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Citations de Jean-Baptiste Del Amo (322)


Ils ont acquis au fil des générations, cette capacité de produire et d’exsuder l’odeur des porcs, de puer naturellement le porc.
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-Tu peux me reprocher mon injustice, Fanny. C'est comme ça, les adultes ont des paroles, des gestes, qui hantent la vie des enfants et ils n'en savent rien.
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Comprenez bien, nous autres, ne pouvons supporter trop d’inquiétude, nous n’en avons point l’habitude. C’est chose différente pour les gens de peu, eux grandissent avec, sont sans cesse sollicités.


Car, en ce temps, comme en tout autres, le moindre éclat, la plus fine brèche, la négligeable variante était à l’homme un plaidoyer pour toutes ses infamies.

Il serait cependant injuste d’en tenir rigueur à votre maître, continuait Étienne de V. Il est de ces existences dont il faut noyer la langueur sous peine de succomber. Pour ceux qui n’ont pas le courage d’y mettre un terme de leur main - c’est le cas de notre homme–, le sommeil est le plus doux des palliatifs .

À ce jour, personne ne s’inquiète. La noblesse n’est pas de ces institutions qui se préoccupent de leur finitude. Elle estime avoir ce qui lui est dû, se fiche bien du reste du monde, oublie qu’elle en dépend. L’aristocrate est aveugle et indolent.

Le peuple est tiraillé par son désir de divertissement, son voyeurisme et la toute-puissance de la royauté qui décide ou non de son droit à vivre. Bien sûr, il veut faire payer au criminel le prix fort, mais dès lors qu’il s’aperçoit être complice d’une justice qui le répugne, il oublie le monstre, commence a voir l’homme. Une mort sordide éveille trop les consciences pour qu’il soit possible de rester spectateurs et passifs. Alors à défaut on s’insurge.

Elle est ravie de se citer elle-même, pensaGaspard, comme si elle détenait je ne sais quelle vérité universelle.

