AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Kangni Alem (15)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Atterrissage

Rêver d'un ailleurs meilleur est fortement, terriblement humain. Alors, imaginez pour deux adolescents dont l'avenir semble limité dans leur pays. Ainsi, Yaguine et Fodé vont-ils décider d'aller dans un eldorado qui fait fantasmer: l'Europe. Cette pièce de théâtre met en scène un fait divers qui avait défrayé la chronique: deux jeunes guinéens qui étaient partis à l'aventure sans prévenir leur famille respective. Ils s'étaient cachés dans le train d'atterrissage d'un avion. Ils étaient morts de froid et leurs corps étaient tombés sur le tarmac lorsque l'avion avait sorti son train d'atterrissage.

Atterrissage nous fait découvrir les raisons du départ de ces deux jeunes rêveurs. Arrivés dans l'eldorado tant rêvé, leurs âmes devront passer la douane et s'acquitter du rituel administratif pour leur entrée sur la terre promise. Sans papier, ces âmes seront confrontés au mal accueil. Au racisme. A la mauvaise foi. Ils ne goûteront pas au repos éternel tant qu'ils ne présenteront pas des documents administratifs en bonne et due forme. Tant qu'ils ne seront pas passés au tribunal des hommes qui leur reproche le défaut de ces papiers.

Atterrissage est un récit touchant où les deux corps doivent expliquer leur périple, leurs préparatifs, leurs rêves, leurs déceptions. Kangni Alem leur donne la parole pour raconter l'innocence d'un rêve. L'innocence de la jeunesse. C'est une pièce de théâtre forte. Belle. Dure. Pleine de douceur. De douleur. De fureur. D'aigreur. L'humain n'y est pas décrit sous son meilleur jour. Pourquoi faire des reproches à des corps qui ont beaucoup souffert? Pourquoi leur demander des explications? Le terme "reposer en paix" ne peut-il pas être respecté? Et la douleur des familles, qui y pense?

Atterrissage est la partie visible de l'iceberg. Il est d'une actualité criante au vu des évènements actuels. Ces deux jeunes ont ouvert la voie à d'autres rêveurs tout aussi déterminés. Sauf qu'ils préfèrent un amerrissage à un atterrissage.
Commenter  J’apprécie          290
Coca Cola Jazz

Héloïse est née d'un amour passage entre une banlieusarde parisienne et un sans papier dont sa mère n'a pas trop voulu parlée. Pourtant Héloïse rêve de le rencontrer . Lorsque son père redonne signe de vie , elle s'envole vers TiBrava, pleine de doutes et d'espoirs.



Ce livre d'un auteur Togolais si situe dans un pays imaginaire que l'on imagine très bien être le sien. On plonge dans un univers délirant certes mais pas que !

Tout d'abord, la langue , certes parfois crue, est très personnalisée et apporte un vent de fraicheur au texte.

Ensuite, on plonge dans la famille d'Héloïse et chaque rencontre est une plongée dans un monde différent, colorée, sans tabou. Ce roman est d'ailleurs à trois voix: Héloïse, sa demi soeur Parizette et le narrateur , qui nous éclaire un peu dans les délires dans lesquels il nous trimballe.

Pourtant, l'ensemble est très cohérent, l'histoire , même si elle dérape , est bien construite et les thèmes abordés sont multiples.

Il y a la critique du pouvoir despotique , le chef local Yamatoké et les militaires ne sont pas sous leur meilleur jour. Il y a une vision du monde de la débrouille et de la combine , il y a une plongée dans les croyances du pays, un peu de religion , des chinois qui font pousser du riz (ce qui est une réalité en Afrique), il y a un père baroudeur . Il y a de l'amour , trash parfois, la quête de soi, la place des femmes et un lourd questionnement sur la paternité ou plutôt les relations père enfant qui conclut ce roman sur un lourd questionnement un peu en marge de la tonalité générale.

Ce fut une bien belle surprise , qui m'arracha de plus quelques sourires .



