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Critiques de James Cañon (71)
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Dans la ville des veuves intrépides

1992, Mariquita, quelque part au fin fond d’une Colombie ravagée par une interminable guerre civile. Un beau matin, un groupe de guérilleros déboule dans le village et en réquisitionne tous les hommes, laissant femmes, enfants et curé sans autre choix que de se prendre en mains pour réorganiser la vie du village. Qui d’autre que Rosalba, veuve du brigadier, semble la plus apte à prendre le commandement des opérations ? Elle est peut-être la seule à le croire, la seule à y croire, toujours est-il que la voilà qui occupe la mairie et passe le temps à établir des listes de choses prioritaires, des listes de choses importantes, des listes de listes… Pleine de bonnes intentions et d’imagination mais dépourvue de sens pratique, Rosalba n’en finit plus d’imposer ses décrets absurdes et inefficaces, voire carrément désastreux. Peu à peu cependant, et au prix de quelques drames, le village remontera la pente…

L’histoire est racontée dans la veine du réalisme magique cher aux auteurs latino-américains (bien que James Cañon ait écrit son roman en anglais), le ton est donc à l’humour baroque, avec une galerie de personnages plus extravagants les uns que les autres.

Et pourtant les événements et le contexte général sont loin d’être roses : après le départ des hommes, le village vit des heures noires de faim, de misère et d’isolement du reste du monde. Reste du monde d’ailleurs particulièrement hostile, comme le montrent les courts chapitres intercalés dans le récit principal. Ce sont des témoignages d’hommes, qui côtoient de près la guerre civile : reporter américain, enfant-soldat, guérillero, paysan, paramilitaire ou officier régulier. Leur témoignage est chaque fois purement descriptif, clinique, dépourvu d’émotions, d’autant plus terrible et glaçant.

Le sort des veuves est narré avec beaucoup plus de comique, n’empêche, parfois on rit pour ne pas pleurer…

Avec cette fable politico-écologique, l’auteur tourne en ridicule les dictatures fantoches (de droite et de gauche). Voici Rosalba qui parle : « Je me fiche de savoir ce qui est éthique ou pas ! Je n’ai pas accompli une seule chose dans ma vie sans avoir à mentir ou tricher un peu. (…) Chaque fois que j’ai essayé de faire quelque chose d’une façon correcte, j’ai échoué lamentablement. J’essaie d’être honnête avec tout le monde et de mener une vie fondée sur d’authentiques principes moraux, mais je ne peux pas ».

Les hommes aussi (ou un certain type d’hommes…) en prennent pour leur grade. Sans pour autant que le livre puisse être qualifié de féministe, puisqu’il faut bien admettre à la fin qu’on ne peut se passer d’eux, pourvu que ce soit sur pied d’égalité.

Mais surtout, le roman veut rendre hommage aux femmes (le livre est dédié « à toutes les femmes de la terre »). Encore Rosalba : « Les femmes étaient idéalistes et romantiques par nature, et même si les hommes avaient toujours vu ces caractéristiques comme des défauts, peut-être était-il temps pour les femmes de les honorer comme des qualités féminines uniques et d’en faire usage dans leur vie quotidienne ».

Conclusion : belle histoire, facile à lire, captivante, finalement plus optimiste que triste.

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Dans la ville des veuves intrépides

Le 15 novembre 1992, un dimanche comme tous les autres, une troupe de guérilleros pénétra dans Mariquita, village de la cordillère colombienne, et emmenèrent ou tuèrent tous les hommes de plus de douze ans, excepté le padre Raphaël.



Ainsi commencent Dans la ville des veuves intrépides et les multiples péripéties des femmes de Mariquita. Veuves, célibataires et vieilles filles ont vu, impuissantes, disparaître au nom d'une énième guerre civile, qui un frère, un mari, un fils, un fiancé, une possibilité d'avenir... Un temps, le village sombre dans le chaos et les ruines laissés par les guérilleros.

Rosalba, veuve du brigadier assassiné, autoproclamée maire, décide de se relever, et Mariquita avec elle.



Les choses ne vont pas sans mal ni sans erreur et frictions. James Cañon présente dans son roman une savoureuse galerie de portraits féminins - plus quelques hommes. On assiste à l'évolution des habitudes et des mentalités, une prise de conscience que "du temps des hommes", leur personnalité et leur féminité étaient rabaissées à des corvées domestiques et à une soumission au modèle patriarcal.



L'auteur ponctue les chapitres relatifs à Mariquita de témoignages de guérilleros, miliciens paramilitaires de droite et soldats de l'armée nationale colombienne. Tout n'y est que violence, mort et désolation, au nom du communisme, d'une dictature militaire ou d'un gouvernement bancal. Ces récits masculins offrent un véritable contrepoint à la révolution lente mais en marche dans l'esprit des femmes du village.



Dans la ville des veuves intrépides relève du réalisme magique propre à la littérature sud-américaine, même si l'auteur l'a rédigée en anglais. Je me suis attachée aux personnages hauts en couleur de Mariquita. James Cañon met bien en avant les forces, les failles et les défauts de ces femmes et des quelques éléments masculins qui restent. L'orgueilleuse et quasi dictatoriale Rosalba réserve des surprises, Santiago m'a beaucoup émue au retour de Pedro parti des années auparavant tenter sa chance à New-York, la folie qui s'empare de Francisca après sa surprenante découverte sous son propre plancher, ...