Il a la lointaine certitude que jouir est l’unique plaisir de l’existence et se demande pourquoi des fardeaux identiques à ceux qui sommeillent dans le silence de la chambre blâment aussitôt cette bénédiction.
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Il avait souhaité la Seine, la Seine avait épuisé sa convoitise. Ses flots hébétaient l’esprit comme ils limaient la peau, ne laissaient qu’une poussière de morale, un sédiment de conscience. Et n’était-ce pas la Seine encore dans la bouteille que Lucas faisait teinter, ébréchant le bord de leurs verres ? Ce liquide, noir, bientôt dans la nuit tombée sans qu’il s’en fût aperçu, était l’essence même du fleuve.
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On lui avait enfin parlé ; se dit-il avec satisfaction. Pas grand-chose, mais ces quelques mots prouvaient qu’il existait en cet instant, qu’il investissait Paris de sa présence.
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Quimper, souvenir auréolé de blanc. Un blanc insondable, abstrait. Quimper, éloignée par une éternité, curieusement gommée de son esprit. Il était étrange de penser que quelques semaines de voyage l’avaient mené ici. Ces étapes s’étaient estompées. Il avait conscience du périple mais une conscience éthérée, déjà voilée. De cette errance, ne restait qu’une succession d’images, de tableaux, incertains. Au-delà, soit dix-neuf ans durant, son existence appartenait à une autre réalité. La vie d’un homme qu’il avait sans doute été, mais sans relation avec l’instant présent.
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…et peut-être même croit-elle une dernière fois – avant que ne s’abattent sur les Roches la folie des pères si longtemps contenue, le poison transmis aux fils d’une génération à l’autre, jusque là tapis dans les profondeurs de la montagne – que la paix est possible, qu’ils finiront par trouver ici une harmonie et que tout, dès lors, sera apaisé.
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Jonas a le pressentiment que Nadia ne luttera pas, et la potentialité de sa mort, nichée au cœur de ce jour d'été, est insoutenable. L'été. Aucune saison ne lui semble soudain plus redoutable. Les jours de désastre sont souvent les jours d'un soleil qui n'en fait paraître que plus impitoyable et d'une violence inouïe cette beauté figée par la lumière; cette cristallisation du monde où la mort et la débâcle se glissent, insidieuses, souveraines, et calmes, sûrement. Pourquoi, pense Jonas, faut-il que les choses que l'on croit acquises basculent soudain et nous confrontent à notre propre insignifiance?
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Des images affluaient, se jetaient dans l'opaque mer de ses songes sans qu'elle cherchât à démêler les parcelles de sa vie de celles, réelles et supposées, de l'existence de Louise. Comme autant d'atomes, les rêves étaient des bribes et composaient un tout, une illusion.
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Louise avait accepté le jeu de séduction d'un homme qu'elle trouvait désormais, face à elle, insignifiant. Elle s'était prêtée à sa caresse et avait mis en péril la vie de son fils. Elle était salie par cette main, par le souvenir de son impression sur sa peau. Salie d'un adultère auquel jamais elle n'aurait supposé se prêter, avec un homme qui lui inspirait l'exact contraire de ce qu'elle devait aimer par-dessus tout. La peur, la rancœur et l'humiliation métamorphosaient la plage et le paysage dont elle avait cru percevoir la dimension poétique et infinie.
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Parfois, l'idée de sa finitude l'indiffère cependant? Quand, vers les cinq heures du matin, il se trouve au bord des Plaines et que la nuit laisse place au jour. Elle ne se dilue pas, mais cède, se fissure comme un émail bleu royal derrière lequel sourdent les veines de nues aux couleurs des rosiers sauvage; alors, la mort lui semble moins redoutable, comme s'il s'agissait jamais que de faire partie de tout cela, une bonne fois pour toutes: les terres versicolores, la lumière jaillie en de grandes nappes chaudes, le chant timide des oiseaux, la brise tiède et poudrée par l'odeur des champs.
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Aux cieux brûlés des soirs mornes succèdent ceux, métalliques, des matins torpides. Les femmes se réveillent et se vêtent à l'heure où se levaient et se vêtaient les hommes. Elles apprennent à aiguiser la lame des faux, elles empruntent le chemin des champs, le manche des outils sur l'épaule, vêtues de leurs robes grises. Elles fauchent, sarclent, bêchent, redoublant de force et de ténacité. Elles suent et crachent comme eux dans la poussière. Elles conduisent les charrettes, les brouettes à claire-voie, elles mènent les mules et les hongres. Elles nouent les javelles et hissent les ballots de paille. Elles s'endorment au crépuscule sur le bout de tissu qu'elles ravaudent, l'aiguille dont elles ne distinguent plus le chas planté dans la corne d'un pouce.
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Il se remémorait pourtant, à la cadence de ses pas, la ferme et l’odeur âcre du feu de bois, la suie sur le mur avalant la lumière des flammes ; la forme de la mère tricotant de ses mains tortueuses dans un coin de pièce, sous une couverture de laine. Ses cheveux tombaient en un rideau grisâtre, s’emmêlaient devant son visage tavelé.
Puis la froide stature du père. Étrangement, les traits de la mère étaient présents à l’esprit de Gaspard, mais ceux du père s’étaient fondus en une masse brouillonne. À l’évocation du mot, seule apparaissait la silhouette, découpée dans le contre-jour sale et terne d'un encadrement de porte.
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Elle s'habille indifféremment de vieux pantalons de jogging et de pulls trop larges puis, l'été venu, de débardeurs échancrés, de robes et de tuniques de coton qu'elle porte seins nus. Il semble la plupart du temps qu'elle n'accorde pas de véritable attention à son apparence, ou qu'elle soit consciente du charme qui est naturellement le sien : sa joie, sa nonchalance orageuse, ses sursauts de mélancolie qui la rendent brusquement ténébreuse, dévoilant les courants profonds de son âme.
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Depuis son plus jeune âge, et sans qu'elle en comprit la raison, elle éprouvait une angoisse à l'idée de laisser l'enfant seul avec son père. Il arrivait à Armand de le scruter avec exaspération, d'un regard méprisant, coléreux, quand bien même le garçon jouait dans le calme. Louise l'avait senti, la naissance de Jonas avait chamboulé quelque chose qu'elle pouvait désigner ou nommer, mais dont elle éprouvait violemment la fêlure. Elle voulait se convaincre qu'il était naturel qu'un homme dont le commerce est celui de la mer cherchât le calme dans son foyer.
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L'absence des hommes ouvre une faille, une autre réalité possible. L'épuisement causé par leurs fonctions nouvelles dévoile aux femmes une autre image du monde, dans laquelle elles figurent libres et responsables. Ce n'est pour l'heure qu'une sensation, une impression brève innommable, et qui surgit parfois dans la nuit. Leurs rêves voient revenir les hommes de la guerre, mais rien n'est pareil et avec eux, semble s'en être allé un monde archaïque.
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Ils marcheraient vers elle, ses enfants, sa chair, ses vies encore à vivre. Son regard les embrasserait de bienveillance. Le gravier de la rue crissant sous leurs pas, bercés par leurs illusions, ils sentiraient son amour densifier la nuit et ceindre leurs cœurs. Elle penserait: Ai-je échoué à protéger les décombres de leurs vies? Suis-je, comme toutes les mères, une perdante?
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Le jour morcelé par les branches des arbres et réfracté par le frémissement du courant éclabousse la peau blanche de la mère, l'ovale plein de son ventre l'engorgement de ses seins aux larges auréoles sombres. Sous le coton mouillé de sa culotte, à mesure qu'ils s'enfoncent dans l'eau, le fils devine la toison noire, le renflement du sexe.
Jamais elle n'a devant lui de pudeur inutile. Elle considère le corps de l'enfant comme le prolongement naturel du sien, prend différemment le bain en sa présence, rince son entrecuisse au bidet dans lequel elle laisse parfois tremper pour la nuit, dans une eau savonneuse et bientôt rose, ses dessous tachés de sang.
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Les aubes parme succèdent aux nuits étincelantes que le fils n'a jamais connu si pures, avec leurs astres enchâssés dans une obscurité parfaite. Il reste parfois dehors, le soir, au début de l'été, dans le parfum des herbes fermentés lorsque la terre exhale la chaleur accumulée tout le jour par moments traversée de courants d'air froid, et que les ténèbres bruissent du frissonnement et des cris perçants des oiseaux de nuit.
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Elle n'a pas non plus chercher à remplacer les meubles délaissés par les anciens copropriétaires, les cadres représentant d'obscures reproductions de gravures pittoresques qui, délogés de leur sempiternelle place, pivotés sur leur clou, laissent paraître une version antérieure du papier peint, aux contrastes plus marqués, aux couleurs plus vives, ressuscitant une époque lointaine, la maison rappelant à l'enfant que lui et sa mère ne sont jamais que de passage entre ses murs.
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