AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072734571
176 pages
Gallimard (05/10/2017)
3.64/5   11 notes
Résumé :
Dans un TGV roulant vers la Bretagne, François Contelec, le narrateur, rencontre un ancien camarade de classe, Pierre-Alain Jézéquel. Les deux hommes ont maintenant plus de soixante ans et leurs retrouvailles font ressurgir le passé. Alors que François est issu d'une famille d'instituteurs communistes, Pierre-Alain était le fils d'un bourgeois d'extrême-droite. Ces antagonismes n'empêchaient pas les deux copains de lycée de passer des vacances ensemble dans les Côte... >Voir plus
Que lire après Le disparuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Voici un livre qui m'a beaucoup plu et que je vous recommande vivement : le disparu de Jean-Pierre le Dantec.
Le roman s'ouvre sur une rencontre à bord d'un TGV : celle de deux anciens camarades de pensionnat : François Contellec et Pierre-Alain Jézéquel. S'ils se retrouvent avec plaisir, ils n'ont pas oublié qu'ils ont été rivaux sur le plan sentimental et surtout qu'ils ne partageaient pas les mêmes points de vue politiques à une époque où les événements algériens créent des tensions et des fractures dans la population française.
Au cours de leur conversation, ils en viennent à évoquer un bon souvenir : celui de leur professeur de français, Loïc Quéméner, un jeune homme qu'ils adoraient et qui avait été capable de leur transmettre sa passion de la littérature en leur proposant de jouer le Bourgeois gentilhomme.
Hélas, Quéméner avait été appelé sous les drapeaux et, la mort dans l'âme, avait dû abandonner sa classe et ses élèves pour se rendre en Algérie. Avant de partir, il avait proposé à ses élèves de mettre en place une correspondance, ainsi pourrait-il leur donner des nouvelles…
Je ne vous en dis pas plus… mais sachez tout de même que vous allez vous régaler à la lecture de ce roman… Tout d'abord, l'écriture est délicieuse : ah, les lettres de Quéméner… quel style, quelle élégance… les mots vous portent, vous éprouvez de façon saisissante tout ce qu'a pu vivre ce jeune homme généreux, sensible, plein d'humanisme, tout frais débarqué en Algérie, vous partagez ses impressions, ses réserves, ses révoltes, vous ressentez pleinement toute la misère qu'il découvre de la caserne de Cherchell à la SAS (Section Administrative Spécialisée) de Aït Hichem, la haine, l'esprit de vengeance et bien pire encore…
Rien que pour ces lettres qui m'ont paru tellement vraies que je me suis demandé si elles existaient vraiment, ce roman vaut d'être lu ! Elles nous proposent un autre point de vue sur l'Algérie et dévoilent une réalité bien complexe s'il en est !
Mais le disparu est aussi un roman d'apprentissage : en effet, nous rencontrons des adolescents dans leur pensionnat breton, le lycée Auguste-Pavie de Guingamp dans les années 50, une grande bâtisse mal chauffée, des règles strictes et des grappes de garçons pleins d'enthousiasme, fous de sport, découvrant les filles, la sexualité, le rock'n roll, le jazz, le cha-cha-cha et commençant à s'interroger sur leur premier conflit contemporain.
C'est le passage à l'âge adulte, une espèce de basculement pas toujours facile à vivre car tout est à construire. On sent toutes les tensions que la situation algérienne provoque chez des adolescents encore naïfs et largement influencés par leurs parents ou par un frère parti là-bas, jeunes adultes dont la conscience politique émerge petit à petit et qui apprennent à se construire à travers les échos lointains de ce qui se passe en Algérie… Douloureux et passionnant éveil politique…
C'est vraiment toute une époque qui est évoquée ici, une période où beaucoup s'interrogeaient sur cette guerre qu'ils osaient à peine nommer… Difficile pour des adolescents d'affirmer leurs convictions et leurs doutes...
