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Critiques de Joëlle Wintrebert (63)
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Les Amazones de Bohème

Les Amazones de Bohême, tout un programme. En découvrant par hasard ce titre dans le rayon de la petite bouquinerie Temps Livres, j’ai été séduite à la fois par l’illustration de couverture mais aussi et surtout par la quatrième de couverture. Des femmes guerrières, érudites, émancipées et indépendantes au VIIIe siècle… la féministe en moi ne pouvait qu’approuver et être très curieuse !

Peut-être avais-je trop d’attentes ? Toujours est-il que je suis sortie de ma lecture un petit peu déçue voire mitigée. Je lui reconnais de nombreuses qualités mais je n’ai pas été emportée autant que je l’aurais voulu et je n’ai pas toujours adhéré au message soulevé. Quel dommage !



Je dois avouer que je ne connaissais absolument pas ce mythe, apparemment considéré comme le mythe fondateur de Prague mais je ne manquerai pas de fouiller un peu partout pour en apprendre plus. En revanche, les Amazones, tout le monde connaît plus ou moins les origines du terme et ce qui s’y rattache… J’étais donc franchement emballée par l’association des deux, certaine que j’allais y trouver des héroïnes auxquelles m’attacher.

Malheureusement pour moi, je ne me suis jamais vraiment sentie proche d’aucune d’elles. Danna est peut-être celle avec laquelle je me serais sentie le plus d’affinités, peut-être parce que j’ai senti en elle une plus grande « tolérance », un discours et des convictions un peu moins extrêmes… malgré tout, je ne me suis jamais véritablement attachée à elle. Avec les autres héroïnes, la distance fut encore plus grande, à mon grand dam. La princesse Libuse, mi-politicienne mi-prophétesse, est une figure intéressante mais on la suit finalement peu (elle meurt rapidement) et de loin la plupart du temps. Wlasta la guerrière aurait pu me convaincre grâce à sa combativité, sa détermination et son indépendance… mais j’ai été gênée par son discours très anti-hommes.



Alors oui il s’agit clairement d’un roman féministe et je pense que Joëlle Winterbert ne s’en cache pas mais pour moi, l’important dans le combat féministe, c’est de trouver une égalité entre les deux sexes et de ne surtout pas tomber dans l’opposition ou encore pire, dans la domination des femmes.

Ici, la très grande majorité des personnages masculins sont présentés comme des brutes épaisses, des dominants machos et dans la majorité des cas comme des violeurs en sommeil. Les seules figures masculines qui n’utilisent pas la violence sont peut-être les deux émissaires de Charlemagne, envoyés là pour christianiser le pays… mais autant dire que pour ces hommes d’Eglise, les femmes n’ont pas une place de choix. En bref, j’ai eu l’impression d’un combat très net entre hommes et femmes et qu’en gros, les hommes sont des méchants et les femmes sont des victimes qui passent leur vie à tenter de se défendre.

Je suis consciente que dans une société patriarcale du VIIIe siècle, dans le centre de l’Europe (la Bohême donc), la place de la femme n’était sans doute pas très enviable et qu’entre coups et viols, elles ne devaient pas se marrer tous les jours. Mais j’ose tout de même espérer qu’à l’époque déjà, les hommes – bien « qu’éduqués » dans l’idée de leur supériorité – n’étaient pas tous des monstres… si ? Attention, beaucoup de scènes assez violentes sont décrites et malgré la jolie plume de Joëlle Winterbert, le sujet reste sensible et difficilement supportable, en tout cas pour moi. J’aurais tout simplement aimé un peu plus de mesure, d’équilibre, de tempérance dans le propos. Peut-être trouver une ou deux figures masculines plus « aimables » et quelques femmes moins portées à haïr le sexe opposé.



Malgré tout, une partie de moi a apprécié cette histoire et a été très impressionnée par le courage et la fougue de ce groupe de femmes, bien décidées à créer leur propre état indépendant où elles pouvaient vivre en parfaite liberté : aimer qui elles voulaient (hommes ou femmes, ou les deux, et parfois en même temps !), avoir des enfants, s’instruire… sans devoir rendre de compte à personne. C’est particulièrement avant-gardiste et j’ai aimé cette combativité précoce.

Je regrette par contre la trop grande rapidité de l’intrigue. Plusieurs années s’écoulent et nous sont contées en moins de 300 pages, difficile de suivre le rythme. Et de ce fait, encore plus difficile de s’attacher vraiment aux nombreuses figures que l’on suit tour à tour d’un point de vue externe. Je pense que j’aurais aimé apprendre à connaître une des héroïnes en particulier et découvrir l’aventure d’un point de vue interne unique grâce à l’utilisation du « je ». L’émotion aurait peut-être été plus grande pour moi, là je suis restée trop en retrait et je suis la première déçue.



Les Amazones de Bohême reste une lecture en demi-teinte pour moi. Même si j’ai aimé les thèmes proposés et la plume maîtrisée de l’auteure, j’ai eu un peu de mal avec les choix de Joëlle Winterbert et le discours que j’ai perçu (peut-être ai-je eu une mauvaise perception et en aurez-vous une différente…). Je garde tout de même en tête ce mythe et surtout le nom de Joëlle Winterbert qui semble avoir écrit d’autres choses (notamment en Imaginaire) particulièrement intéressantes…
Lien : http://bazardelalitterature...
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Les Olympiades truquées

Le pitch avait de quoi allécher, en ces temps de performances toujours plus poussées, de scandales liés au dopage et de célébration du sport (je recommande d'ailleurs la lecture des [i]Olympiades truquées[/i] lors des prochains JO ;)).

On suit deux personnages en parallèle : il y a Sphyrène, nageuse entraînée pour les JO à venir, qui a signé un contrat, subit un entraînement drastique, des injections, un train de vie entièrement tourné vers la victoire. Il y a Maël, jeune femme clonée par son "père" à partir de sa défunte femme. Mais Maël, si elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau, n'a pas la même personnalité et à mesure qu'elle devient femme, le comportement de son "père" change, car lui revoit sa compagne disparue...