On assiste au fil du temps qui passe à une évolution captivante de la communauté. Les dignités se redressent et le rapport à la masculinité et même à la religion, les deux formes de soumission subies depuis des générations par les femmes du pays, se transforme radicalement. Dans les esprits comme dans la chair. Utopie féministe et humaniste mise en application vaille que vaille, avec force trébuchements.



Je garderai de cette lecture un souvenir très plaisant et qui donne à réfléchir. Ainsi que des moments et des caractères d'anthologie. La force que James Cañon insuffle à ses personnages se propagent via les pages jusqu'à la personne qui lit et ranime volonté et moral qui iraient chancelants. Pourquoi s'en priver?
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Dans la ville des veuves intrépides

Je ferme le roman de James Cañon enchantée. Moi qui ne suis pas forcèment une fan des romans fantaisistes, j'ai completement été embarquée par ces femmes, veuves intrépides. Des sujets sérieux comme le féminisme, l'homosexualité, le transgenre, la domination masculine sont traités avec sourire, avec fantaisie et beaucoup d'humour mais aussi avec intelligence.

Le village de Mariquita, village colombien, devient un village sans hommes, ceux-ci se voient contraints de s'engager auprès des guérilleros. Les femmes vont alors s'organiser, bouleverser l'ordre des choses et laisser leurs envies s'exprimer. Hé oui, les hommes ne sont pas indispensables, ces femmes ne sont pas liées corps et âmes à la gente masculine.

Ce conte rocamblesque a quelque chose de magique et cette magie a operé sur moi. J'ai eu un vrai plaisir de voir ces femmes se transformer et s'affirmer. Les reflexions sur le temps m'ont beaucoup plues.

Entre chaque chapitre des extraits sur la guerilla à laquelle la Colombie a été confrontée, la violence et dure réalité contrastent avec la "légereté" de ce roman.

Je ne vais pas tout raconter, ce ne serait pas sympa pour les futurs lecteurs.

C'est un roman coup de coeur.













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Dans la ville des veuves intrépides

À Mariquita, petit village perdu de la Colombie, les hommes ont disparu un matin de 1992. Les guérilleros communistes sont venus et les ont emmenés. Désormais, le village ne compte que des veuves, des vraies et des veuves de fait, privées d’époux. « Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes. » (p. 33) Le gouvernement n’entend pas les demandes répétées des femmes et le village tombe lentement dans l’oubli, comme effacé des cartes et du temps. D’hommes, il ne reste que le prêtre et un adolescent que sa mère a déguisé en fille pour le soustraire aux guérillos.



Après des années de déréliction, la veuve Rosalba décide de reprendre en main le village. La voici maire de la collectivité et bien décidée à rendre sa prospérité à Mariquita, à la force de ses bras et de ceux de ses compagnes. « Il n’existait rien de tel que le sexe faible. Les femmes étaient faites de chair et de sang, exactement comme les hommes. Une femme qui avait ses deux pieds plantés là où ils devaient l’être pouvait travailler comme un homme, ou même mieux. » (p. 68) Même si le manque d’hommes – le manque de l’homme – se fait cruellement ressentir, Mariquita relève la tête et reprend vie. La préoccupation première de Rosalba est de pérenniser l’espèce. C’est alors que le padre Rafael propose le noble sacrifice de sa personne pour repeupler le village. Mais cette tentative, comme celles qui suivront pour repeupler le village, est vouée à l’échec. Il y a comme une malédiction sur Mariquita : les hommes n’y reviendront qu’à une certaine condition…



Peu à peu, la notion du temps s’efface et personne ne sait plus le mesurer. Pour contrer ce lent effacement dans le temps, Rosalba met en place un calendrier parfaitement féminin qui sera la base du futur de Mariquita et de ses habitants. « Bien sûr que nous avons un avenir. Qu’il soit bon ou mauvais, c’est une autre affaire. » (p. 315) Finalement, le destin du village est lié à un accomplissement suprême, à une transformation totale pour atteindre un état à la fois autarcique et pacifié.



Chaque fin de chapitre est consacrée au portrait d’un homme, guérillero ou paramilitaire colombien. En matière de femme, je ne vous ai parlé que de Rosalba, mais vous serez aussi séduits par Orquidea, Gardenia, Magnolia, Emilia et leurs concitoyennes. Chacune d’elles se révèle loin de l’homme et de ses diktats. Il n’est pas question d’amazones et de féminisme brutal, mais d’une féminité qui prend toute la place, d’abord parce qu’elle y est contrainte, puis parce qu’elle embrasse à pleines paumes un destin sans les hommes.



James Canon se réclame de Gabriel Garcia Marquez et son roman n’est pas sans rappeler Cent ans de solitude et ses méandres familiaux et temporels. Mariquita est un village oublié qui arrache son autonomie et sa survie au néant et au désordre. Entre réalisme magique et féminisme loufoque, ce roman est drôle, grave et nourri d’intertextualité. Cette utopie de doux (douces ?) dingues n’est pas d’une originalité renversante, car elle rappelle trop de monuments littéraires sud-américains, mais elle offre un divertissement plaisant, où la cocasserie est férocement tendre et diablement féminine.

