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Critiques de Jeanne-A. Debats (441)
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Humaine trop humaine

Il fallait bien a un moment ou un autre que la magie cesse… avec ce troisième opus Jeanne-A Débats nous fait retrouver Agnès, Navarre et autres protagoniste de l'Alter monde.



La vie d'Agnès n'est pas simple déjà à la base , mais quand l'office notarial reçoit la charge d'un coffre qu'il ne faut ouvrir sous aucun prétexte, et que une multitude d'êtres décident de s'en emparer , ça devient un vrai bazar.



Le rythme du roman est soutenu , avec des "relâches" lorsque Navarre raconte son histoire. Cette idée de ralentir la lecture est excellente sauf sur un point , cela donne rapidement des indices sur l'épilogue. (du moins en ce qui me concerne). Je n'ai donc pas été soufflée par cette fin qui était prévisible en soi.





J'aime beaucoup cette auteure qui a une écriture agréable, humoristique et cynique. Mais j'avoue avoir été déçue par ce dernier tome. Je me suis moins attachée aux personnages, et au final je l'ai trouvé également moins drôle que les précédents.



Bref une déception pour moi, mais malgré tout je garderais un œil attentif sur l'avenir de cette auteure

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Alouettes

j'adoreeeeeee ! (penser a Philippe Catherine pour un tel roman tombe tout simplement sous le sens.. aussi déjanté que le chanteur !!)



L'écriture de l'auteure est tout simplement jouissive, bon d'accord l'héroine principale est légèrement obsédée sur les bords... mais ça lui donne du caractère .. caractère qui a beaucoup muri aussi depuis le tome 1.

Sinon l'histoire est prenante , envoutante et pleine de créatures plus fantastiques les unes que les autres.

Mais c'est surtout l'humour de l'auteure que j'aime par dessus de tout. C'est franc du collier, cynique, ironique et aucun sujet léger ou un peu plus lourd ne sont laissés de côté .. et franchement j'adoreeeeeeeee ça.



Prendre du bon temps avec une histoire qui tient la route et en plus se régaler avec l'écriture c'est juste du bonheur en barre !!



Je n'espère qu'une chose : c'est pouvoir encore suivre longtemps les aventure d'Agnès et de Navarre.
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L'héritière

Un très bon moment de lecture avec ce roman . ou l'on retrouve garou, vamp et autres êtres imaginaires mais en fait bien réel qui peuplent l'altermonde.

C'est sur ce style de roman fait fureur en ce moment, mais celui ci a son originalité. Tout d'abord il se situe a Paris et plus spécialement au fin fond d'un office notarial qui gère la succession de l'altermonde.

Un des personnage clef est Agnès une jeune sorcière qui a beaucoup de défaut, et qui apprend l'altermonde en même temps que le lecteur.



J'ai beaucoup aimé les personnages, qui ont les dons naturels de leur nature profonde, mais surtout à côté de ça ils ont de nombreuses faiblesses.. très humaines celles-ci. Et j'ai trouvé que cela donnait du poids aux personnages.

C'est aussi l'occassion de sourire beaucoup grâce à ce roman plein d'humour ... et j'avoue que je suis très bonne cliente.



Je tenais donc a remercier mon ami Relax qui m'a inspirée pour cette lecture.. que j'ai trouvé très relaxante et il faut avouer que c'est le style de roman qui se lit très vite.



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Tschai : Retour sur la planète de l'aventure

Un livre que tout fan de Jack Vance devrait avoir dans sa bibliothèque… et je peux même dire que même sans être fan il interroge puisque j'ai subit une mésaventure en voulant le lire.



A peine reçu je me suis bien évidemment jetée dessus avec bon espoir de pouvoir le dévorer… mais comme on ne peut lire en continu et qu'il faut bien gagner sa croûte, je m'absente de temps en temps de la maison et de mes livres. A mon retour qu'elle déconvenue.. plus de bouquin. Il avait disparu. J'ai cherché partout , impossible de mettre la main dessus !! Pour finir j'ai interrogé un par un les membres de la maison. Et comme avec 2,5 ados à la maison , vous vous doutez qu'il y a du passage. Un des amis de ma fille ainée (le même qui me prête les seven Deadly sins) a littéralement flashé que le bouquin et est tranquillement rentré chez lui avec…. que je sois en pleine lecture de celui-ci n'a pas effleuré une seconde l'esprit de ma fille… et du coup frustrée je fus.

Comme c'est un beau livre , assez volumineux, il lui a fallu un certain temps pour pouvoir me le rendre…. ce qui explique qu'il soit resté aussi longtemps dans mes livres à lire.



J'ai été très surprise de voir que ce bouquin était en fait une réelle histoire, qui se tenait avec des graphismes sublimes. Il nous raconte l'avenir de Tschai après le départ d'Adam Reith. Il faut bien avouer que celui-ci a un peu foutu le boxon sur la planète. Donc a coup de rapports d'espions, d'interview , etc.. nous voilà à nouveau sur Tschai.



J'ai adoré la façon donc cela avait été traité. Avec les 4 auteurs qui reprenaient à leur compte les peuplades de cette planète :

- Jeanne A débats : les femmes Dirdir

- Adrien Tomas : les Pnumekins

- Etienne Barillier : les hommes Chasch

- Raphael Albert : les hommes Wankh



Et j'avoue que ces 4 auteurs ont relevé un sacré défi et ce avec brio.. c'est juste captivant !!



Mais il faut aussi remettre une médaille d'or au dessinateur Dogan Otzel qui a fait un travail remarquable, avec des graphismes de qualité, très fins, très détaillés.. du bonbon pour les yeux.

Le tout encore mis plus en avant par une mise en page exemplaire et un papier glacé qui donne ses lettres de noblesse a ce livre.



Bref je suis conquise à la fois par le scénario et par les graphismes.. un vrai bijou pour moi

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La Vieille Anglaise et le Continent

Merci à Indimoon pour son retour de lecture qui m'a permis de découvrir cette magnifique nouvelle.

Ann Kelvin est en fin de vie. Son ancien élève Marc, lui propose de poursuivre sa passion des fonds marins en implantant une partie d'elle-même dans le corps d'un cachalot, via la transmnèse.

La transmnèse est un terme inventé pour la nouvelle mais le principe rappelle l'immortalité tant espéré que l'on a pu lire dans Carbon Modifié mais également dans le film de Jordan Peele Get Out. Comme souvent, ces progrès scientifiques posent des questions éthiques, d'autant qu'ils sont souvent récupérés par les riches pour les riches.

La connexion d'Ann Kelvin avec le monde qui l'entoure est absolument magnifique, notamment lorsqu'elle croisera la route d'une autre baleine et qu'elle découvrira le continent cétacé. Les échanges entre eux étaient sublimes.

A la fois fable écologique, poésie des fonds marins et science-fiction, j'ai été très enthousiasmée par cette découverte. Donc merci encore Indimoon !!
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La Vieille Anglaise et le Continent

Cette courte novella SF est un cri du coeur qui espère être entendu par-dessus la houle des océans terrestres...

Certains critiques l'avaient perçu et ont attribué à ce récit plusieurs prix littéraires, dont le Grand prix de l'imaginaire (2009), le Julia Verlanger (2008) et le Rosny aîné (2009).



