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Critiques de Jean-Baptiste Del Amo (465)
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Règne animal



Le fond : vie et mort d’une exploitation agricole sur cinq générations de paysans.

La forme : une écriture d’une grande richesse, avec des descriptions minutieuses et des dialogues réalistes.

Pour conclure, bien écrit, ce livre âpre sur le thème l’homme est un loup pour l’homme (et que dire pour les animaux) n’est pas sans rappeler la Terre de Zola.

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Règne animal

La ruralité avec laquelle nous confronte Jean-Baptiste Del Amo n’a rien de bucolique. C’est d’abord celle du début du XXème siècle, dans une ferme modeste, un petit élevage porcin où le travail se fait encore à la main. Le paysan est réduit à sa fonction, son individualité vampirisée par le labeur auquel il est entièrement voué. Le quotidien est déterminé par d’immuables rituels transmis de génération en génération. Il reste d’ailleurs anonyme, désigné comme le père. Le monde intérieur de cet homme qui se tue à la tâche, vaillant et opiniâtre mais sans ambition, est passé sous silence -lui-même est un taiseux-. Il en est autrement de son corps façonné par la rudesse d’une existence dont les stigmates sont abondamment dépeints.

Le père vit avec l’épouse, femme bigote et avare, qui ignore la joie ou la tendresse, et qui impose sa férule puritaine et méprisante sur un foyer qui compte, hormis le couple, une fillette, la seule du trio à être nommée -Eléonore-, sans doute parce que c’est elle qui fera le lien avec les générations futures. Si cette dernière connait de rares moments de tendresse avec le vieux, elle sait ne devoir attendre aucune affection de sa mère, qui se contente de lui transmettre le savoir des tâches quotidiennes qui incombent à leur sexe. En grandissant, le père ayant fini par succomber à la maladie qui pendant de long mois lui a dévoré les poumons, Eléonore nourrit envers celle qu’elle ne considère que comme sa génitrice une haine et une défiance qu’elle entretient en silence.



Elle se rapproche en revanche de Marcel, le cousin venu les aider à tenir l’exploitation, jusqu’à ce que la guerre le lui enlève.



Jean-Baptiste Del Amo nous immerge littéralement dans cette rusticité crasse. Son écriture, en un flux aussi dense que précis, oppose sa profusion au mutisme de ses personnages. Il évoque la vie sous toutes ses formes -humaine, animale ou végétale- et sans les hiérarchiser, pourvoyant d’une langue cet univers sans parole mais riche de sons, et ne se contentant pas de ne décrire que le visible, puisqu’il porte aussi à notre attention les frémissements imperceptibles, les bruissements souterrains, les mécanismes de pourrissements à l’œuvre. Il nous collette ainsi avec une dimension organique qui prend des proportions parfois orgiaques, et souvent répugnantes.



Sous la plume de l’auteur, la ferme est un monde où s’entremêlent la vie, la mort et la copulation, royaume des excrétions et des puanteurs qui englobe naturellement l’homme, ainsi ravalé au rang de l’animal, comme le suggèrent certaines descriptions physiques -évoquant par exemple le cuir boucané de la peau- ou comportementales -l’épouse qui urine les jupes soulevées à même le tas de fumier, ou qui se débarrasse en quelques minutes du résultat d’une fausse couche qu’elle donne à manger aux cochons…-. Rien ne nous est épargné non plus de la violence qui régit le rapport aux animaux, la brutalité des châtrages, les coups donnés au chien avec tant de force qu’ils paralysent son arrière-train, les mises à mort sanglantes…



La deuxième partie nous projette au début des années 1980. La petite exploitation familiale est devenue élevage industriel. La descendance d’Eléonore cohabite dans une même maison. Ses deux petits-fils ont grandi dans la peur et le désir de satisfaire un père fruste et autoritaire. Tous trois s’échinent à la principale activité que requiert la porcherie, univers en perpétuelle expansion, immense infection qu’il s’agit de contenir et de contrôler : recycler la merde. Les bêtes sont confinées dans un entrepôt éclairé de lumières blafardes et artificielles, baigné d’un perpétuel fracas, où leur puanteur se mêle aux odeurs d’ammoniac.