Dit comme ça, l'intrigue semble vraiment bien partie. Le hic, c'est que si, effectivement, ce roman est palpitant si l'on s'en tient à ces 2 récits de vie, l'auteur ne se contente pas d'aborder les sujets du sport et du clonage. On trouvera pêle-mêle, dans ce livre, diverses dénonciations : le nucléaire (dans le futur proche où se déroule l'histoire, la centrale de Fessenheim à connu un épisode de type Tchernobyl), la recherche scientifique et son manque de considération pour les êtres humains, le lavage de cerveau pour que les personnes déviant de la norme reviennent dans le droit chemin, les lobbies, traitement de la femme dans la société (viol, etc) et j'en passe.



Le résultat fait que je me suis sentie noyée sous les "combats", les sujets à réflexion. Je pense que le roman aurait gagné à ne se centrer que sur certains sujets (les dérives du sport, le clonage), là j'ai eu l'impression que ça partait dans tous les sens, sans compter que page après page, ce futur là gagnait en noirceur... et cela m'est vite devenu étouffant.

Malgré tout, le roman reste intéressant par ce qu'il implique et je pense que si l'on est sensible aux dérives du sport, il mérite d'être lu. Je ne pense pas le relire un jour, mais j'ai tout de même trouvé la lecture intéressante et j'ai été peinée puis horrifiée de voir comment Sphyrène s'est retrouvée impliquée, piégée, broyée par la machine implacable du sport compétitif.



En résumé : un roman coup de poing, qui part trop dans tous les sens pour vraiment atteindre son but et qui laisse un goût amer en bouche ensuite.
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Chromoville

L'intrigue de ce roman se situe presque exclusivement au sein de la Ville, où la société est organisée en une structure hiérarchique répartie suivant un code de couleurs, visible par l'intermédiaire des vêtements portés par chacun (par exemple, les Rouges désignent le prolétariat, les Violets sont les urbanistes...).

Une fois l'an, ont lieu les Niviales, festivités qui permettent d'abolir cette organisation chromatique.

L'intrigue met plus particulièrement en scène Narcisse, l'hétaïre, prostituée qui n'accepte pas sa condition, Sélèn, le chorège doué, Argyre, chef des prêtres...

Et ces personnages se retrouveront au final dans une révolution qui va remettre en cause toute la société.

Le roman de Joëlle Wintrebert s'attache à nous décrire une civilisation parfaitement organisée suivant un modèle vertical, système de classes où chacun ne peut sortir de sa condition. La volonté d'un groupe de personnages de changer les choses vont mettre en place une belle leçon de respect et de liberté.

Un roman qui par ailleurs fait la part belle aux femmes.

Intelligent, subtil et parfaitement construit.
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Les maîtres-feu

A chaud !

Histoire qui part dans tous les sens, sans queue « de lézard » ni tête, avec un retournement de situation en fin de roman totalement abracadabrantesque et à la limite du ridicule. Les personnages sont totalement transparents et insipides, voir agaçants. Cette Jordane qui à mon avis, a un âge mental de 10 ans, est une petite peste insupportable à claquer. Elle se comporte de façon totalement décalée par rapport à son environnement et au déroulement de l’histoire. Des milliards d’humains meurent et elle, elle rit. D’ailleurs, elle passe son temps à rire tout au long du roman avec son « pote » Béni (Hill) tout aussi ridicule qu’elle. Aucune poésie ne ressort de ce gloubiboulga insipide, aucune émotion n’émane des personnages. Je n’ai absolument rien ressenti de la première page à la dernière, mais par respect pour l’auteur, je suis allé jusqu’au bout. Non… rien à garder, tout est confus dans ce roman, sauf son orientation politique qui, par contre est clairement affichée.

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69

Publiée en 2009 pour fêter les quarante ans de la fameuse « année érotique », cette anthologie variée se relit agréablement dix ans plus tard, alors que les médias fêtent les victoires d’Eddy Merckx, l’été psychédélique, Woodstock, la libération sexuelle ou les premiers pas de l’Homme sur la lune. Sous une jolie couverture très pop typique des sixties, Charlotte Volper rassemble ici douze textes de l’imaginaire francophone teintés d’érotisme.

Stéphane Beauverger ouvre le bal avec un plaisant “Eddy Merckx n’est jamais allé à Vérone” qui revient sur cette fameuse année 1969. Pas de science-fiction dans ce récit de littérature générale néanmoins plaisant qui constitue en tout cas une belle introduction à ce recueil.

La suite est diverse avec quelques thématiques classiques mais plutôt bien menées. Evolution de la sexualité grâce à divers « améliorations » façon sex toys futuristes, androïdes de plaisir, cinéma interactif permettant de se replonger au temps de l’empire romain en l’an 69 (ou LXIX pour faire plus local), hantise, succube, vampirisme, sabbat, potion « magique », relations entre hommes et extraterrestres,…

A partir du thème classique du succube (y a t’il thématique plus banale pour un récit érotico fantastique ?), Jean-Marc Ligny livre ainsi un très efficace « Vestiges de l’amour ». Autre thème bateau, les lunettes magiques qui titillent la libido du savant fou du très référentiel et délicieusement désuet « Louise ionisée » de Norbert Merjagnan, auteur de la fameuse saga des TOURS DE SAMARANTE. Toujours délicate, Mélanie Fazi propose un texte de « dresseuse d’automate » subtil et réussi, lauréat du prix Masterton, « Miroir de porcelaine ».

Joel Wintrebert, avec le plus long « Camélions » développe en une vingtaine de pages un autre thème récurrent (au moins depuis PJ Farmer) de la « sexe-fiction » avec cette planète étrange et ces unions (contre nature ?) entre une jeune femme et des créatures extraterrestres.

