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3.12/5 (sur 78 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1986
Biographie :

Josselin Guillois est auteur d'un premier roman intitulé "Louvre", publié parmi les livres de la rentrée littéraire 2019 des éditions du Seuil.

Il figure dans la première sélection du prix Stanislas qui récompense chaque année un primo-romancier de la rentrée littéraire.



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Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/josselin-guillois-le-coeur-d-un-pere-53397.html Attention, talent à suivre. Découvert avec son premier roman « Louvre » en 2019, Josselin Guillois est assurément un jeune auteur avec lequel il faudra compter. Professeur de littérature, il reconnait deux passions dans la vie, l'écriture et les beaux-arts. En 2019, il fait sensation avec son premier titre « Louvre » où, s'emparant habilement de la réalité historique, à savoir le transfert des oeuvres du musée parisien vers la province, il nous raconte cette histoire de façon romanesque à travers les journaux intimes de trois femmes. La qualité de l'écriture et la construction de l'intrigue, originale, ont séduit lecteurs et critiques. Voici son nouvel opus « le coeur d'un père » aux éditions du Seuil. Cette fois-ci, nous sommes en 1656, à Amsterdam, dans la maison de Rembrandt. Depuis son veuvage, le célèbre peintre n'est plus que l'ombre de lui-même, cherchant à faire évoluer son travail, il a déçu ses commanditaires, la curée n'est pas loin, les créanciers sont à la porte, la ruine est proche. Mais Rembrandt n'est pas seul. Son fils Titus vit avec lui, il a 16 ans et cherche désespérément l'affection de son père. L'intrigue, qui prend délibérément des libertés avec la réalité historique, s'étend sur 7 jours, comme la Genèse et alterne la parole du jeune homme face au mutisme de son père et la voix du narrateur qui raconte la jeunesse et le parcours de Rembrandt. Au-delà de l'artiste, c'est bien la relation père-fils qui est ici contée, l'incompréhension, la difficulté à se dire les choses, la soif d'expériences. Ou quand l'amour ne sait pas dire son nom. Un sujet passionnant, une ambiance envoûtante, une écriture ciselée qui sonde l'âme et le corps. le nouveau roman de Josselin Guillois prouve le talent de ce jeune auteur. « le coeur d'un père » est publié aux éditions du Seuil.

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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Tu dois aussi apprendre pourquoi Jaugard a fourni les localisations des oeuvres aux allemands. Sait il seulement qu'en découvrant cela plus d'un réseau serait prêt à le faire tuer? Et par dessus tout, Jeanne il faut trouver le moyen d'entrer dans les salles égyptiennes, il faut voir ce qui se cache là dedans.
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Ce n’est pas aux peintres de transfigurer notre monde! J’ai vu! J’ai vu chez les peintres combien l’approximation, la précipitation, la frustration, la colère, la petitesse aboutissent toujours au consentement à la médiocrité. J’ai vu le peintre blessé, dévasté par ses défaites intérieures, devenir, lorsqu'il veut vendre son travail, bâté, pontifiant, prétentieux! Il sait qu’elle est chétive, sa toile, vulgaire même, loin du compte initial, mais il laisse faire l’orgueil, et il vend, et il vend, et nous contemplons ébahis! Des cons devant le temple! Odieux. Le peintre n’est pas supérieur au modèle qu’il peint, c’est l’inverse qui est vrai. La preuve que la peinture nous trompe? C’est qu’elle a besoin d’un public. J'en ai soupé d’être trompé. Je crois pourtant que chez un peintre peut vivre le désir, le souhait, le noble souhait, la prière parfois, d’un idéal. Mais quoi, la main ne suit pas le cœur! Elle ne peut pas, elle échoue, tout le temps elle échoue. Ils ne peignent pas avec le cœur, ils peignent par orgueil. Leur tête est sale et rouillée et pleine de mensonges. Les lâchetés acceptées par le peintre deviennent pour le spectateur ignare d’admirables audaces. Mais le peintre sait que son tableau est raté, il le sait! Mais vit de ça! Et il laisse faire! Il se fait payer pour qu'on accroche ses défaites! Qu’on les admire! Odieux! Petit peintre lamentable! Je cherche un homme dans le peintre. Mais chaque peintre est un porc qui mâche sa lâcheté. p. 130
