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Critiques de Jean-Baptiste Andrea (1726)
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Veiller sur elle

°°° Rentrée littéraire 2023 #9 °°°



Moi en cette rentrée littéraire, j'ai des envies de romanesque. Et le dernier Jean-Baptiste Andréa est résolument, follement romanesque, un régal !



C'est l'histoire de Mimo et Viola, nés en 1904, deux êtres qui n'auraient jamais du se rencontrer lorsqu'ils avaient treize ans : lui né dans l'indigence, élevé dans l'atelier d'un oncle sculpteur alcoolique ; elle dans la famille la plus puissance de Ligurie. Deux opposés polaires enfermés dans leur corps, elle dans son corps de femme alors qu'elle rêve grand et anticonformiste ; lui souffrant de nanisme alors qu'il entend maitriser les blocs de marbre pour devenir sculpteur.



Le roman s'ouvre en 1986. Mimo, au seuil de sa vie dans une abbaye piémontaise où il vit reclus depuis une quarantaine d'années sans avoir prononcé ses voeux, se remémore le fil de sa vie, sa relation singulière avec Viola et l'histoire de son chef d'oeuvre : une mystérieuse statue, troublant quiconque la voyait au point que le Vatican a décidé de la soustraire à la vue de tous.



Jean-Baptiste Andréa est un conteur exceptionnel. Sur près de 600 pages ( avec à peine quelques longueurs dans le dernier quart, peut-être ), il retrace les destins de Viola et Mimo, comment ils s'aiment, se confient, se disputent, se séparent, se retrouvent, mus par une connexion d'âmes comme il en existe peu :

« - Nous sommes deux aimants. Plus nous nous rapprochons, plus nous nous repoussons. 

- Nous ne sommes pas des aimants. Nous sommes une symphonie. Et même la musique a besoin de silences. »



C'est une déferlante d'émotions qui remplit d'étoiles le lecteur qui lit à coeur ouvert pour être sûr de prendre tout ce que propose l'auteur avec une générosité réjouissante, sans pathos, avec une délicatesse et fluidité qui forcent l'admiration. D'autant que tous les personnages ( bons ou mauvais ) lui parlent tous directement à l'oreille, tout particulièrement l'anticonformiste Viola avec sa fougue qui emporte tout, un des plus beaux personnages féminins rencontrés récemment.



Les personnages résonnent en nous d'autant plus fort que l'intensité dramaturgique du récit, constante, est renforcée par des décors italiens admirablement décrits ( des enchanteresses collines à orangers du domaine des Orsini, aux bas-fonds de Florence et Rome ) et un arrière-plan historique, jamais écrasant mais toujours présent, qui traverse le chaos de la première moitié du XXème siècle ( Première guerre mondiale, montée du fascisme et mise en place du régime totalitaire mussolinien, Deuxième guerre mondiale et défaite italienne ). J'ai adoré également le voyage dans l'histoire de l'art italien avec des références passionnantes à Michel-Ange, Fra Angelico ou encore le Caravage.



« Sculpter, c'est très simple. C'est juste enlever des couches d'histoires, d'anecdotes, celles qui sont inutiles, jusqu'à atteindre l'histoire qui nous concerne tous, toi et moi et cette ville et le pays entier, l'histoire qu'on ne peut plus réduire sans l'endommager. Et c'est là qu'il faut arrêter de frapper ».



Les dernières pages révèleront évidemment les secrets de la statue. Rien de flamboyant comme je m'y attendais. J'ai été un peu déçue par ce manque de spectaculaire tant l'attente était grande après 600 pages, mais avec le recul, j'applaudis l'élégance de cette retenue qui est en harmonie avec ce qui a été conté précédemment, à la hauteur de la beauté des personnages.









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Veiller sur elle

Un roman difficile à chroniquer, il est tellement excellent il n'en ressort que du positif . Un roman , majestueux, époustouflant, bouleversant, nous passons du rire aux larmes, C'est le premier roman de l'auteur mais certainement pas le dernier Nous faisons la connaissance de Mino alias Michelangelo, ce denier a vécu plus de 40 ans dans une abbaye, nous sommes en 1985,il sent son dernier souffle arrivé, il décide de raconter sa vie , il est atteint de nanisme. Il nait dans les bas-fond au seuil de la pauvreté, nous sommes dans le début du 20 eme siècle, son père est décédé durant la premier guerre mondial. Mino est envoyé chez son oncle, où l'alcool est son meilleur ami, Il exploite Mino sans état d'âmes, Un point commun les unis, celui de la sculpture. Mino fait ses preuves, suite un une commande importante, de la famille bourgeoise Orseni . Il fait la connaissance de Viola, un rencontre qui n'aurait jamais du se faire, mais rien ne peut effacer, le lien d'amitié qu'ils ont tissé, Ils ont les même idéaux, les mêmes centres d'intérêt soif de changement,

Viola se marie, convention de la haute société, suite à une chute vertigineuse, elle ne pourra pas voir d'enfants, Mino continue sa vie en tant que sculpteur, qui se fait une renommer au fil des pages.

La relation avec Viola n'est pas simple mais perdure Nous sommes dans une période de tremplin, la montée du fascisme, Tant d'obstacles qu'il aura à surmonter, la reprise en contact avec Viola.

Mino Viola, Viola Mino, deux personnages qui dégagent une empathie très forte, Nous ne pouvons pas être indifférent, une sensation de faire parti du décor.

L'auteur nous envoûte, sans aucune difficulté dans son histoire. le sujet est traité avec pudeur ,, La plume de l'auteur est fluide, sensible, subtile et poétique. Une lecture bouleversante, émouvante.

Mino vient de vous raconter sa vie,

Je ne peux que vous conseiller ce livre.

Bravo à l'auteur,
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Veiller sur elle

Douceur de marbre.

Jean Baptiste Andrea mérite un Master en souvenirs d'enfance... difficiles. C'est le Rémi sans famille des rentrées littéraires, un Dickens qui twiste les grandes espérances. Après une histoire d'amour et d'orphelin dans le remarquable « Des diables et des saints » sur des airs de piano joué dans des aéroports, il troque le synthé pour le burin d'un sculpteur et polit un récit d'une beauté sans aspérité.

Mimo est né pauvre, son père est mort et son corps a oublié de grandir. Il est confié aux mauvais soins d'un sculpteur de pierre dépourvu de talent mais pas de méchanceté qui en fait plus son esclave qu'un apprenti. Sortez les mouchoirs. Les mauvais traitements endurcissent le jeune garçon dont le génie du caillou se révèle. Durant cette enfance, il va rencontrer son âme soeur, Viola, fille de très bonne famille à la réputation de sorcière, assoiffée de connaissances et qui refuse son destin de cruche mondaine dans une Italie qui penche de plus en plus vers le fascisme. le duce va doucher les rêves d'enfants et la religion va vendre son âme au diable.

