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Critiques de Jean-Marie Chevrier (68)
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Madame

C’est pas que ça me gêne de marcher dans la boue, mais bon, jusqu’à présent je n’avais jamais laissé traîner mes sabots dans la Creuse ? La CREUSE ! oui. Tu connais ? Y’a des champs, y’a de la pluie, y’a de la boue. Alors c’est chaussé de grandes bottes en caoutchouc que j’arpente les terres creuses. Oui, je sais ça fait pas rêver, la CREUSE ! Alors là, je sens les insultes creuses qui vont envahir mon espace virtuel, pour peu qu'il y ait au moins du réseau dans cette lointaine et boueuse contrée ? La Creuse, je ne pensais jamais y aller alors que j‘ai tant arpenté las pâturages du Montana ou du Wisconsin. C’est que j‘aime le nature writing, la littérature de la boue et des grands espaces, et malgré tout la CREUSE pourrait être un p’tit coin de nature à la française, genre un plateau des milles bisons, où il fait bon y écrire. Et y boire, aussi, surtout. C’est que j’aime bien boire un verre de vin avec Madame qui fume des Gauloises… D’un autre temps, cette Creuse, j'vous le dis.



Madame de la Villonière, veuve depuis des lustres, les lustres du salon sont poussiéreux d’ailleurs dans sa vieille demeure isolée dans ce trou perdu dans cette Creuse abandonnée où la servante est presque aussi vieille que les pierres du château. Alors, Madame se prend d’amitié pour Guillaume, 14 ans qu’elle rebaptisera en Willy – on ne refuse rien à Madame – le fils des métayers qui s’occupent de ses terres. Une amitié exigeante qui a pour but de lui donner une autre éducation – meilleure à n’en pas douter que des paysans ne peuvent offrir à leur progéniture. Plus cultivée, les mathématiques et la poésie, les règles du maintien, tout pour en faire un « héritier » officieux.



Je peux d’ailleurs m’interroger sur les motivations de la Dame de la Creuse, sans titre de noblesse, juste un passé vermoulu. Et surtout comment ne pas sentir le mépris pour les parents de Guillaume qui s’effacent devant cette attitude autoritaire. Un sentiment d’humiliation, d’asservissement même. La Creuse d'un autre temps. Mais en s'enfonçant plus profondément dans la boue, je perçois le fondement de Madame, son deuil, ses peurs, sa solitude. Madame rêve d’atomiseurs, Madame rêve d’apesanteur… Des heures et des heures à la recherche d’un bonheur. Madame rêve et moi d’un verre, ad libitum… Et à la fin du roman, je me repasse le film de Madame, je revois ces gestes, ces actes, son but. Tout devient limpide comme mon verre de whisky affiné dans des fûts de Sauternes. Madame rêve, Madame fume des Gauloises.
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Le dernier des Baptiste

Sylvie Germain répondait, dans son entretien publié par Babelio, à la question « Et en ce moment que lisez-vous ? », «Je viens d'achever la lecture d'un excellent roman récemment paru Le dernier des Baptiste de Jean-Marie Chevrier. »

Comme j'aime particulièrement Sylvie Germain, j'ai eu envie de lire ce livre et je ne le regrette pas.



Louise et son fils Baptiste exploitent une ferme isolée à la lisière de la Haute Vienne et de la Creuse. Ils vivent comme un vieux couple depuis la mort du père Edmond, le seul de la lignée à ne pas se prénommer Baptiste.

La maison des Lamy était « la dernière en sortant du hameau des Estives. Elle était isolée. C'était un avantage de ne pas être prisonnier de mitoyennetés ancestrales, d'encastrements incompréhensibles… », « intrication qui avait entraîné des familles dans des querelles obscures… ». le hameau se situait non loin des Grands Chezeaux.



L'accident où Baptiste va perdre un bras vient bouleverser douloureusement l'ordre établi. L'inattendu fait irruption dans leur vie et avec lui le risque de tout perdre. Même lorsque Louise souhaite que son fils trouve une femme, elle veut garder le contrôle et lui ne sait pas non plus comment se comporter, il ne peut rompre, s'en aller, attaché qu'il est à sa terre et avec elle à la lignée dont il descend. La terre, la propriété entretenue et développée par plusieurs générations, doit être préservée. Mais que va devenir la propriété s'il n'a pas de descendance… Les femmes qu'il rencontre sentent bien qu'elles ne représentent qu'un ventre d'où sortira le prochain Baptiste. Et pourtant il voudrait changer…



« Si la plupart du temps, dans les familles ou chez les individus, on redoute l'imprévu, Baptiste au contraire attendait qu'un évènement vienne bouleverser sa vie. Mais son pays était en paix, les lois le protégeaient, sa santé était florissante, il n'avait rien à craindre. Il se levait chaque matin avec, devant lui, une journée prévisible.

