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Critiques de Karim Kattan (21)
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Le palais des deux collines

Ce livre m’a accompagné plusieurs jours et continu d’alimenter mes réflexions nocturnes…



Ce n’est pas tant la magnifique plume de Karim Kattan, où fantasmagorie rime avec souvenirs, on ne peut pas rester insensible à cette plume entrainante, poétique avec une certaine saveur musicale indéniable. On est pris aux tripes par la trame qui oscille entre songes, folies et réalités, mais c’est tout le contexte en toile de fond qui donne cette saveur particulière à ce livre.



Loin d’être un simple songe, c’est une réalité brute et cruelle qui est décrite.



Il faut s’attacher à lire entre les lignes pour comprendre ce que l’auteur a voulu mettre en exergue. L’oubli, l’exil sont salvateurs, mais il suffit de peu de choses pour que les souvenirs ressurgissent. Ils sont toujours là tapis au fond de notre mémoire et n’attendent que de surgir, comme un monstre explosant nos entrailles.



Malgré toute la douceur de la plume, il y a un vrai cri de rage et de souffrance, Faysal n’est qu’un murmure qui s’infiltre entre les collines. Un murmure qui devient Wiswis… Il faut comprendre ce que sont ces Wiswis pour appréhender toute la souffrance de Faysal, de sa famille, mais aussi de tout un peuple. De la grandeur à la chute programmée…



Lorsque j’ai lu le mot Wiswis, j’ai eu du mal à cerner ce que voulait nous faire comprendre l’auteur et puis j’ai eu cette sensation de plonger dans mon enfance, dans ces paroles, ces mots qui prennent un sens tellement différent lorsqu’ils sont en arabe, ils prennent une saveur toute particulière. Je suis d’ailleurs incapable de lui trouver un mot qui puisse le définir clairement. C’est le propre de ces murmures au creux de l’oreille, ce double sens qui oscille entre murmure et folie douce. Le twaswis est un chuchotement d’origine interne qui devient obsessionnel.



Et c’est surtout de ça dont il est question ici. L’obsession… L’obsession de vivre et de passer à autre chose, l’obsession de ne pas oublier en gardant le lien avec le passé. Comme un lien ténu entre deux personnalités, deux vies, au point de ne plus savoir ce que l’on souhaite vraiment.



Il y a une allégorie incroyable entre Faysal et la Palestine. A lui seul il est la Palestine. L’auteur évoque la gloire passée de cette grande famille, dans ce palais aux deux collines, c’est la gloire du peuple palestinien, reconnu et libre. L’auteur évoque le départ et l’exil de Faysal pendant 10 ans, ce sont les Palestiniens qui fuient… Faysal n’arrive pas à oublier au point d’en devenir fou, c’est le peuple palestinien qui vit cette folie qui quotidien…



Sous ses airs poétiques, c’est un livre engagé qui annonce la fin d’un peuple. Le palais des deux collines, c’est l’allégorie dont l’auteur se sert pour nous parler de la Vallée du Jourdain, où depuis la création de l’État d’Israël ont été implantées de nombreuses colonies israéliennes. À l’exception de 50 000 Palestiniens dont la carte d’identité mentionne qu’ils habitent dans l’un des villages de cette région, tous les autres ne peuvent y pénétrer librement depuis mai 2005. Un cordon nord-sud de check-points en contrôle l’accès. Durant, le processus de paix israélo-palestinien, sous la houlette de la communauté internationale, pour trouver une solution au conflit israélo-palestinien, l’Autorité palestinienne n’a pu s’établir que sur 45 km2 sur les 2 400 km2 que forment la vallée.



Il y a deux manières de découvrir Karim Kattan et « Le Palais des deux collines« .



On peut le lire en se laissant bercer par la musicalité des mots, par les souvenirs, les fantômes aux murmures obsédants où Faysal se perd au rythme de l’avancée des colons, se perd dans les mémoires et se perd pour la Palestine.



On peut aussi le lire au regard de l’Histoire et y voir la lente progression dans la Vallée du Jourdain, des troupes israéliennes détruisant les habitations palestiniennes. C’est une longue et douloureuse colonisation, un lent déclin et une disparition programmée d’un peuple.



On ne referme pas ce livre comme on en referme un autre… Il laisse son empreinte, son atmosphère, ses images, ses couleurs collent à la peau et comme Faysal, comme ces Palestiniens, on a envie de crier sa rage mais la tristesse nous enveloppe au point de nous rendre spectateur d’une mort programmée…
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Le palais des deux collines

«  Connais - tu au moins, l’âme du pays, son bruissement ?

