dans la cour de l'école, l'ombre déployée depuis l'arrière de l'orphelinat nous parvient en flaques mouvantes. La cour, l'étroite route nouvellement goudronnée devant, les champs autour ; notre village se dissout dans ce contre-jour, se noie au sein de cette pénombre stagnante jusqu'au au coeur des étés. Tous logés à la même enseigne, paysages et habitants, tous plongés dans l'ombre de la gigantesque bâtisse, à l'exception singulière du château blanc posé un peu plus haut sur la colline et qui est la plus belle chose que j'ai jamais vue. »



Dans cet orphelinat aux portes murées, aux volets clos, un drame s'y est déroulé en 1919, toutes les pensionnaires et les religieuses qui s'occupaient d'elles ont été décimées par la grippe espagnole, alors que les habitants du village ont tous survécu. Dès ses huit-neuf ans, la narratrice se sent connectée avec ce bâtiment mystérieux et les orphelines qui y ont vécu. Elle les appelle « mes fées », « mes petites mortes », et se place en gardienne de leur mémoire alors que tout le village les a oubliées.



Les Orphelines du Mont Luciole est un roman d'atmosphère. La qualité d'écriture d'Isabelle Rodriguez, sensorielle et poétique, dessine une quête sensible et émouvante pour retrouver les paysages de l'enfance alors même qu'une fois adultes, ils ont tendance à s'effacer ou se transformer. Comment retenir les souvenirs ? L'autrice compose avec subtilité une rêverie mélancolique qui se pare de belles images, comme cette scène où la narratrice enfant vient de découvrir les tombes des orphelines :



« Je m'allonge dans la terre moelleuse, lui offre mes cheveux pour qu'ils prennent racine, ma peau pour qu'elle s'y dissolve, je m'allonge et je vois par-dessus les toits d'épine le ciel incorrompu, incorruptible, mes cils gobent les pollens, je mémorise le tempo de mes veines apaisées ici comme elles ne savent être apaisées nulle part ailleurs, je suis sûre que la terre à l'endroit de ma sieste régulière prendra la forme de mes formes, retiendra les contours de mon enveloppe de chair, peut-être un jour j'y aurai tellement dormi qu'on pourra percevoir dans les dessins du sol le flou causé par l'inspire-expire de mon souffle. »



Le texte capte la singularité d'une enfance solitaire devenue une jeune femme tout aussi hantée par le souvenirs des orphelines, fantômes qui hantent toujours son imaginaire. J'ai beaucoup aimé cette géographie émouvante à la Modiano qui décrit minutieusement les lieux et comment chacun fait replonger dans des souvenirs précis alors même que des promoteurs immobiliers s'apprêtent à faire disparaître la topographie du village. Rien que le choix des noms permet de faire s'envoler l'imagination de façon très évocatrice : le village de Sorcelin, l'orphelinat du Mont Luciole, la petite ville de Morneré, la rue Serpenton, le château des Enjoleras.



Comme tout roman d'atmosphère sans réelle intrigue à laquelle se raccrocher, il faut que ça résonne dans le lecteur. Et malheureusement, malgré ses grandes qualités littéraires, je n'ai été embarquée sur la longueur, une fois le charme initial passé. J'ai trouvé la première partie sur l'enfance trop longue par rapport à la deuxième centrée sur l'adulte qu'est devenue la narratrice. Il y a beaucoup de motifs répétés à l'intérieur de la première partie, ce qui donne l'impression d'un récit qui tourne en rond, d'autant que la deuxième partie reprend les mêmes motifs, en les déployant, certes, mais en renforçant la sensation que le texte n'avance pas vraiment. Je l'ai regretté.



Lu dans le cadre de la sélection 2024 des 68 Premières fois #4

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Les orphelines du mont Luciole

Avec ce titre attractif, on est tenté de faire le voyage. Au coeur d’une région française, où une usine faisait vivre toute une population, dans un petit village, Pauline nous raconte ses obsessions enfantines. L’orphelinat déserté suscite maintes questions, pas toujours élucidées, laissant le champ libre à des constructions imaginaires. Il semble certain cependant, que les fillettes qui ont vécu derrière ces murs encore visibles ont été décimées par l’épidémie de grippe espagnole du début du vingtième siècle.

