J'aime beaucoup lire de la science-fiction depuis que je suis ados, mais ayant commencé avec des auteurs comme Asimov, Herbert, Simmons ou Zelazny, je peine un peu à retrouver le même plaisir d'évasion folle. Alors quand j'ai lu la 4e de couverture de la Fleur de Dieu de Jean-Michel Ré où étaient évoqués plusieurs de ces auteurs comme des sources d'inspiration de la trilogie que l'auteur avait débuté, j'ai eu très envie de m'y plonger !
Conçue comme une saga en trois temps, La Fleur de Dieu ne fait que nous appâter dans ce premier tome. Jean-Michel Ré nous présente son univers, riche et complexe, ses personnages, nombreux, et ses thématiques, fortes, le tout en moins de 300 pages. Le rythme est soutenu, aidé par la présence d'un conséquent glossaire en fin de tome où il évacue toutes les descriptions/explications de phénomènes, institutions, lieux, etc, qui aurait ralenti son récit. C'est perturbant au début de la lecture mais assez efficace dans l'ensemble.
Je dois avouer qu'au début de ma lecture, j'ai fait le choix sciemment de ne jamais ou presque me référer à ce glossaire pour ne pas être sans cesse coupée dans ma lecture. Ce fut un choix qui a payé mais qui fut difficile au début car j'avais beaucoup de mal à imaginer et concevoir cet univers dans lequel j'étais plongée. Je ne sais pas si le choix de Jean-Michel Ré est le bon. J'aurais aimé parfois, comme ce fut le cas chez les auteurs dont il s'inspire, qu'il mêle la construction de son univers à celle de son intrigue. Je pense que ça m'aurait permis de mieux m'immerger dans son histoire, de mieux fixer celle-ci et son cadre car l'ensemble est assez compliqué sans que s'y ajoutent tous ces termes, parfois transparents mais pas toujours, qui sont propre à cette culture qui a évolué bien après nous.
L'histoire prend place dans notre futur en 10 996, notre monde a évolué pour devenir un Empire qui s'étant sur plus de 18 000 monde habités. L'homme a sa tête est un tyran à l'égo démesuré qui, avec ses prédécesseurs, n'a pu que provoquer la naissance d'une résistance. Celle-ci se manifeste de différentes façons que nous allons découvrir au fil de l'histoire. Il y a d'abord, à l'intérieur même de la hiérarchie de l'Empire, l'action menée en catimini par le Seigneur de la Guerre Latroce (j'adore son nom !), homme ambitieux et intelligent qui cherche à faire bouger les choses mais à son profit quand même. Ensuite, dans les couches plus extérieures de l'Empire, il y a l'organisation Fawdha' Anarchia qui cherche à renverser le système et veulent libérer tout le monde et leur apprendre ce qu'on leur cache. Au moment où commence l'histoire, les deux groupes entrent en action et en même temps se produit un phénomène étrange qui vient perturber tout le monde : l'apparition d'un enfant aux pouvoirs qui défient l'entendement.
C'est donc une histoire riche en action due à la révolution qui se met en branle, et en réflexions et mystères dues à l'apparition de cet enfant, qui va naitre sous nos yeux. S'ajoute en plus, un aspect plus religieux ou philosophique avec le Conclave des différentes religions qui s'organise et se retrouve aussi impliqué par ce qui passe. Ainsi qu'un aspect politique et économique avec le vol d'une formule chimique indispensable au bon fonctionnement de l'Empire : la Fleur de Dieu, ainsi que la possible fuite du mystère des Portes (artéfact tenu secret permettant de voyager instantanément) et l'utilisation de plus en plus contestée des Clones (sortes d'esclaves modernes). Au final, il y a énormément de ramifications intéressantes, intrigantes et riches en réflexion dans cet univers.
L'auteur nous parle des dérives de notre société de consommation, des dérives politiques totalitaires possibles, ainsi que de celles de la conquête spatiale. De l'évolution possible de nos religions vers quelque chose de plus philosophique. Il s'interroge aussi de ce point de vue là sur le clonage et l'utilisation de ceux-ci par des groupes totalitaires. Alors l'arrivée de cet enfant qui bouleverse l'ordre établi envoie tout valser et souffle le lecteur, notamment lors d'une scène dantesque qui va frapper tout le monde, lui promettant une suite haletante s'il en est. J'ai ainsi fini ma lecture en ressentant la grande frustration de ne pas avoir la suite sous la main.
Le seul point faible important ici, pour moi, ce sont les personnages. Je trouve ceux-ci encore trop transparents par rapport à la richesse de l'univers. L'auteur essaie bien de leur donner du corps mais il m'a manqué quelque chose. Je ne sais pas si c'est dû au fait que les chapitres les mettant en scène sont très courts, qu'on change ainsi très vite de centre d'intérêt et que ça ne leur laisse pas assez de temps. Mais à part le Général Latroce, que ce soit l'Empereur, Kobayashi, l'Enfant ou tous les autres qu'on croise, je les trouve encore un peu fades même si plein de promesses.
La Fleur de Dieu fut donc une lecture dépaysante, qui a débuté étrangement et où les choix de l'auteur ne m'ont pas toujours convaincue. Cependant, la richesse de l'univers, le rythme de la narration et les thèmes développés m'ont accrochée. J'ai très envie de découvrir la suite de ces révolutions auxquelles on a commencé à assister.
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