(…) Il se réfugiait derrière ses bêtes. « Si je pars, qui va nourrir les vaches et la jument ? »

Il vivait dans une répétition monastique. » p 115-116



Quand Baptiste va revenir après deux mois d'hôpital, avec un bras en moins leur vie va basculer. La mère et le fils vont répondre à ce coup du destin, qui va les contraindre à se délester de ce qui faisait leur vie, de manière opposée.

La vie de Baptiste va progressivement prendre un nouveau tournant. Quelques indices semés au cours du récit laissaient entrevoir son désir de mettre en oeuvre un projet qui soit bien à lui. Il ne se résout pas à disparaître sans avoir enfin réaliser un rêve. Et la fin de ce roman lui donne une coloration fantastique.

Merci à Sylvie Germain pour la découverte de cet auteur.
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Madame

Dans une maison hors d'âge, vit une femme hors du temps.

Pardon.

Dans un château hors d'âge, vit une baronne hors du temps.

Ce temps qui s'est arrêté, il y a quatorze ans ... figé ... il n'y a plus que des semblants.

Guillaume fait semblant d'être le fils et la baronne se croit institutrice. Les fermiers eux, ne font pas semblant, ils travaillent la terre, s'échinent pour quelques menus fretins. Mais ils ont si peu de temps, qu'ils font un peu semblant d'être les parents de Guillaume.

Même la voiture de Madame, car c'est ainsi que la baronne aime à se faire appeler, est d'un autre âge : une vieille Frégate, que les passants montrent du doigt. C'est aussi le cas du vieux fusil, qui sert à dézinguer les ragondins, lui date de 1922.

Dans un récit déroulé au cordeau, Jean-Marie Chevrier, nous dresse des portraits qui se répondent l'un l'autre. Nous découvrons peu à peu tous les secrets de ce mystère qui entoure cette vieille femme. Guillaume y apparait comme un espoir, un espoir du temps jadis, à jamais perdu.

Du fond de ce roman, à l'atmosphère pesante et lourde, on a parfois du mal à trouver son chemin. Y aura-t-il de la lumière ? D’où surgira-t-elle ? L'auteur à tour de rôle, nous égare et nous ramène dans le bon tempo, nous manipule. Difficile de s'incarner dans les personnages, il reste toujours une distance.

Heureusement l'écriture est belle, poétique, elle sait nous décrire la pesanteur des situations et grâce à elle l'histoire y prend toute sa saveur.

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Une saison de pierre

Je reste éberluée, quelque peu secouée par un premier texte que je découvre d’un auteur inconnu de moi jusqu’à hier soir, où la rencontre se fit une nouvelle fois … à ma médiathèque…où les bibliothécaires , chaque semaine, alimentent en livres « mal-aimés », trop peu empruntés ,des boites (comme chez les bouquinistes !)…à l'entrée des lieux...



Cela m’a permis cette année 2014, de découvrir quelques pépites… qui allaient, sinon au rebut, au « pilon »…



Cette « saison de pierre » fait partie de ces rescapés. J’ai lu ce roman cette nuit, intriguée, happée par ce paysan taiseux, qui décide du jour au lendemain d’aller vivre seul dans une petite maison, face à la maison familiale où il vivait depuis de longues années avec sa femme, Louise. Mais il n’en peut plus de sa vie, il est irrémédiablement attiré par la pierre et par la sculpture…Son épouse ne comprend pas cet « abandon » mais respecte sa décision…



De très beaux passages fort détaillés, minutieux, poétiques sur le travail de la pierre…Une rencontre bienfaisante avec un groupe de tailleurs de pierre, italiens…mais où, à son goût, il n’apprendra rien de bien nouveau. On assiste à l’éveil, à la lente naissance d’un homme avide de mots, de sculptures, de beautés, en recherche d’une idée plus grande que lui-même…



L’histoire se déroule A la fin de la Première Guerre mondiale; François, notre héros, désormais solitaire, taillera le granite, fera surgir des formes originales, qui lui parlent exclusivement, comme cette commande d’un monument aux morts pour sa commune, qui sera incomprise, tant la représentation choisie dérange par sa vérité trop brute, directe.