Vois , dehors , la lumière parfaite et vous au loin, l’horizon qui danse et rit, qui s’approche et s’éloigne comme un enfant au bord de l’eau . Mon pays est en flamme mon pays est océan mon pays est un cantique qui parcourt les collines , un murmure qui disparaît , se perd dans le vacarme . Tu voudrais laisser un trésor , une perle aux mains barbares, aux colons? » .



«  Oui, par les armes , qui sont une libération , la terre fleurira et par nos mains , Jérusalem , qui est mille fois Grenade, retrouvera son éclat et LA PALESTINE , qui est MILLE FOIS LE MONDE , retrouvera sa splendeur et oui c’est bien cela la paix et cela pour quoi nous luttons » .



Deux extraits de ce premier roman troublant , poétique , à l’écriture envoûtante, enchanteresse , une langue acérée jalonnée d’incroyables images d’odeurs : les camélias, les amandiers, les pommes de pin et les lucioles , les rossignols et la senteur des arbres, une musicalité associée à un souffle intense de nostalgie où le héros , Faysal, jeune Palestinien de trente ans , reçoit un mystérieux faire - part de décès .



Intrigué , il écrit à George son amant , qu’il a laissé en Europe alors qu’ils vivaient ensemble depuis plus de dix ans .



Il revient dans son village natal Jabalayn , dans le palais déserté de son enfance , il erre, le passé enfoui resurgit , c’est un petit bout de Palestine que l’on attrape au vol , et qui se reconstruit en phrases légères , une vie entre rêves et réalité ,fantômes aux murmures obsédants , souvenirs douloureux , fantasmes,, magie …..

Le lecteur se fond entre passé heureux et présent , happé par la transmission, L’HISTOIRE elle - même si celle - ci ne cesse de faire planer le doute…….reste très mystérieuse , la mémoire aux lisières d’un pays, le rêve, la fiction, les éclats colorés ,chauds liés à une culture singulière .



Il nous dit un peu de la Palestine , «  ce pays Abricot » son ciel ombragé , sa lumière aveuglante , on peut aussi y lire l’avancée des troupes israéliennes et la disparition programmée d’un peuple !

C’est un livre engagé , tendre et violent , beau, douloureux dans les méandres de l’histoire où imaginaire et voix poétiques s’entrelacent , se confondent , à l’ombre des amandiers en fleurs , une Palestine devenue un lieu mythique , insoumise , intime , écho puissant entre l’agonie d’un village et ce palais des deux collines qui résonne de magie , souffrances oubliées ,souvenirs , magie et douleurs au cœur .

Un roman explorant ce qui constitue les contradictions d’un engagement politique , d’une mémoire aussi ….

Un ouvrage prometteur !

Mais ce n’est que mon avis , bien sûr !





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Le palais des deux collines

Le palais des 2 collines est un roman envoûtant. Le lecteur se sent happé par l’histoire même si celle-ci reste mystérieuse. Karin fait planer le doute. En filigrane, il parle de l’invasion israélienne.

Où l’extinction d’un peuple, villages entiers. Troublant par les nombreux flash-backs, et ses fantômes du passé. On peut ressentir le drame qui se prépare au fil des pages. La menace arrive sur Jabalayn.

Pour 1er roman, je ne suis pas déçue de Karim Kattam qui nous emmène en Palestine par le biais de la littérature. On ne peut que souhaiter qu’Israël libère ses territoires et trouve un terrain d’entente avec la Palestine. Pour que ce pays renaisse de ses cendres comme le Phénix.

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Préliminaires pour un verger futur

Trois nouvelles avec pour points communs La Palestine, l'expatriation et l'amour. Des amours différentes pour des êtres exilés. Un bref séjour à Gaza, face à la mer pour deux collègues. Puis l'histoire d'Emilie, née à Bethléem et qui voyage à travers le monde aux côtés de son mari ; elle ne sera pas épargnée dans sa maternité. Enfin, un troisième couple que nous suivons à Londres.



