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Isabelle Gugnon (Traducteur)
EAN : 9782020985024
208 pages
Seuil (14/04/2011)
3.58/5   6 notes
Résumé :
Un écrivain colombien est le témoin involontaire d'un drame familial qui le marquera à jamais. Après avoir passé la nuit avec une inconnue, un chasseur comprend qu'il lui faut à tout prix sauver son mariage. Un homme se suicide au cours d'une partie de chasse et son fantôme brise la vie d'un couple qui se croyait heureux. Une femme ayant perdu sa fille s'efforce de croire encore à l'amour, même s'il n'est qu'une illusion.
A Paris et dans les Ardennes belges,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Quand j'ai emprunté à la bibliothèque le livre Les amants de la Toussaint, de l'écrivian colombien Juan Gabriel Vasquez, j'ai eu droit à trois surprises. La première, il s'agit d'un recueil de nouvelles. La deuxième, toutes les histoires se déroulent non pas en Colombie mais dans une région comprise entre la Belgique et le nord-est de la France. La troisième, j'ai adoré le style de l'auteur. Pourtant, j'avais déjà lu un ou deux autres trucs de Vasquez et, sans avoir détesté, ça ne m'avait pas particulièrement interpelé. D'où l'importance de donner une autre chance.

Pourtant, dans les sept nouvelles qui composent Les amants de la Toussaint, rien de si extraordinaire. On y présente des personnages à la croisé des chemins, que ce soit une rupture, un voyage, une rencontre, bref, rien de très dramatique. D'ailleurs, en écrivant ces lignes, j'éprouve de la difficulté à me remémorer les histoires. C'est que, ces histoires, elles sont simples et anodines, elles pourraient arriver à n'importe qui, à tout un chacun. Il y a bien une vague tristesse (ou mélancolie ou nostalgie) qui émane de l'ensemble et j'y étais sensible.

Aussi, c'est que, dans ce recueil, c'est l'atmosphère qui a réussi à me tenir accroché. Ces paysages des Ardennes, nuageux, grisâtres, pluvieux ou brumeux. J'aime bien quand les éléments se mettent de la partie. Pareillement pour les animaux, ils apportent une touche de réalisme. Je ne peux l'expliquer mieux. Ajoutez à cela des activités peu usuelles, par exemple, un couple sur le bord de la rupture qui va à la chasse. Mais il ne s'agit pas roman policier, n'allez pas vous imaginer un crime crapuleux. Plutôt quelque chose qui semble décalé, créant un malaise.

Pour continuer sur la même lancée, ce qui m'a également marqué, ce sont les gestes des personnages, un tic, le non dit, un regard, une parole à moitié prononcée ou bien qui en cache une autre. Ou bien des dialogues de sourds.

« - En fait, on aurait très bien pu le trouver, a déclaré Michelle, qui m'avait rejoint. » (p. 38) Elle parle du faisan atteint à la chasse, qui est tombé dans les fleurs et que les chiens n'ont pas retrouvé. Elle se l'imagine blessé, mourant dans d'atroces souffrances. Quand son conjoint se justifie, elle s'emporte. « - Tu es cruel. Ça ne tourne pas très rond dans ta tête. » Las, le conjoint retourne sur le sentier de chasse mais Michelle s'inquiète. « Tu vas revenir ? » Ces phrases, et d'autres encore, laissent deviner une dynamique de couple étrange.

Ces éléments et d'autres me donnent l'impression que le style de l'auteur a des qualités cinématographiques. Ses mots sont comme une caméra qui saisit des éléments du décor, la physionomie des personnages, ils s'y arrêtent un instant afin de donner le ton, de permettre au lecteur de s'imprégner de l'atmosphère puis ils continuent leur chemin. Ainsi donc, pas de longues descriptions, seulement quelques indications qui sont autant le fruit de la narration que du point de vue des différents personnages impliqués dans la scène.