Au final, cette anthologie (parue à la même époque que l’intéressante mais plus inégale COSMIC EROTICA) constitue une jolie réussite allant du fantastique à la science-fiction en passant par l’épouvante et la fantasy, tous les textes étant empreints d’un érotisme allant, pour sa part, du plus délicat au plus cru.

Conseillé.


Lien : http://hellrick.over-blog.co..
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50 Micronouvelles

Raconter une histoire en 140 caractères, est-ce possible ?

Certain.e.s répondront que non. Moi même je ne suis pas sur d'avoir toujours été en mesure de répondre par l'affirmative. Et pourtant c'est ce que propose ce très court recueil d'une centaine de pages, composées pour la moitié de très brèves nouvelles et pour l'autre de couvertures des "véritables" récits des auteurs ayant participé à cette aventure.



Outre le caractère évidement promotionnel de l'offre (l'ebook est téléchargeable gratuitement) on notera tout de même quelques bons mots, certains prêtant à sourire, d'autres nous faisant pousser des "Oh !" ou des "Ah !"

Certaines autres micro nouvelles sont en revanche incompréhensibles ou un peu légères. Mais bon, on ne s'attarde de toutes façons pas plus de 15 secondes sur chacune.



Finalement c'est un ebook qu'il ne coute rien d'avoir dans sa liseuse. Il pourra faire passer le temps dans la salle d'attente du dentiste ou dans tout autres endroit où l'on sait que l'on ne s'éternisera pas et qui ne nécessite donc pas l'ouverture d'une histoire complète.


Lien : http://www.kobaitchi.com/arc..
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50 Micronouvelles

Comme des haïkus

En quelques mots, une histoire,

Qu'on devine en dessous.
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Premiers contacts

Premiers contacts est un recueil de textes de science-fiction, évoquant tous les premiers rapports de l'humanité avec une espèce extra terrestre plus ou moins développée.

On y découvre notamment les Abîmes de Danielle Martinigol, mais aussi des peuples inédits, et surtout des histoires d'hommes et de femmes (et d'enfants) qui choisissent, ou non, d'aller vers l'Autre, avec ce que cela comporte de risque et de courage.

J'ai apprécié ce livre pour la réflexion qu'il soulève : sommes-nous prêts, nous qui tuons l'homme voisin, à explorer d'autres planètes où notre prochain pourrait ressembler à une baleine ou à une plante quelconque ?
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Les Olympiades truquées

Roman d'anticipation très sympathique publié en 1987, qui grosso modo dépeint à travers des prouesses sportives, la guerre éternelle que se livrent les grosses puissances mondiales pour démontrer leur hégémonie.

Il leur faut toujours plus, quitte à modifier, détruire les corps, les psychés des athlètes......

Dérives de la biologie pour la "gagne", créations et utilisations secrètes de drogues.

Et toutes ces ignobles et éternelles horreurs des puissants, vues et vécues par nos douces héroïnes nageuses et leurs familles dans le Sud chaud de la France.



Un futur proche très bien décrit malgré le peu de pages, une autrice qui avait déjà bien sentie vers quoi le monde se dirigeait, avec un excès de publicités, sur tous supports, avec des sports télévisuels de plus en plus violents, n'hésitant pas à montrer des morts en direct...

On sent également les ravages du réchauffement climatiques, les véhicules électriques, les transports en commun propres sont bien là, mais les quelques véhicules thermiques subsistent encore... Pour qui??? Bah pour les riches voyons!!!



Très bon point également sur l’homosexualité et le transgenre qui sont enfin représentés (pour un roman de cette période) comme une normalité, avec même des changements génétiques de sexe qui seraient juste une modification naturelle, un procédé physiologique lent de changement de sexe (uniquement chez les hommes dans ce roman...).



Superbe final que j'ai beaucoup aimé, très pessimiste.



Le seul point qui m'a fâché, les surnoms des personnages, parfois elle s'appelle Sphyrène, parfois Truite, les autres ont des surnoms bizarres, et les jurons également, qui ressemblent à des surnoms comme "RAD!", "REM"... J'ai été parfois déboussolé. Mais rien de grave.



Je recommande cette lecture!!
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Hurlegriffe

Dans Hurlegriffe, une entité extra-terrestre est enlevée sur sa planète puis étudiée par des humains. Un poète proche du Pouvoir et une espionne anarchiste découvrent l’amour idéaliste qui transcende les contradictions, enflammé et enfantin d’une folle candeur.

Dans Hétéros et Thanatos, Sélèn est un métamorphe immortel et solitaire qui rencontre Violette, réceptacle religieux et honni des maladies de la population, dans un équilibre de désirs de vie et de mort.

Dans Qui sème le temps récolte la tempête, Ordalie à 143 ans apprend qu’elle n’a pas droit à l’immortalité dans cette société qui l’a stérilisée en raison de sa déficience génétique. Désespérée, elle tue un enfant et deviendra son propre bourreau.

Dans Le Nirvâna des accalmeurs, Léni est un outil au service d’une société de contrôle, un accalmeur qui apporte le Nirvâna aux personnes connectées, prisonnier et eunuque depuis ses 13 ans. Deux jeunes femmes révolutionnaires le contactent pour le convaincre de se joindre à la rébellion.

Dans Les Esthètes, une caste trompe l’ennui en manipulant le sommeil d’un peuple soumis.

Dans Et après ?, un enfant sur la Terre dévastée voit lors d’une transe le passé évolué de l’humanité avant le cataclysme.

Dans Transfusion, une femme est confrontée à l’altérité d’un autre organisme et à la dilution de son être.

Dans Il ne faut pas jouer avec les enfants, Marieke est une fille rêveuse de 13 ans qui perd pied face à la cruelle réalité et la relation aux autres.

Dans Sans appel, Lania a tué son client pédophile qui voulait l’étrangler, est intégrée après son procès dans un projet de prison chimique.