Si la mécanisation a rendu les conditions de travail moins harassantes qu’au début du siècle, elles restent néanmoins très pénibles. Piégés par le cercle vicieux consistant à produire toujours plus pour rembourser les emprunts à l’origine de l’agrandissement constant de l’exploitation, les éleveurs sont pris à la gorge, broyés par le roulement désaxé d’un mécanisme fou qui alimente un vaste dérèglement dont l’élevage est au cœur, mais qui en même temps le dépasse.



"(…) la porcherie comme berceau de leur barbarie et de celle du monde."



Un texte puissant, qui vous met le cœur au bord des lèvres.
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Comme toi

Alors oui on sent la tendresse dans ce livre. La Pauline Martin touch. Les dessins sont agréable et doux. Mais l'histoire est très simple. Très humaniste. J'ai capter mon fils de 2 ans jusqu'au bout de l'histoire. Pas de nom au personnage donc pas d'identification, c'est tout le monde et n'importe qui....bref c'est pas Archibald que mon fils me réclame de longue.
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Le fils de l'homme

"Le Fils de l'homme" de Jean-Baptiste Del Amo nous plonge dans le destin tragique d'une famille paysanne du Sud-Ouest de la France, sur plusieurs générations. Au travers de descriptions minutieuses et d'une intrigue captivante, l'auteur nous dépeint la vie rude et impitoyable des protagonistes, entre amour, sacrifice et désespoir.



Ce roman a été une véritable révélation pour moi. Initialement sceptique à l'idée de me plonger dans un roman aux descriptions abondantes, j'ai été agréablement surpris de constater que celles-ci étaient en fait l'un des points forts de l'œuvre. Les descriptions détaillées m'ont transporté dans un monde riche en sensations et en atmosphères, ajoutant une profondeur et une dimension supplémentaires à l'histoire. Les personnages, à la fois attachants et détestables, m'ont ému et interpellé, contribuant à rendre cette histoire encore plus puissante et mémorable. C'est un roman d'une force incontestable, qui m'a profondément marqué et que je recommande chaudement à tous les amateurs de littérature.
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Le fils de l'homme

Un homme, un père absent qui revient, et qui trois petites semaines plus tard, emmène sa femme et son fils dans la montagne, dans un mas délabré, isolé. Mas, dans lequel son propre père est mort, fou…



Le rythme de lecture est haletant, sans pause, dans une longueur tendue. L’ambiance est angoissante, terrible, effrayante. Dès les premières pages, cet homme, ce père, on en devine les contours monstrueux.



Un livre angoissant sur l’emprise de la figure paternelle.



Cependant, il est compliqué d’apprécier pleinement l’écriture et le style lorsque l’on a lu « Sukkwan Island » qui balaye par sa perfection ce livre qui reste tout de même plaisant.
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Règne animal

La thématique de la souffrance animale est de plus en plus abordée en littérature. Il n’est pas étonnant que Jean-Baptiste Del Amo, militant de la cause et végétalien, ne s’en soit saisi dès 2016 avec « Règne animal » qui retrace l’histoire d’une exploitation agricole familiale du Gers, vouée à devenir un élevage porcin intensif, de la fin du XIXe siècle à 1981. Un roman sur l’humanité des animaux et la bestialité des hommes…car si les animaux sont conduits sans ménagement à l’abattoir, les hommes eux seront engloutis à leur tour dans « une boucherie » abominable, celle de la guerre 14-18.



Le récit s’articule en deux parties. La première se déroule à la veille de 14-18, la seconde en 1981. En trois générations, une ferme familiale du Gers se transforme en élevage porcin industriel, cruel pour les bêtes, dévastateur pour les hommes.



