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Citations de Jean Follain (170)


Jean Follain
L’arc de triomphe


L’homme assis dans l’escalier
des heures durant
médite la beauté malheureuse
marches et rampe sont de chêne
à trous de vers et cire dure.
Il saisit la main dans les ombres calmées
d’une femme fragile.
Si par la lucarne le couple regardait
il verrait qu’entourent des champs arides
l’arc de triomphe romain
ce jour-là haut vestige,
à couleur du pain brûlé.
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Jean Follain
Au pays


Ils avaient décidé de s’en aller
au pays
où la même vieille femme
tricote sur le chemin
où la mère
secoue un peu l’enfant
lui disant à la fin des fins
te tairas-tu, te tairas-tu ?
Puis dans le jeu à son amie
la fillette redit tu brûles
et l’autre cherche si longtemps
si tard – ô longue vie –
que bientôt les feuilles sont noires.
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Jean Follain
Sur l’étang du château…


Sur l’étang du château
reste une île
où se tiennent les vieux cygnes
elle n’est utile qu’à leur repos
nulle femme ne s’y cache plus
ni par amour ni par calcul
la pâquerette y sort de terre
et la lenteur s’y résume.
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Jean Follain
Ombres


Guerriers gaulois et romains
marchent avec selon l’heure
devant ou derrière eux leurs ombres
et celles de leurs boucliers
aux mêmes lieux plus tard
arriveront des couples
porteurs de lourds bouquets.
Sur un terrain vague
où sèche du sang
frémit l’arbuste d’aujourd’hui.
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Jean Follain
Imperturbable ciel …


À quelques lieues d’une couche vide
coule un fleuve sacré
près des éclairs de couteaux
de nourritures offertes aux Dieux
au zénith des oiseaux
couleur d’ardoise ou de limon
une brume sur les confins
demandes et réponses se croisent
la terre l’eau le feu
se détruisent sous d’imperturbables cieux.
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Jean Follain
Ciseleuses de raisins…


On entend marcher sur les chemins.
À chaque grappe
les ciseleuses de raisins
enlèvent les grains abîmés
tressaillantes aux appels
corps inquiet
un jour elles mettent au monde.
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Jean Follain
Ignorants…


On soutient
qu’il faut des années
pour épuiser la substance
d’une seule heure de la vie
cependant deux ignorants
se battent au couteau
au bord du précipice
en un coin du monde
à l’orée
d’une lande grise.
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Jean Follain
Un soir se refait…


Un soir se refait
dans les tremblements d’herbes
battement de portes
armoires vidées
quittant des genoux pris sous la robe noire
à tâches de soleil
une bête gagne son coin
sans l’horreur du temps
qui reprend un couple
au tournant d’un chemin
accablé d’oiseaux.
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Jean Follain
Sous les cieux


C’était la ferme au beau pressoir
aux cœurs les mieux placés
il en partait des voix chantantes
des lézards y venaient
toute une heure
qui durait comme un siècle d’homme.
Le bruit que fait
la chute d’une pomme
l’enfant l’entendait
en buvant le lait d’une femme
grave et marquée
sur sa peau hâlée
de grains et de lignes
d’une disposition unique
dans l’ordre des créatures.
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Jean Follain
Bord d’âtre…


Les communs sans grand usage
subissent les pluies
une paysanne
a pour s’asseoir
un bord d’âtre noir
dans les remous de son haleine
tourne le soir
dans l’arbre creux le vent
pourquoi êtres et choses sont-ils
plutôt que rien
pense-t-elle.
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Jean Follain
L’Océan…


Pas un mot de vrai
dit l’homme venant de lire
le morceau de journal
ramassé à terre
vieux de trois jours
une grande femme
survient dans la ruelle
belle pense-t-il
jusqu’à éviter
ses larges yeux noirs
on entend l’océan
battant des rochers nus.
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Jean Follain
Des pas secrets…


