AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jakob Wassermann (54)


C'était un visage étrange, inhumain, douloureux, rappelant celui d'une statue. Plus bas, des vers :

Oh grand homme que fais-tu de moi ?
Tu me suis et ma trace est aveugle
A l'instant où tu me vois je me transforme.

Le pauvre enfant a fui le cachot
Il n'a plus ni manteau, ni couronne, ni épée
Et le cheval blanc court sans cavalier.

Le dessin avait été exécuté de nuit. Gaspard avait eu cette vision dans un rêve, était sauté du lit et avait dessiné à la clarté de la lune. Les vers s'étaient pressés sur ses lèvres le lendemain à son réveil et il les avait écrits sans chercher à les comprendre. Mais aujourd'hui, en les relisant, ils le frappaient et il les répéta tout bas à plusieurs reprises.
Commenter  J’apprécie          30
A-t-on jamais vu depuis que le monde est monde une guerre avoir une cause juste ? A-t-on jamais vu un général livrer ses batailles pour la justice ? Un de ces célèbres voleurs de territoires ou de ces exterminateurs d’hommes être obligé de rendre des comptes autrement que lorsque son entreprise avait échoué ? Je vous invite à réfléchir un peu aux rapports, j’allais dire à la parenté, qui existe entre l’idée de droit et l’idée de vengeance.

Quand et où, dans l’histoire, avez-vous vu des empires, des religions se fonder, des villes se bâtir, la civilisation se répandre à l’aide de la justice ? En connaissez-vous un exemple ? Moi, je n’en connais pas.

Où est le pilori qui fera expier le massacre de dix millions d’Indiens, l’empoisonnement par l’opium de cent millions de Chinois, ou l’esclavage auquel ont été réduits trois cent millions d’Hindous ? Qui a arrêté les navires bondés d’esclaves nègres qui, du seizième au dix-neuvième siècle, traversèrent l’océan d’Afrique en Amérique en longues caravanes ? Qui lève le petit doigt en faveur de centaines de milliers d’hommes qui s’usent dans les mines de cuivre du Brésil ? Où est le juge qui entreprendra de punir les pogroms de l’Ukraine ? Voulez-vous d’autres exemples ? J’en ai à votre disposition.