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(Les premières pages du livre)
« Amsterdam, 1656
C’est puéril, mais chaque matin c’est pareil, je voudrais dormir, mais te guetter me réveille. Comme si je cultivais une bête dedans moi, à mes dépens, une espèce d’ourse très maternelle, qui vit dans ma grotte intérieure, et l’animal, elle est prête (le sourire aux lèvres !) à crever d’insomnie, pourvu qu’elle se régale de chaque pas de son rejeton très ingrat. Et cette grosse bête à l’intérieur refuse que je prenne du répit, alors, vers l’aube, elle s’ébroue, elle s’étire, parce qu’elle est furieuse, la grosse bête, que je rêve, et elle s’étire si dur, elle se secoue si fort, que c’en est cuit de mon sommeil. Ça rate pas ! Chaque matin après ta nuit de travail, quand tu descends de l’étage, quand les cloches du quartier n’ont pas commencé de sonner, quand la ville goûte encore un peu de torpeur, mon plafond grince, ton plancher craque, tu abandonnes le chevalet, tu quittes ton atelier, et la bête toujours à l’affût sonne alors le branle-bas, car elle veut le cueillir, son ourson qui revient de cueillette, et me voilà bien réveillé. L’ourson, c’est toi papa. Ce matin, très tôt, trop tôt, tu as refermé la porte de l’atelier, tu as descendu l’escalier, lourd comme un bœuf, tu as poussé du pied la porte de ta chambre. Et cette voix dedans moi qui me presse : « Qu’aura-t-il fait de beau cette nuit? Quelle nouvelle œuvre? Questionnons-le ! » Vrai, je vire cinglé de me laisser dompter par un animal inventé… Tout à l’heure, puisque j’étais éveillé, foutu pour foutu, je me suis dit : Autant le saluer. Je tendais l’oreille, tu soufflais dans ta chambre, de ton gros souffle chaud, vrai minotaure, et j’ai commencé à m’étirer. Tu as défait ta veste, et je me suis levé ; tu as retiré ta ceinture, elle est tombée violemment au sol, pendant que je mettais mon maillot ; tu as dû baisser ton caleçon, commencé de remplir ton pot de chambre, et je me suis dépêché de trouver mes chaussettes. Je me suis dit : Si j’arrive à les enfiler avant qu’il termine, il acceptera de manger une crêpe avec moi. Et je me suis dépêché, si tu savais ! « Salut papa, comment vas-tu? Tu as bien travaillé cette nuit? On petit-déjeune ensemble? » C’est ça que je voulais te dire. Mais je n’avais pas trouvé la deuxième chaussette que ton jet s’était tu. Je suis sorti de ma chambre, j’ai fait les trois pas pour arriver à ta porte, je t’ai entendu tomber sur le lit, et quand je suis entré tu ronflais.
L’état de ta chambre… Volets clos, pantalons en boule, caleçon qui paresse, sabots qui gisent, et cette odeur d’un bœuf qui ne vit que pour lui. Je n’allais pas te laisser dans ces parfums, alors j’ai entrouvert la fenêtre, et j’ai pris ton pot pour le sortir… mais tu es apparu, là. Étendu. Devant moi. Sur le dos. Tu es là. Faire face, je dois faire face. Ton ventre… si… grand. Et ton visage… relâché, tendre. Me pencher. Avoir le courage de me pencher. Mon Dieu, si quelqu’un me surprenait. Tu es là. Étendu. Endormi. Je suis fait de toi. Est-ce que tu es fait pour moi?
On a frappé en bas, j’ai sursauté, j’ai descendu l’escalier, le pot à la main, comme un couillon, et j’ai ouvert la porte, ce pot à la main, et quel couillon, car devant moi il était là, lui, le créancier, et quelle honte j’ai sentie.
