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Critiques de Jean-Claude Kaufmann (115)
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Pas envie ce soir

"Comment faire pour que les hommes cessent de violer?"

Twitter a bloqué ce tweet et suspendu le compte de la féministe Mélusine, puis ceux qui l'ont relayé...

France Inter, le 25/01/21.





Le sociologue J.C Kaufmann nous livre un terrible constat sur les violences et viols, dans l'intimité du couple.(augmentation de 22% du nombre de viols, 9 violeurs sur 10 sont des hommes.)





"Des mâles vigoureux":

Virilité sexuelle, force physique et position dominante permirent une domination à l'encontre des femmes. "Depuis St Paul, le mari avait le droit et le devoir de punir et de battre "(l'épouse)... "Sauf dans le lit, avec la théorie des 2 semences d'Hippocrate, (l'homme est un tel Hypocrite !) qui impliquait d'être attentif au plaisir féminin". Et tout ça, pour la procréation...

Il fallait donc une certaine passivité sexuelle du beau sexe.





L'auteur raconte comment

"En toute impunité", "Attaques nocturnes" ou "Violences physiques":...

Le mari, le conjoint ou le prince charmant devient un ogre. Par cajoleries, mensonges, menaces ou violences (" au petit matin, vers 2 à 3 heures, il me tenait les mains... "j'étais fatiguée, de guerre lasse, je n'avais pas envie de le perdre...)





Il y a une vraie "Zone grise" où Dits et non dits" voisinent avec "Contradictions et paradoxes" ainsi qu'avec " Les petits arrangements"...





"Méandres du plaisir", "Clitoris" et "Vite fait, mal fait":

Certains hommes peuvent faire l'amour (tirer un coup?) par automatisme (pour le plaisir d'utiliser leur... euh, pouvoir) alors que pour les femmes, "la chose" est bien différente, plus cérébrale et fusionnelle, une réelle complicité.





Sans parler de Freud, même "Dolto écrivait en 1982, que l'orgasme clitoridien est décevant, discordant, ambigu."
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Corps de femmes, regards d'hommes

Que la Femme est belle torse nu ! __Vous choqué-je ? Bref, j'ai adoré ce livre, mais il m'a aussi énervé.

1 ) J'ai adoré.

J'ai lu ça dans les années 80, alors que c'était encore à la mode, le temps des femmes libérées, avant la connaissance des ravages des UV et de la sensibilisation aux violeurs, et la publication des photos de femmes indigènes aux seins "repassés". Jean-Claude Kaufmann, sociologue, a observé et décortiqué tout ce que provoque les seins nus sur les plages.

L'envie des femmes, ( j'ose, j'ose pas ? allongée, sur le dos ? sur le ventre ? assise ? debout ? marcher ? courir ? ) ; les regards d'envie ( vicieux ? ) des hommes, qui, à cause des fameux "codes" implicites, font semblant de ne pas regarder alors qu'ils en meurent d'envie... Un ensemble de "non-dits" analysés avec finesse par le sociologue.

.

Les hommes sont passionnés par les seins, les femmes le savent.

Bien sûr, j'ai fait ma boulette en disant à une femme seins nus que je voyais pour la première fois, à mon époque "vie de patachon" :

-- Vous avez de beaux seins.

Elle m'a répondu :

-- Ça me fait une belle jambe !

.

2 ) Ce livre m'a aussi énervé.

Bon.... je vais faire une petite digression.

J'ai lu la recherche du docteur Jean Denis Rouillon ( http://www.helenepassedouet.fr/index.php/blog/41-nos-seins-aux-petits-soins ), et je me suis posé des questions, car... . "En laissant les seins libres, sous l'effet de l'apesanteur les tissus fibreux et les ligaments de Cooper responsables du maintien et de la fermeté sont stimulés et se renforcent."

Est-ce à cause des grandes firmes qui veulent toujours plus de profits que les femmes continuent de mettre des soutifs ? A cause du qu'en dira-t-on ? A cause de la vulgarité ? Trouvent-elles cela plus esthétique ? etc...

J'ai eu la confirmation de la thèse de Rouillon avec, toujours du temps de ma vie de patachon, je précise, deux copines qui n'avaient jamais mis de soutif et qui avaient une poitrine d'un certain volume, ferme et haute...

Pour moi, c'était beaucoup plus beau que des seins "qui ballottent", marqué en dessous par le sillon sous-mammaire ( sein vient de "sinus" = pli ).

Pour moi, ces deux filles n'avaient pas des seins, mais des pectoraux féminins superbes. Je n'aime pas le mot "sein", je préfère poitrine ou pectoraux qui est plus masculin / féminin.

D'ailleurs, je trouve ça chouette, on revient à la mode "no-bra" parmi les people, il y a le go-topless day, les femen, #freethenipple, l'autorisation de se balader torse nu dans New York, hommes et femmes au nom de l'égalité, des lectrices torse-nu de Central Park, etc...

.

M'enfin, les filles, amies lectrices, vous direz que cela ne me regarde pas, que je ne suis pas dans votre corps, que ce n'est pas mon problème ; circulez, ya rien à voir... : )
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La femme seule et le Prince charmant

Pourquoi lire un bouquin de sociologie sur les femmes célibataires, qui plus est écrit par un homme il y a déjà quelques années? Simplement parce que ce livre est intéressant, intelligent et fondamentalement positif !



Je l'ai lu pour la première fois il y a près de 10 ans, sur les conseils d'une amie très proche, dans un contexte sentimental compliqué... et ça m'a fait beaucoup de bien ! Depuis, je le feuillette régulièrement et j'y découvre souvent de nouvelles pistes de réflexion.



Le truc qui m'a le plus marquée, c'est la théorie des montagnes russes. Kauffmann explique que la vie en couple se traduit chez les femmes notamment par une égalité d'humeur : la tranquillité, pas de bonheur délirant ni d'explosion de chagrin. À l'inverse, les femmes seules passent par des périodes très hautes d'excitation et d'euphorie, et des périodes très basses d'abattement. Certes, elles n'ont pas la sérénité, mais elles ont une vraie richesse d'émotions. Là, ce sont mes mots, Kauffmann est beaucoup plus 'universitaire', tout en restant très clair et parfois drôle (si je me souviens bien, il compare un bipolaire homme sérieusement atteint à une femme célibataire normale !).



De mémoire, il y a aussi des choses assez justes sur les attentes de plus en plus élevées des femmes vis-à-vis de leur partenaire, leur volonté d'indépendance, l'asymétrie entre hommes et femmes (un homme CSP+ diplômé et pas fauché trouvera bien plus facilement chaussure à son pied que son double féminin; en effet, certains hommes vont se mettre en couple 'en-dessous' de leur condition alors que les femmes le font très peu, notamment à cause de leurs rêves et de la pression sociale).



