AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean Follain (170)


Ode à l’école du soir


Employés et manouvriers
s’en vont à l’école du soir
quand la peau des femmes est plus douce
et que les enfants translucides
tracent les dernières marelles
aux carrefours couleur de rose
et par-delà la ville s’étendent
des archipels de villages
remplis aussi d’écoles du soir ;
au haut d’un arbre l’idéal
chante par la voix d’un oiseau,
lentement les rivières coulent,
un fantassin sur un pont d’or
baise aux joues la servante blanche,
douceurs de vivre, ô serpents
emmêlés dans la pourpre vaine,
de lourds passés meurent au ciel ;
qu’Eve à jamais rendit amère
la lourde beauté du feuillage,
mais l’Ecole du soir dans ses bras
de République fortunée
recueille les grands apprentis sages.
Commenter  J’apprécie          00
Jean Follain
EN AUTOMNE


Son complet noir lustré a des tons argentés,
il est devant la porte au heurtoir à lions
regardant la sonnette fourbie
dont le bouton de cuivre reflète l’image
déformée des bicoques d’en face
il ne se décide pas ;
il erre bientôt autour des arbres secs
et des caniveaux engorgés
et fait craquer sous son pas une feuille rouge ;
dans l’épicerie la flamme d’une chandelle à sa fin
tremble près des salaisons ;
cependant passent sous son front
de grandes formes à la Rubens.
Commenter  J’apprécie          40
Jean Follain
PAYSAGES HUMAINS


O paysages humains
une femme y entre puis en sort
et sourit vers l’horizon
alors on revoit les arbres
la plaine
et la route dure
la maison avec ses nids
la bête un peu alarmée
qui boit le lait sous la lune
avec un bruit si léger
puis revoilà le corsage
et le corps de la beauté.
Commenter  J’apprécie          220
Jean Follain
LA PROCESSION



Des bottines blanches
des solennels gants glacés
on garde l’étreinte
sur l’étroit balcon
où l’on se tient
quand passent les trompettes
d’une procession masquant magnifiquement l’avenir.
Commenter  J’apprécie          00
Jean Follain
La femme cueille doucement…


La femme cueille doucement
le champignon dénommé marasme fraternel
un lézard gris vert
frôle une feuille immense à grosses nervures.
Près d’une masure
qu’entoure du blé noir
l’homme a pêché une brème carpée
il en est content, regarde l’horizon
le temps divisé par les horloges
qui sonnent l’une l’autre
va vers un avenir tenace.
Survient le sentiment du vide.
Commenter  J’apprécie          10
Tout fait évènement
pour qui sait frémir
la goutte qui tombe
portant les reflets de granges et d'étables
le son d'une épingle
tombant sur un marbre
le lait qui bout
à la fin des jours
les moments qui traînent
en de pâles séjours
quand s'endort la femme.
Commenter  J’apprécie          40
C'est un soir qu'après le passage d'une femme, tenant sous chaque bras un oreiller pivoine, l'enfant crut voir qui dévalaient la petite côte, trois hommes à têtes de gorets, ricanant, légèrement courbés à cause de la bourrasque et encapuchonnés de noir. Ce lui fut longtemps une matière de mauvais rêves mais, par ailleurs, les vergers du sommeil ont des arbustes à fiers surgeons, des abricotiers pelucheux sur qui glissent vos dents et celles des filles sylphides soudain apparues à vos côtés ; parfois un mur de pierre sèche fait tous les frais de l'hallucination nocturne, d'autres fois, vous rêvez de lessives et de baumes.
Commenter  J’apprécie          30
LES JARDINS

S'épuiser à chercher le secret de la mort
fait fuir le temps entre les plates-bandes
des jardins qui frémissent
dans leurs fruits rouges
et dans leurs fleurs.
L'on sent notre corps qui se ruine
et pourtant sans trop de douleurs.
L'on se penche pour ramasser
quelque monnaie qui n'a plus cours
cependant que s'entendent au loin
des cris de fierté ou d'amour.
Le bruit fin des râteaux
s'accorde aux paysages
traversés par les soupirs
des arracheuses d'herbes folles…
Commenter  J’apprécie          103
AFFRONTER L'ANIMAL


N'est pas toujours facile
d'affronter l'animal
même s'il vous regarde sans trouble ni haine
il le fait fixement
et semble dédaigner
le fin secret qu'il porte
paraît mieux sentir
l'évidence du monde
celle qui jours et nuits
taraude et blesse à l'âme
dans le bruit, le silence.
Commenter  J’apprécie          130
SUR LES SEUILS


Ceux qui inlassablement regardent
sur les seuils
sans rien faire d'autre
voient frémir l'herbage
l'attente les a durcis
apercevant ceux-là qui s'avancent
sans savoir où aller
ne regrettant pas
le règne des rois
ils ne cherchent pas à se faire meilleurs
ni à tuer
fût-ce l'insecte silencieux
qui gravit leur main.
Commenter  J’apprécie          50
PARTHÉNOGÉNÈSE
(Un poème en masse)


