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Critiques de J.-H. Rosny aîné (227)
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Vamireh

Par l'auteur de ''La guerre du feu'', ''Vamireh'' raconte l'histoire d'un homme ayant vécu il y a 20 000 ans, brave et presque un humaniste bien avant l'heure, qui va partir en exploration en solitaire dans les lointaines contrées en suivant un fleuve. De nombreuses rencontres et péripéties vont jalonner son voyage. C'était un récit assez plaisant à lire, ponctué de nombreuses scènes de batailles entre animaux, entre hommes et entre hommes et animaux. C'est donc une histoire assez originale qui fait se dérouler la trame aux temps préhistoriques, mais je ne peux m'empêcher de le comparer à ''La guerre du feu'' lu l'an dernier, et ''Vamireh'' souffre de cette comparaison. Je l'ai trouvé moins épique et un peu plus décousu. Les descriptions sont parfois un peu longues et j'ai eu du mal à m'immerger dans la bataille de fin qui est pourtant assez homérique. Une bonne lecture quand même et suffisamment courte pour être appréciable.
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La Guerre du feu

Lorsque j'avais établi ma critique du film éponyme de Jean-Jacques Annaud sur un autre site que Babelio, j'avais déjà parlé du roman à partir duquel avait été tiré le scénario.

Jean-Jacques Annaud avait, assez génialement, il faut le dire, remplacé le langage articulé du roman préhistorique de JH Rosny Aîné par des grognements beaucoup plus primaires. Ce qui était plus facile au cinéma du fait que l'image ou les mimiques des acteurs pouvaient suppléer.

Le sujet du roman, c'est la quête pour la domestication du feu. On ne sait pas grand-chose de cette quête sinon qu'elle dut forcément être un problème majeur. Rosny situe l'épisode vers -100 000 mais les recherches sembleraient montrer la domestication du feu pourrait remonter beaucoup plus tôt vers -400 000.

Ce que Rosny montre, et que reprendra Annaud, c'est que le feu capté à l'occasion de coups de foudre ou d'autres manifestations fortuites, devait être stocké dans des boites sous la forme d'un tison dont il fallait maintenir en permanence le rougeoiement. Un coup de mauvaise pluie, une maladresse du gardien du feu et c'était terminé. Bien sûr, Rosny, en bon romancier, présente ça comme une évidence. Mais à la lecture du roman, je ne peux m'empêcher d'être fasciné par cette problématique : d'abord, il dut y avoir un jour où l'homme dut imaginer ou penser que le feu, issu de la foudre, pouvait être plus utile qu'à créer des catastrophes naturelles comme brûler des forêts. Puis, après avoir découvert les vertus du feu, comment le rendre pérenne à défaut de pouvoir le reproduire. Et tout ça sur des périodes de plusieurs centaines de milliers d'années. Je trouve ça réellement vertigineux.

Bien sûr le roman fera un raccourci pour passer de la conservation du feu à la reproduction. Ce que reprendra aussi Annaud, pas tout-à-fait de la même manière mais ça ne change pas le propos …

Le roman de Rosny, à l'instar de ses autres romans préhistoriques ("le félin géant", "Vamireh", "Eyrimah", etc …), inscrit cette "guerre du feu" dans un environnement hostile où l'homme n'est qu'une petite créature qui doit faire face à toutes sortes d'animaux du lion au loup, de l'aurochs au mammouth. Seule sa ruse (ou sa faculté de raisonnement, c'est selon) lui permet de compenser sa petite taille et sa faiblesse.

Un autre point ne cesse de m'interpeller car, en fait, relève de questions pour lesquelles je ne sais pas trop quoi penser. Et le point de vue de Rosny diffère fondamentalement de celui d'Auel dans "les enfants de la Terre".

Il s'agit des contacts entre tribus ou hordes qui cohabitent sur la Terre. Chez Rosny, il y a méfiance voire hostilité systématique sinon carrément guerre. Chez Auel (on est, plus tard, aux alentours de -15 000), les tribus sont plutôt pacifiques et rechercheraient les contacts dans un but de progrès et d'échanges.

Sachant que la Terre n'est pas très peuplée à cette époque, cette réflexion me semble intéressante car appelle à penser à la nature profonde de l'homme et de sa réaction face à l'autre. Sachant que l'Histoire moderne n'est faite que de guerres et de conquêtes dans une période infiniment plus courte de quelques milliers d'années seulement … Sans qu'on ait bien évidemment le moindre début de preuve ce qui rend la réflexion excitante. Et vaine.

De mon point de vue, "la guerre du feu" est le roman le plus intéressant de JH Rony Aîné à cause de ses diverses dimensions abordées ou problématiques suggérées.

Et puis, le style toujours fleuri, toujours lyrique, toujours épique de Rosny nous invite en 1910 ! dans un formidable bond en arrière où le merveilleux côtoie toujours le tragique et le fantastique. Comme l'alliance de l'homme avec les mammouths contre les affreux dévoreurs d'hommes.

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La Guerre du feu

Le premier livre que j'ai lu enfant dans les années 50 en CE2.

Dans la collection Rouge et Or. Il m' a passionné à l'époque. Les aventures vécues pas les trois personnages principaux. Leur lutte contre les animaux, contre d'autres tribus et la rencontre avec une plus évoluée.

Le combat avec Aghoo et ses frères

J'étais vraiment avec les héros.Il a ouvert mon imagination.

Je l'ai lu et relu adulte et je le relirai encore avec toujours autant de plaisir.

Par contre si le film m'a déçu la BD de Emanuel Roudier m'a beaucoup plu elle est très fidèle au roman et les dessins sont superbes.
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Maîtres du vertige

Si je peux vaguement comprendre le concept de patriotisme, j'ai par contre toujours considéré celui de nationalisme comme particulièrement idiot. Le chauvinisme m'échappe. Pour tout vous dire, même l'invention du minitel n'est pas parvenue à exalter mon sentiment d'appartenance à mon pays. Mais voilà, lorsque Serge Lehmann affirme que c'est à nos concitoyens que peuvent être attribuées les origines de la science-fiction, là, je me lève comme un seul homme et pousse un retentissant cocorico !



