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Citations de Jung-Hi Oh (32)


Clarinette ? J'ai répété ce mot que je n'avais jamais entendu ; c'était comme si une petite chaîne d'argent tintinnabulait quelque part au fond de ma gorge.
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Uil tressaute violemment. Il doit encore rêver qu'il vole. Son visage est tendu, ses lèvres serrées. Les mouvements rapides de ses yeux font frémir les minces paupières. Je soulève doucement son corps. Je voudrais bien voler moi aussi dans le ciel sombre de cette nuit. Je me déshabille et je me colle à lui pour entendre les battements de son coeur, sentir son haleine et le mouvement de ses intestins qui gargouillent dans le silence. Je suis rassurée. C'est bon de s'assoupir dans le calme et la nuit. J'entends un train. Une rumeur venant d'un lointain passé, en route pour un lointain avenir que je ne connais pas.
L'eau coule en venant de très loin. Elle est soyeuse et chaude. Elle recouvre mes chevilles, mes mollets, mes genoux. Elle monte en immergeant les sinistres murmures et les sanglots étouffés de l'autre côté du mur.
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A l'Aube, il fut réveillé par la voix de son père.
- On parle de réformes foncières. Il est aussi difficile de se procurer du riz que des étoiles. Surtout avec l'argent rouge des Ruskofs.Il paraît que les propriétaires préfèrent franchir le 38e parallèle plutôt que de se voir confisquer leurs terres et d'être envoyés en Sibérie ou dans les mines.(p.77)
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Une personne qui marche solitaire sur un chemin désert a toujours l'air d'être plongée dans de profondes pensées. Elle semble toujours vouloir dissimuler un cœur qu'elle n'a pas envie de dévoiler aux autres.
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Vivre, c'est comme jouer à la dînette. Quand on s'est bien amusé après avoir étalé plein de trucs par terre, c'est bientôt le coucher du soleil. Alors, chacun laisse ses jouets et rentre chez soi. La vie, c'est exactement ça.
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Moi ce que je voulais, c'était devenir adulte le plus rapidement possible. Bien sûr les adultes que je voyais autour de moi avaient tous l'air de l'être devenus malgré eux, et pas particulièrement heureux du résultat ; bien sûr la vieille propriétaire et notre grand-mère maternelle allaient répétant qu'elles espéraient mourir vite pour quitter ce monde de misère ; mais malgré cela il m'arrivait d'avoir peur d'avoir onze ans toute ma vie.
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J'ai emmené Uil dans le grand immeuble pour prendre l'ascenseur. On a monté et descendu plusieurs fois les quatorze étages, mais il ne voulait pas s'en aller. Il a appuyé sur tous les boutons et a couru dans l'escalier pour faire la course avec l'ascenseur. Je craignais de tomber sur l'assistante sociale.
- Je me demandais pourquoi il mettait si long- temps à venir, mais c'était vous, les enfants! Vous n'êtes pas d'ici, hein ? Faut pas venir faire les quatre cents coups chez les autres ! Je me demandais toujours qui est-ce qui pissait, crachait et faisait des graffiti sur les murs, c'était vous ! Qu'est-ce qu'il faut vous faire pour que vous compreniez ? a grondé une dame très fâchée qui était montée au rez-de-chaussée.
En descendant au sixième, elle nous a toisés et nous a dit de déguerpir.
- J'ai envie de faire pipi, grande sœur.
Uil se contorsionnait en grimaçant.
- T'as qu'à pisser là.
À ces mots, il a baissé son pantalon et a uriné dans l'ascenseur.
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Je m'en fiche que ce soient les grands- nez, les Ruskofs ou les Chinois qui s'emparent du pays et le mettent en pièces.
À la remarque de la grand-mère, Hyôndo avait lancé d'un ton sec :
- Non, grand -mère .Pourquoi notre terre devrait-elle être gouvernée par les autres ?
La grand-mère avait souri tristement.
-C'est vrai, on dit que les enfants sont des exemples pour les adultes et tu as raison.( p.72)
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— Quand on n'a pas eu de bon parents, c'est fatal. On peut faire ce qu'on veut, on n'échappe pas à son destin.