« Ils ne veulent pas de toi, mon vieux…tu es trop mort. Ca leur fait peur. Ils ne veulent pas de moi non plus. Je sais pourquoi. Je suis trop mort aussi. Ils ont raison. Pas de vérité, surtout pas de vérité. Mais où va-t-on les loger ceux que la guerre a tués ? On ne peut pas garder sous les yeux leurs vrais cadavres. Il faut bien des murs qui les séparent de nous, des murs à double face, un côté pour les morts, lisse, plat, reposant…l’autre pour les vivants … » (p.100)



De fort belles phrases concernant les monuments pour rendre hommage aux morts , tués à la guerre : « Les honorer n’était pas glorifier leur mort. Il aurait voulu qu’en leurs noms s’élevât une plainte, tailler dans la pierre une manière de harpe aux cordes si fines qu’elles fissent chanter le vent, léger ou lugubre car la peine n’est pas égale au fil des jours.

Mais le granite ne chante pas, il pèse. Il pensa alors dresser au sommet un perchoir pour les oiseaux, sur un tronc central il sertirait des branches de roche où ils pourraient poser leurs pattes le temps de gazouiller un peu. (p.97)



Un héros solitaire qui abandonne les travaux des champs, et se met à travailler la pierre .Le portrait d’un artiste qui a soif de silence, d’espace à lui, pour créer, et se trouver sans doute …



Il est également question d'un monde rural oublié, avare de mots et d'émotions, qui cache en lui singularité ,insolites pensées, et rêveries…



Ce roman m’a infiniment émue…par son sujet mais aussi le style , le ton original qui ne ressemblent vraiment à aucun autre texte aux thématiques avoisinantes… Une véritable atmosphère, tension …palpables, denses, bouleversantes. Un vrai choc… et le bonheur de découvrir un nouvel écrivain, qui écrit et publie depuis de nombreuses années. Il me reste le suspens de faire connaissance avec ses autres romans !

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Madame

En des temps et des lieux qu'on imagine très reculés mais qui ne le sont pas...

"Madame", aristocrate déchue, s'est attachée au fils de ses fermiers. Elle le fait venir au château sous prétexte de cours de soutien en maths et français. Les visites se font de plus en plus fréquentes, et le garçon semble se prêter de bonne grâce aux fantaisies de cette femme. Il se prénomme Guillaume, elle l'a rebaptisé Willy. Il a quatorze ans, elle le traite comme un enfant. Jusqu'où iront les caprices de "Madame", visiblement perturbée par le deuil et l'isolement ?



Les histoires de hobereaux me mettent toujours mal à l'aise. De fait, on manque d'air ici : on ne sort du huis clos qu'avec la présence timide des parents du garçon, ces 'bouseux' (sic) qui n'osent guère s'opposer aux exigences de la baronne. On manque également de repères temporels dans cette bâtisse poussiéreuse peuplée de portraits d'ancêtres, où le temps s'est arrêté ; c'est d'ailleurs à bord d'une Renault Frégate des années 50 qu'on s'en éloigne...

J'ai manqué de prise aussi sur ces personnages aux comportements à la fois lisses et déroutants. C'est la curiosité qui m'a poussée à continuer. Mais j'aurais pu deviner cette fin ou en imaginer une autre, je m'aperçois a posteriori que cela n'a aucune importance...

Avis : 2.5/5
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Le dernier des Baptiste

Roman qui apparait comme terroir par son bandeau : Un chemin de terre qui nous amène à une ferme à l'ancienne avec une photo légèrement estompée, mais qui n'est pas que ça.

Après on rencontre Baptiste avec la même veste depuis 20 ans dont sa mère prend grand soin. Une veste effilochée au poignet qui provoquera l'accident et la perte d'un bras... Et voilà que Baptiste nous déroule sa vie, celle d'un agriculteur solitaire qui vit encore à l'ancienne alors qu'autour de lui le monde commence à changer. Mais pour lui c'est le travail, la passion des abeilles et un besoin de trouver une femme, pour ne pas continuer à vivre ainsi - avec maman - et des besoins charnels qui le poussent à oublier sa timidité.

