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Critiques de Joseph Safieddine (111)
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Monsieur Coucou

D'origine libanaise et marié à Prune, Allan vit depuis plusieurs années à Paris. Malheureusement, depuis quelque temps, il veille sur Thésée, sa belle-mère, atteinte d'un cancer en phase terminale. Très attentionné et dévoué avec elle, il essaie de la soulager au mieux, tente de lui remonter le moral, lui prodigue des massages apaisants, lui prépare des petits plats. Sa vie est aujourd'hui à Paris, dans cette famille qu'il s'est reconstitué, fuyant ses origines et son pays, allant jusqu'à refuser autant que faire se peut les appels de sa sœur restée au Liban. Une situation qui créé quelques tensions entre Prune et lui d'autant que l'ambiance devient de plus en plus tendue au vu de l'état de santé de Thésée qui s'aggrave. Un soir, elle lui parle de Hussein, un marabout qui fait des miracles au Liban. Elle lui demande alors d'aller le voir...



Peut-on réellement faire table rase de son passé ? Peut-on oublier d'où l'on vient ? Renier ses origines, son pays, sa culture, ses traditions et jusqu'à sa propre identité ? Autant de questions que soulève cet album en retraçant le parcours d'Allan. Fort bien intégré dans son pays d'adoption et sa belle-famille, rejetant catégoriquement tout ce qui attrait au Liban, Abel, qui se fait appeler dorénavant Allan, devra pourtant y retourner pour exaucer sûrement l'un des derniers vœux de sa belle-mère. Au cours de ce périple, l'on apprend peu à peu les raisons qui l'ont poussé à fuir. Lui-même d'origine libanaise, l'auteur, Joseph Safieddine dépeint, avec force et sensibilité, le traumatisme d'un exil et le portrait d'un homme tourmenté, déchiré entre deux patries. Graphiquement, Kyung Eun Park, de par son trait tout en finesse, nous offre de magnifiques et dépaysants paysages libanais d'autant que la palette de couleurs oscillant entre le vert/ocre pour le jour et le rose/violine pour la nuit nous plonge dans des ambiances particulières.

Une chronique sociale touchante...
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Fluide

Hector et Sacha écrivent de la BD. Ils créent un personnage, William, qui vit les expériences qu’ils voudraient mener. ● Sous couvert, j’imagine, d’une modernité à la mode qui fait exister des plans fictifs enchâssés, avec des auteurs réels qui créent des auteurs fictifs qui eux-mêmes créent des personnages, etc., le scénario va dans tous les sens et la limite de l’incompréhensible est allégrement franchie. Le récit n’est absolument pas maîtrisé. Quant aux dessins, ils sont laids, tout simplement. ● Ce travail n’est absolument pas abouti. Comment a-t-il pu être édité en l’état ? C’est n’importe quoi. Pour moi, il s’agit d’un brouillon qu’il aurait fallu énormément retravailler avant d’oser le proposer aux lecteurs. A fuir !
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Yallah Bye

Juillet 2006. La famille El Chatawi se rend à l'aéroport Charles de Gaulle. Direction, le pays natal de Mustapha, le papa: le Liban. Seul Gabriel, l'aîné, reste. Il les rejoindra dans 2 semaines. Il compte bien profiter un peu de l'absence de ses parents pour inviter ses amis à la maison...

À Tyr, au sud du pays, Mustapha, Anna et les deux enfants, Denis et Mélodie, sont accueillis par Farès, un ami de la famille. Denis va aussitôt faire un tour aux souks et retrouve là-bas son ami, Ali. Ils espèrent tous que le pays ne va pas fermer les frontières étant donné qu'un accrochage a eu lieu le matin-même avec les Israëliens. Mustapha n'est pas inquiet du tout à l'opposé d'Anna que le papa de Mustapha tentera d'apaiser. Mais, le soir, une fois installés dans leur appartement, des explosions retentissent au loin. Israël continue de bombarder le pays. Elle s'inquiète aussitôt pour Denis, resté avec quelques amis, et préconise de se rendre à Beyrouth, là où ils pourront repartir sans problème pour la France. Encore une fois, Mustapha tente de la rassurer, lui certifiant que cela ne va pas durer et qu'il a l'habitude. Malheureusement, les heures et les jours qui suivent vont lui donner tort...