PS : Dans le roman apparait un personnage mineur certes mais répondant au nom de Gustav Nachtigal. Or c'est le nom du premier représentant du protectorat allemand fin du XIX ème.

Enfin , difficile de ne pas voir dans le dictateur Yamatoké une caricature de Gnassingbé , qui a gouverné le pays pendant 38 ans ., son fils lui succédant.
Commenter  J’apprécie          214
Esclaves

L'esclavage commence à perdre de sa force, les Anglais traquent les navires négriers et pourtant il faudra encore bien des années avant que le commerce triangulaire cesse.



Dans le royaume du Danhomé, un Portugais s'enrichit sans la moindre honte avec le marché des esclaves. Incrusté dans le royaume, il utilise tous les pions possibles pour garder la main sur cette mine d'or. Le roi du Danhomé se rendant compte des dégâts de l'esclavage "à l'européenne"souhaite casser le marché et maintenir la population sur place. Trop d'argent est en jeu, les complots vont s'ourdir et réussir contre ce roi qui se rebelle. La trahison, le pouvoir, l'argent, le triptyque éternel qui tue d'innocentes victimes. Parmi ceux qui ont joué un rôle dans la destitution du roi, on trouvera le Maître des cérémonies personnage au coeur de l'histoire qui va se retrouver au Brésil et participer à une rébellion.



Ce roman est une fresque haute en couleur qui nous conte un bout de l'histoire de l'esclavage, essentiellement ce qui se jouait en Afrique de l'Ouest, l'utilisation traditionnelle d'esclaves, les guerres entre peuples, l'appât du gain des européens, l'effondrement de la culture africaine , les coups tordus pour récupérer le pouvoir, tout ce qui a fait que les européens, comme lors des croisades, ont pu faire la loi et imposer leurs besoins.



C'est un roman épique qui se lit avec plaisir et éclaire cette page sombre que fut la traite négrière
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          170
La gazelle s'agenouille pour pleurer

Né à Lomé en 1966, Kangni Alem est dramaturge, metteur en scène, comédien, mais aussi romancier, critique littéraire et traducteur. "La gazelle s'agenouille pour pleurer" est un recueil de nouvelles, paru une première fois en 2001, puis en 2003, chez Le Serpent à Plumes.



"Bienvenue en Afrique ! Bienvenue au Togo, en Albanie, à Chicago, où que ce soit, mais bienvenue en dictatures, en colonies ou en ghettos".



Le ton est donné : ne cherchez pas où vous êtes, ne cherchez pas à y échapper ; l’indicible, l'horreur, la violence, la solitude, la folie ordinaire, l'absurde vous prennent à la gorge, lettres déployées, et vous font traverser un univers résolument baroque, parfois obscur. Dans une prose terriblement exquise, Kangni Alem enchaîne les styles, les histoires, mais il me reste en bouche une étrange amertume. Toutes les nouvelles, à commencer par "Le Miroir de l'Âme", ont de quoi te filer le cafard pour des jours durant, et même la tonalité résolument sarcastique du "Cancer aux Tropiques" n'arrive pas à te faire décrocher un semblant d'espoir. Je ne peux que recommander ces textes, mais j'invite le lecteur badin à accrocher son moral bien haut avant d'aborder ce nouveau périple littéraire.
Commenter  J’apprécie          150
La gazelle s'agenouille pour pleurer

Enfin terminé ! Je n'ai pas du tout apprécié cette lecture, ayant eu beaucoup de difficulté à suivre les pensées de l'auteur et ne voyant finalement toujours pas où il souhaitait nous amener.



Les différentes nouvelles sont toutes très sombres, avec de nombreux éléments morbides et/ou scabreux. C'est bien dommage, parce que le résumé me tentait beaucoup et je pensais lire une satire sur les dictatures, un appel à résister.



Je serais curieuse d'avoir l'avis des autres lecteurs sur ce recueil, n'ayant moi-même peut-être pas toutes les clés en main pour une bonne compréhension.