Lady Anna Kelvin, ancienne professeure de biologie marine et activiste écologique, est maintenant une vieille dame en fin de vie, rongée par un cancer... quand Marc Senac (ex-étudiant d'Anna et un peu plus que ça) vient la trouver pour lui proposer de transposer sa mémoire dans un imposant corps de cachalot... afin qu'Anna puisse observer encore les fonds marins et servir la science une dernière fois.

Mais le véritable but de cette "transmnèse" est bien tout autre...



On suit l'histoire de cette expérience scientifique, raconté par Marc (qui s'ouvre aussi sur ses souvenirs d'Anna avec son caractère trempé et sa forte personnalité) en alternance avec l'itinéraire d'Anna/Cachalot découvrant ses nouvelles émotions palpitantes dans ce monde aquatique...scandaleusement exploité par l'homme.

C'est ainsi que Jeanne A. Debats nous permet une submersion, aussi réaliste et engagée (par ses considérations environnementales), que poétique (avec la visite du "continent cétacé") dans un texte remarquable à la narration fluide, accélérant le rythme avant l'épilogue à l'arrière-goût saumâtre...



Je ne savais pas que la peau de certains cétacés peut être à ce point sensible et comme Anna, au contact de son compagnon sous-marin, je frissonne encore... de révolte comme de plaisir, après cette lecture aussi enrageante qu'émerveillée.
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L'héritière

En général je ne me précipite pas sur les récits de vampires, loups garous et autres momies ; je n'ai même pas lu Dracula de Bram Stoker ou Frankenstein de Mary Shelley. Je suis de plus très sceptique vis-à-vis de la bit-lit. Mais les critiques de certains de mes amis babéliotes m'ont incité à rompre avec mes préjugés. Et je me suis bien régalé, comme quoi…



J'ai beaucoup aimé le décor, cet AlterMonde structuré autour de la société humaine parisienne comme le lierre autour du chêne, ces Meutes de loups garous qui règnent sur les quartiers populaires, ces Cénacles de vampires qui dominent les arrondissements riches, et éparpillés des sorciers et autres « bestiaux » minoritaires, comme Agnès l'héroïne – sorte de Jean Grey / Phénix de l'AlterMonde – et Géraud, son sorcier éternel d'oncle. Tout cela est assez classique (je crois) mais très bien construit.



Là où ça devient original, c'est quand Jeanne-A Debats place l'action dans un cabinet de notaires qui traite les problèmes d'héritage de notre bestiaire plus ou moins éternel et mort-vivant. Imaginez les embrouilles en pelote que peut représenter une succession de vampires millénaires. Sûr ! l'auteur tient là une bonne idée.

Elle la fait fructifier au sein d'une histoire prenante emplie de personnages intéressants et attachants. On ne pénètre pas beaucoup leur psychologie – le seul point de vue du roman est celui d'Agnès – et j'approuve à cent pour cent cette aura de mystère qui se dégage de ses personnages inhumains. On a envie de les connaître mieux en se doutant que c'est impossible. Malgré leurs postures ou leur retenue, ils laissent parfois passer une émotion qu'un humain peut comprendre, et qui devient de l'or du fait de sa rareté même. C'est excellent ! Je préfère largement cela à l'approche humanisante que Damien Snyers avait employée avec ses elfes et ses trolls dans La Stratégie des As.



Mais c'est le ton humoristique, un peu second degré, sur lequel Jeanne-A Debats surfe dans son récit, qui lui donne une saveur proche de celle d'un Gabriel Katz. On se vanne à gogo dans l'AlterMonde ; Michel Audiard était peut-être un loup-garou en fait. Bon, quand on est un vampire de la haute, on essaie de se tenir, mais ceux qui rejettent cet héritage sont franchement frapadingues, de vrais Jokers.



L'héroïne Agnès possède cet humour ; elle manie l'analogie comme le serrurier la radiographie : avec professionnalisme. C'est une ado – ses chaleurs face aux superbes mâles vampires en sont une preuve – mais une ado affublée d'une malédiction qui lui bouffe chaque instant de sa vie. Après avoir partagé un morceau de son existence, vous serez heureux de ne pas être medium : on peut perdre la raison à voir la mort en face. Pourtant elle a du potentiel ; comme je le disais tout à l'heure, la comparaison avec Jean Grey des X-men n'est pas stupide selon moi.



Donc, première pénétration dans l'AlterMonde réussie. Je remercie amplement BlackWolf, Amaruel, Mariejuliet et boudicca qui m'y ont converti. Je compte bien attaquer Métaphysique du Vampire prochainement, en attendant la sortie en poche de la suite de l'Héritière.

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L'héritière

Lu fin novembre, je n'avais pas encore pris le temps d’écrire quelques lignes sur ce premier tome d’une trilogie de bit-lit française écrite par Jeanne-A. Débats. Je ne l’aurais sans doute pas fait aujourd’hui si ce titre ne faisait pas partie des lectures bons plans du challenge multi-auteures SFFF 2021.



En effet, lu à une période très chargée, je garde une très bonne impression de lecture globale mais mes souvenirs concernant l'intrigue commencent déjà à s’estomper. Ce fut une lecture sympathique mais qui ne marquera guère pour ma part.



J’ai lu pour le moment très peu de romans de bit-lit mais pour moi ce premier tome n’a rien à envier à la très appréciée série Mercy Thompson du même genre. Vous avez ici typiquement le roman détente qui se laisse lire avec plaisir entre humour, romance, et action. Le cadre parisien de ce tome est quant à lui très appréciable. Des vampires, des loups-garous, des sorcières, des fantômes et autres créatures occupent l’espace dans ce roman, l'auteure nous amenant en compagnie d’Agnès, notre personnage principal dans une découverte pleine de surprise de l’Altermonde et de ses dangers.



Avec des personnages sympathiques à suivre, un cadre parisien assez chouette où gravitent bon nombre de créatures de l’Altermonde qui doivent eux aussi parfois passer chez le notaire, ce premier tome fut donc une belle petite découverte, je lirai probablement la suite des aventures d’Agnès l’année prochaine.



En bref, ce fut donc encore une chouette lecture faite grâce aux bons plans du challenge multi-auteures SFFF 2021 avec ici la découverte d’une auteure française de littérature de l’imaginaire qui semble avoir une bibliographie très sympathique dans laquelle j'irai probablement piocher de prochaines lectures.

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Star Ouest

La cinquième manifestation ImagJn'ère, salon de la SF et du policier, ouvrait ses battants, le mois d'avril dernier, au saloon d'Angers. Résolument tournée vers le genre western cette année, je m'apprêtais à m'y rendre quand je me suis rendue compte que mon canasson avait perdu ses fers dans la boue et qu'il ne me restait plus assez d'huile de coude pour graisser mon long rifle.

Alors Dionysos (de Babelio, oui !) en a parlé à Pierre Marie Soncarrieu : secrétaire et nécromant qui parle de son art au contact d'une légende amérindienne dans "Chasseur de légende" dans ce recueil de nouvelles qu'ils m'ont fait parvenir et pour lequel je les remercie vivement !

Le livre, accompagné d'un gentil mot, a été déposé chez moi par diligence steampunk, véhicule emprunté à Brice Tarvel qui le décrit très bien dans "Pique-nique chez les indiens"... intéressante, cette machine...si elle ne tombe pas en panne en plein désert !



Et des déserts, on en traverse dans ce florilège d'histoires saupoudrées de poussières d'étoiles et de poudre noire ! Ça donne soif évidemment et le Saloon devient donc le refuge d'où partent les trames, les traques et traquenards dans bon nombre des récits.



