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Citations de Jean de La Ville de Mirmont (68)


Un port, c'est le départ, l'attente et le retour.
Un port, c'est tout le grand désespoir de l'amour
Et c'est sa joie et c'est son goût de l'aventure,
C'est la crainte des flots et l'appel des mâtures.
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La voix d'un train, au loin, a rayé le silence
Et troublé l'âme triste et douce de la nuit
Tu n'es plus déjà que quelque chose d'enfui
Laissant l'inquiétude vague d'une absence.
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IX

Ô la pluie ! Ô le vent ! Ô les vieilles années !
Dernier baiser furtif d’une saison qui meurt
Et premiers feux de bois au fond des cheminées !
L’hiver est installé, sans sursis, dans mon cœur.

Vous voilà de retour, mes pâles bien-aimées,
Heures de solitude et de morne labeur,
Fidèles aux lueurs des lampes allumées
Parmi le calme oubli de l’humaine rumeur.

Un instant, j’ai pensé que la plus fière joie
Eût été de m’enfuir, comme un aigle s’éploie,
Au lointain rouge encor des soleils révolus.

Et j’enviais le sort des oiseaux de passage.
Mais mon âme s’apaise et redevient plus sage,
Songeant que votre amour ne me quittera plus.
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La gargouille

Rondel

Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher.
Je ne sais qui vint m'y percher...
Mes souvenirs, le temps les brouille


Sous moi; très bas, la foule grouille.
De mon haut je la vois marcher...
Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher.

Quand il pleut fort; j'aime à pencher
Sur les gens que l'averse mouille
Mon bec crochu. J'aime à cracher,
Sur eux, mon eau pleine de rouille.
Je suis une antique gargouille
Logée au sommet d'un clocher
(1903)
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Mais surtout, Jean Dézert a fait sienne une grande vertu : il sait attendre. Toute la semaine, il attend le dimanche. A son ministère, il attend de l'avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité, il attendra la mort. Il considère la vie comme une salle d'attente pour voyageurs de troisième classe.
Du moment qu'il a pris son billet, il ne lui reste plus, sans bouger davantage, qu'à regarder passer les hommes d'équipe sur le quai. Un employé l'avertira lorsque le convoi partira ; mais il ne sait pas encore vers quelle autre station.
Jean Dézert n'est pas ambitieux. Il a compris que les étoiles sont innombrables. Aussi se borne-t-il, faute de mieux, à compter les réverbères des quais, les soirs d'ennui.
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L’oiseau de paradis, l’ibis, le flamant rose,
Le choucas, le toucan, la pie et le pivert,
Éployant tour à tour leurs plumages divers,
Volettent sur mon cœur mais jamais ne s’y posent.

La tubéreuse, la pivoine et le jasmin,
Le lotus de Judée et le lys de l’Euphrate,
Les plus étranges fleurs et les plus disparates,
Sous mon regard désenchanté fanent en vain.

Je m’ennuie à mourir et ma dernière amante,
Viviane, la fée aux yeux couleurs d’espoir,
Périrait sous les coups de mes esclaves noirs,
Sans distraire un instant le mal qui me tourmente.
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II/Jeux/I


Ô mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles,
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile ?
Que reste-t-il de vous, hors ces tristes pontons,
Mes frégates, mes avisos et mes corvettes ?
À quel souffle divin, vieux moulins, vous voit-on
Tourner comme ici-bas dans le ciel où vous êtes ?

On a tué bien trop de choses que j’aimais,
Desquelles c’est fini, maintenant, à jamais.
Le « mare ignotum » des vieilles mappemondes
Hante encor mon esprit à travers tous les temps.
Je songe à des marins sur les mers du levant
Qui voguaient sans savoir que la terre était ronde.

Je regrette des paysages de coteaux
Aux fleuves traversés par des ponts à dos d’âne.
La route poudroyait, comme disait sœur Anne ;
Les moulins agitaient leurs quatre bras égaux.
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile,
Ô mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles ?
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VIII


Toi qui te connais mal et que les autres n’aiment
Qu’en de vains ornements qui ne sont pas toi-même,
Afin que ta beauté natale ne se fane,
Mon âme, pare-toi comme une courtisane.

Lorsque reviendra l’ombre et que tu seras nue,
Seule devant la nuit qui t’aura reconnue
Et loin de la cité dont la rumeur t’offense.
Tu te retrouveras pareille à ton enfance,

Mon âme, sœur des soirs, amante du silence.
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Lorsque Jean Dézert résolut de se suicider, il choisit un dimanche afin de ne pas manquer son bureau.
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C'était un de ces jours - on en voit beaucoup dans l'année - pendant lesquels l'aiguille du baromètre reste invariablement fixée sur le mot "variable". C'était, néanmoins, un beau jour - un dimanche, pour tout dire. (p.38)
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La pluie a commencé, pluie d'automne, sans sursis, définitive. Il pleut partout, sur Paris, sur la banlieue, sur la province. Il pleut dans les rues et dans les squares, sur les fiacres et sur les passants, sur la Seine qui n'en a pas besoin. Des trains quittent les gares et sifflent ; d'autres les remplacent. Des gens partent, des gens reviennent, des gens naissent et des gens meurent. Le nombre d'âmes restera le même. Et voici l'heure de l'apéritif. (p.26)
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LES CHRYSALIDES


Dans mon obscur cerveau rampent des chrysalides ;
Des libellules d’or gisent en ces prisons.
Leurs ailes sont de la couleur des horizons
Où le soleil se perd au fond des mers limpides.

