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EAN : 9782848931241
352 pages
Les Deux Terres (03/10/2012)
3.21/5   135 notes
Résumé :
Tout va mal dans la vie de Joseph Geist. Il est fauché, sa thèse de philosophie patine depuis des lustres et sa petite amie vient de le mettre à la porte. Alors qu'il frôle le désespoir, une annonce dans un journal retient son attention : « Cherche quelqu'un pour heures de conversation ». Un boulot de rêve pour Joseph ! Parler, c'est ce qu'il fait le mieux et Alma Spielmann s'avère l'employeuse idéale : vieille dame raffinée, érudite et généreuse qui l'invite même à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 135 notes
Après avoir beaucoup apprécié les deux premiers romans de Jesse Kellerman : "Les visages" et "Jusqu'à la folie" me voici en possession de ce troisième opus "Beau parleur" grâce aux Éditions Des deux Terres qui m'ont confié un exemplaire (non corrigé) et je les remercie de tout mon coeur, d'une par pour la confiance qu'ils ont placé en moi et d'autre par pour m'avoir fait découvrir (encore une fois) en avant première cette petite merveille !!!

J'ai adoré !!! C'est un mélange de thriller, de roman psychologique (comme je les aime), de réflexion sur la vie, ses joies et ses déboires et c'est aussi un roman très noir qui prend aux tripes. Personnellement ce roman est entré dans ma tête et ce n'est pas demain qu'il en sortira...
Je viens de le finir et je suis médusée par cette lecture.

Les 60 premières pages sont consacrées à la biographie de Joseph Geist. On découvre donc que Joey n'a pas eu une enfance très heureuse, je dirais même très douloureuse. Il avait un père très violent, une mère soumise, un frère qui se tue après une très grosse dispute avec son père. Mais 20 ans sont passés et Joey a toujours du mal à pardonner à ses parents de la mort de son frère et tout ce qui c'est passé avant dans cette famille.

Joey n'a pas réussi à finir sa thèse qui a pour sujet le libre arbitre. Il en est à un nombre incroyable de versions toutes plus longues les unes que les autres. Au départ, cette thèse se présentait bien, il avait trouvé un maître de thèse qui avait les mêmes idées que lui, mais il mourut peu après et Joey c'est trouvé dans l'obligation de trouver un autre maître de thèse, il trouve une femme qui ne le comprend pas. Elle le casse et ne l'aide en rien, son travail tourne en rond, il se fait renvoyer de la FAC. En même temps, rien ne va avec sa copine chez qui il squatte depuis deux ans, elle le met à la porte, elle ne le supporte plus. Il est à la rue quand il répond à une petite annonce :

« Interlocuteur souhaité
Pour heures de conversation.
Pas sérieux s'abstenir.
Appelez au 617.XXX.XXXX
Pas de démarchage SVP. »

Il rencontre Alma Spielmann, née en 1922 dans une famille de fabricants d'instruments de musique à Vienne. Mais on apprendra par la suite la vraie teneur du passé de sa famille. Elle passe donc cette annonce, elle recherche quelqu'un pour parler quelques heures tous les jours.
Au fil des jours, il va se nouer une amitié forte, comme un amour platonique.
Une phrase qui résume bien cette amour entre les deux personnages : « le véritable bonheur platonique est la fusion de deux esprits ».
Puis, un jour, le neveu d'Alma, Éric débarque sans prévenir. C'est là que tout va déraper, Joey se persuade qu'Alma peut le remplacer par Éric, qui pourrait perdre l'amour de la vieille dame. Mais on va s'apercevoir qu'Éric n'est qu'un jeune homme perdu qui ne vient voir sa tante que pour lui soutirer de l'argent.

Puis Alma meure... meurtre ou suicide ???
Puis, iIl arrive ce qui n'aurait jamais du arriver : Joey tue et camoufle. Il s'enferme chez lui, enfin, chez Alma, elle lui tout de même laissé sa maison, tout ce qu'il y a dedans et plein d'agent, mais il y a des conditions qu'il arrivera pas à tenir, il va perdre totalement pied et c'est une descente aux enfers effroyable.