Inutile de rappeler que l'appréciation de nouvelles est une question de goût et de couleurs...je n'aimerais citer ici que quelqu'unes de la bonne dizaine (sur les 19 au total) qui ont trouvé ma préférence...



* Comment faire son pognon avec La Faucheuse est un thème récurrent...or, la façon de s'y prendre de ces deux croque-morts m'a bien amusée ("Le Shérif de Slone Street City" de Francis Carpentier).

* Tout y est : stetsons, santiags, carabines, revolvers, et... un vaisseau spatial fracassé d'où sortira une sacrée flingueuse ("Du grabuge sur Montana" de Romuald Herbreteau).

* de l'humour burlesque mettant en scène un chien qui porte malheur, des tricheurs et des malfaiteurs profiteurs ("Regarde au coin de la rue, fiston, si le clebs à trois pattes cavale à reculons" ...rien que le titre ! ...de Justin Hurle).

* Encore une flingueuse ! J'ai une prédilection certaine pour les femmes de caractère et celle-ci ne porte pas son petard caché sous ses jupes ! ("Cahen crépuscule" de Yaël-July Nahon).

* J'ai beaucoup goûté le réel talent de conteur de Jérôme Nédélec qui a su transposer une ambiance western dans la Bretagne moyenâgeuse...et je me suis délectée des dernières phrases qui concluent le récit ("Duel à Keralam").

* Une histoire bien dans l'esprit de ce festival ImagJn'ère et à l'humour sous-jacent : "Bounty Hunter" de Patrice Verry qui a planqué les Indiens dans une réserve sur une autre planète.

* ...et comme on dit parfois que la plus courte est aussi la meilleure...et que je me garde donc pour la fin : Jean-Hugues Villacampa, dans "Mars prey" menace de faire disparaître l'humanité sur Mars. Or, tant qu'il reste des "morceaux de choix"...les femmes peuvent s'y donner avec joie !



C'est, par conséquent, ce que j'ai fait avec la lecture de ces quests dans un lointain ou futur Far Ouest.



3,6/5
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Les voyageurs silencieux

Les équilims ont débarqué un jour sur terre dans des vaisseaux automatisés et vivent depuis en troupeaux dans des élevages où ils sont appréciés pour la valeur de leurs cornes.

La famille d’Alix possède un tel élevage, en France. Alix est une jolie et très grande fille noire de 17 ans qui va, sur la demande de son père, et en compagnie du fils du futur propriétaire, convoyer bon nombre d’équilims jusqu’en Australie. Mais l’avion de transport s’écrase en Amazonie...



Un petit livre SF pour des jeunes ados à partir de 11 ans (le vocabulaire n’est pas toujours aisé) qui fait d’abord sympathiser avec une Alix débrouillarde, plutôt mature, au caractère bien trempé et qui sait réagir intelligemment aux remarques racistes et/ou sexistes dont elle est parfois l’objet.

Alix qui pensait que les équilims n’étaient que de paisibles animaux mangeurs d’herbe, va se rendre compte dans l’environnement sauvage de la jungle amazonienne, que ces êtres-venus-d’ailleurs sont en réalité une espèce possédant une intelligence très différente du genre humain.



Un petit roman agréable à lire (ne répondant peut-être pas à toutes les questions qu’on se pose) qui parle d’amitié entre une fille et un garçon (et non d’amour !), de préjugés, de l’acceptation de l’autre et qui ouvre de possibles réflexions sur la définition de notre conception de civilisation.
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La Vieille Anglaise et le Continent

Résumer cette novella à un récit écologiste sur la sauvegarde de la faune serait extrêmement réducteur.

L’écriture est poétique et belle, l’univers sous marin nous fait voyager, nous émerveiller. L’intrigue est séparée en deux parties qui s’enchevêtrent : Il y a le temps avant le moment où Ann transfère son esprit dans le corps du cachalot, et la période où elle voyage à travers ce corps. L’auteur nous fait entrer progressivement dans la personnalité d’Ann, oscillant entre âme romantisme et idéaliste, face à la dureté et l’âpreté presque désabusée de cette vieille dame. Et derrière ce texte très riche sur le thème de l’écologie s’étend sur une thématique plus large, celle de l’éthique au sens général, jusqu’où la lutte militante justifiée dédouane-t-elle quelques entorses à la déontologie.

Ce court roman est aussi la preuve qu’en un récit très court il est possible d’aborder un large éventail de problèmes complexes, avec un texte de qualité littéraire indéniable, et ne nous embarquer pour une superbe voyage chargé d’une grande intensité dramatique.

Ce texte m’a fait l’effet que m’a procuré le texte de Ken Liu “L’homme qui tua l’histoire”, le sentiment de découvrir un auteur à suivre de très près.
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L'héritière

En Résumé : Au final ce livre m’a offert un excellent moment de lecture nous offrant une histoire de fantasy urbaine efficace, percutante et sans temps mort dont on tourne les pages avec plaisir. On retrouve ici clairement un tome d’introduction avec une présentation de l’univers qui se révèle fascinant à découvrir avec une ville de Paris remplie de mystères et des créatures fantastiques solides et intrigantes, mais aussi une intrigue pleine de surprises et de rebondissement. Les personnages se révèlent attachants et surtout terriblement humains ce qui fait qu’on s’accroche rapidement à eux, malgré une légère frustration de ne retrouver Navarre qu’en personnage secondaire. L’humour se révèle très présent et offre ainsi un vernis de légèreté qui apporte un véritable plus à l’ensemble avec des scènes comiques au possible. La plume de l’auteur est fluide, entrainante et subtile ce qui fait que le lecteur tourne les pages avec plaisir et sans jamais s’ennuyer. Je regretterai peut-être juste une conclusion de l’intrigue assez prévisible, mais cela ne gâche en rien la lecture. Je lirai avec grand plaisir d’autres écrits dans cet univers.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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La Vieille Anglaise et le Continent

Cette novella qui mêle avec brio une histoire de science-fiction et un combat écologique, est un petit bijou qu’il faut avoir lu.

Anna Kelvin, professeure de biologie marine et activiste écologique, se sait condamnée par un cancer. Tant qu’à disparaitre autant le faire avec brio. Et voilà notre vieille dama acariâtre et au caractère bien trempé qui, grâce à Marc son ex-étudiant, transmute son esprit humain dans le corps d’un cachalot.

Nous voilà entraînés, à la suite d’Anna, dans un fabuleux voyage sous-marin. On découvre le monde des cachalots et on frissonne à la lecture des aventures de notre héroïne qui se bat contre ces hommes qui exploitent et détruisent la richesse des océans. Car la dimension écologique et le combat de sauvetage des cétacés prend toute son importance à travers ce récit.

Deux voix se mêlent pour nous raconter cette histoire incroyable, celle d’Anna devenue cachalot et celle de Marc qui la suit.

C’est merveilleusement conté, l’intrigue est haletante, l’évocation des océans et de la vie marine est d’une grande poésie.

En un récit très ramassé, l’autrice a su construire une intrigue implacable, créer une héroïne attachante et aborder la protection des cétacés.

C’est fort, et ça se lit d’une traite, avec délectation.

Jeanne A Debats a bien mérité les nombreux prix qui ont couronné sa nouvelle.

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Métaphysique du vampire

Vous avez envie d’une histoire de vampire à la fois courte, riche en rebondissements et avec un vraie qualité d’écriture ?