Joseph Safieddine raconte l'histoire de la famille El Chatawi. En juillet 2006, alors que la guerre israëlo-libanaise commençait, cette famille décide de se rendre au Liban, pays d'origine de Mustapha. Dès lors, ce qui devait être un voyage dépaysant au soleil virera au cauchemar. Dès leur arrivée, les bombardements retentissent au loin. Suivront les coupures d'électricité et d'eau, la pénurie de nourriture, l'évacuation du personnel de l'ONU et les attaques qui s'intensifient. Dans ce récit autobiographique, l'auteur nous plonge au cœur de ce conflit vu par des civils, apeurés, angoissés mais aussi solidaires. L'on comprend le comportement de Mustapha qui ne veut pas laisser les siens et fuir un pays en guerre. L'on comprend un peu moins le fait qu'il mette en danger la vie de sa famille. L'auteur alterne habilement le récit en se penchant sur ce qui se passe au Liban et ce qui se passe en France, information qui sera d'ailleurs bien vite reléguée au faits divers, sans jamais juger la légitimité du conflit. Le dessin de Kyung-Eun Park sert à merveille cet album dense: un trait semi-réaliste très expressif et des couleurs ensoleillées.

À la fin de l'album, des explications, des photos et les témoignages de Joseph Safieddine et de Kyung-Eun Park qui sont les bienvenus.
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Les Fusibles

Club N°53 : BD non sélectionnée

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Au départ, je me suis dit que la couverture ne reflétait pas le dessin proposé dans cette BD qui n'est quasiment qu'en noir et blanc.



Il y a évidemment une raison scénaristique à cela que vous pourrez découvrir au cours de la lecture.



Cette histoire traite du déracinement et de la fuite d'un homme obligé de quitter son pays, entre autres, pour des raisons de guerres civiles récurrentes.



Ce récit est touchant et intelligent.



Aaricia

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Yallah Bye

Juillet 2006: les vacances d'une famille franco libanaise se terminent sous les bombes.



Partie pour quelques jours de détente, comme chaque année, elle se retrouve piégée au Sud Liban en plein conflit israelo-Hezbollah et vit sous tension extrême, reliée épisodiquement au fils ainé resté en métropole, qui se fait un sang d'encre avec des nouvelles directes délivrées au compte-gouttes.



Une gros roman graphique pour une guerre au plus prêt du réel, dans le quotidien bouleversé et dramatique des civils, sous coupures d'eau et d'électricité, changeant de quartiers au gré des tirs de position, dormant pendant les trêves des armes, faisant face avec courage et persévérance aux mauvaises nouvelles, au ravitaillement difficile, au stress et à la peur.

L'évacuation des ressortissants français, tant attendue, arrivera après des jours d'angoisse, laissant sur place les habitants autochtones dans l'horreur du conflit.



Une guerre parmi d'autres que subit le Liban depuis si longtemps, induisant un fatalisme parfois humoristique chez les habitants, mis en perspective par le ressenti d'une famille de métropole dans un contexte qui lui parait ubuesque.



Le dessin est hyper réaliste, les situations sentent le vécu, on est immergé par procuration avec des dialogues qui sonnent juste. Un beau travail de narration, de graphisme et de mise en couleurs.

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Le monstre

Antoine Kraven, brûlé dans un accident de voiture, est défiguré à vie. Devenu un "monstre" il s'habitue, difficilement, à sa nouvelle vie de reclus et de solitude.



Peu de dialogues dans ce huis clos dramatique où la folie fait place à la dépression occasionnée par la solitude. Solitude générée par Antoine lui même de par son refus de communiquer et sa non acceptation de la situation. Situation qu'il crée, comme il a créé la séparation d'avec sa famille et l'accident qui s'ensuivit.

De tentative de suicide avortée en tentative d'amour monnayé, Antoine s'enferre jusqu'à la garde et n'aura d'autre porte de sortie que son frère qui brisera l'interdit derrière lequel Kraven s'est enfermé.



Tom d'un crayon incertain, emplit de sensibilité, nous offre, dans des tons chauds et sombres, une intensité dans la descente aux enfers du héros. Quelques dessins éclatants de vivacité et de couleurs criardes nous rappellent ce qu'était la vie avant l'accident. La vie au quotidien, bien cernée, bien délimitée par ce trait maitrisé, dans une pudeur remarquable, détonne d'avec la monotonie du dialogue qui, je pense, est voulue.