C'est dans un manifeste qu'il publie en 1909 que Maurice Renard, le père du Professeur Krantz et précurseur du registre, s'approprie le terme de "merveilleux-scientifique" et en pose les jalons. Notez le tiret, il a son importance. José Moselli, Théo Varlet, Jacques Spitz ou encore Camille Flammarion, les auteurs qui s'y frottent produisent une littérature populaire à la croisée des chemins entre imagination scientifique et rationalisation du surnaturel. Ce genre connait alors de très belles heures. Il faut toutefois être honnête : c'est outre-Atlantique qu'il s'est largement popularisé au fil du vingtième siècle. Dorénavant, sous l'étiquette "science-fiction", il s'est diversifié en une multitude de sous-catégories, de la dystopie au space-opera en passant par le cyberpunk ou le post-apocalyptique. Depuis, les lecteurs les plus ouverts ou les plus avertis tendent même à considérer cette littérature de genre comme de la littérature tout court.



Dans sa riche préface, longue d'une centaine de pages et qui détaille ce que je viens ici de résumer en quelques lignes, Serge Lehman revient sur cet âge d'or et sur ses origines. L'idée est moins de chercher à remonter jusqu'au père du néologisme pour lui en attribuer le mérite que de tracer les contours du concept. Il en dresse donc une définition et se penche sur les auteurs qui s'en revendiquent. De fait, si elle rend hommage à tous ces romanciers et novellistes, parfois familiers des amateurs mais inconnus du grand public, cette préface est un précieux carnet d'inspiration et une mine de patronymes à retenir, parmi lesquels, notamment, ceux dont Serge Lehman a sélectionné les écrits.



En effet, n'oublions pas que derrière la préface se bousculent six nouvelles, chacune précédée d'une superbe illustration de Greg Vezon. Six nouvelles - trois signées d'auteurs plus que confidentiels (Pierre Mille, Renée Dunan, Claude Farrère) et trois autres d'incontournables du genre (J.-H. Rosny aîné, Jean Ray, Jacques Spitz) - dont je ne suis pas sûr qu'il soit utile d'entreprendre les résumés (vous pouvez de toute manière les retrouver sur votre minitel via un 3615 quelconque). Et pour cause, même si les nouvelles ont toutes un intérêt sont sans doute révélatrices d'un genre et d'une époque, il y a fort à parier qu'une fois le recueil refermé, il n'en restera que la préface, qui, au-delà d'introduire ce qui lui fait suite, l'occulte.



Touchez mon blog, Monseigneur...
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Récits de science-fiction, tome II

Dans un futur très lointain, les peuplades plus ou moins primitives survivant sur Terre doivent subir l’invasion d’étranges créatures, les Xipéhuz. Tels des cyclopes, ils ne disposent que d’un seul œil qui brille comme une étoile dans la nuit. Ils ont entrepris d’exterminer les derniers humains en se servant d’un rayon lancé depuis leur unique orbite faciale. Après de nombreuses tentatives infructueuses de riposte à l’aide de lance-pierres ou d’arcs, Bakhoun, un des chefs de tribus, finit par trouver un moyen de les vaincre. Il imagine un arc amélioré, une sorte d’arquebuse et vise l’œil. Et là les intrus tombent morts, pétrifiés. Un combat sans merci, s’engage alors… Après une catastrophe « nucléaire » provoquant éruptions volcaniques et séismes en grand nombre, les humains survivants se sont regroupés en petites unités dans des oasis de déserts. Mais leur plus gros problème reste le manque d’eau. Ils ne peuvent y pallier qu’en organisant une euthanasie planifiée…Une expédition menée par le capitaine Devreuse aux confins de la Sibérie orientale et de la Chine fait d’étranges découvertes : un tigre géant à dents de sabre, tout droit sorti des temps préhistoriques, puis des peuplades d’Hommes-des-Eaux à la peau verdâtre capables de rester des heures sous l’eau…Sévère et Luce assistent à un étrange phénomène astronomique : l’arrivée de la Roge Aigue, dévorant sur son parcours étoiles et Lune et répandant partout des lueurs rouges d'incendie sans chaleur ni consumation…

« Récits de science-fiction » est un recueil de quatre nouvelles et novellas sur un thème post-apocalyptique pour deux d’entre elles, catastrophique pour une autre et d’aventures fantastiques pour la dernière. Le style est de belle facture, précis et descriptif et les histoires sont étonnamment modernes. Le lecteur découvrira d’ailleurs que Rosny-Aîné fut un visionnaire dans la mesure où il imagina une catastrophe nucléaire à une époque où les recherches en ce domaine n’en étaient qu’aux balbutiements ! Mis à part l’écriture excellente mais datée, ces nouvelles restent d’un grand intérêt ne serait-ce que pour découvrir que la plupart des thèmes de SF ou de fantastique avaient déjà été explorés dès le début de l’autre siècle. Depuis cette époque, les auteurs n’ont fait que broder dessus. Tout comme Jules Verne avec qui il a de nombreux points de convergence, Rosny-Aîné fut un précurseur et un maître du genre ! Le monde se porterait mieux si les puissants écoutaient poètes et romanciers…
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Récits de science-fiction, tome I

