AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jonathan Swift (134)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Voyages de Gulliver

ce livre est très beau et bien écrit c'est un classique de la littérature en plus je l'ai découvert sur une brocante derrière des tonnes de vieux magasine mais je ne regrette pas ma trouvaille je le conseille au jeune et au moins jeune car peut être cette histoire vous transporteras bonne lecture
Commenter  J’apprécie          160
Voyages de Gulliver

Roman de Jonathan Swift. Lettre S de mon Challenge ABC critiques Babelio.



Voyages dans plusieurs régions éloignées du monde par Lemuel Gulliver est le titre complet de ce récit de voyage. Gulliver, médecin de formation, embarque à plusieurs reprises sur des navires marchands et, suite à des avanies ou des trahisons, échoue sur les côtes de territoires inconnus peuplés de civilisations extraordinaires. À Lilliput, il rencontre des êtres si petits qu'il pourrait les glisser en ses poches. À Brobdingnag, c'est lui qui rentre dans les poches. À Laputa, il découvre une île volante qui se déplace grâce à la force conjuguée d'un aimant sur un socle de diamant. Balbinarbi abrite une académie de savoirs hétéroclites. Glubbdubdrib et Luggnagg ont tout autant de mystères et de prodiges à présenter. Fidèle sujet du royaume anglais, il est convaincu que son pays surpasse en toute chose les autres territoires. Ce n'est que chez les Houyhnhnms qu'il prend en horreur le genre humain et s'entiche des chevaux, race qu'il estime être la plus évoluée et la mieux civilisée.



Gulliver a le goût du voyage et de la découverte. Mais le voyage en lui-même n'est jamais qu'un moyen, au demeurant très court : les périples en mer ne durent que quelques pages voire quelques paragraphes avant le naufrage ou le débarquement. Une fois rendu sur place, Gulliver ne voyage plus, il découvre et compare. L'Angleterre est son pays de coeur, mais il n'y reste jamais. Il soupire après sa terre natale dès qu'il en est éloigné, mais il reprend la mer dès qu'il a rejoint les rivages de la grande Albion. Ainsi qu'il le dit, "[sa] soif de découverte, malgré [ses] infortunes passées, restait aussi vive que jamais." (p. 220) Gulliver n'ignore rien des dangers au devant desquels il s'élance en reprenant la mer. Mais c'est son récit a posteriori qui en témoigne. Dans son dernier voyage, Gulliver a risqué plus que sa vie : il a mis sa raison et son identité au pilori.



D'un monde à l'autre, Gulliver compare toute chose à l'univers dont il est issu. Les mesures et disproportions sont sujets d'émerveillement dans les deux premiers pays qu'il découvre. Mais chaque retour au pays est l'occasion de quelques paragraphes cocasses dans lesquels on découvre que Gulliver a bien du mal à retrouver la normalité de son univers. Pétri et parfois acquis aux découvertes qu'il a faites en terre inconnue, il pose sur son univers le regard d'un étranger.



Jonathan Swift emprunte à de nombreux genres littéraires pour composer son texte : le récit de voyage est une trame générale dont les ressorts sont déviés et nourrissent le ton parodique et satirique. Le conte philosophique croise le récit de moeurs et l'étude sociale. La volonté encyclopédique et linguistique affrontent le traité spirituel et mystique. Jonathan Swift n'a de cesse de faire répéter à Gulliver ses bonnes intentions. Le héros est précis et consciencieux dans les descriptions qu'il donne, même pour les sujets les plus ingrats : "J'espère que l'indulgent lecteur me pardonnera de m'attarder sur ce genre de détails qui, même s'ils semblent insignifiants aux esprits vulgaires ou serviles, enrichiront sans doute les pensées et l'imagination du philosophe au progrès de la vie publique et privée." (p. 151)



L'auteur glisse entre les lignes des critiques plus ou moins subtiles sur la société de son temps, sur les ennemis de l'Angleterre ou certaines professions dont il dresse des portraits peu flatteurs (avocats, médecins, etc.) Sympathisant des Whigs, il ne cache pas un certain mépris pour la noblesse: "Un corps faible et maladif, une physionomie décharnée, une complexion jaunâtre sont les signes distinctifs d'un sang noble ; un aspect sain et robuste est chose si honteuse chez un homme de qualité que le monde est aussitôt persuadé que son père était un valet ou un cocher." (p. 340) Néanmoins, Gulliver ne manque jamais de présenter ses plus profonds respects aux monarques des peuples chez qui il séjourne. Aussi affable et sociable que soit le personnage, il est impossible de ne pas déceler en lui un fond de rouerie et une capacité hypocrite à tirer le meilleur parti de toute situation.



Gulliver est un héros ambigu. Il découvre et expérimente de grandes choses : en ce sens, il se démarque du reste de la société humaine. Mais, tout en clamant sa bonne foi et en insistant sur la pureté de ses vertus, il démontre à plusieurs reprises qu'il est doté d'un orgueil susceptible et qu'il est assez peu capable de tolérance : en bon occidental conquérant qui se respecte - et bien que le terme soit anachronique - Gulliver témoigne de l'ethnocentrisme dont font preuve les explorateurs et les colonisateurs. Il réduit tout à sa personne et à son univers. Même s'il est avide d'apprendre la langue des peuples qu'il traverse, il ne s'en sert pas pour échanger, mais plutôt pour se convaincre que sa raison est la meilleure. Heureusement, Jonathan Swift rabat le caquet de cet odieux petit personnage en le confrontant à une civilisation où le cheval est roi et où l'homme n'est qu'un infâme animal.