De jeunes auteurs remarqués.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Les Fusibles

Les fusibles , c’est les plombs qui sautent régulièrement, trois jeunes adolescents sont souvent envoyés par leurs parents pour rétablir le courant .

Les fusibles ça se passe dans un pays imaginaire , pays en guerre ,peut-être au Liban .

C’est une histoire d’amitié mais aussi de déracinement, d’exil pour ceux qui quittent leur pays , leur famille , leurs amis et qui ne se sentent jamais plus à leur place , c’est aussi l’histoire de leurs enfants qui s’adaptent harmonieusement dans le nouveau pays de leurs parents , simplement parce qu’il est le leur mais qui veulent découvrir le pays dont viennent leurs parents , leurs racines .

Je remercie #netgalley et les éditions Dupuis .

Avant de poster ma critique , j’ai lu la courte biographie de l’auteur Joseph Saffiedine et j’ai eu la confirmation que mon intuition que ça se passait au Liban était la bonne puisqu’il est franco-libanais .

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Les Fusibles

Voici mon retour de lecture sur la bande dessinée Les Fusibles.

Dans une métropole anonyme d'un pays fragilisé, trois enfants jouent à « sauver la ville ».

Trente ans plus tard, Abel a fui le pays, s'est reconstruit ailleurs et élève seul sa fille, Billie, la tenant loin de ses origines.

Lorsque Georges, son ami de toujours, lui rend visite, il convainc Abel de rentrer pour accompagner les derniers jours de son père, malade.

Sur place, ils retrouvent ce quotidien chaotique qui a éloigné Abel de ses racines autant qu'il a enchaîné Georges à sa terre.

Les Fusibles est un roman graphique qui ne m'a malheureusement pas convaincu.

En le commençant j'ai compris que j'allais avoir un souci : le noir et blanc. Parfois, cela sublime le récit. Ici, je trouve que ça le dessert. En effet, j'ai trouvé que ça rendait la lecture terne, ennuyeuse.

Il y a un peu de couleur ici et là mais ça n'a pas suffit pour me convaincre.

De plus, les traits des illustrations sont très simples, il n'y a pas de recherche particulière.

Résultat je n'ai accroché ni aux illustrations, ni à la colorisation.

Quand au contenu, je n'ai pas non plus réussi à apprécier pleinement ma lecture.

Pourquoi ?

Car cet ouvrage est très brouillon.

On passe parfois du coq à l'âne et c'est dommage car le résumé était prometteur. Mais je me suis parfois ennuyée et je n'ai pas réussi à apprécier totalement ma lecture.

Il y a quand même de bonnes choses : la force de l'amitié entre ses deux garçons, que le temps qui passe ne gâche pas.

Le thème de la double nationalité, la difficulté de vivre avec ses deux nationalités, est bien traité.

Les Fusibles est un ouvrage moyen, c'est dommage car les thèmes traités (l'identité, la transmission, l'amitié) restent très intéressants, et importants. Il y a de bonnes réflexions dessus, mais ça ne suffit pas.

Ma note : 2.5 étoiles.
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Fluide

Hector et Sacha sont amis et co-auteurs de BD. Alors qu'Hector file le parfait amour avec Jeanne, cette dernière lui fait part de son envie de faire d'autres expériences sexuelles, et invite son compagnon à se sentir libre de faire de même.



Perdu dans ce nouveau cadre de couple libre, Hector se confie à Sacha, éternel célibataire fasciné par l'idée mais pas plus à l'aise avec la mise en pratique ! Comme lorsqu'ils travaillent à un récit, ils décident d'associer leurs imaginations pour trouver la force d'agir et de partager cette aventure.



De ce pacte naît « William », personnalité fictive que l'un ou l'autre endosse à chaque nouvelle expérience, jusqu'au jour où tout dérape



Fluide est un projet à double détente si on peut dire.



Au départ, c'est une websérie de 10 épisodes de Thomas Cadène et Joeph Safiedine co produite par arte france et mise en ligne sur arte.fr depuis mars dernier avec dans les jeunes acteurs, la toujours épatante Pauline Clément.Mais c'est aussi une BD des memes auteurs dessinée par Benjamin Adam publié depuis avril 2021 chez Dargaud et arte éditions.



