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Citations de Jean-Didier Vincent (437)


Les tueurs en série ne sont pas une exclusivité de notre temps. Ils ont existé dans un passé reculé sous d'autres appellations : écorcheurs, vampires, loups-garous, bête du Gévaudan et diables.
p. 221
La violence et le sexuel, comme je l'ai montré plus haut, empruntent les voies neuronales communes du désir …
p. 223
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Face-à-face avec le démon
... des expérimentations menées dans le cadre de l'école ou de la famille. La puberté, avec ses déchaînements hormonaux qui évoquent les déferlements musicaux d'une ouverture d'opéra, précède et accompagne le lever du rideau sur une scène où les décors sont en place et les rôles appris.
Dans la première partie de ce livre, j'ai fait apparaître comment la compassion dirige le dessin des cartes du Tendre sur lesquelles se construisent les “représentactions” amoureuses exposées aux ravages de la contrepassion. Cette construction n'est pas sans risque. C'est pendant la première enfance que la carte est la plus vulnérable, menacée par le vandalisme de l'entourage et parfois des parents eux-mêmes. Violence, contrainte, sévérité excessives ou dilemmes insupportables sont autant de dégâts et d'injures qui, au lieu d'une carte aux contours bien tracés, laissent au futur adulte un plan raturé et truqué pour le guider sur le terrain de la sexualité.
Tous ces désordres de l'amour ou paraphilies sont marqués du sceau des processus opposants : contraintes, violences, déformations infligées à l'autre ou à soi-même. Je reviendrai sur l'emballement des systèmes désirants qui entraînent à un rythme obsédant les sujets sur les chemins défoncés de la sexualité et de la violence sans retour.
p. 219
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Le cerveau de la violence
Les hormones sexuelles interviennent aussi dans les rapports sociaux et dans l'organisation hiérarchique. Celle-ci exerce une fonction sociale d'autant plus efficace qu'elle est mieux contrôlée. Le jeu complexe des hormones et de leurs récepteurs cérébraux ordonne ces relations. Le niveau d'expression de certaines enzymes permet des ajustements qui autorisent les compromis entre sexe et violence. Les relations entre pouvoir et violence forment un autre volet de ce jeu de compromis qui se déroule autant dans le cerveau que dans la société.
D'autres hormones sont concernées par l'agressivité. Ce sont essentiellement les stéroïdes que secrète la glande cortico-surrénale. Hormones des émotions, ces corticostéroïdes préparent l'économie de l'organisme à une riposte adaptée aux menaces venant des milieux extérieurs et organisent les réactions du cerveau.
Faire intervenir des molécules chimiques dans le déterminisme de la violence revient enfin à revendiquer un rôle pour les gènes qui code leur synthèse. Mais cette histoire a commencé bien avant que les chercheurs découvrent les gènes et les caractères de l'hérédité ; depuis, peut-être que le signe de Caïn hante l'imagination des hommes.
p. 189
Observée sans préjugé, la situation du criminel n'est pas trop éloignée de celle du saint. Ce dernier distribue son avoir aux autres pour s'engager tout entier dans la réalisation de son être. Le tueur prive l'autre de sa vie en échange d'un avoir dérisoire, mais obtient en retour un peu de cet être qui lui manque. S'ils ne peuvent cacher leur admiration pour l'un et leur répugnance pour l'autre, les gens ordinaires demeurent frappés de stupeur devant cet abîme existentiel où se nouent l'être et l'avoir, menaçant, s'ils n'y prennent garde, de les engloutir.
p. 191
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On trouve la sérotonine impliquée dans les états dépressifs, le système sérotoninergique étant par ailleurs une cible des antidépresseurs. Il faut dire que la dépression, qui conduit souvent au suicide, n'est qu'une modalité détournée d'agression. Suicide et mélancolie sont une forme retournée sur soi-même de la violence que le sujet destine à l'autre, cet autre étant le sujet par excès de narcissisme.
...