Tout aussi légendaire pour la population locale, le château que Pauline s’est juré de posséder un jour.

Les recherches sur le destin des fillettes qui hantent l’esprit de Pauline sont autant de portes ouvertes sur ses propres origines, et en particulier sur son ascendance espagnole, funeste coïncidence en regard de l’intitulé de la maladie qui a fauché tant de vie.



Nostalgie d’un temps passé, conscience du temps qui passe et détruit toutes illusions d’éternité, souvenirs d’enfance fracassés sur les velléités de modernité d’un décor, le récit est assez sombre, malgré la volonté de rendre compte de l’état d’esprit d’une petite fille rêveuse.





Tout cela constitue un terreau fertile et un noyau intéressant pour dresser une intrigue attractive. Cependant, on se noie un peu dans les digressions, on peut s’agacer de nombreuses répétitions qui ne semblent pas destinées à insuffler une forme poétique au récit. Je m’y suis perdue en route et je l’ai beaucoup regretté.



208 pages Les avrils 4 janvier 2023


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Les orphelines du mont Luciole

Voici un premier roman qui est une véritable invitation au voyage alors même que nous allons rester en France et nous rendre dans un petit village dans les hauteurs du pays Lyonnais. Cette promenade à Sorcelin, de son vrai nom Saint Sorlin, sera l’occasion de nous plonger dans les souvenirs d’enfant et les lieux où l’imagination de l’auteure n’a pas eu de limites.



Du haut de la colline, le village est surplombé par un orphelinat de jeunes filles abandonnées depuis l’épidémie de grippe espagnole au début du XXème siècle. De la plume très poétique et visuelle d’Isabelle Rodriguez, vont alors revivre comme par magie ces orphelines du Mont Luciole auxquelles notre narratrice s’est attachée au fil des années.



Isabelle Rodriguez, par l’écriture de ce roman aborde avec une grande sensibilité la question de la mémoire pour que les jeunes orphelines et que les habitants de cette zone rurale ne soient pas oubliés malgré l’exode rural des campagnes françaises.

J’ai trouvé très intéressant d’introduire cela grâce aux souvenirs transmis par les différentes générations que la narratrice a pu côtoyer dans sa jeunesse.



Je tiens à remercier les Avrils et Netgalley France pour m’avoir permis de lire un ouvrage très beau et touchant qui rappelle à quel point il est important de laisser une place encore importante à l’imagination dans sa vie pour continuer à rêver une fois arrivé l’âge adulte...
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Les orphelines du mont Luciole

Vie et mort des orphelines



Dans un premier roman qui s’apparente à une quête identitaire, Isabelle Rodriguez revient dans les monts du Lyonnais de son enfance et essaie de sauver la mémoire des orphelines qu’elle croisait alors et qui furent toutes emportées en quelques jours.



Pour raconter son histoire, et celle de sa famille, la narratrice nous parle d'abord d'architecture. De ces bâtiments qui entourent la maison familiale plantée sur les monts du Lyonnais, à commencer par la grande bâtisse au sommet de la colline, l'orphelinat du mont Luciole. En fait, c'est bien plus qu'un bâtiment voué à la démolition. C'est le lieu de toutes les histoires, de tous les fantasmes aussi. Un endroit où étaient rassemblées toutes les orphelines de la région. Jusqu'à ce que la grippe espagnole, au lendemain de la Première Guerre mondiale, ne les tuent toutes, foudroyées en quelques jours avec les religieuses qui les gardaient. Après les avoir toutes enterrées, on a muré les portes d'accès, fermé ce grand bâtiment vide.

Non loin de là se dresse le château des Enjoleras. C'est là qu'une riche famille d'origine espagnole venait passer les étés et qu'elle a remarqué Marie. Sa beauté lui aura permis à la grand-mère de la narratrice de franchir la porte de cette belle demeure, puis d'accompagner ses occupants à la mer. Aujourd'hui racheté par un promoteur du coin, la propriété a été divisée en dizaines de parcelles sur lesquelles des maisons à crépi rose et tuiles romaines ont été construites «parce que les Lyonnais à la campagne aiment rêver de Provence».