Voilà un roman qui nous raconte ce monde paysan avec une justesse étonnante. Pas de grande effusion, juste un homme qui dit ses douleurs, ses petits besoins, et sa surprise devant ce monde qui le met à l'écart. L'accident le projettera dans une autre dimension. On ne peut être paysan et manchot... Tout s'écroule autour de lui.

Joli roman " Que leur restait-il pour dire leur vie? "

E si c'est le travail qui les avait tenus envie tout se délite peu à peu. Baptiste raconte son combat.

Un roman d'atmosphère qui nous met au cœur d'un monde qui a disparu. Si la fin m'a un peu moins convaincue j'ai aimé cette histoire et découvrir la plume de Jean-Marie Chevrier. Il y a une certaine douceur dans ces lignes et une âpreté digne de cette histoire de terre et hommes avec la présence de quelques figures de femmes. Un autre combat pour Baptiste.

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Départementale 15

Sur les routes départementales de l'Orléanais, trois personnages que tout sépare se retrouvent dans un vieille Rover capricieuse. Chacun se dévoile aux autres au fil des kilomètres. Le narrateur tout d'abord, vieux professeur de lettres classiques plein de suffisance et d'érudition. L'auto-stoppeur, un jeune homme de 18 ans silencieux sans repères et sans idées. Enfin, la vendeuse de province ramassée dans une vieille hostellerie où son amant ne l'a jamais rejointe.

Trois univers clichés et pauvres, une écriture pompeuse et une intrigue creuse... Bref, un voyage sans grand intérêt que j'oublierai bien vite.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
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Madame

Autant le dire tout de suite, l'héroïne de ce roman n'est pas du tout sympathique : elle n'est pas aimable, s'habille n'importe comment, méprise légèrement son monde, fume comme un pompier, boit comme un trou et roule à tombeau ouvert dans sa vieille voiture alors que sa vue baisse. Madame est châtelaine et vit presque seule dans son château, accompagnée seulement d'une vieille servante sur le point de mourir. La propriété n'est plus ce qu'elle était, l'argent manque un peu et, repliée dans sa solitude, Madame délaisse l'entretien de la maison et se contente de vivre dans certaines pièces laissant les autres envahies par la poussière et le souvenir.

Pourtant un jour Madame a eu un mari et un enfant aussi. Corentin avait 14 ans quand il est mort... et 14 ans c'est aussi l'âge de Guillaume (qu'elle appelle Willy). Willy est le fils des métayers qui cultive les terres de Madame : elle veut qu'il devienne médecin, elle lui apprend les mathématiques et la littérature tous les mercredis pour lui permettre de s'élever socialement. Mais tout ça n'est pas du goût que ses parents qui sentent leur enfant leur échapper...



Un très beau livre sur ces filiations parallèles qui sont parfois les nôtres et sur les trahisons de classe - si bien décrites par Annie Ernaux par exemple.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de Chevrier (un auteur que je n'avais jamais lu) qui est à la fois précise dans les descriptions et évocatrice dans les ambiances. On met du temps à comprendre (sinon à s'attacher) à Madame mais le petit Willy est attachant du début à la fin, à la fois petit paysan aidant son père aux champs, enfant curieux de tout, admirateur de Tintin, et jeune être déjà frondeur.

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Madame

La châtelaine du lieu, solitaire et excentrique, entend instruire à sa façon le fils unique de ses fermiers, qui a quatorze ans. Entre ces deux là va naître une curieuse complicité, qui évolue vers une transmission: savoir, éducation, puis héritage...Mais à quel prix? Ceci évidemment cache de lourds secrets.
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Madame

Madame de la Villonière descend d'une lignée d'aristocrates. Veuve depuis longtemps, elle mène encore de main de maître le domaine de ses ancêtres - dans la Creuse -, une main de fer dans un gant de velours. Vieillissante, sa vigueur d'antan s'amoindrit tout de même. Elle vit dans son château qui chancèle jour après jour sous le poids des ans et le manque d'entretien, car les finances de Madame sont au plus bas. Seul un couple d'employés s'occupe de ses terres. Ils habitent dans une petite ferme en contrebas du château avec leur fils unique, Guillaume, bientôt âgé de quatorze ans.