En Hollande, dans un milieu plutôt modeste, nait un enfant assez bizarre. Sa peau est presque verdâtre, ses yeux sont étranges et ses membres longs et très fins. En grandissant, ses particularités physiques ne font que s’aggraver. Il devient de plus en plus grand et de plus en plus maigre. Il parle tellement vite et tellement étrangement, il écrit si mal, que personne ne parvient à le comprendre. Il ne distingue pas vraiment les couleurs mais est capable de voir à travers les murs. Il dispose de facultés extraordinaires comme la télépathie. Il est capable également de courir plus vite que les plus rapides des animaux. Et il ne peut rien ingérer d’autre que de l’alcool dilué. Il vit donc solitaire et rejeté par tous. Et à l’âge adulte, il consulte un médecin dans l’espoir de comprendre pourquoi il est si différent de tous ses semblables… L’équipage du « Stellarium », vaisseau spatial français disposant d’une énergie nouvelle, parvient à atteindre la planète Mars et même à s’y poser sans encombre après un voyage spatial de trois mois. Les Terriens y découvrent, en plus d’une absence d’eau et d’atmosphère, toutes sortes de créatures animales bizarres, vaguement zoomorphes, en formes de longues lanières gluantes, de reptiles géants ou de mille-pattes immenses qui les intriguent beaucoup. Ils doivent même utiliser des rayons pour les éloigner. Et l’affaire se corse encore quand ils se retrouvent en présence d’humanoïdes à trois jambes qu’ils baptisent Tripodes…

« Récits de Science-fiction tome 1 » est un recueil comportant quatre nouvelles parues entre 1898 et 1930. Les deux premières sont assez longues (quasiment des novellas) et les deux dernières beaucoup plus courtes. Seule « Les navigateurs de l’infini » peut vraiment être classée dans la catégorie science-fiction pure. Les trois autres relèvent plus du fantastique ou de l’étrange. Ecrivain belge francophone, l’auteur, surtout célèbre pour sa fameuse « Guerre du feu », fut aussi l’un des fondateurs de la science-fiction qui fut européenne avant d’être américaine. (Avec entre autres le roman « Xipehuz », datant de 1888). Le lecteur peut trouver un certain plaisir à lire ces textes bien écrits, même s’ils sont marqués d’une certaine naïveté et d’une crédulité sans faille dans le développement perpétuel et bienveillant de la « science ». On notera également une appétence pour les monstres, les créatures horribles et dangereuses paradoxalement couplée avec des amours séraphiques, une sexualité sans contact, par échanges de fluides et même une nutrition par osmose. Ses Martiens sont bienveillants, accueillants et même reconnaissants envers les Terriens pour leur aide. Intéressant pour ceux qui veulent explorer l’enfance de la SF !
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La Guerre du feu

Je me souviens avoir lu un extrait de 2, 3 pages dans un livre de lecture à l'école primaire qui m'avait passionné, sans qu'il me vienne à l'idée que je pouvais lire le livre si je le demandais à mes parents. Quelques années après, alors que je l'avais oublié, le film de J.J. Annaud sort, je fais le lien avec cette lecture et vais le voir : subjugué !

Alors enfin, je lis le livre, commandé à France loisirs.

J'ai là aussi adoré cette lecture qui comme le film m'a transporté dans ce lointain passé. Même si c'est loin d'une rigueur scientifique on est porté par cette aventure primaire de survie et de lutte pour ce bien essentiel : le feu.
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Le cataclysme

J'aime les querelles byzantines et après un Pill-Pull talmudique ,je déclare urbi et orbi que le cataclysme est un texte de science-fiction (sourire).

Le charme de cette nouvelle vient de ce qu'un plateau rural et ses habitants sont progressivement confrontés à une altération du réel sur un mode très rationnel qui les poussent à se demander s'ils sont un peu dérangés.

Il y a constamment des échos entre l'environnement et la vie individuelle et sociale des personnages et mêmes avec celle des animaux domestiques ou sauvages.

La narration est à la troisième personne et les descriptions sont aussi mesurées et concises que omniprésentes. Les descriptions participent ici vraiment au langage utilisé par l'auteur . Elles sont donc un vibrant moyen d'expression utilisé par l'auteur qui les soigne avec éloquence tout au long du texte.

Il y a dans ces pages une tonalité fantastique évidente mais à mon humble avis ce texte ne rattache pas au genre horrifique. Les personnages et le lecteur peinent à comprendre les altérations successives de l'environnement de ce petit monde rural.

Il y a très nettement un intérieur et un extérieur du plateau et l'extérieur n'est affecté par aucun phénomène physique qui soit hors cadre naturel.

La perception de la réalité vacille progressivement ,la raison aussi mais tout reste rationnel .A un moment donné se posera la question de la fuite.

Les évènements réveillent de vieilles croyances aux allures prophétiques en milieux paysans et populaires,. Elles se réfèrent à une société traditionnelle qui aide plus que la science à affronter cette nouvelle réalité qui s'installe.

Le récit n'est pas en mode thriller mais il y a un crescendo très net pour ce qui est de l'installation de la peur et du désir de fuite.

La langue n'est pas désuète mais , elle semble un peu "étrangère" par moment .C'est mon ressenti étonnant mais très net pourtant , un peu comme si on était face à certains moments ,à un dialecte.

C'est une belle pièce de littérature de l'imaginaire. C'est un court texte publiée en 1888 ce qui vient utilement souligner l'ancienneté du genre SF finalement .

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Les navigateurs de l'infini

Un texte écrit en 1925 et publié à titre posthume en 1960.

Les navigateurs de l'infini est un véritable roman de science-fiction. le style du roman à mon humble avis est occasionnellement un peu daté, cependant c'est une lecture à titre documentaire qui est incontournable pour les amateurs du genre intéressés par son histoire.

Par ailleurs, cela reste une plus que excellente et avenante lecture jeunesse. Toute à fait idéale pour sensibiliser au genre SF.

Il s'agit d'un saut dans l'infini accompli par trois Français. C'est un voyage dans le vide spatial pour découvrir de près la planète Mars, de très près. Ce monde sec qui héberge la vie et une civilisation animée par une espèce intelligente locale et bien pensée dans son étrangeté radicale.

C'est un véritable roman sur le voyage spatial d'exploration ainsi que sur le thème du contact .