Grosse déception donc, tant au niveau du style qu'au niveau du contenu.
Commenter  J’apprécie          100
Le sandwich de Britney Spears

Un tout petit recueil de nouvelles extirpé du fond de ma Kobo pour répondre à l'exigence d'un challenge de lectures qui m'imposait de lire un livre de moins de 112 pages - celui-ci en compte 70 ! 



Courtes nouvelles qui donnent à voir la vie quotidienne dans des villages togolais, la découverte de la grande ville et l'exil - ou les faux récits d'exil londoniens.



Beaucoup d'humour et de lucidité transpirent de ces récits qui plongent dans des quotidiens si lointains de nos vies confortables. 



Une belle découverte ! 



Un auteur à rechercher !  
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          70
Esclaves

Nous sommes au début du 19ème siècle, dans les contrées lointaines d'Afrique. Sur ces terres privilégiées pour le trafic des esclaves, le commerce des négriers perdure.

L'abolition de la traite négrière perce timidement. L'esclavage reste un commerce fructueux. Mais peu à peu des révoltes d'esclaves vont éclater pour combattre l'oppression et conquérir la liberté.

Roman passionnant et bouleversant qui transporte le lecteur au royaume de l'inoubliable.
Commenter  J’apprécie          60
La gazelle s'agenouille pour pleurer

Kangni Alem nous livre avec La gazelle s'agenouille pour pleurer un étrange recueil de courtes nouvelles où se côtoient prostituées, soldats, politiques et immigrés. On passe du Togo à Macao, de Tirana aux Etats-Unis dans des soubresauts qui désorientent le lecteur, tout comme les mises en abîmes parfois utilisées par l'auteur.



Si la langue est très riche et parfois enlevée, j'ai eu beaucoup de mal à accrocher et à comprendre certaines des nouvelles ; je me suis plusieurs fois sentie totalement perdue entre la réalité, ce qui relève de l'imaginaire des personnages et les sous-entendus ou renvois de l'auteur à une situation politique d'un pays dont on ignore le nom. Certaines des nouvelles dénoncent les régimes politiques africains et les scènes de brousse horribles où le plus fort fait sa loi et abuse de sa cruauté, tandis que d'autres voient leurs protagonistes sombrer dans l'absurdité.



Mon opinion finale est mitigée ; si l'on sent une vraie maîtrise de l'auteur pour dessiner et décrire ces situations anarchiques où l'on s'y perd, l'ambiance pesante et les atrocités décrites peinent à subjuguer le lecteur : la lecture met mal à l'aise, et je me suis sentie véritablement soulagée en atteignant la dernière page.
Commenter  J’apprécie          50
La légende de l'assassin

D’une certaine manière, le titre du nouveau roman de Kangni Alem est fashion. Il répond aux trends, aux tendances du moment qui veulent que les frontières entre le bien et le mal soient définitivement abrogées, difficilement définissables. On ne parle pas de nuances de gris. Dans cet état d’esprit des temps nouveaux et postmodernes, la fiction célèbre l’assassin, le criminel. Les émissions reviennent sur les grands faits divers, les plus grands meurtres sont en deuxième partie de soirée sur les principales chaines quand elles ne sont pas en prime time sur les chaines secondaires de la TNT. Dexter a des millions de fans. La série Blacklist a célébré les exploits d’un tueur implacable qui pourtant, a un coeur d’ange. Nous fabriquons des tueurs dont demain, après leur exécution, les médias tenteront de reconstruire la mémoire.



Naturellement, ce titre me renvoie à tout ce contexte qui forge la plupart des sociétés occidentales. Je



disserte toutefois. J’introduis. Parce qu’en fait, depuis la sortie de son précédent roman, Esclaves, Kangni Alem m’avait donné une information : il travaillait sur le thème de la peine de mort. J’ai donc abordé ce roman avec cette approche, tout en vous avouant que ce titre m’a un peu surpris. L’assassin ici à les mêmes initiales que Kangni Alem. K.A. Chose drôle et troublante. Puisqu’il m’arrive d’échanger avec le romancier togolais et de le voir signer ses pertinentes réflexions de ce fameux K.A. Koffi Adjata a décapité un imam alcoolique et froidement assassiné une femme qui passait par là, au moment de son forfait. Le forfait a eu lieu en 1978. Le jeune homme fut exécuté dans la foulée par la justice de son pays.