Cette fresque familiale et historique, au goût de tragédie antique, revêt parfois des accents de « fable » avec une morale évidente en établissant un parallèle entre la souffrance animale et celle des hommes, en montrant comment l’exploitation forcenée des uns entraînent l’avilissement forcé des autres.



Car Jean-Baptiste Del Amo ne signe pas ici un simple roman, il livre aussi un véritable combat, celui de la cause animale. Ce texte porte une critique particulièrement forte des dérives de l’élevage industriel intensif et de l’acharnement de l’humanité à domestiquer la nature.



Pas de place pour le charme de l'imaginaire ni pour la poésie rustique, Jean-Baptiste Amo opte pour un réalisme sale dans ce roman. Le lecteur est littéralement plongé au fin fond de la campagne profonde, les deux pieds dans la bouse. Tout le lexique scatophile y passe.



À l’aide de cette écriture âpre et de descriptions sans détour des affres de la vie à la ferme, ce texte s’insurge contre la violence faite aux animaux et s’interroge sur un curieux parallélisme, la transmission de cette brutalité d’une génération à l’autre, posant au final la question de notre humanité.



La souffrance animale est LE rouge du roman mais d’autres thématiques tout aussi intéressantes sont abordées, telles que le retour de guerre des « gueules cassées » ou encore comment vivre son homosexualité dans le monde paysan. C’est violent, cru même, parfois descriptif à l'excès, mais c'est finement documenté.



Militant mais pas dogmatique, courageux et inspiré, le texte met en lumière nos contradictions et le rapport hypocrite des hommes envers des êtres dont la sensibilité est niée jusqu’à l’aveuglement : Jean-Baptiste del Amo interroge nos consciences face à des réalités désormais connues et pose in fine la question de notre prétendue humanité.
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A nous la Terre !

A nous la Terre ! Les écrivains s’engagent pour demain a été publié à l’initiative de WWF et de Folio, Isabelle Autissier en a écrit la préface et tous les bénéfices seront redistribuées à WWF.

Il s’agit de 9 nouvelles écrites par des auteurs très différents qui partagent tous une expérience qu’eux-mêmes ou une personne ont eu en lien avec la nature.

Les nouvelles sont très différentes. Cela peut être la rencontre avec un animal, la beauté de la montagne, des souvenirs d’enfance à la campagne…

On sent parfois la désespérance devant la catastrophe climatique et la pollution, mais le livre est avant tout apaisant et agréable à lire. Il veut nous faire partager la beauté du monde, l’idée d’un tout.

Il se lit très vite et j’ai eu beaucoup de plaisir à le parcourir. A lire et pas que pour la bonne cause.
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Règne animal

Waou ! Ça déménage !



Je suis contente d’avoir fini ce livre - que je n’aurai pas lu sans les recommandations d’un ami.

Mais j’avoue que j’aurais du mal à le conseiller.



Le style est cru, sans fioritures.

Tout est carré, pragmatique, réaliste, sans place à l’évasion et encore moins à la rêverie.



Le choix de l’élevage porcin rend la situation encore glauque et difficile à lire (qui a de la sympathie pour les porcs?).

J’ai d’ailleurs souvent eu le cœur au bord des lèvres.

Mais pourtant, ça le fait !



On est plongé dans cet univers à suivre cette famille sur un siècle. Avec une deuxième partie sur la première guerre mondiale très poignante.



Je ne suis pas prête d’oublier ce roman.



Mais vous l’aurez compris : âmes sensibles, notamment au bien-être animal, passez votre chemin !



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Une éducation libertine

Ce livre est très bien écrit du style de Mme de Bovary a Zola , l'auteur utilise et sait manier l'art des codes de la littérature française .



Ce roman est mélancolique , dramatique et a la.fois si beau . On se laisse aller au gré des déambulations du héros . On découvre un paris sale un paris rongé par la pauvreté et la gangrène .



L'éducation libertine se fait par la destruction de sa personne de son être le plus profond . Un peu dans le schéma de Gervaise de l'assommoir . On y retrouve cette rythmique d'ascension et de chute .