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Ceux qui ont quitté leur pays natal ne peuvent pas se fixer à un endroit. Parce qu'ils ne peuvent pas se faire à l'idée que c'est là qu'ils vont mourir.
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De petits oiseaux s'envolaient dans le ciel qui sombrait. Saisie par l'impression d'avoir oublié quelque chose, je me suis arrêtée, j'ai regardé le sol à mes pieds, puis mes mains vides que j'ai levées devant mon visage. Où ai-je mis la cage ? Où est l'oiseau ? ai-je dit à haute voix en regardant autour de moi. Je n'arrivais pas à me souvenir. Il faisait plus sombre à chaque pas. Mon père avait dit que si l'on suivait la voie ferrée, on pouvait aller n'importe où dans le monde. C'est par là qu'il avait dû partir. Le mari de madame Yônsuk aussi était parti par là en abandonnant sa femme.
"Uil, Umi !" J'ai cru entendre quelqu'un appeler et je me suis retournée. Un appel mêlé au bruissement des herbes sèches qui se caressaient dans le vent le long de la voie ferrée, au murmure de l'eau du ruisseau invisible dans la pénombre.
Madame Yônsuk disait que ce qui naît ici-bas ne disparaît jamais ; tout comme on voit maintenant la lumière d'une étoile qui déjà n'existe plus, tout ce qui a été laisse une empreinte qui se matérialise à nouveau, même longtemps après, devant qui attend.
Un jour, quelqu'un avait imaginé deux prénoms : Umi pour celle qui devait être la plus belle fille du cosmos, Uil pour celui qui serait l'homme le plus formidable du cosmos, et une voix les avait murmurés. Sans doute cet appel me disait-il toute l'espérance qui avait habité cette voix.
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Je faisais des dessins rouges et bleus sur le visage d'Uil endormi quand grand-mère, affolée, m'a donné un grand coup sur la tête :
- Espèce de garce ! Si tu dessines sur le visage de quelqu'un qui dort, pendant que son âme est sortie du corps, elle ne le reconnaît plus et elle erre pour toujours. Tu ne sais donc pas ça ?
C'est ce qui est arrivé à maman ? Elle est partie à la recherche de son âme errante ?
Le rêve, c'est le chemin, l'univers où l'âme vagabonde, disait grand-mère.
Lorsque maman était partie, notre père nous avait emmenés loin, chez notre grand-mère maternelle. Nous avions voyagé longtemps, en bus puis en train. Quand le train avait traversé le grand pont, l'eau bleue du fleuve avait jailli pour le poursuivre et le secouer.
Une fois chez grand-mère, notre père était reparti en nous laissant sur le seuil. Nous avons vécu longtemps dans cette maison avec elle.

(incipit)
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Dans les rues où les activités s'arrêtaient de bonne heure, retentissait le bruit des bottes russes.(...)
En entendant les chants tristes et mélancoliques d'hommes ivres qui s'échappaient de cet endroit éclairé toute la nuit, les gens comprenaient que ceux- là aussi étaient partis loin de chez eux en y laissant leurs mères et leurs amours. Puis on pensait au continent froid et cruel qu'ils avaient aimé dans leur jeunesse, au pays de la neige éternelle, aux sombres forêts de pins et à la terre noire, au chant des loups sur la terre gelée et à la douleur d'être des étrangers. (p.66)
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Quand la télévision marchait, on éteignait la lumière. Quand on mangeait en regardant la télévision, venait un moment où nos têtes se heurtaient et nos cuillers aussi. Cela voulait dire que nous avions fini tous le riz qui était dans la casserole.
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" Grâce à la bravoure de l'Armée rouge, l'impérialisme japonais a été vaincu et la Corée libérée du règne colonial. L'Armée rouge est notre camarade, une authentique armée de libération qui nous a libérés de l'esclavage."(..)