Les questionnements existentiels et amoureux du quatuor animent Fluide. la série et la BD qui chronique les frontières floues des désirs et de leurs orientations et les injonctions un peu dépassées à la virilité.



https://api-cdn.arte.tv/api/mami/v1/program/fr/093986-007-A/400x225?ts=1617114111



Fluide est une " bromance" plutôt drôle et surprenante qui bouscule les codes de la masculinité et explore les frontières mouvantes du couple dans la société actuelle.

Un double projet Amusant et pédagogue.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Monsieur Coucou

C’est avec émotion, il y a quelques jours, que j’ai tourné la dernière page de ce livre. Impossible pour moi de garder le silence et de ne pas vous délivrer mon ressenti tant il y a longtemps que je n’avais été aussi touchée par un roman graphique.



Depuis la semaine dernière, je me demande comment vous parler avec justesse de ce livre, de sa profondeur, de sa générosité. Je tourne, je vire, je jongle avec les mots mais ils ne reflètent pas mon ressenti, alors si je vous en parlais avec simplicité ?



On ne peut pas dire que le titre soit accrocheur et pourtant quand on comprend sa signification tout prend son sens et cette histoire devient philosophie et évidence.



Pourquoi Coucou ? C’est la première question que je me suis posée !



Coucou : Gros oiseau passereau […]. La femelle pond chacun de ses œufs dans un nid de passereaux d’une autre espèce […] ; les parents adoptifs couvent, puis nourrissent le jeune coucou, qui jette les œufs de l’espèce-hôte par dessus bord. [Le Larousse]



Toute la clef de l’histoire est dans cette définition.



Il y a bien longtemps Abel a quitté sa famille et son pays, le Liban. En s’exilant à Paris, il enfouit son identité au plus profond de son être et renferme ainsi un passé qu’il veut à tout prix oublier. D’ailleurs, il ne s’appelle plus Abel mais Allan. Mais les choses ne se passent pas toujours comme on le souhaite. Un jour ou l’autre les secrets de famille resurgissent et vous accablent avec violence. Parfois le temps est assassin. Le moment est peut-être venu d’affronter ses souvenirs, ses origines, sa mère… son histoire !



Moi-même fille d’exilé, je ne pouvais qu’être touchée par cet homme à la lisière de deux pays. Il affronte tant bien que mal sa culture et son histoire. Au fil des pages, on l’accompagne dans sa quête, on l’accuse, on le blâme puis on le comprend et enfin, on finit par l’aimer.



Joseph Safieddine, jeune auteur libanais, a fouillé dans sa mémoire et a posé ses maux sur cette histoire, peut-être son histoire, avec pudeur, élégance et beaucoup de sensibilité. Pour parachever ce coup de cœur, le texte est transcendé par les couleurs chaudes et le très beau crayonné des dessins. Kyungeun Park retranscrit à merveille les expressions sur les visages, les émotions dans les regards et le silence devient langage. On ressent la brise dans les cheveux d’Abel et la moiteur sur sa peau brûlée. Les paysages sont d’une telle splendeur que les parfums de coriandre, de cumin et de cannelle viennent caresser vos sens.



Entre plume et pinceau, ce livre éveille en nous une furieuse envie d’évasion vers soi et vers l’orient…



Monsieur Coucou où quand l’oiseau tombe de son nid…


Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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Les Fusibles

Dans une ville en guerre, trois ados cherchent à sauver leur ville. Des années plus tard, l'un d'entre eux a fui son pays et refuse d'y retourner avec sa fille.

Des langues différenciées uniquement par la forme des bulles utilisées, une ville anonyme dans un pays qui l'est tout autant, un pays d'accueil tout aussi inconnu… A force de vouloir donner une forme d'universalité au récit, j'ai eu du mal à plonger dans l'histoire. D'autant que le récit est un peu confus, sautant d'une époque à une autre, revenant en arrière, sans parler des planches en couleurs dont on ne sait pas vraiment si elles sont sensées évoquer un bonheur perdu ou des évènements qui n'ont jamais existé.

Quant aux personnages, ils manquent d'épaisseur, on peine à s'attacher à eux, parce qu'il manquent cruellement de contexte, de petites anecdotes pour leur apporter de l'épaisseur.

J'ai beaucoup aimé les dessins, avec leur trait simple et une volonté d'aller droit au but. Quand au noir et blanc, il colle parfaitement à l'ambiance de cette ville sur le fil de la guerre.