J'ai vraiment adoré ce livre, sa lecture est très rapide, les chapitres défilent à une vitesse faramineuse.
J'ai adoré le chapitre entre le 21 et le 22, il est extra, rapide, stressant et remplit de suspens. A chaque chapitre l'auteur, Jesse Kellermann, fait monter la pression.
A chaque page tournée on veut, on doit connaître la suite, ce qui fait de ce livre une vraie perle psychologique !!!
Lien : http://tousleslivres.canalbl..
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Eternel étudiant en philosophie dont le mémoire piétine, Joseph se fait finalement "remercier" par sa directrice de thèse, et virer par sa petite copine. Après quelques jours de galère à squatter chez des copains, il trouve un job qui lui convient parfaitement : discuter philo avec une octogénaire érudite et fort sympathique.

Il faut attendre très longtemps - la moitié de l'ouvrage - avant d'entrer véritablement dans un thriller ou tout au moins un roman à suspense. On se demande longuement d'où va venir la menace, tout semble si paisible et harmonieux... Mais qu'importe, car le début est très plaisant : le thème du libre-arbitre et les réflexions de Joseph sont passionnantes, ainsi que les échanges entre la vieille femme et le jeune homme, empreints de tendresse.

Une fois le suspense installé, on baigne dans une ambiance hitchockienne, qui rappelle le Horla de Maupassant : la paranoïa croissante de Joseph, sa sensation d'être observé et/ou de s'empêtrer dans ses élucubrations rend le récit délicieusement angoissant.

La fin m'a cependant déçue : après bien des surprises (qui ne tombent jamais dans les effets spectaculaires, ce qui est très bien), on arrive finalement sur un sombre rebondissement somme toute banal. Reste le propos en filigrane, qui fait la force et l'originalité de l'intrigue : le paradoxe entre les mésaventures de Joseph et ses théories sur le libre arbitre...

Encore de bons moments de lecture grâce à Jesse Kellerman, dont le chef-d'oeuvre reste pour moi Les visages. Ce livre m'a donné envie de découvrir le (vieux) roman Harold et Maude (Colin Higgins)...
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Interlocuteur souhaité pour heures de conversation.

Pas sérieux s'abstenir.

Appeler au xxxxxxxx

Pas de démarcheurs SVP.



Une petite annonce à laquelle il ne me déplairait pas du tout de répondre, puisqu'elle attiserait tout d'abord ma curiosité. Et puis, être payé pour faire la conversation, quel rêve, cela ne semble pas bien compliqué, et si c'est tout ce qu'on demande…

Ce sont à peu près les réflexions que se fait Joseph Geist quand il tombe sur cette annonce dans le journal d'Harvard. Pour lui, une aubaine ! Parler, ça, il fait faire, et même très bien, trop parfois, puisque Joseph est un « beau parleur ». Parler en effet, philosopher aussi puisque c'est la discipline qu'il a choisie pour ses études, ça le connait. Et ça l'empêche de regarder de trop près son parcours, de s'y pencher et l'analyser. Car Joseph est dans une mauvaise passe. Sa thèse commencée des années lumière plus tôt n'avance pas d'un iota, on dirait même qu'elle recule. Certainement la faute de sa directrice de thèse qui le déteste et fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues, et vient notamment de lui couper tout subsides et de le virer de l'université…

Sa vie privée est au même point mort. Sa petite amie Yasmina vient de le ficher à la porte sans sommation et il doit squatter chez son copain Drew, partant comme un malheureux avec ses maigres possessions : un pauvre sac contenant ses affaires et serre-livre en bronze ramené d'un voyage à Berlin que détestait son amie : un buste représentant la moitié gauche de la tête de Nietzche auquel il tient farouchement et dont il ne veut pour rien au monde se séparer.

Joseph n'a plus d'amis, ou si peu, et ne veut pas s'abaisser à un travail alimentaire et a, on peut le dire, une très haute estime de lui-même. Autant de raisons qui font qu'il est ravi de faire la conversation avec Alma Spielmann, un job qui n'en n'est pas vraiment un. Cette vieille dame s'avère être absolument charmante, bien élevée et érudite. Comble de bonheur, elle est aussi férue de philosophie et a même écrit une thèse il y a des années ! Il semble donc que ces deux-là étaient faits pour se rencontrer et c'est avec plaisir que le jeune homme plus si jeune que ça accepte au bout de quelques temps son offre de venir habiter chez elle – en tout bien, tout honneur. Dommage qu'il y ait ce neveu étrange et désagréable que Joseph déteste au premier regard, qui vient régulièrement rendre visite à sa tante puis lui soutirer de quoi vivre, fumer, boire et continuer une vie oisive et très certainement dissolue. Dommage également que Joseph soit obligé de croiser chaque semaine la femme de ménage toujours aussi désagréable qui semble prendre un malin plaisir à faire vrombir l'aspirateur dans ses oreilles…