Parole d’avocat

C’est Apollinaire, son avocat de l’époque qui revient sur cette affaire et qui nous la narre. Le grand avocat de Ti-Brava, ce pays imaginaire qui ressemble tant au Togo de Kangni Alem. Apollinaire a rarement connu l’échec dans sa carrière professionnelle. Aussi quand, il range ses dossiers au crépuscule d’une carrière bien remplie, au moment où, avant de jouir d’une retraite méritée, il refait le film de sa vie professionnelle, cet homme désabusé, cynique, diabétique, sans attache affective réelle, cet homme disais-je a le sentiment d’avoir loupé quelque chose, d’avoir ignoré des éléments de l’enquête sur le crime de Koffi Adjata, en particulier les perches tendues par le pasteur Hightower. Cette narration est construite comme une sorte d’enquête policière où Apollinaire va remonter le fil du temps et essayer de comprendre l’histoire de K.A. et saisir la légende de l’assassin.
Commenter  J’apprécie          40
Le sandwich de Britney Spears

Un excellent petit recueil de nouvelles d'un auteur Togolais, Kangni Alem.



J'ai beaucoup aimé le style de cet auteur que je ne connaissais pas. Il maîtrise bien l'art de la nouvelle. L'écriture est contemporaine, alerte, percutante. Les sujets des nouvelles sont variés : d'un écrivain qui se fait battre au Babyfoot par un auteur coréen contrarié, à la longue lettre d'un exilé à sa petite soeur qui lui demande d'acheter le sandwich de Britney Spears mis aux enchères !



Commenter  J’apprécie          30
Esclaves

Ce que devrait toujours être la lecture. C’est là l’ultime pensée qu’à le lecteur qui referme ce livre sur sa dernière page. En tout cas, le lecteur que je suis la pensé très fort. Pourquoi ? Ah, pourquoi… Parce que…

Conspiration.



Les "Games of throne" dans lequel nous les premières pages de "Esclave" nous plonge. Conspiration de Gankpan, futur roi Guezo, contre son oncle Adandozan, roi régnant du Danhomé en conflit ouvert avec l’acolyte marchand d’esclave du premier, Don Francisco Felix Da Souza dit « Chacha ». Les intérêts des deux rustres, "industrialiser" encore plus que ce qui se faisait, la traite des noirs vers l’occident, les Amériques, se heurte à la "philosophie" d’Adandozan, oui à l’esclavage, pourquoi pas, c’est après tout dans l’ordre des choses de ces temps-là, mais non à la traite, à la déportation loin des terres africaines qui, elles aussi, peuvent être exploitées et produire les même denrées dont les blancs raffolent. Pourquoi aller faire travailler ailleurs ces esclaves qui, sur ces terres, peuvent faire la même chose ? Parce que plus simple, pensent les marchands d’esclaves qui n’en ont cure des lubies du roi. Les intrigants n’ont donc plus le choix que celui de déposer Adandozan.



Intrigue.

A petite dose, les mensonges sur l’inhumanité du roi a été répandu auprès du peuple, l’on anticipe l’acceptation par les populations de la déchéance d’un roi, pourquoi héritier du pouvoir des dieux. Guezo et Chacha fomentent leur complot, prennent le roi par surprise via un poisson simulant la rougeole, la malédiction des dieux sur le roi.



Le traitre.

Un pauvre bougre, un petit prêtre vodoun qui a eu le tort d’être un maitre en matière de poison et qui se trouve, tête la première, plongée dans le complot contre son roi. A son corps défendant, tous nous aurions essayé de sauver nos familles, quitte à trahir. Mais derrière un traitre, peut-être se cache-t-il un héros ?