La donne scientifique martienne est largement dépassée mais le roman tourne finalement à un excellent planète opéra bien ficelé.

Le roman est relativement court et il pose une problématique analogue à celle qui menace les hommes de la mort de la terre . C'est intéressant car ce n'est pas un copié collé.

C'est un texte qui comprend beaucoup de belles phrases qui ont l'éloquence de la littérature classique du début du siècle.

Ce roman est infiniment plus de la science-fiction que n'importe lequel des textes de Jules Vernes .

C'est un auteur qui avec son frère fut le fondateur de la science-fiction francophone moderne et aussi un membre créateur de l'académie française contemporaine.

Ses fictions préhistoriques mentionnons-le ,sont superbes et elles sont elles aussi de la science mise en fiction.

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Oeuvres - Bouquins

Je vous invite à voyager dans le temps.

Loin.

Très loin.

Jusque dans la préhistoire.



En plongeant dans ce merveilleux ROMANS PRÉHISTORIQUES de J.-H. Rosny aîné, publié chez Robert Laffont dans sa collection Bouquins.



Cette anthologie d’un des précurseurs à la fois de la science-fiction et du roman préhistorique regroupe cinq romans préhistoriques (Vamireh, Eyrimah, le célèbre La guerre du feu, Le félin géant, Helgvor du fleuve Bleu), deux nouvelles préhistoriques (Elem d’Asie qui est une version écourtée de Vamireh, Nomaï) et trois nouvelles à classer du côté de l’imaginaire (Les Xipéhuz, La Grande Énigme, Les Hommes sangliers).



Évasion garantie.




Lien : https://claudegriesmar.fr/j-..
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La mort de la terre

L'idée est très originale. Décrire la fin de la vie sur terre. Je pensais trouver une autre façon de raisonner que Jules Verne , j'en ai trouvé une. Même époque (à peu près), même intérêt pour la technologie, mais J.-H. Rosny aîné va beaucoup plus loin dans l'anticipation. Jules, lui se « contente » d'imaginer des applications de la science. Le gros problème, à mon goût, c'est que J.-H. Rosny aîné va aussi beaucoup plus loin dans la noirceur et le morbide. J'ai lu ce livre pendant les vacances d'été. J'étais content d'échapper quelques jours à ma région qui devient de plus en plus un enfer de juin à septembre inclus. Mais alors, quelle mauvaise idée d'avoir choisi d'emporter ce bouquin ! Lisez, vous comprendrez...
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La mort de la terre

Trois histoires dont la plus longue, la mort de la terre, qui aurait dû s’intituler la mort des humains puisque c’est la fin de l’humanité qui est décrite alors qu’une nouvelle espèce apparaît, apte à vivre dans une terre désolée où l’eau a disparu. Une bonne histoire mais j’avoue avoir été déçu. L’auteur raconte le pendant de la guerre du feu, avec l’extinction de l’espèce humaine.
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La Guerre du feu

Moi qui adorais Rahan le fils des âges farouches dans ma jeunesse je suis vraiment déçue par "La guerre du feu" de J.-H. Rosny Aîné.

Il faut dire que je n'avais pas aimé l'adaptation au cinéma de Jean-Jacques Annaud que j'ai vu dès sa sortie en 1981 et que j'avais trouvé assez ridicule. Quand j'ai trouvé la version audio à la bibliothèque je me suis dit que le roman était peut-être mieux d'autant plus que j'aime la lecture à voix haute.

Grosse déception, l'aventure préhistorique et surtout sa fin sont affligeantes et la lecture est mauvaise car je trouve que le ton adopté pour cette version audio est désagréable.



Il y a 100 000 ans, la tribu des Oulhamr s'est fait voler le feu qu'ils savent entretenir mais pas allumer. Le vieux chef donne sa nièce en pâture pour motiver le fils du Léopard à retrouver le feu. Il aura la fille s'il réussit à la tête d'un petit groupe de trois guerriers.

A la recherche du feu, ils vont croiser en chemin mammouths, aurochs, ours des cavernes, lion géant, tigresse et léopard mais aussi des dévoreurs d'hommes ou des nains rouges.

Bref, l'auteur fait l'inventaire des animaux et tribus rencontrés successivement dans ce périple pour caser les quelques connaissances connues sur cette période.



Mais le gros problème est l'écriture avec un vocabulaire qui sonne faux. On a le droit à "L'ours est perplexe", "le taureau est sorti de l'indécision" ou "Il se redressa sur son séant" et j'en passe.

Et puis, les guerriers se sentent agressés par un ours qu'ils qualifient de violent par nature alors qu'il attaque parce que les hommes occupent sa caverne.

Bon j'arrête là car ce roman ne vaut pas la peine qu'on s'y attarde.





Challenge Riquiqui 2023

Challenge XXème siècle 2023

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Le félin géant

En accouchant du génialissime Tarzan Edgar Rice Burroughs ne s'était guère préoccupé du réalisme du théâtre des opérations, l'Afrique et la faune qui la peuple.

Je ne suis pas certain que J.H. Rosny ait poussé plus loin ses investigations en paléontologie. Considérant le gouffre qui sépare l'état des connaissances actuelles de celles auxquelles il pouvait accéder, on lui laissera le bénéfice du doute.



Les deux récits sont quasi contemporains, près d'un siècle après leurs parutions l'Américain s'en sort mieux que le Belge.

Deux compères appartenant à des lignées d'hominidés différentes se font une virée en territoires inconnus. Ils y rencontrent moultes féroces bestiaux qu'ils terrassent à grands coups d'objets contondants comme se plaisent à la préciser les légistes des séries sur France 3. Ils parviennent même à faire ami-ami avec un énorme lion des cavernes.

Au passage on réalise que la préhistoire de Rosny semble aussi populeuse que le centre commercial de Rosny2 le premier jour des soldes. Hominidés de tout poils y grouillent et s'y empoignent allègement.



