Après avoir découvert le tome 2, impossible de ne pas céder à la tentation d'enchaîner avec le troisième et dernier tant l'intrigue devenait intéressante. L'auteur offre une conclusion dans la droite ligne de tout ce qu'il a développé jusqu'à présent avec une grosse touche de philosophie et de réflexion sur notre société. Certains trouveront peut-être cela trop ouvert, pour ma part j'ai aimé qu'il me laisse ainsi réfléchir à tout ce qu'il avait abordé et mis en branle.
Le tome s'ouvre et se concentre pas mal sur les communautés humaines que l'Enfant a décidé de disséminer un peu partout dans l'univers pour pallier à l'anéantissement de celle-ci faute de diversité et à cause de sa trop grande concentration. En solution alternative, il propose donc de lâcher des groupes dans des environnements inconnus, parfois limite hostiles, où ils vont devoir tout réinventer. Il espère ainsi que tous ces modèles différents qui vont naître vont permettre d'éviter les pièges dans lesquels elle est tombée et qui l'ont amenée au stade actuel, c'est-à-dire son effondrement. Mais pour cela, à eux de se prendre en main, de construire ensemble, d'échanger pour avancer car l'Enfant ne compte pas leur donner clé en main les solutions. J'aime ce libre-arbitre qu'il laisse à l'humanité contraire à Latroce.
En parallèle mais toujours sur le même thème justement, l'Enfant et de seigneur de Latroce se livrent à une confrontation d'idées plus proche de la guerre que du débat à bien des moments. Ces deux personnalités très fortes ne cèdent pas d'un pouce pendant longtemps tant ils pensent avoir chacun LA solution au péril qui menace l'Empire galactique. Ce sont à chaque fois des moments passionnants car d'une belle tension dramatique entre deux individus qu'on dirait être les faces opposées d'une même pièce.
Et pendant ce temps, Kobayashi, lui, poursuit son voyage initiatique et spirituel, nous permettant d'en comprendre plus sur le plan assez obscur de l'Enfant et les origines ainsi que les possibilités de ses interventions sur l'espace-temps. C'est assez fascinant à suivre ici aussi.
Tout cela se mélange pour apporter la dernière pierre à l'édifice du scénario et proposer un message philosophico-alternatif, un peu comme lors de ma lecture du Bouddha d'Osamu Tezuka. On découvre ainsi les différentes propositions de gouvernance d'un Empire qui touche à sa fin, certains plus militaires, d'autres plus politiques qu'ils soient anarchistes ou non, et enfin certains carrément en dehors de ce cadre. L'auteur, lui, semble plutôt nous emmener vers un modèle décentralisé et pluriel qui offre une plus grande liberté grâce à leur auto-gérance. Il pousse ainsi jusqu'au bout sa réflexion sur notre société et l'évolution ou plutôt les évolutions qu'il imagine pour elle. L'Enfant représente ainsi l'évolution possible de notre foi en une divinité, Latroce de notre foi en la technologie et se pose en modèle d'une certaine trans-humanité (un humain amélioré avec tous ses clones), tandis que Kobayashi est un modèle de post-humain (nouvelle forme d'humanité en devenir) [Je me base sur cet article pour mes définitions vu que je ne suis pas calée là-dessus ^^!].
Comme promis, La Fleur de Dieu fut donc une lecture exigeante, entre philosophie et politique, plein de réflexion sur notre société actuelle et ce qu'elle pourrait devenir. L'auteur fait une proposition, libre à nous d'y adhérer ou non. Par contre, les projections qu'il fait sur notre société sont saisissantes de réalistes et il est bon de s'interroger là-dessus. Voilà, ce que je demande à la SF, de me pousser à m'interroger sur notre devenir, et Jean-Michel Ré y a parfaitement réussi.
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