Et puis, lorsque les grandes vacances arrivent, les garçons s'égaillent dans la nature, une nature bretonne décrite merveilleusement par Jean-Pierre le Dantec : ce sont des tableaux qui prennent forme sous nos yeux. Ajoncs et genêts agités par le gwalarn (vent de noroît), mer en furie aux teintes gris cendre, délicieuses baignades sous le soleil, pêche à pied dans les crevasses rocheuses…
Un livre fait de contrastes saisissants : tandis que les uns profitent de leur jeunesse et du bonheur de vivre, d'autres, ailleurs, perdus dans un conflit qui les dépasse, combattent et meurent.
Au risque de me répéter, ce roman m'a procuré un vif plaisir de lecture et je ne suis pas près d'oublier le portrait fascinant de Quéméner, le jeune professeur sensible, témoignant à travers ses lettres de toute la complexité d'une situation politique trouble dans laquelle, sans y être préparé, il fut plongé malgré lui.
Un très beau texte, à lire absolument !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          170
Retrouvant par hasard un ancien camarade de classe, François Contellec, le narrateur, fait remonter des souvenirs enfouis, souvenirs bien utiles pour apprendre ou remémorer ces années d'une guerre d'Algérie qui ne voulait pas dire son nom.
Ce camarade, Pierre-Alain Jézéquel, est un général à la retraite. Tout opposait les deux garçons, à l'adolescence et pourtant : « mon contraire, mon rival en latin et mon ennemi en politique, Pierre-Alain, mon meilleur ami. » Tous les deux, ils se souviennent de ce prof de français qui leur avait donné la chance de faire du théâtre et qui, soudain, sursis résilié, fut appelé en Algérie. Seules des lettres ont permis de garder le contact, jusqu'au jour où…
Jean-Pierre le Dantec nous entraîne sur les pas de ces garçons qui voient arriver Loïc Quémener, leur prof : « Mince, la chevelure rousse, légèrement bouclée sur les tempes, le visage doté d'une bouche large surmontant une fossette qui creusait son menton, il a gagné l'estrade et le bureau, serviette en cuir de couleur tabac à la main, ses yeux parcourant la salle d'un regard attentif, un brin soucieux. »
Dans ce lycée de Guingamp, les quinze garçons de troisième AB observent : « Quoiqu'il sourie lui aussi, quelque chose dans son regard suggère un trouble, une inquiétude qu'aujourd'hui j'attribue à la fin de son sursis militaire. »
L'internat est bien décrit avec la journée de classe, les discussions sur le foot, les disputes à propos de musique et de chansons sans oublier ces fameuses promenades du jeudi après-midi. On croise par… hasard un groupe du lycée de filles, c'est l'occasion d'observer Myriam que le narrateur aime, mais qui regarde Pierre-Alain, « ce facho qui défend Franco et Salazar », d'où une jalousie terrible.
L'auteur aime aussi décrire la nature mais je trouve son style un peu emphatique. Il est plus convaincant lorsqu'il évoque sa passion pour le cyclisme, ce jour de Noël 1957 : « Mes parents m'offrent en effet le cadeau dont je rêvais : un vélo demi-course de marque Louison Bobet sur lequel, grâce à des virées sur les routes sillonnant le relief mouvementé de la campagne guingampaise, je me vide la tête et m'épuise au point que je m'écroule chaque soir, dans mon lit. »
Après ce Noël et la représentation réussie du Bourgeois gentilhomme, c'est le traumatisme du départ de M. Quémener sous les drapeaux. le ton du livre change. Il suit l'évolution politique de la France et la guerre en Algérie. Les lettres reçues en Bretagne montrent le trouble ressenti après le coup d'État des généraux. Quémener stigmatise l'attitude des « petits blancs » et note : « Les autochtones (je ne dis pas les musulmans car, dans la minorité d'autochtones qui a eu la chance d'étudier, on compte une forte minorité d'incroyants) traités comme des animaux – familiers s'ils obéissent, sauvages, s'ils se rebellent. »
Jusqu'au bout, le disparu est passionnant, riche d'enseignements sur une période récente de notre histoire avec ces tentatives d'amitié entre personnes d'origine différente que certains s'ingénient à casser. Pierre-Alain qui a évolué, le constate : « …tout, dans cette guerre pourrie, a été dégueulasse. Les attentats et les crimes du FLN, les tortures, le sort fait aux harkis, et surtout l'abandon. »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          161
Avant de lire le disparu, je ne connaissais pas Jean-Pierre le Dantec et j'ai été séduite par la lecture de ce roman.