Bref, mon résumé peut sembler reducteur, mais le livre ne l'est pas du tout ! Je le recommande donc à toutes les femmes, seules ou en couple, parce qu'il donne pas mal de clés sur le comportement féminin (même si ca peut être énervant de se trouver classées ainsi, surtout quand le classement tombe juste !).

Je recommande d'ailleurs aussi ce livre aux hommes, un peu pour les mêmes raisons !
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Agacements : Les petites guerres du couple

On s’était déjà vu un peu, observé du coin de l’œil, tourné autour mine de rien.

Un jour, il a fallu passer à l’offensive…



« Tiens… ce soir on va boire un verre au Mans avec Caro et Estelle… Tu veux venir ? »

Oui, dit-il. Bon bah très bien on dit 22h ce soir.

22h30 toujours pas là… Ah ? Tu t’es paumé ? Tu vas trouver, persévère…



Au bar, mal achalandé, un bon point pour moi, les cinq bières que j’ai demandé avant qu’on me dise « oui, on a » ont révélé à Jules notre première passion commune : la bière.



Quelques temps plus tard, soirée chez moi. On dit 20h. 21h, toujours pas là… Ah ? T’es paumé ? Putain, Mamers – Le Mans c’est toujours le même trajet ! Ah t’es paumé dans le quartier… c’est drôle finalement.



Je propose de rester dormir à qui veut, cause trop bu et/ou fumé. Jules accepte, les autres refusent, par délicatesse, bourrés mais pas bourrins, comme quoi faut pas avoir d’à priori.



Au moment de se coucher, je propose à Jules mon lit ou le canapé, il choisit le canapé, bourré mais pas prêt à me bourriner…



Oui, mais… Tout ça se fait très bien le lendemain. La nuit d’amour en pleine journée, les mots d’amour sans se parler…



Oui, mais… depuis, on a surmonté ensemble quelques épreuves : les mômes ! Les nôtres et pas les nôtres, à apprivoiser dans les deux cas…



Et aujourd’hui, sa façon de se paumer tout le temps, ça m’enquiquine.

Sa façon de s’arrêter de faire ce qu’il faisait pour me répondre, ça m’agace.

Sa façon de ne pas se rappeler ce que je lui ai dit le matin, ça m’irrite !

Sa façon de s’assoir devant la télé avec tous les coussins derrière lui, ça m’éneeerve !

Sa façon de faire durer trois quarts d’heure les préliminaires, ça m’exaspère !

Sa façon de me faire tout le temps des reproches, ça m’horripile !!





Ce qu’il y a de bien avec ce livre de Jean-Claude Kaufmann, c’est qu’il est très déculpabilisant. Moi je me demandais s’il était normal que mon Jules à moi chéri me mette hors de moi aussi souvent. Or, dans ce bouquin, on ne dit pas « le conjoint », non, non, on dit « l’adversaire ». Ça me parle bien du coup.



Dans un style un tout petit peu compliqué mais qui reste à notre portée, les agacements au sein du couple sont expliqués.

Tout d’abord il est expliqué que chez l’agacé, cela exprime parfois une dualité personnelle.

Et puis, que l’agacement créé permet à l’agacé ou à l’agaçant, voire aux deux, de s’adapter au mode de vie du fameux « adversaire »… à défaut d’avoir choisi de le bouter hors de chez soi.



Ce livre donne aussi des tas d’exemples, à travers des témoignages, qui sont cités partiellement et judicieusement pour illustrer le propos. Et il y a de quoi rire des manies de certains…



Il me semble que pour l’agacé comme pour l’agaçant ce livre peut-être utile, à mieux se comprendre et donc se supporter, soi, ou mutuellement avec l’adversaire.





Bonne bourre…

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Pas envie ce soir

Ce livre a été présenté en sélection hebdomadaire pour la bibliothèque dans laquelle je travaille. Je veille à ce que ce genre de livre, qui défend les femmes, qui dénonce les problèmes habituellement passés sous silence, soient présents en rayon, mis en valeur, quand ils sont de qualité.

Je dois dire que, cette fois, je me suis faite avoir en beauté. En diagonal, c'est bien un livre qui traite du consentement dans le couple, qui trace un spectre large sur les violences sexuelles domestiques dont sont victimes beaucoup de femmes. Mais, quand on le lit intégralement on se rend vite compte que c'est un procès de plus contre les femmes, cet homme, sociologue de métier, s'est emparé du covid-19 (le livre a été édité en mai-juin 2020), emparé du combat féministe qui éclate depuis plusieurs années pour faire un ramassis nauséabond de témoignages glaçants, sans apporter de réponses, (sauf, nous le verrons, dans le deux dernières pages du livre qui en fait 250) et en tapant allègrement sur tous les mouvements d'émancipation de la femme. Et, dans certains passages, il ne cache même pas son mépris, le cri haut et fort.

En somme, c'est encore un homme qui pense pouvoir parler des femmes, pour les femmes, mieux que les femmes. Les femmes ne comprennent pas leurs besoins, lui si.



L'article qui suit est une prise de note au fur et à mesure de la lecture, j'ai compris, dès l'intro, que j'aurai tellement à relever et à dire qu'il fallait que je fonctionne comme un journal. C'est donc un journal de lecture, à charge clairement, parce que je pense que ce livres est dangereux contrairement à ce qu'il veut affirmer.



Dès l'introduction, l'auteur nous familiarise avec un concept qui va revenir tout le long du livre, qui va revenir pour être piétiné : la « fable de l'égalité ». Issue des revendications féministes, elle est fausse. Voilà, c'est dit, les hommes ont plus de désir que les femmes. Sur quoi il se base ? On ne sait pas trop, rien de concret, juste sa perception d'homme à vrai dire. Dès les premières lignes je comprends que ce livre est de la récupération pour se faire de l'argent. Il a même l'affront de se moquer et de décrédibiliser ses collègues féminines qui travaillent à prouver le contraire.



Un peu plus loin il admet ne pas trop comprendre le mécanisme quand, parfois, la tendance s'inverse, c'est à dire que la femme est plus désirante que son compagnon, mais que la vraie question c'est de savoir pourquoi il y a un cas de figure récurrent, soit l'homme plus désirant que la femme.