Voilà un texte absolument délicieux ! La finesse de la critique n'entrave pas l'humour et la qualité du récit est indéniable. Si Jonathan Swift, en bon anglais, porte de nombreux coups de griffe à la France, il n'épargne pas non plus l'Angleterre et la satire n'en a que plus de poids. C'est un texte à faire lire aux adolescents. La langue est certes soutenue et il faut souvent se référer aux notes en fin d'ouvrage, mais ce roman a de quoi séduire les lecteurs avides d'aventures et de mondes extraordinaires.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
Commenter  J’apprécie          152
Voyages de Gulliver

Certainement un grand classique de la littérature irlandaise. Si la description des populations découvertes (nains ou géants) n'est jamais très loin de la satire sociologique de son époque, Swift nous apprend surtout le sens du mot "étranger" et tout le travail de tolérance qui nous est nécessaire pour rester humains.
Commenter  J’apprécie          140
Voyages de Gulliver

Dernier jour de confinement, il fallait bien que je voyage littérairement avant de pouvoir le faire en vrai. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, j’ai adoré !



J’ai aimé Gulliver, ses voyages, l’ingéniosité de l’auteur, c’est un beau conte mais je ne sais pas s’il s’adresse vraiment à un public jeunesse, il y a de sacrés pavés dedans. Il est construit comme un roman jeunesse mais écrit comme un roman jeune adulte, au moins pour des enfants qui ont une certaine habitude de la lecture.

Les récits des voyages sont originaux, l’auteur décrit non seulement les moments positifs mais aussi les moments où son personnage s’en prend plein la tête, il le met vraiment en danger, il n’est pas seulement une aventure idéalisée, j’ai beaucoup aimé ceci.



Le style direct m’a également plu, cela m’a permis d’entrer rapidement dans les récits et de lui donner une dimension quasi réelle. Gulliver n’est pas un héros, il sait faire preuve d’ingéniosité mais comme dit plus haut, il peut lui arriver de se mettre en danger sans trop le savoir. C’est aussi un risque dans ce type de voyages, c’est l’aventure, on découvre des contrées lointaines, mais il franchi plusieurs fois le pas de l’inconscience, il en devient très humain et crédible.

Pour notre époque il n’a pas si mal vieilli, l’imaginaire développé dans le roman n’est pas du lu et relu, d’ailleurs je ne crois pas qu’il ai été adapté en film ou en animation, il mériterait, je vois bien un Tim Burton façon Charlie et la chocolaterie. Ce serait bien de garder les critiques faites par Swift, il tacle pas mal pour son siècle mais trouve écho de nos jours aussi.



Un bouquin à lire.
Commenter  J’apprécie          130
Modeste proposition pour empêcher les enfants..

La révolte de Swift face à la misère et à l’injustice éclate surtout dans cet ouvrage, d’une ironie terrible. La solution qu’il préconise est d’une simplicité ogresque : il suggère aux familles pauvres irlandaises de vendre leurs enfants comme nourriture aux riches, afin qu’une charge économique devienne pour elles un profit général. Cet ouvrage, qui développe sur le mode ironique un discours cynique et cruel fit scandale, car certains en firent une lecture au premier degré.



Extrait : « Un jeune enfant bien sain, bien nourri, est, à l'âge d'un an, un aliment délicieux, très nourrissant et très sain, bouilli, rôti, à l'étuvée ou au four, et je ne mets pas en doute qu'il ne puisse également servir en fricassée ou en ragoût.» Avec beaucoup de sens pratique, il conseille aux mères « de les allaiter copieusement dans le dernier mois, de façon à les rendre dodus et gras pour une bonne table ».



Un pamphlet "savoureux" !

Commenter  J’apprécie          130
L'Art du mensonge politique - Le Mentir vrai

De la contagion du mensonge

Sans que cela enlève quoique ce soit à sa valeur et à son mérite, ce petit ouvrage n'est pas de Jonathan Swift comme l'indique sa couverture mais de son ami et complice au sein du Scriblerus Club, John Arbuthnot. Lequel fut par ailleurs un mathématicien tout à fait remarquable et également médecin en plus de ses talents littéraires personnels. Il est fort curieux et pour tout dire quelque peu mensonger de s'être servi du nom de Swift en porte-drapeau pour cette édition; ceci pour pallier probablement à l'oubli, fort injuste, dans lequel est tombé Arbuthnot. Comme quoi, le mensonge n'est finalement pas l'apanage des politiciens; même s'il est vrai que ceux-ci y aient apporté, du fait de leur rôle "représentatif", une forme d'outrance particulière qui banalise le vulgaire mensonge commercial tel qu'il est pratiqué ici. Lequel respecte parfaitement l'un des préceptes de ce livre, à savoir que pour être crédible, le mensonge doit faire preuve d'une certaine vraisemblance. Vraisemblance qui tient ici à l'indéniable parenté d'esprit qui existait entre Swift et Arbuthnot.
Commenter  J’apprécie          130
Voyages de Gulliver

J'ai vu deux adaptations de ce livre qui m'ont beaucoup plu ! J'ai trouvé, au CDI de mon lycée, le livre, j'étais très contente !



J'en suis à la première partie "Voyages à Lilliput". Les chapitres sont courts et le passage où les Lilliputiens et Blefuscudiens faisaient la guerre à cause de la manière de casser les œufs m'a amusée.



Ce livre permet de nous évader vers des mondes inconnus et découvrir une portée philosophique sur ce conte (qui est fait pour cela d'ailleurs).