C'est dommage, parce que le propos de cet album qui mêle les thèmes de la guerre, le révolte, l'amour pour son pays, la difficulté d'émigrer, comme de revenir, mais aussi l'amitié avait tout pour passionner.
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Yallah Bye

Yallah Bye est une bande dessinée-témoignage qui, si l'histoire se déroule pendant le conflit israélo-libanais de 2006, met beaucoup plus l'accent sur les relations humaines que sur le conflit politico-religieux. Et heureusement car il n'est pas toujours facile de comprendre les motivations et les conséquences des guerres au Moyen-Orient (en ce qui me concerne en tous cas).



Le récit se concentre sur la famille El Chatawi, venue en vacances au Liban (le père étant d'origine libanaise) et qui se trouve prise dans une guerre entre Israël et le Hezbollah. Parviendront-ils à retourner en France sains et saufs?



Sur le bandeau du livre est écrit "Juillet 2006. Les bombes déchirent le Liban et soudent une famille". Pour moi, il s'agit là d'un mensonge, ou bien j'ai tout compris à côté de la plaque...

La famille est bien loin d'être soudée et c'est d'ailleurs le point négatif du récit. Difficile de s'attacher aux personnages masculins : ils sont complètement amorphes! Denis, le fils hémophile, vit sur sa planète et joue aux jeux vidéos comme si de rien n'était. A aucun moment il n'a l'air de s'inquiéter, ce qui est vraiment inquiétant! Les amis libanais de la famille ne s'inquiètent pas beaucoup plus, ou du moins tentent de cacher leur peur. Mais le pire de tous est sans conteste le père, Mustapha, qui passe son temps à dire que tout va bien et à fustiger sa femme à cause de l'inquiétude, ma foi légitime, qu'elle ressent.



Les points positifs, car il y en a bien-sûr, sont les descriptions d'un quotidien que l'on a du mal à imaginer, nous les Occidentaux. Tout me paraît réaliste, surtout lorsque l'on sait que le scénariste est franco-libanais et que l'histoire qu'il raconte puise directement dans les mésaventures familiales. Le manque d'eau et de nourriture, les bombes qui tombent au hasard et tuent les amis et la famille, les coupures de courant, la chaleur, les conflits, les communautés religieuses, la peur, la solidarité aussi... Bref, un quotidien difficile.



On ressent une grande sympathie pour le fils Gabriel, resté en France, qui a peu d'informations sur ce qui se passe au Liban. On angoisse à ses côtés, à l'affût de la moindre information sur un retour hypothétique de la famille. Ce que l'on vit à ses côtés est aussi fort que ce que l'on vit au Liban, sa souffrance étant bien décrite et dépeinte.



La part belle est faite aux sentiments qui habitent les exilés : l'impression d'abandonner les siens, de fuir un pays aimé. La douleur de laisser ceux que l'on aime dans le chaos et de se sentir impuissant. Si je comprends bien la douleur et le dilemme que peut ressentir le père, j'ai tout de même eu du mal à comprendre qu'il mette sa femme et ses enfants au second plan. Les flash-back qui donnent à voir la première fuite de Mustapha adolescent, n'apportent pas grand'chose de plus à la narration.



Enfin, le dessin, expressif, et la mise en couleurs sont de sérieux atouts. De même que les explications finales sur le conflit de 2006, les photos et les témoignages de Joseph Safieddine (qui a vécu les mêmes événements que la famille El Chatawi) et de Kyungeun Park (qui a fait le déplacement jusqu'au Liban afin d'être le plus réaliste possible).



Un album fort donc, soutenu par Amnesty International pour sa dimension humaine. Et c'est sans aucun doute ce qui restera à la fin, ce sentiment d'impuissance et d'incompréhension face aux conflits du Moyen-Orient, conflits qui tuent tant de personnes innocentes au nom de la religion.



*Challenge Variétés 2015 : "un roman graphique (ou bande dessinée)"*
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Que j'ai été

Quelle lecture réellement pathétique ! Effectivement, il ne vaut mieux pas enchaîner avec « le jour où le bus est repartie sans elle » car voilà réellement une BD déprimante qui peut très vite vous faire entrer en dépression à condition d'être très fragile mentalement parlant.