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Dans la ville des veuves intrépides

Après le très bon roman de J.G Vasquez " le bruit des choses qui tombent" j'avais envie d'une autre promenade en Colombie, plus légère et pourquoi pas plus folklorique. La superbe couverture de Botero (du moins je pense car cela n'est pas précisé) m'a invitée à entrer " Dans la ville des veuves intrépides".

Aucun regret même si ce roman n'est pas "que léger" ! Il est construit un peu comme un conte philosophique car il nous raconte comment la petite ville de Mariquita va devoir faire avec un nouveau paradigme, celui d'un monde sans homme depuis que les guérilleros les ont tous enrôlés de force en 1992. Tous les sujets de société sont abordés avec humour, sarcasme, parodie mais aussi tendresse: la démocratie, l'instruction, la sexualité, la religion, l'autoritarisme, l'homosexualité, le travail etc. Rosalba est désignée maire de la commune. Très fière de cette mission elle s'y acharne avec force mais pas toujours avec bon sens ni respect. Elle devra beaucoup cheminer et essuyer bien des déboires avant de parvenir à créer une communauté égalitaire, solidaire, écologiste et prospère. Je ne veux pas dévoiler comment elle y parvient pour préserver tout le plaisir des futurs lecteurs mais plusieurs notions m'ont beaucoup plu, comme l'abandon du "concept masculin traditionnel du temps, dans lequel celui ci est tout entier tourné vers la productivité..." et la création du calendrier féminin.Les portraits de ces veuves sont magnifiques et me font regretter de ne pas être metteur en scène ! Entre chaque chapitre qui compose l'épopée de ces femmes, James Canon insère des minis témoignages de guérilleros, de para-militaires (fictifs). Ces morceaux de vie viennent rompre avec la fantaisie et les frasques des veuves de Mariquita en replongeant le lecteur dans la réalité violente, parfois insoutenable de cette "guerre". C'est en cela que ce roman n'est pas si léger qu'il y paraît. J'ai pu parfois trouver quelques longueurs mais plus ma lecture avançait et plus elle me plaisait.
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Dans la ville des veuves intrépides

Mariquita petit village en Colombie où la vie des habitants est tranquille et sans histoire jusqu’au 15 novembre 1992 où tout est chamboulé. Les guerilleros débarquent. Ils volent tout ce qu’ils peuvent et emmènent les hommes pour en faire des combattants dans leur armée qu’ils nomment armée du peuple.

Mariquita est, après cela, un village de femmes, le seul homme est le Padre Rafael, le seul garçon, Julio, que sa mère a réussi à habiller en fille avant que les guerilleros n’entrent dans les maisons – Julio devient donc Julia. Ensuite, viendront Santiago et Pablo qui travaillaient dans une exploitation de café extérieure au village.

Toute une nouvelle organisation va se mettre en place qui commencera par l’élection d’un maire féminin.

L’auteur nous raconte l’histoire de cette bourgade, histoire baroque, fantaisiste, tragico-burlesque, pleine de surprises et d’imbroglios.

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Dans la ville des veuves intrépides

J'ai un peu hésité à lire ce roman (en effet la quatrième de couverture mentionne Gabriel Garcia Marquez ET Mario Vargas llosa- et je trouve que la double référence mettait la barre trop haut….et puis lors d'un challenge de lecture je devais lire un livre avec un vêtement violet sur la couverture :-))

J'ai donc emprunté ce roman à la bibli et bien m'en a pris : il s'agit ici de l'histoire d'un village de deux cents habitants qui se retrouvent du jour au lendemain sans quasiment aucun homme : ceux ci sont été emmenés de force par des guérilléros, lors d'un énième épisode de la guerre civile.

Les récalcitrants ont été sommairement abattus. C'est donc sous le choc du chagrin ou du deuil que se retrouvent les femmes de ce village : elle sont proches de la famine quand une d'elle se met en tête de fonder une communauté solidaire. Des hommes il restera quatre garçons que les mères ont réussi à cacher lors de la « razzia », le curé, et un adolescent Julio, rebaptisé Julia…

Ce roman est parfois à la limite du conte (ou du réalisme magique) et bien que les exécutions sommaires soient éprouvantes, j'ai beaucoup aimé le ton de ce roman : ni misérabiliste, ni utopique, il est tour à tour grinçant et plein d'humour, irrévérencieux vis à vis des politiciens colombiens et égratignant également l'Eglise.

Pendant une quinzaine d'années, l'auteur nous prend par la main pour visiter ce village oublié de tous, il a réussi plusieurs fois à me faire passer du sourire (les personnages et leurs anecdotes) aux larmes (pauvre Colombie complètement détruite par la guerre civile)
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Dans la ville des veuves intrépides

a maraquita bourgade

perdu au fond de la Colombie, les guérilleros,

ont réquisitionné tout les

hommes. alors les femmes

vont s,organisée, les soeurs morales vont créer un bordel ambulant, Francisca la veuve d'un grippe sou va mène la grande vie après avoir

découvert le magot de son

mari et puis il y Rosalba

proclamée maire, pleine de bonne volonté mais

inexpérimentée et maladroite.

au rigole a maintes reprises, devant la situation de ses femmes

et leur chemin semé d,

embuches.pour leur indépendance..

le tout traverser par une

galerie de personnages

aussi savoureux qu' attachant.