Au fait... je suis petitboutienne... ne le dîtes à personne, je compte sur vous...
Commenter  J’apprécie          130
Voyages de Gulliver

Quand j’étais plus jeune, j’ai beaucoup regardé un film qui s’intitulait « les Voyages de Gulliver » (c’était la version de 1996 en 2 parties). J’adorai ce film. Aussi, quand j’ai su qu’il était tiré d’un livre, j’ai absolument voulu le lire. Et c’est chose faite.



J’avoue que la première fois que je l’ai ouvert, j’ai ressenti une légère appréhension. Je savais que l’histoire serait géniale, mais c’était écrit tout petit. Déjà, cela m’a légèrement rebutée : j’associe généralement une écriture petite avec un style assez lourd et indigeste. Sans compter que, lorsque c’est écrit petit, on met plus de temps à lire. Deuxième chose qui m’a « repoussée », la date de l’écriture. Swift a commencé en 1721. Du coup, j’avais peur qu’il ait un style, comme je l’ai déjà dit, un peu lourd, un langage plutôt élevé et des phrases plutôt alambiquées.



Et je me suis trompée. Je m’en suis rendue compte dès les premières lignes. L’écriture de Swift est plutôt fluide et même si elle contient quelques expressions ou mots qui sortent de l’ordinaire (car on ne les utilise plus), elle se lit facilement. Autre chose, les chapitres sont plutôt courts. Et, pour quelqu’un comme moi, qui n’aime pas s’arrêter en milieu de chapitre, c’est motivant de voir qu’il n’est pas trop long et que, par conséquent, on peut se permettre d’en lire un de plus parce qu’on sait que dans 10-15 minutes, on l’aura déjà fini.



Revenons maintenant à l’histoire. Fantastique, fabuleuse ! Je n’ai absolument pas été déçue, pour cela, le film était plutôt fidèle (du moins pour ce qui est des voyages parce que Swift ne nous parle pas de ce qui s’est passé lorsque Gulliver revient chez lui). Qui n’a jamais rêvé de vivre de telles aventures, de découvrir de tels pays ? Bon, je pense personnellement qu’il vaut mieux se retrouver à Lilliput qu’à Brobdingnag (mieux vaut être le géant, c’est moins effrayant) !



Enfin bref, j’ai été emballée par cette lecture. C’est un vrai coup de cœur. Et je crois que je peux désormais dire qu’il s’agit d’une référence en matière de littérature fantastique.

Commenter  J’apprécie          131
Voyages de Gulliver

rande amoureuse de voyages, je n’avais jamais lu ce classique de la littérature. Dans cette version édité chez Drôle de…, Gulliver se rend dans deux pays différents : d’abord à Lilliput, monde minuscule où les habitants ne mesurent qu’une quinzaine de centimètres ; puis à Brobdingnag, où, à l’inverse, les habitants sont des géants. Mais les voyages de Gulliver ne s’arrêtent pas à ces deux contrées, puisque dans la version originale de Jonathan Swift, cet aventurier téméraire est également allé à Laputa, Balnibarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg, au Japon, puis au pays des Houyhnhnms.



L’édition Drôle de… à l’avantage d’être entrecoupées de dessins en noirs et blancs, qui illustrent la narration. Tandis on y voit Gulliver minuscule dans un monde de géant, puis gigantesque dans un monde de lilliputiens. J’ai bien aimé ces dessins, qui nous permettent d’entrer encore plus profondément dans ce monde extraordinaire.



J’ai été ravie d’enfin découvrir ces voyages. Je me suis plongée facilement dans ces différents mondes, parfaitement décrits comme si on y était. Néanmoins, j’ai quand même trouvé que certains passages s’étiraient en longs verbiages et manquaient de dynamisme et d’émotions brutes. L’auteur nous balance des avalanches de faits, sans toutefois penser à nous inspirer de quelconques émotions envers son protagoniste ou les aventures qu’il vit au quotidien. Je reconnais quand même que l’écriture est particulièrement soignée et fait plaisir à lire. L’imaginaire créatif de l’auteur est fascinant : il faut s’imaginer qu’au XVIIIème siècle, rares étaient les auteurs à écrire des récits de science-fiction. Ici, Jonathan Swift arrive à créer des mondes fantastiques, que l’on arrive facilement à intégrer.



À travers ce récit écrit en 1726, Jonathan Swift critique à demi-mots les moeurs de son époque et de ses contemporains, l’État et la justice anglaise et irlandaise. L’être humain y est décrit comme brutal, méchant, vils personnages qui succombent à leurs instincts primitifs et passent leur temps à se faire la guerre, comme à Lilliput. Une critique vitupérante, camouflée derrière des aventures fantaisies. Malheureusement, la satire reste quelque chose d’assez spécifique, que l’on comprend aisément lorsque l’on est intégré dans ladite époque. Je pense qu’avec quelques annotations, cela nous aurait permis de mieux comprendre ce que l’auteur reprochait à son époque.



Un classique de la littérature science-fiction qui mêle aventures extraordinaires et réflexions philosophiques sur l'époque de l'auteur. J'ai été ravie de découvrir ces récits.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          120
Modeste proposition pour empêcher les enfants..

Une modeste proposition pour empêcher les enfants des pauvres en Irlande d'être à charge à leurs parents et à leur pays et pour les rendre utiles au public consiste en la consommation des enfants de l'âge d'un an, la viande étant particulièrement tendre à cet âge et l'enfant coûtant plus cher qu'il ne rapporte après cet âge ...