Dans Le Verbiage du Verbic, un programme d’éducation en lieu clos des enfants repose sur un minimum d’échange avec les adultes. Parmi les enfants, Marine a développé des pouvoirs psychokinésiques.

Dans l’Entretien avec Pascal J. Thomas, les thèmes principaux sont abordés succinctement, l’enfance comme le fait Michel Jeury dans la Préface, le rejet du totalitarisme, le double et l’identité sexuelle, l’approche par les sens.

Ce recueil exprime une solide unité dans une science fiction à la prose raffinée, à la poésie synesthésique. L’enfance est au centre des récits comme un état qui doit être dépassé, la vie est bouleversement avec un intérêt fasciné pour la mort et dans l’ensemble la recherche d’une liberté simple et fantasmée, réaction qu’impose une société rigide et impersonnelle. Réunir tous ces thèmes n’est pas chose aisée, donnant des textes d’une grande beauté, à l’image de la nouvelle éponyme, dans lesquels figure une certaine âpreté.
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Pollen

Salem, Sarah et Sandre sont une triade née in vitro sur Pollen, une planète ou une société matriarcale à vu le jour. 200ans auparavant les humains y ont débarqué en catastrophe d'un vaisseau de colonisation intergalactique où les hommes se sont mutinés et ont causé un massacre. Les survivante fonde leurs société sur la symbiose entres les êtres vivants, la conciliation démocratique et le déni de toute violence (attribuée aux hommes). Les hommes sont infériorisés et représentent 1/3 des naissances controlées, seul une plateforme en orbite de Pollen, le Bouclier, accueil exclusivement des guerriers pour protéger les femmes des attaques de pirates de l'espace.

Le roman commence sur le meurtre commis par Sandre, le premier depuis au moins siècle, qui va séparer les triplés qui ont une relation fusionnelle et incestueuse depuis leurs tendre enfance (la norme sur Pollen). Les thèmes de la violence et de la politique parcours le livre qui commence comme un miroir inversé de notre monde patriarcal et qui, au fur et à mesure des événements, en dévoile sa brutalité étrange et insidieuse.
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Pollen

Merci à Babelio et aux éditions Au Diable Vauvert pour l’envoi de ce livre en échange d’une chronique honnête.



J’avais déjà lu Les Olympiades truquées de Joëlle Wintrebert, du coup j’étais curieuse de lire un autre livre de la même autrice, surtout que j’étais très intéressée par le résumé. J’ai l’impression que les univers futuristes / utopistes avec seulement des femmes ou une « domination » des femmes sont en vogue en ce moment (en tous cas il y en avait deux – trois de ce type dans la dernière sélection de Masse Critique de Babelio).



Je précise que ce roman n’est, à mon avis, pas pour tout le monde vu le nombre de trigger warnings qui s’y appliquent. Je met la liste en fin de chronique mais je vais parler dans la chronique de certains d ’entre eux, notamment d’inceste puisque c’est omniprésent dans le roman et très particulier dans cet univers. Finalement, je ne sais toujours pas exactement quoi penser de ce livre : je l’ai lu assez rapidement et j’étais impatiente d’y retourner pour découvrir la suite quand je le lisais mais le propos du livre et de l’autrice ne sont toujours pas particulièrement clairs pour moi.



Dans cette société, les femmes sont majoritaires puisqu’il y a seulement un tiers d’hommes. En effet, sur Pollen les naissances sont artificielles et se font par « triades » : deux femmes pour un homme, qui naissent adelphes. Chaque personne d’une triade désigne ses deux adelphes comme ses jumelles (je reviendrai sur l’accord féminin). Les triades sont élevées par des marraines, qui s’occupent de quelques triades en même temps (mais d’âges différents), dans des « arbres-nids » qui sont les habitations de Pollen. Et, à partir de l’adolescence, chaque triade se découvre sexuellement, ce qui est non seulement accepté mais est établi comme la « normalité » dans cette société. D’où l’avertissement sur l’inceste, même si je ne suis pas certaine que le terme s’applique complètement : en effet l’inceste (dans le monde réel) implique toujours une différence d’âge et un rapport de domination qui signifie qu’il ne peut jamais être consenti. Si je ne montre pas, c’est Dorothée Dussy dans Le Berceau des dominations qui explique qu’elle n’a jamais rencontré ou trouvé dans ses recherches de cas d’inceste où les personnes avaient le même âge, notamment parmi des jumeaux, jumelles ou cousin⋅es.



Sur Pollen, il y a une tolérance zéro pour la violence, du moins physique. Dans cette société qui se présente comme une utopie, les hommes restent en nombre minoritaire pour justement éviter les violences puisqu’ils sont considérés comme à l’origine de toutes ces dernières. Ainsi, pour défendre Pollen, des guerriers vivent sur un satellite de Pollen : le Bouclier, où les règles sont fondamentalement différentes et à l’opposé de ce qu’on peut voir sur la planète. Les hommes sont majoritaires, la violence est admise (voire encouragée) et les naissances se font « naturellement » au sein de couples mariés.



Sur Pollen, le féminin l’emporte sur le masculin comme règle grammaticale, ce que j’ai trouvé tout à fait bienvenu et intéressant… mis à part (ce que je pense être) des erreurs d’édition : la règle est appliquée dans la majorité mais parfois des « ils » persistent, ce que je trouve dommage. D’autant qu’il s’agit ici d’une troisième édition, l’occasion parfaite de reprendre ce genre d’erreur de cohérence. Sur le Bouclier, c’est le masculin qui l’emporte, toujours à l’opposé de Pollen.



Ma curiosité pour ce genre de récit où il y a un matriarcat (de fait s’il n’y a que des femmes, ou bien comme ici parce qu’elles sont au pouvoir), émane du fait d’imaginer comment la société pourrait être, en quoi elle différerait et ce sur tous les plans. En revanche, le piège est grand ouvert pour une essentialisation des hommes et des femmes, avec une bonne dose de binarité de genre et Pollen est complètement là-dedans : il n’est pas question dans cet univers de non binarité ou de transidentité (et c’est dommage).