👍
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Dans la ville des veuves intrépides

Un jour, les guérilleros sont venus dans le village de Mariquita perdu au fin fond de la Colombie, ils ont pris tous les hommes et depuis : "Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes.".

Il ne reste que les femmes, quelques enfants et le prêtre : "Un village habité par des femmes courageuses vivant en autarcie, qui travaillaient la terre du lever au coucher du soleil, et qui ne baisseraient jamais les bras, pas même dans les situations les plus épouvantables. Un village laissé à l'écart par les maladies et les tragédies, oublié par la mort.".

Il va leur falloir apprendre à vivre dans cette nouvelle communauté, à s'organiser, à apprivoiser leurs pulsions sexuelles car forcément, cette absence d'hommes va finir par peser sur toutes ces femmes.

Ainsi, les soeurs Morales vont mettre en place un bordel ambulant tandis que les filles du bordel de Mariquita vont finir par déserter ce village, le prêtre va se proposer comme géniteur pour repeupler Mariquita et permettre à une nouvelle génération de voir le jour, pour qu'au final toutes ces femmes finissent par se découvrir des affinités entre elles, et tant pis pour la génération future de Mariquita.

Les femmes vont réfléchir sur les hommes et sur leurs rapports avec ces derniers : "Finalement, les douze jeunes filles en arrivèrent à la conclusion que Dieu leur avait donné deux yeux pour mieux regarder les hommes, deux oreilles pour mieux entendre ce que les hommes auraient à dire, deux bras pour les embrasser et deux jambes pour les enlacer mais un seul coeur à offrir. Les hommes, quant à eux, aimaient avec leurs testicules, et Dieu leur en avait donné deux.", devoir apprendre à composer, créer une nouvelle communauté avec de nouvelles règles.



Dans son récit fantaisiste, James Cañón repousse les limites du possible en proposant le quotidien sur plusieurs années de cette bourgade de Colombie.

Il donne vie à une communauté de femmes peuplée de caractères aussi divers que variés avec comme personnage moteur celui de Rosalba, auto-proclamée maire de Mariquita.

Des erreurs, elle va en commettre énormément, elle ne va presque d'ailleurs faire que ça, prendre de mauvaises décisions, faire des listes et des listes de priorités pour ne jamais rien commencer, se laisser manipuler par le prêtre.

Au final, c'est le personnage qui évolue le plus et qui apprend sans doute le plus de ses erreurs, même si dans une certaine mesure elle continue à se montrer tyrannique sur certains aspects.

Dans une forme de communisme, elle proposera à la communauté de mettre tous leurs biens en commun, que chacun travaille à la production de quelque chose, et dans l'esprit de la Révolution Française elle va imposer une nouvelle mesure du temps, un nouveau calendrier.

C'est le personnage qui représente l'aspect politique du livre.

A contrario, Julia est celui qui condense l'essentiel de la féminité.

Chaque femme, chaque portrait peint par l'auteur touchent le lecteur.

Elles ont toutes un petit quelque chose qui plaît, qui intéresse, qui amuse, il n'y a pas une histoire identique, il y a une multitude d'histoires qui finissent par se télescoper pour faire un tout.



L'autre aspect particulièrement développé par l'auteur, c'est le féminisme.

Il présente dans son histoire des femmes plus débrouillardes que les hommes, qui prennent des décisions, savent s'imposer et finissent par très bien se passer des hommes dans leur vie quotidienne, à commencer par le prêtre, véritable serpent tenté par la chair et qui finit par sombrer dans une folie meurtrière : "Mais votre Dieu n'habite pas dans ce village, padre [...] Il nous a lâchées, et vous êtes vraiment têtu pour continuer à croire en lui.".

Pourtant, il n'abandonne pas complètement les hommes puisque l'auteur ponctue chaque chapitre par le témoignage d'un homme, guérillero, militaire ou paramilitaire.

L'amour ne leur est pas non plus interdit, comme le démontre la très belle histoire entre Santiago et Pablo, sans doute celle qui m'a le plus émue.



Enfin, cette histoire s'illustre par un côté fantaisiste et c'est sans doute sur ce point que j'aurai quelques remarques à faire.

C'est un aspect que j'ai aimé mais je trouve que l'auteur aurait pu aller beaucoup plus loin dans cette fantaisie et qu'il s'est trop retenu, ce qui fait qu'au final je ne sais trop comment classer son roman.

Par exemple, lorsque les jeunes garçons atteignent l'âge du duel qui devra les départager entre celui qui choisira sa femme et ceux qui seront utilisés comme mâles reproducteurs ils se réveillent tous en croyant qu'ils sont en train de se transformer en femme : l'un a des seins, l'autre ses règles; au final, j'ai compris que ce n'était que le reflet de leurs peurs mais j'aurai préféré y voir une réelle audace de l'auteur, une vraie transformation en fille pour que ces garçons s'adaptent en quelque sorte à la nouvelle Mariquita, comme le personnage de Julia anciennement Julio.