Mais où donc Swift est-il allé chercher cette idée cannibale ? L'a-t-il eue, en Irlande, alors qu'il se sentait impuissant lors de la famine ? L'a-t-il eue en resongeant à ses voyages et aux terres des sauvages et donc aux cannibales qui n'ont pas les mêmes prétentions à la morale et à la civilisation ? Ou l'a-t-il eue après avoir constaté qu'il s'agit toujours, pour vivre dans une civilisation dénuée de morale, d'exploitation de l'être humain ?



Ce modeste traité d'économie se propose de rapporter de l'argent aux pauvres, à ceux qui trouveraient de l'emploi dans le secteur de la viande de bébés, se propose aussi de rapporter de l'argent aux mères et cela permettrait donc de lutter contre la pauvreté, contre la faim, contre la surpopulation, contre la faim, contre le chômage etc. Qu'attendons-nous, diraient certains ? Allons-y quoi ! C'est pour le bénéfice de l'humanité, c'est pour le bien public !



Ce texte est plus d'actualité qu'il n'y paraît. Déjà, parce que le trafic d'être humains existe, il me semble. Peut-être que le trafic de viande existe ? En tout cas, l'humain est parfois traité comme de la viande, qu'on le mange ou non, on le consomme.

Ill faudrait néanmoins s'assurer que la modeste proposition de Swift ne se retrouve jamais dans le Codex Alimentarius. Autant je suis capable de manger des insectes en cas de famine, autant je suis incapable de manger de l'humain, même si ça serait plus "efficace" pour contrôler les naissances et "lutter contre la surpopulation". Oui, mais non.



Etant donné qu'on peut rapprocher ce texte des préoccupations politiques liées à la surpopulation, des crises que ladite surpopulation entraîne (je ne te remercie pas pour tes conneries Malthus), pour ouvrir le débat, on peut se demander si le contrôle des naissances en règle générale n'est pas à rapprocher de ce texte cannibale de Swift. Ainsi, le droit à l'avortement n'est-il pas un droit visant à limiter la surpopulation, à limiter le nombre d'enfants "malheureux", à empêcher aux femmes de se limiter au rôle de génitrices ? Mais alors que dire de la GPA lorsqu'elle amène des femmes à enchaîner les naissances, au péril de leur vie, et pire encore peut-être, à faire d'un enfant un objet marchand ? Personnellement, je suis fière que la GPA soit interdite en France au nom du principe d'indisponibilité du corps humain mais il est vrai qu'il est assez hypocrite de l'interdire et d'en profiter à l'étranger, en achetant son enfant en Ukraine ou ailleurs, et même sur Internet ... Sans déconner, j'ai vu les prix affichés pour des bébés, avec ou sans options ... Bref, voilà à quoi m'aura fait penser Swift. Comme quoi, il ne m'aura pas trop fait rire avec ce texte même s'il n'est pas dénué d'humour, loin de là, mais le sujet étant tellement sensible ... C'est assez difficile, pour moi, d'en rire à gorge déployée ... Trop consciente je suis qu'il y a un fonds de vérité derrière la satire plus que féroce de Swift.
Commenter  J’apprécie          126
Voyages de Gulliver

Avant de débuter ma lecture, je m’attendais à lire quelque chose de drôle et léger. Finalement, j’ai vite découvert qu’il ne s’agissait pas seulement d’une histoire de voyages chez des êtres singuliers, mais plus précisément d’une critique de la société anglaise du XVIIIème siècle. Et si le fait d’avoir un fond d’histoire plus construit que je ne le pensais, c’est assez mitigée que j’ai refermé mon livre, ou plutôt éteint ma liseuse.

Au cours d’une expédition maritime, Gulliver va, de naufrage en naufrage, avoir l’occasion de visiter quatre contrées toutes aussi étranges les unes que les autres :

Lilliput, certainement la plus connue, habitée par des êtres de quelques centimètres seulement. Brobdingnag, où c’est Gulliver qui fait office de miniature. Laputa, une île volante bien particulière, appartenant à un pays où la science prend une place un peu trop importante, omettant l’essentiel pour la survie de ses habitants. Et enfin Hoyhahoms, un pays où l’on se demande qui de l’animal ou de l’homme est le plus évolué.



Les voyages de Gulliver, c’est une grande aventure fictionnelle, et il est vrai que croiser tous ces personnages aussi farfelus les uns que les autres, mais malgré tout bien réfléchis, est assez plaisant. La satire est omniprésente, l’humour ne manque pas, et j’avais bien souvent le sourire aux lèvres. Mais, la descriptions de ces peuples étranges est aussi et surtout l’occasion pour l’auteur de faire un parallèle avec la société anglaise de l’époque. Enfin, surtout ses travers !

Alors oui, j’ai bien compris qu’il y avait une moquerie plus ou moins camouflée du système de la justice, de la religion ou encore de la science. Et si j’en ai bien saisi les grandes lignes, car certaines choses sont universelles et intemporelles, j’ai eu malheureusement l’impression de passer à côté de certains détails, et donc de ne pas saisir l’ampleur de la critique sociale qui se cachait derrière ce récit. Quelque part, je me suis sentie frustrée de ne pas saisir tous les degrés de lecture.