Il portait la fraise à la confusion, souple, plissée, onduleuse, à laquelle il avait donné une teinte de pêche, le col ployant sous les dentelles, son vêtement était prune, ses souliers saumon, et sa bouche semblait une cuisse de nymphe émue. Ça respire l’aisance, l’autorité et l’argent. Une dague à sa ceinture m’a hypnotisé, une belle dague argentée, courte et souple, qui paraît très aiguisée. Comme il scrute. Il a regardé le pot, il m’a regardé, et j’ai compris que désormais il m’associerait à ce pot, et que je serais l’appendice de ce pot. Il a l’air cruel, mais sa peau est superbe, elle appelle étrangement les bontés et les soins. Il a des yeux verts, et sa dague avec le soleil matinal luit merveilleusement : Christian Christoffels.
« Ah, jeune homme, il ne suffisait pas que je traverse ces odeurs de rouille, de fumier, de sang des vaches, encore fallait-il qu’on me confronte à la pisse des Van Rijn? Soyez gentil, rangez cela. Vous êtes son fils, n’est-ce pas? Je vous reconnais. Vous avez changé, mais je vous reconnais, vous gardez votre museau d’enfant, et vos joues ont gardé leur rose, charmant. Je reconnais la beauté, quand elle est fraîche. J’ai un portrait de vous, savez-vous? Que j’ai accroché dans mon salon, au milieu de mes natures mortes, entre les nectarines et les poires. Attendez, c’était en 1644, quel âge aviez-vous alors? Je l’ai gardé ce tableau, il y a quelque chose. À l’époque, votre père me l’avait vendu pour 70 florins… Mais aujourd’hui, qui voudrait de votre image? C’était un peintre à l’époque, promis à être le plus grand, prêt à déclasser Rubens. Et puis il a cultivé le mauvais goût. Sa déchéance est sa juste punition. Bon. Alors comme ça on vit dans le Jordaan? (Il a regardé par-dessus mon épaule notre cuisine.) Et on se nourrit de harengs, c’est ça? Et de croûtes de fromage, n’est-ce pas? Je parie que boire une bière aigre vous coûte même cher, non? Bon, où est-il? »
J’ai dit d’attendre, et je suis monté te réveiller. Mais voilà, t’étais plus là. Ton lit était vide, et la fenêtre ouverte sur la rue. Papa…
Je suis redescendu, j’ai dit que je m’étais trompé, que tu étais sorti.
Christian Christoffels. Il a 50 ans peut-être, mais en paraît 30. J’osais pas trop le regarder, mais lui m’a inspecté, il m’a inspecté de bas en haut, et lui qui possède chez lui un portrait de moi, lui qui peut-être l’inspecte de la même manière qu’il m’inspectait à cet instant, lui qui vient chercher dans notre fange la matière de son indignation, eh bien il s’est approché de moi il a levé son bras et il m’a pincé la joue. J’ai pas pu l’empêcher.
« Vraiment? Il n’est pas là, le papa à son Titus?
– Non, monsieur.
– Et si j’entrais pour vérifier?
– Que voulez-vous?
– Mais c’est qu’il mordrait ! Ce que je veux? 3 470 florins. Intérêts et taxes compris. Ce n’est pas toi qui vas les sortir de ta culotte, si? Ton père me les doit, et j’ai attendu trop longtemps. Alors j’ai porté l’affaire devant le juge. Tiens, prends, donne cette lettre à ton père. Prends je te dis ! C’est une convocation, ne la perds pas, petit idiot. Si ton père rentre un jour, tu lui donneras. Après tout, il a peut-être fui Amsterdam, laissant son gosse là, après tout… J’ai assez connu ton père pour savoir qu’il est capable de lâchetés très gonflées. »
J’ai pris la lettre, mais il est resté là. Je crois qu’il voulait me voir lire, et j’avais pas la force de le chasser, alors j’ai lu en tremblant :
Au citoyen Rembrandt van Rijn,
Troisième convocation.