C'est face à la disparition de ses souvenirs, mais aussi d'un patrimoine qu'il faut désormais se battre, car il y a encore tant à dire, tant à raconter.

Par exemple son combat pour son identité. Quand ses camarades de classe lui reprochent son patronyme espagnol «dans lequel résonne celui de la grande tueuse», alors elle s'érige en protectrice des orphelines, va rechercher leurs traces. Mais, tout comme celles de ces ouvrières qui œuvraient dans les soieries et contribué à la prospérité de la région, elle ne recueille guère que quelques témoignages. Quand elle découvre le cimetière où ont été ensevelies les orphelines, elle va convaincre une amie de l'accompagner jusqu'à cet autre lieu, lui aussi voué à l'abandon.

Tout le roman est construit sur ces doubles pôles, celui familial avec les ancêtres canuts et historique avec la chronique des orphelines. Les deux trajectoires se rejoignant dans cette envie de préserver leur mémoire respective, de sauver les dernières traces, de ne pas tirer un trait sur ce passé désormais en voie de disparition. Le style vient épouser cette quête, se parant de la poésie propre à l’enfance. Une langue qui s’appuie sur les odeurs et les couleurs, une musique qui laisse toute sa place à la sensualité. Vous l0aurez compris, ce premier roman est riche de belles espérances.






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Les orphelines du mont Luciole

Un peu de chauvinisme local en ce mardi conseil de janvier 2023!



On met en avant un roman de cette rentrée de janvier un beau premier roman qui se déroule dans les Monts du Lyonnais et qui rend magnifiquement hommage à cette région, à la splendeur de ses campagnes et à sa culture ouvrière.



Une petite fille grandit dans un village Sorcelin (qui n'est autre que Saint Sorlin qu'elle a rebaptisé) qu'elle adore.

Elle est notamment fascinée par cet orphelinat abandonné qui a vraiment existé, et où sont mortes des jeunes filles de la grippe espagnole après la guerre.

Elle va les chérir, leur parler, s'occuper de leurs tombes.Sa famille est issue de canuts, elle déroule le fil de leur histoire.

Plus tard elle reviendra dans le village et assistera à sa modernisation et sa transformation.

Elle fera tout pour conserver des traces de ce qu'il a été .

Porté par une écriture élégante et sensible, entre douce rêverie et une pointe de nostalgie non passéiste, Isabelle Rdoriguez, plasticienne de profession (cela se sent!) livre avec Les orphelines du Mont Luciole un récit singulier sur l'enfance, la construction de l'imaginaire, la préservation des traces, les origines .

C'est en même temps une supplique pour que les mémoires de nos campagnes ne s'effacent jamais.

Un très beau livre que les lyonnais et même les autres seront ravis de découvrir!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les orphelines du mont Luciole

Gros village dans les monts du lyonnais, adossé à un énorme bâtiment qui abrita autrefois un orphelinat de filles toutes emportées par la grippe espagnole en 1919, Sorcelin végète en ce début des années quatre-vingt.

Descendante d’immigrés espagnols de très longue date, la très jeune narratrice évoque son enfance dans ce village où elle demeure encore une étrangère et surtout sa fascination pour les pensionnaires disparues de l’orphelinat. Touchée par leur destin tragique, elle imagine leur vie quotidienne et aspire à connaître les conditions de leur disparition mais l’histoire locale préfère oublier cet épisode. Et quand elle revient trente ans plus tard dans cette vallée livrée aux bétonneurs, elle n’a rien oublié de ses fantômes et comprend qu’elle avait juste laissé son enfance en suspens.

Porté par une écriture sensible et touchante, éclairé par un style original et très élégant, ce premier et troublant roman d’Isabelle Rodriguez évolue entre nostalgie d’une époque et d’un lieu et rêverie d’une gosse solitaire envoûtée par le drame des orphelines.
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Les orphelines du mont Luciole

Mémoire, souvenirs,empathie

Une histoire sur les racines, sur les souvenirs.L’autrice est très attachée aux racines.Elle est à la recherche et à la compréhension de l’épidémie de la grippe espagnole qui a tuée tout un orphelinat ,et qui n a laissé aucun souvenir.Elle veut redonner une âme à ces jeunes filles.