L'écho favorable qui se propage concernant ce roman dans le qu'en-dira-t-on babéliote est mérité. La fougue romanesque du récit m'a pris en otage, évadé du temps, et je n'ai ressenti aucun essoufflement dans la narration. Un marathon de 575 pages couru au sprint du rocambolesque. Pas de temps mort, des personnages secondaires typés qui ne font pas que de la figuration, des dialogues qui sonnent comme de la poésie, des mystères de la création artistiques autour d'une sculpture maudite, de vaines quêtes de prestige ou de pouvoir et un contexte historique aussi trouble que passionnant.

Que demander de plus pour parfaire la nuée d'étoiles ? Et bien, peut-être un peu plus de caractère dans le trait de plume. La prose est à mon goût un peu trop enfantine, pas assez couillue et pas seulement parce qu'elle fréquente peu les chambres à coucher ou ne relate la violence que par le biais de ses conséquences. L'auteur évoque le crime de la veille, la trahison du lendemain, le chapitre toujours en léger différé. le romancier excelle dans les incidences et les retentissements, moins dans la description brute et crue d'un évènement. Même les passages où Minno s'égare un peu dans le stupre et la boisson ne risquent pas de faire rougir une colonie de nonnes.

L'écriture de Jean-Baptiste Andréa a les défauts de ses qualités, ou bien l'inverse, mais je préfère retenir le caractère très agréable de cette lecture qui dégage des ondes positives sous sa carapace dramatique, qui rassurera les âmes sensibles, cajolera les doux rêveurs et apaisera les âmes contemplatives. J'ai presque eu envie de manger du boulghour, de me lancer dans la poterie façon Ghost et penser du bien de mon voisin en refermant le livre. Il est parfois bon de bâillonner son mauvais esprit.

Mon côté fleur bleue asséchée dans l'herbier jauni de mes vieilles années a apprécié la relation platonique mais passionnée de Mimo et Viola, âmes qui se chamaillent et se rabibochent sans cesse, opposés qui s'attirent, s'éloignent et se rapprochent comme des aimants versatiles, qui ne peuvent vivre l'un sans l'autre mais qui sont lucides sur les frontières sociales qui les séparent. Leurs rencontres sont des petits moments de liberté sans filtre ni secret. La lucide extra-lucide et l'artiste apolitique se disent les choses qu'ils taisent au monde.

Un vrai plaisir tout public.

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Veiller sur elle

C'est un beau roman, c'est une belle histoire...

Veiller sur elle, le titre était pourtant une belle promesse et l'invitation aussi à découvrir l'univers littéraire de cet auteur que je ne connaissais pas encore, Jean-Baptiste Andrea. Pour la rencontre, voilà qui est désormais fait ! Pour la promesse, c'est un peu plus compliqué...

Avec beaucoup de délicatesse, Veiller sur elle nous invite à la rencontre de deux destins qui vont s'entrelacer dans l'Italie du vingtième siècle, son fracas et sa fureur.

Il donne la parole au sculpteur de génie Michelangelo Vitaliani, qui revisite l'Italie de ses souvenirs et le chaos du XXe siècle. Michelangelo Vitaliani, c'est Mimo né pauvre et nain. Il va connaître le génie. Sur la route de Mimo, il y a Esméralda dont la rencontre va le toucher au coeur. Non, pardon je me trompe d'histoire, je reprends. Sur la route de Mimo il y a Viola, jeune fille impétueuse, fantasque et intelligente, benjamine de la richissime famille Orsini. J'ai aimé son anormalité.

Pourtant, cette histoire de sculpteur m'a laissé de marbre.

Ils font connaissance dans un cimetière, Viola étant une nécromantique convaincue...

Ils vont traverser l'histoire, traverser les guerres, les heures sombres de l'Italie, être l'un pour l'autre comme deux aimants. Plus ils se rapprochent, plus ils se repoussent.

Nous traversons le siècle tandis que ces deux-là continuent de se guetter, se chercher, s'apprivoiser à chaque retrouvaille...

Le temps passe avec ses griffures, ses fissures qui craquellent les moulures des belles demeures, dépose la moisissure à la commissure des fenêtres et des portes...

Les personnages, malgré l'idée séduisante de départ, malgré leur destin hors du commun, malgré leur différence, malgré leur force et leur fragilité, restent toutefois conventionnels, approchés comme on aborde la surface d'une onde sans jamais y pénétrer.

Et le roman hésite sans cesse entre deux versants, oscillant entre enchantement et réalisme, entre fable onirique et fresque historique, comme si jusqu'au bout l'écrivain s'était posé la seule question qui vaille la peine d'être prononcée : que vais-je faire de mes personnages, où vais-je les amener ?

Moi aussi je me suis posé des questions. Qu'en est-il de la folie de Viola ? J'aurais voulu être saisi du même vertige qui la déploya dans les airs lorsqu'elle voulut imiter un oiseau avec des ailes de papier. Sa présence aura toutefois sauvé mon relatif plaisir à cette lecture, mais quel dommage d'avoir traité ainsi un aussi beau personnage !

Qu'en est-il du génie de Mimo ? On voit peu les traces de son art, l'homme étant parfois difficile à suivre dans sa soulographie quotidienne. J'ai eu l'impression qu'il fréquentait davantage les estaminets que son atelier ou la coupole de San Pietro delle Lacrime et à force, les vapeurs d'alcool me sont montées à la tête...

Au départ, il y avait donc une belle promesse et je m'attendais à une lecture qui m'emporte sur la vague de cette promesse.

L'histoire est belle, originale et aurait mérité qu'on lui accorde un meilleur sort.

Visiblement, Jean-Baptiste Andrea sait raconter de belles histoires, mais ce n'est pas un écrivain de l'intériorité. Cela bavarde beaucoup, cela décrit beaucoup, l'écriture manquant pourtant de souffle, accorde peu de place aux respirations.

J'aurais voulu être touché par la grâce d'une écriture qui m'aurait enveloppé de son étreinte charnelle, un peu comme la grâce d'une pietà qui naît des mains magiques d'un artiste au fond de son antre.

Il y a au coeur de ce texte l'idée folle de voler puis de retomber maladroitement au sol.

Le livre ressemble un peu à cela.

Il m'a manqué ainsi différentes choses qui font que ce livre restera pour moi une lecture ordinaire, plaisante certes, mais ordinaire.

J'ai attendu l'incandescence, le vertige, la lumière qui m'éblouirait, le sortilège qui me terrasserait.

J'aurais aimé trouver des aspérités dans les personnages, tout est un peu lisse ici comme le marbre des statuts.

De temps en temps, une petite phrase qu'on pourrait croire de toute beauté perle comme l'éclat faux d'un diamant ou l'écho d'une métaphore incongrue, vite emportée dans l'ennui des dialogues et le rythme d'un récit convenu.

Si encore les personnages avaient été attachants... En dépit de mon regard épris d'une certaine Viola...

Et si enfin, l'auteur n'avait pas été si complaisant, passant sous silence les pages les plus sombres de l'Histoire du Vatican, tant vis-à-vis du régime de Mussolini que du IIIème Reich...

