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Citations de Jean-Yves Reuzeau (96)


Je voudrais qu’une main me dépose
Dans une clairière de la forêt d’Amazonie
Que des animaux dont je ne connais pas le nom
Viennent me tenir compagnie

Je voudrais m’installer sur la terrasse du monde
Et voir la sérénité apaiser les hommes
Être submergé par la lumière qui console
Et l’Esprit qui nous rend légers

Je voudrais être ici et dans une terre bleue
Enveloppé de paroles venues d'ailleurs
Avec des chants qui amènent les larmes
Des images tombées du ciel comme des versets
Les dits de ceux qui savent et qui doutent

Mon désir est ce chemin, cette quête
Et beaucoup de questions
Mon désir est un nuage libre dans le ciel
Il voyage et change de couleur
Il me protège et me somme d’être ce que je suis

Je persévère en marchant dans les rues d’enfance
Humant le parfum délicat de la mère
Ce qui rassure et protège
le parfum et la voix qui ne meurt jamais

Je voudrais enfin danser sur une vague haute et pure
Dans une mer qui cesse d'être un cimetière
Une mémoire funeste bourrée de plastique
Une mer lavée de tous les soupçons
Une mer qui a répudié à jamais le malheur

- Tahar Ben Jelloun - Désir encore
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LA DANSE

Alors, pour provoquer la colère des déesses de la fertilité
Pour faire jaillir le tsunami
Pour faire trembler le tremblement de terre
Ta mère danse
Des pieds secs qui glissent sur une terre de poussière
Des hanches qui tournent comme des étoiles saoules
Des sourires qui exposent différentes qualités d’éclairs
et de foudres
Les femmes connaissent cette transe depuis toujours
Une première nuit blanche
Suivie d’une journée blanche
Puis d’une seconde nuit blanche
Ont suffi à déclencher le début du travail
Comme quoi la folie est efficace !
Nous arrivons au Temple de la Délivrance
Tels de jeunes coureurs éthiopiens après le marathon
Totalement épuisés mais néanmoins vifs et lumineux

LA POCHE DES EAUX

La femme très douce
Mais impitoyable
A enfoncé délicatement ses doigts
Dans le sexe de mon amour
Les doigts vicieux ont remonté le long de la source
Puis d'une précise estocade
Ont fait exploser la digue aquatique
L'eau du ventre a ruisselé
Sur les cuisses de mon amour
Ce qui a annoncé à tous
Les prémices du cyclone

LE CYCLONE

Il ne faut pas donner la drogue au drogué
Avant de s'être assuré que les nuages noirs du cyclone
S’accumulent dangereusement au-dessus de l'épicentre
Il faut laisser le drogué goûter au possible désastre
À la violence d’un premier contact avec les vents furieux
Le laisser dehors. les poings en sang battant la porte close
Avant d’ouvrir pour lui donner sa dose

- Arthur H - Mise au monde
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Ma fille est née le 6 novembre 2020
Elle s’appelle Circé Ava Lucia Lhasa
Ceci est le journal poétique de sa naissance
Écrit dans l’effusion du lendemain et du surlendemain
Chambre 327

UNE SEMAINE AVANT

Espèce de graine de cosmos
Étoile immaculée conçue
D’une éblouissante lascivité

Processus si complexe
Qu’il en devient ignorance
Dans la matrice d’un trou noir
Dans une nuit oubliée
Pensé par une force créatrice
Qui anéantit toute compréhension

Loups ours singes humains
Chênes et vipères
Tous issus
D’un délire créatif
D’un rêve qui englobe la folie
D’un désir qui dépasse les entraves

Mais toi
Ma fille mystère
Dont nul ne connaît le visage
Dont nul n’a entendu la voix

Chose adorée
Tu te moques des visions cosmiques
De ton père anonyme

Mais tu profites des rires sonores
Qui secouent l'œuf obscur dans lequel tu baignes
De ces rires qui éclaboussent
Tout le squelette heureux de ta mère
Tu te sers de ces cascades de cristal pour explorer
Ta calebasse magique
Que tu arroses de coups de pieds et de mains
Faisant apparaître des liasses éphémères
Sur la lune parfaite du ventre de ta mère

Est-ce que l'univers existe avant l'univers ?
Est-ce que l'être existe avant l’être ?
Il y a eu une déflagration
Une chaleur, une expansion
Puis l'apparition d'un espace et d’un temps
Tu es la preuve précise
Qu'avant la naissance de l’univers
Un autre univers s'agrandissait lui aussi
Car tu existes et tu n’existes pas

Tu as vécu d'abord
Dans le rêve de ta mère
Puis dans le rêve de ton père

Ce qui prouve que Dieu est d’abord femelle
Avant d’être mâle

Suis-je le caprice merveilleux d'une intelligence endormie
Qui sans lassitude rêve de nouveaux univers ?
Sommes-nous de maladroites extensions
De cette créatures féroce ?
Sommes-nous les éveillés ou les endormis de ce monde ?