L'homosexualité est abordé avec délicatesse comme la prostitution ou les viole ces lié a l'époque où ce roman nous plonge .



C'est un très bon bouquin qui se lit vite malgré des mots des fois plus complexes que dans les livres dit contemporain . J'ai adoré ce travail de style et cette recherche dans le vocabulaire et la façon dont chaque ressenti nous est conté.
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Le fils de l'homme

A 17 ans, elle tombe enceinte d'un bad boy exalté et franchement border line.

A ses côtés, elle rêve de liberté et d'aventure, loin d'une mère réprobatrice et engoncée dans une existence étriquée.

Quand le gosse a trois ans, le père disparaît des radars, sans une explication. Elle fait bravement face.

Deux boulots, une petite maison ouvrière, une voisine compatissante au bout de la rue.

Loin de ce qu'elle imaginait, elle est néanmoins heureuse avec son renardeau.



Six ans plus tard, le géniteur ressurgit brusquement, clamant son droit de père et de compagnon.

Sa présence plane comme une ombre malfaisante, on comprend dès lors que tout cela ne peut que mal finir.

Il les entraîne aux Roches, dans une bergerie croulante, perdue en altitude. Une dalle de ciment humide, un toit aux solives pourries, c'est sous cet abri qu'il a grandi, seul avec un père qui ne s'est jamais remis de son veuvage, puis d'un accident de scierie qui lui a couté un bras.

La râge, la colère et la douleur l'ont tenu debout.

Il a fini par sombrer dans la folie, infusant son poison dans l'esprit de l'enfant.

C'est cet héritage que doit porter le renardeau à son tour.



Du style Del Amo, on ne reparlera pas.

Sa matrise linguistique est stupéfiante.

Pour le coup, il a usé et abusé des adjectifs et autres métaphores.

Les descriptions sylvestres guettent chaque coin de page.

C'est presque trop.

La fin reste suspendue comme une balle tirée à bout portant qui flotterait indéfiniment dans les airs.



Le joyau du livre est son prologue qui, toujours sur le fil de la transmission, nous transporte à la préhistoire.



Trop noir, trop long, trop serré.

Étouffant et délétère.

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Le fils de l'homme

Cela me tentait bien de passer un moment dans la montagne, coupée du monde en mode survivaliste, avec pour seule compagnie un enfant, sa mère et son père. Cependant à peine arrivée à la vieille grange à moitié en ruines dans laquelle la famille s'isole, j'ai failli abandonner l'aventure tant l'afféterie du style adopté par l'auteur m'a agacée. Je n'en pouvais plus des descriptions à n'en plus finir, de la surabondance d'adjectifs, du vocabulaire trop recherché pour coller au sujet (ex: "ouverture fenière" pour dire fenêtre ou lucarne) qui donnent au texte lourdeur et air artificiel. Ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais ni ce dont j'avais envie ! Pendant quelques pages je n'ai pu lire qu'en relevant le nombre d'adjectifs ou en imaginant l'auteur plongé dans un manuel de botanique à la recherche de noms et descriptions de végétaux.

Par pure paresse j'ai quand même continué ma lecture en abandonnant tout esprit critique, et bien m'en a pris car petit à petit j'ai réussi à m'adapter en ayant même eu l'impression que plus l'histoire avançait et que l'atmosphère devenait pesante, plus le style s'allégeait de ses encombrantes prétentions esthétiques. En calmant les ardeurs de sa plume, l'auteur revient à l'essentiel avec une écriture plus sobre, donc plus proche de la détresse de ses personnages.

Finalement, un bon moment de lecture...
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Le fils de l'homme

Dans ce lieu isolé, à la fois sanctuaire et piège, l'homme, père tourmenté, cherche désespérément à réparer les erreurs de son propre père et les siennes, pensant offrir un refuge tout en devenant lui-même le catalyseur de la chute et de la destruction. L'héritage, teinté de brutalité, se transmet comme une malédiction à briser, un poids à porter.