Difficile de se passionner pour la geste de cet improbable binôme des "âges farouches", entre combats épiques et velléités humanistes.



Je ne suis pas sûr de rempiler avec "La guerre du feu"









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La mort de la terre

La mort de la Terre / J. H. Rosny Aîné (1856-1940)

Première nouvelle : Les Xipehuz

« C’était mille ans avant le massement civilisateur d’où surgirent plus tard Ninive, Babylone, Ecbatane. »

Ainsi commence cette fiction qui voit la tribu nomade de Pjehou chercher au crépuscule un point d’eau et un havre pour la nuit. Surpris au crépuscule par des formes inhabituelles coniques ou cylindriques lumineuses, les nomades s’approchent imprudemment et sont alors attaqués, décimés, massacrés. Les quelques rescapés qui ont pu fuir découvrent que les Formes ne dépassent pas une certaine limite pour les poursuivre dans la forêt de Kzour. Tout est tenté avec les Sages, les prêtres et les chefs de la nation Zahelal pour tenter de comprendre, mais sans succès. Un nouveau massacre est à déplorer et les survivants déclarent simplement qu’il s’agit de dieux inexorables et qu’il n’y a rien à faire.

Le sentiment que l’homme va périr commence à se répandre dans les tribus mais un homme non résigné nommé Bakhoûn va passer des jours et des jours à observer avec prudence les Formes et noter le fruit de son travail. : il va appeler ces êtres vivants les Xipehuz. Il découvre qu’en peu de cycles lunaires les Formes auront dépossédé l’homme de sa demeure terrestre. Il confectionne avec ses fils des arcs qui s’avèrent être plus efficaces que tout autre arme. Une armée de milliers d’hommes munis d’arcs est préparée et Bakhoûn et ses cinquante fils dirigeant l’ost livre une première bataille.

Les hommes de Bakhoûn parviendront-ils à se débarrasser du fléau et rendre la Terre aux Hommes ?

Deuxième nouvelle : Le cataclysme.

Sur les hauteurs du plateau de Tornadres, Sévère et sa femme Luce observent depuis quelques jours une étrange migration des animaux vers la vallée de l’Iaraze ; carnassiers, herbivores, batraciens, raines des buissons ou raines vertes, insectes, carabes aux élytres dorés, tous fuient. Même les brins d’herbes et les moindres ramuscules se redressent en une étrange attitude. Sévère a comme la sensation de perdre l’équilibre et à du mal à tenir la position verticale. Et quand il voit Luce tituber comme sous l’emprise de puissances énigmatiques, il comprend qu’il se passe quelque chose d’inhabituel qui ne participe plus de la vie terrestre.

Nuitamment les chiens hurlent dans les cours des censes sur le plateau de Tornadres tandis qu’une pluie de météorites tombe sur la Terre en cette nuit du dix août. Des sortes de feux de Saint Elme s’allument, sans chaleur et sans consumation, à la cime des grands arbres terrorisant Sévère et Luce et gagnant chaque ramille, chaque pointe de feuille des buissons, des gramens et des éteules. Les étoiles ont comme disparu du ciel…

Que reste-t-il à faire sinon de suivre les animaux vers la vallée de l’Iaraze…et comprendre.

Troisième nouvelle : La mort de la Terre.

Targ, le veilleur du Grand Planétaire, sait qu’il fut un temps immémorial où l’Homme croissait parmi les sources, les rivières, les fleuves, les lacs…La vie pullulait jusqu’au plus profond des mers, il y avait des prairies et des sylves d’algues, des forêts d’arbres et des savanes d’herbes. Aujourd’hui seuls les oiseaux ont survécu et ont développé une intelligence étonnante.

Targ regarde le ciel où il n’y a plus de nuages. L’humanité est réduite à quelques oasis ayant échappé aux terribles séismes qui ont ravagé la Terre, et qui sont approvisionnés en eau grâce à quelques puits. Car l’eau a presque disparu de la surface du monde, engloutie dans les entrailles de la Terre. Les sources sont taries, les océans engloutis, les fleuves asséchés. En dehors des oasis, la Terre est devenue inhabitable depuis 500 siècles et finira probablement par périr de sécheresse.

Au sein des oasis, le nombre d’habitants est codifié et à mesure que les provisions au cours des ans diminuent, il faut recourir à l’euthanasie en commençant par les vieillards cacochymes.

Et puis il y a l’ennemi qui prolifère : les terribles ferromagnétaux à proximité desquels l’Homme perd ses globules rouges et meurt d’anémie. Ce sont des êtres organisés entièrement composés de fer magnétique. Ils risquent de succéder à l’humanité quand elle aura disparu.

À la suite d’un terrible séisme, l’oasis des Terres Rouges est ravagés et s‘est creusée une immense faille qui intrigue Targ venu avec ses amis porter secours au rescapés. Il décide de partir en exploration au fond de cette crevasse avec l’espoir d’y découvrir de l’eau.

L’eau salvatrice découverte permet alors à l’oasis des Terres Rouges de ressusciter et de prospérer. L’espoir renaît.

Cependant, un jour le niveau d’eau vient à baisser dans les cuves suite à quelques légers mouvements tectoniques. C’est l’alerte : il faut prévoir et euthanasier. Targ et sa femme Erê ainsi que sa sœur Arva et les enfants quittent l’oasis qui à terme est condamnée vu l’inertie qui gagne la population résignée à une mort promise, et partent à l’aventure vers la dernière oasis équatoriale abandonnée où il peut rester un peu d’eau.

La suite va être une lutte pour la survie, dans la révolte et la le combat contre l’adversité, la pénurie d’eau et l’invasion des ferromagnétaux. Une lutte que le titre du livre laisse sans espoir… Car l’eau, c’est la vie.

J.H.Rosny aîné (1856-1940) a toujours porté un jugement sévère sur le passé et le présent de l’humanité. Pour lui l’animal vertical a été un terrible destructeur de tout temps. Et dans son roman apocalyptique qui se situe dans un avenir lointain, la punition n’est pas tombée du ciel mais venue de la Terre elle-même !