Elles voudraient s’enfuir ; leurs murs sont trop solides.
Sur elles planeront les jours et les saisons,
Sans qu’elles aient jamais, en frôlant les gazons,
D’espace et de lumière empli leurs âmes vides.

Alors elles mourront, lentement, peu à peu,
Et je rêve souvent à leur essaim de feu
Qui bientôt fanera comme les fleurs passées.

Mais quel soleil pourrait, ô mes faibles pensées,
Vous donner la vigueur de briser la paroi
De la larve pesante où vous êtes en moi ?
(Avril 1905; inédit.)

p.62
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Comme Tycho-Brahé qui cherchait des planètes,
Nous n’élevons les yeux que vers les nuits d’été
Pour garder à jamais notre âme et nos mains nettes
Des vulgaires soucis de notre humanité.

Arborant le regard lointain des astrologues
Qui butent aux pavés et tombent dans les puits,
Nous passons, dédaigneux des abois de vos dogues,
Et jaloux du secret d’un immortel ennui.

Le bouton de corail des mandarins insignes
Offre peu de valeur et n’a point de vertu
Auprès du fatidique et plus étrange signe
Que nous portons, brodé sur nos chapeaux pointus.

Et lorsque nous dansons, au sommet des collines,
Autour des feux de joie où nous brûlons nos morts,
Les moins sots d’entre nous, sans comprendre, s’inclinent,
Nous estimant très grands, très puissants et très forts.
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Amie aux gestes éphémères
Cher petit être insoucieux,
Je ne veux plus d’autre chimère
Que l’azur calme de tes yeux.

Pas besoin d’y chercher une âme !
De tels objets sont superflus.
Le seul bonheur que je réclame,
C’est de m’y reposer, sans plus.

Que m’importe l’horreur du vide ?
Je vais plonger, à tout hasard,
Ainsi qu’un nageur intrépide,
Dans le néant de ton regard.
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II


Par l’appel souriant de sa claire étendue
Et les feux agités de ses miroirs dansants
La mer, magicienne éblouissante et nue,
Éveille aux grands espoirs les cœurs adolescents.

Pour tenter de la fuir leur effort est stérile ;
Les moins aventureux deviennent ses amants,
Et, dès lors, un regret éternel les exile,
Car l’on ne guérit point de ses embrassements.

C’est elle, la première, en ouvrant sa ceinture
D’écume, qui m’offrit son amour dangereux
Dont mon âme a gardé pour toujours la brûlure
Et dont j’ai conservé le reflet dans mes yeux.
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Le rire clair, l’âme sans reproche,
Un regard pur comme du cristal,
Elle viendra, puisque c’est fatal !
Moi, je l’attends les mains dans les poches.

À tout hasard, je me suis pourvu
D’un stock d’amour et de prévenances,
N’oubliant point qu’en cette existence
Il faut compter avec l’imprévu.

Tu n’auras donc, petite vestale,
Qu’à l’installer un jour dans mon cœur,
Il est, je crois, plus riche en couleur
Que ton album de cartes postales.
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Conscient de mon rôle obscur, jusqu'à la mort,
J'écrirai des projets, des notes, des rapports...
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Jean de La Ville de Mirmont
I

Je suis né dans un port et depuis mon enfance
J’ai vu passer par là des pays bien divers.
Attentif à la brise et toujours en partance,
Mon cœur n’a jamais pris le chemin de la mer.

Je connais tous les noms des agrès et des mâts,
La nostalgie et les jurons des capitaines,
Le tonnage et le fret des vaisseaux qui reviennent
Et le sort des vaisseaux qui ne reviendront pas.

Je présume le temps qu’il fera dès l’aurore,
La vitesse du vent et l’orage certain,
Car mon âme est un peu celle des sémaphores,
Des balises, leurs sœurs, et des phares éteints.


Les ports ont un parfum dangereux pour les hommes
Et si mon cœur est faible et las devant l’effort,
S’il préfère dormir dans de lointains arômes,
Mon Dieu, vous le vouliez, je suis né dans un port.
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Jean de La Ville de Mirmont
Cette fois mon cœur, c’est le grand voyage.
Nous ne savons pas quand nous reviendrons.
Serons-nous plus fiers, plus fous ou plus sages ?
Qu’importe, mon cœur, puisque nous partons !

Avant de partir, mets dans ton bagage
Les plus beaux désirs que nous offrirons
Ne regrette rien, car d’autres visages
Et d’autres amours nous consoleront.

Cette fois, mon cœur, c’est le grand voyage.
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II. JEUX


I

O mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles,
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile ?
Que reste-t-il de vous, hors ces tristes pontons,
Mes frégates, mes avisos et mes corvettes ?
À quel souffle divin, vieux moulins, vous voit-on
Tourner comme ici-bas dans le ciel où vous êtes ?

On a tué bien trop de choses que j’aimais,
Desquelles c’est fini, maintenant, à jamais.
Le « mare ignotum » des vieilles mappemondes
Hante encor mon esprit à travers tous les temps.
Je songe à des marins sur les mers du levant
Qui voguaient sans savoir que la terre était ronde.

Je regrette des paysages de coteaux
Aux fleuves traversés par des ponts à dos d’âne.
La route poudroyait, comme disait sœur Anne ;
Les moulins agitaient leurs quatre bras égaux.
Qu’est-ce que l’on a fait de vos âmes de toile,
O mes moulins à vent, ô mes vaisseaux à voiles ?
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