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Citations de Juan Marsé (74)


Si tu deviens un autre sans cesser d'être toi-même, plus jamais tu ne te sentiras seul.
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(...) en moins d'une minute cet homme qui se prétendait son père s'était changé pour lui en vagabond cinglé, en escroc, en ventriloque marchand d'impostures et de bobards, en pathétique survivant d'un échec ou d'un étrange malentendu avec le monde.

( p.19)
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Nestor entrevit fugacement la dédaigneuse élégance de son dos élancé sous sa pauvre robe rose sans manches grossièrement froncée à la taille. C'était toujours la même chose : au milieu de l'abrupte et maligne variété de postures qui animaient son corps inquiet, surgissait soudain la fleur insolite d'un geste inespérément tendre et doux, tout comme sur un cactus rugueux et nuisible éclate une invraisemblable fleur.
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-Très bien - marmonna Rosita en se laissant tomber sur le banc-. Et bien, c'est terminé. Nous n'allons nulle part.
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L'inspecteur tourna le dos au jardin et à la lueur finissante de l'après midi.
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Le docteur Barjau était complètement chauve mais, peut-être pour compenser cette déficience, il lui sortait des oreilles une touffe de poils roux qui ressemblait à un ornement floral.
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- Chérie, je vais sortir, annonça le capitaine. Et je crois qu'au retour, si je passe par Las Animas, je boufferai un curé." Il observa l'effet de ses paroles sur son visage et ajouta : "S'il est vrai que je suis un rouge bolchevique assoiffé de sang et un maçon dégénéré, je dois me comporter comme tel. Tu ne crois pas, ma jolie?"
Doña Concha continua à le tancer en catalan, la langue qu'ils avaient toujours parlé tous les deux. Plus tard, ma mère me raconta qu'un jour, des années auparavant, alors qu'il discutait avec sa femme en catalan naturellement, il avait eu une attaque qui lui avait soudain ôté la parole, et l'avait fait tomber par terre; et que lorsqu'il était revenu à lui, un long moment après, il souffrait de double vision, et s'était mis, de plus, à parler en castillan, sans s'expliquer pourquoi lui-même, et apparemment sans pouvoir s'en empêcher, malgré tous ses efforts; et que, depuis lors, c'était dans cette langue qu'il parlait, et que Doña Concha, qu'elle l'entendit ou non, lui répondait toujours en catalan. "Ja n'est prou de ruc, ja."
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Maria Eulelia Beltran était grande et mince, l'air somnolent, en décolleté, très élégante, couverte de toutes sortes de parures, fétiches et objets étranges: plus que vêtue, elle était meublée.
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Jamais il n'était parti.
Mais il avait la peau brûlée et forte et une
vague ambition marine :
avoir été à Cuba, par exemple,
et en être revenu très riche.

Miguel Barcelô
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Juan Marsé
Je suis devenu écrivain parce que je suis en décalage avec la réalité qui
m’entoure, avec mon pays, ma ville, mon époque… Cela me conduit à trouver dans la littérature un monde d’expériences que je n’ai pas eues, mais auxquelles j’ai rêvé
(Le Monde du 23/07/2020 ;discours de réception du très prestigieux prix Cervantes, en 2008 )
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En réalité, si le gangster risquait sa vie, c’était pour que la blonde platinée puisse continuer à mâcher son chewing-gum.
Extrait d’une “Histoire du cinéma “
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Le garçon portait la veste d'un mort, trop grande pour lui, et dont les manches étaient maladroitement enfoncées dans les poches. Il frottait tendrement sa joue contre son épaule, et de la pointe de sa langue il faisait habilement passer son mégot éteint d'un côté à l'autre de sa bouche, comme un vieux. Quoi qu'il fît, constata Rosita une fois de plus, le fantôme de ses bras perdus errait sans cesse autour de ses manches vides et raides, collées contre ses flancs. Il lui même arrivé, parfois, de sentir sous ses jupes les mains froides et sans sépulture de l'enfant, ces mains qu'il ne pouvait bouger que dans ses rêves, ou dans les belles histoires qu'il se racontait.
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Lorsque, enfin, il se décida à pousser la grille du jardin, sa main, comme celle de certains alcooliques quand elle saisit leur second verre, cessa de trembler, son corps se redressa, ses yeux sourirent.
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c'était une de ces coiffures laborieuses où l'on peut deviner les éléments, reconnaissables entre tous, de la lutte quotidienne contre la misère et l'oubli, la coquetterie féroce des grands solitaires et des ambitieux supérieurs.
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Non, mon garçon, l’idée que tu te faisais de Teresa au lit n'était pas entièrement exacte : car on peut à coup sûr posséder une créature aussi adorable que celle-ci, aussi instruite et respectable (certes, ses défenses morales ne sont pas aussi solides que le proclame la respectabilité de sa classe) mais il n’est pas toujours possible de posséder le monde qui va avec. Sache-le, il suffit de caresser une seule fois cette belle chevelure d’or, ces genoux de soie pleins de soleil, il suffit d’abriter dans la paume de sa main ce double univers de fraise et de nacre pour comprendre qu’il est le luxueux enfant d’un effort social et qu’il faut le mériter par un effort semblable, qu’il ne suffit pas de tendre tes serres tremblantes et de t’en saisir.
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Avec le temps, il devait connaître tant de sourires aussi inaltérables et permanents que celui-ci qu’il en viendrait même à penser que, comme l’argent, l’intelligence et la couleur saine de leur peau, les riches héritent aussi de ce sourire perpétuel comme les pauvres héritent de dents rongées, de fronts aplatis et de jambes tordues.
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María Eulalia Beltrán était grande et mince, l’air somnolent, en décolleté, très élégante, couverte de toutes sortes de parures, fétiches et objets étranges ; plus que vêtue, elle était meublée.
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Elle, ce qu’elle voit c’est un policier dans la quarantaine et pas mal de sa personne qui se conduit parfois comme s’il était un peu perdu et qui n’a pas l’air très content de ses obligations, un homme grand et qui parle posément, qui essaie quelquefois d’être aimable. C’est comme cela qu’elle voit le flic, d’après David. Un type peu avenant, l’air un peu morne et solitaire, sec dans ses manières et casse-pieds et si ça se trouve avec des morts sur la conscience, mais il ne donne pas l’impression d’être une brute, comme tant d’autres, m’a-t-elle dit un jour, tu ne dois pas avoir peur de lui.
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Une fleur vénéneuse qui pousse dans tes oreilles, mon garçon. Il n’existe pas de remèdes connus pour ces bruits et bourdonnements, tu dois apprendre à vivre avec eux et à les dominer, à les gérer, à les feinter. Tu dois les tromper et les troubler, ou bien ils auront ta peau. Fais comme si tu n’entendais rien. Sois attentif à d’autres voix, d’autres appels, recueille d’autres vents, d’autres échos. Étouffe le sifflement du serpent avec un autre bruit plus supportable. Parce que c’est désormais pour toujours, jusqu’à ce que tu meures et que le plomb du néant fonde dans tes oreilles et t’offre une éternité de silence, que ces bruits t’accompagneront et perforeront tes jours et tes nuits comme les vers minent la terre sous le gazon. Tu devras te défendre bec et ongles, mon garçon. Penses-y chaque fois que tu regarderas mon oreille accrochée à ce mur.
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La foutue vérité t’apprendra à douter de tout.
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