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La Guerre du feu

La Guerre du feu

J.H. Rosny Aîné (1856-1940)

« Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort ! »

Ainsi commence ce récit épique au style poétique et aux accents hugoliens. Une ambiance de Légende des siècles règne tout au long de cette épopée.

Ils ont perdu le feu et pourtant « ils l’élevaient dans trois cages depuis l’origine de la horde : quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour. »

On notera que pour les hommes de l’époque, le Feu était considéré comme un animal qu’il faut nourrir et protéger. Hélas, une horde ennemie a détruit deux cages et dans la troisième cage pendant la lutte, on l’avait vu défaillir, pâlir et décroître avant de mourir. Alors « ils connurent que leur descendance était menacée dans sa source et que les forces du monde devenaient plus formidables : ils allaient rôder, chétifs et nus, sur la terre. »

Faouhm le chef de la horde décide que Gammla, la fille du Marécage, appartiendra à celui qui ramènera le feu : la compétition est rude entre Aghoo et Naoh, deux prétendants. Naoh, le fils du Léopard, qui est l’émanation de la race , la puissance humaine devant le mystère cruel de l’Univers, le refuge qui abriterait la horde, choisit deux solides marcheurs, Nam et Gaw pour partir à la recherche du Feu.

Le moment du départ pour la grande aventure est proche : « c’était l’aube suivante. Le vent du haut soufflait dans la nue, tandis que, au ras de la terre et du marécage, l’air pesait, torpide, odorant et chaud… Ils pressentaient le trouble tragique d’où sortira, après les siècles des siècles, la poésie des grands barbares.» Ils assistent plus loin au premier point d’eau à la bataille titanesque entre aurochs et mammouths. Puis reprennent leur chemin observant les saïgas, les hémiones, les élaphes et autres urus. Il rêve au Feu, la plus terrible et la plus douce des choses vivantes. Naoh imagine la quiétude d’une halte avec l’arôme des viandes rôties, la chaleur tendre et les bonds roux de la flamme, mais l’ennemi rôde parmi les halliers…Ce seront les Dévoreurs d’Hommes, puis les Nains Rouges, puis les Wah jusqu’au jour où du haut d’un mamelon, cachés parmi les herbes drues et secoués d’une émotion terrible, Naoh et ses compagnons voient le Feu au main de l’ennemi : « Il y avait des flammes lovées comme des vipères, palpitantes comme des ondes, imprécises comme des nues. » Mais ils connaissent l’échec dans leur entreprise de s’approprier le Feu et une tristesse incommensurable les étreint.

La rencontre avec les mammouths est un moment magnifique de ce roman et bientôt l’animal et l’Homme se comprennent et font alliance. « Or le soleil s’ensanglanta dans le vaste occident, puis il alluma les nuages magnifiques. Ce fut un soir rouge comme la fleur de basilier, jaune comme une prairie de renoncules, lilas comme les veilleuses sur une rive d’automne, et ses feux fouillaient la profondeur du fleuve : ce fut un des beaux soirs de la terre mortelle, l’alliance des hommes du nord et des mammouths. »

La recherche du Feu se poursuit à travers les plaines muettes et les couchers de sommeil se succèdent tandis que les batraciens s’appellent de leurs voix vieilles et tristes, et que les chauves-souris vacillent parmi les noctuelles.

Les rencontres vont instruire les trois hommes et celle des Hommes sans épaules qui cachent le Feu dans les pierres est déterminante pour l’avenir de l’Homme.

Nos trois hommes vont connaître encore bien des aventures avant de réussir dans leur entreprise.

J’ai relu cette épopée préhistorique lue il y a bien longtemps pour la première fois, et ce avec un immense plaisir. Ce prodigieux voyage imaginaire à l’aube de l’humanité est parfaitement relaté par l’auteur en un style épique et envoûtant, mêlant aux balbutiements de l’histoire de l’Homme le foisonnement des animaux et les bruits de la forêt.

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La Guerre du feu

J'ai découvert cet auteur trop peu connu l'an dernier avec le très bon livre ''La mort de la Terre'' et je m'étais donc procuré un recueil de plusieurs de ses romans, romans préhistoriques dont Rosny est une figure de proue (avec les romans de science-fiction) et dont le plus célèbre est sans conteste ''La guerre du feu''. L'histoire est assez simple et prend place à une époque très reculée ou le feu représentait la vie et où il fallait conter sur des incendies provoqués par la foudre pour l'obtenir, l'homme ignorant encore comment le créer. Après une lutte sauvage avec une autre tribu, la tribu des Oulhamr perd le feu qu'elle entretenait depuis longtemps et trois homme sont envoyés récupérer le feu chez leurs lointains ennemis afin de sauver leur tribu d'une mort certaine, l'homme ne pouvant vivre longtemps sans cette richesse si précieuse. Et on va donc suivre leurs périples et leurs nombreuses rencontres avec les animaux et autres tribus hostiles. C'est une histoire très bien narrée par l'auteur, les scènes de luttes sont nombreuses et épiques, que ce soit des luttes entre animaux, entre hommes et animaux ou juste entre hommes. Il y a un vrai souffle sur cette aventure, les rencontres et les dangers sont nombreux et c'est suffisamment court pour ne pas lasser, bien que je lui ai trouvé certaines longueurs. Une lecture d'aventure originale, bien que sans grande surprise dans son déroulement.
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La Guerre du feu

