James Clavell

Nous pouvons tous mourir. Qui sait ? Laissez les problèmes de Dieu à Dieu et le karma au karma. Vous êtes ici aujourd'hui. Rien n'y changera rien, quoi que vous fassiez. Vous êtes vivant aujourd'hui. Vous êtes, ici, honoré, béni de la fortune. Regardez ce coucher de soleil. Il est beau, neh? Ce coucher de soleil existe. Demain n'existe pas. Il n'y a que maintenant qui compte. Regardez- le. Il est si beau et il ne se reproduira plus jamais. Pas ce coucher de soleil-là. Jamais dans l'infinité des siècles. Perdez-vous dans sa beauté, ne faites plus qu'un avec la nature et ne vous inquiétez pas du karma, du vôtre, du mien ou de celui du village.

- Je ne m'inquiétais que de l'avenir de notre maître.
- Il est maître de son avenir.

Les gouttes tombaient de son ombrelle comme un rideau de larmes.

Vous devez faire ce que vous dicte votre devoir. Comme je ferai ce que me dicte le mien.

Mon arc me murmurait, comme il le fait parfois, de vous tuer. Et quand, à l'aube, je l'ai vu descendre la colline avec ces pistolets de lâche dans les mains, mes flèches m'ont supplié de pouvoir goûter son sang. Mais j'ai rejeté l'idée de meurtre et je me suis fait humble, me haïssant beaucoup plus à cause de mes mauvaises manières et du saké.

Il prit, les doigts tremblants, un rameau de thym sauvage, se pencha, et ramassa doucement l'une de vos ses larmes. Il contempla en silence la larme et le rameaux qui semblaient minuscules dans son poing énorme. ' L'on oeuvre, n'importe quelle œuvre, reste imparfaite face à la beauté de ceci. Merci.'

Il avait choisi un bouton d'une rose blanche sauvage. Il avait mis une perle d'eau sur la feuille verte et avait arrangé le tout sur des pierres rouges. L'automne arrive, suggérait-il avec cette fleur. Ne pleure pas parce que l'automne arrive, que la mort s'approche quand la terre commence son long sommeil. Jouis du temps où tout commence. Apprécie la fraîcheur extraordinaire de l'air automnal, dans cette soirée d'été... Les larmes disparaîtront bientôt ainsi que la rose. Nous disparaîtrons... Seules les pierres subsisteront.

SHOGUN
Le roman de plage par excellence, que l'on coince entre le change de maillot de bain et la crème solaire, que l'on ne craint pas d'abîmer avec des grains de sable entre les pages, qui supporte toute forme d'interruption entre baignade, farniente et beignets.
C'est vrai.

Mais c'est encore mieux !

SHIOGUN
C'est un pur plaisir de gamin pirate qui remonte le temps dans le Japon des seihneurs de guerre , qui brave les éléments et catastrophes entre tremblements de terre, tsunamis, tempêtes, incendies, qui louvoie au milieu des rivalités et des intrigues politiques entre jésuites espagnols, corsaires hollandais, seigneurs japonais opportunistes agrémentées de l'usage des ninjas et des jolies espionnes en kimono, qui goûte la torture,le sang, les belles gaishas des maisons de thé.

Tant de trésors d'aventure !
A tel point que l'histoire d'amour qui festonne ce récit est bien fade à côté de l'esprit machiavélique de Toranaga , brûlant le vaisseau de l'Inglese pour que celui-ci reste son conseiller et sa meilleure arme pour accéder au shoguna.

SHOGUN a le pouvoir magique de nous faire redevrnir enfant.

Assise sur un banc en face du port,la vieille amah reprenait sa respiration et attendait que ses côtes lui fissent moins mal.Elle commençait à se lever péniblement quand un jeune chinois se précipita vers elle en disant:_Assieds_toi,vieille femme,je veux te parler.Petit ,trapu,il avait le visage grêlé par la petite vérole.
_Il y a quoi ,dans ce sac?
_Hein ?quel sa fit Ah Tam.
_Le sac en papier brun que tu serres contre tes nippes puantes.
-Ah ça!ce n'est rien,honoré seigneur.Juste quelques courses que je viens...
Le jeune homme s'installa sur le banc et se pencha vers la vieille en murmurant:
_Ferme-la sorcière!Je t'ai vu sortir de cette fornication de banque.Y a combien là-dedans? Ah Tam agrippait son sac désespérément,les yeux emplis de terreur.-Toutes mes économies,hono....Il lui arracha le sac ,l'ouvrit,compta les billets.-323 dollars?soupira t'il écoeuré.Tu es servante chez un mendiant?Tu n'as pas été bien maligne pour économiser si peu.-Tu as raison ,seigneur.-Je prends 20% de h'eung yau,déclara t'il en se servant.-Honoré seigneur,c'est trop,gémit Ah Tam.Je te serais reconnaissante de bien vouloir accepter 5% avec les remerciements d'une vieille femme.-15
-15
-6
-10%,c'est mon dernier mot.Je n'ai pas de temps à perdre.
-Tu es jeune et fort,tu es sans doute un 489.Les forts doivent protéger les faibles et les vieux.
-C'est juste.Bon,7%.
-Tu es généreux,seigneur.Merci,merci.
Le jeune Chinois garda 22 dollars,rendit le reste et sortit de la poche de son jeans 61 cents qu'il donna aussi à la vieille en disant:Tiens ta monnaie.Elle le remercia avec effusion,ravie du marché qu'elle avait conclu.Par tous les dieux,je croyais bien ne pas m'en tirer à moins de 15%,pensait-elle.