Elle se cherche aussi,d’où vient elle avec ce nom espagnol? Tout est secret.Tout est mystère,émotion,empathie,quête d’identité.

Roman sur l’enfance, les souvenirs,les promesses. Il n’y a pas de réelle réponse mais c’est beau, poétique.
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Les orphelines du mont Luciole

Un petit village dans les monts du lyonnais dans les années 80; une enfant esseulée est attirée par un orphelinat abandonné dont toutes les occupantes seraient mortes au même moment de la grippe espagnole en 1818; les orphelines deviennent des amies imaginaires, qu'elle voit comme des fées protectrices. Elle leur parle, va sur les quelques tombes qu'elle a pu retrouver et leur promet de préserver l'endroit où elles ont vécu et où elles reposent. Une trentaine d'années après elle revient s'installer dans la région mais les promoteurs ont défiguré la région et l'orphelinat va être transformé en logements. Mais ce retour à son enfance lui donne la force de partir à la recherche de ses origines, de son histoire familiale qui semble venir d'Espagne comme cette grippe qui a tué ses fées.

Ce roman est construit en deux parties : la première, particulièrement développée, sur l'enfance près de l'orphelinat, la deuxième très courte comme si l'auteure refusait de sortir de l'enfance, de l'émerveillement, de l'imaginaire.

Le thème de l'héritage, de la transmission est central dans ce roman, pas uniquement familial mais aussi celui des pierres, des lieux, de celles et ceux qui y ont laissé leur empreinte. C'est une vibrante plaidoirie pour la préservation de la mémoire.

L'écriture est magnifique, poétique, imagée et nous emmène aux côtés de la petite fille dont nous partageons les émotions, les espoirs; mais j'ai, cependant, trouvé ce roman trop descriptif, j'ai regretté l'absence totale de dialogues qui auraient donné plus de vie à ce texte.

#LesOrphelinesdumontLuciole #NetGalleyFrance

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Les orphelines du mont Luciole

Une petite fille vit à Sorcellin. Son village, ou plutôt son hameau, c'est tout pour elle, elle l'a apprivoisé. Et son village est en dehors de l'ordinaire, elle le sait. Dominant le village, imposant son ombre, reste un vieil orphelinat pour filles. Un orphelinat dont personne ne sait plus rien, on sait juste que toutes les petites filles sont mortes. De quoi, on ne sait plus vraiment, c'était il y a longtemps, peut être la grippe espagnole. Pourtant la fillette, dans son esprit, noue une relation avec ces enfants, les protègent. Et dans sa naïveté, elle croit pouvoir lutter pour garder l'orphelinat face aux promoteurs immobiliers. Et elle est liée dans son imaginaire à ces filles. Sa grand-mère était une orpheline, elles sont mortes d'une grippe qui semble venir du pays de son père, cet étranger que la famille de sa mère n'a jamais vraiment accepté....

Dans ce livre pas de dialogue, juste la force de cette fillette qui deviendra femme, sa naïveté, sa volonté de comprendre le passé, son attachement à son lieu. C'est très bien écrit, très poétique.

Merci à Netgalley et aux éditions Les avrils pour cette lecture.
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Les orphelines du mont Luciole

"Quand je serai adulte, je prendrai le nom de ma terre pour devenir ma terre, m'appeler Marie des Bruyères, m'anoblir, devenir de Sarment, du mont Luciole. Je voudrais être née de cette argile qui adhère à mes semelles, de la boue ,de la neige , des pollens répandus sur les chemins; je suis de cette terre dans laquelle reposent les filles, je suis de leur chair dispersée, de leur mémoire dissoute jusqu'au néant. Je suis chacune des Marie venues ici, passées là, je me malaxe pour me donner forme. j'ai passé mon enfance à bercer les Marie disparues, regardez bien mes bras, musclés de leurs empreintes, regardez mieux à travers ma peau si fine que trois fois rien la blesse, que chaque ronce marque. J'ai avalé tous les fantômes que personne n'entendait. Je m'appelle Marie, comme toutes les Maries oubliées, donnez-moi le nom de mon lieu , Marie du chemin qui plonge, Marie de la croisée des bois, je décide de n'être d'ici, naître du pisé dont je chéri l'odeur , je suis Marie des blés, je me nomme moi-même pour que personne ne choisisse pour moi, je deviens mon paysage , on ne pourra plus dire que je ne suis pas d'ici."