Là, l'auteur se contente de le fantasmer et de passer assez vite à autre chose, comme s'il était peu sûr de lui sur un terrain inconnu.



Roman féministe, loufoque, avec des situations cocasses et des moments plus tristes, "Dans la ville des veuves intrépides" est un premier roman qui ne se démarque pas par une originalité hors du commun mais il y a tout de même quelque chose dans la plume de James Cañón qui interpelle le lecteur et ne le laisse pas insensible à cette histoire de femmes qui réinventent le temps et la vie du petit village de Mariquita en plein coeur de la Colombie.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Dans la ville des veuves intrépides

C'est un roman dont on ne peut sortir qu'une fois la dernière page avalée. C'est truculent, plein de vie et d'un réalisme frôlant souvent l'impudeur! Ces femmes qui se retrouvent seules après l'enlèvement de leurs hommes s'organisent tant bien que mal pour survivre dans un village dont les seules ressources sont la culture et l'élevage. Mais les relations entre femmes ne sont pas toujours simples et la sensualité est à fleur des peaux bronzées...
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Dans la ville des veuves intrépides

Une histoire très originale qui célèbre la féminité et la vie communautaire. C'est un livre qui développe un idéal de société. Utopique sans doute mais qui fait vraiment du bien à lire.

Tolérance, amour, écoute, vie en harmonie avec la nature, voilà ce que proposent les veuves de MARIQUITA.

Guerre civile en COLOMBIE avec des chroniques de la terre des hommes : témoignages sur la guerre qui dure depuis plus de 40 ans.
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Dans la ville des veuves intrépides

Lu pour Le Club des Lectrices. Nous voulions sortir un peu de nos lectures franco-anglo-américo-centrées, et nous avions donc pour consigne de proposer un roman africain ou latino-américain. Devant l’impossibilité de nous décider, ce roman a brusquement été proposé. Aucune de nous ne connaissait le titre ni l’auteur mais le sujet nous a intrigué. Rajoutez à cela qu’il était désigné comme le digne héritier de Gabriel Garcia Marquez et de Vargas Llosa, et hop c’était emballé !



Et j’avoue que je ne suis pas déçue … sans être un coup de cœur, ce texte est un beau moment de littérature …



Un beau jour de 1992, dans un petit village colombien, les guérilleros débarquent pour réclamer des armes et de la nourriture. Devant le manque de coopération des habitants, les soldats se radicalisent et embauchent tous les hommes de plus de 12 ans. Immédiatement, les femmes savent qu’elles ne les reverront pas et se mettent en deuil … Mais rapidement les problèmes se posent : comment assurer la marche du village, sa subsistance ? Et puis surtout comment combler le vide émotionnel et organisationnel créé par l’absence des hommes ?



« Son Mariquita chéri s’était mué en un village de veuves dans un pays d’hommes. »



Très vite, les situations deviennent cocasses, aussi diverses que toute la palette de sentiments qui compose la nature humaine. Les jeunes filles condamnés à rester vierge, les épouses heureuses d’être débarrassées de leur mari, un homosexuel qui sera « l’autre veuve »; le prêtre qui reste le seul homme et va proposer d’assurer la continuité du village : les portraits sont bien dressés et très intéressants.



Dans cet univers instable et violent – ce qui est rappelé par les chapitres intercalaires racontant la fin d’un certain nombre de guérilleros. Petit bémol : je n’ai pas réussi à faire le lien avec les maris enlevés, cela aurait peut-être rajouté un peu de force.



Du côté de l’écriture, j’ai retrouvé ce style si particulier aux auteurs latino-américains, fluide, original. Un style parfait pour le genre du réalisme magique auquel se plie James Canon, dans la droite lignée de Gabriel Garcia Marquez. Un style qui montre une grande maîtrise narrative, transformant le récit en une sorte de conte qui intègre une sorte de malédiction, l’effacement du temps lui-même et une vie en autarcie totale.



En même temps, il propose une analyse très poussée des avantages et contraintes du communisme, en parallèle de ceux d’une société matriarcale. Ou comment les habitantes, poussées par la nécessité, ont bien dû se reposer entièrement sur la communauté. Des habitantes qui s’épanouissent souvent pleinement loin de la société des hommes (considéré comme un procréateur).



Cette chronique tragico-burlesque (l’ironie est très présente) d’une bourgade perdue au fin fond de la Colombie a donc beaucoup de charme. Malheureusement, elle n’a pas réussi à tenir mon attention constante durant 500 pages. Certains passages m’ont parus trop longs, ou sans intérêt. Alors que la fin est très bonne, et clôture parfaitement la vingtaine d’années étranges qu’ont vécu ces femmes.