L'expérience traumatisante vécue durant l'enfance par Charlie ? En étant petite fille en colonie de vacances, elle aurait pu être la proie d'un animateur de 25 ans pédophile qui a été arrêté 8 ans après alors qu'elle avait 16 ans. Bref, elle a eu l'impression d'avoir échappé au danger des attouchements par décalage temporel. C'est comme quand vous traversez sur un passage protégé après qu'un fou du volant ait manqué de vous écraser 5 minutes après. Mais bon, cette petite fille devenue femme a commencé à craquer totalement et a été obligé de suivre une psychothérapie. Sa vie amoureuse a d'ailleurs été un désastre. Elle aurait dû porter plainte pour se faire indemniser en rejoignant un collectif de victimes.



Tout cela découle d'un sentiment d'insécurité pour avoir passé très près dans la gueule du loup. Je crois que j'ai dans l'absolu un peu plus de compassion pour la petite fille qui perd ses parents lors d'un bombardement en Syrie que de cette situation que je trouve risible. Est-ce humain que de penser ainsi ? Je sais qu'on peut être marqué par des choses qui peuvent nous paraître insignifiantes et que pourtant la douleur est bien réelle. Mais là, je n'y arrive pas. La victimologie par ricochet n'est pas trop mon truc.



Une œuvre intime et sincère mais que je n'ai pas aimé. Le raconter sous forme de BD peut être une forme de thérapie pour l'auteure. Je peux parfaitement le comprendre. Cependant, je ne suis pas obligé de partager l'esprit perturbé d'une jeune femme. Je ne suis pas Charlie.
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L'homme sans rêve

En découvrant L’Homme sans rêve de Joseph Safieddine au scénario et Olivier Bonhomme au dessin, j’ai réalisé que j’avais déjà vu des œuvres de ce dessinateur sur les réseaux sociaux ou encore dans Le Monde. Je pensais donc être, un peu, en territoire connu



Une mégapole inhumaine… des blocs de béton, des mendiants dans les rues, une foule pressée et anonyme… Un port… Une verticalité impressionnante et oppressante.

Un personnage principal particulièrement antipathique… Stan, présentateur vedette d'une émission à sensations, une sorte de jeu télévisé genre « La Roue de la fortune » ou quelque chose d’équivalent, présente toutes les apparences de la réussite et du succès. Très imbu de lui-même, élégant, il vit dans un bel appartement, joue au tennis, etc… Cependant, il est sous pression, pris dans un engrenage professionnel qui l’oblige à aller toujours plus loin… On découvre peu à peu ce qui se passe dans son émission, comment, beau-parleur et manipulateur, il recrute les participants, à quoi les candidats sont contraints…

Un étrange vieux pécheur, un enfant, un musicien des rues… Cela pourrait être une belle rencontre.

Que deviennent les rêves d'enfant ? Les oublie-t-on à jamais ? Certains adultes semblent n'en avoir jamais eu... C'est manifestement le cas de Stan qui abîme tout ce qu’il touche.



J’ai d’abord eu beaucoup de mal à entrer dans cette BD, dans une ambiance étrangement colorée à la fois très suggestive et intrigante. Les grandes planches tenant toute la page me plaisaient assez, par leur puissance évocatrice, leurs détails, leurs coloris, leurs tonalités d’aquarelle… Par contre j’ai détesté les personnages, leur gestuelle, leurs physionomies… Je me suis même sentie agressée visuellement par certaines illustrations…

Je n’ai pas bien saisi la correspondance entre la vie réelle de Stan, son quotidien professionnel et privé où il se croit au-dessus de tous et toutes et la partie onirique du récit.

J’ai posé cette BD, l’ai reprise et relue, sans trouver la faille, le passage, la brèche par où l’émotion aurait pu se frayer un passage.



Un rendez-vous manqué pour moi…


Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Les lumières de Tyr

Avec beaucoup de générosité et de naïveté, Mustapha et Mohamed vont chercher à rendre espoir et joie à la population de leur quartier dont les nerfs sont mis à rudes épreuves toutes les nuits. Organisant un petit commando de super héros, ils parcourent les rues, parfois au péril de leur vie, pour enclencher les interrupteurs et assurer un sommeil réparateur à leurs voisins et amis. Malgré eux, ils provoqueront la décision précipitée de leurs parents de les envoyer hors du Liban pour les mettre en sécurité.