Je pense que j'oublierai vite ce roman cependant pétri de quelques belles intentions, même s'il ne faut jamais se priver du plaisir d'une lecture divertissante et ce livre aura totalement répondu à mon attente de ce côté-là. Mais ce bonheur passera aussi vite qu'il fut venu, n'altérant en rien le moment que j'ai vécu.

Cette déception me rappelle cruellement que lire un livre, c'est renoncer dans le même espace-temps effrité et non élastique à confier nos humeurs étranges et solitaires au livre qui nous sauvera irrémédiablement de la médiocrité du monde.

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Des diables et des saints

Un vieil homme qui joue sur un piano public dans un aéroport. du Beethoven. Divinement. Il ne joue que sur des pianos publics, il ne se produit jamais sur scène malgré sa maitrise exceptionnelle. Il semble attendre quelqu'un. Il s'appelle Joe. Et il interpelle le lecteur dès la première phrase avant de le prendre par la main pour un voyage dans son enfance.



L'enfance comme moment fondateur de toute une vie nourrie de ce qu'il s'est noué durant cette période, rencontres, amitiés, amour. Comme une empreinte indélébile qui fait basculer à jamais un destin comme celui de Jo. Orphelin à 14-15 ans, placé dans un orphelinat religieux. C'est là que tout va se jouer pour lui.



Le thème n'est pas nouveau mais Jean-Baptiste Andrea en parle avec une grâce folle et une sensibilité très authentique. Ce n'est jamais facile de parler de l'enfance meurtrie, cela peut vite sonner faux, surtout dans les dialogues ou les situations. Mais là, jamais. Tout est juste, notamment dans sa subtilité à évoquer le temps et les souvenir. le temps qui fait mal , celui des maltraitances assénées par le personnel de l'orphelinat, sans misérabilisme lourdaud. le temps qui se suspend comme celui des cours de piano de M.Rothenberg ( sans doute les plus beaux passage du livre ). Les souvenirs d'amitié forte qui réparent, entre société secrète de la Vigie, émission radio doudou et bain de vent ( très belle idée ). Et le temps du premier amour qui porte le doux nom de Rose, inoubliable, définitivement inoubliable, salvateur.



J'ai souvent eu en tête l'image d'un Antoine Doinel lorsque j'ai lu car comme Truffaut, Jean-Baptise Andrea parle merveilleusement de l'énergie unique de l'enfance, celle qui propulse dans la vie. Il le fait avec son style élégant et fluide qui confirme son talent de conteur après Ma reine et Cent millions d'années et un jour. Avec une tendresse et un humour qui transcendent la tristesse de la perte d'une famille et la douleur de grandir dans un orphelinat sordide.



Si je n'aime pas beaucoup ce titre, très manichéen ( le roman l'est parfois un peu, j'ai tendance à préférer les récits plus ambigus qui floutent les frontières du Bien et du Mal ), je ne retiens que la lumière qui se dégage de ce roman très fort qui plonge le lecteur dans une émotion toujours juste et sincère.



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Veiller sur elle

« Des diables et des saints » étant l’un de mes plus grands coups de cœur des dernières années, je n’ai pas longtemps hésité à me jeter sur ce nouveau roman de Jean-Baptiste Andrea (« Cent millions d’années et un jour »), qui vient d’ailleurs déjà d’obtenir le prix du roman FNAC.



« Veiller sur elle » invite à suivre la fabuleuse destinée d’un sculpteur de génie, né en France de parents italiens en 1904. Suite au décès de son père lors de la première guerre mondiale, sa mère décide d’envoyer Michelangelo Vitaliani, dit Mimo, chez son oncle, maître Alberto, à Pietra d’Alba. Âgé de douze ans, le garçon, atteint de nanisme, se retrouve apprenti dans l’atelier d’un oncle, certes alcoolique et parfois violent, mais qui a au moins le mérite d’être sculpteur et de lui offrir ses premières armes dans la profession. C’est d’ailleurs en travaillant sur l’un des chantiers de son oncle qu’il rencontre Viola Orsini, la fille d’une des plus riches familles de la région…



Après les notes de piano dans « Des diables et des saints », Jean-Baptiste Andrea plonge cette fois ses lecteurs dans l’art de la sculpture en nous contant la genèse d’une œuvre bien mystérieuse, suscitant tellement d’émotions que le Vatican a pris le parti de la soustraire au regard de tous. Outre la naissance d’un artiste de petite taille, mais de grand talent, Jean-Baptiste Andrea narre également l’amitié entre deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer, mais qui ont cependant la même soif de grandeur et d’évasion. Lui, rêvant d’un succès qui lui permettrait de s’extraire de la pauvreté, elle, refusant son rôle de femme mondaine dans un société patriarcale qui entrave son indépendance et son instruction.



L’auteur déroule cette merveilleuse histoire d’amitié qui invite à réfléchir sur l’art, sur un fond historique qui traverse le XXème siècle, de la première guerre mondiale à la défaite du régime totalitaire mussolinien, en passant par une montée du fascisme qui obligera le jeune Mimo à faire des compromis entre son art et ses convictions, le tout servi par une plume poétique et débordante d’humanité.



Un récit sur l’art de sculpter qui ne devrait laisser personne de marbre !



Coup de cœur !
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Des diables et des saints

Il ne joue pas du piano debout. Assis, c’est quand même plus confortable. Berger sans troupeau, le prodige pianote du Beethoven dans les aéroports et les gares. Pourquoi Joseph exprime son talent dans ces lieux de passage ? Ni pour orchestrer le roulis insupportable des valises, ni pour mettre en musique les voix autoritaires des hôtesses qui sifflent le rappel porte 8 pour embarquer le cheptel et notamment les égarés du duty free, ni pour masquer l’annonce habituelle du retard de tous les trains en provenance de partout, ni pour passer le temps qui trépasse. En fait, Joe cache un secret et le dernier roman de Jean-Baptiste Andrea va nous le révéler avec virtuosité.

Cinquante ans plus tôt, devenu orphelin à l’orée de son adolescence, Joe se retrouva dans un orphelinat aussi lugubre que perdu dans les Pyrénées, le très bien nommé « Les confins ». Sonate au clair de lune. L’abbé qui dirige cet enfer est la réincarnation d’un grand inquisiteur, aidé par un ancien légionnaire sadique qui assure avec zèle son rôle de pion. Jeux interdits.

Pour résister à la maltraitance et rêver d’évasion, Joe va se lier d’amitié avec d’autres camarades, surnommés Sinatra, Souzix, La Fouine, Grenouille et Momo. Ils vont se réunir la nuit pour écouter en secret une émission de radio. Cette société secrète rappelle « Les disparus de Saint-Agil ».

Le jeune garçon va aussi se raccrocher aux souvenirs des cours de piano suivis auprès de son vieux maître qui l’incitait à chercher le rythme caché derrière les notes. Dans les sentiments.