La femme, ou les femmes.

Sophia de Montaguère, danoise et scandaleuse âme-sœur du roi Adandozan, convoitée, évidemment, par Guezo. La femme est le symbole du pouvoir ravi. Ses penchants abolitionnistes ont rencontré les principes du roi et la foudre amoureuse l’a frappée.

Les femmes du prêtre vodoun, qu’il ne veut pas abandonner, que même razzié, raflé, il veut retrouver, qui a marcher des jours et des jours à leur recherche, ne prenant même pas le temps d’enterrer comme il se devrait sa plus jeune épouse, morte, décapitée pour des besoins de "formation" d’une amazone en devenir.

Nansica, la bizut amazone, qui a fait ses preuves par le tranchant de sa lame à travers le coup de l’homme qu’elle a ensuite considéré comme le seul digne du statut d’homme. Guerrière de devoir, de hargne, de mission "jusqu’au bout", pleine de contradiction, à l’histoire qui aurait mérité huit tomes encyclopédiques.

Edum, femme belle, magnifiquement féminine, jamais ne digère d’être repoussée, jamais le quidam, Miguel, n’aurait dû sous-estimer la vengeance froide d’une femme dédaignée, peut-être alors, peut-être, la face de l’histoire des afro-brésiliens en eut été changée.

Sabina, dévouée femme d’un esclave en eaux calme près-rébellion. Elle ne laissera pas de trace dans l’histoire, si ce n’est d’avoir servi de repos du guerrier. Mauvaise langue.



(suite sur http://www.loumeto.com/spip.php?article366)
Lien : http://www.loumeto.com/spip...
Commenter  J’apprécie          30
Il me sera difficile de venir te voir

La colère, la révolte plutôt, est là, radicale et sans demi-teinte dès la préface de Nicole Caligaris et Éric Pessan, tous deux écrivains :

«Que la police se voie imposer par le ministère des objectifs à remplir en nombre d’interpellations, que ces objectifs poussent les forces de police à pratiquer des contrôles d’identité ciblés sur certaines nationalités dont l’État d’origine autorise avec largesse les retours contraints, que ces objectifs poussent les forces de police à pratiquer des contrôles sélectifs, selon l’aspect des passants, des contrôles répétitifs dans certains quartiers et non dans d’autres, à pratiquer des interpellations massives que nous nous obstinerons à nommer "rafles", et, pour ce faire, que la police se trouve tentée de piéger la justice en abusant les magistrats afin d’obtenir les autorisations que la loi exige: il y a dix ans, nous n’envisagions pas encore sérieusement de le voir en France.

Qu’en France des étrangers se défenestrent à l’arrivée de la police, que la police se fasse accompagner par les pompiers pour prévenir l’issue tragique de ces paniques, toute cette farce épouvantable, cela non plus nous n’aurions pas pensé le voir».

Treize "binômes" (oh le vilain mot !) d’écrivains français et étrangers ont été constitués pour donner ces «correspondances littéraires sur la conséquence de la politique française d’immigration».

D’expériences en réflexions, de souvenirs personnels en «dialogue Nord-Sud» (Arno Bertina), chacun des auteurs (on ne les citera pas tous, ils sont vingt-six, comme autant de lettres de l’alphabet... français) évoque à sa façon singulière l’étrangeté de l’Autre (le texte d’Éric Pessan est remarquable tandis que Gustave Akakpo écrit : «C’est vrai, sous tous les cieux, l’autre a toujours fait peur» et que Jean-Luc Raharimana voit dans le silence un «outil de répression»), la différence, le français n’étant pas la langue de tous et imposant son poids culturel et historique à ceux qui l’écrivent quand leur langue maternelle est autre (Driss Jaydane). Bien des phrases de ce livre seraient à citer ; on pourra, faute de disposer de la place nécessaire, finir, sinon conclure, sur cette interrogation de Aristide Tarnagda : «Devons-nous continuer à être français, américains, burkinabè, ivoiriens, riches, pauvres, étrangers ?»