Le narcissisme exacerbé conduit à détruire cet être qu'on aime — soi-même — pour ne plus avoir à en souffrir. C'est l'autre que l'on tue et ce n'est jamais qu'une projection de soi-même qui est visée.
p. 186
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Pour revenir à la définition de la compassion proposée dans la première partie, être en colère, c'est se mettre à la place de l'autre par effraction. La colère est toujours chez l'homme dirigée vers autrui ou vers soi, ce qui revient au même.
p. 178
Le cortex frontal et l'amygdale qui jouent un rôle majeur dans les mécanismes de la compassion sont également en première ligne dans l'économie de la violence. Celle-ci s'adresse, en effet, toujours à l'autre, même lorsque le sujet s'en prend uniquement à des objets inanimés qui deviennent alors pour lui « en charge d'être ».
p. 179
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Sur le plan adaptatif, on conçoit l'utilité de ces manifestations somatiques chez un animal sauvage ou chez un militaire — il est plus facile de tuer quand on est en colère. La peur, autre émotion négative et partenaire obligé de la colère, mobilise les mêmes ressources ; celles-ci favorisent la fuite ou la contre-attaque. Dans des situations extrêmes, cette mobilisation, cette tension de l'être aux conséquences physiologiques spectaculaires peuvent pousser l'homme au-delà de ce qu'il croyait possible et prolonger sa survie dans le dépassement de soi. C'est ce que décrivent certains rescapés des camps de concentration. Ils auraient puisé dans la colère un sursaut permettant d'ajouter un jour au suivant, jusqu'à celui de la délivrance. Mais à quoi sert à un homme ordinaire (un homme ou une femme de tous les jours) de se mettre dans un pareil état ?
p. 174
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Présentation de la violence
J'affiche ici une opinion particulièrement négative sur la violence telle qu'elle s'exprime chez l'homme. C'est que celui-ci, grâce à sa psyché, peut aussi utiliser les armes redoutables de sa raison. Nietzsche exposant le cas Socrate l'a bien compris : « Lorsqu'on est forcé de faire de la raison un tyran, comme Socrate l'a fait, le danger ne doit pas être mince que quelque chose d'autre fasse le tyran. »
Ce que le bourreau vise dans l'homme, c'est l'autre, son semblable. Cette contrepassion ne peut s'exprimer que dans sa psyché. La faculté de raisonner et l'exercice de ses fabuleuses capacités cognitives ne font in fine que se retourner contre l'homme.
p. 168
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Présentation de la violence
Contrairement à la méchanceté, la violence possède un caractère adaptatif qui témoigne de son origine évolutive et de ses antécédents animaux. Son utilité (ses fonctions), sa réversibilité et ses manifestations organiques facilitent son étude sous l'angle de la biologie.
Selon une opinion répandue en Occident, la violence qui est en nous exprimerait la part de la bête, le résidu turbulent d'animalité contre lequel la psyché se défendrait à l'abri des solides remparts dressés par la raison et la maîtrise de soi. La psyché aurait à combattre sur deux fronts : un espace extracorporel occupé par de redoutables objets et un espace corporel troublé par le remue-ménage incessant des passions. Un tel dogmatisme de l'âme qui assimile celle-ci à une citadelle assiégée et sa corruption à une brèche dans ses défenses abandonne l'homme à une illusion d'essence ; il revient à considérer la morale comme un art des fortifications. Une fois encore, ces clivages psyché/monde et psyché/corps sont intenables du point de vue du biologiste.
L'animalité s'intègre dans la psyché au lieu de ramper au pied de ses murailles. Autre métaphore possible : celle du marché public dans lequel la raison fait commerce avec les passions.
La violence se présente biologiquement comme un état affectif homogène en cohérence avec les actes qu'il recherche.
p. 165 et 166
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La “contre-passion”
Nuire – la méchanceté
Elle est une disposition générale de la psyché et pourrait théoriquement exercer sur celle-ci une hégémonie absolue : un état de méchanceté pure. Une telle extrémité paraît toutefois inaccessible à l'homme malgré ses terrifiantes capacités de nuire à son prochain. Les observateurs les plus pessimistes de l'âme humaine reconnaissent chez elle la persistance d'une faible clarté dans les ténèbres du mal. Chez l'individu comme dans la société, bonté et méchanceté cohabitent, seul le dosage varie, au cours du temps et selon les cas.