Roman initiatique, Joseph va aussi rencontrer Rose, fille d’un riche donateur de l’orphelinat à qui il doit enseigner la musique tous les samedis et qui va lui révéler le solfège de l’amour. Ré mi fa sol, sans famille. Cela va twister dans le coeur de cet Oliver.

Autour de Joe, l’auteur construit des personnages très incarnés. Le récit est poignant mais ne sombre jamais dans le tragique gratuit. Il ne fait jamais l’aumône de larmes. A vot bon cœur m’sieurs dames. Certains passages comme celui du concours des histoires les plus tristes où chaque gamin raconte sa propre vie sont des bijoux littéraires. J’ai adoré cette faculté à rendre drôle des moments si tristes.

Si l’ambition de Jean-Baptiste Andréa était d’écrire la musique au-delà des notes, sa partition est parfaite et le zeste d’aventures qui pulpe le récit autour des enfants me fait regretter une seule chose : d’être trop vieux pour avoir la chance de pouvoir découvrir ce roman à l’adolescence. J’aurai adoré le lire en cachette à la lampe de poche, sous mes couvertures.

Rien à jeter dans ce roman, à part son titre, digne d’un Dan Brown sous morphine.

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Cent millions d'années et un jour

« Un jour Stan partira aussi, patience ! »

Stan a attendu près de cinquante ans avant de se lancer à l’assaut de son rêve ; avant de tordre le cou à la grisaille de la vie quotidienne, de fuir sa vie de taupe tranquille ; avant de tenter le tout pour le tout, et de transformer sa vie molle, terne et sans saveur en quelque chose de grandiose, de lumineux.

C’est une petite fille, de celles qui croient encore aux fées et au Père Noël, qui racontera de sa voix aigrelette à Stan, paléontologue brisé par les illusions perdues, un conte immense : dans une grotte coincée entre deux glaciers alpins, se trouve le squelette d’un gigantesque dragon.

Et le vieux Stan la croira. Il croira à cette improbable histoire juste parce qu’elle est belle.

Quel extraordinaire roman !

Un roman sur la force des songes, sur la valeur de l’amitié, sur la rancœur et le désenchantement qui pèse sur les épaules à mesure que l’on avance dans la vie. Un roman sur les blessures de l’enfance qui jamais ne se cicatrisent. Un roman plein de nostalgie et de rires qui parle d’une maman avec ses yeux d’Amérique pour qui l’on eut décroché la lune.

On referme ce livre le cœur lourd, mais heureux d’avoir accompagné Stan et ses trois compagnons dans cette quête immense et vaine. Et l’on se dit aussi que tous, avant qu’il ne soit trop tard, nous avons quelque part dans nos rêves, dans nos cœurs, un gigantesque squelette de dragon à découvrir.

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Des diables et des saints

Quel beau roman! « beau comme un do mineur » dirait Joe. Mais qui est-il donc? Au début de l’histoire, un vieux pianiste virtuose qui ne se produit que dans les gares et aéroports sur des pianos publics en n’ayant rien perdu de son énergie ni de sa flamboyance. Interpellant le passant apostrophant le lecteur il semble attendre quelqu’un. Puis on remonte le fil pour découvrir le destin de cet enfant fantasque à l’humour décalé devenu orphelin après que ses parents et son « insupportable sœur » disparaissent dans un crash aérien. La musique le constitue, très tôt « le rythme allait entrer dans ma vie...Le rythme de Dieu, celui du diable ».

21 juillet 1969, alors qu’Amstrong fait ses premiers pas sur la Lune, Joe pose un pied aux Confins, un orphelinat déshumanisé dirigé par un Abbé sinistre. Dans le lit 54 de sa « crypte » ce garçon lunaire prie ses propres dieux Beethoven et l’astronaute Michael Collins. Fasciné par la conquête spatiale ses pensées voyagent de la terre à la lune. Ce « grand pas pour l’humanité » intéresse la terre entière quand les petits pas de Joe n’intéressent personne. L’intime et l’universel se télescopent pourtant, conquête de soi et de l’univers finissent par se faire écho grâce aux adjuvants rêve et poésie. Intégré dans une bande avec d’autres enfants meurtris on suit leur aventures entre tristesse et joie, rudesse et tendresse, enfermement et liberté, fidélité et trahison, amour et haine, peur, abus, plans de survie, jusqu’à la rencontre avec Rose « l’extraordinaire » mais aussi «pimbêche, gâtée, trop riche » avec laquelle au départ Joe croise le fer. Son piano finira par devenir un moyen de communication, ses morceaux musicaux un appel. Avec un phrasé rhythmique dense JB Andrea fait battre la mesure à ses mots livrant un récit mélodique, poétique et dynamique qui nous emporte dans un grand tournoiement aussi entraînant qu’une valse. Un roman au thème sombre mais tellement lumineux par le traitement, par la musicalité, sa tendresse et son humour que l’auteur parvient à éviter les poncifs racoleurs et le mélodrame. Car dans ces pages la musique pulse autant que la vie. Une réussite.

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Cent millions d'années et un jour

Juillet 1954. Les récits d’un vieil homme aujourd’hui décédé ont convaincu Stan, paléontologue français d’une cinquantaine d’années, qu’un exceptionnel spécimen de squelette de dinosaure est caché dans une grotte, à proximité d’un glacier du massif des Dolomites, entre France et Italie. Se basant sur les maigres indices en sa possession, il entraîne trois hommes : son meilleur ami et scientifique Umberto, l’assistant de ce dernier, Peter, et un guide de haute montagne, Gio, dans une expédition de plusieurs semaines dont il espère enfin le couronnement de sa carrière.





Quel enchantement que ce livre ! C’est d’abord la beauté de l’écriture, le juste choix des mots, la poésie et l’humour des tournures, qui sautent aux yeux dès les premières pages. Puis, très vite, on se retrouve en apnée, embarqué dans une aventure dont l’issue dépendra autant des lois de la haute montagne, que des personnages venus dans cet implacable et dangereux huis-clos chargés des fantômes de leur passé.





Le récit, court et intense, est mené avec une efficace sobriété, dans un impitoyable enchaînement dont la fatalité et l’ironie se retrouvent jusque dans le titre, et où l’émotion, embusquée au plus profond des protagonistes, finira par prendre le lecteur à la gorge.





Récit d’aventure faisant la part belle à la montagne, cette histoire est aussi celle de la poursuite d’un rêve, le rêve de l’enfant blessé par la vie que fut Stan, et que l’adulte qu’il est devenu tentera finalement de réaliser à tout prix. Car quelle est la plus grande folie : perdre le sens de son existence en renonçant à ses rêves, ou risquer sa vie pour les réaliser ? Un livre coup de foudre, bien au-delà du coup de coeur.