Ce passage du premier roman d'Isabelle Rodriguez porte en lieu tout le parfum des ombres de ce récit.

Temps de l'enfance, de ses souvenirs, de ses blessures, de ses absences et de ses non-dits. Rechercher la mémoire, l'histoire des orphelines du mont Luciole, c'est chercher sa propre identité.



Astrid Shriqui Garain

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Les orphelines du mont Luciole

Une belle couverture au teint bleu et des jeunes filles qui dansent et un titre "les orphelines du mont Luciole".

Mais qui sont ces jeunes enfants, ces orphelines. Le mont Luciole, avec un nom si poétique et qui ne peut que nous entraîner dans des mystères, et tenter de se souvenir.

L'auteure narrateur va plonger dans ses souvenirs d'enfance et va se questionner comme une sorte d'enquêtrice sur ce château qui domine le village d'enfance, Sorcellin, dans les Monts lyonnais et qui aurait été le lieu d'un orphelinat. Celui-ci a été fermé brutalement car un drame, une épidémie, la fièvre espagnole a décimé les jeunes filles de ce lieu, sans toucher les villageois. Et plus personne ne semble s'intéresser à ce lieu et aux souvenirs de ces gamines, qui étaient elles, d'où venaient elles ou sont elles enterrées ??

La narratrice va alors, comme quand elle était une petite fille mener une enquête. Gamine, elle aimait partir dans les rues du village, dans la forêt, dans les ruines du château chercher à comprendre, glaner des objets, des plantes. Et quel est ce lieu de culte, une sorte de petit Lourde ? Elle recherchait aussi ses origines et essayer de questionner ses grands parents : un de ses grands pères ne souhaite pas lui raconter trop le passé de sa famille, car elle, elle a un autre grand père, qui est venu d'Espagne. Elle est une sorte d’étrangère dans la famille. Physiquement, avec ses boucles brunes, alors que toute la famille est blonde, avec ce nom à consonance étrangère alors que les autres membres de la famille portent des noms de lieux de la région. Avec une belle écriture, l'auteure nous entraîne dan les rues du village, à l'ombre de mystérieux château, ancien orphelinat, abandonné, muré mais aussi dans son imaginaire de gamine, imaginaire alimenté par des contes, des souvenirs familiaux glanés lors de repas dominicaux, par des traces dans les murs des maisons, par des photos retrouvées dans des malles de grenier, dans des expositions (ces hameaux des monts lyonnais étaient des hameaux où des tisseurs, des canuts travaillaient dans leur maison et livraient ensuite leur travaux à la grande ville, Lyon).

Elle va alors nous raconter la vie de ses grands parents, leurs histoires qui lui a été raconté ou ce qu'elle glane, à travers de vieilles photographies, des "reliques", comme les outils des canuts, les canuts dits de la campagne.

Un texte très personnel mais un texte qui parle des souvenirs, des dits et non dits dans les familles, des dits et non dits de l'histoire de territoire, de lieu. Pourquoi tant de mystères et de silences sur ces jeunes orphelines décimées et oubliées ?

Cette quête personnelle nous entraîne dans les souvenirs familiaux, mais aussi dans les souvenirs d'un territoire, le passé ouvrier de ces territoires, de lieux abandonnés, laissés en friche puis leur transformation moderne avec ces promoteurs lyonnais qui viennent bâtir des zones résidentiels.

Difficile de préserver des traces, des souvenirs.

"La Terre devait nous garder toujours, ne tient pas ses promesses, ne se fait plus refuge pour les gamines du village de Sorcellin, mortes de la maladie venue d'un chez-moi que ne ne connais pas." p140

Hasard des sorties, je viens de voir un petit bijou de cinéma d'animation "interdit aux chiens et aux italiens" et il y a aussi un épisode sur la fièvre espagnole, quand l'un des hommes du village italien rentre de la première guerre mondiale et des horreurs des tranchées, il retrouve son village décimé par cette fameuse fièvre.