« Le village dans lequel vous viviez autrefois n’existe plus, voyez-vous. Vous êtes maintenant à La Nouvelle-Mariquita, une communauté entièrement féminine, indépendante, qui a des caractéristiques sociales, culturelles et économiques particulières et des liens étroits avec la nature. »



Une belle découverte, un dépaysement assuré, grâce au Club des Lectrices !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Dans la ville des veuves intrépides

Dans un pays troublé par la guerre civile, les femmes se retrouvent seules, tous les hommes ayant été tués ou enrôlés de force par les guérilleros. Pendant seize ans, elles vont s’organiser, constituer une société nouvelle.



Burlesque, cocasse, extravagant, absurde, délirant….. Quel livre ! Quel auteur !

Certes, c’est long, presque 500 pages, mais c’est écrit de telle manière qu’on ne trouve jamais le temps long.



Chaque chapitre est un long portrait d’une femme de Mariquita.avec en toile de fond l’évolution de la vie à Mariquita et la violence et la désolation amenées par la guerre civile.

Ces longs chapitres sur Maraquita sont séparés par des chapitres de 2 pages nous renseignant sur ce qui se passe dans le pays par de cours récits de guérilleros, de soldats d’Etat ou de paramilitaires.

Chaque chapitre peut constituer une histoire indépendante, et le tour de force de ce livre et de les lier toutes, avec cohérence, si bien qu’on n’est jamais perdu dans cette foule de personnages.

Jusqu'au bout, tout se tient, tout est soigné.



Chaque portrait est désopilant. Les filles Morales, Orquidea, Gardenia et Magnolia, la femme du brigadier, Rosalba, la tenancière du bordel, Dona Emilia, la femme du barbier, Francisac Viuda de Gomez, et aussi Virgelina Saavedera, Santiago et Pablo, amoureux depuis l’enfance, et Vietnam Calderon, Hochiminh, Che Lopez et Trostsky, les quatre garçons assassinés par le padre Rafael…..

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Dans la ville des veuves intrépides

Ce roman confirme mon amour pour la littérature sud américaine, avec cette petite dose de surréalisme et de poésie. En lisant Dans la ville des veuves intrépides, j'ai retrouvé ce que j'avais tant aimé dans Cent ans de solitude de Garcia Marquez, un village peuplé d'habitant attypique et très touchants où ils leur arrivent des choses parfois extraordinaires.



J'ai beaucoup aimé la construction du roman, où chaque chapitre met en avant une habitante et une anecdote du village. Les fins de chapitre sur les guérilleros, nous ramène à la réalité du monde et à l'horreur de la guerre, pour mieux repartir dans ce village fantastique.



C'est très intéressant qu'une telle histoire ai été écrite par un homme, aurait elle était différente si l'auteur avait été une femme?
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Dans la ville des veuves intrépides

Un beau jour de 1992, des guerilleros de passage raflent tous les hommes de plus de 12 ans dans le petit village de Marquerita, en Colombie et tuent tous ceux qui refusent de partir avec eux. Depuis, le village vivote autour des femmes, des veuves pour la plupart, qui ont bien du mal à s'organiser. Mais peu à peu, une nouvelle société s'organise, ce qui ne se fait pas sans mal car les personnalités s'opposent...



Quelle chouette découverte que ce roman atypique ! Au départ, la survie de ce petit village semble franchement compromise après le départ des hommes et les petites histoires de chacune peinent à laisser croire qu'un avenir est possible. Mais finalement, après bien des déboires et des aventures assez rocambolesques, on entrevoit une lumière et on se prend à rêver à cette espèce d'utopie en pleine jungle. Le récit est entrecoupé de témoignages de soldats qui viennent ponctuer l'histoire, de manière souvent sordide et violente, comme pour rappeler la brutalité du monde, en dehors de cette oasis féminine dans la forêt. On rit souvent, on est parfois touché par une personnalité qui laisse filtrer une fêlure, bref, on passe un bon moment à la lecture de ce roman réjouissant et plein d'humanité.
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Dans la ville des veuves intrépides

Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, et viennent ici à la recherche de quelques conseils de lecture sachez simplement que ne pas lire ce livre est un manquement fondamental à votre bonne santé littéraire. L'auteur, pour son premier roman, montre un réel talent tant au niveau de l'écriture, de l'histoire qui est à la fois drôle, touchante, émouvante, originale et exotique. Se priver d'une telle lecture est un sacrilège. Vous allez y prendre non seulement du plaisir, mais un certain goût également, réclamant rapidement un autre ouvrage de l'auteur. C'est dépaysant, bien écrit (et même mieux), hilarant, et de surcroît très très intelligent. L'écriture en est facile d'accès. Il vous faudra cependant une certaine ouverture d'esprit, comme toujours avec les romans sud-américains (je n'ai jamais pu lire Cent ans de solitude, roman cité quelques fois dans Les veuves, et la première fois que j'ai lu Zoé Valdès, je me suis demandé vraiment où j'avais attérri.). N'ayez pas peur d'être un peu bousculé ! Voilà pour ce que je peux dire afin de vous inciter à le lire, sans trop dévoiler l'histoire et son dénouement. Pour en savoir plus sur le sujet, je vous invite à visiter Amazon ici, pour lire le résumé.