Bien sûr, je n’ai pas boudé mon plaisir en faisant connaissance avec les Lilliputiens et leur drôle de conflit concernant un œuf à la coque. Pas plus qu’en me promenant sur Laputa, et en découvrant ces personnes immortelles, mais pourtant pas si heureuses, ni si enviées que ça pas les autres… Mais au final, je crois que j’en attendais plus. Quoi ? Je ne sais pas exactement. Peut-être de moins voyager et de mieux faire connaissance avec chaque peuple ? Parce qu’en y réfléchissant, (et au fur et à mesure que j’écris cette critique (que, je sais, j’aurais très bien pu mieux structurer, mais moi j’suis comme ça, j’aime bien écrire des avis de but en blanc)), je crois que c’est ça qui m’a frustré : l’impression de ne pas avoir le temps de bien connaître les contrées traversées par Gulliver.

A chaque fois que j’arrivais dans un nouveau lieu, en compagnie du protagoniste, j’avais l’impression de le découvrir à travers les yeux d’un enfant. C’est curieux, ça émerveille, ça fait rire, ça peut même faire peur. Et puis, passés quelques événements, c’est l’adulte qui prend le relai. Je fais plus ample connaissance avec ce petit (ou grand) monde, je comprends qu’il y a là-dessous des enjeux politiques, religieux, scientifiques ou humanistes. J’ai envie d’approfondir le sujet. Mais voilà que Gulliver doit se barrer, et moi je suis obligée de le suivre. Flûte !

Ensuite, j’ai également été frustrée par les récits de voyages entre deux contrées. Parce que, bah finalement il ne se passe rien ! J’ai même eu l’impression que Jonathan Swift n’avait pas eu envie de développer ses voyages, pour avoir le moins possible à faire à la réalité. C’est à peine s’il évoque ses retours en Angleterre, et quel dommage quoi ! Parce que justement, ça aurait pu être tellement intéressant d’appuyer les différences, les points communs d’avec les aventures de Gulliver…



Si j’ai souligné pas mal de points négatifs, ce roman n’en est pas pour autant mauvais, et la plume de l’auteur n’y est pas étrangère. Car malgré ses 300 ans, l’écriture est très agréable, et les quelques mots qui nous sont aujourd’hui désuets ne gâchent en rien la fluidité de la lecture. Le style n’est absolument pas lourd.



En conclusion, Les voyages de Gulliver est un livre sympa, mais que j’aurais aimé apprécier d’avantage.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
Commenter  J’apprécie          120
Voyages de Gulliver

Personellement j'ai vu dans les voyages de gulliver, en particulier dans le voyages à Laputa, une certaine "pré-SF", en effet contrairement aux aventures du baron de Münchausen ou encore des voyages de cyrano de bergerac, Swift tente de donner des explications scientifiques au fait que la cité vole. Biensûr cela demeure trés rudimentaire (aimant, météorite) mais il y a bien un mécanisme d'horlogerie. Il construit ici un véritable univers où les relations entre les habitants de laputa et le reste de la population sont dépeintes de manière cohérante. De plus la figure du scientifique (dont gulliver lui même fait partie) est assez présente dans l'ensemble du récit.
Commenter  J’apprécie          120
Voyages de Gulliver

Il s'agit de l'un des romans qui m'a le plus ouvert les yeux sur l'Homme et sur sa façon de penser. Parmi tous les mondes que traverse Gulliver, il apprend des choses non seulement sur les autochtones qui peuplent ces pays, mais aussi sur lui-même et sur le monde dont il vient, le nôtre. Et à la fin, il comprend que sa société soi-disant civilisé ne l'est pas tant que ça, qu'elle est viciée. Alors imaginez, le bruit qu'a fait ce roman à sa sortie... J'ai adoré cette vision sans concession et si réaliste. A lire d'urgence !



Oubliez le film grotesque de 2010 avec Jack Black et recherchez l'adaptation télévisuelle de 1996 avec Ted Danson et Mary Steenburgen, parfaite et très complète.
Lien : http://www.mespetitscarnets...
Commenter  J’apprécie          110
Voyages de Gulliver

Pfffiou...j'ai traîné, traîné, traîné...tellement je me suis ennuyée! Et pourtant il ne s'agit dans ce volume que du texte abrégé, qui comprend deux des voyages de Gulliver: celui à Lilluput, dans lequel il se retrouve en position de géant, et celui à Brobdingnag, où cette fois il est minuscule chez les géants.

Donc oui, je me suis ennuyée. Gulliver ne m'a pas faite voyager avec lui, ses considérations sur les civilisations qu'il rencontre ne m'ont pas atteinte. J'avoue même que j'ai curieusement accéléré mon rythme de lecture dans les derniers chapitres, mais que je n'en ai déjà plus aucun souvenir!

Comme il en faut pour tous les goûts, j'espère que d'autres lecteurs sont plus sensibles que moi à ce livre! intégral ou abrégé...
Commenter  J’apprécie          110
Voyages de Gulliver



Ah ! si Gulliver n’avait pas existé ! C’est tout une partie de notre imaginaire qui partirait en capilotade ! Déjà le simple concept de la « dimension ». Depuis l’antiquité, on connaissait les géants, Rabelais s’en était emparé, avec le succès que l’on sait, et ils perduraient encore dans l’imaginaire enfantin des contes de fées. Mais Swift ajoutait cette dimension supplémentaire : être petit chez les grands et grand chez les petits, d’où l’idée de « rapport ». Douze ans plus tard, Voltaire s’en souviendra sans doute en écrivant « Micromégas ». Et réduire « Gulliver » à Lilliput et Brobdingnag est pour le moins arbitraire, et de plus totalement inepte, car il ne s’agit là que des deux premières parties (l’ouvrage en compte quatre), les plus propres à frapper l’imagination d’un lecteur moyen qui ne chercherait que l’évasion (quoiqu’ une lecture philosophique de cette allégorie est très possible et même recommandée)

Il faut donc lire les « Voyages de Gulliver » dans leur intégralité. Le titre original anglais est : « Travels into Several Remote Nations of the World. In Four Parts. By Lemuel Gulliver, First a Surgeon, and then a Captain of Several Ships », c’est-à-dire « Voyages dans plusieurs nations du monde. En quatre parties. Par Lemuel Gulliver, ancien chirurgien, et par la suite capitaine de plusieurs bateaux ». On peut comprendre que les traducteurs aient eu quelques réticence à adopter ce titre, et très vite, le roman est devenu populaire sous son nom actuel : « Gulliver’s travels », c’est-à-dire « Voyages de Gulliver ».