Vous allez me répondre que votre idéal moral le plus cher et le plus secret est justement de croire qu’il faut y remédier, qu’il faut réformer le monde ! Turlututu !.. On ne remédie à rien, on ne réforme rien. Je dis ‘’on’’, parce que les hommes ne peuvent rien. (pp. 591-592)
Commenter  J’apprécie          30
Le père dit, et sa poitrine se gonfla de douleur :
"Damoiseau, je t'en prie, ne fais pas du rêve l'horloge où tu lis l'heure."
Commenter  J’apprécie          30
Comme l'écorce terrestre, comme n'importe quel fruit, 'âme est constituée de différentes couches dont chacune tend vers l'état ultérieur tout en témoignant comme il se doit, de celui qui précède. Pareillement, l'âme possède, conformément à l'idée d'une constance de la nature dans toutes ses créations, un grand nombre de strates fort distinctes qu'un même fil cependant lie entre elles. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne le devenir mystérieux de l'âme et sa vie, que la connaissance est impuissante à saisir. Cette activité onirique affleure, chez la plupart des gens, et s'évanouit dès qu'elle se heurte à la lumière du jour et du monde.
Chez d'autres, elle plante ses racines plus profond, si bien que les puissances de la réalité doivent redoubler d'effort pour l'en extirper. Chez certaines personnes, extrêmement rares, l'activité onirique s'est retranchée dans des abîmes tels que la charge de toutes les forces assaillantes réunies demeure sans effet. Ce genre d'homme n'est venu au monde que comme être de chair et de sang ; sa conscience, son esprit, siège ailleurs, hors du monde , au-delà pou en deçà. C'était pour cette raison, probablement qu'Ernst le damoiseau était resté presque muet jusqu'à sa sixième année.
Commenter  J’apprécie          30
Le mal n'est ni comploté ni voulu; il est là, tout simplement. Les faces sont ravagées par tous les vices imaginables. Pas de front, des mentons coupés d'un coup de sabre. Tous les sujets d'observation pour la pathologie criminelle. On peut se demander s'ils possèdent ce qu'on nomme une âme. Destinés au mal dés la naissance, c'est d'après leurs convoitises qu'ils mesurent le prix de la vie, et ils apprécient les choses de ce monde d'après le danger qu'ils courent pour les acquérir ou les détruire. La loi ? Un chiffon de papier. Les devoirs envers l'état et la société ? On s'en fiche. La religion ? Idem. Les moyens d'existence ? Une garantie contre la police. La prison ? Chose toute naturelle. L'amour ? Les filles de joie manquent-elles ? Le chagrin ? Saoule-toi, imbécile. Parents, femme, enfants ? Quelles balivernes ! Cela mérite un coup de pied au derrière. Dissolution ! Ténèbres ! La fin de tout.
Commenter  J’apprécie          20
Il devine que rien ne presse avec celui-ci, il dit tranquillement : "Un juge est tenu de me démontrer ma culpabilité, mais que je doive lui démontrer mon innocence, si cela m'est impossible, voilà qui va contre le sens commun. Il y a des nations qui ont compris cela depuis longtemps, voilà pourquoi elles sont grandes. L'excellence d'une nation est proportionnée à l'excellence de sa justice."
P. 316
Commenter  J’apprécie          20
Etzel accorda qu'il était jeune, en effet ; il dit son âge et y ajouta cette remarque quelque peu audacieuse, qu'il n'avait pu jusqu'ici se convaincre que le nombre des années suffisait à préserver le monde de la sottise et de la vulgarité.
P. 83
Commenter  J’apprécie          20
Les geôliers ont leur amour-propre professionnel. Ils se sentent responsables non seulement du détenu, mais de la maison, de la muraille, de la grille, de la porte, de la serrure et des clefs. Et pour finir, le gardien lui-même n'a plus de liberté.
P. 39
Commenter  J’apprécie          21
Gaspard se plaignit ; pour la première fois, il pouvait se plaindre ! Pourtant dès l'instant que l'on reconnaissait et que l'on admettait l'injustice dont il était victime, il se réconciliait avec les hommes. Jusqu'à ce jour, il avait haï l'univers ; maintenant le ciel s'éclairait et un bras protecteur apparaissait.
Commenter  J’apprécie          20
Jamais il ne révélait quelque chose de lui-même, jamais il ne disait comment il se sentait ou ce qu'il avait l'intention de faire, jamais il ne montrait tristesse ou soucis. Sur toute sa personne, la rayonnante attitude rêveuse de son âme était tendue comme un tissu brillant à travers lequel on ne percevait rien de sa vie intérieure.
Commenter  J’apprécie          20
...c'était alors qu'il ressentait l'impérieuse nécessité de tendre l'oreille, d'échafauder des histoires, de jouer, de songer aux étoiles et d'attendre les esprits de la terre. Tout se transformait, du seul fait qu'il en prononçât le nom... Les mots se jetaient sur lui à tel point qu'il avait l'impression d'être sous une cascade l'empêchant de respirer.
Commenter  J’apprécie          20
Il détestait les festivités publiques, les réjouissances populaires, les cortèges et les retraites aux flambeaux, la musique, la danse et les mascarades. Et vu qu'en basse Franconie, les bonnes gens avaient depuis toujours la vie et ses plaisirs lascifs chevillés au corps, le début de son magistère ressembla immédiatement à une attaque de gel dans un jardin en fleurs.
Commenter  J’apprécie          20
Il éprouvait souvent le sentiment que de loin une personne qui lui était chère agissait pour lui ; elle parlait et souffrait pour lui, mais un monde les séparait et, quoi qu'elle entreprit, rien ne pourrait diminuer la distance. Il prévoyait de sinistres événements et souvent il s'arrêtait, écoutant comme s'il cherchait à saisir une conversation.
Commenter  J’apprécie          10
Dans la pièce, le mystérieux vivant se promenait forgeant ses plans obscurs.
Quandt appuya sur le loquet, la porte était verrouillée. Alors, il éleva la voix et réclama énergiquement du calme ; sur-le-champ tout devint silencieux.
Commenter  J’apprécie          10
Alors, quel reproche ? Le mensonge, dont on s'est déjà, si souvent, plaint ? L'inexpugnable penchant pour toutes sortes d'affabulations, pour la déformation de la réalité et pour l'élucubration pleine de vices, pour la frivolité des tours qu'il joue ? L'inclination au libertinage et au vagabondage ? La manie de se commettre avec toutes sortes de gens louches, de se rendre spectateur de divertissements sans noblesse, de traîner dans les foires et dans les bistringots ? Ou d'autres choses encore ? La répugnance pour tout espèce d'enseignement spirituel, qui va souvent jusqu'au toupet de s'en moquer ? Le fait qu'il ait des activités clandestines, tout occupé qu'il est avec ses livres impies, ses romans d'aventure et ses recueils de poésie ? L'indolence qu'il manifeste dès qu'il s'agit de s'appliquer aux choses utiles ? Son obstination tout à fait inconvenante à ignorer le moindre rappel à l'ordre, au devoir et aux traditions ? Tout cela ou d'autres choses encore, plus condamnables, plus délétères ?
P. 71 & 72
Commenter  J’apprécie          10
Je suis fatigué, répondit Gaspard.
- Comment vous sentez-vous ? lui demanda l'infirmière.
- Fatigué, répéta-t-il, je vais bientôt quitter cette terre maudite.
Commenter  J’apprécie          10
... cueillant une fleur dans une prairie, elle disait :
- Comme elle est jolie, n'est-ce pas ?
- Oui, elle est jolie, répondait le jeune homme
- Mais comme vous êtes froid et sérieux.
- Il n'y a pas beaucoup de temps que j'ai la notion du beau, répondait-il, c'est la dernière qu'on acquiert.
Commenter  J’apprécie          10
- Ma parole, on dirait que c'est toi qui t'es échappé du cachot, plaisantait sa soeur.
- Oui, on m'a donné un monde. Regarde-le, c'est l'éveil d'une âme.
Commenter  J’apprécie          10
- Non, Gaspard, dit-il, il te faut rester Que ce monde ne te plaise guère je le comprends. A moi non plus, il ne me plaît pas, mais il te faut rester.
Commenter  J’apprécie          10
Il lui était agréable de sentir le damoiseau si proche. rarement il avait ressenti une telle sympathie émaner de lui et lui revenir. l'homme, pas simplement cet individu-là qu'il lui était donné de voir et d'entendre, mais la nature humaine toute entière, la création fraternelle nourrie au même sein maternel, guidée par un esprit que l'on ne peut imaginer, que l'on ne peut atteindre par aucune foi, aucune déclaration, aucun nom,aucune prière, que l'on ne peut que respirer afin d'exister grâce à lui, lui étaient chers et lui paraissaient digne d'amour comme jamais cela ne lui avait semblé auparavant.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jakob Wassermann (186)Voir plus

Quiz Voir plus

Thérèse Raquin

Où est née Thérèse Raquin?

en Algérie
Au Maroc
En Tunisie
en Libye

24 questions
1292 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}