Nous sommes en 1992 et en Colombie, c'est la guerre. Indiens, paysans subissent les batailles continuelles des guérilléros, des paramilitaires, et de l'armée colombienne. Le conflit semble dépasser tous ceux qui le subissent autant que ceux qui le poursuivent. Cependant, il dure. C'est alors que les guérilléros, bien plus connus pour leur violence que pour leur politique, viennent chercher les hommes disponibles dans tous les villages qu'ils rencontrent. Au passage bien sûr, ils pillent, violent, tuent, empoisonnent et détruisent au nom d'une liberté qu'ils prétendent distribuer à qui veut bien les aider à l'incarner.

C'est pour cette raison qu'un beau matin de dimanche, Mariquita se voit soudain dépeuplé de ses hommes et jeunes garçons. Ne resteront que des veuves, un prêtre, quatre garçons de moins de 12 ans, un Julio qui deviendra Julia, et un homosexuel qui n'était pas là lors de la rafle.

Que peut bien devenir un village sans les hommes ? Qui va entretenir les voiries ? Qui travaillera la terre ? Qui procédera aux réparations diverses ? Et surtout, qui assurera la pérénité du commerce de Madame Emilia, la maison close du village ? Pire encore, qui assurera la descendance de Mariquita ?



Un roman transgenre



Ce ne sont certainement pas les hommes rescapés. L'un est homosexuel. Les quatres autres jeunes gens se réveleront eux aussi incapables de faire face à leur devoir de procréation, et même le prêtre, dont l'ardeur à la tâche n'a jamais connu d'égale mesure dans son art de la messe, se « sacrifiera » pour rien. Le désir procréation semble maudit à Mariquita, et ne mène qu'à des échecs. C'est avant tout que dans l'histoire de James Canon, les événements ressemblent plutôt à ce dont rêvent les transexuels : de se voir pousser des seins, d'avoir soudain une voix de fille, de voir tomber son pénis. Ce que les transexuels mettent des années à obtenir, à payer, voire seulement à rêver, James Canon le rend possible de la manière la plus naturelle et involontaire. Ces castrations et autres poussées de protubérances se révèlent finalement salvatrices, puisqu'elles sauvent les hommes des femmes... Pas de descendance donc, et pourtant, il faut bien trouver une solution. Seulement celle-ci doit être en adéquation avec l'intérêt de tout le village, et à mesure que les solutions matérielles sont trouvées, il semble que les habitant(e)s du village se rapprochent d'un état « hermaphrodite », excluant la reproduction. Bientôt ne resteront plus que des veuves, des femmes entre elles, qui se passeront volontiers des hommes au fil du temps, pour se donner caresses et amour sans soumission, à mains égales.



Et les hommes dans tout cela ?



Les hommes sont raflés au début du roman. Cependant, ils viennent ponctuer les histoires de Mariquita par de brèves anecdotes, presque toujours morbides, toujours au sujet de la guerre. C'est cela un homme : ça part, ça produit, ça fait la guerre, et entre les bonnes nouvelles, ça en apporte de mauvaises. Ainsi, tout au long du roman, les hommes se font témoins de la guerre qu'ils sont les seuls à vouloir, les seuls à faire. Pendant que les femmes s'acharnent à trouver un moyen de faire vivre le village, d'assurer une continuité à la communauté, les hommes exterminent ce qu'ils trouvent ailleurs.

Même le prêtre, censé être un représentant de Dieu à la fois chaste, pacificateur, brisera tous les commandements. Le prêtre se transforme en pêcheur par excellence, puis déserte les lieux de ses méfaits en emportant les actes de naissance des villageoises : par là, il signifie qu'après la disparition du dernier véritable symbole masculin du village, les femmes ne peuvent plus exister. Elles n'ont plus d'existence légale. Elle n'existent plus Dieu et sans les hommes : mais c'est un point de vue d'homme de Dieu. Qu'importe, elles écriront leur propre bible : une bible de femme pour une communauté de femmes peut très bien remplacer une bible d'hommes dans un monde d'hommes où vivent les femmes.





Le temps est impossible...



Affranchies de Dieu, affranchies des hommes, les femmes finissent un beau jour par s'affranchir du temps. Qu'importe ! Elles inventeront le leur : un temps féminin. Bien sûr, le temps des femmes ne peut que tourner à l'envers.. et remonter en sens inverse. Tandis que celui des hommes « est tout entier tourné vers la productivité » (p. 249), celui des femmes sera tout entier tourné vers la communauté. Le même temps, les mêmes règles, les mêmes sources. Les femmes remontent donc le temps et évoluent vers une harmonie parfaite. Quelques hommes, plus tard de retour, auront du mal à comprendre, puis à vouloir se plier aux règles de la « nouvelle Mariquita ». Eux d'ailleurs, l'appellent toujours « le mariquita ». Tandis qu'ils contemplent le village, happés par la nostalgie de l'ancien règne des hommes, les femmes remontent le temps vers un avenir à rebours, plus naturel, plus simple et plus paisible. Elle refont le temps plus qu'elles ne remontent les aiguilles.