Tout commence dans un train où François Contellec tombe sur un ancien camarade de classe : Pierre-Alain Jézéquel. Ces retrouvailles font ressurgir alors entre les deux hommes un passé fait d'amitié adolescente, de rivalité scolaire, politique, sportive et amoureuse au sein d'un pensionnat breton. Ils se souviennent notamment de cette année 1959 où arrive alors un jeune professeur de français : Loïc Quéméner qui réussit à faire aimer la littérature, même aux plus cancres.
Malheureusement, en cours d'année, il est appelé en Algérie d'où il écrira à ses élèves pour leur rapporter la réalité de cette guerre qui ne dit pas son nom.
Le Dantec, avec le disparu, a écrit un roman très fort. Il nous fait revivre cette époque, fin des années 50, début des années 60, de façon remarquable. Il nous retrace, avec une grande finesse cette période de la guerre d'Algérie et arrive à tisser un lien entre ces événements et la France d'aujourd'hui.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          110
Cinquante ans après les événements relatés dans « Le disparu », François Contellec tombe par hasard dans le TGV sur Pierre-Alain Jézéquel, son meilleur copain des années de l'adolescence, celles de la fin des années 1950 en Bretagne. Les deux garçons étaient alors internes dans un lycée breton. Malgré des milieux d'origine et des opinions politiques différents (le père de François est communiste, celui de Pierre-Alain est royaliste), ils vont devenir amis.
Leur chemin en commun va diverger : le second est devenu général, le premier écrivain. Ce dernier veut écrire un livre sur Loïc Quéméner, ce professeur de français extraordinaire qui les a éveillés à l'amour de la littérature.
En 1959, l'enseignant est envoyé en Algérie et affecté dans une Section administrative spécialisée (SAS) chargée en théorie de « pacifier » le pays et de convertir les autochtones à la cause de la France. Il meurt dans des circonstances obscures.
Grâce à la correspondance que le jeune soldat entretient avec ses élèves, la guerre se dévoile avec toute sa cruauté.
L'impression laissée par la lecture de ce roman est mitigée. J'ai été peu touchée par la description du quotidien et des états d'âme des deux amis qui fleurent le « déjà-lu » : le sport, la concurrence pour séduire la plus jolie fille... En revanche, les lettres de Loïc Quéméner auraient pu elles seules constituer le sujet principal du livre. Et l'auteur n'hésite pas à faire un parallèle entre le terrorisme en Algérie et celui, plus récent de Daech. « Même si, à l'époque, le temps des colonies était terminé, la perte de l'Algérie a été la première victoire de l'islam contre l'Occident chrétien. Une victoire dont on paie aujourd'hui le prix » écrit-il.







Lien : http://papivore.net/litterat..
Commenter  J’apprécie          40
La guerre d'Algérie : un sujet difficile, une autre génération d'hommes sacrifiés ou marqués à vie, des familles détruites, une période sombre de notre histoire contemporaine.
Il y a une puissance dans ce récit, sans étalage, tout en finesse. le destin croisé de jeunes lycéens devenus des hommes qui se rappellent ce professeur de français, appelé sous les drapeaux pour aller combattre de l'autre côté de la Méditerranée et qui aura marqué durablement ces jeunes esprits en construction.
En finissant ce roman, j'ai eu une impression de trop peu, d'envie que l'auteur soit allé plus loin... Mais après quelques jours ce sentiment a disparu : qu'aurait-il pu dire de plus ? Faire durer l'histoire aurait certainement retirer de la force au récit.