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Karim Kattan nous livre là trois nouvelles avec une maîtrise de l'écriture telle que sans nommer précisément ce qui participe de l'amour d'un couple, on visualise et ressent ce qui lie ces hommes et femmes, notamment pour les deux premières. La narration m'a beaucoup plu. J'ai beaucoup apprécié le style de la première et ait été touchée alors que l'auteur en dévoile peu de façon explicite. Concernant la deuxième nouvelle, j'ai eu de l'empathie pour cette femme qui est mise au premier plan selon moi, son époux restant dans l'ombre bien qu'à l'initiative de leurs pérégrinations. J'ai été perdue à la lecture de la dernière nouvelle où les mots n'ont rien représenté pour moi : c'est bien la première fois que des mots mis bout à bout n'ont aucune représentation imagée. Je n'ai pas non plus compris l'incursion des passages où Dieu s'adresse à Noé. Je suis restée complètement hermétique aux personnages, au propos de cette nouvelle qui a clos le livre. J'avais l'impression de lire une langue étrangère.



Un auteur que j'ai été ravie de découvrir et lire malgré mon incompréhension de la dernière nouvelle.
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Ce que la Palestine apporte au monde

Une nouvelle livraison de la revue Araborama, coéditée par Le Seuil et l'Institut du Monde Arabe, consacrée à la Palestine, la meilleure manière de rendre hommage à un "pays" et à son peuple, plus que jamais meurtris comme l'actualité nous le rappelle. Plus que "ce que la Palestine apporte au monde", l'essentiel du recueil, nourri par les plumes des meilleurs chercheurs, journalistes et écrivains, arabes ou européens, sur la question, évoque d'ailleurs ce que la colonisation israélienne provoque, spoliation et morcellement dramatiques du territoire, humiliation et répression permanentes, privations et paupérisation, et la résistance palestinienne à cette infinie et désespérante guerre d'usure. Mais la dernière partie met aussi en pleine lumière, à travers des contributions consacrées au keffieh, aux créations visuelles, à la musique ou à la littérature palestinienne, le "souffle culturel" d'un peuple, cette énergie qu'il nous faut soutenir, ces voix qu'il nous faut entendre, pour qu'il continue à survivre. A lire, évidemment par petits bouts, mais d'urgence !
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Le palais des deux collines

Bouleversée par ce récit entre conte, rêverie, roman…

Faysal le narrateur écrit à un destinataire que l’on découvre ensuite ses pensées, son histoire, son errance.

Né à Jabalayn, il a grandi dans cette grande maison en haut d’une des deux collines du village, ce petit coin de Palestine qui a connu les guerres et où arrivent les colons.

Difficile de dire pourquoi ou comment ce récit m’a profondément touchée : sa narration, la sincérité qui transperce, la temporalité décousue, l’alternance entre rêves et réalité. C’est superbe !
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Le palais des deux collines

Faysal reçoit, à Paris où il vit avec son amant, un faire-part de décès d’une certaine tante Rita, . Pourquoi Faysal décide t-il d’aller assister à ses funérailles en Palestine, alors que... « C’est qu’il n’y avait pas de tante Rita. Il n’y avait plus de tante tout court. Les tantes et les oncles et Ayoub et Joséphine étaient morts. » ? Pourtant il quitte l’appartement parisien sans aucune explication pour le palais des deux collines à Jabalayn.



Faysal écrit une longue lettre à son amant qui commence par « Il faut que je t’avoue, à toi. J’ai tué un homme. Un colon Un homme mais un colon. Un colon mais un homme. » Il y a dans cette phrase l’ambivalence de ce pays. Le colon est-il un homme avant d’être un colon, c’est-à-dire, un envahisseur israélien, ou l’inverse ?

Mais ce n’est pas seulement et simplement cela. Dans cette longue lettre, Faysal raconte sa famille, une tribu haute en couleurs, vivante, bruyante dans cette maison que le grand-père a fait construire pour épater et montrer sa richesse. Les salons portent le nom de grands villes, mais c’est derrière qu’ils vivent, dans des pièces plus chaudes et moins grandes.

Tout se mélange, le rêve, la réalité. Au fait, il y a t-il une réalité ?

Dans ce livre, peut-être un conte, un rêve (?) Nawal, la grand-mère, tient une place prépondérante. De temps à autre, elle prend la parole. C’est une drôle de bonne femme qui, issue d’une famille paysanne a les pieds bien sur terre. Militante convaincue, elle rêve d’en découdre avec les colons. D’ailleurs, est-ce Faysal ou Elle qui a tué le colon ? C’est la raison pour laquelle je ne suis pas certaine que le meurtre du colon ait vraiment eu lieu. Cela pourrait tout aussi bien être l’extrapolation des désirs de Nawal dans les rêves du jeune homme, ou alors, une tentative, pour Faysal de se réapproprier son pays, en sauvant sa maison du colon envahisseur ?