Chronique parue dans "Encres de Loire" n° 46 page 39, hiver 2008-2009


Lien : http://www.paysdelaloire.fr/..
Commenter  J’apprécie          30
Coca Cola Jazz

Commenter  J’apprécie          20
La gazelle s'agenouille pour pleurer

C’est un recueil de douze nouvelles que je vous présente, écrites sur une période de dix années. Du Togo à Tirana ou Chicago, Kangni Alem nous transporte dans son univers à la rencontre de personnages aussi variés qu’un Messie, Lawanda ou Mama Ogun. "La gazelle s’agenouille pour pleurer", qui ouvre ce recueil et donne son titre à l’ouvrage, imprime le ton des pages qui suivent : c’est par un viol que nous faisons la rencontre de l’auteur, et la noirceur ne nous quittera guère au cours de notre lecture.



Meurtre, attentat, bidonville, démembrement d’un homme... Avec une écriture riche et parfois tortueuse, navigant entre poésie et onirisme à certains moments, Kangni Alem  nous parle, comme le ferait un homme d’un certain âge déjà, porteur d’une certaine érudition, accoudé au bar d’un café sombre devant une énième bière, qui raconterait des moments de son lourd vécu à qui voudrait l’entendre.



Ai-je apprécié ? Mon sentiment a fort varié au cours de ma lecture. J’ai aimé certaines nouvelles bien plus que d’autres. Je me suis parfois perdue dans les circonvolutions de l’esprit de l’auteur.  J’ai parfois souri, par exemple en lisant la dernière nouvelle, Le miroir de l’âme/2, empli de poésie. J’ai été écoeurée par certaines descriptions (ce qui incite à penser qu’il a un certain talent pour la description), ai été amusée par d’autres... Kangni Alem écrit bien, mais la nouvelle n’est pas mon genre littéraire favori, et cette lecture me conforte dans mon ressenti : j'ai un manque en ce qui concerne l’appréhension des personnages, abordés trop en surface à mon goût.



En résumé, une belle écriture, parfois tortueuse, pour mettre en lumière des histoires très sombres.
Commenter  J’apprécie          10
La légende de l'assassin

Il est des lectures qui ont raison de vous. Il faut juste l’accepter. Accepter qu’une lecture sous-jacente ait pu vous échapper, qu’un sous-texte ait eu raison de votre cerveau. La dernière fois que ça m’est arrivé c’était avec le "Montée aux enfers" de Percival Everett dont la fin m’avait laissé plus que dubitatif. Pour le coup, cette "légende de l’assassin" de Kangni Alem n’a pas réussi à m’attraper ni par son intrigue, ni par son ton, ni par son rythme. Et je veux bien croire que je sois passé aux travers des intentions de l’auteur.





Le style gouailleur et - parfois - iconoclaste m’aurait sûrement transporté s’il s’était s’agit d’un jeune auteur en devenir. Les échappées digressives incessantes auraient été une belle trouvaille de construction du roman s’ils avaient réellement été au service une intrigue solide. Et l’intrigue de départ, disons-le, tient du trailer mensonger...

Je n’ai pas accroché à ce nouveau roman de Kangni Alem. Je l’ai trouvé trop léger compte tenu du talent de l’auteur. L’écriture se veut gouailleuse mais tombe plutôt dans l’excessif exercice de style. Les mots pour les mots, c’est impression que ça donne parfois. L’histoire est sympathique, mais elle se traine, elle semble refuser de choisir entre la fable social et le polar.

Et cette seconde moitié du livre ; je n’ai rien compris !
Lien : http://loumeto.com/mes-lectu..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Kangni Alem (66)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec Clark Gable

D'après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams, Gable triomphe dans l'un des premières comédies loufoques (screwball comedy) du cinéma. Ce film américain réalisé par Frank Capra en 1934 avec Claudette Colbert s'intitule:

Paris Roubaix
New-York Miami
Los Angeles San Francisco

8 questions
26 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , hollywood , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littérature , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}