Ce drapeau jusque-là inconnu sur lesquels étaient dessinés la faucille et le marteau de l'Armée rouge. Peut-être s'étaient-ils inconsciemment attendus à des uniformes tachés de sang et troués par les balles, à un glorieux diadème de vainqueur ou à une génération de " bienfaiteurs " littéralement parlant... Avant tout, ils aspiraient à une autorité capable de mettre de l'ordre dans cette époque instable et trouble.Mais ces êtres n'étaient que grossiers et misérables. (p.56)
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Pour moi, c'était ainsi: j'étais comme poussée dans le dos par une main légère, loin de ma famille et de ma vie quotidienne. J'errais comme un être déraciné; la réalité m'apparaissait floue et l'illusion devenait réalité. Dans ma mémoire ressurgissait comme un point lumineux quelque chose qui y était profondément enseveli. C'était ce qui me faisait errer dans la foule et les lieux inconnus, espérant y rencontrer ce que j'avais oublié.
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extrait de "Le miroir de bronze", récit de OH Jung-Hi in "Le chant du pèlerin".

"L'ombre, déjà, envahit le jardin ; l'obscurité s'approfondit, et les fleurs prennent une teinte plus foncée ; leurs corolles se ferment : seule une infime partie de leur coeur reste ouverte. Qu'il est lent, l'écoulement silencieux du temps dans l'abîme des calices entrouverts des fleurs."
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Une partie de la poussière s'étale sur le sol. Ces particules voltigent tout comme des fragments de pensées inutiles.
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En rentrant de l'école, j'ai trouvé la chambre vivement éclairée. Le tissu qui masquait la fenêtre était tombé et le soleil découpait avec netteté le visage d'Uil voilé d'une ombre bleue. J'ai soulevé la couverture, de larges taches mouillaientses vêtements. Je l'ai déshabillé et je l'ai nettoyé.
- Tu n'as pas honte de jouer au bébé ? Va falloir te mettre une couche.
Pendant que je le rabrouais, Uil continuait à brailler son monologue comme s'il n'entendais rien.
Il avait dû se vider le ventre pour essayer de s'envoler. J'ai scruté attentivement son corps. J'ai regardé la morsure du chien qui faisait une marque blanche sur sa main et j'ai regardé aussi son petit zizi. Sa peau s'ornait partout de larges taches bleues. Le petit tatouage sur son bras aussi était teinté de bleu. Les traces d'acupuncture étaient devenues des points bleus. Sous ses cheveux il y avait une bosse avec au centre une petite plaie ouverte. Etait-ce par là que son âme, son existence était parties ?
J'ai compris. C'était par là que devait jaillir le halo qui entourait Toto l'enfant du cosmos et qui prouvait qu'il était né de la lumière.
Tout nu, Uil continuait à parler : Notre père a battu maman. Qui a fait un dessin sur le visage de maman pendant qu'elle dormait ? Qui a fait partir son âme et l'a empêchée de revenir ?
Mon père battait maman avec ses poings ronds et durs. Quand il entrait dans la chambre les mains gantées, en tapant dans sa paume gauche avec son poing droit, maman se réfugiait dans un coin en criant : "Ne me frappe pas, ne me frappe pas, je t'en supplie." Nous restions sans bouger dans un coin, les yeux fermés, les oreilles pleines de ses cris.
Mon père battait maman, longuement, en prenant son temps. Maman avait alors des taches rouges et bleues.
Pourquoi a-t-il fait ça, grande soeur ?
Je répétais à Uil d'arrêter, de se taire, je le menaçais de le frapper, mais il continuait. Il criait tellement fort que je ne comprenais plus ce qu'il disait, je l'ai enfoui sous une couverture pour que ce vacarme ne s'entende pas dehors et je suis sortie.
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Uil n'apprenait plus les tables de multiplication. Il ne faisait plus les devoirs que je lui donnais. Comme il n'obéissait plus, au lieu de le mettre au coin les bras levés ou de lui donner des coups sur les paumes, je le giflais ou je l'obligeais à se tenir dans la position du "bombardement de Wônsan". J'étais sa soeur aînée, mais je devais être aussi sa maîtresse d'école et sa mère. Il n'avait que moi pour s'occuper de lui. C'était un mal foutu, un imbécile ou un débile, au gré des insultes que je lui lançais. Ou un pisseux, un abruti, un morveux. Je le traitais de rat, de chat voleur, de cloporte et il se recroquevillait sur lui-même, sombre et misérable.
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