Comment lui expliquer que c'est culturel ? Que partout à travers le monde et depuis des décennies, des siècles, parfois même des millénaires, la sexualité de la femme ne lui appartient pas ? Encore aujourd'hui d'ailleurs (Je vous invite à lire « La Malédiction d'être femme », de Dominique SIGAUD aux éditions Albin Michel) la sexualité de beaucoup de femmes leur est arraché. Interdiction de jouir de son corps. Pèse sur nos épaules une injonction ancestrale à ne pas disposer de notre corps et de notre jouissance. Le mouvement féministe est un séisme mais on ne s'approprie pas notre liberté et notre désir du jour au lendemain. Certaines femmes arrivent à utiliser cet électrochoc, d'autres étaient déjà libérées de façon presque innée, car oui, il arrive parfois que les carcans ne fonctionnent pas et on parle alors de pionnières à travers l'histoire, de sorcières à d'autres époques, de féministes « extrémistes » aujourd'hui.



Autre cliché présenté dès le début : « les hommes adorent le sexe, les femmes adorent l'amour » et il semblerait que ce soit profondément encodé dans nos gènes n'est-ce pas ? On explique à ce Monsieur que la culture joue, là aussi, un rôle déterminant ? Toutes les histoires de notre enfance parle de prince charmant de celui qui nous aimera et fera de notre vie un paradis sur terre, il sera aimant, doux, serviable mais aussi viril, fort et courageux. De cet amour naitra une ribambelle de bambin et nous serons heureuses pour toujours. On nous dit que ce prince il faut le trouver absolument, sans ça malheur ! On nous dit que, pour ce prince, nous devons nous préserver, que le vrai plaisir ne pourra venir que de lui alors pourquoi partir à la découverte de son corps, de sa sexualité ? Avec soi, avec de multiples partenaires. NON, en tant que femmes on nous enjoint à trouver l'AMOUR, le vrai tandis qu'en parallèle on dit aux garçons « mais profitez, une fois qu'on vous passe la bague au doigts vous vous faîtes chier pour le reste de votre vie »

Et malgré ça, certains trouvent ça encore surprenant que les hommes se jettent à corps perdu dans un sexe libérateur et bon tandis que les femmes restreignent, freinent, oublient de découvrir leur propre plaisir, donnent tout à cet homme qui incarne l'amour le vrai, n'osent pas dire non ou chercher leur propre plaisir de peur de gâcher cet « happy ever after » enfin trouvé.



Je suis une femme et j'adore le sexe, il a fallu pour ça que je jette par terre l'éducation qu'on m'a donné, que j'oublie les injonctions sociales à être une fille lisse et bien sous tout rapport et accepter l'idée d'être une « salope » comme ils disent. En tant que femme et féministe je j'admet aussi très aisément que beaucoup d'autres femmes ne sont pas comme moi et c'est tant mieux, je prône la diversité, la complémentarité entres toutes et tous. Mais toujours en tant que femme et féministe, je persiste et signe : la culture patriarcale et masculiniste bride encore aujourd'hui en occident et partout dans le monde. Les femmes ne désirent pas moins, on tue leur désir et depuis trop longtemps. Creusant un fossé difficile à combler entre les deux sexes.



KAUFMAN, en guise d'argument contre l'idée que les femmes auraient des désirs similaires aux hommes (la fameuse « fable »), oppose les institutions judiciaires qui usent encore du caractère inné des impulsions chez l'homme. L'idée c'est que, si la justice parle d'impulsion masculine encore aujourd'hui, c'est bien la preuve que c'est plus fort chez l'homme que chez la femme. WTF depuis quand la justice est une entité neutre et indépendante de l'humanité ? On lui explique que les textes de loi sont rédigés par des hommes (et parfois des femmes) baigné(e)s dans la culture patriarcale que le féminisme justement dénonce ? On lui explique que nous nous battons aussi contre les ces institutions ancrées dans le passé ? C'est un argument sans valeur, un non sens. D'autant que plus loin, il admet lui même que ça s'expliquer en grande partie par le stéréotype de virilité qu'on véhicule depuis des siècles.



Je réalise à ce moment là que je suis très certainement tombée sur quelqu'un qui ne voit même pas les choses clairement dans sa tête, sur un livre en tout cas qui va jouer sur le flou et les contradictions pour ne mener à rien du tout, tout en influençant contre les femmes sous couvert de les défendre, l'auteur a une façon très sournoise de procéder et d'écrire : en gros titre : « les féministes ont tord, femmes vous n'êtes pas ce qu'elles prétendent ». En tout petit et en italique, au verso de la page et tout en bas « mais bon d'un autre côté il se pourrait bien quand même qu'elles n'aient pas tout à fait tord quand on prend le contexte général ».

Il laisse en vérité une petite place pour les féministes, ce n'est pas très actuel de les démolir complètement, mais insiste sur le côté biologique de sa vérité à lui : les femmes ont moins de désir c'est BIOLOGIQUE.

Bon, de deux choses l'une : Je ne me fie pas entièrement à la science et à la médecine pour me définir ce qu'est une femme et comment elle fonctionne, nous savons toutes et tous aujourd'hui à quel point les sciences sont elles-mêmes phallocentrées. Les soins et diagnostics pour les femmes sont toujours plus difficiles parce que toutes les données ont pour mesure l'homme. À partir de là, comment être objectif ?

Secundo, après cette affirmation sur la BIOLOGIE qui serait la preuve irréfutable de cette différence de désir, je vais me mettre en quête de l'argumentaire qui n'est pas présenté tout de suite et franchement, vous allez voir, ça va être épique.



Page 35, ce sociologue de renom ose dire que les femmes sont incapables de séparer sexe et sentiments. Là, j'ai réellement failli m'étouffer. Ce ne sera pas la dernière fois de cette lecture fumeuse. Il nie par là même absolument toutes les femmes qui ont un jour pris du plaisir, qui en prennent encore, dans les bras d'hommes (et de femmes) dont elles ne sont pas amoureuses. Nous n'existons pas. Le désir de la femme, là encore, désintégré en une seule phrase. Le plaisir chez la femme n'existe pas ou peu et le reste est une fable. Nous sommes effacées de son tableau d'un coup de chiffon, sans plus d'égard. Il participe à cette invisibilisation de notre plaisir s'en même s'en rendre compte (ou bien... ?)



Argument suivant : nous avons une libido aléatoire tandis que celle des hommes serait mécanique. Très bien, admettons que les fluctuations hormonales de notre corps de femme nous rendent sujettes à autant de fluctuations de nos désirs. Deux choses : les hommes aussi ont un cycle hormonale et sont sujets à des « humeurs » en fonction de la variation des taux. Mais de ça nous ne parlons pas parce qu'un homme de mauvaise humeur est un homme fatigué de prendre soin de sa famille, fatigué par sa femme ou bien tout simplement viril en sa qualité de mâle. Bien sûr.