S’il y a un point de convergence entre différente luttes qui prend forme sur Pollen, c’est l’écologie qu’on lie souvent au féminisme : les habitations sont des arbres, qui sont respectés et entretenus avec beaucoup d’attention. Seul un continent de Pollen est peuplé, le reste étant laissé sans intervention humaine pour ne pas risquer de trop polluer la planète et de trop intervenir sur son écosystème. Mais (attention mini-spoiler), cette décision est mise à mal par la fin, ce que j’ai trouvé décevant.



De même, les handicaps et maladies ne semblent pas avoir leur place sur Pollen : cela s’explique en partie par les évolutions médicales et potentiellement par la sélection génétique faite pour les procréations. Seules les conséquences de la vieillesse sont évoquées, puisque cela présuppose d’avoir un⋅e servant⋅e en permanence pour aider ces personnes – ce que Sahrâ trouve répugnant et elle s’interroge sur l’intérêt de vivre une vie « diminuée ». Difficile de savoir à quel point cette vision validiste fait partie de cette « utopie » que Pollen prétend être, mais je reviendrai là dessus.



J’ai été agréablement surprise de lire que sur Pollen, le racisme ne faisait pas partie de la société puisque tout le monde a l’air d’avoir la peau noire / « basanée » (mot qu’on retrouve plusieurs fois si mes souvenirs sont bons). Une fois encore, sur le Bouclier la situation est moins idéale puisque le colorisme existe, même s’il est mal vu (et c’est un antagoniste qui fait preuve de discrimination de ce côté-là).



Enfin, j’étais très intéressée par cette société principalement composée de femmes pour son rapport aux relations queers et plus particulièrement aux relations entre femmes (il n’est jamais question d’homosexualité entre hommes dans l’ouvrage). C’est donc tout à fait admis au sein d’une triade – composée de deux femmes et d’un homme – mais aussi dans la société de Pollen plus largement. En revanche, j’ai l’impression que les rapports entre femmes décrits dans Pollen sont principalement d’ordre sexuel ou passager, là où les relations femmes – hommes sont souvent décrites comme plus « sérieuses ». D’ailleurs, il me semble que les relations entre femmes et hommes sont plus nombreuses que celles entre femmes. Ou alors, quand des femmes assument leur attirance unique pour les femmes, c’est parce qu’elles sont « Radicales » et détestent les hommes au point de vouloir leur extermination (paie ta représentation). Sur le Bouclier, les relations saphiques sont autorisées tant qu’elles ne mettent pas en péril le mariage entre un homme et sa femme (et qu’elles restent donc inférieure à l’hétérosexualité). Je trouve dommage que l’opportunité d’aller au-delà de l’hétérosexualité n’ait pas été saisie dans ce roman, d’autant que sur Pollen, elle n’est pas nécessaire pour la procréation.



J’avoue que je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec Les Bergères de l’Apocalypse, de Françoise d’Eaubonne, que je n’ai pas lu mais Aurore Turbiau en propose un excellent résumé : « Un « roman qui n’est — humblement qu’une épopée » : Françoise d’Eaubonne, Les Bergères de l’Apocalypse 1/2 (1977) ». On retrouve le signe du losange qui sert de salutation sur Pollen, la question des archives et de l’histoire à travers Sahrâ qui veut devenir historienne, la guerre des sexes, etc. Mais dans Pollen les guerriers restent des hommes, ils conservent le monopole de la violence physique et le lesbianisme a une place bien moins assumée et importante dans Pollen que dans Les Bergères de l’Apocalypse (ça s’est vu que j’ai vraiment envie que Les Bergères de l’Apocalypse soit réédité ?).



Les personnages principaux du roman sont une triade : Sahrâ, Salem et Sandre (Sandy), qui vont très vite se retrouver séparé⋅es, puis les chapitres alternent les points de vue au fur et à mesure de l’histoire. Il y a pas mal d’ellipses qui permettent de faire avancer l’intrigue sans qu’on ait le temps de s’ennuyer. Les personnages ne sont pas particulièrement attachants, j’ai l’impression que les descriptions et points de vue sont assez froids malgré tout, du coup j’étais très détachée. Cela n’empêche pas de vouloir continuer la lecture pour l’intrigue et découvrir si les plans de la triade seront couronnés de succès. Je pense que la plume de l’autrice joue beaucoup dans l’envie de poursuivre la lecture : elle est franche, un peu abrupte sans être dénuée de poésie et correspond tout à fait à l’univers décrit dans Pollen.



On en vient à la question que je n’ai toujours pas réussi à trancher : ce que veut nous dire l’ouvrage. Pollen est présenté, sur la quatrième de couverture et sur le communiqué de presse comme une utopie (« ambiguë » sur la quatrième) et comme un livre féministe. Sur le premier point, je suis confuse parce que très vite, il suffit de commencer à lire pour se rendre compte que Pollen n’est pas un Eden ou un paradis quelconque. Si la violence physique est bannie de Pollen pour être concentrée sur le Bouclier, la violence structurelle et étatique est ici omniprésente, profondément ancrée et fait bien plus de victime. Le fait même qu’elle se satisfasse de laisser la violence éclater sur le Bouclier montre que cette société n’a rien d’idéal. Mais peut-être que j’ai mal compris et que l’idée est bien de démontrer à quel point Pollen se présente comme une utopie alors que la réalité est toute autre (mais dans ce cas-là, je ne comprends pas ce qui est ambiguë…).



