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Citations de Jean-Yves Reuzeau (96)


avant que tout ne s efface
ma grand-mère se rappelait
la limite
qu'on lui posait petite

au-delà du carrelage tu n'entres pas

pourquoi les autres enfants pouvaient-ils
pas elle ?

elle fille
de la domestique

(Melanie Leblanc)
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Un corps



Un corps est avant tout
un contenant.


// Jean-Louis Giovannoni
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Le seul poème



1

Silence tant de silence
Pour que germe cette parole autre
Sans la foi donnée aux mots
Les mots il faut les taire les torturer
Et risquer le taire jusqu’à terre

Il faut cette parole qui ne croit plus en la
parole Pour parler enfin
Comme il faut peut-être ne plus croire en l’amour pour aimer

Pour croire à cette vie qui ne croyait plus

Car c’est là au bout du doute
Que le mot jaillit dans une autre ferveur


2

Et tu te couches dans les draps blancs du
poème Ces draps qui t’appellent de leurs bras
Et te somment de dire
Le dedans qui n’a pas de mots

Le seul poème


//Guy Allix (04/06/1953 – )
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La mort la vie



1

La mort toujours à l’affut

Et cela qui bat
Fragile
Vertigineux
Tout au-dessus du vide

Le cri remonte avec la terre
Te convoque à l’urgence
Tu replies tes mains
Au-dedans de l’amour


2

Cela vient de si loin
Cela fuse au-dedans
Du non-sens

Tu pars en quête
De ce que tu ne sauras pas


3

Seul ce sens-là
Au dépourvu

C’est si peu
Si terrible pourtant
Le nom de vivre


//Guy Allix (04/06/1953 – )
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Si nos mères nous aiment. comme elles le prétendent, qu’elles nous laissent baiser dans notre siècle.
Qu'elles acceptent que malgré le fiasco du mariage. malgré la faillite du couple, nos sexes ne se sont jamais froissés.
Qu‘elles acceptent que le repas de famille se poursuive sans nous. qui aurions glissé, torses nus, sous la nappe.
Qu‘elles acceptent cette nouvelle histoire à quatre pattes.
Le ruissellement sur nos cuisses et cette soif inextinguible.
Qu‘elles cessent de s’inquiéter pour notre linge de corps trempe.
Nous avons passé l'âge de devoir courir nous mettre au sec.
Et si nos pères sont honnêtes avec eux-mêmes, ce que nous leur souhaitons, qu’ils admettent être complètement passés à côté de ce que nous Vivons.
Ce cul pour le cul sur l'oreiller conjugal.
L‘odeur de merde sut la verge et le fou rire matinal.
Qu'ils ne nous reprochent pas ces fesses jamais posées sur leur visage.
Qu‘ils ne nous reprochent pas cette prairie intérieure inondée de sperme.
Qu'ils soient fiers que nous ayons appris pat nous-mêmes à crier plus vite, plus fort, deux doigts maintenant.
Nous avons passé l’âge de dresser des barricades autour de nos fantasmes.

Et si nos amis, nos frères. nos sœurs, nos camarades de roule se mettent à nous juger, il sera venu le temps de signet le constat de décès de notre jeunesse.
Il nous faudra enterrer le désir qui faisait feu de tout bois, les fiestas. les festins, les roulades à plusieurs dans les friches.
Il nous faudra renier l'ardente vulgarité, effacer les traces de speed sur les vinyles, faire fermer sa gueule à la musique électronique et foutre le feu à nos cachettes érotiques.
Il nous faudra nous remettre au pas, nous remettre à jouer à Monsieur qui transpire dans ses cols amidonnés et à Madame qui replie sa nuisette, chaque mardi soir, en bordure de lit.
Nous avons passé l'âge de pimper notre ennui aux couleurs de l'envie.