Hep ! Hep ! Laissez-moi passer a dit le fleuve le jour de
sa naissance car ce naissant dès qu'il a vu clair voulait
tout avaler tant il avait peiné dans les entrailles de sa
mère pour arriver à sortir de la nuit de ce ventre Hep !
Hep ! Laissez-moi passer a dit le fleuve dès qu'il a vu le
Soleil Ah sûr avec lui pas à discuter passer passer passer
il passe il passe et il n'en finit pas de passer c'est un
surnaturel serpent liquide absolument interminable
interminable les arbres les terres les roches tout est
englouti ah quelle splendeur de vivre un mont dit non
il le contourne il passe il est passé certes la Terre ne
s'attendait pas à l'arrivée irrésistible de cet invincible
conquérant Terre Terre pauvre Terre ne sait plus que
dire à l'eau Terre Terre ne dit plus rien Terre Terre se
livre au fleuve et fleuve la prend et de ce coup de force
Terre Terre ne se plaindra pas longtemps on sait com-
bien depuis à quel point ils s'entendent et même avec
quel entrain les hommes bâtissent leurs villes sur les
rives du fleuve leurs villes avec des ponts-rues sur le
fleuve honneur à l'eau passe passe je t'en prie ma belle
j'aime te regarder passer passe passe mais où vas-tu ma
belle oui oui bel homme dis-moi que je suis belle que
j'ai connu tout au cours de ma vie les joies du bel
amour passe passe mais où vas-tu ma belle tonnerre de
dieu bel homme je vais me foutre à l'eau
Commenter  J’apprécie          110
Se nourrir à Paris demande un certain art et une certaine connaissance. C'est la ville où l'on mange le mieux et le plus mal, où l'on fait le plus de repas de comédies.
Commenter  J’apprécie          110
L’ASIE

Par la fenêtre de l’école
on voyait la carte d’Asie
la Sibérie y était aussi chaude que l’Inde
les insectes y cheminaient
de l’Indus au fleuve Amour;
Au pied du mur
un homme mangeait sa soupe
que les fèves rendaient mauve
il était grave
et seul au monde.
Commenter  J’apprécie          10
L’ANECDOTE

L’unique peintre de ce bourg
repeignait la boutique austère
et fredonnait
quand de la gare s’en revenaient
les deux uniques voyageuses
indifférentes à cet amour
que mettait partout le printemps
mais il est des chants qui poursuivent
et que nous ramène une brise.
O monde je ne puis te construire
sans ce peintre
et sans ces deux femmes.
Commenter  J’apprécie          00
Une petite demoiselle en deuil, Mlle Le Cossec, très blonde, professe, notamment, les mathématiques, en classe de mathématiques élémentaires. Gracieuse, elle conserve, malgré sa fragilité, une autorité incontestable. On voit briller ses gants de peau noire dans les sombres escaliers de la rue du Château où sa chevelure, apportant une provocation de tendresse, fait songer à ses fiançailles futures dont on parle quelquefois. Elle a comme élèves les plus grands dont quelques-uns peuvent être bientôt appelés pour la guerre. Mlle Le Cossec fait l'admiration de beaucoup ; au milieu de ces voix de collégiens qui muent, sa douce voix, quand on l'entend sur quelque palier où le vent d'hiver ébranle une vitre à demi brisée, se fait plus pénétrante. Des classes se situent jusque dans les greniers du vieil immeuble ; c'est effectivement sous les combles qu'elle enseigne devant les quatre ou cinq grands subitement sages, déférents presque avec elle. On ne sait rien de sa vie, mais on devine que de tous les professeurs femmes d'alors, elle reste la plus grave, la plus femme.
Commenter  J’apprécie          00
LA CONDUITE DE LA BÊTE


On vient enfin sortir
de sa bauge assombrie
la bête sans remords
au poil lissé et lustré
son oreille a frémi
et des milliers comme elle
ont traversé les siècles avec lenteur
il a gelé à pierre fendre
au plus noir des celliers
et même dans les chambres
mais un soleil pâle
va bientôt se montrer
sur l’immense route de l’hiver.
Commenter  J’apprécie          20
MARCHE


Des linges tachés
claquent au fond des terres
où se durcit le blé
le chien poursuit
une robuste vie
qui finira certes
avant celle du maître :
tous deux traînent leurs ombres
parfois se regardant
quand les routes se croisent
dans une étrange paix
où survit la durée
sous un rayon dernier.
Commenter  J’apprécie          150
LE SOMMEIL


Un livre de ses mains tombe
quand le fermier s’endort
couché dans des draps vastes
des femmes dans son rêve décolletées
et jalouses
luttent pour leur bonheur
au milieu d’un jardin
où sur l’eau d’un bassin
l’image d’un mur tressaille
et celle des torses
soulevés par une respiration
qui semble à la mesure
de la silencieuse beauté.
Commenter  J’apprécie          00
VISIONS


Par les villes des hommes
s’épient, se méconnaissent
des filles aux yeux lourds
pensent hâter leur fin.
Une image du dieu Jésus
chez un artisan orne
la cheminée démantelée
dans les prés tremblent
menthes, saponaires ;
sur un seuil usé
où la poussière s’apaise
sommeille ce vieillard
sans foi ni loi
qui fut jardinier
il y a beau temps.
Commenter  J’apprécie          10
Jean Follain
Glace rouge
 
 
L’an mil huit cent douze en Russie
quand les soldats faisaient retraite
au milieu des cadavres
d’hommes et de chevaux
avait gelé le vin robuste
la hache du sapeur
dut alors partager
entre tous même moribonds
le bloc de glace rouge
à forme de futaille
qu’aucun musée
n’eût pu jamais garder.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean Follain (501)Voir plus

Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2503 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}