Venez donc faire la connaissance de Raphaël Navarre, un vampire âgé de 500 ans et qui se met de temps en temps au service du Vatican, comme ce sera le cas ici, puisqu’il devra traquer un criminel nazi parti se réfugier au Brésil.

Il sera aidé par le père Ignacio qui prend quelques libertés avec sa hiérarchie et par une femme aussi mystérieuse que dangereuse, la très belle Dana.

J’ai adoré plonger dans ce roman qui dépote, à la langue travaillée, dans lequel l’humour est souvent présent, et où on ne risque pas de s'ennuyer une seule seconde car l’intrigue est captivante; elle nous fait découvrir l'univers des vampires, des nazis cachés dans les pays d'Amérique Latine et celui du vaudou.

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Métaphysique du vampire

Avec « Métaphysique du vampire », Jeanne-A. Debats quitte pour une fois le domaine de la science-fiction pour ceux du fantastique et de la bit-litt. Connaissant déjà un peu le style percutant et très cynique de l'auteur, ce mélange des genres me semblait prometteur, et le résultat ne m'a pas déçu. Il faut dire que l'auteur a le don pour dépoussiérer tous les vieux clichés qui collent malheureusement souvent à la peau de ce type de roman : cette fois, nous sommes dans les années 1960, alors que se poursuit la traque des criminels de guerre nazis ayant échappé à leur procès après la Seconde Guerre Mondiale, et le protagoniste n'est pas une fille canon et grande gueule trimbalant de gros pistolets (comment, je caricature ?) mais un vampire séculaire cynique, solitaire... et travaillant pour le compte du Vatican. Avouez que le pitch de base change un peu de l'ordinaire, et c'est ce qui fait l'un des principaux attraits de ce roman dont le véritable sujet n'est pas le surnaturel mais plutôt la monstruosité : de quoi s'agit-il réellement et dans quelle mesure peut-on la détacher de la définition de ce qu'est la nature humaine ? Qui a dit qu'on ne pouvait pas réfléchir grâce aux littératures de l'Imaginaire ?



Parmi les autres points forts du roman figure évidemment l'univers élaboré par Jeanne A. Debats, univers d'ailleurs déjà existant et auquel l'auteur a consacré plusieurs nouvelles parues dans diverses anthologies et recueils : « Gilles au bûcher » dans « La Vieille Anglaise et le Continent » où on en apprend davantage sur le « créateur » du héros du roman ; « Le Blues du Vampire le soir au-dessus des paraboles » dans « Fiction 2011 » ; ou encore « Eschatologie d'un vampire » dans « Elfes et assassins ». La volonté de l'auteur est claire, il s'agit de mettre en place une vaste fresque dans laquelle coexisteraient tous les genres de l'Imaginaire, de la fantasy à la SF en passant par le fantastique, la fantasy urbaine, la bit-litt... Un projet de grande ampleur mais qui ne manque pas d’attraits. Parmi les autres points forts du roman, citons également la plume de l'auteur, pleine d'humour et toujours aussi incisive et mordante. Une seule ombre au tableau, mais hélas de taille : la trop grande brièveté de l'ouvrage (un peu moins de deux cent pages). L'intérêt du lecteur pour les personnages et l'histoire en pâtit, et c'est d'un œil presque distrait que l'on suit l'avancée de l'intrigue, bien trop vite résolue.



« Métaphysique du vampire » avait au départ été pensé par l'auteur comme une nouvelle, et cela se ressent malheureusement un peu trop. Le cadre, les personnages et certains éléments de cet univers sont cela dit intéressants et c'est avec plaisir que je poursuivrai ma découverte des textes de Jeanne A. Debats qui, décidément, semble aussi à l'aide en SF qu'en fantastique ou en fantasy. Ne vous laissez donc pas rebuter par la brièveté de l'ouvrage, la réflexion qu'il propose ainsi que l'ironie et la brutalité qui imprègnent chaque réplique valant à elles seules le détour.
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Fées dans la ville

Ce que j’ai ressenti:



Les fées se nourriraient-elles de la poésie de la nuit urbaine, du gris métallique des pavés, de ces moments de solitude extatique que seuls les citadins connaissent, de cette impression d’infini dans des rues aux immeubles tellement hauts qu’il faut trouver des buttes pour voir le ciel? (Anne Fakhouri ).



Enfin, j’ai trouvé un recueil de nouvelles qui m’a enthousiasmée, charmée, émue! Enfin….Et bien dis donc, c’est pas trop tôt!!!!! Souvent, je reste sur ma faim avec les nouvelles, car leur format très court, m’empêche de ressentir pleinement les émotions: ici ce n’est pas le cas! Je vais le garder bien précieusement, et me dire que j’ai bien fait de poursuivre dans ce genre de lectures!



Parce qu’il est complètement décalé, et hautement inspiré, parce que les fées qu’on trouve ici, sont inattendues, et surtout parce que cette réunion d’auteurs de talents sont regroupés dans cette anthologie, la magie opère…



J’ai aimé l’originalité de ses textes, leurs forces, leurs engagements. Les fées dans la ville, ont leur pouvoir certain, n’en doutez plus, même entourée de grisaille, elles savent faire naitre un petit coté enchanteur. Le gros point positif de cette lecture, c’est leur touche vivante de contemporain, on se prend en pleine poire nos problèmes de sociétés, on souffre de voir dans l’intelligence de ces écrits, les dangers criants d’aujourd’hui…

•Magie Verte, Jack Vance, nous emmène dans un monde parallèle où l’intelligence et le savoir sont infinis. Cette plongée ne se fera pas sans conséquence, mais cette virée, pourrait être plus enrichissante et au delà même de ce qu’un humain peut supporter…

•Le Mur des Lilas, Tony ‘Nym’ Robillard nous fait prendre conscience que la Magie protège ses portes, même en milieu urbain. Ce n’est pas parce que le macadam l’entoure qu’elle veut y perdre tout son charme!

•A la croisée, Eric Holstein, c’est souvent aux carrefours, que joue le destin, mais surtout les acteurs de la vie aux dents carnassières.



—-} J’ai adoré celle ci, car il y a une atmosphère tenace et envoutante, et j’en ai eu les larmes aux yeux sur la fin…



•Le sceau d’Alphonse, Jeanne-A- Débats nous ouvrira sur un monde de superstitions et de dieux vengeurs, avec pour décor une décharge. Ce mix nous donne un fantastique conte ou magie et urbanisme font un ménage en couches culotte.



—-}Magique!



•L’histoire commence à Falloujah, Karim Berrouka, Un Djinn qui apparait au milieu des décombres en temps de guerre. De la noirceur et des cendres nait la poésie et la compassion.



—-}Superbe!!!!Gros coup de cœur pour celle ci!



•J’veux un dragon, Olivier Getcher, on est loin des fées, mais pas de la féerie! Ce dragon incroyable né d’un vœu d’une enfant aura une existence un peu spéciale, autant que sa nourriture.

•La fée du miroir, Marie-Lé Camillle, cette fée là, est loin d’être elfique, et pourtant, elle protège de sa magie, cette petite fille des mauvais filets.



—-} Dérangeante et triste, mais j’ai aimé l’originalité du texte et sa fée!



•Fée des râles, Laurent Fetis, une envolée marrante entre fée et poudre.



