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Claude Bleton (Traducteur)
EAN : 9782742772469
381 pages
Actes Sud (30/01/2008)
3.09/5   17 notes
Résumé :
Comment, à la parution de son premier livre, Gabriel Santoro aurait-il pu imaginer que la critique la plus dévastatrice serait écrite par son propre père ? Pourquoi le récit d’une vieille amie de la famille, juive allemande arrivée en Colombie pour fuir le nazisme, a-t-il à blessé son père au point que celui-ci se soit senti trahi? Le jeune journaliste décide alors de remonter le temps et découvre une page honteuse et méconnue de l’histoire de son pays pendant la se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En exergue:
"Jamais tu ne laveras de ce que tu as fait là-bas; tu ne pourras assez parler pour cela.
Qui veut prendre la parole?
Qui veut incriminer le passé?
Qui veut garantir l'avenir?"
(Démosthène- Sur la couronne)

Roman à nombreux tiroirs, Les dénonciateurs se base sur un fait historique : en 1943, au moment de la rupture de la Colombie avec les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie, Japon), des listes noires furent dressées et les Allemands résidant sur place furent sans distinction enfermés dans un camp, alors que beaucoup s'étaient justement réfugiés à Bogota parce qu'ils fuyaient le régime d'Hitler.
Pas que les allemands, d'ailleurs, les italiens, les japonais, et pour des raisons diverses, mais le plus souvent, bien sûr, à la suite de dénonciations de braves citoyens.

Le narrateur du roman, Gabriel Santoro, est journaliste et écrivain, et, dans un de ses livres, il raconte l'histoire d'un Allemande, juive, Sara Guterman,amie de sa famille qui a fui l'Allemagne juste à temps. le père de Gabriel est, lui, une sorte d'autorité morale en Colombie, intellectuel connu , et après lecture du livre de son fils, il en fait une critique féroce dans le journal dans lequel il est critique littéraire.
On découvrira plus tard pourquoi, bien sûr.

Ca, ce sont les faits. Après, il y a l'interprétation des faits, par différents personnages, qui racontent- dénoncent- à Gabriel chacun leur propre vision de l'histoire. Et une vérité chasse l'autre…Pour aboutir, bien sûr, à un portrait complexe d'un homme , le père, qui a porté sa faute toute sa vie . Faut-il pour autant encore le « dénoncer » après sa mort . Gagne-t-on beaucoup à se vouloir exécuteur public des oeuvres de justice , alors qu'il s'agit de faits si anciens? Quelles sont les réelles motivations des « dénonciateurs » qui se succèdent? Et en particulier du fils?

"Je l'avais utilisé : j'avais récupéré à mon profit, pour mes propres fins exhibitionnistes ou égocentriques, la chose la plus terrible qui lui était arrivée dans la vie .. Divulguer le malheur de mon père n'était qu'une trahison subtile et renouvelée ."

C'est un beau roman,complexe, dans lequel l'intérêt réside dans la diversité du nombre des points de vue. Un acte , et ses conséquences, innombrables pour les générations suivantes. Et on sait, bien sûr, que certaines choses ne se rattrapent pas. Ne s'expliquent même pas..


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Accessible, plutôt facile à lire, un sujet intéressant que je trouve pour ma part mal exploité, ou survolé. J'entends par là un aspect humain approfondi mais au dépend de l'aspect historique, qui me reste toujours aussi cher quant à mes lectures.
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Je ne suis pas arrivé malheureusement à rentrer dans l'histoire de ce roman.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
"Peuple : pour la restauration morale de la République ! Peuple : pour la défaite de l'oligarchie !" Pause et question faussement aimable de mon père : "Qui peut me dire pourquoi cette série de phrases nous émeut. Où réside son efficacité ?" Un membre de l'assistance imprudent : " Elle nous émeut à cause des idées que..." Mon père : " Pas question d'idées. Les idées n'ont aucune importance, les idées sont à la portée du premier imbécile venu, ici il ne s'agit pas d'idées mais de slogans. Non, cette série de phrases nous émeut et nous convainc parce que le même mot est répété au début de chaque invocation, ce que vous appellerez dorénavant anaphore, si vous le voulez bien. Et le premier qui me reparle d'idées, je le passe par les armes."
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Les privilégiés écrivaient à l’ex-président Santos, et donc ça ne marchait pas toujours. Parfois, il valait mieux s’adresser à des personnes moins haut placées, car les gringos redoutaient les débats du Congrès. La peur d’un politicien important. La peur du discrédit, car cela conduisait, je suppose, à la perte du pouvoir diplomatique. Il y avait des sénateurs célèbres pour s’être opposés aux listes et pour avoir sorti des listes un certain nombre d’Allemands.
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Et pendant que j'étais plongé dans ces pensées, les rares personnes qui étaient venues assister à la crémation continuaient de s'approcher, et l'engourdissement de mes mains et de mes paroles fatiguées me happait de nouveau, démontrant une fois de plus ce que j'ai toujours su et qu'il n'a jamais été nécessaire de me démontrer : que je ne suis pas entraîné pour déplorer la mort, car jamais personne ne m'a appris ni les mots ni les comportements du deuil.
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Apprendre : telle était mon intention, à la fois simple et prétentieuse; et réfléchir au passé, obliger quelqu'un à se le rappeler, était une façon d'y parvenir, un bras de fer contre l'entropie, une tentative pour que le désordre du monde, dont le seul destin est un désordre toujours plus intense, soit stoppé, mis aux fers, pour une fois vaincu.
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Nous étions en Colombie, un océan nous séparait de l’Allemagne, et un beau jour nous nous sommes levés et nous n’étions plus allemands. On ne découvre ce que cela implique que le jour où son passeport est périmé. Parce que alors qu’est-ce que tu es ? Tu n’es pas d’ici, mais tu n’es plus de là-bas. Si tu as des ennuis, si on te fait du mal, personne ne va t’aider. Il n’y a pas un État qui te défende.
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Vidéo de Juan Gabriel Vásquez
Un périple à travers l'Espagne républicaine, passant par la Chine et la France à travers l'histoire d'un père et son fils. Sergio a été garde rouge, ouvrier en usine, militaire du Parti, Il a aussi connu le Paris de Louis Malle en 1968 et, de retour en Colombie, a combattu au nom de la révolution. Roman politique magnifiquement par Juan Gabriel Vásquez, l'un des écrivains colombiens les plus importants du XXIème siècle.
Juan Gabriel Vásquez, "Une rétrospective" (Seuil)
Une rencontre animée par Isabel Contreras, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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