- « le grand Pari(s) d'Alphand . Création et transmission d'un paysage urbain », Chiara Santini - Yann Nussaume - Michel Audouy & Jean-Pierre le Dantec (sous la direction de), Editions de la Villette. https://www.librest.com/tous-les-livres/le-grand-pari-s--d-alphand--creation-et-transmission-d-un-paysage-urbain-9782375560051.html
Aujourd'hui, c'est la guerre, la guerre qui ne se mène pas avec des vers et des rêveries, mais avec des armes et des hommes. Des hommes qui risquent leur peau, des armes qui tuent, du courage, du sang-froid, de l'intelligence et une implacable rigueur.
Les massacres racistes commencent toujours ainsi, mon petit Julien. On traite les Juifs de youpins, les Noirs de nègres, les Algériens de bougnoules. Ce ne sont plus des hommes, dès lors, qu'on assassine, mais des bêtes nuisibles qu'on supprime.
Je contemple le visage maigre du jeune homme, fasciné par l'éclat de son regard qui tranche avec l'allure fragile de son corps. Comment un type frêle comme lui, un gamin presque, a-t-il pu traverser montagnes, déserts, campagnes, villes et villages, sur des milliers de kilomètres, pour arriver jusqu'ici, à Paris ? Dans quelle mystérieuse réserve d'énergie a-t-il puisé la force nécessaire pour réussir une performance aussi épuisante ? Quelles souffrances, quelles privations, quelles humiliations sans doute, et quelles frayeurs surtout a-t-il dû vaincre au cours de cette marche interminable ?
En un temps où la planète entière a été reconnue, colonisée, façonnée et refaçonnée par la technique, et où l'économie est devenue globale, notre asile terrestre ne peut plus être pensé en termes d'îles ou de pays garantis par des mers ou des frontières, soit comme une mosaïque. Elle est devenue une, incluse dans sa propre limite sphérique : un système écologique global, une "biosphère", disent les savants, de plus en plus fragilisée, dont l'homme constitue la "noosphère".
Toute histoire a sa vulgate. Ainsi oppose-t-on le caractère artificiel, voire "antinaturel" des jardins réguliers, et spécialement de ceux dits "à la française", au "libre naturel" des jardins dits "à l'anglaise". Poncif simpliste, même si les partisans de l'une et de l'autre manière eurent tendance à débattre dans ces termes faussés au cours du XVIIIème siècle.
Du lointain, des promontoires ébréchés par le combat des hommes, parvenait à la jeune femme l'écho d'une autre lutte. Martèlement des chanteperces d'acier sur le granit, roulement des vagues, explosion sèche de la dynamite ; rumeur des carrières, aussi insistante que le crépitement de sa machine à écrire, aussi obstinée que le grincement de la plume de Conrad. Pulsation de vie forte qui lui disait : Tu es au monde, ma fille, il te porte, tu y participes, à toi de gagner ce qui te revient.
[un traité de Cicéron] évoque l'existence d'une seconde nature qualifiée d'altera natura par l'auteur des Tusculanes. "Nous semons du blé, écrit Cicéron dans un passage du De natura deorum, plantons des arbres, fertilisons le sol par l'irrigation, maîtrisons les fleuves et redressons ou détournons leur cours. En résumé, par le travail de nos mains, nous essayons, pour ainsi dire, de créer une seconde nature (altera natura) au sein du monde naturel."
Mince, la chevelure rousse, légèrement bouclée sur les tempes, le visage doté d’une bouche large surmontant une fossette qui creusait son menton, il a gagné l’estrade et le bureau, serviette en cuir de couleur tabac à la main, ses yeux parcourant la salle d’un regard attentif, un brin soucieux.
Mes parents m’offrent en effet le cadeau dont je rêvais : un vélo demi-course de marque Louison Bobet sur lequel, grâce à des virées sur les routes sillonnant le relief mouvementé de la campagne guingampaise, je me vide la tête et m’épuise au point que je m’écroule chaque soir, dans mon lit.
Les autochtones (je ne dis pas les musulmans car, dans la minorité d’autochtones qui a eu la chance d’étudier, on compte une forte minorité d’incroyants) traités comme des animaux – familiers s’ils obéissent, sauvages, s’ils se rebellent.