Ibrahim, le grand-père, créateur de la richesse familiale, lui, ne voulait pas en découdre et louvoyait. Faysal a découvert comment il a fait fortune et… C’est au plus près des fesses israéliennes, il n’y a pas de sot métier !

Ayoub, l’oncle, tient une très grande place dans l’enfance de Faysal avec son amie Joséphine. L’enfant les adoraient et aimaient passer du temps chez eux dans le restaurant qui ressemble à un vaisseau spatial, un monde magique en regard avec le palais de l’aïeul.

A l’adolescence, il est envoyé en internat, en dehors de la Cisjordanie, faisant de lui un exilé, comme la plupart des jeunes bourgeois. « On m’envoie dans un internat. Je n’ai rien fait pourtant. Deux semaines après, je reçois une lettre m’informant que tante Jeannette est morte. Bien fait pour sa gueule ». Jeannette est la tante qui l’a élevé, sa mère est morte à sa naissance et son père deux ans plus tard.

Ce livre pose la question de l’exil. Comment Faysal peut-il se sentir palestinien alors qu’il vit en France depuis si longtemps. Que représente ce pays, qu’il a oublié, fantasmé ? « L’histoire de la Palestine était une histoire de famille ». Comment connaître son pays lorsque l’on n’apprend pas à le connaître, à l’aimer ? « On ne m’a jamais appris la Palestine, je l’ai prise en consigne comme une malédiction ». Cela me remet en mémoire une nouvelle du livre de Lahoucine Karim, où les enfants ne savent pas situer le Maroc sur la carte, mais reconnaissent l’Espagne.

De retour à Jabalayn, une vie entre souvenirs, rêves et réalité. Le palais des deux collines est le lieu de l’enfance et comme tel, il est magique. Une magie, un conte que Karim kattan rendent merveilleusement, surtout lorsque la grand-mère, Nawal, prend la place du petit-fils pour raconter l’histoire. Et elle discute Nawal ! elle lui parle du matin au soir « Elle avait des décennies d’histoires et de frustrations à partage. » Avec elle, revit le passé faste de sa vie de bourgeoise argentée

Depuis qu’il est revenu Faysal est menotté à cette maison, à son passé « Pour le moment je suis menotté ici à ce ciel et à ce cimetière. »



L’écriture de Karim Kattan est imagée, colorée, avec une once d’oralité qui fait penser aux contes que l’on se raconte, avec, sous les mots… la réalité

Surtout, n’essayez pas de résister, suivez les phrases, tournez les pages et laissez-vous emporter par le récit. Plein de choses remontent ensuite, dont beaucoup de questions.

Un livre surprenant dont j’ai apprécié l’écriture.

Elyzad, une maison d’édition dont j’apprécie le soin apporté aux livres, la politique éditoriale qui m’ouvre l’esprit vers de nouvelles frontières. Merci Elisabeth.




Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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Le palais des deux collines

Voici un roman qui se mérite et qui est assez résistant surtout dans les 100 premières pages; j ai bien failli "lâcher l'affaire" plus d'une fois pour finalement me laissée faire par cette belle écriture qui pourtant nous perd souvent. D' abord par ses nombreux personnages dont les filiations sont plus suggérées que définies, et surtout par la narration qui nous transporte du monde des songes et des fantômes à celui de la réalité , le tout entre passé et présent d'un chapitre à l'autre, sans véritable transition. On finit par accepter de lire ces pages comme de courts instantanés de l'histoire de FAYSAL et sa famille , palestinien chrétien émigré en Europe et qui revient sur sa terre natale pour l'enterrement d'une supposée tante RITA, et surtout pour retrouver la très présente NAWAL.

J 'étais très en demande de cette histoire qui fait écho à l'actualité tragique du moyen orient ; certes, on comprend la souffrance du peuple palestinien et son orgueil qui lui commande de ne pas baisser pavillon et de rester sur ces terres , le" pays de Dieu "particulièrement pour les chrétiens de Palestine;

Malgré les atouts de ce roman , quand même lauréat du prix de la francophonie! , je sors un peu dubitative de cette lecture ; Ai je tout compris?, ne suis je pas passée à côté de certains " messages " laissés par l'auteur?. Donc un sentiment assez mitigé à la sortie de cette lecture exigeante.
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Le palais des deux collines

Entre crépuscule et lumière



« - Je n’aime pas ce pays. Je n’ai jamais voulu revenir ici (…)

- Qu’est-ce qui t’a fait croire que tu avais le choix »



C’est dans son village à l’agonie, en Palestine, que revient Faysal. Un monde en ruines, comme l’ultime territoire résistant encore quelques heures à l’invasion israélite.