Dans ce récit brut, l'auteur explore avec une plume d'une rare beauté la dualité entre la majesté de la nature environnante et la noirceur des rapports humains. Entre la colère sourde, les violences feutrées et une folie latente, l'écriture, tout en retenue, distille une atmosphère étouffante, capturant magistralement la détresse et la désolation qui habitent chaque ligne.

"Le fils de l'homme" m'a profondément touchée par sa froideur poignante et sa beauté austère.
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Comme toi

L'illustratrice des histoires d'Archibald s'est ici liée à l'auteur Jean-Baptiste Del Amo pour nous servir un très bel album engagé pour la protection animale. Sur chaque double-page faites découvrir à votre enfant que lui et les animaux ne sont pas si différents.
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Le fils de l'homme

D’une écriture maitrisée, dont la richesse des phrases s’illustre par l’abondance d’un vocabulaire recherché, Jean Baptiste Del Amo offre une épopée intime entre trois êtres, au coeur de la violence, dans le sillon d’une montagne abandonnée par l’humanité où la nature reprend ses droits sur des hommes nourris par la noirceur, transmettant les préceptes de la colère et de la rage aux fils en pleine éducation.
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Le fils de l'homme

En commençant son roman avec un témoignage ancestral sur l’errance d’une tribu primaire, Jean-Baptiste del Amo plante son décor au coeur d’une nature violente et implacable. Avec cette mélopée, l’insignifiance de l’homme s’inscrit dans la majesté de la nature.

Lorsque le père débarque après six ans d’absence au domicile de sa femme et son fils, l’instinct de prédation hante encore mon esprit. Et pourtant, le père parvient à convaincre sa femme d’un possible renouveau en passant l’été aux Roches, une maison en pleine forêt appartenant autrefois au grand-père.

L’enfant est très proche de sa mère, aimante et douce malgré les fortes migraines qui parfois la terrassent.

Il garde certaines réserves envers ce père retrouvé. L’homme tente pourtant de lui faire plaisir en l’emmenant à la fête foraine, en lui faisant découvrir des fossiles, en lui fabriquant une fronde ou lui apprenant à tirer au pistolet.

Mais souvent, la folie semble posséder cet homme, hanté par l’éducation d’un père sauvage et autoritaire. Cet homme ne croit plus en l’amour et perpétue la violence de son enfance.

Malgré quelques pauses magiques comme ce moment de complicité entre la mère et le fils lors d’une baignade dans le torrent ou les balades en forêt jusqu’à un troupeau de chevaux sauvages, la tension est omniprésente.

Un acharnement du père à créer un potager dans un sol pierreux, un orage violent qui finit de transformer la maison en ruine sont autant de menaces impalpables comme l’annonce d’un drame imminent que rien ne pourra empêcher.

Aux côtés de cet enfant qui découvre la cruauté du monde des adultes, nous sommes plongés dans une spirale implacable. La tension monte graduellement jusqu’à l’horreur, l’indicible. Et pourtant, dans sa langue enveloppante, avec ses descriptions remarquables d’une nature belle et sauvage, l’auteur nous enchaîne à un récit puissant impossible à lâcher.

Une très belle découverte d’auteur. Et fort heureusement, j’ai deux autres titres qui attendent dans ma pile à lire.
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A nous la Terre !

Jài lu les histoire extraordinaire et les nouvelles histoire extraordinaire d Edgar Alan Poe. J’ai lu les nouvelles de Luis Sepulveda. J’ai lu les nouvelles de Gabriel Garcia Marquez. Et j’aurais lu ce recueil de nouvelles au bénéfice du WWF.

Un amour à la plage mille fois mieux imaginé, un appel à la mer au bout duquel je n’oserais aller. De bonne plumes au profit de la nature.
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Règne animal

Voilà une lecture exigeante qui réclame un bon dictionnaire, une grande attention et un cœur bien accroché.