En bref, je les ai toutes aimé ces nouvelles, mais celles que j’ai commenté après les flèches auront ma préférence dans cette belle anthologie.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Rétro-fictions

Avec l’anthologie 2014 d’ImaJn’ère, nous touchons à tous les genres, il y a de tout au niveau du ton, et enfin nous explorons quasiment tous les continents ! Grande variété donc, permise par l’intitulé de l’appel à textes qui a conduit à cette publication : la plume portée vers le passé, le but était de surprendre en créant une aventure se déroulant entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle (plus exactement entre 1851 et 1949) ; tant en SFFF qu’en polar, les thèmes permettaient d’explorer énormément d’aspect (uchronies, univers steampunk, aspect gothique, utopies, genre noir, enquête, investigation, politique, etc.). Avec seize nouvelles de taille et d’univers très variables, la diversité est le maître mot offert au lecteur.





Avec « Sempervirens », Jeanne-A Debats nous plonge dans l’enfer de la Première Guerre mondiale. À l’aube du centenaire du déclenchement des hostilités en Europe, il s’agit là de s’engouffrer dans les tranchées où la mort est présente de la plus violente des manières. « Tout ce chemin pour rien : une bombe y est tombée directement. L’ancien refuge où l’on trouvait un brasero, du vin, des cigarettes et parfois de la soupe chaude, n’est plus qu’un cratère, un trou de terre obscure et martyrisée d’où s’échappent encore quelques fumerolles acides. »

Automne 1916, dans les Flandres en proie aux obus et autres armes de destruction massive, Nico voit sa tranchée atrocement subir les affres de la guerre et finit par n’être uniquement accompagnée de ces sortes de « compagnons du devoir » que sont Pensée et Mémoire, ses deux pigeons pour seule compagnie dont les noms seront évidemment porteurs de sens au cours du récit. Dans cette atmosphère guerrière où la survie est devenue son seul but, sa fuite l’entraîne dans un lieu inversement proportionnel au monde des tranchées, en l’occurrence une drôle de petite boutique où l’attendent une jeune femme et une quantité de produits. C’est la part de fantastique chère à Jeanne-A Debats qui entre alors en scène.

En effet, l’auteur, notamment du recueil La Vieille anglaise et le continent et de Métaphysique du vampire, joue sur le fort contraste entre deux mondes opposés qu’on aurait peine à imaginer se côtoyer aussi simplement. Contrairement à ce que pourraient croire les adeptes du style de Jeanne-A Debats, elle ne se révèle pas aussi crue dans son propos qu’à l’accoutumée, et c’est davantage la situation qui exige de la violence pour l’arrière-fond et de la gouaille pour le personnage principal, histoire de mettre en avant la césure entre l’horrible de la situation et la spontanéité avec laquelle Nico tente de se rattacher à la vie. Même si nous n’en apprenons finalement bien peu sur lui-même, c’est son destin qui constitue le vrai tragique de cette nouvelle. Et tout repose dans sa quête pour rester « toujours vert », « toujours fringant », suivant comment on comprend ce titre mystérieux en latin.



Lauréate du concours ImaJn’ère 2014, Sylvie Jeanne Bretaud nous propose de suivre « L’ombre de Whitechapel ». Elle revisite de manière inattendue l’affreuse affaire de Jack l’Éventreur datant de 1888. Emeline, souffrante, confesse une histoire survenue lors de sa jeunesse. Alors qu’elle fréquentait son amie « la douce Ginger », une des prostituées de son quartier, il a fallu qu’elle tombe quasiment nez à nez avec le tueur en série.

L’auteur mise sur une nouvelle plutôt courte avec une histoire relativement simple mais incorporant plusieurs références bien connues de l’époque victorienne. Dans une ambiance noire mi-glauque mi-guindée, elle ne nous épargne pas l’atrocité des crimes de l’Éventreur : « Je vais te punir, catin. Pour ta peine, je te mets le sein droit sous la tête... les reins sur la commode... le foie sur la chaise, la rate dans le tiroir. Tu auras beaucoup de mal à te reconstituer après ça ! » Avis donc aux amateurs de « court mais intense » !



Par « La Garde rouge », c’est à la Commune de Paris que s’attaque Arnaud Cuidet. Menacée à la fois par Versailles et les Prussiens, celle-ci doit faire face à un étranglement critique et toute découverte est bonne à prendre pour un éventuel avantage stratégique. Pendant cette année 1871, Gustave, à la tête d’une petite troupe de « réquisitionneurs » fouille las bas-fonds de Paris, accompagné notamment d’Émile et d’Agnès : un trio composé « d’un vieil ingénieur, d’un contremaître bourru et d’une féministe turbulente », pour reprendre les mots de l’auteur. Tous trois semblent s’intéresser à une forge recelant bien des avantages pour la défense de Paris. Avant de dévoiler sa trouvaille qui « suscite » bon nombre de réactions, Arnaud Cuidet maintient le mystère, un peu artificiellement certes, mais ça tient bon. « Oui, c’est une entreprise insensée. Ne pourrait-on pas dire la même chose de la Commune ? Après tout, vous avez accepté de travailler avec des femmes ; c’est déjà fou, non ? »

Dans ce contexte, « La Garde rouge » apparaît alors comme un défi technologique pour l’année 1871. Machineries, ferronneries et tuyauteries ont la part belle pendant un certain nombre de paragraphes. Ça sent le proto-steampunk dans le sens où nous allons chercher des applications à la technologie de l’époque que nous n’avons pas tenté dans notre histoire. Tout cela amène l’auteur à nous délivrer finalement un combat déterminant entre le Rouge et le Blanc. Façon match de boxe : à ma gauche, La Garde, géante de fer communarde ; à ma droite, Le Versaillais, le chevalier blanc au service du pouvoir. Entre prises de catch et manœuvres d’abordage, Arnaud Cuidet se fait clairement plaisir dans ce combat singulier entre deux masses robotiques dignes d’un film sur Godzilla, dans cette analogie du combat naval entre deux navires flambants neufs uniquement créés pour se détruire l’un l’autre. Immanquablement pour les amateurs de combat dantesque et métallique !



C’est grâce à « La tour » que Léon Calgnac a lui aussi été élu lauréat du concours ImaJn’ère 2014. D’une première affaire sur un roman sulfureux, parlant vaguement de meurtre et d’adultère, l’auteur se focalise sur Hippolyte Sénéchal, directeur du journal L’Événement en novembre 1867, pour en tirer un récit volontairement pompeux pour coller à la bourgeoisie de l’époque. Toutefois, le cœur de cette nouvelle ne réside pas en cette amorce, mais bien dans le mystère qui s’installe progressivement. « Le mystère n’est pas immoral. Le mystère n’est pas politique. Les gens aiment le mystère. » Ce fameux mystère, constamment recherché par l’auteur, tente de se condenser autour de deux personnages travaillant côte à côte pour la scène principale : le jeune critique littéraire Pierre Sandoz et le neurologue Jean-Martin Charcot (ayant d’ailleurs eu son rôle historique dans la définition de l’hypnose dans le domaine médical). En passant par une sombre affaire de déliriums communs, cette « tour » apparaît alors comme le point commun de cas pathologiques étrangement connectés.