Tu n'es rien et tu seras tout
Un regard se posera sur toi
Un soleil caressera ta peau
Une nuit te prendra dans ses bras
La musique traversera ta poitrine transparente
Un baiser frôlera ta main

LE BAIN

Ta mère prend un bain
c‘est comme si l’océan voulait nager
Si un nuage désirait connaître l’humidité
Donc un océan prend un bain
Admettons
L'esprit du magnifique animal femelle
se perd dans d’hypnotiques visions
Baleine heureuse
Qui rôde à distance de l’île mystérieuse
Effectivement
Dans le monde réel
En cet instant même
Des cétacés contournent une lagune
Dont l’immense plage déserte
Nue sous la lune nette
Accueille des espèces préhistoriques
Qui se prélassent dans l’eau tiède

C’est là, je le crains, d’où nous venons tous
Nous les anciennes créatures marines

Toi qui flottes dans la mer maternelle
Ta mère qui flotte dans le bain
Depuis deux heures

Vous savez tout ça très bien
Tu en sais déjà plus que moi !
N'oublie pas de m'apprendre à vivre

- Arthur H - Mise au monde
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Jean-Yves Reuzeau
 
 
Rues aux noms d’oiseaux. De musiciens. De résistants.
De membres du parti. De héros oubliés. Lieux-dits.
Westermann. Vaucanson. Palestro. Delizy. Cheval-Blanc.
Volée de vocables sous le crépi. Le mortier du souvenir.
Une lumière halogène chercherait à poétiser l’espace.
Rappeurs. Hip-hop. Slameurs dans la cité. Graffs aérosol.
ZUP. L’architecture soudain zappe dans l’insoumission.
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Jean-Yves Reuzeau
 
 
Ce soir. Ciel irisé. Béton humide de pluie. La ville luit.
Canines dressées entre chien et loup. Verticalité polie.
Piétons. Casaniers. Sédentaires. Ombres de passage.
Question de perspective. De temps. De fuite et d’oubli.
Vue d’ici la ville. Un ici changeant. Fixe et mouvant.
Statique ou hypermobile. Fenêtre sur cour. Sur rue.
Panoramique contrarié d’arêtes et d’abîme. De nuées.
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Jean-Yves Reuzeau
LES BATTEMENTS DE CŒUR DE RITA HAYWORTH
à Daniel Fano


On se croirait à Nagasaki ou KeyWest. Au carrefour
poème Trop de films. De chromos sous la rétine.
Lettres sans réponse. Laconiques cartes postales.
Juste un peu d'ennui. Noir et blanc du souvenir.
Pelliculage mat et nitrate d'argent. Image latente.
Le barillet des vitesses à la surface sensible des corps.
Reflex x . Un agent secret rôde dans nos écritures.
Traque chaque syllabe. Double sens. Double fond.
Un secret à la dérobée des mensonges et des rêves.
Assez étonnante cette façon de sucer le chocolat
bleu pâle. L'opale des leurres. La boule de cristal.
L'enquête progresse. Margarita Carmen Cansino
dans Seuls les anges ont des ailes. Lent frôlement
des gants de satin noir dans Gilda. Exact cadrage
des mots dans notre championnat de mélancolie.
Sur le vélin. Sur l'écran. Une fiction de nos vies
trop réelles. Traquenard dans l'illusion d'exister.
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Jean-Yves Reuzeau
TAMAGUSHI
à Jean-Luc Steinmetz


Certitudes gravées entre mémoire et désirs.
Un monde virtuel soudain crève l'écran des mots.
J'errai donc, l'œil rivé sur le pavé vieilli ‒
à la recherche d'une parcelle de néant.
L'oubli comme un délice dans l'hélice du temps.
Nous soignons d'un poème les maux accumulés.
Les mots effacés. Soudain tendus tels des étendards
de survie claquant au vent présent. Fouettant
les visages enfouis. Les masques découverts.
Nous flattons alors dans une poche intérieure
une sorte de talisman. Un jouet d'enfance. Un secret.
Un silence câliné buriné qui ‒ vaille que vaille ‒
nous rassure. Nous aide encore à tenir face au monde
chaque jour dressé. Bardé d'êtres et de fantômes
face à qui nous nous découvrons fétu dérisoire.
Brimborion. Objet de pacotille accroché
arrimé au sein fleuri de la folle espérance.
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Les corps se sont dénudés, les esprits se sont libérés dans de nouveaux champs de conscience. La révolution psychédélique est passée par là, modérant un temps les ego pour créer un élan collectif vers quelque chose de plus grand que soi.
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