Un roman qui aborde les ravages de la guerre sans faire couler du sang à chaque page
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Je contemple le visage maigre du jeune homme, fasciné par l'éclat de son regard qui tranche avec l'allure fragile de son corps. Comment un type frêle comme lui, un gamin presque, a-t-il pu traverser montagnes, déserts, campagnes, villes et villages, sur des milliers de kilomètres, pour arriver jusqu'ici, à Paris ? Dans quelle mystérieuse réserve d'énergie a-t-il puisé la force nécessaire pour réussir une performance aussi épuisante ? Quelles souffrances, quelles privations, quelles humiliations sans doute, et quelles frayeurs surtout a-t-il dû vaincre au cours de cette marche interminable ?
Commenter  J’apprécie          40
Les massacres racistes commencent toujours ainsi, mon petit Julien. On traite les Juifs de youpins, les Noirs de nègres, les Algériens de bougnoules. Ce ne sont plus des hommes, dès lors, qu'on assassine, mais des bêtes nuisibles qu'on supprime.
Commenter  J’apprécie          50
Faute d’entrevoir l’utilité d’apprendre à lire et à écrire, ils se contentent du minimum et demeurent plus ou moins analphabètes. À leur décharge, je dois reconnaître que les débouchés professionnels sont rares et que l’attitude de leurs pères (ceux qui n’ont pas rejoint le maghzen ou le maquis, s’entend) leur offre un exemple calamiteux. Outre qu’une bonne partie d’entre eux travaillent peu, voire pas du tout sous prétexte que les seules tâches disponibles sont « indignes des hommes », ils cloîtrent leurs épouses et leurs filles à marier, les réduisant au rôle d’esclaves domestiques et de pondeuses d’enfants –garçons si possible, il va sans dire. J’ai beau avoir lu Tristes Tropiques (livre dont je vous recommande la lecture, même si certains passages vous paraîtront peut-être difficiles) et récuser l’idée prétendant que la culture occidentale serait supérieure aux autres, j’avoue avoir du mal à voir dans l’enfermement des femmes musulmanes une coutume légitime ou, à tout le moins, appelant respect et compréhension. Ainsi, je me rappelle Djamila, une enfant aux grands yeux noirs rieurs, si éveillée et si intelligente qu’elle avait appris à lire, écrire, multiplier et diviser en quelques mois à la stupéfaction de Danielle, l’institutrice de Aït Hichem.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a tant de choses essentielles sur lesquelles nous nous accordons. Les filles évidemment. Les filles et puis le sexe. Or, côté sexe, Pierre-Alain a pris une avance décisive sur moi, cet été.
Un soir où il était en boîte en train d’écluser des bières avec un moniteur du club de voile, il avait remarqué, m’a-t-il raconté, qu’une femme attablée en compagnie d’un couple déjà éméché le regardait constamment. Pas une jeune, non, une vieille d’au moins trente ans. Mais pas mal fichue pour son âge, cette vieille, avec une crinière rousse tombant sur des épaules piquées de taches de son, une bouche écarlate au milieu d’un visage aux pommettes saillantes, et une forte poitrine gonflant son chemisier. Pierre-Alain la fixe à son tour et, voyant qu’elle ne baisse pas les yeux mais garde au contraire les siens posés sur lui, y compris lorsqu’elle porte à ses lèvres sa coupe de champagne, il tente sa chance et lui propose de danser.
Commenter  J’apprécie          00
Mince, la chevelure rousse, légèrement bouclée sur les tempes, le visage doté d’une bouche large surmontant une fossette qui creusait son menton, il a gagné l’estrade et le bureau, serviette en cuir de couleur tabac à la main, ses yeux parcourant la salle d’un regard attentif, un brin soucieux.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jean-Pierre Le Dantec (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Le Dantec
- « le grand Pari(s) d'Alphand . Création et transmission d'un paysage urbain », Chiara Santini - Yann Nussaume - Michel Audouy & Jean-Pierre le Dantec (sous la direction de), Editions de la Villette. https://www.librest.com/tous-les-livres/le-grand-pari-s--d-alphand--creation-et-transmission-d-un-paysage-urbain-9782375560051.html
autres livres classés : algérieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Petit quiz sur la littérature arabe

Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

Gibran Khalil Gibran
Al-Mutannabbi
Naghib Mahfouz
Adonis

7 questions
64 lecteurs ont répondu
Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..