Francis Carpentier nous propose, avec « OYAPOC 1902 », un récit perdu entre France et Brésil, l’Oyapoc étant le fleuve servant de frontière entre les deux États en Guyane française depuis 1713. Sur un ton léger, voire humoristique de temps à autre, mais sans jamais négliger un langage très littéraire, nous suivons une expédition en pleine jungle entre considérations politiques, ethnologiques et économiques. « La saison des pluies noyait tout, on n’accédait plus aux abattis, le gibier se terrait, le poisson nageait loin des filets. Les vivres que l’ancien conseil municipal n’avait pas détournés s’étaient épuisés en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. La disette sévissait. Pour rire, les gens disaient qu’en s’entraînant à jeûner pendant tout le carnaval, ils seraient fin prêts pour le carême. » En effet, quand il s’agit d’éviter les postes de douane pour aller piquer la mine d’or du voisin et s’arroger des droits sur telle tribu indienne locale, la forêt amazonienne est un lieu privilégié. Ça sonne créole, ça sonne vrai et ça donne envie de filer en douce dans la jungle (ou pas finalement).



C’est dans des horizons bien plus proches de nous que Brice Tarvel place « La porte bleue ». Sur un ton très décalé, il place directement son histoire dans un Angers uchronique de 1924 où la boutique PhénomèneJ est déjà quasiment comme nous la connaissons aujourd’hui. « Il fallait voir Hugues le Bouquiniste, dressé maintenant hors de ses donjons de carton, la claymore au poing, l’œil éclairé d’une redoutable lueur guerrière, face aux vélociraptors circulant comme une armée cuirassée avide de conquêtes. » Il s’agit bien de suivre Hugues Campavila, le bouquiniste aventurier, et son épouse Carmen, la ménagère compulsive, dans une chasse loufoque aux trousses d’une nuée de vélociraptors ayant traversé ladite porte du titre. Ça promet !



Quant à Jean-Hugues Villacampa, lui aussi lauréat du concours ImaJn’ère 2014, il nous présente à son tour un « Drôle de poulet » en la personne d’Antonin Desloirs, commissaire de Givet, bourgade ardennaise à la frontière belge. Petite bourgade, petit commissaire de pas grand-chose, et pourtant c’est dans une ambiance à la Maurice Leblanc (que le personnage principal côtoie d’ailleurs) que nous découvrons une affaire bien peu commune. « Meurtre dans la haute » aurait tout aussi bien pu être le titre, car le casting local est gratiné. C’est alors l’occasion de suivre une orgie gastronomique en forme d’huis-clos macabre et seul le dénouement pourra en dire davantage...



Jean-Luc Boutel préfère, lui, nous narrer l’histoire d’un emmerdeur (sic). Avec « L’invasion des hommes-taupes » (sous-titrée « Une aventure inédite de Sélénex »), il s’intéresse d’abord à Anselme Castagneul qui, comme d’autres savants au même moment, disparaît en plein cœur de Paris par la voie du souterrain, mystère au rendez-vous là aussi. Pas sûr que la narration en chapitres au sein de cette nouvelle favorise vraiment la compréhension, mais en empruntant tous les codes du « héros dévoué à sa mission », l’auteur tend fortement vers la thématique du super-héros, avec le dénomme Sélénex, le protecteur de la capitale. Dans cette optique, nous ne pouvons nous empêcher de penser à une forte inspiration de l’histoire vis-à-vis d’un antagoniste bien connu des Quatre Fantastiques (de Marvel), le tout premier même, l’Homme-Taupe, le Moloïde. C’est alors l’occasion pour le lecteur d’explorer à la va-vite un espace qui fait encore beaucoup fantasmer : les bas-fonds et les souterrains de Paris, ici dans leur réalité au tournant des XIXe et XXe siècles, dans un aspect un peu gothique et, en tout cas, effrayant. Beaucoup de descriptions et peu de dialogues viennent entraîner le récit, pour une nouvelle pourtant bien portée sur l’action. Et en matière de péripéties en milieu souterrain, il y a de quoi s’occuper, avec en plus de cela quelques machineries complexes pour égayer le voyage. En plus de cela, croiser quelques têtes connues comme Rosny-Aîné, Gustave Eiffel, et quelques autres, n’est jamais un mal.



Artikel Unbekannt a choisi de nous narrer le Japon des années 1940 de manière stéréotypée certes, mais parfaitement réglée. Un « Japon, année zéro » où les deux bombes H seront l’horizon des événements. Kiyochi, Kumiko et Kojima forment les trois volets de cette exploration du Pays du Soleil levant, qui se définissent très simplement comme suit « Kojima aimait Kumiko qui aimait Kiyochi qui n’aimait personne ». Et le rythme ternaire imposée par le fond est dès lors présent dans la forme en toute circonstance. Dans leurs choix comme dans leur destin, trois voies possibles et inéluctables apparaissent dans ce Japon. Statisticiens, enseignants et yakusas : ces voies possibles ne sont pas légion et demandent autant d’honneur que de violence sur soi. « Les yakusas : un état dans l’état, une bague de feu autour d’un doigt de glace, le chaos à l’intérieur de l’ordre, un monde parallèle dont le roi invisible a le geste bruyant, mais le verbe discret. »

Forcément, entre un triangle amoureux et les affres de la vie quand la politique des yakusas s’en mêle, cela ne peut que créer des étincelles. Et Artikel Unbekannt nous entraîne dans un tourbillon de situations apparemment inéluctables. Violence des mots comme de certaines scènes dont une magnifique de torture, dégoulinante à souhait, une pointe de fantastique liée à la fameuse tradition des tatouages dans le milieu des yakusas : les ingrédients font plaisir à voir et l’ensemble s’enchaîne magnifiquement bien.



« Écarlate était le ciel » selon Anthony Boulanger, autre lauréat du concours ImaJn’ère 2014. Et en effet, à l’automne 1916, les combats aériens font rage dans le ciel européen. Le ballet incessant des rapaces de métal est à peine interrompu par l’intrusion de nouvelles armes toujours plus meurtrières. Pour autant, la guerre ne règne pas entre les Nations du monde puisque celles semblent, au contraire, toutes alliées face à des forces surnaturelles et monstrueuses appelées les Résurgences, celles-ci ayant pris le contrôle du Royaume-Uni et de l’Irlande, notamment. « Depuis que l’ennemi avait conquis les airs, la guerre avait pris une nouvelle tournure. De l’attaque, les nations continentales étaient passées à la défense puis au repli contrôlé. De l’espoir, les peuples étaient passés à l’accablement. À une certaine forme de désillusion et de fatalisme. » À l’heure d’une bataille décisive, Manfred von Richthofen doit jeter toutes ses forces pour trouver ce qui fera enfin la faiblesse de ces monstres de toutes formes ayant déclaré la guerre à l’humanité.



« Une aventure de Béla Bartók » nous promet Jérôme Verschueren. Avec « Le chevalier noir », il reprend son héros qu’il publie déjà au Carnoplaste lors de l’une de ses enquêtes au cœur de New York en janvier 1941, toujours en quête d’activités nazies à détruire. Cette fois, Béla Bartók, croyant devoir démanteler une cellule nazie, un laboratoire à super-soldats, en plein centre de la Grande Pomme, tombe sur une affaire d’un caractère bien plus fantastique. Les fantômes rôdent parfois dans la ville et ce n’est pour le plus grand bonheur des vivants. Avec son assistante Becky, il s’agit pour lui de remonter la piste de ce qui fait la terreur du quartier et les apparences sont évidemment trompeuses.