Malgré le confort de la vieille maison, le froid mis à part, et la délicatesse de la vieille dame, Joseph n'arrive toujours pas à se remettre au travail sur sa thèse qui stagne, stagne… La philosophie qui le passionne semble ne pas beaucoup l'aider dans son quotidien, où il passe plutôt son temps à végéter et se plaindre, plutôt que de prendre sa vie à bras le corps. Certes, il est inquiet de la santé déclinante d'Alma, il aimerait aussi que Yasmina tente un rapprochement, mais le libre arbitre étudié dans les livres, et sujet de sa thèse, reste complètement abstrait et c'est un homme balloté de-ci de-là qu'on découvre, sans ambitions concrètes, bouffi de rêves et illusions, un type pas très sympathique ni agréable, mais dont le lecteur suit cependant avec passion les déboires et aventures.

Là est à mon avis un des grands talents de l'auteur qui arrive à nous passionner alors que, avouons-le, il ne se passe quasiment rien dans la première partie du livre, qui m'a semblé plutôt longue quand on revient sur tout le passé de Joseph, son enfance et ses relations avec sa famille, ses parents et son frère. C'est pourtant là qu'on comprend, on s'en rendra compte après, le pourquoi de son caractère. On aurait envie de lui botter les fesses, de le bousculer, mais on ne lâche pas, parce qu'on sent qu'une tension monte insidieusement dans la grande maison d'Alma, et qu'à la fin, il va bien se passer quelque chose, et que ce quelque chose ne pourra pas être vraiment rose… Ce roman n'est à mon sens pas un thriller au sens où on l'entend généralement, mais plus un roman psychologique, et en tout cas, pas du tout le page-turner annoncé. Ne vous fiez donc pas à l'exergue du Daily Mail en 4ème de couv : "Une menace latente à chaque page, comme dans les meilleurs Hitchcock !", car elle est fausse, au moins pour toute la première partie du livre. J'ai personnellement beaucoup apprécié les digressions philosophiques, qui m'ont ramenée à une époque ou j'étais passionnée par cette matière. le roman permet également une intéressante réflexion sur le libre-arbitre, on l'a vu, et sur la liberté.

Le grand avantage de Joseph Geist est sa capacité à l'autodérision, sans quoi il serait vraiment insupportable. Il est relativement conscient de ses faiblesses et défauts, bien qu'il ne fasse rien pour y remédier, sauf dans ce fameux chapitre où tout bascule. Car oui, il y a bien un chapitre où tout bascule, et où le roman devient (enfin) un thriller. D'ailleurs la narration le marque bien, puisqu'on passe du « je » narratif au « vous », une distanciation dont le héros (anti-héros ?) a probablement besoin pour raconter l'irracontable.

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Sommes-nous libres de choisir et de décider de nos actes ou au contraire, ne somme-nous que de simples pantins entièrement conditionnés ?
La souveraineté de la volonté est-elle un leurre ou une réalité ?
La notion de libre-arbitre est un concept sur lequel ont débattu de nombreux philosophes, d'Aristote à Nietzsche, et c'est autour de cette notion que Jesse Kellerman a construit son nouveau roman "Beau parleur", faisant de son personnage central un étudiant en philosophie passionné par les théories existentialistes.