Sur la présentation de Pollen comme « un classique de la SF féministe française » (citation de la quatrième de couverture), je m’interroge beaucoup. Est-ce qu’il est féministe parce qu’il présente une situation presque inversée de notre société, pour que les hommes se rendent compte à la lecture que c’est vraiment pas sympa d’être minoritaire et discriminé (à la Martin, sexe faible) ? Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi le roman insiste autant sur le fait que les hommes sont discriminés parce qu’ils ne représentent qu’un tiers de la population. Pour moi l’argument ne tient pas : les femmes sont plus nombreuses que les hommes sur Terre, ce n’est pas pour autant que nous dominons le monde. Ou est-ce parce que les femmes ont réussi à gérer toute une société et à occuper les postes d’importance que cela devient féministe ?



Et pour aller au bout de ma pensée, je suis obligée de dévoiler des éléments de l’intrigue et de la fin, si vous souhaitez garder le suspens, sautez ce paragraphe 😉 On se rend très vite compte de la corruption et manipulation présente dans les hautes sphères de Pollen. On découvre rapidement que des filles (des adolescentes) sont envoyées sur le Bouclier de force, pour y être mariées. La société de Pollen est donc basée sur le rapt, chaque année, d’un certain nombre d’adolescentes qui devront faire leur « devoir conjugal » et « faire plaisir » à leur mari, sans manquer de lui faire deux enfants qui deviendront guerriers à leur tour, sous peine de finir bannie dans un bordel où tous les guerriers pourront venir les violer. Si les derniers détails ne sont pas connus de la population pollénienne, iels savent bien que les filles sont sélectionnées pour aller vivre, de grès ou de force, sur le Bouclier et qu’iels ne les reverront jamais : c’est d’ailleurs la raison de « l’attentat » que commet Sandre. Et toute la triade finit par manigancer pour faire tomber ce régime tyrannique. Mais une fois la vérité établie, l’ordre tyrannique de la matriarche mis à mal et les naissances entre garçons et filles revenues à égalité, est-ce que tout est résolu ? Est-ce cela l’utopie promise ? On ne le saura pas, puisque le roman ne fait qu’en dessiner quelques traits et se termine sur ces suppositions.



Bref, je ne sais toujours pas exactement quoi en penser. Si vous l’avez lu et que vous souhaitez en discuter, je serai ravie d’échanger à son sujet. Et si vous avez des références d’univers similaires mais en plus queer à partager, je suis très intéressée !



Triggers warnings : inceste (entre jumeau et jumelles, accepté dans cet univers), viol en groupe, relations consenties avec un grand écart d’âge, sexe (explicite mais pas cru et les scènes ne sont pas longues mais nombreuses), sexe sous l’emprise d’alcool, meurtre, mort, harcèlement, exil et mariage forcés (pour les femmes), sexe avec un animal.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Premiers contacts

Ça commence par un poème sans grand intérêt mais nous donnant une idée de l'aspect qui va suivre. Un recueil de nouvelles assez humaniste et positif, mais que j'aurais pu craindre trop léger. Au niveau des Arthro, notamment, on se retrouve avec une histoire d'amour où le héros meurt juste avant le début et n'apporte rien au reste, le ton sur une tonalité qui s'avère féministe vers la fin mais qui ne délivre pas de message particulier, juste "les extraterrestres femelles bouffent les mâles, car les matriarcats c'est bien et le reste c'est mal" ; on pourrait citer aussi Pierre Bordage, nous livrant une énième vision pessimiste d'une Église cosmique obscurantiste, sans surprise, donc. Mais malgré tout, la nouvelle avec les espèces de reptiliens possède une certaine intelligence dans le fait que finalement aucun des deux camps, humain ou alien, n'est meilleur l'un que l'autre ; de même il y a cet espèce de space-peplum de soft-SF qui s'intéresse au fait de vivre, d'exister, de manière assez originale en plus de son worldbuilding déjà inhabituel. On y trouvera également une nouvelle en prélude à la trilogie des Abîmes, qui nous éclaire un peu sur la planète-phare de cette série de livres (que je n'ai pas encore lue, bien que commencée).

Côté exobiologie, c'est plutôt bien pensé. La palme revient bien sûr aux extraterrestres du "Langage de Ferniel" avec leur façon de communiquer assez originale, mais aurait tout aussi bien pu être décernée aux habitants du système Epicuria, où la notion d'individu est totalement défoncée du fait qu'ils passent leur à fusionner et fissionner.

Mais bon, ça aurait pu être mieux... Je crois que la plus grosse erreur du bouquin était de ne faire QUE du space opera. On aurait pu aussi avoir de la hard-SF, ce qui aurait fait s'ouvrir des tas de bonnes portes (Arthur C. Clarke et Stephen Baxter ne l'ont-ils pas prouvé ?). Pareil avec ce côté plutôt positif que j'avais mentionné plus haut : une ou deux nouvelles d'une tonalité plus pessimiste n'aurait pas fait de mal. Mais bon, c'est de la SF jeunesse, alors française en plus...

Ce qui nous donne un bouquin plutôt facile à lire, avec un peu de diversité (mais pas trop non plus), des moments pas dégueus et au final une bonne lecture pour les jeunes pour commencer dans le genre. Et c'est préfacé par Yves Coppens.
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Les Enfantômes

Une ribambelle de brefs récits mettant en scène des enfants rejetés, maltraités, miséreux, malades, en difficultés… Mais qui disposent tous de ressources insoupçonnées.

Des enfants qui passent par toutes les émotions, de celles qui font froid dans le dos, à celles qui attendrissent. Des anges, des démons, mais surtout des êtres entre deux qui vivent ou survivent. Les enfants fascinent, émerveillent par leurs capacités, leur créativité…



Une merveilleuse écriture, limpide et vive comme l’eau d’un torrent. Un chapelet d’histoires brillantes, une rivière de diamants, des petites perles à parcourir goulûment.



Les enfants attireraient-ils plus le surnaturel que les adultes ? Ou simplement le perçoivent-ils mieux ? Une chose est sûre : ils représentent l’avenir et ont donc toute leur place dans les récits de science-fiction.