En me référant à la psyché, j'entends implicite-ment que la méchanceté appartient exclusivement au genre humain. L'écriteau “Chien méchant” vient apparemment démentir mon propos. Mais, outre que derrière le chien se dissimule un maître (attention, maître méchant), il s'agit d'une bête dite de garde et d'une méchanceté induite par le commerce des hommes. La vraie méchanceté est, tout comme la bonté, porteuse d'un sens inséparable d'une subjectivité vécue et partagée entre humains.
La phénoménologie de la méchanceté découvre ses caractéristiques spécifiquement humaines : sa parfaite gratuité et son inutilité flagrante pour l'individu et pour la société.
p. 160
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Le cœur des autres
« Il faut avec discernement pourvoir notre frère corps de ce dont il a besoin. »
François (d'Assise) est porté par une compréhension poétique des créatures. Cette intelligence du monde s'étend à toutes choses ici-bas. “Bas” doit être ici pris dans son acception pleine : l'amour total absolu du Dieu fait homme qui a connu la faim, la soif, l'angoisse au jardin des Oliviers et la déréliction sur la croix. Une transcendance retournée vers le bas qui s'étale sur l'ensemble du vivant. Ce vivant, expression du désir qui pousse l'une vers l'autre les molécules dans la cellule ou d'une cellule à l'autre ; la vie, support d'une transcendance qui se réalise dans la compassion ; la vie , comment l'amour vient à la matière.
François pousse à son degré extrême le désir de se transporter au-dedans de l'autre. Il est l'homme qui habite le cœur des autres. Un homme cordial, un homme de cœur.
p. 151
Les ailes de la compassion
François n'appartient à aucune religion. Le “Dieu” qu'il sert n'est pas un dieu séculier. Petit pauvre, il a passé une grande partie de sa vie d'apôtre à batailler avec l'Église et avec ceux de ses frères qui défendaient l'établissement de son ordre parmi les puissants de la Foi. Sa règle préférée eût été qu'il n'y en eût pas. Élie* et ses frères se chargèrent de rétablir la raison dans ses prérogatives, mais la flamme qu'il a allumée dans les cœurs ne s'éteindra qu'avec la disparition de l'espèce humaine.
Ni Dieu, ni la religion ne sont nécessaires pour suivre le chemin ouvert par François d'Assise.
---
(* Élie de Cortone religieux italien du XIIIe siècle)
p. 152
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L'imagerie cérébrale a été réalisée chez des moines (franciscains et tibétains) en prière ou en méditation. On observe une activation du cortex préfrontal, ce qui n'a rien d'étonnant et correspond sans doute à l'effort de concentration mentale et d'attention dirigée. Plus inattendue, la chute d'activité du cortex pariétal droit, une région dont nous avons vu qu'elle intervenait dans la conscience du soi, la relation spatio-temporelle du sujet à l'environnement et à la distinction “d'agentivité” (celui qui agit) entre le sujet et l'autre.
Des mini-attaques vasculaires cérébrales ou des crises épileptiques donnent parfois au malade une impression proche d'une expérience mystique : paix intérieure ; perte des limites entre le soi et l'environnement ; et surtout présence d'un “agent” étranger. La stimulation magnétique trans-crânienne qui permet de suspendre pendant un temps très bref le fonctionnement d'une région circonscrite du cortex induit chez certains sujets la sensation d'une présence étrangère : ils se sentent touchés par Dieu ou ont peur et parlent de démons.
Je retiens dans ces « opérations neuronales » associées à des expériences mystiques qu'elles désignent des structures cérébrales ordinairement impliquées dans la relation à l'autre : l'objet même de la compassion. Mon réductionnisme s'arrêtera là.
p. 147
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… la foi ? Le naturaliste épris de sciences cognitives pourra évoquer les dispositifs mentaux impliqués dans les phénomènes de croyance, les neuro-imagiers décrire les régions du cerveau touchées lors d'expériences dites mystiques, encore conviendra-t-il de faire preuve de la plus grande réserve, sachant que, dans le domaine de la foi, la mauvaise foi de tous bords exerce souvent une redoutable pression.