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Ma reine

Été 1965. C'est en bordure de la vallée de l'Asse, dans une station-service obsolète, que vit le jeune garçon, âgé de 12 ans. Ça fait déjà quelque temps qu'il ne va plus à l'école. Depuis que le médecin a estimé qu'il était trop différent des autres. Alors, pour s'occuper, et après un temps d'apprentissage conséquent, il a le droit maintenant de remplir les réservoirs des rares voitures qui passent par là. Affublé de son blouson Shell que son père lui a donné, le sourire aux lèvres, il est heureux comme ça. Il n'embête personne et personne ne l'embête. Mais, le jour où il trouve un paquet de cigarettes et décide d'en fumer une, il manque de mettre le feu. Ses vieux parents se fâchent et appellent sa grande sœur, se plaignant de leur âge avancé pour s'occuper correctement de lui, sous-entendant que quelqu'un viendra le chercher bientôt. Pour prouver qu'il est un homme aux yeux de ses parents, il décide de partir faire la guerre...



Sur ce haut plateau perdu de Haute-Provence, celui qui se fera appelé Shell par sa reine va vivre des jours incroyables. Redoutant que ses parents ne le placent dans un institut spécialisé, le jeune garçon, parti pour faire la guerre afin de devenir un homme, un vrai, mais n'ayant croisé ni champ de bataille ni ennemi à abattre, va rencontrer la jolie et fantasque Viviane, une jeune parisienne en vacances. Au cœur de cette Provence magnifique, silencieuse et sauvage, sous un soleil écrasant, les deux jeunes adolescents vont nouer des liens singuliers. Jean-Baptiste Andréa nous plonge dans une ambiance onirique, presque surnaturelle, un peu hors du temps. Il décrit avec justesse et poésie les pensées de Shell, le regard qu'il porte sur lui, le rapport qu'il entretient avec les autres et le monde qui l'entoure. Shell, héros lunaire et doux-rêveur, est terriblement attachant. Une parenthèse enchanteresse et une véritable ode à la liberté et aux rêves. Un roman lumineux et sensible sur la différence.
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Cent millions d'années et un jour

°°° Rentrée littéraire 2019 #3 °°°



« Si nous ne sommes pas capables de croire à une histoire juste parce qu'elle est belle, à quoi bon faire ce métier ? »



En 1954, Stan est paléontologue. Il a organisé une expédition secrète aux confins d'un glacier alpin pour retrouver le squelette d'un dinosaure de type apatosaure ou brontosaure, simplement parce qu'une fillette lui a montré un os fossile de « dragon » et lui a raconté l'histoire de son découvreur. Une belle histoire donc.



C'est l'histoire d'une passion, d'un rêve. Une histoire qui a un petit goût de Jules Verne avec le récit de l'expédition à la recherche du squelette enfoui, elle joue avec le suspense pour savoir s'il existe ou pas, va être retrouvé ou pas.



Mais ce n'est pas dans cette direction que va Jean-Baptise Andrea, ou alors à la marge. Ce qui intéresse l'auteur, c'est le voyage introspectif, humain et quasi métaphysique que va constituer ce voyage au centre du glacier.

A mesure que les aventuriers avancent, le temps se dilate comme le titre le suggérait. A mesure que les épreuves s'amoncellent, les souvenirs refluent et éclatent comme des bulles : le premier trilobite, le chien Pépin, le seul et unique amour jamais consommé, le père redouté, la mère tant aimée, les déchirements d'une vie, ses regrets. Ces fragments d'une vie replacent l'homme à sa contingence temporelle face au défi que représente la quête d'un fossile qui surgirait après cent millions d'années.



Et à mesure que le temps se dilate, l'espace se compresse en un huis clos, celui du glacier. Un acteur à part entière, qui vit, avance, grossit au fil des saisons, fait peser une menace de plus en plus pressante. C'est lui qui fait sombrer le récit dans la folie existentialiste. Stan est un être libre, il se définit par ses choix, il définit lui-même le sens de sa vie et ce sens, c'est la quête du squelette qui la, envers et contre tous et tout, mais libre avant tout.



Je n'ai pas lu le premier roman de Jean-Baptiste Andrea, Ma Reine, je découvrais donc sa plume et l'ai grandement appréciée : poignante, vibrante, très visuelle et donc très généreuse pour le lecteur qui assiste en spectateur ému à l'emprise du temps et du glacier sur Stan et son rêve. Les cinquante dernières pages sont sans doute les plus belles et les plus fortes, entre lyrisme et nature writing. On a senti qu'elles arriveraient ainsi, avec cette issue, mais cela n'a en rien enlever à l'émotion qu'elle libère.



A paraître le 21 août 2019
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Veiller sur elle

En 1986, un vieil homme agonise dans une abbaye italienne. Il n’a jamais prononcé ses vœux, pourtant c’est là qu’il a vécu les quarante dernières années de sa vie, cloîtré pour rester auprès d’elle : sa Pietà et son chef d’oeuvre de maître sculpteur, que le Vatican a pris le parti de soustraire au monde et de tenir au secret, tant, sans que l’on sache se l’expliquer, la statue suscitait l’émotion et la polémique dans le monde. Qu’a donc de si spécial cette œuvre mystérieuse ? Et quel est le secret de son étrange influence, celé dans son tombeau de pierre en même temps que dans le silence de son créateur ? Nul ne saura jamais, à moins comme le lecteur, d’avoir accès aux pensées du mourant qui, en ses dernières heures, remet mentalement son histoire en ordre…





Né en France de parents italiens, Michelangelo, dit Mimo, perd son père lors de la première guerre mondiale. A douze ans, le garçon, atteint de nanisme, n’en dépasse pas moins déjà largement les talents paternels de sculpteur. Sa mère l’envoie donc chez son oncle, sculpteur lui aussi, à Pietra d’Alba. Exploité et maltraité par son parent plus assidu à manier la bouteille que les ciseaux, l’adolescent desservi par son physique n’est pas pris au sérieux lors de ses premières armes dans la profession. Mais, les chantiers de son oncle l’ayant envoyé chez les Orsini, les riches maîtres du village, il y fait la connaissance de Viola, la fille de la famille, qui, brillante et rêvant d’instruction et d’indépendance, se heurte elle aussi aux murs des préjugés inégalitaires, sexistes cette fois-ci.





Naît alors, entre Viola et Mimo qu’en apparence pourtant tout sépare, une formidable amitié qui, à défaut de jamais laisser la place à un amour impossible, malgré les séparations, les brouilles et les divergences de vue, ne cessera plus de lier ces âmes sœurs. Les deux devront se battre pour leurs rêves et leurs idéaux, Viola pour sa liberté de femme dans une société patriarcale qui la condamne à l’obscurité, Mimo pour celle de son art qui, en l’exposant bientôt à la lumière du succès, le place aussi au coeur des enjeux politiques du fascisme montant. « Toute frontière est une invention, il suffit de croire ». De la tyrannie intime à la tyrannie politique, cette foi leur vaudra chacun un chemin de croix aboutissant très symboliquement à la si dérangeante pietà… Une preuve s’il en fallait que, de nos jours encore, il n’est pas donné de bousculer les conventions structurant profondément la société, qu’il s’agisse de condition féminine, d’art ou de religion…





Campés avec autant de justesse que de tendresse, les deux magnifiques personnages de ce roman confirment la récurrence chez l’auteur des duos attachant platoniquement un jeune garçon malmené par la vie à une jeune fille plus mûre et plus forte au même âge. Un amour d’une grande pureté les lie, qui survit silencieusement aux circonstances faisant diverger leurs trajectoires de vie, et qui, avec toutes leurs failles et leurs complexités, les fait s’incarner dans une histoire lumineuse, habitée et universelle, un vrai moment de grâce et d’émotion, une ode à la liberté sur le fond historique d’une Italie à la fois terre de création artistique, de tradition patriarcale et religieuse, et, en ces années trente, d’invention du fascisme.