Madame, solitaire, n'est guère entourée ; son mari est décédé dans un absurde accident de barque, son enfant Corentin a sombré également dans le sommeil éternel (Madame se dérobe toujours lorsqu'on l'interroge sur l'origine de sa mort), la servante Alexandrine fait en revanche partie des murs depuis des lustres, quant à son frère, médecin de son état, il a quitté le domaine familial dès qu'il a pu avec plaisir, n'ayant jamais aimé ce lieu - des peurs enfantines le hantent encore -, il réside aujourd'hui dans la capitale sur les hauteurs de Chaillot, où il se sent enfin en sécurité.

Madame semble évoluer dans un monde d'un autre temps ; ses robes sont longues et sombres, elle conduit une Renault Frégate Grand Pavois 1956, chasse le ragondin, tue les poulets, fume des gauloises et consomme, parfois avec excès, de l'alcool, aime la littérature et les poèmes... Son humeur est changeante, son regard brumeux, ses gestes volontiers impétueux, ses mots dures...

Madame est une personne originale. Tellement étrange que le jeune Guillaume est fasciné par elle. Une attraction qui paraît aller dans les deux sens puisqu'elle a décidé de prendre ce dernier sous sa coupe afin de lui parfaire son éducation. Un enseignement à l'ancienne fondé sur la grammaire, les grands textes littéraires, les mathématiques ainsi qu'un brin de spiritualité. L'adolescent se rend donc chez Madame chaque mercredi au grand dam de ses parents qui voient cela d'un mauvais oeil... mais difficile pour eux d'aller à l'encontre des idées de Madame. Guillaume se retrouve ainsi déchirer entre ces adultes. En quête d'un équilibre, il cherche désespéremment un éclaircissement, une lueur, une échappatoire : la liberté en somme.

Madame n'hésite pas à le « rebaptiser » Willy, à lui faire quelques confidences, et va même envisager de faire de lui son héritier...

D'une écriture ciselée, belle, et poétique de facture classique, l'auteur entraîne le lecteur dans une histoire, un conte presque, à l'atmosphère lourde et mystérieuse dont il va pourtant finir par se dégager une lumière. La tension est palpable tout au long du roman, on devine que quelque chose va arriver. Une ombre plane sur le domaine. Insidieusement, un drame se prépare. Un enchevêtrement de désarroi et de tristesse, d'un temps révolu et d'un passé pourtant très présent, de la fougue de la jeunesse et de la froideur de la vieillesse, d'amour maternel et d'émancipation, de vie et de mort, d'esprit machiavélique et de nature triomphante... Un coup de coeur pour ce roman envoûtant.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Le dernier des Baptiste

Je ne qualifierai pas ce livre de roman du terroir, qui pour moi idéalise un mode de vie traditionnelle d’autrefois .

Ce roman, est plutôt une peinture de la réalité des campagnes actuelles, qui nous aide à comprendre les difficultés, la solitude, le décalage avec la société moderne, l’isolement, la méfiance de ce monde agricole vis à vis de l’administration lointaine.

Je viens de ces campagnes, petits domaines, terres morcelées, agriculture extensive, absence de confort. Mon père me disait dans les années 1960 : faites des études, abandonnez la campagne, ce métier est trop dur, et ça sera de pire en pire.

Comme il avait raison.

Ce roman est sobre, peu de paroles, journées bien remplies, gestes précis, quelques amitiés. L’ambiance est là, les poules, les vaches, la météo, les machines, puis survient l’accident. Baptiste est un personnage attachant, on le comprend, mais on ne peut pas l’aider. Un jeune couple arrive, avec des idées modernes de de grandes ambitions.

On sent bien le désarroi de Baptiste, il est impuissant, ne lui restera que le rêve.

Beau sujet, belle histoire, qui se termine un peu comme une fable, et un auteur à lire.
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Madame