A propos d'un article récent publié par “Courrier international”, intitulé « Dieu laisse des traces de son passage dans nos cerveaux », un frère dominicain insistait sur le risque de confusion : « Confusion à propos de ce que désignent les expressions mêmes de “Dieu”, “foi”, “religion”, “spiritualité”, etc. Ainsi, il paraît tout à fait raisonnable de s'intéresser à l'activité neurologique suscitée par la méditation ou la prière. Certes, un croyant peut être troublé d'apprendre qu'un sujet, soumis à certains signaux électromagnétiques, explique ensuite s'être senti touché par une présence divine... Mais Jacques Lacan n'avait-il pas déjà imaginé cela lorsqu'il parlait des extases de Thérèse d'Avila ? Même au sommet de la mystique, le croyant ne vit pas sa foi ailleurs que dans et avec son corps. Pour autant, faut-il dire que « Dieu laisse des traces de son passage dans nos cerveaux » ? Convient-il d'inventer une nouvelle science, la “neurothéologie” ? Ce serait confondre les pratiques et les expériences religieuses avec celui que plusieurs traditions appellent le “Tout-Autre” ou “l'Inaccessible”. Les travaux sur la biologie de nos passions ont sans l'ombre d'un doute largement contribué à la connaissance de nous-mêmes et des relations que nous élaborons entre nous et avec le monde ; pour autant, nous ont-ils dit ce que sont l'amour et la jalousie, la confiance et la foi ? »
p. 146
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Le miroir de la psyché
Pour devenir une personne, le jeune enfant suit un véritable parcours initiatique : passage de l'imitation de l'autre à celle de soi, puis de l'imitation de soi à la conscience de soi. Chaque passage comporte la traversée d'un miroir. Ce “jeu” de miroirs permet à l'humain de s'auto-affecter, c'est-à-dire de contrôler et manipuler sa psyché. Le “je” est l'acteur d'une comédie dramatique qui se déroule, sans entracte, au passé, au présent et au futur, dont il est tout à la fois le metteur en scène et le public : “je se la joue”. L'émotion est la substance même du théâtre et la compassion fournit le ressort dramatique dont le jeu tire son énergie.
p. 59
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L'autre accomplit pour nous une fonction dont nous sommes incapables : « nous voir comme nous sommes ». Mais cet autre qui nous voit comme tels est un être factice, une pure créature de la psyché qui permet à celle-ci de se doter d'une « conscience de soi ». La question est éminemment philosophique, mais pour autant que “soi” et “l'autre” sont aussi des êtres de chair pourvus d'un cœur ému et d'un cerveau pensant, rien n'empêche le biologiste de mettre en lumière quelques mécanismes — neuronaux pour la plupart — qui animent le sujet dans sa relation à autrui et à lui-même comme un autre. Une première manière d'atteindre cet autre est d'essayer de lui ressembler.
p. 55
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Le sujet compatissant exprime en retour par ses larmes sa compréhension de la souffrance d'autrui. Pleurs qui au-delà d'une seule créature souffrante peuvent s'adresser à l'ensemble des hommes.
Jésus, qui versa à trois reprises des larmes, prouve ainsi son humanité, et la femme pécheresse (« Se tenant à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux », Luc 7,38) scelle par ses larmes le mariage mystique de l'homme et de la femme : compassion de la femme pour le fils de l'homme, compassion de l'homme pour la pécheresse (« Alors il dit à cette femme "Vos péchés vous seront remis" », Luc 7,48). Aucune physiologie, aucune éthologie ne dira mieux que ces deux versets du Nouveau Testament le sens laïc que j'attache à la compassion.
p. 53
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Sourires, rires et pleurs
Le masque du sourire s'accentue dans le rire jusqu'à la convulsion des traits du visage et à la torsion du tronc (se tordre de rire, être plié de rire, etc.).
Le rire en solitaire est rare. Un sujet riant en privé de lui-même se vit comme la projection d'un autre qui soudain apparaît risible à ses yeux : il rit de cet étranger et son rire vient briser le ridicule qui menaçait de l'engloutir. Une société capable de rire d'elle-même permet aux individus qui la composent de vivre en paix entre les éclats de rire qui la secouent de temps à autre. J'en veux pour preuve le gigantesque éclat de rire de Mai 68 qui a sauvé la France de l'ennui.
p. 51
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PREMIÈRE PARTIE
LA COMPASSION
« Il y a des occasions où les passions peuvent paraître être transfusées d'une personne à l'autre instantanément, avant même de savoir ce qui les a excitées chez la personne principalement concernée. »
David Hume, “Théorie des sentiments moraux”.
p. 23
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