James Canon nous invente là une génèse particulière, celle d'un village de femmes dans un pays d'hommes. Celle d'un petit coin de retraite obligée à la recherche de la paix, dans un monde qui ne cesse de poursuivre la guerre. Celle d'un pays où tout est interdit aux femmes, aux hommes qui veulent devenir des femmes, et qui pourtant ignore qu'en son centre, en son coeur, certaines et certains parviennent à atteindre leur rêve de métamorphose. Il nous rappelle aussi que les femmes peuvent toujours s'affranchir des hommes et de leur passation de tutelle de père en époux, quand bien même ces derniers ne rêvent que de garder le pouvoir et la possession de tout.


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Dans la ville des veuves intrépides

Dans la Colombie meurtrie par la guerre civile, des femmes isolées dans leur village se prennent en charge pour pour ne pas dépérir. Il ne leur manque rien sauf la possibilité d'une descendance et donc d'un avenir...

Pour son premier roman, James Canon frappe juste. C'est très plaisant à lire, c'est dépaysant, ça questionne sur l'organisation de la société et c'est cocasse.

J ai aimé le clin d’œil à GG Marquez.
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Dans la ville des veuves intrépides

A Mariquita, tout allait bien avant que les guérilleros débarquent et réquisitionnent tous les hommes et garçons de plus de douze ans de la ville. La ville se trouve alors peuplée seulement de femmes et d'enfants. A travers quelques épisodes de la vie citadine, on découvre comment ces femmes vont vivre...



Je ne m'attendais pas à ce genre de narration, je ne suis pas arrivée à savoir combien de temps s'était écoulé depuis que les hommes étaient partis. A part ça, j'ai beaucoup apprécié ses épisodes entrecoupés par les histoires des combattants pour nous rappeler que la guerre est bien là et contrebalancer son humour sur la vie pratiquement féminine de la ville. Certains moments m'ont moins touchés mais j'ai beaucoup aimé l'humour de l'auteur malgré la situation difficile. J'ai bien apprécié les moments surréalistes ou légèrement absurdes. L'auteur réussit bien à faire passer des messages de tolérance, de partage... Un bon moment malgré le sujet.
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Dans la ville des veuves intrépides

A Mariquita, un petit village de Colombie, les hommes ont un jour disparu. Les guérilleros de passage les ont en effet enrôlés de force et arrachés à leurs femmes. Démunie de toute virilité, la bourgade peine à subvenir aux besoins de ses habitants et les conflits émergent. Alors que la "Casa Emilia", bordel de la ville, cherche sa clientèle dans les villages alentours, de jeunes filles célibataires en mal de mâles s'offrent aux premiers venus... Rosalba, veuve du brigadier, s'autoproclame maire du village et le Padre Rafael, rescapé de la rafle, propose de lancer une campagne de procréation. Mais peu à peu pourtant, les femmes vont réussir à s'organiser, à se libérer du joug masculin et d'un mode de pensée misogyne. Elles trouveront leur propre fonctionnement en communauté, au rythme d'un temps féminin et où la notion de partage remplace celle de productivité...



Ce roman se découpe en chapitres, certains décrivant une femme du village et son histoire et d'autres, plus courts, racontant un passage de la vie des guérilleros, des paramilitaires ou des soldats du pays. Le tragique historique se mêle donc à la fable burlesque et au fil des pages les liens se tissent entre tous ces destins.



Il est difficile de décrire ce livre tant il est désopilant et sort des cadres habituels (en tous cas de ceux de la littérature nord-américaine et européenne, que je connais mieux). La force de son propos est sûrement dans l'humour presque omniprésent, qui accentue le tragique de la guérillera. Et puis surtout, cette fable, presque farce, ces femmes qui finiront par vivre ensemble nues et en partageant les ressources de chacune, est magnifique par son absurdité et son affranchissement des notions de virilité, de pouvoir et même du temps futur.



J'ai trouvé quelques longueurs dans la mise en place de communauté et les difficultés que rencontrent les femmes avant de réussir à s'organiser, mais les descriptions finales valent l'attente, vraiment !



Très surprenant, drôle et émouvant, ce roman est à découvrir !



Céline






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Dans la ville des veuves intrépides

Onirique, poétique, magnifique... Quel serait le meilleur adjectif pour ce voyage dans le temps et l'espace ?

Mariquita, petit village colombien, est un jour attaqué par des guérilleros qui enrôlent de force (et tuent ceux qui refusent) tous les hommes du village. Les femmes se retrouvent seules à bord et doivent réorganiser leur société et repenser leur manière de fonctionner...

Je n'aime pas spoiler les bouquins donc je n'en dis pas plus. Mais j'ai fortement pensé au réalisme magique cher à Garcia Marquez tout au long de ma lecture. Les chapitres concernant les habitantes du village alternent avec ceux racontant la guerre paramilitaires/guérilleros dans le reste du pays. Et vers la fin, certains chapitres sont entièrement dédiés aux pensées et émotions d'une personne en particulier : c'est là que la magie opère.

On lit le livre d'une traite : du suspense (les hommes vont-ils revenir au village ?), de l'humour (les insultes truculentes ou certaines descriptions des vieilles dames et leur "moustache soyeuse" sont à hurler de rire), de l'amour (ben oui, plus aucun homme pendant des années, les femmes vont parfois virer leur cuti), et de belles réflexions sur les notions de pouvoir et de démocratie. Une des mes bouquins préférés ces derniers temps...
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