Nous connaissons tous ce petit garçon roux que tout le monde rejette. Je ne connaissais, par contre, pas le ton ironique et dur de Jules RENARD à son égard : je garderai en mémoire toute l’injustice vécue par ce gamin et tout le ridicule des comportements qui l’entoure.
Cette longue nouvelle ou ce petit roman est, par bien des égards, interpellant et chamboulant jusqu’à la dernière ligne.
Tantôt, sa mère, nommée avec distance madame LEPIC (le choix du patronyme est-il un hasard ?), est méchante et odieuse avec la chair de sa chair.
Tantôt ce sont ses frère et sœur qui se jouent du rejet de ce rejeton mal aimé.
Quant au père, il est un spectateur sans pouvoir dans cette famille qu’il ne dompte pas.
Poil de Carotte est un petit garçon plein d’esprit, lucide, intelligent quand il s’agit de trouver des stratégies pour faire diversion contre les mauvais traitements qu’il subit mais il est aussi terriblement influencé et influençable dans ses actes. Certains chapitres m’ont fait de la peine tant la bêtise est présente et odieuse. La scène des deux poules étranglées m’a troublée, celle du chat sacrifié pour pêcher les écrevisses… et pas dans le bon sens : elles sont terribles et fort dérangeantes (pour moi).
Jules RENARD nous dessine le portrait d’un pauvre enfant, pauvre dans le sens où il n’a pas de chance : son milieu est néfaste et négatif pour lui. Pourtant, le garçon tire partie de cette vie difficile pour acquérir une forme d’intelligence pratique de camouflage et de résistance, de rébellion aussi.
J’ai tenu à lire chaque péripétie (chaque chapitre) pour connaître le final et la morale de tous ces tableaux.
La morale m’échappe finalement.
Ce roman se veut réaliste, drôle (pour ma part, je n’ai pas ri) et ironique. Dans la plume de Jules RENARD, je retrouve un peu cette volonté de dépeindre une vie telle qu’elle est, sans fioriture, juste telle qu’elle se déroule et tant pis si nous sommes heurtés par si peu d’amour et si peu d’humanité. Emile Zola et Victor Hugo ont, à leur manière, essayé d’être au plus proche de la réalité sociale du siècle… Une volonté écrivaine.
La plume de Jules RENARD m’a séduite : il maîtrise bien les mots, les effets et c’est peut-être là, le point le plus positif du roman, de mon point de vue.
Ce récit me questionne beaucoup, bien qu’il soit éloigné de nous depuis presque un siècle et demi, sur l’éducation et les comportements parentaux à l’égard de leurs enfants.
Un classique qui reste d’actualité… donc.
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