Tout en nuances de couleurs et d’émotions, avec une jolie couverture signée Philippe Caza, ce recueil de nouvelles est envoutant et ne laisse pas indifférent.
Lien : https://www.facebook.com/A2l..
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Les Amazones de Bohème

C'est un roman historique où le côté "historique" est plus développé que le côté "roman". Les personnages âpres et sensibles à la fois sont déchirés entre leurs devoirs et leurs aspirations personnelles. Un bon moment de lecture, mais pas transcendant.
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Les Olympiades truquées

Les Olympiades truquées fait partie de la sélection du club de lecture « Une chambre à nous » et comme je suis toujours partante pour découvrir une autrice que je ne connais pas et lire plus d’œuvres de science-fiction, je me suis jetée dans sa lecture. Plusieurs membres du club ont abandonné la lecture de ce livre ou ne l’ont pas du tout appréciée, pour plusieurs raisons dont certaines revenaient assez souvent : la présence de scènes de sexe, et de situations potentiellement dérangeantes. Du coup, je met à la fin de cette chronique une liste (non exhaustive, il est possible que j’en ai oublié, n’hésitez pas à m’en faire part si vous en voyez d’autres) d’avertissements, de trigger warnings, que vous puissiez être prévenus si vous le souhaitez (évidemment, certains avertissements peuvent spoiler des éléments de l’intrigue).



J’ai personnellement bien aimé cette lecture, l’intrigue m’a très rapidement entraînée et je comptais bien savoir de quoi il en retournait pour les deux personnages principaux : Maël, une clone créée pour « remplacer » la défunte femme de son « père ». En effet, Bior Mallard perd sa femme Maël Flaihutel dans un accident et décide d’en faire un clone, qu’il élèvera comme sa fille. Donc oui, c’est assez malsain dès le début. Mais le roman aborde la problématique du clonage de façon très complète : par exemple s’il s’agit réellement de la même personne que « l’originale » et donc si un clone peut être considéré comme une personne à part entière, ou comme un simple double, voire une propriété. Au fur et à mesure du roman, les dérives de cette pratiques apparaissent comme les modifications génétiques d’un clone pour en faire un super athlète ou encore se cloner pour avoir une « ferme » à organes si le besoin survient…



Il y a aussi toute une critique des besoins grandissants des humains en terme de divertissement : arrivera bien un moment où les limites humaines ne pourront plus être dépassées en terme de démonstration de force et puissance physique, dans le cadre des Jeux Olympiques notamment. Le fait que le public en demande toujours plus amène certains personnages à justifier l’utilisation de drogues dopantes, peu importe les risques et le consentement des athlètes dopés. Concernant les JO, étant donné qu’ils sont mentionnés dans le titre et que l’intrigue est mise en place avec des athlètes qui se préparent à cette compétition, on s’attend légitimement à ce que l’événement soit important et devienne l’apogée du récit… mais pas du tout. Finalement, cela se boucle en quelques pages, sans qu’on n’ait une idée précise de ce qui se passe lors de ces jeux. La scène reste efficace mais finalement très elliptique et factuelle.



D’ailleurs, c’est l’un des reproches que l’on pourrait faire au roman, il reste très factuel, avec des personnages qui agissent de façon apparemment froide et neutre donc c’est assez difficile de s’attacher à eux ou de ressentir de l’empathie pour leurs sentiments… puisque ces derniers ne sont pas décrits. En revanche, les situations elles-mêmes permettent de ressentir l’horreur de ce que les personnages traversent. Toujours est-il, j’étais impatiente d’en lire plus sur les deux personnages principaux du roman : Maël donc, qui a du mal à trouver sa place dans la société et dans sa « famille » en tant que clone, et Sphyrène, une nageuse professionnelle qui se prépare aux JO avec ses deux amies.



Concernant les scènes de sexe et de violence que j’ai mentionnées auparavant et qui ont pu en rebuter certains, je les trouve peu remarquables… Le sexe est décrit une fois encore de manière très factuelle, sans intention de rendre le texte érotique et sans être vulgaire non plus et surtout, elles ne s’étendent pas sur des dizaines de pages (ce qui n’est pas un mal en soit, mais ce n’est pas le propos du roman et ça aurait pu le desservir d’ailleurs). Pareil pour la violence, il me semble que c’est l’idée de cette violence qui est plus choquante que la description qui en est faite dans le roman ; la violence n’est pas graphique. Finalement, la violence physique me semble bien moindre comparée aux violences psychiques que peuvent subir les personnages.



Les Olympiades truquées a également un propos féministe il me semble, avec l’idée d’un « renversement » des pouvoirs en quelque sorte, du fait que la population soit majoritairement composée d’hommes les femmes sont « précieuses » et à protéger (toute proportion gardée bien sûr). Mais cela entraîne par exemple un durcissement des peines et un accroissement de la violence exprimée envers les violeurs avec des castrations et des tortures. J’ai pu lire un ou deux avis qui considéraient cela comme de la misandrie de la part de l’autrice et… non ? Il me semble qu’elle dénonce simplement la culture du viol de son époque, et de la nôtre puisque c’est malheureusement tout à fait d’actualité. En plus, ces tortures faites aux hommes n’annulent pas toute la violence que subissent les femmes dans le roman et il est bien montré que ce système de répression ne fonctionne pas vraiment.



Pour montrer la richesse du roman, l’autrice aborde des sujets divers tels que la transidentité, bien qu’un terme daté soit utilisé en l’occurrence « transsexualité », mais j’imagine que c’est à remettre dans le contexte des années 1980 durant lesquelles le roman a été écrit. En tous cas, l’approche est assez originale ; dans la France des Olympiades truquées, puisque les femmes sont minoritaires en nombre, il semblerait que la nature tente de réduire le déséquilibre avec des hommes qui petit à petit, se changent en femme. Le point n’est pas central à l’intrigue du roman, on glane donc des informations par-ci par-là, mais tout commence avec une féminisation de la personne, qui se met à porter des robes, des perruques, du maquillage… Puis au fur et à mesure, sans aucun apport d’hormones, leurs seins de mettent à pousser, leurs visages à s’affiner, etc. C’est appelé le « Syndrome de la matrice » et si au départ Sphyrène est inquiète pour son frère, qui développe le syndrome, au final la société accepte sans trop de soucis ces changements, puisqu’ils sont bienvenus étant donné le manque de femmes. L’idée est donc de donner des nourrissons à ces personnes atteintes du syndrome pour qu’elles élèvent des enfants.