Faysal écrit à Georges, son amant, qu’il a laissé en Europe alors qu’ils vivaient ensemble depuis 10 ans.

Dans cette longue lettre il déroule le présent, mais surtout le passé heureux et malheureux de Jabalayn, là où il vécut son enfance sur une des deux collines dans un territoire reculé de Palestine.



Alors Faysal de retour sur sa terre natale erre dans ses souvenirs peuplés de fantômes qui le hantent et lui parlent à l’oreille comme une incantation à rester jusqu’au bout sur cette terre, résister à l’envahisseur et préserver la mémoire de ses aïeux.



Mais Faysal est écartelé : repartir en Europe retrouver l’homme qu’il aime ou rester avec les fantômes de son enfance auxquels il est très attaché.

Deux envies irrépressibles même si le lecteur se doute de la destinée finale de Faysal. Le caractère sacré de son pays, terre de Dieu, pèse sur les êtres qui l’habitent depuis toujours…



Au rythme de l’approche imminente des colons, Faysal côtoie de plus en plus les fantômes de son passé, jusqu’à s’y perdre lui-même. Devenir gardien de ses ancêtres, voilà son écrasante responsabilité, voilà aussi sa quête de paix intérieure et intime.

Malgré ses sursauts de résistance, tous le hantent, tous lui réclament de rester et sacrifier sa vie pour leurs mémoires et pour la Palestine…



Un roman très poétique, écrit dans un souffle de nostalgie profonde, à l’écriture envoutante par l’atmosphère qu’elle déploie et, malgré la situation de chaos, par la douceur qu’elle dégage, .

Certains passages doux et poétiques semblent baigner d’une lumière céleste, comme une bulle protectrice de ce monde en conflit.

Faysal confie d’ailleurs : « J’ai comme une vague mélancolie entre la poitrine et le ventre », une douce sensation que réussit à faire vivre Karim Kattan à son lecteur. Et rien que pour ça, je vous en recommande la lecture!

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Le palais des deux collines

Roman original et fort qui raconte le retour d’un jeune palestinien dans la maison de son enfance, en Cisjordanie et à qui les souvenirs reviennent.



Exil, nostalgie d’un pays et d’un monde qui n’existent plus, tension et menaces des colons…



Une magnifique écriture pour nous faire appréhender un territoire et ses habitants.



Subtil et touchant!

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Le palais des deux collines

Un titre qui oscille entre réalisme magique, et témoignage d'une réalité terrible.

Le dernier survivant d'une famille aisée de palestiniens revient dans la maison fantasque construite en son temps par un grand-père original, tandis que les colons israëliens sont à deux pas d'ici...

Les époques se superposent et se mêlent en e même lieu, et si le narrateur promet au début de tout raconter chronologiquement, c'est précisément ce qu'il ne fait pas, mais construit l'histoire de la famille comme le grand-père a lui-même fait construire la maison, par étape, sans ordre apparent. Les fantômes croisent les vivants, en s'attachant à certains figures plus que d'autres, toutes complexes, toutes fascinantes.

Si on y traite bien sûr de la famille et de l'amour, le thème central est la réaction de chacun face à cette situation de colonisation par un voisin : il y a la grand-mère qui toute sa vie a été à 2 doigts de prendre les armes, l'ancêtre "collabo", le rejeton indifférent, qui loin d'aimer cette terre croit la rejeter, et en est pourtant dépendant.

Un texte vibrant, une langue qui ne cherche pas la joliesse ni l'effet de style, mais l'authenticité. A travers des scènes nébuleuses, des non-dits, Karim Kattan peint la fin d'une dynastie et la fin d'une terre. Une disparition, lente, et qui laisse le monde et même le narrateur, indifférents.
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Le palais des deux collines

Quelle est la part de réalité, de rêves, de folie dans ce roman?



Faysal, exilé palestinien, reçoit un jour un faire part de décès d'une supposée tante Rita qu'il ne connaît pas. Tous ses ancêtres sont morts. Sa curiosité l'amène néanmoins à tout quitter, son compagnon, son appartement, son travail, sa vie en Europe pour se rendre immédiatement à Jabalayn, dans son village natal en Palestine.



