Il appréciait de plus en plus d’échanger avec sa fille à propos des nouvelles. Il avait eu du mal à l’admettre, mais ces conversations avec elle l’avaient aidé à mieux prendre conscience de son rôle de policier. Elle avait un regard extérieur sur sa profession, qui l’avait souvent amené à remettre en cause l’idée qu’il se faisait de lui-même.
[...] La part occupée par les Lituaniens dans le pourcentage des étrangers se livrant à des actes criminels en Norvège était disproportionnée.
Depuis l'accord de Schengen, on avait démoli les sévères postes frontières aux entrées et sorties de l'ex-Union soviétique. Les automobilistes, passagers d'avions, de trains ou de bateaux qui étaient nationaux d'autres pays de Schengen n'avaient plus besoin de s'identifier avec un passeport ou un visa quand ils franchissaient la frontière. C'était ce même accord qui avait apporté la criminalité aux pays nordiques. L'élargissement de l'Union européenne en 2004 avait donné aux criminels accès à un grand marché et après l'entrée des pays de l'Europe de l'Est dans la coopération de Schengen en 2007, les vols avaient connu une recrudescence spectaculaire.
Ce n'était même pas la condamnation pour usage de stupéfiants dont il avait écopé ni l'entêtement et l'égoïsme dont il pouvait faire preuve. C'était tout bonnement qu'il ne lui semblait pas être l'homme sur lequel sa fille devait miser son avenir.
Il aimait le vin, mais n'avait jamais montré assez d'inclination ou disposé de suffisamment de temps pour s'intéresser aux cépages, aux producteurs, aux régions vinicoles, à ce qui se mariait bien avec tel ou tel plat ou pouvait se boire sans accompagnement. Il lui suffisait de reconnaître un bon vin quand il en goûtait un.