Jorge Luis Borges

L’argot, en fait, est une blague littéraire inventée par des auteurs de comédies et des paroliers de tangos ; les gens de faubourg l’ignorent, à moins que les disques d’un phonographe ne le leur aient enseigné.

L’origine d’une haine, comme la naissance d’autres passions, est toujours mystérieuse...

Elle pouvait faire des mots d’esprit en français, langue habituelle de ses lectures ; l’espagnol, pour elle, n’était qu’un simple idiome, à usage domestique, comme l’était le guarani pour les dames de la province de Corrientes.

 Il n’y a que la vérité qui blesse.

Un homme qui pense cinq minutes à une femme n’est pas un homme mais une lopette.

Le vieux avait ses lubies ; il aimait à mentir, non pour tromper son monde, mais pour amuser les gens.

Seul le bonheur est sans mystère, car il se justifie par lui-même.

Mieux vaut périr exécuté que de se donner soi-même la mort.

Le fait de posséder de l’argent ne procure pas davantage de bonheur ou de quiétude.

Pour un prisonnier ou un aveugle, le temps s’écoule comme de l’eau sur une pente douce.

Et si le désir n’est pas moins coupable que l’acte, les justes peuvent se livrer sans risque à l’exercice de la luxure la plus effrénée.

Il n’y a aucun livre si mauvais soit-il qui ne renferme quelque chose de bon.

Un vers de William Blake parle de jeunes filles de doux argent ou d’or fougueux, mais Ulrica était à la fois l’or et la douceur.