Les quatre parties correspondent aux quatre voyages principaux :

Voyage à Lilliputt : Gulliver à la suite d’un naufrage, échoue sur l’île de Lilliput où les habitants qui mesurent 15 cm de hauteur, sont en guerre avec ceux de l’île voisine, Blefescu, au sujet d’un problème majeur : faut-il casser les œufs durs par le gros bout ou par le petit bout ? Gulliver n’arrivera pas à réconcilier les deux peuples et devra fuir.

Voyage à Brobdingnag : Gulliver tombe sur cette fois sur île de Géants où c’est lui qui fait figure de lilliputien. Pris en amitié par une « fillette », Glumdalclitch, il devient le jouet favori de la Cour où il essaie, sans succès, d’expliquer les rouages de la politique anglaise. Enlevé par un aigle, il revient en Angleterre.

Voyages à Laputa et autres contrées lointaines : Pris du démon du voyage, Gulliver repart vers des régions inconnues : il tombe sur des civilisations où règne la science (au point de rendre les gens insensibles à toute autre notion), d’autres où il faut une cloche ramener continuellement les gens à la réalité, d’autres encore où les habitants sont immortels : malheureusement, seule la mort est abolie, pas la vieillesse, ni la maladie, ni la méchanceté, ni la bêtise… Enfin une île peuplée de sorciers qui permettent à Gulliver de converser avec des « sages » de tous les pays et de tous les temps : il se rend compte alors que tout a été dit, et que dans tout ce qui a été dit, une bonne partie est constituée de mensonges, et l’autre de bobards.

Voyage au pays des Houyhnhnms (prononcez comme vous pourrez) : c’est le paradis : des chevaux beaux, intelligents, parvenus au faîte des connaissances, de la raison et de la sagesse sont les maîtres des « Yahoos » (on avait dit Pas de pub !) qui se révèlent être … des humains (ou ce qu’il en reste).

Ayant fait le tour de tous ces monde, Gulliver, comme Candide, n’a pas d’autre souhait que rentrer chez lui et, sinon cultiver son jardin, du moins finir ses jours dans une relative sérénité.

Roman allégorique et satirique, « Les Voyages de Gulliver » appelle une multitude de lectures : philosophique, sociale, politique, religieuse, etc. Le style employé, qui s’apparente à l’allégorie ou au conte philosophique, pourrait aussi bien être classé dans le fantastique, la science-fiction, la fantasy (Tolkien s’est-il souvenu de Swift), bref de tous les secteurs de l’imaginaire littéraire.

Le cinéma n’est pas en reste : on retiendra le dessin animé classique de Dave Fleisher (1939), et la plaisant adaptation de Jack Sher en 1960, avec Kerwin Matthews



Commenter  J’apprécie          82
Voyages de Gulliver



Gulliver



Sept ans après la publication de Robinson Crusoé, le grand essayiste et poète Jonathan Swift compose une satire sur les récits de voyage qui devient immédiatement un best-seller.

Dans son au-delà en tant que classique, Les Voyages de Gulliver fonctionne à plusieurs niveaux.

C'est d'abord un chef-d'œuvre d'indignation soutenue et sauvage, urieuse, déchaînée, obscène.

La fureur satirique de Swift est dirigée contre presque tous les aspects de la vie du début du XVIIIe siècle :

la science, la société, le commerce et la politique.

Puis, dépouillé de la vision sombre de Swift, il devient un merveilleux fantasme de voyage pour les enfants, un favori éternel qui continue d'inspirer d'innombrables versions, dans des livres et des films.

Enfin, en tant que tour de force polémique, plein d'imagination débridée, il est devenu une source pour Voltaire, ainsi que l'inspiration pour une suite pour violon de Telemann, et, La ferme des animaux de George Orwell.



Voyages dans plusieurs nations éloignées du monde de Lemuel Gulliver (pour donner son titre original) se décline en quatre parties et s'ouvre sur le naufrage de Gulliver sur l'île de Lilliput, dont les habitants ne mesurent que six pouces de haut. La partie la plus célèbre et la plus familière du livre (lilliputien est rapidement devenu un mot commun) est un jeu satirique dans lequel Swift prend des photos mémorables des partis politiques anglais et de leurs bouffonneries, en particulier la controverse sur la question de savoir si les œufs à la coque devraient être ouvert au grand ou au petit bout.



Ensuite, le navire de Gulliver, l'Adventure, dévie de sa route et il est abandonné sur Brobdingnag dont les habitants sont des géants au paysage proportionnellement gigantesque. Ici, ayant été dominant sur Lilliput, Gulliver est présenté comme un nain curieux et a un certain nombre de problèmes tels que la lutte contre les guêpes géantes. Il peut également discuter de l'état de l'Europe avec le roi, qui conclut – on retrouve l'esprit venimeux de Swift que 'la majeure partie de vos indigènes [sont] la race la plus pernicieuse de petite vermine odieuse que la nature ait jamais laissée ramper à la surface de la terre'.