« Les tons violet et fuschia dominaient dans la chambre. La courtepointe était d'un prune impudique, l'encadrement du lit ausis rose que la crème d'un gâteau. Tout près, un miroir trois-quarts renvoya à Oliveira l'image d'un homme moins jeune qu'il ne l'était. » (p. 160) Avec si peu, on en sait déjà beaucoup, et l'histoire se poursuit.

Bref, Les amants de la Toussaint est un recueil de nouvelles toutes en impressions, en regrets, en secrets, en espoirs. Toutefois, à lire tranquillement. Moi, j'en ai étalé la lecture sur une semaine, une histoire par jour.
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Les amants de la Toussaint
Bon titre qui tombe à pic pour ce mois de novembre
La Toussaint c'est le jours des morts.
La Toussaint c'est l'automne et c'est la période de la chasse en Belgique comme en France. C'est la période de la nature morte
La Toussaint ce n'est pas la Saint-Amour mais plutôt la période des amours mortes
Sept récits intrigants de Belgique et de France qui parlent de la difficulté d'être des couples, de séparations et surtout de mort violente.

Drame familial
Un mariage a sauver
Un couple hanté par un mort
L'élargissement d'une criminelle
Un couple séparé visite un beau parent
Un adultère avec un magicien
Suicide d'une femme forte et désespérée

En arrière fond la chasse, Les Ardennes

Vasquez a une écriture très fluide, légère mais précise qui permet de rentrer dans le sujet de la nouvelle très rapidement et ça tombe quand on est pas trop adepte de ce genre littéraire. D'autant plus que les sujets sont austères, tristes voir franchement morbides et les personnages pris au piège d'une atmosphère épaisse, lourde et pesant sont d'une désespérance pathologique. Des personnages dépareillés qui ne sont pas "ensembles"

Ils semblent se parler à eux-mêmes plutôt qu'à leur interlocuteurs. Les dialogues montrent un désintérêts des antagonistes qui au mieux sont seuls et fuyants au pire hostiles entre eux dans les gestes les plus quotidiens de la vie. Des comportements, le ton des voix très humain qui donnent un air de déjà vu et qui paraît lugubre. Un désespoir flagrant de la vie domestique et de la relation.
L'atmosphère est terne et sans ampleur Elle engourdie les personnages et les fige dans leurs actions dont ils ne savent pas se dépêtrer.
Vasquez donne un tour très soutenu a sa narration. Sa prose est contenue et composée et la précision de la langue est agréable mais parfois ses personnages font des remarques, comparaisons bizarres , presque ( mais pas vraiment)des soliloques qui ont quelque chose de précieux voir déplacés et laborieux. Dans le récit cela jure un peu
On comprend que Vasquez cherche à faire mieux, peaufiner sa phrase, la ciseler comme un artisan avant de rendre l'ouvrage mais pour lui le mieux est l'ennemi du bien.
Pour exemple en parlant de son ventre, après une étreinte sans joie, éclairé par une lumière blafarde"...stries blanches et luisantes, semblables aux trainées baveuses d'un escargot le long des mur d'un cimetière". L'image de la trace baveuse d'escargot a déjà été utilisée dans une nouvelle précédente Si c'est la trace d'un petit gris ça va! si celle d'un Geronimo je comprend mieux la fixation de Vasquez car elle est conséquente mais bon il est écrivain pas héliciculteur.
Et puis un colombien devrait comprendre qu'en France les escargots c'est sacré ça ne laisse pas de trace sur les ravioles de pommes de terres qui sont farcies et donc, l'escargot est dedans (CQFD)
Cette image est un peu nauséabonde et pas nécessaire (en plus sur un mur de cimetière: Alors que là par contre....Tilt!... On vient de faire le lien avec la Toussaint ah d'accord!) Il y a là une surenchère de vocables préjudiciable à la clarté et esthétique du texte
Il faudra que Vasquez se réfrène et évite d'en rajouter avec ça ce sera presque parfait(Concis, Juan, concis!)
Voilà une lecture bien tristounette vivement le mois de mai
Il est vrai qu'avec un titre pareil il ne fallait pas s'attendre à voir des amants heureux!