L'auteur a choisi de situer l'intrigue à l'université d'Harvard, à Cambridge, où il a lui-même poursuivi ses études de philosophie. Joseph Geist, le narrateur, est un étudiant pauvre dont les maigres possessions se résument en quelques ouvrages universitaires, un ordinateur portable, sa thèse inachevée sur le libre-arbitre et un serre-livres représentant une ébauche imparfaite et grossière de la tête de Nietzsche, dénichée sur un marché aux puces.
Par une froide soirée d'hiver, sa petite amie le jette dehors sans ménagement. Hébergé provisoirement par un ami, Joseph comprend qu'il va devoir très vite trouver une solution afin de mettre fin à cette situation inconfortable. En quête d'un emploi, il parcourt les petites annonces quand une curieuse offre retient son attention : "Interlocuteur souhaité pour heures de conversation..."
Le dépositaire de l'annonce s'avère être une piquante octogénaire à la conversation érudite. Autrichienne de naissance, cette célibataire éprise de liberté a étudié la philosophie avec les plus grands et parcouru le vaste monde avant de faire de Cambridge son port d'attache. Ils s'entendent immédiatement et Joseph est engagé sur-le-champ, la vieille dame lui proposant même l'hospitalité dans sa splendide demeure. Joseph qui a connu une enfance difficile savoure le confort que lui procure sa nouvelle vie et se prend très vite d'affection pour Alma qui devient pour lui la parente de substitution dont il a toujours rêvé. La vieille dame, de son côté, trouve en lui l'interlocuteur idéal avec qui débattre autour des sujets qui l'ont toujours passionnée. Seule ombre au tableau, une névralgie du trijumeau qui provoque épisodiquement chez Alma de violentes céphalées l'obligeant à s'aliter.
Leur belle complicité va malheureusement se retrouver contrariée par le retour d'Éric, le neveu d'Alma, un jeune homme paumé, uniquement intéressé par la fortune considérable de cette dernière. Celui-ci voit d'un très mauvais oeil les liens qui se sont tissés entre Alma et Joseph. Il craint d'être dépossédé de l'héritage tant convoité par celui qu'il considère comme un intrus. Il va dès lors, tout tenter pour faire main basse sur la fortune de la vieille dame, allant jusqu'à proposer une alliance à Joseph afin de mettre en oeuvre un plan machiavélique.
Jusqu'où Éric est-il prêt à aller pour assouvir sa cupidité ? L'affection que Joseph voue à la vieille dame sera-t-elle plus forte que l'appât du gain ?


Déjà sous le charme de la plume de l'auteur avec son premier roman "Les visages", je suis littéralement conquise par ce dernier. A l'instar des maîtres du thriller psychologique que sont Ruth Rendell, Henning Mankell ou Elisabeth George (je pense à "Anatomie d'un crime", notamment), l'auteur nous livre une intrigue retorse, glaçante et diablement bien maîtrisée.
Dans la première partie du roman, le narrateur nous livre peu d'éléments sur sa personnalité, il nous relate surtout son enfance meurtrie et sa lutte acharnée pour réussir à se démarquer d'un environnement dont il se sent étranger. C'est dans la seconde partie que tout s'accélère, on voit alors émerger la personnalité complexe du narrateur qui se dévoile avec de plus en plus de facilité, jusqu'à se livrer sans restriction à son lecteur. le récit est rédigé principalement à la première personne, à l'exception de certains passages de la dernière partie du roman où la narration se fait à la deuxième personne. Joseph nous prend alors à témoin, cherchant à nous embarquer dans le fil des évènements qui s'enchaînent de manière dramatique, rendant la tension psychologique encore plus palpable.
Véritable plongée au coeur de la psyché humaine, "Beau parleur" représente pour moi la plus belle surprise de cette rentrée littéraire 2012 !