Dans la troisième partie de ses voyages, Gulliver visite l'île volante de Laputa (un nom de lieu également référencé dans le film de Stanley Kubrick, Dr Folamour), et Swift monte un assaut sombre et compliqué contre les spéculations de la science contemporaine (notamment en usurpant la tentative d'extraction des rayons de soleil des concombres).

Enfin, dans la section qui a influencé Orwell (Les Voyages de Gulliver était l'un de ses livres préférés), Swift décrit le pays des Houyhnhnms, des chevaux aux qualités d'hommes rationnels. Ceux-ci, il les oppose aux répugnants Yahoos, des brutes à forme humaine.



Quand tous ces voyages sont terminés, Gulliver rentre chez lui ; il est devenu sage, purgé et mûri par ses expériences.

J'écris , conclut-il, 'pour la fin la plus noble, pour informer et instruire l'humanité… J'écris sans aucune vue de profit ou de louange. Je ne laisse jamais passer une parole qui puisse offenser le moins du monde, même ceux qui sont le plus disposés à la prendre. De sorte que j'espère pouvoir avec justice me déclarer un auteur parfaitement irréprochable...'



Lorsqu'il mourut en 1745, Swift, fut enterré à Dublin,

sur la pierre tombale, une épitaphe devenue très célèbre:

'ubi saeva indignatio ulterius cor lacerare nequit'

'où une indignation féroce ne peut plus déchirer son cœur.'
Lien : http://holophernes.over-blog..
Commenter  J’apprécie          82
Voyages de Gulliver

Une lecture atypique que j'ai apprécié dans son approche "extraordinaire" et moins dans son approche "critique". Pour chacun des voyages, c'est l'abord "fantastique" qui m'a emporté et motivé à poursuivre alors que dès que la satyre prenait le pas, mon esprit avait tendance à décrocher. Et ce reproche d'une satyre dominant le fantastique s'origine dans ma nette préférence pour la littérature fantastique.



Je ne dénigrerais donc pas la satyre ici présente, au mieux j'en vanterais certaines qualités, notamment la variabilité du prisme de Gulliver sous l'impulsion de la plume de Swift. En effet, l'auteur joue avec les environnements et les peuplades exotiques pour influer sur la perception de son héros. De sorte que même avec toute la volonté du monde, le prisme de Gulliver est obligé de se transformer.



A chaque fois seul représentant de son peuple, Gulliver expérimente pour de longues durées des changements de conditions relativement extrêmes. D'être infiniment grand à infiniment petit, de raisonné à stupide, il voit le monde tantôt d'en haut, tantôt d'en bas, etc. Toute cette démesure au service d'une critique violente de la société britannique de l'époque et même humaine dans son ensemble au point que Gulliver finisse par souffrir d'une misanthropie aigue.



Une œuvre intéressante mais que je ne saurais apprécier pour ce qu'elle est réellement. Peu sensible à la satyre littéraire, pas très passionné par les récits de voyages, même moqués, j'ai l'impression de passer à côté du réel propos pour ne retenir que l'imaginaire.
Commenter  J’apprécie          80
Voyages de Gulliver

Si d'un prime abord, j'ai trouvé ce récit plutôt sympathique, servi par une plume élégante, vive et précise, je fus par la suite un peu lassée car l'auteur est un petit peu... comment dire..."perché" ? Je sais qu'il s'agit d'un roman satirique, voire ironique par moments, mais même si celui-ci dénonce plusieurs défauts et abus de la société qui lui fut contemporaine, (nous sommes au temps des découvertes, des grandes explorations) il reste très flegmatique quand aux événements, il n'y a pas de compassion ni d'émotion, l'auteur ne s'encombre pas de ce genre de sentiment. Je suis restée sur ma faim à ce niveau. Et puis l'auteur s'éparpille parfois dans des descriptions sans fin, d'où certaines longueurs...



Même scénario pour les quatre voyages, (Liliput, Brobdingnag, l'île volante de Laputa, - avec Balnibarbi, Glubbdubdrib, Luggnagg et le Japon - puis le pays des Houyhnhnms) : on est sur un navire, on subit un naufrage, une attaque de pirates ou une mutinerie, on parvient sur l'île ou le pays à découvrir puis on retourne chez notre héros.



Les peuples que Gulliver découvre au fil des chapitres et avec lesquels il parvient plus ou moins rapidement à sympathiser, ont pourtant des qualités, malgré leur coté belliqueux, on y trouve même l'égalité femme-homme, sarcasme ou souhait en avance sur son temps ? C'est le côté philosophique de l'oeuvre, les uns pensent et repensent, font des calculs à longueur de temps, politisent, débattent, d'autres sont sorciers ou immortels mais vieillissent tout de même, (oui par moments, on frôle l'absurde, mais avec panache) hélas, ils sont malfaisants...Puis il y a ces êtres étonnants que sont les Yahoos. Particularité : ils n'ont pas l'air humains mais en sont véritablement, comparés à ces magnifiques chevaux que sont les Houyhnhnms, leurs maîtres, et dont Gulliver aime la compagnie. Les choses sont inversées entre l'homme et l'animal et font se poser les bonnes questions.
Commenter  J’apprécie          80
Modeste proposition pour empêcher les enfants..