Le roman suit les aventures de Naoh alors qu'il parcourt des terres hostiles et inconnues, affrontant des bêtes sauvages, des tribus hostiles et les rigueurs de la nature. Au cours de son périple, il rencontre une femme de la tribu rival, Ika, et ils développent une relation complexe et symbiotiquLa quête de Naoh pour retrouver le feu est également une métaphore de l'évolution de l'humanité. Au fur et à mesure de son voyage, Naoh découvre de nouvelles technologies, de nouvelles formes d'organisation sociale et de nouveaux aspects de la civilisation naissante. La Guerre du Feu est un roman captivant qui explore les thèmes de la survie, de l'amour, de la rivalité et de la découverte. Il offre une plongée fascinante dans le monde préhistorique et offre une réflexion sur les origines de l'humanité et sur ce qui fait de nous des êtres civilisés.
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La mort de la terre



Le plus rassurant, c’est que l’histoire commence près de 100 000 ans après la COP 28 cet automne à Dubaï. Donc c’est pas pour demain. Mais entre le début du roman et la fin du monde, en revanche, il n’y a pas loin. Correction : le titre du livre de Rosny Aîné (La Mort de la terre) est plus représentatif de la vanité humaine, qui mesure toute chose à son aune, que du roman lui-même qui raconte l’extinction de l’humanité mais entrevoit sur terre un nouveau monde, dans « la crainte et le respect du minéral ».



Après ce saut dans le temps, revenons en arrière, au 19e siècle, quand J.-H. Rosny commence(nt) à publier en 1886. Le nom de plume réunit les frères Boex. « Les frères Rosny sont un grand écrivain », s’amusait un critique. Ils sont ensemble l’auteur d’une œuvre monumentale, jusqu’à la mort de l’aîné en 1940. De celui-ci, sans son cadet, on célèbre encore l’impérissable Guerre du feu (1911) et cette Mort de la terre (1912).

Ensemble, délaissant la prospective technologique mise en œuvre par Jules Verne, avec H.-G. Wells outre-Manche, ils inventent un nouveau genre, le « merveilleux scientifique », ancêtre de la Science-Fiction.



Dans La Mort de la terre, une humanité rendue torpide par des millénaires de sobriété est menacée par la disparition de l’eau. Mais qu’importe, la mort (euthanasie) est si douce ! Seul Targ, le veilleur, les passions ranimées par l’amour, a encore suffisamment d’espoir chevillé au corps pour persévérer dans son être. « Mes rêves sont ridicules, pourtant ne m’aident-ils pas à vivre ? Ne me donnent-ils pas un peu de ce jeune bonheur qui a fui pour toujours l’âme des hommes ? »



Rosny Aîné a le souci de la science, de la démonstration, et il prend grand soin de la cohérence de son univers. De l’évolutionnisme, il tire de belles idées, tels que le règne futur des ferro-magnétaux ou la persistance d’oiseaux ayant acquis des bribes de langages. Mais il en fait peu de choses.

Il fut Naturaliste (signataire du Manifeste des cinq qui accusa Zola d’avoir trahi leur cause littéraire au profit des turpitudes sociales). Mais son style étincelant comme un casque de pompier l’attache aussi en épigone du Parnasse, et son élégie mortelle aurait sans doute gagné à ce qu’il versât encore davantage dans l’exercice de style.



Principalement, le roman décrit, avant la fin du monde, la perte de l’espérance d’une humanité désormais sans ressort. Guère de suspense, peu d’enjeu : cette vie ne mérite peut-être pas d’être vécue — ni cette histoire d’être racontée.

Seul Targ s’accroche : « La mort seule détruira mon espérance. » Mais on l’entend davantage comme truchement du lecteur des 20 et 21e siècle que comme représentant des siens que plus rien ne retient. Les autres personnages sont des ombres et rien n’est donné qui nous fasse frémir à l’idée de leur sort ou vibrer pour leur survie.



Toutefois le roman n’est pas bien long et ses aspects prophétiques assez amusants en cette aube de canicules (« maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse »).



Allez, par curiosité.



"Targ avait la tête basse, les épaules rentrées ; il était comme un homme qui va s’écrouler. Et il murmura, plein d’horreur :

— Est-ce, enfin, la mort des hommes ?"
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Les navigateurs de l'infini

Les éditions Ombres ont réuni en un seul ouvrage deux des romans de J.H. Rosny l'Aîné, auteur belge de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième. Les navigateurs de l'infini puis Les astronautes constituent en réalité deux épisodes de la même histoire, reprenant les mêmes personnages et le même cadre narratif. Romans courts, écrits l'un en 1925, l'autre publié à titre posthume vingt ans après la mort de l'auteur, ces deux textes constituent, il faut bien le dire, une sorte de patrimoine littéraire dont il convient de mesurer la portée. En effet, Rosny l'Aîné fut l'un de ces pionniers de la science-fiction, auxquels on pourrait attribuer la paternité d'un genre qui produisit, et produit encore, de biens grandes œuvres. Remarquables tant par les thèmes qu'ils abordent que par les questionnements qu'ils favorisent, Les navigateurs de l'infini et Les astronautes démontrent une maîtrise du récit et semblent étonnamment contemporains, presque un siècle après leur parution initiale.



