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Petite philosophie de la chaussette
Jean-Claude Kaufmann
Éditions Buchet-Chastel
« La chaussette, c'est sans doute l'accessoire de notre vestiaire le plus discret, le plus anodin, parfois même le plus invisible, et c'est un défi que relève dans ce livre Jean-Claude Kaufmann : nous présenter une Petite philosophie de la Chaussette pendant deux cents pages. C'est vraiment un livre passionnant, parce qu'on découvre que la chaussette cristallise en fait bien des aspects de notre époque contemporaine, notre rapport à la mode, notre rapport à l'argent, notre rapport aussi au couple... »
Guillaume, libraire à La Procure de Paris
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" Le balai... il cache des secrets, des trésors d'intelligence. "
Le conjoint envahit des espaces que l'on désirerait plus réservés. Par tyrannie domestique, par amour, par simple familiarité. Il ne souhaite rien d'autre que se rapprocher et n'imagine pas le problème de celui qui se sent agressé, étouffé, collé, épié. Deux éthique à nouveau s'affrontent, cherchant à redessiner la frontière des sphères personnelles.
A tout seigneur tout honneur : je commencerai par quelques objets qui portent avec éclat la symbolique des agacements dans le couple. Pour dire encore un mot de la place des choses, les clés par exemple sont un grand classique. Dans de très nombreuses familles, un endroit approprié est prévu pour les mettre. Or il est rare que les deux protagonistes du petit drame qui va suivre respectent le mode opératoire à un même degré. L'agacement est d'autant plus irritant ici que celui (ou celle) qui "oublie" de mettre la clé à l'endroit où il est prévu de la mettre reconnaît plus ou moins qu'il a tort et promet de ne plus recommencer. Or il (ou elle) recommence.
Plus l'expérience conjugale se prolonge, plus chacun des deux partenaires découvre que ce qui l'agace personnellement n'agace pas l'autre et inversement. A propos de détails minuscules (...) s'ouvrent soudainement de subtils et diffus chocs des cultures. Le point de départ est un objet agaçant pour l'un des deux partenaires.
"Ca, ça m'agace! ça m'énerve! ça me met en effervescence! Que chacun ait son petit bazar, O.K., mais dans ses coins à lui. Vous pouvez demander à mes voisins le nombre de fois où ils m'entendent hurler parce que mon mari laisse traîner ses affaires ; ils ont l'habitude. Faut pas dire d'ailleurs que ce soit très efficace, mais ça me fait du bien." Généreusement, Agnès concède cependant les circonstances atténuantes au présumé coupable, en reconnaissant qu'elle est "un peu maniaque" pour le ménage.
A quoi sert le couple si on ne peut s'y sentir à son aise, profiter des plaisirs simples de l'existence? Pour qui cherche à se lover ainsi dans des niches de bien-être, le conjoint peut prendre la figure d'un tyran domestique, en guerre permanente contre les jouissances coupables et autres privautés, au nom de l'intérêt supérieur représenté par la vie commune.
Jusqu'où est-il possible, jusqu'où est-il préférable pour le couple que chacun cultive individuellement son jardin secret? Entre risques d'agacements et de crises, ou de duplicité et de trahison, la réponse n'est pas simple. Les tendances à l'autonomie et au secret sont hantées par la mauvaise conscience.
Ne prenons pas la fesse à la légère. Car elle fut au fondement de l'humanité. Sans le muscle fessier en effet, il n'y aurait pas eu de station debout, donc de cerveau développé. Les singes n'ont que des rudiments de derrière ; la fesse véritable est le propre de l'homme. (p. 7)
"Les week-ends, les réveillons, les couchers de soleil et les impôts seront toujours les ennemis des solitaires."
La passion, dans ses formes multiples, s’inscrit mal dans la durée, et se laisse encore moins mettre en projet.