Il se rend donc dans le palais dont il a hérité, perché sur une colline. Lui, le petit fils du riche homme d'affaires Ibrahim et de Nawal. Lui, orphelin de mère dès sa naissance et orphelin de père à l'âge de 2 ans. Lui qui a été élevé par les membres de la maison familiale : ses grands parents, sa tante Jeannette, son oncle adoré Ayoub ainsi que les voisins Josephine et Jihad.



Son retour sur la terre promise est comme un appel irrésistible, lui qui n'y a plus d'attache. Il retrouve les lieux de son enfance, accueilli par Nawal, le fantôme de la maison, devenue gardienne et conteuse de sa vie passée. Dès son arrivée, Faysal est soumis aux murmures des wiswis.



Par un jeu de temporalités Faysal est transporté de sa naissance à son enfance et sa vie présente au cours de laquelle il s'adresse à son amant, lui écrit pour lui expliquer les raisons de son départ précipité et celles pour lesquelles il lui est impossible de rentrer. Il se rappelle d'éléments de son enfance et découvre de lourds secrets familiaux.



On découvre une Palestine authentique, rurale, religieuse avec un peuple fier prêt à tout pour rester sur la terre de ses ancêtres.



Même exilé et heureux d'avoir quitté ce pays douloureux, Faysal a du sang palestinien qui coule dans ses veines et son histoire l'entrave, rend impossible tout retour. Il est retenu par les liens sacrés qui l'unissent à Jabalayn. Nawal l'a rappelé pour défendre sa terre : les colons sont tout près, ils vont s'emparer de toutes leurs possessions dans la force si personne ne s'interpose.



Ce faire part était-il réel ? Était-il un faux prétexte inventé par Faysal pour se placer en dernier rempart face à l'invasion des colons ? Était-ce une manœuvre du fantôme de Nawal ?



Ce roman sur fond de colonisation et de surnaturel est puissant, envoûtant et haletant.



La plume de Karim KATTAN est poétique, ciselée et fascinante. Une fascination que l'on retrouve aussi dans la description faite par Faysal de son oncle Ayoub qui révèle une description charnelle, sensuelle et dans celle de son amante la belle et intelligente Josephine.



Une belle histoire malgré une vision pessimiste sur l'issue du conflit Israël-Palestine. Les palestiniens pourront ils rester sur leurs terres et à quel prix?

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Le palais des deux collines

Revenir dans sa maison d'enfance, cette utopie créée par son grand-père en Cisjordanie c'est rencontrer les fantômes qui peuplent son histoire et celle du peuple Palestinien.

Au fil de la lecture et des souvenirs des habitants du palais on comprend les drames que cette famille déracinée a subi.

Un roman exigeant par sa forme et son style, le lecteur est pourtant envoûté par une écriture sensorielle et mémorielle puissante : il y a un petit quelque chose de Woolf, avec ce flot de pensée et ces souvenirs imbriqués.

Au delà du texte, il s'agit surtout de se rappeler l'Histoire de cette région du monde où le conflit semble encore aujourd'hui insoluble.
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Le palais des deux collines

Écrit comme une longue lettre ou une confession à son amant délaissé, entrecoupé d'interventions de Nawal, la grand-mère de Faysal, ce très beau roman est un peu exigeant si l'on ne veut pas se perdre. Mais l'attention demandée est quasiment est inhérente au texte, tant icelui est prenant, fascinant... il sera difficile d'en sortir même pour quelques minutes pour vaquer à des occupations prosaïques. "Mon village, il aurait pu surgir d'un conte de fées. Tu as vu de tes propres yeux que c'est beau et pas-tout-à-fait-comme-le-reste. Il y a quelque chose d'incongru chez moi. C'est un monde à part, une forêt perdu entre ici et demain, c'est ça, Jabalayn. Quelque chose qui cloche, on ne saurait dire quoi, c'est un monde juste un peu différent, une fourchette posée juste un peu trop à gauche de l'assiette, une qualité de l'air imperceptiblement autre." (p.24)



Les pensées de Faysal -et donc son propos- sont décousues, entre le réel, l'onirique, les souvenirs fantasmés ou pas. Puis il y a cette situation de ce village en Cisjordanie, isole, tout autour des villes et villages annexés par les colons et Jabalayn et ses deux collines qui résistent passivement. "Je vais te dire un petit secret sur eux, ils se prennent pour des cowboys de Dieu. La révolution dont ils parlent, c'est le jour où les colons qui avaient déjà occupé une grande partie de la Cisjordanie ont décidé qu'ils en avaient assez d'attendre et que leur temps était venu. Un peu le grand soir des cowboys : ils allaient prendre, de force, tout ce qu'ils pouvaient du territoire." (p. 39)