Alors. Je pense à la fois que c’est très bien d’aborder les transidentités (surtout à l’époque) et en même temps, je ne sais que penser du traitement qui en est fait. En tant que femme cisgenre, déjà, je ne suis pas directement concernée par le sujet donc il est tout à fait possible que je sois à côté de la plaque (auquel cas, vraiment, dîtes-le moi). Je pense que la représentation des ces personnes transgenres n’est pas idéale, déjà parce que ce sont seulement des femmes transgenres, même si ça fait sens avec le postulat de base qui est de compenser le nombre réduit de femmes. Ensuite, le fait que la transition passe obligatoirement par une période de « féminisation » qui se résume aux robes, perruques et maquillages paraît un poil essentialiste, comme si la nature des femmes était de porter des robes et d’élever des enfants. Encore une fois, je n’ai aucune autorité sur le sujet mais je serai ravie d’en discuter si vous avez lu l’ouvrage !



Un autre passage du roman qui m’a fait tiquer est la conversation que Maël tient avec Anyara, un personnage furtif qui n’existe que pour cette scène et qui a pour seule caractéristique d’être noire finalement… Cela m’a déjà fait réaliser que les personnages du roman semblent très très majoritairement blancs. Puis, en repensant à la scène, j’ai réalisé à quel point c’était réducteur et offensant d’avoir Anyara comme seule personnage Noire puisqu’elle semble réunir un peu tous les clichés racistes qui peuvent exister. Tout d’abord, elle est décrite comme « Africaine » et « exotique » sans qu’on sache de quel pays elle vient, et son discours porte principalement sur l’oppression « des Africaines », d’ailleurs elle-même a été vendue par son père pour devenir « visiopute » (l’équivalent des webcams pornographiques). Encore une fois, je ne suis pas du tout une autorité sur ce sujet, mais il me semble que s’il est positif d’avoir des personnages noirs et de parler de l’oppression que les femmes de certains pays d’Afrique vivent… il faut que ce soit bien fait et il ne me semble pas que ce soit le cas ici.



Comme ce roman a été écrit il y a un moment, peut-être l’autrice a-t-elle évoluée sur ces points, et des chroniques que j’ai pu lire, Les Olympiades truquées est très ancré dans son temps, où les questions de dopage par exemple étaient tout à fait d’actualité. En tous cas, j’ai beaucoup aimé l’intrigue et comme l’atteste la longueur de ce billet, le roman m’a aussi fait réfléchir sur plusieurs points ; c’est bien signe qu’il m’a touché. Bien sûr, apprécier une lecture ne signifie pas oublier son sens critique ; d’où mes remarques sur la représentation des personnes transgenres et noires.



En tous cas, je serai ravie de discuter de ce roman avec d’autres personnes ! Et à l’occasion, je pense jeter un œil aux autres publications de Joëlle Wintrebert, peut-être plus récentes. Si vous êtes déjà convaincu par sa plume en revanche, j’ai vu qu’elle sera l’invitée d’honneur de la Convention Nationale de Science-Fiction et Fantasy de Grenoble en juillet.



***



Avertissements & trigger warnings (spoils donc) : viols et tentatives de viols, inceste, mentions de mutilations génitales (excision et infibulation), prostitution, drogues.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Les Amazones de Bohème

Il promettait une belle histoire et il parle de guerre, de sexe et de trahison. J'ai l'impression que ce livre n'est pas terminé, qu'un morceau de l'histoire à été oublié.

Bref, déçue.
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Pollen

L'univers imaginé par l'auteur est intéressant et propose un point de vue sur une société matriarcale.
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Les Olympiades truquées

Le monde créé par Joëlle Wintrebert est très réaliste grâce aux détails. Mais j’ai eu du mal avec le style de l’auteur. Le vocabulaire parfois trop compliqué a eu pour effet de me couper dans mon élan. L’intrigue a mis du temps à s’installer et le dénouement est trop rapide et pas assez développé. Les thèmes m’ont plu mais l’auteur ne les a pas assez exploité de même que certains personnages.
Lien : http://pourvoyagerjai.blogsp..
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Les Amazones de Bohème

Trois femmes sont les figures principales de ce très beau roman : Libuse, reine de Bohème au VIIIè siècle, détentrice du don de prophétie, ce qui l'avait portée au trône ; Wlasta la guerrière, amazone, capitaine de sa garde féminine et Danna, sa conseillère. Toutes trois femmes qui ont beaucoup souffert en cette époque rude et violente. Des relations très fortes entre elles vont conduire les deux dernières, après la mort de Libuse, à continuer son oeuvre : libérer les femmes de la toute-puissance masculine. Elles vont créer leur propre communauté pour s'opposer à Premysl, le nouveau souverain, époux de Libuse. Ca parle religion avec l'opposition entre évangélistes et polythéïstes, sexualité avec l'amour libre et l'homosexualité tolérée par Libuse et de mise chez les amazones, rébellions, massacres, tortures.... Un épisode de quelques années, tragique, mais véridique.



Tous les ingrédients d'une histoire forte et belle, autour de personnages complexes auxquels on s'attache rapidement. Portée par une langue soignée au vocabulaire choisi et aux tournures parfois très poétiques.



Un très bon moment de lecture que je vous recommande chaleureusement.


Lien : http://la-clef-des-mots.e-mo..
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