Aduste, andain, breuil, bringé, charrée, décavé, écuisser, empyreume, flavescent, fressure, galbule, gésine, glaviot, hallier, inanité, javelle, lochie, maie, noctule, onglon, pyxide, remugle, rubigineux, sanie, turricule, volige… : comptez une bonne centaine de mots inusités comme ceux-là. Heureusement, internet est là pour suppléer aux manques du Petit Larousse illustré, qui en ignore beaucoup.

Pourquoi écrire oliban plutôt qu’encens, mégoter plutôt que lésiner, quand on sait pertinemment que bien peu de lecteurs comprendront ? De deux choses l’une : soit l’auteur est un amoureux de la langue française déterminé à en dévoiler la richesse et la beauté, soit c’est un frimeur qui prend plaisir à étaler son savoir. Ne le connaissant nullement, je ne suis pas à même de trancher.

Le lecteur paresseux pourra se contenter de jouer aux devinettes, mais il serait dommage de ne pas profiter de l’occasion pour se cultiver un peu, même si ce vocabulaire d’un monde qui n’est pas le nôtre est condamné à être vite oublié.



Pour corser encore un peu les choses, ces mots méconnus se logent dans des phrases interminables. Certaines s’étirent sur 12 lignes. En outre, elles s’enchaînent quasiment sans discontinuer, passant sans transition d’un sujet à un autre, de « elle » à « elles » à « il ». C’est particulièrement vrai dans la première moitié du roman, qui se déroule à l’aube du XXeS. Dans la seconde partie, centrée sur 1981, le style est plus classique.



L’auteur passe quasiment sous silence les six décennies qui séparent ces deux époques, ce que n’augure pas la quatrième de couverture. Quant à l’enchantement de l’enfance dont elle parle, on en est loin. C’est à tous les âges que la vie est dure, très dure, dans cette campagne, et ce à toutes les époques. Les protagonistes sont à l’avenant, à commencer par la « génitrice » d’Eléonore. Elle est plutôt du genre Folcoche, cette mère qui ne mérite pas ce titre. Folcoche, vous savez, le personnage d’Hervé Bazin dont le surnom désigne une truie dévorant ses petits dès la mise bas. Quoi de plus adéquat pour celle qui engendra bon gré mal gré cette lignée d’éleveurs de porcs !



Ces êtres sales et puants pataugent dans les excréments qui sortent par tous les orifices : ça transpire, ça morve, ça crache, ça saigne, ça suppure, ça vomit, ça dégouline, ça pisse, ça chie, même mort ça se vide encore, avant d’enfin se décomposer au point de se fondre dans la terre nourricière. Bon appétit ! Une véritable obsession pour l’auteur qui, en 400 pages, a tout le temps de ressasser. Pour cet antispéciste à contre-courant, l’homme est vraiment un animal comme les autres. Où n’est-ce que le paysan ?

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Le fils de l'homme

Un jeune garçon vit seul avec sa mère quand réapparait dans leur vie le père de l'enfant. Il emmène toute la famille aux Roches, une maison sans confort, isolée, dans la montagne jusqu'à l'arrivée de l'automne. Le jeune garçon explore la nature pour s'occuper tandis que le père essaie de restaurer la maison. Le temps passe, le garçon et sa mère doivent se contenter de ce qu'ils ont jusqu'au jour où la mère enceinte comprend qu'ils ne redescendront pas et qu'elle a besoin que sa grossesse soit suivie. Elle tente de fuir avec son fils mais ils sont rattrapés par le père qui refuse qu'ils redescendent en ville. C'est alors que le drame arrive...



J'ai lu en quelques jours ce roman de 200 pages au climat oppressant où la violence transparait à chaque page. Je ne m'attendais pas vraiment à un tel livre et cette lecture a été parfois difficile à cause de l'atmosphère qui s'en échappe.