Le texte est très beau, je le disais plus haut, fascinant, de ceux qui restent encore en tête même lorsque le livre est fermé, ce qui permet de s'y remettre aisément. Il parle de l'engagement politique et armé pour défendre sa terre, de la lâcheté ou de la peur de lutter, de la résignation. Il est troublant, tendre et violent, envoûtant : "Mourir sur cette colline : l'idée me plaît parfois. Tu l'as sentie, la volupté de Jabalayn, terre de fées où le soir les lucioles encerclent d'un halo extra-terrestre le restaurant de Jihad, désormais envahi de ronces et de digitales, dansent autour des amandiers de la maison, et nous soustraient au monde." (p.47)



Premier roman d'un jeune auteur palestinien, Karim Kattan, publié dans une belle maison, Elyzad.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le palais des deux collines

« Mon village, il aurait pu surgir d'un conte de fée… C'est un monde à part, une forêt perdue entre ici et demain. C'est ça Jabalayn… »

« le palais des deux collines » est magistral. Des voix qui s'élèvent, tant litanies que résistances. Bouleversant, si proche de nous, il nous prend à bras le corps. Les témoignages s'effacent et cèdent la place à la beauté infinie de ce lieu, de ce pays meurtri : La Palestine. Faysal conte, arrime sa patrie, ses frères et soeurs combattants de l'adversité, sa famille. L'idiosyncrasie d'un peuple déraciné, tarentule et désespoir. Ici, le palais est sceau, ce qui fût et qui n'est plus. Les collines chavirées sous les griffes acérées. Faysal est de retour dans la ligne de mire des souvenirs insistants, nostalgiques.

« Et comme ces dernières semblent invincibles, dressées telles des guerrières insoumises et gardiennes de la terre. »

Faysal retourne la terre de ses mains. Il se rappelle de la vie ici-bas dans l'avant annexion, lorsque tout était encore plausible.Le palais fantôme, ruines devenues, laissent les ombres déambuler encore. Faysal parle la langue Babel, celle qui honore la mémoire des lieux. Les images s'accrochent aux larmes du ciel, aux couleurs froissées. L'infini d'une vie symbolique lorsque cet endroit enivrant d'Histoire était profondément vivant et de plénitude vêtue.

« En sillonnant la maison, j'ai retrouvé et les odeurs et le toucher, j'ai retrouvé l'ouïe et j'ai su écouter enfin comme je le faisais avant le bruissement des ailes de nuit. Ce serait mentir. »

Ses pas sont initiatiques, des empreintes où s'entrechoquent les malheurs et les turbulences, le majestueux passé auprès des siens envers et contre tout.

« Depuis vingt-cinq ans, ma vie est vide sans toi. Bonjour, bonjour Ayoub. La mort t'a adouci. »

Le village de Jabalayn est un berceau renversé, une coquille écrasée du pied. Les hommes ne sont plus. Lande étouffée par le nauséabond. Le palais des deux collines est fissures et douleurs. Les brûlures ne cicatrisent pas, terre arrachée tel un drap trop vite séché. Faire disparaître le goût acide des abricots, la paix tranquille et la liberté comptée. Pourtant il suffisait juste de penser l'autre avant soi-même. de faire chanter les possibles et d'étreindre le cosmopolite. Ce livre grave, poignant est une rencontre précieuse avec Karim Kattan, tant il connaît le miracle des mots. Tant son écriture est douce et loyale.

« Connais-tu, au moins, l'âme du pays, son bruissement ? Là-bas, et plus près d'ici, tu n'entends pas des centaines de villages chanter ? »

Ce livre est un témoignage crucial, la langue nouvelle qui soulève les sables brûlants. Mémoriel, certifié, douloureux, olympien car juste. En lice pour le prix Hors Concours 2021. Publié par les Éditions Elyzad.