La seconde réflexion c'est que, je ne sais pas pour vous mais, dans mon entourage, je ne connais pas un seul mec qui n'a pas connu des fluctuations dans ce domaine, des hommes qui avouent avoir envie à certains moments de la journée, dans certaines circonstances et pas du tout dans d'autres. Qui reconnaissent que le contexte joue sur leur désir, la partenaire aussi, leur état d'esprit aussi. Combien d'hommes arrivent aujourd'hui à assumer le fait que sans sentiments, sans émotions, ils sont incapables de bander ? Il n'y a rien de mécanique, pour aucun des deux sexes. La seule facilité des hommes c'est qu'on les félicite pour leur libido, il n'existe pas de frein sociétale à leurs désirs et, par conséquent, ceux qui peuvent bander et faire l'amour à tout va brillent dans notre société, ils sont mis en avant, encouragés, on ne voit qu'eux.

À ce stade de la lecture, j'étais déjà réellement offusquée face à tant de bêtises crasses.



Vient ensuite un constat qui m'a beaucoup fait rire (jaune) : les femmes prennent moins de plaisir et ont donc moins envie. Voilà. C'est tout ce qu'il dit. Sera passée sous silence la raison pour laquelle nous prenons moins de plaisir.

Je suis bien d'accord, si je ne prends pas de plaisir à faire une activité, j'aurai forcément bien moins envie de recommencer. Ça vaut pour les deux sexes là aussi. La vérité c'est qu'il y a encore tellement de tabou dans la sexualité féminine que beaucoup d'hommes ne savent tout simplement pas comment donner du plaisir à leur partenaire. On ne nous apprend qu'à identifier le plaisir masculin, sur le devant de la scène il n'y a que lui. À partir de là il y a forcément un déséquilibre, quand le plaisir n'est offert que dans un sens ça ne peut pas durer dans le temps. Pour beaucoup d'hommes pénétrer, bourriner, péter la rondelle, casser les petites pattes arrières, c'est ça un bon coït, c'est ça la sexualité virile et épanouissantes que les femmes attendent et dont elles rêves. Ah désolée messieurs penser ça c'est comme essayer de faire un gâteau avec seulement la farine et merci le porno !



Je constate que l'auteur effleure parfois le sujet de ce désir féminin si peu comblé et qui fini par disparaître, je sens qu'il sait aussi bien que moi ce qu'il devrait dire, les pistes qu'il pourrait lancer mais il ne fait que les effleurer parce qu'elles contrediraient tout son argumentaire et il revient insidieusement mais systématiquement à la frustration de l'homme. Celle de la femme est bénigne, évidemment. Effacée, inexistante, une fois de plus.

Même quand il remonte dans le temps pour expliquer le peu de considération qu'on a aujourd'hui pour le plaisir féminin et le consentement, il en revient aux hommes pour dire que c'était quand même pas facile pour eux non plus. Vous comprenez, eux il faut qu'ils bandent, qu'ils pénètrent, sacré pression ! Oui, bah en fait oui, c'est bien ce que disent aussi les féministes, ce patriarcat de merde écrase aussi bien les femmes que les hommes, c'est pour ça qu'on veut l'abattre mais dans cette guerre, désolée de le dire, quitte à passer pour une extrémiste, oui ce sont les femmes les plus mal loties alors merci d'éviter les chouinements de ce genre.

Et même si, historiquement, ça explique la construction phallocentrée et l'image du conquérant en terme de sexualité qui doit assiéger pour obtenir victoire (culture du viol dénoncée depuis le moyen-âge) et donc explique les failles actuelles, ça explique surtout pourquoi les femmes ont moins de désir face à cette sexualité entièrement masculine et construite de toute pièce. Mais ça, il ne le soulignera certainement pas.

À ce stade de la lecture je réalise que beaucoup d'arguments sont avancés sans chiffres, ça devient gênant, on ne sait pas sur quoi se basent réellement ce chercheur pour énoncer autant de conneries. Je suis page 45 d'ailleurs, et pas le moindre argument biologique à l'horizon.



Page 48, à la fin du premier paragraphe, il reconnaît enfin que tout est manière de faire et de contexte pour prendre plaisir. BAH ALORS ? Bien sûr, rien ne sera développé dans ce sens.



La suite de cette première partie du livre ne sera qu'une succession de témoignages glaçants sur les violences conjugales et sans réelle analyse. À tel point que j'en finis par me demander s'il ne prend pas un plaisir pervers à les énumérer.



Page 58, le paragraphe 2 provoque un réel malaise. Il sous-entend que c'est à la femme d'être plus ferme et virulente, à la hauteur de l'agression. Donc, si nous ne sommes pas assez fermes c'est un peu de notre faute ? Ce n'est pas plutôt aux hommes de se comporter correctement ? L'auteur est quand même très très très limite à mon goût.



Bon, bien sûr, tout le long nous avons un matraquage discret et bien présent de la « fable » féministe, il aime beaucoup les décridibiliser, les moquer. Il aime à prendre les propos d'autres pour faire passer ses propres idées, en affirmant par exemple que le sexe n'est pas une simple recherche de plaisir physique. Qu'est-ce que c'est que cette certitude à deux balles en fait ? Si lui y cherche une sorte de communion perpétuel avec le saint esprit tant mieux pour lui mais personnellement j'ai souvent envie d'un bon orgasme et, au vue des témoignages que je vois fleurir partout sur les réseaux ces derniers mois, je suis loin d'être un cas isolé.



Nous sommes page 75, j'attends toujours les arguments biologique au milieu d'une énumération d'horreurs.



Selon lui, ce n'est pas un problème si les relations sexuelles deviennent répétitives, c'est au contraire sensé rassurer contrairement à ce que dit la fable. Il est évident qu'il ne comprend absolument pas le principe de cause à effet. Les femmes s'ennuient, leur plaisir n'est pas forcément recherché, parfois difficile à trouver à cause d'un manque de communication évident, résultat d'une culture bien ancrée et maintenant il ose dire qu'on aime bien que ce soit toujours la même chose ? C'est bien mon gars, t'as tout compris.



Page 83 « L'homme nouveau est arrivé » cet homme qui ne force pas et respecte mais qui ne semble pas comprendre qu'il ne faut pas seulement écouter mais aussi ouvrir le dialogue et pas seulement celui du consentement mais celui du plaisir bordel !

KAUFMAN prend en appui, le témoignage d'un homme qui dit que c'est « vraiment bien sur le plan sexuel » tout en admettant que sa femme n'a JAMAIS su dire ce qu'elle aimait ou pas. WTF personne ne voit le problème dans ces deux affirmations jointes ? Cet « homme nouveau » faisait donc des efforts pour respecter ce décalage des désirs tout en admettant qu'il n'y avait toujours aucun dialogue.

Franchement, plutôt que de s'étendre sur les frustrations et les résignations, ne pourrait-on pas se pencher un peu sur les pratiques ? Rien ne m'a convaincue jusque là, je reste intimement persuadée qu'il peut y avoir autant de désir chez les deux sexes, il fonctionne juste différemment et comme nous vivons dans une société où seul le plaisir de l'homme compte et est appris, celui de la femme disparaît, meurt.