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Voici le troisième roman de Jesse Kellerman que je lis après avoir découvert l'auteur en 2008 chez Sonatine. Et il m'avait littéralement scotchée avec les Visages sont premier roman. Il faut dire que chez Sonatine on a souvent eu la primeur de grandes révélations et Kellerman fait partie de ses nouveaux talents découverts. Depuis il a changé de maison d'édition. Mais heureusement pas de traductrice.
Mais alors que nous raconte ce « Beau parleur »
La vie de Joseph Geist change le jour où il est employé par une vieille dame, Alma Spielmann, pour lui faire la conversation. Joseph s'entend parfaitement avec elle et s'installe même dans sa demeure. Mais Eric, le neveu d'Alma, jeune homme énigmatique et manipulateur, commet des actes qui ne seront pas sans conséquences sur la vie de Joseph.
Alors j'ai aimé les conversations entre Joseph est Alma. Il faut dire que si Joey est du genre velléitaire, il est beau parleur et pour cette éternel thésard en philosophie, la dialectique et la rhétorique n'a pas de secret.
On va apprendre à mieux connaitre Joey, on le découvre peu à peu et il a tout du anti-héros. Lui qui a fait du libre arbitre le sujet de sa thèse et plutôt un homme qui subit sa vie. Il n'est pas au premier abord un type sympathique ce qui le rend humain heureusement c'est son humour et son autodérision dans il ne se départit jamais.
Et puis il y a Alma, une octogénaire que l'on aurait aimé avoir pour grand-mère. On découvre son passé viennois lui aussi douloureux. On aime tout en elle, son érudition, sa gentillesse, son optimiste. Elle aussi a étudié la philo tout comme notre auteur d'ailleurs qui a été étudiant à Harvard, là où il situe ce roman dans la ville américaine de Cambridge, ville de l'agglomération de Boston.
Et dans toute la première partie de cette histoire on va apprendre à connaitre nos protagonistes. L'auteur nous offre là un parfait roman psychologique. Et puis tout bascule avec l'entrée en piste d'Éric, le neveu d'Alma qui vient voir sa tante en espérant un gros paquet de fric pour continuer son compter sa vie oisive et dépravée.
Éric que Joseph prend on grippe au premier regard. Et là je ne vous en dirai pas plus, juste que tout dérape et peut-être aussi vous parlerai-je de la paranoïa furieuse de Joey. C'est tout ce que vous devait savoir car d'un coup le récit prend un autre tournant et tout s'emballe. Petit bémol peut-être la fin est sans doute trop vite amenée. (Ce qui explique la note de 4 sur 5. D'ailleurs j'aurai même pu mettre 4,5) Car ça reste drôlement bien fait. On est bien loin des polars calibrés habituels.
J'ai aimé ce petit coté hitchcockien que prend l'intrigue. L'angoisse monte crescendo. L'atmosphère devient plus oppressante. La tension est palpable, la violence qui en résulte aussi.
Et puis il faut souligner l'écriture plutôt très littéraire de l'auteur et son style indéniablement hors pair. Une nouvelle fois c'est du beau travail et à n'en pas douter Jesse Kellerman est l'un des écrivains de romans à suspense les plus talentueux de sa génération.