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Le palais des deux collines

Il y a de très bonnes choses, de très belles phrases aussi, dans ce récit d’un retour en Cisjordanie, dans une famille chrétienne, de celui qui avait émigré. Il retrouve donc cette maison, le palais, et toutes les personnes de la famille élargie avec qui il a grandi -et aussi plus épisodiquement des soldats israéliens . Sont-ils en vie? Sont-ils des fantômes ? Ne sont-ils que des souvenirs ? On s’y perd parfois cependant, il n’y a pas de linéarité ni évolution (ou je ne l’ai pas vue ou comprise).
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Le palais des deux collines

: pp palestiniens, pp gays

TW : meurtre, colonisation, pillage



Il m'a fallut un peu de temps pour rentrer dans l'histoire, mais une fois que j'y étais, impossible de le lâcher. C'est une plume assez particulière, très poétique, joueuse un peu, mais qui parfois peu perdre. C'est là tout le jeu de l'auteur aussi de nous laisser suivre le personnage principal, Faysal, mais pourtant réussir à nous faire douter que c'est uniquement de sa voix qu'il s'agit.



Une lecture qui peut s'amener être déroutante, notamment au niveau de la chronologie qui à un moment est dans le passé, puis d'autre au présent, peut-être même futur ? De la même façon si la vision principale est celle de Faysal, parfois, on a aussi l'impression d'entendre les voix de sa famille. sa tante Rita, son oncle Ayoub, Joséphine et encore d'autres. Est-ce lui qui fait cela ? est-ce qui lui vit ? Est-ce que ceux qui l'entourent sont même encore vraiment là ?



Il y a aussi une dimension un peu fantastique avec ce vase rouge, les voix qui peuvent peut-être s'en échapper, mais aussi tous les non-dits de la famille, tous les secrets. Quelle est véritablement la symbolique ? Qu'en est-il de tout cela ? Il est difficile d'avoir un avis finale.



Quoi qu'il en soit, j'ai adoré ma lecture et je remercie vraiment le "The Watermelon Bookclub" pour m'avoir fait découvrir à la fois l'auteur et le livre. C'était une lecture incroyable.
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Ce que la Palestine apporte au monde

Riche recueil trouvé à la librairie de l'Institut du Monde Arabe suite à l'exposition "ce que la Palestine apporte au monde", cette publication épaisse rassemble des entretiens, des réflexions riches et équilibrées, des illustrations, qui sont précieuses par les temps de guerre que nous traversons ... ainsi que de très nombreuses références pour d'ouvrages pour approfondir la discussion.

Le recueil est organisé en chapitres : Pays (Territoires et Diasporas), Cause politique (internationale, régionale et originale), Souffle culturel, puis une conclusion, intitulée "promesse".
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Le palais des deux collines

j'ai essayé à plusieurs reprises delire ce roman. je me perds dans l'histoire, les personnages, les lieux.

finalement, j'abandonne la lecture.

La thématique m'attirait, connaître la Palestine de l'intérieur à travers des personnages, l'histoire.

Dommage, je n'ai pas trouvé l'entrée.
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Le palais des deux collines

aysal, la trentaine, vit en Europe depuis qu’il a quitté la Palestine d’abord pour ses études puis pour y vivre.



Un jour, il reçoit le faire-part de décès de sa tante Rita dont il n’a aucun souvenir. Intrigué, il retourne à Jabalayn, « les deux collines », son village natal en Palestine.



Un retour dans un village en ruines qui semble attendre l’invasion ennemie. L’occasion pour Faysal d’écrire à Georges, son amant le passé faste, douloureux et lourd de secrets mais aussi son présent, assailli par les wiswis, « les murmures » de ceux qui ne sont plus et qui l’enjoignent de ne pas abandonner, de lutter, de se rappeler jusqu’au point de non-retour.



La plume poétique et métaphorique à la fois raconte, non « murmure » les souvenirs et la douleur qui y est attachée. Le récit oscille entre rêves et certitudes, passé et présent pour dessiner une réalité brutale et cruelle, celle de l’extinction d’un peuple.



Dans une magistrale analogie entre les souvenirs de Faysal et l’histoire de la Palestine, le récit, rythmé par la musicalité des mots et les murmures obsédants raconte le déclin d’un homme et celui d’une nation.



Faysal, dernier né de sa famille, unique héritier, seul dans ce palais abandonné, est assailli par les fantômes de son passé qui lui réclament de ne pas oublier, de résister à l'envahisseur et de préserver la mémoire de ses ancêtres et celle de la Palestine. En écho à l’avancée des troupes israéliennes, Faysal, s’enfonce dans ce rôle de gardien jusqu’à s’y perdre.



Un roman doux et brutal à la fois, empreint d’une profonde nostalgie qui touche en plein cœur. Un roman qui hante même après l’avoir refermé depuis quelques jours. Un roman dont l’écriture ne peut laisser indemne. Un coup de cœur pour un auteur au talent indéniable.
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