On ne se lasse décidément pas des beautés de plume de Jean-Baptiste Andrea. Sobre, poétique et d’une justesse parfaite, celle-ci souligne superbement l’universalité de ses histoires, entre amour le plus pur, sublimation artistique et préservation des idéaux fondamentaux. Coup de coeur.


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Veiller sur elle

Quelle aventure ! Quel roman riche en enseignements, en coups de théâtre et en surprises extraordinaires !

Jean-Baptiste Andrea, récompensé par le Prix Goncourt 2023 pour Veiller sur elle, m’a d’abord intrigué avant de m’entraîner sur les pas de Michelangelo Vitaliani, cet Italien né en France en 1904. Sur ses pas, c’est une prodigieuse plongée dans l’Italie de l’entre-deux guerres avec la montée inexorable du fascisme et l’influence importante de l’Église.

Michelangelo que l’on appelle Mimo, veut travailler la pierre comme son père. Il sera sculpteur. Ainsi, tout au long du récit plein de rebondissements, certains plus ou moins crédibles, je côtoie le monde artistique italien profondément marqué par un autre Michelangelo, Buonaroti celui-ci, que nous nommons Michel-Ange, et Fra Angelico, pour ne citer qu’eux.

L’histoire débute en 1986, retourne en arrière puis revient de temps à autre au monastère de la Sacra, dans le Piémont. Un moine qui n’en est pas un – il n’a pas prononcé de vœux – se meurt après quarante années vécues dans ces lieux. Il a 82 ans et il est là pour Veiller sur elle, une sculpture bien mystérieuse, une Pietà.

Si le mystère est complet, c’est l’histoire de cet homme qui va me captiver. Il est arrivé en Italie à l’âge de 12 ans. À sa naissance, on a remarqué un piccolo problema. Sa taille est anormale. Il souffre d’achondroplasie, de nanisme, mais il fait preuve d’une volonté , d’une force et d’un courage impressionnants.

Veiller sur elle, si ce titre s’applique à cette fameuse Pietà qui intrigue de la première à la dernière ligne, il me fait penser aussi à Viola Orsini, cette fille du même âge que Mimo, sa jumelle cosmique, comme Viola les définit. Leurs relations, à elles seules, donnent un intérêt puissant au livre.

Finalement, après quelques doutes, au début du roman, je me suis laissé emporter par l’écriture de Jean-Baptiste Andrea qui se révèle un fameux conteur. Il sait aussi bien me faire profiter des richesses naturelles de l’Italie du Nord que me plonger dans les bas-fonds de Milan, Gênes ou Rome, avec des descriptions toujours soignées. Il glisse même au passage quelques expressions en italien ou en latin.

Au travers du parcours de Mimo et de la famille Orsini, c’est tout un pan de l’histoire italienne que Jean-Baptiste Andrea me permet de suivre, en la vivant de l’intérieur, sur les pas de Mimo, de Viola, de leur famille, de leurs amis et de leurs ennemis.

Que souffle la tramontane, le sirocco, le libeccio, le ponant ou le mistral, les cinq vents dont Viola ne cesse de répéter les noms afin de les apprendre à Mimo, la prose de Jean-Baptiste Andrea m’emporte au bout d’une histoire captivante, émouvante, souvent bouleversante.

Veiller sur elle : un grand roman !


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Veiller sur elle

L’amour transcendé par l’art et vice versa.

«  Il est des absences dont on ne se remet pas ».

MA-GNI-FIQUE.Ce roman est habité par la grâce, la passion, la beauté.

Je rejoins la déferlante de la rentrée littéraire et l’engouement pour « veiller sur elle », emportée à mon tour par ce lyrisme propre à JBA, cette atmosphère particulière empreinte de magie qui rappelle un peu les contes et qui a un goût d’enfance, ce fabuleux souffle romanesque.

Jean Baptiste Andrea nous offre une incroyable fresque qui traverse un demi-siècle d’histoire italienne et dont la fin sublimissime m’a renversée.

« Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, je t’appelle du nom de tous les vents» 💨 et celle que le nabot MichelAngelo Vitaliani dit Mimo, sculpteur de génie, appelle désespérément dans ce chant incantatoire c’est Viola sa « jumelle cosmique », son alter ego. Son amie/ amoureuse éternelle.

Mimo est un adolescent pauvre lorsqu’il rencontre Viola, riche fillette un peu lunaire qui arpente les cimetières, alors qu’il est envoyé après la mort de son père en apprentissage chez un oncle acariâtre, sculpteur sans talent, pour devenir son apprenti. C’est dans la vallée italienne de Pietra Alba que Mimo s’entiche de cette fille singulière issue de la puissante et clanique famille Orsini. Selon la rumeur Viola aurait le don de se changer en ourse.



Le roman présente un récit à deux temporalités et débute en 1986 dans un monastère italien où Mimo âgé, entouré d’un cercle de frères, va rendre son dernier souffle. Il serait le sculpteur d’une œuvre mystérieuse à la beauté surnaturelle mise à l’écart du public dans une crypte ultra-sécurisé par le Vatican on ne sait trop pour quelle raison. C’est en se plongeant dans l’histoire de son sculpteur Mimo qu’on va être éclairé.



Dès leur rencontre Mimo le débrouillard et Viola la fille qui voulait voler, ne se quittent plus. La vie les séparera nombre de fois « nous ne savions plus qui était le miroir de l’autre », ils vivront une amitié « maintes fois rapiécée » mais « tout redevient toujours comme avant ». Avec poésie et sensualité l’auteur évoque le mystère de la création artistique et la relation au modèle.



Dans une Italie troublée par le fascisme leurs destins compliqués connaissent nombre d’aventures et de rebondissements : tentative d’assassinat, inventions de machine, convalescence, création artistique, voyage dans le temps, catastrophe naturelle, lutte antifasciste…

J’ai adoré le rapport à l’art, à la sculpture et à la création artistique, les descriptions sont magnifiques. C’est une histoire romantique d’une infinie délicatesse, emplie de fougue et de candeur.

