Ce n’est qu’une petite invasion éclair en douceur, une petite annexion sans faire d’histoires, ce n’est pas encore la guerre à proprement parler. C’est juste que les Allemands arrivent et qu’ils s’installent, c’est tout.
C'est comme ça, voyez-vous, la section urbaine. Ça consiste en ça.
Rien d'exceptionnel à cela : il arrivait parfois à la jeune femme de passer la nuit chez une amie, généralement une certaine Louise, du moins l'assurait-elle sur son habituel mode évasif, détaché - Ferrer n'étant pas assez exclusif, attaché, pour essayer de s'en assurer.
Gregor naît une nuit d’orage au milieu des éclairs. Il devient vite un génie de l’électricité. Il invente, entre autres, le courant alternatif, la radio et le principe du radar.
Sa vie se déroule à toute vitesse, la vitesse de l’éclair : c’est un inventeur infatigable et asocial, amateur d’annonces spectaculaires et de coups d’éclat, antipathique et attachant.
Il travaille pour de grandes compagnies, il fréquente les plus puissants entrepreneurs américains. Mais il n’a aucun talent pour la comptabilité et la gestion de patrimoine : il finit sur la paille.
Outre les phénomènes électriques, sa passion, ce sont les pigeons, qu’il recueille dans sa chambre d’hôtel et nourrit jusqu’à la fin de sa vie. Mais les pigeons, comme les capitalistes, sont ingrats.
La ménagerie va se déchaîner sept minutes après, quand c'est au réservoir externe d'être largué : crabe et mammouth bondissent de joie pour saluer sa désintégration dans l'éther, sa chute en pluie fine sur la mer. Meyer ne retrouve plus la force d'ouvrir les yeux ; sous ses paupières closes la pression fait naître des myriades de phosphènes aux tons vifs, des étoiles éclatées, des croix stroboscopiques et des croissants pyrotechniques sur fond d'escaliers et damiers.