#LesOrphelinesdumontLuciole #NetGalleyFrance

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Les orphelines du mont Luciole

Le village de Sorcelin, sur les monts du Lyonnais, dissimulé au monde par un orphelinat abandonné et son château blanc.

Imposantes bâtisses devenues personnages à part entière de cette histoire, les longues descriptions qui en sont faites font de ce texte un vrai roman d’atmosphère où les bâtiments donnent son coffre au récit. Démonstration est faite que rien ne raconte mieux les histoires que les lieux, que les murs.



L’orphelinat se fait le théâtre de tous les possibles dans l’imagination de la jeune narratrice au nom espagnol. Des orphelines toutes mortes d’un coup devenues fantômes, fées et partenaires de jeux, un pensionnat qu’il faut à tous prix sauver de l’appétit sans bornes des promoteurs immobiliers… les souvenirs d’enfance deviennent les obsessions de l’adulte. Il faut comprendre et faire parler les pierres qui ont été témoins des vies qu’elles ont abritées.



Le récit fourmille, les bonds dans le temps sont fréquents, les digressions également mais cela contribue à cette atmosphère unique et foisonnante : le passé, les souvenirs et absurdités de l’enfance, les croyances d’il y a 100 ans et les actuelles, les ravages des guerres et des épidémies, la fête des Lumières… Toutes forment finalement un puzzle aux pièces inséparables, contribuent au portrait de ce village et des familles qui l’ont habité.

.

De sa plume descriptive, métaphorique et souvent poétique, Isabelle Rodriguez donne vie aux objets, à la nature, aux espaces et aux souvenirs qui sont les siens. Vivant et immersif, le récit appelle aux 5 sens, les descriptions sont visuelles et colorées, les odeurs enivrantes et nos doigts effleurent les matières.

Un roman délicat et envoûtant autour de l’inépuisable sujet de la transmission.
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Les orphelines du mont Luciole

Dans un premier temps, j’ai été captivée par la couverture de ce roman « Les Orphelines du mont Luciole » où nous voyons des jeunes filles en uniforme dans une cours, une photo ancienne et puis en commençant ce premier roman, j’ai été subjuguée par la plume poétique de l’auteure « Dans la cour de l’école, l’ombre déployée depuis l’arrière de l’orphelinat nous parvient en flaques mouvantes ».

Alors débute l’histoire d’une jeune fille amoureuse d’un grand bâtiment déserté de son village, un ancien orphelinat, l’histoire d’une jeune fille envoutée par les fantômes des jeunes orphelines « Elles sont revenues en fantômes, car elles sentent bien que nous les oublions, que nous ne cherchons pas à savoir ; elles refusent l’oubli que la destruction de leur maison finirait de sceller » cette jeune fille n’a pas peur des fantômes de ces jeunes orphelines, elles les recherchent, elles parlent à ces jeunes orphelines… au fil des pages, j’ai été happée par cette histoire, par les révélations (la cause de la disparition des orphelines, etc…), par les émouvantes promesses faites par une si jeune fille et puis il y a une seconde partie, passionnante et captivante, où l’auteure nous révèle sa recherche intense et obsédante des photos de cet ancien orphelinat, de ses pensionnaires et de son village mais l’auteure nous dévoilera également une future recherche sur ses origines espagnoles... qui peut nous laisser imaginer un nouveau roman grâce à cette fin «J’ai une femme à trouver »...

En conclusion, un magnifique roman sur les vestiges du passé, sur l’enfance et les promesses que l’on se fait et puis la magie des photos qui permettent de retracer un peu l’histoire d’un village. Emotions particulières à la lecteur du paragraphe lorsque l’auteure retrouvent des souvenirs d’enfance (des plans de l’orphelinat imaginaires, feuilles annotées « sauver Sorcelin. En faire un site archéologique protégé. En interdire l’accès… », etc…) gardés précieusement par ses grands-parents.

Bref un beau et émouvant premier roman et une auteure à suivre attentivement.

Merci Babelio et les éditions Les Avrils pour cette merveilleuse découverte.

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Les orphelines du mont Luciole

Histoire d'une fascination d'enfance, Les Orphelines du mont Luciole nous emmène dans les souvenirs de la narratrice, sur les lieux de cette enfance durant laquelle ses meilleures amies étaient des orphelines mortes de la grippe espagnole des décennies auparavant.