Faites vite, murmura-t-il. On ne pourra pas le contenir très longtemps. Il s'en alla en courant. Le chef à la marque rouge prit une décision, fit un signe à ses hommes et lança un avertissement : Eloignez-vous! Je fais sauter la porte! Il mit le feu à la traînée de poudre et courut se mettre à l'abri. La poudre crachota, s'enflamma et rampa, tel un serpent, vers les barils.

Mon arc me murmurait, comme il le fait parfois, de vous tuer. Et quand, à l'aube, je l'ai vu descendre la colline avec ces pistolets de lâche dans les mains, mes flèches m'ont supplié de pouvoir goûter son sang. Mais j'ai rejeté l'idée de meurtre et je me suis fait humble, me haïssant beaucoup plus à cause de mes mauvaises manières et du saké.

Si j'avais trois bateaux barbares pour commencer, je pourrais facilement contrôler les voies entre Yedo et Osaka. Basées à Izu, ces unités pourraient étrangler ou laisser passer tout commerce maritime. Presque tout le riz et toute la soie. Ne deviendrais-je pas l'arbitre entre Toranage et Ishido? Tout au moins un point d'équilibre entre eux deux?

Ses yeux n'étaient jamais en repos car il cherchait constamment des noms et des visages dans sa mémoire. Il avait cette qualité très rare aux généraux passant une inspection de faire croire aux hommes, le temps d'un éclair, qu'il leur avait, à eux seuls, adressé la parole.

Oui, je sais maintenant ce qu'est le karma. - Oui." Elle traduisit à Toranaga. Il dit : "Très bien, Anjin-san. Karma est le début du savoir. La patience est très importante. Les hommes forts sont ceux qui sont patients. La patience, c'est ne pas se laisser aller aux sept émotions : haine, adoration, joie, angoisse, colère, peine, peur. Si vous ne vous laissez pas aller à ça, vous serez patient.
Vous saisirez alors très vite les différentes facettes des choses et vous serez en harmonie avec l'éternité".

Pourquoi ne m'écoutez-vous pas, Anjin-san ? Il peut me battre à mort s'il le désire. Il en a le droit et j'aurais aimé qu'il le fasse ! Je n'aurais plus à supporter cette honte. Vous croyez que c'est facile de vivre dans la honte ? Si je pleurais comme il veut que je pleure, si je lui demandais pardon comme il veut que je lui demande pardon, si je le craignais comme il veut que je le craigne, si j'écartais les jambes comme il veut que je les écarte, en simulant la terreur, si je faisais toutes ces choses féminines que mon devoir m'impose, il serait comme un enfant au creux de ma main, mais je n'en ferai rien.

Je vais vous livrer un secret : ne vous trompez pas sur nos sourires, notre gentillesse, notre cérémonial, nos courbettes et nos attentions. Derrière tout cela, nous pouvons nous trouver à des millions de ri, seuls, en sécurité, invulnérables. Voilà ce que nous cherchons : l'oubli.

Je ne peux dire ou penser ce qui pourrait être dit ou pensé tant qu'il n'est pas mort.

Et toi Tamazaki, tu es mort à présent, de ta propre volonté parce que tu as insulté Omi-san en refusant de t'incliner parce qu'il avait dit : "... Ce prêtre sent mauvais ; ce prêtre d'une religion étrangère". Même si le prêtre sent effectivement mauvais et si la Vraie Foi est effectivement étrangère, mon pauvre ami, cette vérité là ne va pas nourrir ta famille pour autant, ni effacer cette tâche qui a souillé notre village.

J'ai écrit "Shogun" pour combler un fossé entre l'Est et l'Ouest, et pour tenter d'expliquer la culture du Soleil Levant aux occidentaux par la biais de la fiction. L’œuvre est passionnément pro-Japonaise et l'ai conçue avec soin et amour. D'une certaine façon, c'est mon cadeau au Japon.

Il n'y a aucune différence entre un homme et une femme. Les femmes sont égales aux hommes en tant que samouraïs.