L'auteur passe tout le livre à faire des constats mais ne propose rien de concret. A chaque fois qu'il s'approche d'un début de réponse il passe à côté (délibérément ?) : page 96, les femmes font l'amour avec des sentiments puis elles se mettent en couple et avec l'approfondissement de leur amour le désir disparaît (ok, si l'amour est réellement le moteur féminin, il y a un truc qui ne tourne pas rond dans son raisonnement) sa conclusion est donc que les femmes ne font l'amour que dans la passion et les hommes ça s'excite toujours pour rien (désolée messieurs, peut-être trouvez vous ça un peu réducteur vous aussi ?).

Passons les clichés nauséabonds, il ne faut tout de même pas être sorti de Saint Cyr pour comprendre que sentiments et passions sont des facteurs parmi d'autres, il y a surtout toute une phase de découverte de l'autre qui rend les choses incroyables. Au début d'une relation on donne tout pour impressionner l'autre et c'est CA qui disparaît ensuite et fait fuir notre libido, le relâchement, la ROUTINE soit disant si rassurante. Le quotidien, le manque d'attention et notre incapacité culturelle à savoir manifester notre désir. Elle est là la réponse.



En attendant, je suis page 97, toujours pas d'argument biologique en vue.



En fait, vraiment, tout m'agace. Témoignage suivant : elle l'aime mais elle ne le désire plus. Elle le trompe pour un désir très fort. Elle quitte son amant pour rester avec son mari mais ne le désire toujours pas plus : n'est-ce pas le parfait exemple que l'amour et le sexe sont dissociables chez les femmes ? KAUFMAN ne veut tellement pas voir certaines choses qu'il passe à côté d'évidences. Et pourquoi ? Parce qu'il rassure les hommes ici, pas les femmes. Votre femme ne veut pas coucher avec vous ? Ne vous inquiétez pas, vous n'y êtes pour rien, elle vous aime toujours autant tout va bien, réconfortez votre égo de mal, ce sont juste des femmes vous comprenez, c'est compliqué.

Et les idées féministes qui en reprennent un coup bien sûr.



Magnifique ! Page 103 il décourage au dialogue qui pourrait conduire à la séparation. Ce n'est évidemment pas dit comme tel, comme beaucoup de choses dans cet ouvrages c'est insidieux et d'autant plus dérangeant.

Sacralité du couple et de la famille, quitte à reproduire toutes les horreurs énumérées ? Quitte à laisser le mal-être s'installer pour les deux ? J'ai l'impression de ne plus très bien saisir l'intérêt de ce livre.



Plus loin, il définit le désir féminin comme fluctuant et lié aux émois en opposition à celui des hommes qui serait « remarquablement » stable. Bonjour le cliché. Il évoque les hormones mais admet que ça dépasse son domaine de compétence. S'il n'y avait que là. Mais il fait bien parce qu'il oublie de préciser que les hommes aussi sont soumis à des cycles hormonaux.



La suite en commentaire.
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Premier matin : Comment naît une histoire d'a..

Premier matin ou l’analyse pointilleuse d’un thème universel.



Un thème universel, vraiment ? Jean-Claude Kaufmann, sans le nier, nous montre que la façon dont nous vivons ce moment intime est en fait le produit d’une modernité occidentale. L’analyse développée par l’auteur est ancrée dans la contemporanéité des sociétés occidentales : il s’agit de décrypter les comportements des individus à partir d’un échantillon d’enquête plutôt jeune, avec une perspective intergénérationnelle présente mais très limitée. Ainsi, le premier matin dont il est question ici est celui des plus jeunes des générations post-68.



Postulant que « le premier matin est un événement qui s’ignore », le sociologue nous invite à scruter, de manière objective et scientifique toutes les étapes qui composent la première étape de l’apprentissage d’une possible vie de couple. Quels sont les ingrédients qui transforment le premier matin en un moment savoureux et léger ou, au contraire, en un temps amer et dur à digérer ? Jean-Claude Kaufmann ne se prononcera pas, ou presque pas : Premier matin n’est pas un guide pratique mais bien une étude sociologique fondée sur une démarche scientifique. Dans la singularité des trajectoires relatées, parfois drôles, parfois horripilantes, l’auteur dégage, fidèle à sa mission, de grandes tendances. Rien de plus, rien de moins. Et pourtant, on finit par se retrouver dans certaines situations décrites par d’autres.



Cet ouvrage est d’une lecture facile et accessible, sans doute du fait du courant de la sociologie américaine dans lequel s’inscrit Jean-Claude Kaufmann : la grounded theory. Cette approche du travail sociologique s’appuie sur l’évocation plus que sur la conceptualisation comme stratégie pour que le lecteur s’approprie, à partir d’exemples, des conclusions non clairement énoncées. On ne peut que regretter que ce parti pris méthodologique ne soit exposé qu’à la fin de l’ouvrage car on s’impatiente un peu, dans les chapitres précédents, alors que l’on attend une conclusion théorique ou méthodologique qui ne vient pas. Bien que cette position soit assumée par l’auteur et défendue avec des arguments valables, elle reste quelque peu décevante. C’est à en effet le principal écueil de cette étude, qui peine à sortir de l’anecdote pour formuler une véritable conceptualisation sociologique de la formation du couple dans le monde actuel. Les novices en sociologie ou simplement les curieux y trouveront cependant leur compte mais les amateurs de théorie sociologique plus classique, malgré l’intérêt évident de la démarche, resteront sans doute sur leur faim.

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Facteurs en France : Chroniques du petit ma..

Un très beau livre, lu il y a déjà quelque temps (2007)....retrouvé dans mes "souvenirs" en poursuivant mes recherches sur ma liste "bancs publics... lieux publics... carrefours du lien social"....



La beauté de cet ouvrage tient autant à l'abondante iconographie en couleurs que par sa densité humaine...mettant en valeur le métier unique de "facteur"...



Dans ce livre, 51 facteurs racontent leur tournée au cœur des villes, dans les cités, à la campagne

"Dans un monde qui change, le facteur reste une icône positive. Il soigne les bobos d'aujourd'hui, là où ça fait le plus mal, aux points de fragilité du lien social' . Voilà ce qu'affirme le sociologue, Jean-Claude kaufmann dans sa préface, et combien il a raison...