Les rêves héroïques de ces enfants sont l’occasion pour le scénariste de montrer le conflit libanais autrement et avec plus de densité. Il aborde par exemple l’horreur des jouets piégés parachutés lors des bombardements et qui explosent dans les mains des enfants, le stress moral qui mine les hommes les plus résistants, la dispersion des familles… Mais la gentillesse et l’optimisme de ces enfants rendent la lecture énergisante. Même dans les pires moments, il faut garder l’espoir. Une belle leçon de vie.

J’ai aimé le noir et blanc des dessins qui apportent une profondeur au récit en mettant en exergue la gravité de la situation. Mais je regrette, malgré des visages très expressifs, le manque de finesse et de précision dans les traits et les décors, souvent minimalistes.

Un album à découvrir pour mieux appréhender ce conflit libanais et à mettre en perspective avec « Valse avec Bachir » qui nous présentait la Guerre du Liban du point de vue israélien.

Merci beaucoup à Masse critique de Babelio de ‘m’avoir donné l’occasion de découvrir ce beau récit.


Lien : http://argali.eklablog.fr
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Monsieur Coucou

Monsieur Coucou est un titre qui sonne très mal pour cette œuvre. Personnellement, je ne l’aurais pas choisi car cela n’apporte rien d’autre que de la confusion et de l’étonnement. Le sujet est pourtant grave car il s’agit d’une belle-mère victime d’un cancer qui s’éteint petit à petit. C’est le gendre, issu de l’immigration arabe, qui s’occupe d’elle avec dévouement comme si c’était sa propre mère.



Jusque-là, tout va bien sauf qu’il a lui-même des relations plus qu’exécrable avec sa famille qu’il a totalement rejeté. Pour autant, il empêche son jeune frère et sa jeune soeur restés au Liban de développer une affaire commerciale à cause d’une histoire de signature devant notaire sur la vente de terrain. Il bloque la signature alors que sa vie est totalement en France puis plus d’une vingtaine d’années. J’avoue avoir mal compris ces motivations profondes qui n’ont de sens que de faire obstacle à la sacro-sainte liberté d’entreprendre.



Pour autant c’est également une critique de notre façon de penser et de se comporter en famille face à la maladie. Il est vrai que notre protagoniste principal Allan possède de réelles qualités humaines qui font défaut à pas mal de monde notamment de son entourage proche. Il devra également balayer devant sa porte avec un voyage sur le retour aux sources. Le Liban en prendra pour son grade bien que le pays ne soit jamais mentionné comme pour ne pas froisser certaines susceptibilités. Rien ne sera épargné. En cela, c’est une oeuvre plutôt sincère. J’ai bien aimé ce témoignage d’un exilé.
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Le monstre

Le monstre est un regard sans concession sur un homme qui a perdu son visage suite à de graves brûlures lièes à un accident de voiture. On souffre avec lui dans une solitude où il s'enferme pour éviter le regard des autres. Toute cette frustration va le mener aux confins de la folie. C'est un drame psychologique à découvrir mais dont la lecture ne sera pas forcément marrante. Il faut en avoir envie.



On découvre également, grâce à cette maison d'édition qu'est Manolosanctis, de nouveaux talents avec des jeunes auteurs émergents qui ne font pas dans le grand public. C'est poignant car traité avec subtilité dans une ambiance étouffante et presque claustrophobique.
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L'enragé du ciel

L'enragé du ciel est une bd qui rend hommage à un as de l'aviation. Je ne connaissais pas le destin de Roger Henrard. On va partir de 1907 jusque dans le milieu des années 50 pour suivre les véritables aventures d'un pilote virtuose.



Pour résumer, c'est un pilote chasseur d'images qui a été l'inventeur de la photographie aérienne ce qui a beaucoup servi au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Mais on se souvient également de ces photos aérienne de Paris et de ses magnifiques monuments. Près de 2000 photographies aériennes de Paris sont aujourd'hui conservées au Musée Carnavalet.



De 1939 à 1940, Roger Henrard réalise au profit des services de renseignements français d'audacieuses missions d'espionnage aérien au-dessus de l'Allemagne ; une fois la France occupée, il se repliera en Algérie pour continuer le combat…



Enfin, c'est un véritable coureur de jupons. Même le mariage n'aura pas raison de son démon intérieur ce qui le rend pour beaucoup plus humain. Il va également y avoir des drames familiaux.