Jean Bury réinvente la « légende » de Louis Pasteur et du petit enfant atteint de la rage avec « La Rouille », ce qui peut être considéré comme l’équivalent de la rage pour les robots de son petit monde. Car, en effet, l’univers à tendance steampunk qu’il met en place est l’occasion de voir proliférer les « eiffels », ces automates en plein développement. La combinaison entre mécanique et microbiologie est intéressante et suivre les explications du savant incompris est bien plaisant. Une nouvelle plutôt sympathique donc puisqu’elle ne se prend pas la tête, se suffit à elle-même et résout astucieusement une affaire bien délimitée.



Avec « Marionnettes », direction l'URSS des années 1930 ! Une Union soviétique en pleine mutation, profondément marquée par l'arrivée au pouvoir de Staline et les phases d'épuration qui ont suivi. C'est dans ce contexte tendu, alors que tout le monde se méfie de tout le monde, qu'est découvert en 1937 le corps d'un officier de l'Armée Rouge, atrocement massacré dans des circonstances bien étranges. Difficile en une vingtaine de pages seulement de mettre en place une intrigue très complexe, néanmoins la nouvelle de Julien Heylbroeck n'en est pas moins divertissante, l'auteur n'hésitant même pas à faire intervenir quelques spécialités du folklore russe.



Sélectionné parmi les lauréats du concours ImaJ'nère 2014, Bruno Baudart nous entraîne pour sa part dans le Berlin-Est de la fin des années 1940. Une ville profondément marquée par la Deuxième Guerre mondiale et dont les habitants ploient encore sous le joug d'une surveillance de tous les instants menée par la Stasi : en 1949 aussi bien qu'en 1943, on craint les délateurs. Et c'est justement pour se venger de l'un d'eux, responsable de l'arrestation et de la mort de sa compagne des années auparavant que le narrateur se décide à passer à l'acte. Un récit très touchant baignant dans une ambiance mélancolique qui ne laisse pas indifférente et parsemé de quelques références à des auteurs majeurs tels que Remarque et son « À l'ouest rien de nouveau » ou encore à Nietzsche.



Patrice Verry nous raconte, quant à lui, une fable impériale et festive. « L’empereur, le préfet et l’ingénieur » présente l’histoire de Joseph de Beaucrest, proche de Napoléon III, du préfet Haussmann et de l’ingénieur Bönickhausen. Offerte au lecteur de manière légèrement déchronologique, cette avancée en sous-main et en trois temps va très vite au point de reposer sur plusieurs sous-entendus laissant au lecteur le soin d’imaginer jusqu’où peuvent remonter les méandres de cette histoire. L’intérêt est d’ici d’approfondir ce qui constitue un des fondements de la « fierté nationale française » (fierté à tel point que plusieurs nouvelles de l’anthologie y font également référence) ; difficile d’en dire davantage sans tout dévoiler de cette nouvelle relativement brève, mais très dynamique.



Avec « La machine à explorer Baker Street », Brice Tarvel et Robert Darvel nous narrent une aventure de l'un des héros mis en scène par les fascicules Carnoplaste : Harry Dickson. Une sorte de Sherlock Holmes américain résidant au 92b ou 221b Baker Street (le mystère plane toujours...) et épaulé par le jeune Tom Wills et l'imposante Mrs Crown. C'est donc sur une touche d'humour que l'on referme cette anthologie, Brice Tarvel et Robert Darvel se mettant eux-mêmes en scène dans des situations rocambolesques impliquant notamment la présence d'un taxidermiste spécialiste en mécanique quantique ainsi que l'utilisation d'un canapé « enjambeur d'espace et de temps ». Une histoire bon enfant qui permet de refermer l'ouvrage sur une note positive.





Rétro-fictions est donc une anthologie très diverse, très distrayante, qui nous fait particulièrement voyager dans le temps et dans l’espace et mêle de façon plutôt joyeuse des auteurs reconnus et quelques semi-professionnels.



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Le miroir d'Électre

Nous poursuivons la Décade de l’Imaginaire 2014 proposée par L’Atalante avec la nouvelle « Le miroir d’Électre » de la polyvalente Jeanne-A Debats.



« Le Miroir d’Électre », c’est d’abord une plongée dans la psyché de Violette Nodier, soumise à son pouvoir de rétrovision, de clairvoyance du passé des objets, et au délitement de sa cellule familiale. L’un dans l’autre, c’est la tragique histoire des Atrides que l’auteur tente de recréer dans un cadre très contemporain, mêlant veuvage, pension de guerre, adultère et piques envers le corps psychologue.

Comme dans « Mayday », nouvelle parue dans Les Héritiers d’Homère, la réécriture d’un mythe antique dope Jeanne-A Debats pour déconstruire et recomposer le mythe concerné. Toujours fortement teinté d’ironie, son style mise sur un humour et un franc-parler propres à elle pour peindre une héroïne en plein doute mais finalement très forte. Pour autant, les situations qui nous sont proposées sont cocasses et on aborde ici crûment des problématiques très concrètes. Au milieu de ce fourbi, les références antiques fusent de partout, de manière particulièrement prégnante, au détour de chaque comparaison proposée par l’auteur : les Atrides en premier lieu, mais également d’importants champs lexicaux centrés autour des chimères, des propos sibyllins et de bien d’autres allusions que je vous laisse découvrir.

C’est la rencontre d’un certain Adam qui semble activer la destinée de Violette l’héroïne. Toutefois, ce n’est qu’une occasion supplémentaire pour l’auteur d’agréablement casser nos attentes : aux côtés d’un Adam intrusif, Violette met en valeur le rôle de la femme qui s’émancipe de son propre chef, via un beau symbole au passage. La recherche du réalisme constant par Jeanne-A Debats renforce alors son ambiguïté volontaire entre fantasy dans le fond et science-fiction dans la forme. La navigation entre les genres est à vos risques et périls : beaucoup n’adhèreront pas, alors que c’est largement constructif que de renforcer les poncifs.



Même si elle comporte toutes les caractéristiques particulières de son écriture, « Le Miroir d’Électre » n’est pas la nouvelle de Jeanne-A Debats qui sort du lot et transporte son lecteur à tous les points. Pour poursuivre la découverte de cette auteur qui mérite pourtant largement le détour prolongé, L’Atalante vous propose son livre Plaguers à 3,99€.



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Lancelot

Lancelot du Lac est un de ces personnages de légende dont on connaît tous aujourd'hui et le nom et l'histoire. Fils du roi Ban élevé par la Dame du lac et appelé à devenir le meilleur chevalier de la Table ronde, proche compagnon d'Arthur qui échouera à s'emparer du Graal et s'éprendra de la reine, participant ainsi à la chute de Camelot, Lancelot est un personnage atypique, bourré de contradictions, sur lequel la littérature ne se lasse pas depuis des siècles de s'interroger. C'est à l'occasion du festival Zone Franche qui se déroule à Bagneux depuis maintenant cinq ans que les éditions ActuSF ont décidé de rendre hommage à ce personnage phare de la légende arthurienne par le biais d'une anthologie réunissant les textes d'auteurs français réputés dans le domaine des littératures de l'imaginaire, qu'il s'agisse de Fabien Clavel, Anne Fakhouri, Lionel Davoust ou encore Jeanne A. Debats. Des valeurs sûres, donc, qui nous font sans surprise don de nouvelles toutes plutôt sympathiques et qui feront passer aux lecteurs amateurs des littératures de l'imaginaire (et aux fans de la légende arthurienne en particulier) un bon moment de lecture.