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Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Est-ce un choix si vous êtes ivre ? Si vous avez connu l'enfer et que vous en êtes revenu ? Et si votre propre fils se paye votre tête, vous insulte, vous traite d'alcoolique ? Est-ce un choix, là aussi ? Autre chose : à quel moment ce choix s'opère-t-il ? Est-ce un lent processus mental ? Ou ce choix n'en devient-il un que lorsque vous vous levez et que vous ôtez votre ceinture ? Lorsque cette ceinture entre en contact avec la nuque de votre fils ? Lorsqu'il commence à saigner ? Le choix se fait-il à cet instant-là ou bien est-ce le point culminant d'un processus démarré des années plus tôt, quand vous avez engrossé une fille sur la banquette arrière de votre Oldsmobile 442 ? La violence du présent était-elle tapie sous la terre pendant tout ce temps, occupée à germer, à gronder en silence, si bien que ce que nous voyons ici et maintenant n'est que son éclosion à la lumière du jour ? Et, dans ce cas, qu'est-ce qui fait que vos choix vous appartiennent ? Auriez-vous pu les stopper ? (p. 31-32)
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La question du libre arbitre est aussi vieille que la philosophie elle-même, et le débat toujours aussi féroce qu'il l'était il y a deux mille ans. Et même davantage, peut-être, car tandis que notre monde devient de plus en plus connu, quantifié, mécanisé et contraint - l'emprise de la technologie sur nous plus forte de jour en jour, la science lissant les contours de la réalité -, les gens semblent proportionnellement avides de prouver que les êtres humains sont l'exception à la règle et que nous ne sommes pas préprogrammés mais libres. (p. 305)
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Elle avait une voix âgée. Je crus déceler une pointe d’accent, bien qu’il m’eût fallu plus qu’un simple « allô » pour en avoir le cœur net.
– Oui, bonjour, j’appelle à propos de l’annonce dans le Crimson.
– Ah. Et à qui ai-je l’honneur ?
– Joseph Geist.
– Enchantée, monsieur Geist.
– Merci. Moi de même, madame…
Je marquai une pause afin de lui donner l’occasion de se présenter. Voyant qu’elle ne le faisait pas, je poursuivis :
– Je serais curieux de savoir quel genre d’interlocuteur vous cherchez.
– Éclectique avant tout. Pas forcément très catholique en somme. Est-ce ainsi que vous vous décririez ?
– Je crois, oui. Même si, pour votre information, il se trouve que je suis aussi catholique.
Elle rit doucement.
– Je ne vous en tiendrai pas rigueur, allez.
J’aurais parié sur l’allemand, bien que ses inflexions fussent très différentes de celles que j’avais entendues à Berlin. Peut-être venait-elle de la campagne, ou d’une autre ville.
– Mais je ne suis plus pratiquant, ajoutai-je.
– Ah, un catholique repenti, voilà qui est déjà plus à mon goût.
– À votre service.
– Et donc, monsieur Geist, catholique non pratiquant, vous avez vu mon annonce ? Vous êtes étudiant à Harvard, j’imagine ?
Il aurait été trop long de lui expliquer mon statut exact, aussi dis-je, sans trop faire d’entorses à la vérité :
– En thèse, oui.
– Ah bon ? Et dans quel domaine ?
– La philosophie.
Il y eut un léger blanc.
– Vraiment. C’est très intéressant, monsieur Geist. Et quel genre de philosophe êtes-vous ?
Bien que tenté de me faire mousser, je décidai de rester prudent.
– Du genre éclectique, justement.
Nouveau rire au bout du fil.
– Peut-être devrais-je plutôt vous demander quel est votre philosophe préféré.
Je n’avais aucun moyen de deviner ses goûts, aussi voulus-je répondre par une pirouette qui me semblait à même de la provoquer et de l’amuser : « Moi-même, bien sûr. » Sauf qu’en réalité je dis :
– Ich, natürlich.
– Oh, voyez-vous ça, répliqua-t-elle, mais j’entendis un sourire dans sa voix. Je serais ravie de vous rencontrer, monsieur Geist. Êtes-vous libre à quinze heures ?
– À quinze heures… aujourd’hui ?
– Oui, quinze heures aujourd’hui.
Je faillis dire non. Je ne voulais pas avoir l’air trop empressé.
– Oui, ça devrait aller.
– Parfait. Je vous donne l’adresse alors.
Je la notai.
– Merci.
– Danke schön, Herr Geist.
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Vous avez déjà essayé d' apprendre à lire à quelqu' un ? .../...Nous avons tendance à considérer comme une évidence notre aptitude à extraire un sens d' une page d' écriture, alors qu' en fait ce n' est rien de moins qu' un miracle, et si nous n' apprenions pas à l' exercer à un âge où l'on croit encore à la magie, le taux de réussite serait dérisoire.(p339)
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Exigeant, versatile, doué d’un charisme brut, c’est un homme à vrai dire plutôt intelligent quoique extrêmement concret. Sans doute est-il préférable qu’il ne m’ait jamais parlé de mon travail. Il ne comprendrait pas, et je serais incapable de le lui expliquer (la réciproque étant qu’il sait faire des choses que moi pas, comme gérer une affaire ou réparer une machine à laver). Quand il décide que quelqu’un est mauvais, il est à jamais irrécupérable. Quand ce sont des gens bien, ils ne peuvent rien faire de mal… du moins pour un temps. Les personnes de son espèce sont vouées au tourment car elles sont confrontées au même choix binaire lorsqu’elles se jugent elles-mêmes. Qu’il soit drôle, d’une drôlerie parfois saisissante, n’a rien d’étonnant, puisque le vrai visage de l’humour est toujours la cruauté. Ma mère ne fut pas la dernière à tomber sous son charme. La caissière du supermarché, mon institutrice de CM1… je les revois encore flirter avec lui, se pencher vers lui d’un air félin. À ma connaissance, il n’a jamais eu de maîtresse, mais qui saurait l’affirmer avec certitude ? (En revanche, la fidélité de ma mère ne fait aucun doute.) Beaucoup de ces traits mordants se sont atténués avec l’âge, mais à l’époque c’était une force avec laquelle il fallait compter, et si je n’irais pas jusqu’à le traiter de monstre, je dirais en tout cas qu’il n’avait aucun mal à faire croire qu’il en était un.
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