Et si nos enfants trouvent un jour cette boîte au plancher de velours.
Avec chaussons de bébés, layettes, dents de lait, avec dessins de la maternelle, gommettes et premières sandalettes de marche, avec bricolages de fête des mères et bricolages de fête des pères et avec lettres d’amour enfiévrées.
Si nos enfants lisent un jour qui nous avons été, qu’ils entendent que certaines des souffrances que nous nous sommes infligés faisaient partie du jeu.
Qu'ils entendent que nous n’avions pas de temps à perdre avec les regrets en dessous de la ceinture et que nous ne permîmes jamais à l'animal triste post coïtum de prendre ses quartiers dans nos chambres d’hôtel comme il avait pris ses aises au sein de notre foyer.
Qu’ils entendent qu’ils furent attendus dans nos vies comme on attend l’éveil des bourgeons.
Qu‘ils entendent la canaille passion lancée jadis à nos trousses, revenir sur ses pas, revenir pour eux.
Nous avons passé l'âge de miser tout notre or sur une seule érection.

- Lisette Lombé - Nous avons passé l'âge
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La mère cessait d’être mère au-delà du seuil
inutile de s‘accrocher à sa jupe

l‘obscurité enjambée
elle prenait un corps d'emprunt
devenait phalène luciole
mourait tous les soirs disait la rumeur

mourir revenait à habiter une autre maison
avec des enfants non altérés par le chagrin
dans un pays plus loin que l’Amérique
plus loin que nos appels alors que nous avions oublié son nom
oublié si elle continuait à se ressembler

- Vénus Khoury-Ghata
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Elle dessine trois fois le même érable pour entendre son sang
battre sous l’écorce
dessine la même silhouette mais n’obtient qu’un arbre malingre l’élaguer lui est souffrance
impression de raccourcir les mains qui allumaient le feu
sous son chaudron où mijotaient des herbes bienfaisantes
d’accuser de recel une terre qui ne rend pas les morts qu’on lui prête

« Nous nous retrouverons de l’autre côté du tout »
croit-elle entendre alors que personne n’a parlé

- Vénus Khoury-Ghata
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Ton aisselle luit pareille au nacre du coquillage qui s'ouvre
tes cheveux ont le feu des chevaux qui brûlent
la transe de celui qui nage vers sa méduse

Ta cuisse a le parfum de l'herbe
et de l'ail
et du citron confit
ton œil est l'alun qui flambe au fond du brasero

Le secret de ta beauté est le secret

- Rim Battal
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Tout passe si vite
se retourne bifurque
réapparait

L'intensité à vivre
comment armer ce qui l'est

D'immenses inquiétudes donnent le ton
du jamais vu

Apprendre à habiter un cercle
sans contour sans issues

— Claude Beausoleil - Cercle
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Les rêves cette nuit
comme des paratonnerres
s'agitent
livrés au vent

Habités de mystère
ils dramatisent
ce qui est dans l'air
ils persistent à dire
l'inconnu
et l'angoisse diffuse

— Claude Beausoleil - La nuit
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Le siècle se fissure
tout flanche
est ébranlé
change de sens

Le scénario explose
climat
économie
l'avenir s'embrouille

Le présent tremble
dans les échos désespérés
un verbe pourtant résiste
et c'est le verbe AIMER

— Claude Beausoleil
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Je ne veux plus voir ton rocher
dit son ongle noir qui me désigne
me déleste de ma chair
me destitue

Je me suis rassemblée
poil par poil
petites parcelles de terres de marais
j'ai décidé de mon toit

S'il fallait vivre dans une prison
je décorerai cette prison
de poires, d'oiseaux en cage et de mobiles suspendus
de miroirs sans tain, de crachats exquis
je danserai ma prison, je la posséderai autant qu'elle me possède
peindrai des étoiles à son ciel sans fin
je me regarderai dans les yeux

— Rim Battal - Rocher
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Avec des mots, je ne dis rien
avec les mains, la cuisse accueillante, le gigot qui gigote, l'œil ouvert, je donne ce que j'ai à donner
je répare, j'absous
comme le font les très vieux enfants
puis je dors comme un loir dans un corps qui pèse un drame

— Rim Battal
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Comme tu me manques mon joueur, mon voyou,
mon ourse sans épaules
comme il me manque ton souvenir aux dents de lait
ton corps de circassien,
chant chiral invaincu et liquide de tous les jours;

J'ai quinze ans et je suis dans un champ de blé entre tes bras
nous cherchons à tâtons à satisfaire la violence qui nous coud
l'un à l'autre
baiser brutal et naïf, côte à côte
jumeau-jumelles
ni sereins ni pressés
manque organique du sein pressé contre tien

Mur face au mur
caillou sur le front comme un baiser projeté
c'est ainsi que nous jouions à l'amour
à la mort et à l'ennui

— Rim Battal - Baisure
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Des seins mouillées pullulent sur mon ardoise.