Aujourd’hui 1er mars à 13 heures vous êtes sommé de comparaître au tribunal d’instance de l’Hôtel de Ville d’Amsterdam.
En cas de nouvelle absence, le juge Franz van Wolff statuera, avec effet immédiat des sanctions.
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Nous sommes en mission pour parrain, pour sauver les collections françaises, pour sauver la peinture, et c'est le printemps, le plus beau printemps du monde. Non ce que je veux dire c'est que pas une fleur nous salue, ni nous encourage, ou nous remercie, rien dans les fleurs ne s'alarme, parce qu'elles sont indifférentes au sort des peintures qui pourtant, souvent, les prennent comme modèles.
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Les fruits c’est juteux, le sucre, les vitamines, voilà le nécessaire pour que mon sang circule sainement, anime mes muscles, pourvoie ma future vulve, et qu’il sorte de moi comme chez une femme. Je me suis habillée pour aller au parc cueillir les premières framboises, j’ai descendu l’escalier, mais passant devant la cuisine j’ai entendu des pleurs. J’ai reconnu Laurette. Un homme lui parlait. J’ai poussé la porte. Elle était sur le tabouret, des épluchures d’asperges à ses pieds, elle essuyait ses yeux avec son tablier, elle hoquetait. C’était le poste de radio qui parlait : « Lille est maintenant désertée. Il y avait 350 000 habitants avant-hier, il n’en reste plus que 20 000 : les vieillards, les handicapés, les décérébrés. Tout le monde a fui. Les Allemands roulent vers… »
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On m’a raconté que le sein appartient à la mère, mais le lait est au nouveau-né, c’est sa propriété… Le mari de Mona Lisa, on le dit amoureux et aveugle. Je n’aime pas La Joconde, cette peinture me hante souvent, mais pour la première fois je suis seule avec elle.
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Mona Lisa, parce que ton utérus s’est bombé, tu es devenue Joconde. Tu as su accueillir verge et sperme, tu as porté l’enfant, ton vagin l’a glissé dans le monde, tu survis, tu recommences, tu recommences, et ton mari alors t’aime tant qu’il fait appel à l’art pour t’immortaliser : Vive l’utérus de ma femme, faites entrer Léonard de Vinci ! hurle Francesco. Ah, vous voilà, monsieur de Vinci, on dit que vous êtes doué dans votre métier, voici ma femme, elle est tout aussi douée dans le sien : regardez-la bien, je vous paie pour, peignez-la.
 
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Dormir seule, sans l’homme qu’on aime, n’est pas toujours triste si l’on saisit cette vacance pour tisser une toile d’amour qui le piégera à son retour. Je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai mordillé les manches de sa chemise, cajolé son oreiller, pourléché sa zone de draps, allumé des bougies, dansé autour du lit, avant d’éclater de rire en portant son bonnet de nuit au blanc pompon. C’est un rite, ça stimule la chambre.
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Aujourd'hui, je comprends une chose : si mon corps s'est résolu à pousser vite, ce n'est pas pour rien, c'es un signal, et j'étais gourde de pas le voir. Allons ! L'avenir de la France se joue là, je le sens. Si j'ai mes premières règles avant mon anniversaire, la France gagnera la guerre. Si mes règles arrivent après le 14 juin, l'Allemagne gagnera, c'est simple.
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- Gérard, mes phares marchent pas.
- Les miens non plus.
- Demande à M. le directeur d'en faire poser des nouveaux, c'est le musée qui facture, dit le patron.
- Vous êtes cons.
- Pourquoi ?
- Je vous rappelle qu'avec le balck-out on n'a pas le droit d'allumer nos feux.
- Avais oublié.
- Je parie que tous phares éteints je roule plus vite que toi. 1000 francs ?
- Tenu !
- Tu porteras quoi toi ?
- Des souliers cirés.
- Dans le camion ducon !
- Ah, des toiles d'Italie je crois."
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