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Citations de Juan Gabriel Vásquez (188)


Je pensais à la Maison de la poésie, l'ancienne résidence du poète José Asunción Silva, désormais convertie en centre culturel, où l'on organisait des lectures et des ateliers. J'étais un habitué de cet endroit que j'avais fréquenté pendant mes études. L'une des salles était un lieu unique à Bogotá : les écorchés vifs de la littérature de tout poil pouvaient y prendre place dans de moelleux canapés en cuir et, grâce à un équipement assez moderne, écouter jusqu'à plus soif des enregistrements devenus légendaires : Borges lu par Borges, García Márquez mu par García Márquez, León de Greiff lu par León de Greiff.
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Les décorations de Noël commençaient à envahir les rues : des guirlandes nordiques, des bâtons de sucre d'orge, des mots anglais et des flocons de neige faisaient leur apparition dans cette ville où il n'a jamais neigé et où décembre est précisément le mois le plus ensoleillé de l'année.
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... je pense que nous sommes mauvais juges du moment présent, sans doute parce que, en réalité, le présent n'existe pas : tout est mémoire, la phrase que je viens d'écrire est déjà un souvenir, de même que celle que vous, lecteur, venez de parcourir.
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Pour lui, le billard n'était ni un passe-temps ni une compétition, mais sa seule possibilité, à l'époque, de fréquenter du monde : le bruit des billes qui s'entrechoquent, des boules en bois du compteur glissant sur les fils et des craies bleues frottées sur les procédés en vieux cuir constituait sa vie en société.
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Ce qui dérangeait le plus les victimes de ses caricatures, Mallarino l’avait constaté avec le temps, n’était pas de voir leurs défauts étalés, mais que les autres les découvrent : comme un secret qui sort au grand jour, comme si leurs os étaient un secret bien gardé brusquement révélé par Mallarino.
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Au bout de quelques secondes, le téléphone a cessé, un peu comme une truite agonisant sur la berge.
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Personne ne comprenait pourquoi on ne la découvrait jamais au même endroit dans l’immense maison ni pour quelle raison elle passait ses étés à vagabonder sur les trois hectares de terrain, comme un chat qui urine pour marquer son territoire.
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Je pense que nous sommes mauvais juges du moment présent, sans doute parce que, en réalité, le présent n'existe pas : tout est mémoire, la phrase que je viens d'écrire est déjà un souvenir, de même que celle que vous, lecteur, venez de parcourir.
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Je m'étonnais [...] de la célérité et du soin qu'on met à sonder sa mémoire, un exercice nuisible qui n'apporte au bout du compte rien de bon et ne sert qu'à entraver notre fonctionnement normal, commes les bracelets lestés de sable que les athlètes s'attachent autour des jambes pour s'entrainer.
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Les grands caricaturistes n'attendent d'applaudissements de personne, ils ne dessinent pas pour cela : ils dessinent pour déranger, incommoder, être insultés. On m'a insulté, on m'a menacé, on m'a déclaré persona non grata, on m'a interdit l'entrée de certains restaurants, on m'a excommunié. Et j'ai toujours réagi de la même manière, ma seule réponse aux plaintes et aux agressions a été la suivante : les caricatures peuvent forcer la réalité, pas l'inventer. Elles peuvent déformer, jamais mentir. (p.55).
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Alors, dans un éclair de lucidité, il se souvint de lui rentrant ce soir dans sa maison sur la montagne, montant à son bureau, s’installant sur une chaise, et il se rappela parfaitement ce qu’il fera.
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Maintenant, c’était son tour. Peu importait qui avait raison ou tort. Peu importaient la justice ou l’injustice. Une seule chose comptait plus que l’humiliation aux yeux du public : l’humiliation de celui qui avait humilié.
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L'âge adulte nous donne l'illusion pernicieuse de contrôler notre vie et sans doute dépend il de ce leurre.
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Il n'y a pas de manie plus funeste ni de caprice plus dangereux que de spéculer ou de conjecturer sur les chemins que l'on n'a pas empruntés.
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Magdalena chuchotait sur un registre de notes graves mais justes qu'elle seule était capable d'émettre, et Mallarino la désira de nouveau ; sans détour, il osa poser les yeux sur ses seins, dont l'image lui revint brièvement en mémoire, et il s'efforça de laisser transparaître ce souvenir dans son regard ; Magdalena fit semblant de ne pas avoir remarqué son trouble, même si ce genre de détail n'échappe pas aux femmes.
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- Une tribu indigène du Paraguay, ou peut-être de Bolivie, pense que le passé est devant nous, car nous le voyons et le connaissons, alors que l'avenir est derrière : tout ce que nous ne pouvons ni voir ni connaître.
[p. 168]
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- Quelqu'un ne disait-il pas qu'un homme qui a du succès est tout simplement un homme qui a réussi à dissimuler un complexe ?
[p. 96]
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Et pendant que j'étais plongé dans ces pensées, les rares personnes qui étaient venues assister à la crémation continuaient de s'approcher, et l'engourdissement de mes mains et de mes paroles fatiguées me happait de nouveau, démontrant une fois de plus ce que j'ai toujours su et qu'il n'a jamais été nécessaire de me démontrer : que je ne suis pas entraîné pour déplorer la mort, car jamais personne ne m'a appris ni les mots ni les comportements du deuil.
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- Qu'est-ce qu'elle pense de ton âge ?
- Elle trouve ça très bien. Bon, je suppose qu'elle trouve ça très bien, je ne lui ai pas demandé. Règle fondamentale de l'interrogatoire judiciaire : on ne pose pas la question si on ne veut pas entendre la réponse, méfie toi des questions boomerangs, comme disaient les anciens. Non, je ne veux pas de réponses qui me fassent le coup du lapin
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Apprendre : telle était mon intention, à la fois simple et prétentieuse; et réfléchir au passé, obliger quelqu'un à se le rappeler, était une façon d'y parvenir, un bras de fer contre l'entropie, une tentative pour que le désordre du monde, dont le seul destin est un désordre toujours plus intense, soit stoppé, mis aux fers, pour une fois vaincu.
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