La science-fiction serait fille du roman d'aventure. Les deux courts romans de Rosny l'Aîné le montrent assez, où l'on suit d'abord trois personnages (Les navigateurs de l'infini puis quatre (Les astronautes) dans leur périple et leur séjour sur Mars. Le premier roman débute par un voyage, puis par une exploration : voyage interstellaire vers la planète rouge, découverte visuelle de celle-ci par l'espace d'abord, puis de ses paysages. En cela, les deux romans de Rosny l'Aîné se raccrochent au récit d'aventure du dix-neuvième siècle. Les descriptions sont extrêmement visuelles. Le lecteur voit apparaître des vallées, des montagnes, des lacs, des forêts de champignons géants, des prairies rouges où paissent d'étranges espèces extra-terrestres à cinq pattes ou à six yeux. Dans les airs, des sortes d'oiseau à cinq ailes rassurent un peu le lecteur, tant l'analogie avec les espèces terrestres est évidente. Mais bientôt apparaissent d'autres espèces, tantôt dangereuses, tantôt poétiques. Les Zoomorphes, d'abord, sont divers dans leurs tailles ; entièrement plats, ils peuvent se déplacer à des vitesses vertigineuses et représentent un danger colossal pour les explorateurs terriens à cause de rayons ou d'irradiations qu'ils émettent. Les Ethéraux, ensuite, constituent une curieuse vision pour les trois astronautes et pour le lecteur. Visibles la nuit, ils sont pareils à des rayons lumineux qui déroulent leurs longueurs impossibles et virevoltent en tout sens, communiquant visiblement entre eux par vibrations. Enfin, il y a les Tripèdes, êtres verticaux dont les explorateurs comprennent qu'ils sont comme les hommes sur la Terre, à la différence près qu'ils ne sont plus l'espèce dominante de la planète et que leur avenir est sérieusement compromis tant par leur résignation à voir leur civilisation disparaître que par la lente, mais sûre, avancée des Zoomorphes sur l'ensemble de la planète. Les trois explorateurs parviennent à établir le contact avec les Tripèdes, qu'ils vont bientôt aider à contenir les Zoomorphes, à la faveur notamment de la rencontre qui a lieu entre le narrateur, Jacques, et une Tripède magnifique que le narrateur dénomme Grâce.



Le lien entre le roman d'aventure et la science-fiction est clairement établi par la structure du récit. D'abord, il s'agit d'un récit d'exploration, et l'on aurait du mal à ne pas voir l'affiliation qu'il y a entre J. H. Rosny l'Aîné et ses personnages ; lui comme eux sont des pionniers, des découvreurs ; les uns d'une planète où l'Homme n'a jamais posé le pieds, l'autre d'un genre littéraire. Les trois personnages découvrent un monde a priori hostile, dans lequel ils sont seuls, sans secours immédiatement disponible, et dans lequel ils sont ignorants des règles qui le régissent. Des péripéties surviennent, comme l'enlèvement de Jean par les Tripèdes dans Les navigateurs de l'infini ou la disparition subite d'Antoine et du vaisseau spatial dans Les astronautes. Une histoire d'amour vient rythmer aussi l'histoire, histoire d'amour impossible par essence, puisque Jacques est un homme et Grâce une Tripède, et qui pourtant naît dans un halo de pureté, explicable par la différence de nature de ces deux êtres et, plus encore, par l'indicible beauté et pureté qui émane de Grâce. Cette histoire d'amour, enfin, prend place dans un contexte plus général, qui est celui de la lutte pour leur survie des Tripèdes face aux Zoomorphes et dans laquelle les humains sont amenés à avoir un rôle prépondérant (par la technique qu'ils apportent, par la motivation qu'ils donnent aux Tripèdes, par leur capacité à communiquer avec les Ethéraux et à s'attirer ainsi des alliés). Le style littéraire de ces romans fait aussi penser à ces fresques d'aventure du dix-neuvième ou du début du vingtième siècle. Page après page apparaît une réelle esthétique de la langue, des dialogues, qui témoignent d'un souci d'un récit qui doit être littéraire avant tout, et point tant réalistes. Que ce soit pour la description des paysages martiens ou de la beauté physique de Grâce, J. H. Rosny l'Aîné sait délivrer parfois de magnifiques passages qui empruntent à la poétique et au lyrisme. Cette poésie se retrouve jusqu'à la fin des Astronautes, lorsque Grâce donne naissance, dans un acte délivré de toute souillure physique et de toute douleur, à un bébé Martien qu'elle a simplement désiré de Jacques.



Pourtant, ces deux romans se distinguent du roman d'aventure pour entrer pleinement dans la science-fiction. D'abord, il est vrai, par le thème qu'ils abordent, à savoir l'exploration spatiale et la découverte d'espèces extra-terrestres. Ce n'est pas suffisant. Le contexte de la narration ne fait pas un genre ; Mars, ou un futur lointain, peu importe. Plutôt, J. H. Rosny l'Aîné utilise cette transposition d'une aventure sur le sol martien pour porter un regard distancié sur nous autres, pauvres humains. En cela, les romans de Rosny l'Aîné sont pleinement contemporains, en décentrant le regard, en le désanthropisant. Cela commence, dans Les navigateurs de l'infini, par un débat entre les trois astronautes sur ce qu'est la vie, sur sa valeur, sur le jugement pour qu'on peut y porter. Ainsi la vie humaine n'a-t-elle, peut-être, pas plus de valeur que celle d'un crabe pour une espèce supérieurement intelligente. Ainsi descendue de son piédestal, l'humanité ne peut plus se placer, consciencieusement, au sommet de la hiérarchie des vivants. La rencontre avec les Tripèdes, et celle avec les Ethéraux, confirment cette vision. La beauté physique des Tripèdes, leur riche passé, leur formidable capacité d'adaptation, l'intelligence ultra-rapide des Ethéraux, leur quasi éternité donnent à réfléchir aux trois astronautes. Jacques, le narrateur, s'incline d'ailleurs bien volontiers face à ces intelligences autres tandis qu'Antoine maugrée et défend la capacité de l'homme à s'adapter à son milieu, à le dominer, et à provoquer les rencontres. En réalité, peu importe : aucune civilisation n'est éternelle, dit Rosny l'Aîné. Les Tripèdes eurent un âge d'or que les humains connaissent probablement. Les Zoomorphes sont appelés à leur succéder, et de ces géants civilisationnels que furent les Tripèdes - comme le sont les humains, comme le furent, par leur règne, les dinosaures il y a des millions d'années -, il ne restera rien. Les romans de Rosny l'Aîné ont alors quelque chose de très actuel. Les Tripèdes ont périclité à cause du difficile accès aux ressources, et l'eau martienne en particulier. Chez les hommes, la question se pose aussi : eau, énergies pour se mouvoir ou se chauffer ... L'avertissement date de 1925, et il est plus que jamais actuel.
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