C'est une lecture qui possède quelque chose d'un peu différent de mes lectures sur la biographie. Ce quelque chose en plus fait que c'est une oeuvre admirable. Non seulement, cela passionnera les fans d'aviation mais également les autres.



Un mot sur le jeune dessinateur qui a également fait des prodiges pour un premier album. Il a le talent nécessaire. Il faudra le suivre.



Pour la petite histoire, le scénariste est l'arrière petit-fils de Roger Henrard. Il est issu d'une famille franco-libanaise. Un de ses derniers titres marquants est Yallah Bye que j'avais beaucoup aimé. Ici, la lecture est marquée par une belle fluidité. Il a également rempli sa part.



Il faut la lire pour ne pas passer à côté de quelque chose. J'ai hâte de voir des avis ultérieurs.
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L'enragé du ciel

Tout d’abord un grand, et même très grand, merci à Babelio et aux éditions Sarbacane !



L’enragé du ciel est une BD planante.

Elle me faisait de l’œil chez mon libraire et du coup je lorgnais beaucoup dessus, alors lorsque j’ai appris que je l’avais gagné par Babelio, j’étais dans les cieux de la joie !



Bon trêve de plaisanteries, revenons-en à cette BD sur Roger Henrard.



Son arrière-petit-fils, Joseph Safieddine, nous conte l’aventure de la vie de son arrière-grand-père avec délicatesse, humour et surtout beaucoup de respect (et certainement de fierté…) mais sans parti pris.

Il nous dépeint les bons comme les mauvais côtés de l’homme, mais surtout l’idée brillante qui l’a porté en haut de l’affiche.



Roger Henrard était donc un photographe passionné d’aéronautique, mais aussi un sacré coureur de jupon.

Ne pouvant vivre de sa passion aéronautique, il vivota de petit jobs jusqu’à ce qu’il s’investisse dans l’entreprise héritée par miracle par son père, d’un grand industriel…



Roger Henrard devint un flambeur… mais il finit par avoir une idée de génie : adapter un appareil photo sur un avion !!

Cette idée concrétisée fera de lui l’un des hommes les plus célèbres de par sa réussite, car l’armée, en temps de guerre, fait appel à lui et à son invention pour aller en reconnaissance et prendre des photos au-dessus des territoires ennemis.



L’histoire de cet homme est très intéressante, curieuse mais aussi dramatique. Je n’aurai absolument pas souhaité être dans certaines de ses situations (à commencer par la guerre…)



Loic Guyon illustre à merveille la vie de ce personnage haut en couleur, le tout avec de sympathiques caricatures des personnages, le trait fin, léger, loin d’une perfection mais avec beaucoup de charme et de chaleur. Le style de dessin est donc très agréable.



Le seul petit bémol vient de la police adoptée dans les bulles : un style manuscrit… Cela surprend au début, voire rebute un peu, mais on finit par se plonger complètement dans la lecture.



Les éditions Sarbacane nous livrent donc un bel ouvrage à (s’) offrir et fort intéressant.

J’ai beaucoup aimé !
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Les Fusibles

Fusible : personne ou objet permettant une transmission entre deux éléments ou assumant une responsabilité intermédiaire.



Moyen-Orient, Abel, Georges et Sarah jouent à sauver une ville en proie aux coupures d'électricité mais où la vie de ces trois jeunes gens semblent malgré tout couler de source. Un saut dans le temps plus tard, on retrouve Abel, parti vivre en occident, accueillir Georges, venu lui rendre visite.



Joseph Safieddine reprend un thème qui lui est cher. Dans "Les fusibles", il raconte une histoire intime. Celle du départ du pays d'origine, de la transmission ou non de sa culture, de la distance avec la famille, de l'identité... Mais il parvient à mettre à distance l'intime pour tendre vers l'universel.



Avec le dessin semi-réaliste en teintes de gris de Cyril Doisneau, avec l'anonymat des pays, des villes, il raconte une histoire touchante et éclairante sur la situation de ceux qui sont écartelés entre deux pays, deux cultures. C'est aussi une belle histoire d'amitié renforcée par les couleurs fantasmées d'Isabelle Merlet.



J'ai été très sensible à cette histoire de fusible, de celui qui fait bloc, pour protéger, assumer... Une jolie métaphore qui parlera à beaucoup, qu'on soit déraciné ou pas.

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