Un métier unique dans sa spécificité, témoin et acteur privilégié, le facteur est présent au creux du quotidien des gens, de leurs joies, leurs désarrois, leur solitude... Un acteur bienveillant, qui , en dehors de l'acheminement du courrier, rend des services divers... se retrouve être un vrai rempart de solidarité et de présence pour les "solos" de nos villes et de nos campagnes...
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Le sac



Comment résister à un roman qui raconte les sacs, les femmes et les secrets des uns et des autres. Avec délice, je plonge dans « le sac » et dés la première phrase « Je ferai parler les sacs, je saurai les faire parler ! », le ton est donné. On est captive de ce livret (228 pages) et on a du mal à le lâcher !



La tâche s’avère laborieuse et pas facile, normal puisque c’est un homme qui mène l’enquête. Au fil des témoignages et de l’analyse des situations, on découvre que cet objet, si précieux, aux femmes et si inconnu aux hommes, change de statut au gré des humeurs et du bon vouloir de ses propriétaires. Il devient alors :

- Le sac « rien de spécial » ;

- Le sac « maman » ;

- Le sac « des papiers » ;

- Le sac « des cailloux » ;

- Le sac « jardin secret » ;

- Le sac « de tous les dangers ».



Découvrir le contenu d’un sac c’est connaître la femme car, bien au fond entre les replis, il renferme les « choses » de sa vie et de son monde secret.

Et puis, qui de nous, n’a pas entendu cette litanie lancé par l’homme excédé et curieux, presque jaloux «mais qu’est ce que tu trimballes dans ton sac ?».



Alors, Messieurs, si vous voulez savoir, lisez ce livre.

Et vous, Mesdames, apprenez à mieux vous connaître à travers votre sac.

Et au final, les anecdotes racontées ne manqueront pas de vous ravir.



Dis moi comment est ton sac et je te dirai qui tu es !!!!!!!!

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Identités, la bombe à retardement

Notre identité serait-elle une simple carte avec des indications pour le moins succinctes : nom, taille, lieu de naissance ? Eh non, ce n'est pas si simple. L'identité se construit par des choix, des questionnements. Et là comme partout ailleurs, les inégalités existent : argent, accès à la culture, à l'éducation, lieu de résidence. Et sans entité structurante, de celle qui existait par les corporations, le travail, la communauté de vie, un État plus présent (avant Mai 1968, pas besoin de dictature), la crispation autour des quelques idées qui deviennent fixes, totalisantes contre les "Autres" devient la seule manière de s'affirmer. Les différences sont vues comme des menaces ; le totalitarisme, le repli, voire l'explosion civilisationnelle ne sont pas loin.

Ce petit essai est intéressant, assez vite lu et relu (60pages environ). Il souligne des questions presque vitales, du moins indispensables dans ce contexte de montée des extrême-droite, de crispation religieuse. Pour autant, ayant lu Les Identités Meurtrières de Maalouf, je n'y ai pas appris grand chose de nouveau. Mais j'ai eu la confirmation que l'appel de 1998n'a pas été entendu, que 2001 et les guerres qui ont suivi ont continué à savonner la planche.

Pour l'instant, tout va mal. En pire.
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Agacements : Les petites guerres du couple

L'auteur a mené cette enquête par échanges d'e-mails avec des correspondants trouvés par dépôts petites annonces, et aussi par la lecture d'ouvrages. La bibliographie est d'ailleurs bien fournie. De quoi, pour le lecteur, se documenter, et approfondir le sujet, qui a intéressé bon nombre de chercheurs.



Cette étude s'articule autour de trois parties :

Première Partie : 1 + 1 = 4

1) L'aventure conjugale

2) Divergences ou complémentarités? Hommes et femmes

Deuxième Partie : Au coeur de la tourmente

3) Les motifs

4) Les mécanismes

5) Les extensions

Troisième Partie : Petites vengeances et tactiques amoureuses

6) La communication difficile

7) L'amour en secret



Dans "les études de cas" développées par l'auteur, on peut être surpris par certains agacements, on peut aussi en rire... Faire un drame pour telle ou telle broutille, est-ce bien raisonnable? En fait nous ne maîtrisons pas nos agacements, et ce qui est évident c'est que nous sommes tous à la fois l'agaceur et l'agacé ; nous insurgeant parce que notre conjoint est par exemple trop distrait alors qu'il ne supporte pas de son côté notre manière de conduire la voiture!

Dans ce livre, très instructif et très accessible, le lecteur peut reconnaître des situations vécues, et chacun en prend aussi pour son grade.

On se rend compte aussi, que l'agacement fluctue, et qu'il y a des périodes plus sereines, il existe aussi des techniques pour se protéger dans une bulle et ne pas trop souffrir des situations, tant bien sûr que ce ne sont que des agacements et qu'un sentiment d'insatisfaction (plus difficile à juguler) ne s'est pas installée au sein du couple.

Ce livre nous apprend, que nous sommes tous plus ou moins touchés, et qu'aucun couple n'est à l'abri.

De quoi réfléchir, nous rassurer aussi ou nous consoler : en criant à l'unisson, "Je ne suis pas seul!"
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La trame conjugale

Très intéressante étude sociologique sur l’inégalité de la répartition des tâches ménagères dans un couple. Cet ouvrage fait réfléchir dès les premières pages, de manière assez amusante, quand l’auteur explique qu’un couple n’en est vraiment un que lorsqu’il lave son linge dans la même machine. L’étude se fonde sur les témoignages de plusieurs couples, et certaines anecdotes nous ramènent inévitablement à des situations vécues. Ensuite l’ambiance de la lecture s’alourdit, car le constat est sans appel : il est illusoire d’espérer une répartition égalitaire des tâches ménagères. Et étonnamment, un des blocages majeurs n’est pas la volonté des hommes d’un statu quo, mais l’incapacité des femmes à sortir de ce rôle de « ménagère », tellement il est ancré en elles par des générations de ce fonctionnement. Lecture un peu longue et répétitive parfois, mais ça vaut vraiment le coup de s’accrocher jusqu’au bout.
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La femme seule et le Prince charmant

« La solitude ça n'existe pas » chantait Gilbert Bécaud (oui, je sais , je suis un ancêtre !) , elle existe tellement que Jean-Claude Kaufmann lui consacre son livre . Il se focalise toujours à partir d'une enquête serrée sur le célibat (volontaire ou forcé) et en particulier sur les femmes. Après en avoir fait l'historique , en particulier le type caricatural et honni de la vieille fille ( vieux garçon est peu flatteur mais moins culpabilisant) il analyse les formes que prend ce statut à notre époque et ses motivations ainsi que la recherche du partenaire idéal. Comme toujours c'est passionnant .
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Corps de femmes, regards d'hommes

L'intérêt que j'ai trouvé à ce livre est l'illustration appliquée à un "cas pratique" de la microsociologie. Je dirais que le theme est presque secondaire.

Le sujet du sous titrée paraît effectivement tenu: " sociologie des seins nus" .