Au début, le livre s'ouvre sur un chapitre d'une quinzaine de pages mais qui m'a paru bien long sur la vie d'hommes au temps de la Préhistoire, j'ai mis longtemps avant d'en comprendre l'intérêt et cela m'a un peu rebutée dans ma lecture. Heureusement que cela n'a pas duré plus.

Sur le plan de l'écriture, il y a peu de chapitres, le roman est construit plus ou moins sous forme d'un grand bloc et le vocabulaire employé est parfois compliqué, avec des mots recherchés, ce qui complexifie la lecture.

Les descriptions de la faune ou de la flore sont belles mais toujours comme écrasées par la violence qui sourd du climat familial.

Certains passages sont glaçants, je ne m'attendais pas non plus à une telle fin qui m'a fait mal. Ce n'est pas une lecture facile dont on ressort le sourire aux lèvres, il ne faut pas lire ce livre dans des périodes où on a besoin de se changer les idées.

Le titre énigmatique fait poser des questions : de quel "fils" s'agit-il ? Le jeune enfant avec son père ou le père plus jeune avec son propre père ? A moins qu'il ne s'agisse des deux tant leurs histoires semblent liées.

J'ai eu en tout cas beaucoup de peine pour le jeune garçon (qui n'a même pas de prénom tout comme sa mère et son père, déshumanisation totale) et même si l'histoire n'est pas terminée et que la fin reste ouverte, le jeune personnage m'a beaucoup touchée.
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Pornographia

Après une lecture du prix Fnac roman 2021 de l’auteur, je découvre une œuvre antérieure de l’auteur, Jean-Baptiste Del Amo, « Pornographia », elle aussi couronnée par le prix Sade 2013.

Un roman court, je dirais plutôt une nouvelle, d’une certaine puissance, qui dérange dans sa description sans fard de la prostitution sous-prolétarienne de La Havane, et de la corruption des corps et des âmes.

Certains passages m’ont rappelé la description de Londres de Paul Morand.

Dans le style « anachronique », propre à l’auteur, et déjà à l’œuvre dès son premier roman : « Une éducation libertine ».

A ne pas mettre dans toutes les mains.

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Le fils de l'homme

Peut-être l’auteur a-t-il pensé, en écrivant ce livre, au philosophe napolitain du XVIIIe siècle Gianbattista VICO. On a en effet ici une illustration possible de sa thèse du ‘corsi i ricorsi » : les civilisations, lorsqu’elles s’éteignent ne peuvent renaître qu’en passant à nouveau par les trois âges, divin, héroïque et humain, c’est-à-dire, pour commencer (ou recommencer), par la barbarie.

Un très beau prologue nous fait revivre les temps préhistoriques où les civilisations se sont faites, notamment par l’éducation du père sur ses fils. Et le roman nous plonge dans une « barbarie » où le père, un petit malfrat lui même oublié de son prope père, tente de recoller les morceaux d’une famille qu’il a contribué à détruire et qu’il s’applique maintenant et malgré lui (c’est-à-dire finalement en imitant le père…) à exterminer. On a du mal à penser que son fils, un enfant sensible et attentif à hauteur duquel le récit se construit, puisse un jour connaître un meilleur sort, ou, pour le dire autrement, une rédemption. Mias pourquoi pas ? Il va bien le falloir à quelque moment, pour sortir de la barbarie et entrer dans l’âge des « héros ». Et héroïque, précisément cet enfant l’est. Ce qui expliquerait le titre à caractère messianique…

Est-ce un roman sur le rôle des pères ? Indéniablement, mais pas seulement. Car se trouve également évoquée - ne serait-ce que par la citation de Sénèque figurant en épigraphe - la malédiction (autre nom du destin en la circonstance) qu’ils peuvent eux-mêmes susciter après l’avoir encourue, bref le phénomène connu de reproduction, qui n’aurait pas alors comme unique origine la condition sociale (même si celle-ci reste bien présente).

Bref un beau roman, complexe et subtil, qui appelle bien des réflexions.
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