Madame est un court roman (le dixième de l’auteur) qui possède une atmosphère toute particulière. Il emprunte d’abord la tension, les rapports entre les personnages si particuliers, les non-dits et les confrontations du huis-clos. Quant à l’intrigue, si elle se déroule clairement à notre époque (console, TV, cigarette et quelques marques sont évoqués de façon nette et précise), tout laisse pourtant penser (le personnage de Madame, Alexandrine l’ancienne bonne, la bâtisse, gentilhommière située dans la Creuse…) qu’elle s’inscrit plutôt dans une cadre passé hors d’âge, un autre temps qui n’aurait jamais évolué, ou seulement pour tomber en décrépitude. Cette ambiance accentue l’étrangeté des liens entre Madame et Guillaume, alias Willy. Les parents du jeune homme s’inquiètent d’ailleurs eux aussi. Humiliés et pris pour du personnel un peu simplet, ils ne manquent pas pour autant de s’agacer de voir cette femme stricte et exigence mettre le grappin sur le fils, tout autant que celui-ci de ne quitter les jupons de cette vieille folle. Et pourtant, Guillaume est loin d’être aussi naïf qu’il y paraît et sait que cette lourde porte noire (aux serrures toujours fermées et qui le hante) détient la réponse aux agissements de cette femme....................
Lien : http://stephanieplaisirdelir..
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Madame

Un roman totalement hors du temps sur les rapports entre une femme mûre et un jeune garçon. Mentor, mère adoptive, bourreau, on ne sait pas trop ce qu'elle est pour lui... S'y ajoute une notion de classes sociales qui donne à ce roman un côté XIXème siècle, alors qu'en fait je pense qu'il se déroule de nos jours.

Les personnages sont énigmatiques mais crédibles, c'est très bien écrit. Un roman d'ambiance délicat et intellectuel, mais que je pense oublier assez vite malheureusement...
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Madame

Cette année, pour la deuxième fois, j'ai été jury du prix du roman Fnac et j'en suis enchantée car cela m'a permis de lire avant l'heure cinq romans de la rentrée de septembre 2014 et surtout de découvrir des auteurs français ou étrangers. C'est le cas ici avec la lecture de « Madame » de l'auteur français Jean Chevrier.

C'est l'histoire de Madame de la Villonière, baronne de la Terrade, fermement attachée à son domaine dans la Creuse. Elle représente l'ancienne noblesse provinciale, aujourd'hui sans le sous, et qui vit dans le passé plus fleurissant. Elle n'a plus, pour famille, que son frère médecin installé en ville et sa vieille servante, Alexandrine, qui se meurt. C'est Guillaume, le fils de ses fermiers, qu'elle nomme Willy, qui est le narrateur et c'est la grande force de ce roman. Car Willy à 14 ans et Madame souhaite l'éduquer (elle va aller jusqu'à l'adopter) à la place de son propre fils, Corentin, mort à 14 ans, le jour même où Guillaume est né.

C'est donc un roman psychologique poignant, qui se déroule dans une atmosphère assez étrange et intemporelle : les objets modernes cités (ceux du 21ème siècle) ne vont pas avec l'histoire complètement déconnectée du présent. L'enfermement des personnages est difficile à comprendre avec les outils de communication actuels mais c'est peut-être ce qui fait la force du livre.

La chute est également surprenante car la manipulation psychologique de « Madame », perturbée par la mort précoce de son fils et prisonnière de sa folie, aboutit à élever les vivants plus qu'à les soumettre.



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Le dernier des Baptiste

Le dernier des Baptiste c'est aussi la fin d'une époque... Celle des paysans qui vivaient isoler, loin de tout, souvent solitaire et vieux garçon.

Baptiste c'est le dernier d'une lignée qui porte tous le même prénom, c'est aussi un paysan qui voit les stabulations se multiplier autour de lui, ainsi que les créations de GAEC. Lui pour l'instant vit dans une petite ferme de la Creuse avec sa mère vieillissante qui espère bien un jour le marier ce garçon.

le roman commence par l'accident de Baptiste, le bras happé par la courroie du tracteur. Ensuite c'est une longue réminiscence de cette vie un peu à part. L'amour des terres, un troupeau de vaches, la passion des abeilles et puis aussi les rencontres d'un jour, pour espérer fonder une famille...Avec la présence forte des mères qui décident, trament pour des idylles impossibles car les filles rêvent d'une autre vie que celle au cul des vaches.

Après ce sera le combat de Baptiste, devenu manchot. Une amputation qui en génère une autre, celle d'une vie à jamais terminée avec la vente de ce qui était son gagne-pain.

C'est dans la Creuse nous dit l'auteur, mais cela pourrait être n'importe où dans les petits territoires... Bien que ce monde ne doive plus beaucoup exister.

