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Citations de Jesse Kellerman (293)


– E = mc2, dit-il. Ja ?
Je crois avoir assez bien réussi à dissimuler ma stupeur, mais à partir de là il me parut de mon devoir de prendre la garde de ce serre-livres. On ne pouvait pas faire confiance à quelqu’un qui confondait Nietzsche et Einstein. Je m’enquis du prix. Le vendeur mit quelques secondes à me jauger, s
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C’était un serre-livres, m’expliqua le marchand. Son ami – c’est le terme qu’il employa, Freund – s’était égaré. Il ne savait pas d’où il provenait, même s’il émit l’hypothèse qu’il avait jadis appartenu à un professeur. Ein Genie, dit-il, un génie, ajoutant que le monde ne serait pas le même sans lui. De la part de quelqu’un qui semblait ne s’être ni lavé ni rasé depuis la perestroïka, c’était une appréciation que je jugeai admirablement intellectuelle et, en tant que philosophe, je fus ému de voir à quel point les idées de Nietzsche, si souvent incomprises, pouvaient encore inspirer le commun des mortels.
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Malgré tout, quelque chose en moi ne parvient pas à renoncer à croire que je me situe en dehors de la société, au-dessus de ses jugements.
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Au total, une garde-robe parfaitement miteuse, qui reflétait une image de soi entretenue depuis des années : celle d’un universitaire dépenaillé. Les vêtements appartenaient au monde des choses. J’appartenais à celui des idées. Me soucier de mon apparence aurait voulu dire accorder de l’importance à la façon dont les autres me percevaient. À l’époque, je trouvais cette notion répugnante. Et dans une certaine mesure c’est toujours le cas.
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Et moi, capable de transporter toutes mes possessions – la preuve matérielle complète de mon existence – à la force du poignet sans verser la moindre goutte de sueur.
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Des larmes roulaient périodiquement sur son visage sans expression, comme par devoir.
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Je ne suis pas de ceux à qui les mots viennent à manquer facilement, mais, planté sur le seuil à deux doigts de l’expulsion, je ne savais pas quoi dire.
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Derrière elle se trouvait l’appartement dans lequel nous avions vécu et travaillé, dormi et parlé, dans lequel nous avions fait l’amour. Le tableau en liège où étaient épinglées toutes sortes de photos et souvenirs, preuves d’une histoire commune. Des dîners entre amis. Des week-ends à Salem et Newport. La table basse, une malle en cuir cabossée dénichée dans une vente aux enchères. Sur le chambranle de l’entrée était planté un clou nu. Parfois y était accroché quelque chose, dont l’absence cette fois-ci était le signe cruel de tout ce qui n’allait plus entre nous.
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– Ça va aller, répétai-je.
– Plus tu dis ça, moins j’y crois.
Elle ne semblait pas pour autant disposée à me laisser rentrer, son corps bloquant le passage dans l’encadrement de la porte. Derrière elle se trouvait l’appartement dans lequel nous avions vécu et travaillé, dormi et parlé, dans lequel nous avions fait l’amour.
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Non sans raison : elle me mettait dehors en pleine tempête de neige. Il aurait été normal qu’elle se sente coupable.
Mais mon orgueil m’interdisait d’exploiter ce sentiment.
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On ne peut pas vivre deux ans avec quelqu’un sans développer pour lui une sorte de réflexe empathique, et je savais que, si je ne la rassurais pas, elle passerait la nuit sans dormir, à se faire du souci pour moi.
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Elle me demanda si j’allais tenir le coup. Je lui rétorquai que ça n’avait aucune importance. Elle m’assura que si, alors je lui affirmai que oui, ça irait. C’était faux. J’avais dit ça pour ne pas la culpabiliser.
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Elle parla la première.
– J’ai toujours détesté ce truc.
Je ne relevai pas.
– Excuse-moi, reprit-elle. Je sais que tu l’adores. Mais moi,
ça me colle la chair de poule.
Je lui répondis que je ne voulais plus discuter.
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Je possédais alors la moitié de la tête de Nietzsche. C’est la seule chose que je considérais comme m’appartenant réellement et, le soir où Yasmina me jeta dehors, ce fut le dernier objet que je récupérai avant de gagner la porte et de me retourner pour lui faire part de mes conclusions définitives.
Elle parla la première.
– J’ai toujours détesté ce truc.
Je ne relevai pas.
– Excuse-moi, reprit-elle. Je sais que tu l’adores. Mais moi,
ça me colle la chair de poule.
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Jonah dit :
– Personne ne va vous faire de mal.
– Je vais mourir ! cria la femme.
Sans se retourner, Jonah lui répondit :
– Ça va aller.
mourir
mourir
Je vais mourir.