Pourtant , croisé par une série d'interviews soigneusement analysés, il montre la richesse que peut offrir , si l'on y prête attention, une activité banale, quotidienne (presque...), quant aux ressorts qui la régissent.

Ressorts? En fait plutôt règles, interdits ( l'échange de regards) , ségrégation, conventions, contradictions.

Partant de la dissection des entretiens menés, JC Kaufmann élargit son propos et réussit à nous conduire à nous interroger sur des sujets plus vastes, sur l'importance de l'imitation, de la répétition et de la normalité dans nos comportements.

Intéressant et convaincant: une incitation à décrypter les moments de la vie quotidienne, et à explorer la richesse des non dits des regards et des attitudes.

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L'amour qu'elle n'attendait plus

une femme très spéciale depuis sa naissance

et ensuite, va t -elle se marier ? avoir des enfants ?

s'y consacrer ? ou ne faire que travailler ?

va t elle rencontrer un amour extraordinaire ? et sincère ?

quel caractère très fort et en même temps un peu faible ...

J Cl Kaufmann nous emmène vers la dernière page à toute vitesse

c'est un livre file gourde ; oh pardon feel good sorry my english was not at the top ! rires
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La femme seule et le Prince charmant

Suivant la recommandation de Marple (voir sa critique), j'ai lu ce livre... bien que n'étant pas dans la cible définie par le titre....



Et cela ne m'a pas empêché d'apprécier ce livre!



En particulier, l'approche "microsociologie" revendiquée par JC Kaufmann est intéressante. Elle permet au lecteur d’avoir également accès à des extraits des lettres de femmes solo qu'il a rassemblées (ce qui contribue également à la fluidité du livre), en complément et illustration des synthèse (il parle plutôt d'une "histoire") qu'il en tire.

Elle évite aussi les abus d'un langage scientifique qui a bien sur son utilité... sauf quand il perd sa rigueur dans des définitions approximatives....



Surtout l'analyse menée permet d'explorer comment s'établit (ou non ) l'équilibre d'une vie "solo". Équilibre: peut être à un instant, mais équilibre qui évolue en fonction des étapes de la vie.

Et comme tout équilibre, il est la résultante de forces divergentes, dont la puissance peut soudainement varier ... et mettre à mal une stabilité parfois chèrement acquise: besoin de tendresse, regards des autres, liberté, fiestas et fous rires avec des copines qui trahiront après leur mariage, rêve, etc...



JC Kaufmann esquisse à la fin des pistes pour une relation amicale/ amoureuse faisant la synthèse du mariage et de la vie solo... mais qui butent sur le bébé souhaité.



Bref je conseille ce livre, intéressant par lui même , mais aussi plus généralement dans son intérêt pour comprendre les gens qui nous entourent, ... et parfois un peu de nous mêmes!
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Corps de femmes, regards d'hommes

Côté subjectif : j'ai des griefs de longue date à l'égard (du comportement auto-conscient) de la beauté féminine ; j'ai des griefs tout aussi enracinés à l'encontre des regards (masculins et féminins) qu'on lui porte ; je nourris un scepticisme invétéré à l'adresse de la prétendue "liberté" de l'individu, notamment dans ses comportements et plus spécifiquement dans ceux qu'il prétend être les plus transgressifs ; je retrouve ce scepticisme démontré sous forme scientifique sérieuse chez J-C. Kaufmann, et c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'aime ; ce fut fort amusant de me trouver sur une plage - spécifiquement en présence d'un certain nombre de femmes aux seins nus - en train de lire un essai qui en déconstruisait la banalité toute apparente et en analysait les motivations dans la grande complexité des règles strictes qui les régissent : une sorte de plaisir d'apprenti démiurge qui guignerait et ricanerait : "Ah, ah ! je vous ai démasquées !"... (difficile de démasquer un corps presque nu, penserez-vous... eh oui, eh oui!)

Côté objectif : il s'agit là d'une des premières enquêtes de l'auteur sur l'individu, la femme, les normes sociales implicites sous couvert de "vie ordinaire", de détails apparemment allant de soi, bref sur les aspects cachés du fonctionnement social. Sa méthodologie, ainsi que les apports théoriques sur lesquels il se base (Norbert Elias, Erving Goffman, etc.) sont très soigneusement énoncés (plus que dans les essais récents). Le thème est riche et les découvertes nombreuses : la fausse banalité du geste, la fausse désinvolture des femmes aux seins nus, la fausse distraction du regard rêveur et somnolent de la plage, sa fausse tolérance ou absence de jugement, l'ambiguïté et la permanente contradiction des propos des quelques trois cents interviewé(e)s.

Je retiens en particulier les éléments suivants (mais cela ne tient qu'à moi) :

- la tripartition du corps de la femme, à la fois corps banalisé (comme lorsqu'on se touche la main), corps érotisé, et corps esthétisé (parfois mais pas uniquement par sublimation).

- "la dictature du beau (sein)" ayant des dérives de nature éthique (jugement binaire sur la légitimité du comportement, intolérance, rejet par la seule pression d'un "certain" regard) ; mais aussi, de façon notoire, en relation avec l'estime de soi.

- la construction contextuelle (par la norme sociale incorporée) du "normal", de la gêne, de la prise de rôle, entièrement à l'encontre de la prétendue liberté individuelle (même sur un domaine aussi emblématique que semble l'être son propre corps)...

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Le sac

Rigolo. Intéressant.



Ah ! La grande communauté de mes soeurs les femmes, et leurs sacs.

Les petits, les gros, les grands, de toutes les couleurs, de toutes les matières, fourre-tout de toute leur vie. Plein de secrets et de mystères.

Les anecdotes sont surprenantes, pleine de joie, de douceur, de tendresse, et parfois de douleurs.

Elles auraient presque suffi à elles seules à faire le livre. Mais l'auteur nous apporte son éclairage de mâle sociologue et tente dans un grand fourre-tout (aussi) de démêler les pourquoi des comment.