— Thomas Deslogis
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Foudre rouge, à la peau noire
Elle bouge ainsi qu'un chant qui doute
En silence : elle enrobe
La moitié de l'espace inconnu

Je voudrais qu'elle m'adore quand je frissonne
Je voudrais qu'elle m'endorme et le corps
Et l'espace inconnu

— Thomas Deslogis
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Comment arriver à la langue de l'enfance sans tomber
dans l'enfance de la langue
Sur deux fronts bien distincts
D'un côté, creuser les plaies
De l'autre, ôter les déchirures

— Seyhmus Dagtekin
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Le silence de la maison
dort encore
le ciel n’existe plus
il est dans les brins
d‘herbe, les feuillages
et sous les toits
Le brouillard
mord nos corps
nos âmes nos cœurs
Le visible et l’invisible
les désirs et l’impuissance
l’avant l’après
le maintenant
se confondent…
C’est un jour
au milieu de nulle part
Songe à la douceur
de l’habiter
pour quelques heures
en ta compagnie

— Laetitia Cuvelier
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Alors je lui ai dit
Et d’ailleurs chuchote au creux de son oreille
Au coin du creux de son oreille
Et puisque les miennes sont cassées
Il faut avoir une intention
Et qu’elle soit la plus belle
Et qu’elle soit vraiment claire voilà
Quant à toi
Je te laisse là
Et je t'emporte avec moi en même temps
Dans le creux de ma paume au carrefour de mes reins
Il resre un morceau
Ou une poussière de toi
Et de ton quelque chose de toi qui est si doux et si calme
Précieux et beau
Triste aussi
Un peu comme la pluie qui tombe et qui inonde tout
Après quoi on est tout trempé
Et on a froid
Mais quand même
On ne veut pas se sécher
Oui parce qu’on est bien avec toi et après
En rentrant chez moi
Alors que je ne sais pas quoi écrire
Je ne sais d’ailleurs plus écrire — je n’ai plus de stylo ! Je rentre
Et la pluie dehors retrace le chemin jusqu'à toi
Mais dans mon ventre
Et c’est à ce moment-là
Oui à ce moment-là seulement
Que je t’écris
Pour ne plus jamais t'écrire
Parce que je pense
Peut-être que la pluie
Nous fait danser trop fort et nous pénètre trop loin

Jusqu'au fond
Jusqu'au fond de nous-même

— Zoé Besmond de Senneville
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Il ne m’est de toi que cette soif à jamais rassasiée
Inscrite dans l’absence
Cette attente qui nourrit mes heures d'impatience
Et de joie rêvée
Assis sur un banc de pierre sous l’arbre centenaire
J’entends ce qu’il me dit et je répète après lui
Aimer c’est attendre
La pluie viendra avant l’aimée
Les frissons aussi
Et tu resteras là comme une statue de sel
Les pieds dans l’argile
Tu imagines tu inventes tu l’écris
Tu verses tes mots dans le songe
Ils débordent et tombent par terre
Ils dansent et se moquent de ton espoir
Aimer c’est attendre l’embellie
Et fermer les yeux pour l’étreinte
Elle viendra comme un soir rougi par la fièvre
Elle ne fera que passer
Juste pour caresser l’aile de ton désir
Ses lèvres ne feront qu’effleurer ton visage
Elle s’en ira avec la nuit
Et toi, tout silence et regret
Tu secoues l’arbre dont les fruits amers
Te donnent la migraine
Léger tu n’attends plus
De fait étranger à cet amour
lune là pour t’aider à ne pas périr.

- Tahar Ben Jelloun - Désir
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