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Les écrivains « locaux » sont-ils les mieux placés pour parler de leur pays, de leur région ou de leur ville ? Bonne question que Juan Gabriel Vásquez m'offre l'occasion d'approfondir. Né à Bogota, il a passé en 1999, à l'âge de 26 ans, une année en Belgique et a publié un recueil de nouvelles intitulé « Les amants de la Toussaint (Los Amantes de Todos los Santos) » dont la majorité se passe dans les Ardennes belges. C'est une région que je connais relativement bien et j'étais donc curieux de voir comment elle apparaissait sous l'oeil d'un jeune auteur colombien.
Plusieurs nouvelles du recueil ont comme décor la vallée de l'Ourthe, au sud de Liège. Elles se déroulent dans un milieu rural aisé, amateur de chasse. Les hommes se retrouvent dans les brumes de l'automne pour le rond matinal au départ de la battue. Les rituels semblent immuables, les familles sont liées depuis des générations.
Dans ce monde plein de traditions, mais parfois rude, Vásquez décrit avec un oeil très précis les gestes, les objets et les ambiances : un verre de porto servi, un lièvre que l'on dépiaute, un Browning que l'on charge. L'autorité dans la voix d'un chef de famille qui ne souffre pas d'être contesté. Son regard aigu lui permet aussi de percer, au-delà des non-dits et des bienséances échangées entre voisins, les rancoeurs, les secrets et les trahisons. Accidents déguisés, maris trompés, suicides ou meurtres : les vertes vallées ardennaises cachent de nombreux drames sous le couvert feutré de leurs forêts et derrière leurs imposantes demeures de pierre grise.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Ce sont 7 récits de style très réaliste et qui ont comme cadre les Ardennes belges et la France. L'auteur vécut 1 an à Xhoris, une zone rurale de la Belgique wallone, après un séjour de plusieurs années à Paris.

C'est curieux comme un jeune romancier d'origine colombienne a pu capter avec autant de justesse la quintessence de ces lieux l'hiver et de ces gens : les couleurs grises du paysage et des âmes, les solitudes, les conflits sentimentaux et/ou familiaux, le mode de vie rural rythmé par la chasse, les coutumes locales, les sentiments et le mode de vie des gens. Ce sont des détails qu'un écrivain chevronné remarque, mais que ce soit un jeune écrivain étranger, cela dénote un pouvoir d'observation supérieur à la moyenne.

C'est le second récit qui donne le titre au livre. Les thèmes abordés sont épineux et il est beaucoup question de tristesse, d'une certaine impuissance devant la vie, de la mort qui rôde, de l'incommunication dans les couples, d'une certaine solitude existentielle, etc.

L'écriture de Vasquez est de grande qualité, la minutie avec laquelle il traite les détails est aussi remarquable. Tout ceci m'a laissé très admirative, mais les histoires n'ont pas réussi à m'intéresser et, in fine, cette lecture m'a laissé une chape de plomb sur l'âme.
C'est la profonde solitude de l'être humain qui m'a paru ressurgir en force de cette prose.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La mort d'un animal nous ébranle toujours, sans doute parce qu'elle nous semble plus injuste, se dit-il.
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Au bout de quelques secondes, le téléphone a cessé, un peu comme une truite agonisant sur la berge.
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Personne ne comprenait pourquoi on ne la découvrait jamais au même endroit dans l’immense maison ni pour quelle raison elle passait ses étés à vagabonder sur les trois hectares de terrain, comme un chat qui urine pour marquer son territoire.
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Vidéo de Juan Gabriel Vásquez
Un périple à travers l'Espagne républicaine, passant par la Chine et la France à travers l'histoire d'un père et son fils. Sergio a été garde rouge, ouvrier en usine, militaire du Parti, Il a aussi connu le Paris de Louis Malle en 1968 et, de retour en Colombie, a combattu au nom de la révolution. Roman politique magnifiquement par Juan Gabriel Vásquez, l'un des écrivains colombiens les plus importants du XXIème siècle.
Juan Gabriel Vásquez, "Une rétrospective" (Seuil)
Une rencontre animée par Isabel Contreras, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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