Laisser vous tenter les filles par ce petit bouquin.
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La guerre des fesses

Dans le sillon de (mes attentes déçues par rapport à) la lecture de Serial Girls, et sous les auspices du prisme féministe de l'injonction à la beauté féminine conçue comme instrument de domination sexiste par la frustration des femmes (que je tire de Mona Chollet), je me suis saisi de cette étude désormais un peu datée (2013) de Jean-Claude Kaufmann, qui appartient à ses travaux de vulgarisation « légère »... Sa thèse apporte néanmoins deux facteurs de complexification importants à l'idée trop facile du modèle unique et d'une domination univoque. En effet, depuis le début du XXIe siècle, alors que l'apparence physique continue d'être une cause formidable de frustrations, de manque de confiance en soi, d'investissements de ressources financières et émotionnelles au risque de mettre en danger sa santé physique et psychique, il existe un certain nombre de femmes qui se torturent pour gommer les rondeurs de leurs fesses jugées disgracieuses par excès et un nombre comparable de femmes qui pratiquent des tortures équivalentes mais inverses à leurs fesses jugées disgracieuses par défaut. Les injonctions venant de la société du spectacle opèrent de façon concomitante et contradictoire, dans les deux sens. Le regard masculin, dans les deux cas, semble ne pas avoir une prégnance prépondérante, et parallèlement l'émancipation des femmes ou sa régression ne sont par reflétées univoquement par des normes esthétiques correspondantes ni même par un relâchement desdites normes. Si une certaine caractérisation géopolitique (Nord contre Sud du monde) ainsi qu'une dialectique des classes sociales (ultra-minceur des dominantes contre rondeurs des subalternes) peuvent actuellement être observées dans la préférence de telle esthétique fessière ou de son opposée, le conflit entre les deux modèles semble être plus compliqué qu'une simple question de domination-résistance ; de plus, son issue est jugée imprévisible et une synthèse de compromis (petites fesses galbées et musclées) illusoire et éphémère. Dans tous les cas, les fesses représentent, mieux que les seins, un emblème de la nature problématique de ces questions esthétiques du corps féminin, car elles héritent du stigmate de la honte (et de la dérision, cf. cit 1) ainsi que de la dichotomie fondamentale et archaïque entre l'invisibilisation pudique et l'ostentation à des fins de séduction.

D'une manière un peu désordonnée et avec beaucoup de répétitions, après avoir posé la problématique principale par un usage typiquement kaufmannien des sources numériques (blogs et réseaux sociaux) selon une méthodologie sociologique empirique, l'essai se fonde sur la démonstration historique de l'alternance entre périodes où la minceur a prévalu comme norme de beauté et périodes où c'était l'opulence des formes. Le Chap. 3 se concentre sur le XXe siècle, le Chap. 4 recule au Moyen-Âge et à Renaissance, les Chap. 6 et 7 font un gros plan sur les deux révolutions successives et inverses des années 1950 et 1960 respectivement, le Chap. 9 se concentre sur « Le retour des fesses » des années 2000. Restent des chap. intermédiaires qui se consacrent à des questions plus spécifiques et ponctuelles : le Chap. 5 traite de « Ce que pensent les hommes », le Chap. 8, intitulé « Beauté divine » tente un parallèle audacieux entre le jeûne mystique chrétien, le Romantisme et les actuelles dérives anorexiques ; enfin le Chap. 10 s'attaque à démentir l'éventualité d'une « fesse idéale », ne serait-ce que comme compromis provisoire ou comme la négation de caractéristiques généralement abhorrées.
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Casseroles, amour et crises : Ce que cuisin..

Après l’analyse du couple par son linge, et par les taches ménagères Jean-Claude Kaufmann applique la même méthode avec les us et coutumes autour de la cuisine : les aliments , leur préparation , le repas. La démarche sociologique est là mais se fait discrète, l’auteur se garde de nous assener des tonnes de chiffres et de statistiques pour en tirer des conclusions. Les situations qu’il nous présente en exemple sont judicieusement choisies pour leur représentativité, et c’est à nous de tirer des conclusions. Cette démarche est très accessible, la lecture est aisée, et même plaisante lorsqu’il montre comment le couple se forme autour des habitudes alimentaires. Le sujet est terre à terre, quotidien, mais on le comprend vite, basique et digne d’un regard neuf. Le lecteur ne peut s’empêcher d’examiner ses propres comportements alimentaires à travers ce qu’il découvre, et c’est plutôt amusant, surtout s’il le fait avec son conjoint !
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La femme seule et le Prince charmant

Notre société compte de plus en plus de célibataires, et pas uniquement la nôtre, le mouvement semblant se déployer en même temps que le développement socio-économique des populations.

Témoin averti des signes de notre temps, des mouvements du couple, des hommes et femmes de la France contemporaine, le sociologue Jean-Claude Kaufmann revoit en 2006 son essai autour du célibat féminin.



Mais ainsi qu'il l'affirme dans la préface, peu d'éléments ont changé en une quasi-décennie, si ce n'est l'arrivée d'Internet sur le marché de la rencontre, la mondialisation des échanges qui s'en est ensuivie ainsi que le célibat devenu phénomène de mode (nous sommes à l'époque de Sex and the city). Si les manifestations de la vie en solo sont quelque peu différentes, le ressenti demeure pourtant identique.



Divisé en trois parties, la Femme seule et le prince charmant jette un éclairage nouveau sur le célibat que connaissent de plus en plus de femmes entre 20 et 50 ans. Jean-Claude Kaufmann l'inscrit dans une perspective socio-historique. Loin d'être simplement un choix ou une caractéristique de "vieille fille" inadaptée au modèle communément admis, il est le fruit d'une dynamique sociale, incitant la femme à se libérer, à retarder l'entrée dans un moule désormais vécu comme archaïque et, plus largement, de l'individualisation de la société.



Mais prises dans ce flux, les femmes en solo n'ont pas conscience des mouvements à l'oeuvre. Le sociologue brosse leur portrait, à partir de témoignages écrits, dans toute sa complexité. Il nomme cela la "vie en deux". Etre célibataire apporte tour à tour joie de vivre en toute indépendance, légèreté, richesse sociale (qu'envient bien souvent les femmes en couple installé), et "solitude noire", découragement et repli sur soi. Renier la réalisation de soi et la liberté du célibat pour une stabilité et une vie plus sereine (la triade mari-maison-bébé) se révèle très problématique.



La figure du Prince, qui occupe les pensées et les rêves, devient polymorphe. Il doit être parfois celui des contes, l'homme parfait arrachant à la médiocrité quotidienne. Mais il est aussi l'amoureux des premiers jours qui fait vibrer, le futur père potentiel qui rassure, l'ami-amant disponible mais pas envahissant. La routine amoureuse attire mais révulse en même temps et l'homme marié s'engouffre bien vite dans cette brèche.

Le Prince existe également pour la femme mariée. Dans tous les cas il demeure du domaine du rêve et permet d'accepter la "vraie vie", la réalité d'un amour tangible.



Le célibat n'est pas figuré comme une tare ou un problème inexplicable, ce que ressentent fréquemment les jeunes femmes en butte au "doigt accusateur" de la société ou de leurs propres représentations. Il devient la preuve d'une construction identitaire ouverte (la "trajectoire d'autonomie" que décrit Kaufmann), mouvante, passionnante et surtout miroir de notre époque. Il n'est pas une preuve du "rien" que croient être certaines de ces femmes, il est un nouveau mode de vie, lié à des modèles inédits pas encore intériorisés et à peine théorisés.
Lien : http://los-demas.blogspot.fr..
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