Jean-Marie Chevrier nous décrit d'une écriture précise et lente l'histoire de ce monde paysan qui se délite. C'est le visage d'une France paysanne qui a disparu mais faut-il le regretter quand on voit la détresse de ce personnage, timide et empêtré dans un quotidien sans surprise, qui se contente de peu : Toujours le même modèle de veste, acheté au camion, un verre au bar du coin, le bal par obligation et une sortie à Vichy avec le club des anciens.

Un roman hommage, qui nous parle avec beaucoup d'humilité de cette nature que l'on ne prend plus le temps de regarder.

C'est un livre qui se lit sans passion, mais avec une certaine curiosité on y découvre une époque, pas si lointaine, comme une suite de tableaux. Belle hommage que ce roman, l'histoire est lourde comme les pas de ces hommes écrasés par une vie de labeur.



Roman choisi pour le thème, il devrait plaire aux lecteurs de la bibliothèque. Merci à babelio pour ce masse critique et à Albin Michel de l'envoi.

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Madame

Dans ce roman on suit Guillaume qui est issue d'une famille de fermier employé chez une aristocrate qui les emploie, elle suit surtout l'éducation de ce jeune homme mais avec des intentions particulières, très particulières, les parents se soumettent à la moindre décision de Madame et elle en éprouve une grande satisfaction afin de pouvoir arriver à ses fins mais c'est sans compter l'intelligence du jeune homme qui va vite deviner le passé de cette dernière et la devancé jusqu'au retranchement final

Un roman qui nous fait plonger dans la noirceur de l'esprit
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Madame

Ce roman ne m'a semblé ni bon ni mauvais, je ne l'ai ni aimé ni détesté : il m'a laissée indifférente et dubitative.

Je lui reconnais cependant une écriture très soignée et ça c'était plaisant. Mais pour le reste.... non.
Lien : http://www.plumedecajou.com/..
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Départementale 15

L'histoire : un vieil ancien professeur kislapêt-un-poil part avec sa vieille auto kislapêt tout autant. En route, il prend à bord un jeune auto-stoppeur. En chemin, dans un hôtel, ils rencontreront une jeune femme, qui continuera le voyage avec eux à travers les départemantales et petits bleds de la "France profonde". Chacun a sa croix, son histoire d'amour écorchée et à vif, et ce voyage va nous les faire découvrir.







Mon avis : un road trip version française. J'ai bien aimé ce livre pudique qui pourtant en dit trop et en est presque indécent, lent mais qui se lit vite, sans grand intérêt mais qu'on aimerait bien que le monde ressemble un peu à ça quand même, prétentieux mais sans prétention, au personnage principal condescendant et paternaliste mais finalement (très) attachant et moins banal qu'il n'y paraît, à l'histoire pas crédible deux secondes alors que les personnages sont des cliché ambulants, à la gentillesse débordante même s'il s'en défend... Bref, j'aurais à en dire autant de choses qui m'ont un peu agacée (sans plus) que de points qui m'ont plu, et j'ai envie de n'en retenir que mon plaisir à la lecture, un plaisir sans réfléchir, juste se laisser porter, parce que dans le fond c'est tout ce qui compte pour moi quand je lis, et que ce monde-là j'en veux bien.



Alors pourquoi pas ? C'est sympa, cette petite rêverie pseudo-éveillée, et j'embarque volontiers sans prise de tête =^.^=
Lien : http://ploufsurterre.canalbl..
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Le dernier des Baptiste

Merci pour cette belle découverte ! Au premier abord, on peut croire à un roman de terroir, j'attendais presque un doc sur le monde agricole et les difficultés qu'il doit faire face...Et pourtant, ce roman c'est avant tout des personnages dont on découvre la personnalité et la sensibilité au fil du récit. L'écriture est poétique, tout en étant efficace. Elle nous fait nous sentir proche de la nature. L'intrigue est douce, fluide et nous emmène naturellement à la fin qui constitue un brin de folie.. Ce qu'on se dit en refermant le livre : je m'en souviendrai, c'était un beau livre.
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Madame

Une aristocrate, veuve s'attache au fils de ses fermiers.

Elle l'éduque, lui apprend la poésie, la nature, la liberté.

Cette femme a en fait perdu son fils unique, le jour de la naissance de ce petit Willy.

La relation entre les deux personnages devient de plus en plus énigmatique.

Nous n'apprenons que par petite touches que cette histoire se déroule à notre époque.

Belle écriture, beau style.

Un grand moment de lecture.

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