Avant de m’attarder plus en détail sur quelques unes des nouvelles présentes au sommaire, je me permettais cela dit de soulever un léger bémol, notamment en ce qui concerne le contexte choisi par les différents auteurs qui, pour la plupart, situent l'action dans un royaume sur le déclin, pourrissant, voire déjà au-delà de toute salvation. Un choix compréhensible, même s'il aurait, à mon humble avis, pu être intéressant d'également découvrir le personnage à l'apogée de sa gloire, et non pas seulement au plus bas, rejeté et haï de tous. De même, j'ai souvent eu l'impression de toujours avoir plus ou moins à faire au même Lancelot : droit, voire parfois un peu trop rigide, preux, pieux, désespéré d'avoir échoué et trahi... Même si ce portrait est bien évidemment le reflet des nombreux écrits consacrés à la légende des chevaliers de la Table ronde de part les siècles, il aurait cela dit une fois encore été intéressant que certains des auteurs se détachent un peu plus du mythe d'origine pour donner vie à un Lancelot plus original, plus surprenant (je pense à titre d'exemple au Lancelot de « La saga du roi Arthur » de Bernard Cornwell qui dépeint le chevalier comme un véritable lâche, habile à tromper son monde et bien éloigné de la légende).



Parmi les nouvelles les plus réussies, quatre se distinguent particulièrement à mon goût : les deux premières mettent en scène Lancelot aux prises avec la légende et l'inéluctabilité de son destin, les deux suivantes prennent place dans un cadre plus contemporain et sont écrites dans un style beaucoup plus incisif et sur un ton volontiers humoristique. Avec « Le meilleur d'entre eux », Lionel Davoust amorce avec succès une véritable réflexion sur l'importance du personnage de Lancelot dans la légende. Légende dont il questionnait déjà l'essence même dans une autre nouvelle, « L'île close », dans laquelle les personnages du mythe ne cessaient de reproduire encore et encore les mêmes actes, sans pouvoir échapper au rôle que leur avait attribuée l'histoire. La nouvelle nous offre également un bel aperçu de l'amour unissant Lancelot et Guenièvre, tout en réussissant à ne pas laisser Arthur de côté. Pari tout aussi réussi pour Armand Cabasson et sa nouvelle « Le vœu d'oubli » dans laquelle on découvre un Lancelot amnésique car ayant fait le choix d'effacer sa mémoire afin de ne pas commettre l'irréparable et trahir son roi. L'auteur insiste là encore sur l'impossibilité pour le chevalier, et au-delà de tous les autres figures de la légende, d'échapper à son destin.



Les deux textes qui clôturent l'anthologie baignent dans une ambiance radicalement différente du reste de l'ouvrage et figurent à mon sens parmi les plus abouties. C'est notamment le cas du « Lance » de Jeanne A. Debats qui reprend ici le héros de son précédent roman « Métaphysique du vampire ». On retrouve donc Navarre, vampire au service du Vatican dans les années 1930, à qui on confie cette fois la mission d'aller tirer Lancelot de son sommeil éternel sur l'île d'Avalon afin de lui faire affronter une menace redoutable réveillée par un certain Hitler. Un texte bourré d'humour qui déconstruit le mythe du chevalier parfait et met en scène un protagoniste particulièrement attachant (je vous conseille d'ailleurs les autres nouvelles de l'auteur consacrée à Navarre et parue dans diverses autres anthologies, le personnage vaut le détours...). Toute aussi déjantée, la nouvelle de Karim Berrouka (« Pourquoi dans les grands bois, aimé-je à m'égarer ? ») met cette fois en cette une équipe de quatre policiers à qui l'on confie une enquête pour meurtre et qui vont finalement se retrouver en pleine forêt à assister à la lutte sans merci que se livrent depuis des siècles les chevaliers Lancelot et Gauvain.



Une anthologie divertissante rendant un bel hommage à ce personnage ambiguë de la légende arthurienne par le biais de certains des auteurs les plus en vogue au sein des littératures de l'imaginaire. A ceux qui seraient passionnés par le sujet je conseillerais également les excellents « De Brocéliande en Avalon » et d'« Avalon à Camelot », deux autres anthologies dirigées par Lucie Chenu a qui on doit d'ailleurs la postface de ce sympathique « Lancelot ».
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Elfes et Assassins

Cinquième anthologie parue dans le cadre du festival des Imaginales d'Epinal, « Elfes et assassins » nous propose de découvrir les textes de treize auteurs français, tous très réputés dans le monde des littératures de l'imaginaire, de Pierre Bordage à Fabien Clavel en passant par Xavier Mauméjean ou Fabrice Colin, qui se sont penchés sur ces deux personnages extrêmement ambiguës que tout lecteur de fantasy est amené à rencontrer de façon récurrente. Tout comme le précédent opus, « Reines et dragons », on retrouve Sylvie Miller et Lionel Davoust en tant que directeurs de publication, un duo qui fonctionne décidément remarquablement bien. La qualité est en effet au rendez-vous, et si certains textes se révèlent évidement plus réussis et plus marquants que d'autres, nous n'en avons pas moins affaire à un ouvrage très divertissant et jamais monotone ou répétitif. On retrouve ainsi avec plaisir dans quelque uns de ces textes l'univers de certains auteurs comme le Vieux Royaume de Jean-Philippe Jaworski ou encore la ville enchantée de Panam de Raphaël Albert, tandis que d'autres optent pour un cadre plus contemporain, uchronique, historique, ou encore fantastique.



Sans grande surprise, la nouvelle la plus aboutie de l'anthologie reste en ce qui me concerne celle de Jean-Philippe Jaworski (« Le Sentiment du fer ») dont le talent n'est plus à prouver mais qui parvient encore et toujours à surprendre. On y retrouve la ville de Ciudalia, décor de son premier roman « Gagner la guerre », dans laquelle on suit les péripéties d'un Chuchoteur (célèbre guilde d'assassins) chargé d'une bien curieuse et périlleuse mission sur fond de complots politiques. Du rythme, un style percutant, des retournements de situation inattendus...., les ingrédients restent les mêmes et encore une fois cela fonctionne. Parmi les textes les plus mémorables figurent également ceux d'Anne Dugüel, également connue sous le pseudonyme Gudule, (« Le sourire de Louise »), histoire glaçante d'un amour fusionnel entre une mère et sa fille qui tourne à la tragédie, ou encore de Jeanne A. Debats (« Eschatologie d'un vampire ») qui possède décidément un style très direct, bourré d'humour et d'ironie, qu'elle met au service d'une histoire originale et d'un personnage haut-en-couleur. D'autres nouvelles méritent également le détour, que ce soit pour la poésie et la profonde mélancolie qu'ils dégagent (« Sans douleur » de Fabrice Colin et « Grise neige » de Johan Héliot), ou au contraire pour leur humour ravageur (« Du rififi entre les oreilles » d'Anne Fakhouri).



Que ce soit par le biais de la tragédie, de l'horreur, de l'épique ou de l'humour, les treize nouvelles proposées dans cette anthologie ne manqueront pas de ravir les amateurs de fantasy qui auront ainsi le plaisir de se plonger dans les textes inédits de ces grands auteurs qui auront été particulièrement inspirés par le thème de cette année 2013. Voilà un bien bel hommage rendu à ces deux figures particulièrement représentatives du genre que sont l'elfe et l'assassin.
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