« Tramontane, sirocco, libeccio, ponant et mistral, je t’appelle du nom de tous les vents » lecteur pour t’implorer de lire ce bijou au plus vite!
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Des diables et des saints

Comme la plupart des lecteurs, lorsque j’entame un livre, j’espère toujours rencontrer le coup de cœur. Il existe pourtant une catégorie supérieure à ces livres que l’on referme les larmes aux yeux, le sourire aux lèvres, le cœur palpitant ou avec le regret de devoir quitter des personnages foncièrement attachants : ce sont ces romans dont on balance le titre pour répondre à la question « Quels livres emporteriez-vous sur une île déserte »…ces petits chefs-d’œuvre que l’on n’emporterait pas seulement pour faire le plein d’émotions, mais surtout pour combler le vide… Je crois bien que « Des diables et des saints » fait partie de cette dernière catégorie.



Il y a des livres qui vous cueillent au fil des pages, mais il y a également ceux dont il suffit de lire seulement quelques lignes pour savoir qu’ils vont vous percuter de plein fouet…un genre de sixième sens, qui vous prévient que la vie autour de vous va s’arrêter jusqu’à ce que vous ayez terminer la dernière page. Ce n’est pourtant pas que chaque phrase vous donne envie de vous précipiter sur la suivante, plutôt même le contraire, le besoin de s’arrêter après certaines phrases car celles-ci ne se contentent pas d’être lues, mais vous transpercent parfois le cœur, parfois le cerveau, souvent les deux. Je ne compte pas le nombre de fois où je suis remonté en surface, déposant le livre, puis après un moment de silence me tournais vers ma femme pour lancer un énième « Mon Dieu que c’est bien écrit ! ».



Quand je vois comment un type comme Trump parvient à fédérer des millions d’imbéciles sur Twitter en alignant quelques mots appris en école primaire, je suis bouche bée, mais d’écœurement et de tristesse. La profondeur et la justesse que l’auteur de « Cent millions d’années et un jour » parvient à créer en alignant les siens me laisse également sans voix, mais d’admiration et de gratitude. S’il est question de rythme et de musique dans ce roman, le véritable virtuose se nomme Jean-Baptiste Andrea et lorsqu’il nous abandonne sur la dernière note ce n’est pas une ovation qui retentit, non… pas directement, car il y a d’abord ce moment de silence nécessaire au retour sur Terre, celui qui s’accapare du lecteur lorsque l’art laisse sans voix !



Normalement je devrais vous parler de l’histoire, des personnages, des thèmes abordés, de la narration et des autres éléments qui font toute la saveur de ce petit chef-d’œuvre, mais j’en suis bien incapable car je crois qu’il faut l’avoir lu/vécu pour pouvoir le partager. Quand ma femme me demandait de quoi ça parlait lors de chacun de mes retours sur Terre je disais que ça parlait d’orphelins, de musique, de religion, d’un vieux qui joue du piano, divinement, et de types qui ont marché sur la Lune, même si ce ne sont pas Amstrong et Aldrin les véritables héros de cette mission connue de tous, mais Michael Collins, l’astronaute qui se trouvait derrière la Lune, seul au monde, coupé de tout contact radio avec la Terre, un peu comme s’il était sur une île déserte…sauf que lui n’avait pas emporté ce livre avec lui pour combler le vide. Il aurait dû !



Beaucoup plus qu’un coup de cœur !
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Ma reine

1965. Exclu de l’école pour rejoindre bientôt un établissement spécialisé, Shell, douze ans et différent, décide de prouver qu’il n’est plus un enfant en partant faire la guerre. Sa fugue le conduit dans les hauteurs qui surplombent la station-service où il vit avec ses parents, dans les Alpes de Haute-Provence. Il y fait deux rencontres : une fille de son âge, en qui il ne tarde pas à voir la grande amie qu’il n’a jamais eue et pour qui il serait prêt à tout, et un vieux berger solitaire qui a ses raisons de se faire discret dans le maquis.





Comme dans Cent millions d’années et un jour, les protagonistes de Jean-Baptiste Andrea préfèrent quitter leur triste quotidien dans la vallée et le rude monde des hommes ordinaires, pour courir après leurs rêves et chercher la paix dans la solitude de la montagne. Dans les deux livres, le conte s’avère bien cruel et le prix à payer exorbitant.





L’innocence de Shell nous ouvre les portes d’un univers de tendresse et de fraîcheur, où, le temps d’une parenthèse que l’on sait bien devoir se refermer, comme une sorte de moment de grâce fragile et fugace, s’épanouit un amour pur et lumineux, touchant et merveilleux. Comme on aimerait faire durer ces instants et protéger la candeur de Shell de l’inévitable retour à la réalité ! Mais le serrement de coeur prémonitoire du lecteur se terminera bien dans les larmes.





Shell n’est-il pas l’incarnation de l’enfant tué en chacun d’entre nous, forcé de grandir et de perdre son innocence et ses illusions à son entrée dans l’âge adulte ? La mort est-elle le prix qu’il faut être prêt à payer pour préserver ses rêves ?





Ce premier roman court et poétique, beau et cruel, porte déjà les germes d’une thématique qui semble chère à l’auteur, explorée ici à l’émouvante hauteur d’un enfant plus vulnérable que les autres. Coup de coeur.


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Des diables et des saints

Un grand merci à Babelio et aux éditions L'Iconoclaste...



Bien qu'il joue divinement bien du piano, du Beethoven la plupart du temps, Joe ne remplit pas les salles sombres. Et pourtant, les gens l'écoutent. Surpris d'entendre une si belle mélodie dans ce lieu où chacun ne fait que passer. Orly, Roissy, Montparnasse, Union Station ou encore John F. Kennedy Airport. S'il joue, ce n'est pas pour être connu mais pour être reconnu...

Des décennies auparavant... Joseph vit paisiblement sa petite vie d'enfant auprès d'un père vendeur de matelas et de chaussures, d'une mère aux origines anglaises, d'une insupportable sœur et du vieux Rothenberg, son professeur de musique. Paisible jusqu'à ce que, tragiquement, sa jeunesse se termine le 2 mai 1969, à 18h14, lorsque l'avion qui transportait ses parents et son insupportable sœur s'écrase devant lui. C'est alors qu'il se rend compte qu'il n'a personne d'autre au monde. Il est alors envoyé à l'orphelinat, Les Confins, tenu d'une main de maître par l'abbé Armand Sénac et Grenouille, le surveillant général...



Dès les premières notes de musique, l'on tend l'oreille pour écouter ce que cet homme, assis droit devant le clavier d'un piano, nous murmure. Il nous prend ensuite par la main et nous emmène loin de cette gare, dans les montagnes pyrénéennes, où cinquante ans auparavant, après le décès si brutal de ses parents et de sa sœur, il a franchi les portes de l'orphelinat. C'est dans l'enceinte de ces murs qu'il va faire la connaissance d'adolescents comme lui qui laisseront une empreinte indélébile dans son cœur. C'est avec beaucoup d'émotions, de justesse et de sensibilité que Jean-Baptiste Andrea nous conte l'enfance de Joe. Des amitiés sincères et profondes à la rencontre inoubliable d'une Rose en passant par les coups durs, au sens propre comme au figuré, ou encore les trahisons, le séjour du jeune garçon marquera à jamais l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. Un roman très touchant et émouvant, pétri de tendresse, que la plume de l'auteur, élégante et profonde, accompagne au diapason...
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Veiller sur elle

En ce jour d’automne 1986, en Italie, un des trente-deux frères qui habitent encore l’abbaye se meurt. Ce n’est pas un mourant comme les autres. Lui, Il Francese, est le seul en ce lieu à ne pas avoir prononcé de vœux, et pourtant on lui a permis de rester pendant quarante ans. « Il est là pour veiller sur elle ». Elle, c’est cette statue qu’il a sculptée, cette Pietà, une œuvre majeure qui a sidéré et fasciné, celles et ceux qui ont eu le privilège de la contempler.