– Vous voulez bien m’écouter ? Monsieur ? S’il vous plaît. Reculez d’un pas.
L’homme grimaça d’impatience, comme si Jonah avait sauté une réplique. Il fit un pas de côté et Jonah l’imita pour rester face à lui.
– D’accord, attendez. Je n’ai pas l’intention de…
L’homme tenta à nouveau de le contourner et Jonah s’avança vers lui.
– … écoutez, je n’ai aucune intention de, personne ne veut…
Alors tout se précipita.
Cheveux, chaleur, une odeur organique suffocante ; un bras tordu ; la chute ; le sol ; et, pour la deuxième fois de la soirée, Jonah se retrouva à patauger dans une mare de sang.
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Et il allait devenir médecin.
Il ne réfléchit pas.
Il s’élança en faisant de grands signes.
– Hé !
L’homme leva les yeux et fut aussitôt saisi d’agitation : se balançant d’un pied sur l’autre, roulant des épaules, grattant sa barbe broussailleuse et se tirant les cheveux par poignées. Il parlait tout seul. Torse nu sous son manteau dont les manches dépassaient de ses mains, lui donnant l’air d’un gamin perdu. Jonah reconnut cet état ; il le connaissait intimement, il y était confronté régulièrement. Et il sentit un grand calme l’envahir. Il savait quoi faire.
Il dit :
– Regardez-moi.
L’homme le regarda.
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Au secours, aidez-moi !
Au secours, aidez-moi !
Au secours, aidez-moi !

Elle regardait Jonah droit dans les yeux, le visage irradiant de terreur, zébré par des mèches de cheveux volants, un masque de détresse livide. Aidez-moi, aidez-moi !
C’était à lui qu’elle s’adressait. Aidez-moi !
Par la suite il se rendrait compte que la plupart des gens à sa place auraient passé leur chemin. Quelques-uns auraient appelé la police et attendu, observant la scène à distance. Mais pour Jonah la situation se présenta de façon assez différente. Il vit l’homme, la femme, la lune, et non seulement il n’éprouva aucune envie de fuir, mais au contraire une écrasante obligation de rester, comme si la voix de la femme – au secours – était en réalité celle de Dieu, canalisée, filtrée et brisée, certes, mais tout aussi impérieuse : un moment spécialement choisi pour lui.
Et il allait devenir médecin.
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Les viscères de la patiente jaillissaient là où on ne les attendait pas, c’en était gênant, et devoir lui maintenir le ventre ouvert paraissait terriblement intrusif, comme débarquer dans la chambre de quelqu’un avant qu’il ait eu le temps de planquer ses sous-vêtements. Pendant que Detaglia faisait son travail, Jonah repensait à la scène des Aventuriers de l’arche perdue où ils ouvrent la boîte-à-laquelle-il-ne-fallait-surtout-pas-toucher et où tout le monde à un kilomètre à la ronde se transforme en fromage fondu. Il se força à regarder. Allez, sois courageux, tu ne pourras jamais apprendre si tu ne vois pas ce qui se passe.
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– Hé, le carabin !
Une autre façon qu’ils avaient de vous rabaisser : ne jamais vous appeler par votre prénom. Obéis sans réfléchir, sous-homme. En l’occurrence, la panseuse lui tendait les housses de protection pour les poignées des lampes scialytiques en lui disant :
– Alors, tu te bouges ?
Il s’exécuta.
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Les dieux de la Chirurgie étaient jaloux et cruels, et Jonah avait fauté. En tant qu’étudiant de troisième année, il ne pouvait guère espérer faire plus que suturer, écarter, aspirer. Comme tout apprenti, son véritable rôle n’était pas de se rendre utile mais de donner raison à la hiérarchie. Il était là pour souffrir, ainsi que tous les médecins qui l’avaient précédé à cette place.
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