L'orphelinat, la montagne, le château, autant de prétextes à faire galoper l'imagination d'une enfant.



Dans une première partie très poétique, qui se prêterait parfaitement à une lecture orale, le village de Sorcelin, ses habitants, son passé, reprennent vie.

La seconde partie, plus courte, mais qui a plus retenu mon attention, revient sur la fascination que la narratrice devenue adulte a gardé pour ce village.



J'ai connu des hauts et des bas dans cette lecture, parfois ennuyée par trop de lyrisme, parfois enchantée. J'en retiendrai toutefois la beauté de l'écriture et ce sentiment de nostalgie si bien retranscrit.
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Les orphelines du mont Luciole



Sorcelin, un village de campagne des monts lyonnais. Un orphelinat abandonné dont l’ombre recouvre le village, physiquement et métaphoriquement. Une petite fille à la recherche de ses racines, viscéralement obsédée, ensorcelée, par la mort brutale et simultanée des orphelines en 1919. Elle les appelle ses fées, ses disparues, ses petites mortes, leur promet de leur rendre leur histoire, à elles que le village a oubliées, elles qui n’étaient pas d’ici. Le temps passe, les premiers lotissements viennent s’incruster dans la colline, les prés disparaissent, engloutis par les pelleteuses. Les chemins sont goudronnés, les bâtiments anciens effondrés et remplacés. L’histoire effacée sous nos yeux de spectateurs impuissants.



Quand la narratrice revient au village 30 ans plus tard, elle n’a rien oublié de ses serments d’enfant.



C’est un premier roman passionnant et exigeant qui demande une lecture attentive. L’écriture est innovante, singulière avec un vrai style qui peut rebuter au départ, comme souvent ce qui est différent. On sent par ailleurs chez l’auteure une grande sensibilité qui sert parfaitement ce récit sur l’enfance, les racines, l’exil et le déracinement mais aussi sur la nécessité vitale de préserver notre patrimoine et notre histoire. Une très belle découverte.
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Les orphelines du mont Luciole

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Les orphelines du mont Luciole

A chaque page des Orphelines du mont Luciole, le lecteur n’a qu’une envie : jeter un œil sur un plan pour localiser cette colline du Lyonnais, et le village où se déroule l’intrigue, Sorcelin, devenu « la banlieue chic de Morneré », comme précisé à la fin.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Les orphelines du mont Luciole

Une fois par an, j'abandonne un livre en cours de route car il m'est impossible d'avancer. Eh bien cette année c'est celui-ci.



Pourtant ça partait bien, le thème me plaisait, la couverture est très belle, le papier utilisé magnifique, etc.



Mais dès les premières pages j'ai compris que le style d'écriture n'était pas fait pour moi. Trop lyrique, trop d'envolées (des phrases de parfois 20 lignes !) alors que la narratrice est supposée être une enfant de primaire...



Et ça tourne beaucoup trop en rond sur les mêmes détails. Bref, j'ai lu la moitié quand même mais j'ai dû me rendre à l'évidence : ce roman ne me plaisait pas du tout et la vie est trop courte pour se forcer.
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Les orphelines du mont Luciole

Dans quelle langue parlent les somnambules ? Isabelle Rodriguez semble avoir écrit son premier roman sous la dictée du rêve.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Les orphelines du mont Luciole

Un récit en deux temps : d'abord Sorcelin, village du pays lyonnais, vue au travers des yeux de la jeune narratrice, enfant. Une enfant qui fait corps avec la terre, le paysage et la nature qui l'entoure. Et qui est obnubilée par le pensionnat d'orphelines, maintenant vide, immense bâtisse du village qui se vida de ses pensionnaires toutes mortes de la grippe espagnole dans les années 20.

Ensuite Sorcelin retrouvé à l'âge adulte, village transformé, déformé par les constructions. Et toujours ces orphelines dont l'auteur cherche à reconstituer l'histoire.

L'écriture est imagée ; la terre, les arbres, les collines, les gens inspirent poétiquement l'auteur que l'on sent pénétrée par son pays.

Une écriture certes soignée mais pourvue d'un peu trop de fioritures à mon goût...





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