Luttant contre la mort, il se souvient… C’est ainsi que défile le récit de sa vie, à rebours.

Né en France en 1904, de parents italiens pauvres, Michelangelo Vitaliani dit Mimo est atteint d’achondroplasie, il est de petite taille. Il va découvrir son pays l’Italie, au décès de son père, en octobre 1916, lors de la Première guerre mondiale. En effet, sa mère l’envoie alors en apprentissage dans un petit atelier turinois, chez Zio Alberto, un sculpteur de pierres comme l’était le père de Mimo, mais sans envergure. Fin 1917, Alberto et son apprenti partent s’installer à Pietra d’Alba.

À l’extérieur du village, en lisière de forêt, se dresse la villa du très riche clan des Orsini.

Viola Orsini est la fille de cette famille prestigieuse. Elle est extrêmement intelligente, féministe et ambitieuse. Elle a même trop d’ambition pour se résigner à la place qu’on lui assigne et rêve de voler pour échapper à sa condition féminine.

Le jeune garçon est un nain, certes, mais il est beau et surtout il est un génie précoce qui a le don de comprendre la pierre et de savoir la tailler à merveille.

Ces deux êtres qui n’auraient jamais dû se rencontrer, vont, au premier regard se reconnaître et ne jamais se quitter. Entre la jeune et riche aristocrate et le modeste ouvrier sculpteur va naître une liaison platonique, ils ne pourront ni vivre ensemble, ni rester loin l’un de l’autre.

Veiller sur elle, de Jean-Baptiste Andrea, Prix Goncourt 2023 nous invite à suivre la destinée de ce sculpteur hors-pair dans l’Italie de l’entre-deux-guerres avec la montée du fascisme et l’arrivée au pouvoir de Mussolini. La religion, son poids, ses secrets, son influence dans de nombreux domaines sont présents tout au long du roman.

En parallèle à l’ascension du petit Mimo , Jean-Baptiste Andrea brosse avec talent le portrait parfois presque fantastique d’une femme prête à tout pour conquérir sa liberté. Il n’oublie pas les autres personnages qui sont tous, bien analysés psychologiquement, parfois peut-être de manière un peu caricaturale.

Ce roman d’amour inscrit dans ces années de fureur qu’a connues l’Italie montre bien le fossé qui existait entre les riches aristocrates et leurs journaliers quasiment asservis. Hymne à l’art en général et à la sculpture en particulier, il permet également d’en suivre l’évolution dans cette première moitié de vingtième siècle, sans oublier le cinéma, ce septième art, dont il est aussi question avec la visite du studio mythique Cinecittà, outil de propagande fasciste.

Les descriptions, telles des tableaux de peintre, somptueuses en couleurs, des jardins et de la forêt qui entourent la villa Orsini, du village de Pietra d’Alba avec sa pierre un peu rose, mêlées aux fragrances émanant des orangers, citronniers et bigaradiers m’ont donné l’illusion de me promener au cœur de ces paysages et procuré de belles émotions.

Veiller sur elle est certes un roman d’amour plein de rebondissements, habité par la grâce et la beauté, dont l’intérêt est augmenté par son déroulement dans une période majeure de l’histoire de l’Italie, pourtant je n’ai pas été emportée autant que je l’espérais, le trouvant un peu long et manquant d’éclat, trop foisonnant de thèmes divers.


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Des diables et des saints

Le vieux Joseph gâche ses talents de pianiste concertiste en jouant Beethoven à la perfection dans les gares et les aéroports, où il semble indéfiniment guetter quelqu’un. Cinquante ans plus tôt, un adolescent débarque au pensionnat religieux Les Confins, dans les Pyrénées. Récemment orphelin, il découvre privations et brimades dans cet établissement quasi pénitentiaire, où échouent enfants abandonnés ou différents. Mais il y aperçoit aussi Rose, une jeune fille dont la famille possède une résidence à proximité.





Le coeur du roman est très sombre, puisqu’il nous plonge dans la violence et la maltraitance subies par des enfants confiés à un pensionnat religieux. L’aperçu des conditions de vie ineptes, soigneusement camouflées pour ne pas transparaître au-dehors – châtiments corporels, mise à l’isolement, malnutrition, humiliations… –, s’accompagne du portrait au vitriol d’un homme d’église au coeur sec, totalement dépourvu d’empathie, obsédé par une discipline brutale et vengeresse. Sa cruauté, perversement dissimulée sous une façade charitable et paterne destinée aux occasionnels témoins extérieurs, s’exerce sans frein dans l’enceinte fermée qui livre à sa merci des victimes sans recours.





Pourtant, jamais le récit ne cède tout à fait à la noirceur. L’amitié et la solidarité entre pensionnaires, puis bientôt l’amour pour une jeune fille elle-même en rébellion contre la condition féminine de son milieu bourgeois, viennent préserver émotion et humanité dans un texte traversé par l’espoir, l’envie de liberté, et la beauté musicale. Nombreux sont les personnages bouleversants. A commencer par le vieux professeur de piano de Joseph autrefois, un génie bougon et exigeant qui n’aura jamais su à quel point il aura servi de tuteur à son élève. Mais aussi, Momo, l’enfant que sa déficience rend doublement orphelin, de sa famille et de lui-même, et pour qui l’enfer du pensionnat vaut encore mieux que ce qui l’attend au-dehors. Et bien sûr, Joseph vieilli, qui se souvient, et dont on devine, au travers des non-dits, le gouffre qu’est demeuré sa vie, lui permettant du même coup, avec une cruauté ironique, d’atteindre à son tour la perfection musicale.





L’on retrouve avec plaisir le style de Jean-Baptiste Andrea, son juste choix des mots et des images, avec toutefois le regret que l’écriture paraisse un peu moins travaillée que dans Cent millions d’années et un jour. Même si cette déception est toute relative, je n’ai pas retrouvé aussi nettement et aussi souvent la beauté des phrases qui m’avait alors séduite au-delà du coup de coeur, faisant de ce précédent roman de l’auteur une de mes lectures phares de l’année 2019. Cela n’empêche pas Des diables et des saints de rejoindre mes coups de coeur de 2021, la nuance de jugement s’établissant seulement entre l’excellent et l’exceptionnel.


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