Voici un texte assez curieux produit par Jonathan Swift, l'auteur des Voyages de gulliver. Choqué par l'explosion démographiques des classes miséreuses de la société irlandaise du XVIII siècle, particulièrement à Dublin, il ne propose rien d'autre que d'éradiquer ce fléau en mangeant les enfants des pauvres.

Bien sur cette solution n'est pas à prendre au pied de la lettre et le propos de l'auteur n'est pas d'apporter une solution au problème mais bien, sous les atours d'un humour féroce, de dire son indignation. Il justifie son projet par une analyse économique, en faisant le rapport entre ce que coûte, à la collectivité, l'entretien de la pauvreté et ce que pourrait rapporter le commerce de la viande de bébé. En cela Swift est parfaitement moderne, puisque ce genre de discours, dans l'esprit, est monnaie courante aujourd'hui, même si la logique est ici poussée jusqu'à l'absurde. Ce texte nous dit également quelque chose de la société irlandaise de l'époque mais aussi de l'évolution de la pensée qui commence à s'intéresser aux problèmes sociaux qui vont de pair avec l'augmentation de la population.

Commenter  J’apprécie          80
Oeuvres

De la modernité de Jonathan Swift

De Jonathan Swift, on connait principalement ses Voyages de Gulliver qui auront été lus, le plus souvent, dans les versions soigneusement expurgées mises à la disposition des enfants.

La véritable dimension de ce personnage hors du commun est donc le plus souvent ignorée, puisque l’essentiel de son œuvre n’est disponible en français que dans cette édition (couteuse) de la Bibliothèque de la Pléiade. Car Swift ne fut pas seulement un maitre de l’humour noir et un fabuleux ironiste.

On découvrira également à travers ses Œuvres, un historien doué d’une perspicacité et d’un talent d’analyse qui rappelle souvent celui d’un Machiavel ou d’un Retz, par exemple dans son remarquable ouvrage « Du règne de la reine Anne ». Mais aussi un redoutable polémiste qui sut prendre de forts grands risques dans ses dénonciations de la corruption et du cynisme qui régnaient dans les sphères de pouvoir de l’Angleterre de son époque (Voir « La conduite des alliés », « La bataille des livres », « Les contes du Tonneau ». En ce sens, Swift fit pleinement partie des « Lumières » et certainement dans sa branche la plus radicale, par sa dénonciation de l’injustice sociale : « Le riche profite du travail du pauvre et il y a mille pauvres pour un riche. La masse de notre peuple est forcée de vivre dans la misère, travaillant tous les jours pour un maigre salaire, et permettant à quelques-uns de regorger de tout. » (Voyage chez les Houyhnhnms)

Ou encore : « Je sus combien d'innocents, combien d'hommes de bien avaient été condamnés à la mort ou à l'exil, parce que des gens haut placés s'employaient à corrompre les juges, et à faire jouer les haines de partis; je sus aussi combien de gredins avaient obtenu les postes les plus élevés dans la confiance des princes, ainsi que le pouvoir, les dignités, les profits et je vis quelle part immense de tout ce qui se fait et se décide dans les cours, conseils et assemblées revient aux grues et aux cocottes, aux entremetteurs, parasites et bouffons. » (Voyage à Glubbdubdrib)

On sera parfois fort surpris par la modernité de sa critique, dont l’actualité n’échappera à personne : « Je me rappelle personnellement que lorsque je parlais à M. Buys des nombreux millions que nous devions, il aimait à répondre sentencieusement qu'il était avantageux pour un État d'avoir des dettes. Cette opinion peut se justifier dans une République assez absurde pour que ses chefs cherchent à s'assurer de la fidélité de leurs sujets en prenant sur eux des gages financiers et en les persuadant qu'ils seraient ruinés par toute révolution, d'où qu'elle vienne. » (Du règne de la reine Anne)

Ainsi que : « Rien n'est plus efficace, pour briser les tempéraments même les plus combatifs, qu'une série ininterrompue d’opprobres. Un affront se fait plus impunément quand il en vient un deuxième et puis un troisième. » (La conduite des alliées)

On le vit également ardent défenseur de l’Irlande sous l’oppression anglaise : « En Angleterre - un pays où il a été à la mode pendant quelque temps de penser qu'on ne pourra jamais nous traiter avec assez de dureté. » (Lettres du drapier) ainsi qu’avec le terrible « Modeste proposition ».

Bien que son talent et sa verve lui aient ouvert quelque temps les portes de la cour à Londres, son esprit critique indomptable n’y fut pas longtemps toléré et son retour forcé en Irlande dès 1714 se prolongera jusqu’à sa mort.

Il fut également l’ami fidèle du poète Alexander Pope, du médecin, mathématicien et écrivain John Arbuthnot et de John Gay, l’auteur du « Beggar's Opera », au sein du fameux « Scriblerus Club ».

On ne pourra donc qu’approuver cette flamboyante déclaration que l’on trouve dans ses « Voyages de Gulliver » : « Ce n'est pas une mince satisfaction pour moi que de présenter un ouvrage absolument au-dessus de toute critique. »
Commenter  J’apprécie          83




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jonathan Swift Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz express [Swift]

1. Après quel évènement Jonathan Swift eut l’idée d’écrire son roman satirique « Les voyages de Gulliver » ?

Après un krach boursier
Après avoir assisté à une parade du cirque Tetrallini
Après avoir fait un rêve étrange
Après avoir effectué un voyage au Japon

3 questions
30 lecteurs ont répondu
Thème : Jonathan SwiftCréer un quiz sur cet auteur

{* *}