Jules Renard

Quelquefois, fatigués de jouer, sœur Ernestine et grand frère Félix prêtent volontiers leurs joujoux à Poil de Carotte qui, prenant une petite part du bonheur de chacun, se compose modestement la sienne.
Et il n'a jamais trop l'air de s'amuser, par crainte qu'on ne les lui redemande.

Il ne suffit pas d'être heureux ; encore faut-il que les autres ne le soient pas.

Un père a deux vies : la sienne et celle de son fils.

Paresse : habitude prise de se reposer avant la fatigue.

Se distingue dés qu'il veut mais ne veut pas toujours.

Que de gens ont voulu se suicider, et se sont contentés de déchirer leur photographie.

Le but, c'est d'être heureux. On n'y arrive que lentement. Il y faut une application quotidienne. Quand on l'est, il reste beaucoup à faire : consoler les autres. (p.342)

La vieillesse, c'est quand on commence à dire : "Jamais je ne me suis senti aussi jeune. (p.340)

Je me moque de savoir beaucoup de choses : je veux savoir des choses que j'aime.

Mon cher papa,
Un mot à la hâte pour t'expliquer ma dernière lettre. Tu ne t'es pas aperçu qu'elle était en vers.

« Il faut être discret quand on parle de son bonheur, et l’avouer comme si l’on se confessait d’un vol. »

La chèvre

Personne ne lit la feuille du journal officiel affichée au mur de la mairie.
Si, la chèvre.
Elle se dresse sur ses pattes de derrière, appuie celles de devant au bas de l'affiche, remue ses cornes et sa barbe, et agite la tête de droite à gauche, comme une vieille dame qui lit.
Sa lecture finie, ce papier sentant bon la colle fraîche, la chèvre le mange.
Tout ne se perd pas dans la commune.

Un ami , est celui qui devine toujours QUAND ON A BESOIN DE LUI.

A' quarante ans , il faut ouvrir ses fenêtres de l'autre coté :On est même un peu en retard .

Le bonheur, c'est d'être heureux; ce n'est pas de faire croire aux autres qu'on l'est.

« Il y a des gens qui retirent volontiers ce qu’ils ont dit, comme on retire une épée du ventre de son
adversaire. »

« Le peintre qui s’apprête à peindre le soleil fait des théories, et, quand il veut commencer, le soleil n’est
plus là. »

Le rêve, ce n'est que la vie éperdument dilatée.


(" Journal")

L'arbre. Son ombre lui fait une queue de paon qui ouvre et ferme ses yeux de soleil, selon que le vent agite leurs paupières, les feuilles.

Un ami est celui qui devine toujours quand on a besoin de lui.