Elle entend des pas
qui ne vont point jusqu’à elle
on lui dit doucement
ne misez pas sur un miracle
pourtant elle écoute
s’éloigner au bout du corridor
celui qui la fait trembler
sur la plaine du brouillard s’étend
dans l’écoulement d’heures humaines.
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Jean Follain
Epouses du vent…


Des gens de là-bas croient
à cette cité sous le Mékong
uniquement composée de femmes
ayant des filles avec un seul époux: le vent.
Elles apprennent pourtant
lettres et nombres.
De la surface
monte un refrain
de jeune apprentie
qui coud au fil noir sans un reste de jour
et mourra de vieillesse.
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FRUSTES REPAS

Saucisson comme un marbre rouge
Que le manoeuvre mange
D'un couteau affilé
Dans une rue sans ciel
Alors qu'un enfant pleure
Près d'un comptoir d'étain!
Nourriture d'émeute
Comme ces durs poissons saurs
Qu'avec du vin bleu
On distribuait
Aux pâles soldats de la commune
Assemblés sous les troupeaux d'étoiles.
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VILLAGES MÉLODIEUX

La durée des villages est dans l'ordre profond
Et leur eau à canards veille,
Une noce chante,au soir ,près de cette eau
[sanglante
Une enfant s'aventure jusqu'au bord des roseaux
Toute en blanc,invitées des festins
Où ses vieux parents
Étalent des bijoux lourds
Reflétant l'or vert dans le cidre rouge.
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CHANTS TERRESTRES


Un corsage comme une voile
Vogue dans la fraîche
Et les métaphysiques
Et les théologies
Ne lui cèdent point le pas;
Les grands docteurs dans le jardin
Devisent sous les étoiles,
Les fougerolles et la prèle
Tremblent à la crête du mur,
L'on rentre
Les fruits de la terre
Et les odeurs d'une gerbe
Font écumer de haut mal
La jeune fille.
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LES BELLES NOYÉES

Des femmes au coeur de feuillage
Sur les routes poudreuses
Déploient des ombrelles,
Elles courbent des reins souples
Pour tout au bord du fleuve
Cueillir des fleurs doubles;
Mais poussées par la main
D'un libertin cynique
Elles tombent dans l'eau verte
Qui reflète les chênes ;
La voix d'or des enfants
Répond seule à leurs cris,
La course du soleil
Est au trois quarts remplie
Qu'un homme au remords voué
Suit les berges attiédies
Et les corps adultères
Charmants au fil de l'eau
Servent d'îles aux oiseaux.
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L' ÂTRE

La courtine était raide sur le haut lit
Cathédrale de vers.
Les mains farineuses
Sur les genoux habillés de gris-terre
S'était sans bruit posées ;
Plus de ces mercenaires
Qui passaient assoiffés en mitaines de fer.
La confiture amarante
Bruissait sur le feu doux
En rendant son écume
Alors que chantaient les voix du caprice
Que les femmes laissaient voir un corps
En ouvrant les croisées
Pour baigner leur visage dans l'air.
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POEME DE L'AMOUR
ET DE LA MORT


Les trains sifflent sous les tunnels
Dans l'univers couvert de routes.

-M'amie,lui cria-t-il,
Quand tremble ton corsage
Je reste solitaire
Avec l'encre pâlie,
Pourtant l'odeur des foins
N'a-t-elle pas lié nos mains ?
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CARNAVAL

Dans un bal du quartier latin
Cette fille poitrinaire et nue
Pour faire l'esclave royale
Dans le char de Sardanapale
Figuré par un grand interne,
De poudre d'or s'était couverte.
Elle dont les tremblants cheveux
Avaient blondi au vieux faubourg
Plein de fêtes et de funérailles
Souriait de ce vulgaire bonheur
Mais quand vint la grande aube urbaine
Son corps ploya
Ses dents claquèrent
Au son des clairons et tambours
Et ses frêles poumons sifflèrent
Et son âme s'écartela
Tandis qu'au maison du faubourg
Près des caisses de géraniums
Chacun déjeunait d'un lait pâle.
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