Citations de Kristin Hannah (243)
- Bon de toute façon, vous n'êtes pas les premiers cheechakos à débarquer ici avec un rêve mais aucune préparation.
- Des cheechakos ? questionna Leni.
- Des pieds-tendres. Ce qui compte en Alaska,ce n'est pas qui vous étiez quand vous y êtes venus. C'est qui vous êtes devenus. Vous êtes dans une région sauvage ici, les filles. Il ne s'agit pas d'une fable ou d'un conte de fées. C'est la réalité. Une réalité dure. L'hiver va bientôt arriver et, croyez-moi, il ne ressemble à aucun hiver que vous avez connu. Il va éliminer les faibles, et rapidement. Vous devez savoir comment survivre. Vous devez savoir tirer et tuer pour vous nourrir, et vous protéger du danger. Vous n'êtes pas au sommet de la chaîne alimentaire ici.
- Vous essayez de nous effrayer ? demanda Maman.
- Et comment ? Avoir peur, c'est du bon sens ici. Beaucoup de gens viennent ici, Cora, avec des appareils photo et le rêve d'une vie plus simple. Mais cinq Alaskains sur mille disparaissent chaque année. Ils disparaissent, tout simplement. Et la plupart des utopistes...eh bien, ils craquent le premier hiver. Ils s'empressent de retourner au pays des drive-in et du chauffage qui s'allume en tournant un bouton. Et du soleil.
Grâce à eux, je sais maintenant ce qui importe, et ce n'est pas ce que j'ai perdu. Ce sont mes souvenirs. Les blessures cicatrisent. L'amour perdure. Nous demeurons.
Si j'ai appris une chose dans cette longue vie qui a été la mienne, c'est ceci : dans l'amour, nous découvrons qui nous voulons être; dans la guerre, nous découvrons qui nous sommes.
Comment pourrais-je y aller sans tout me rappeler: les choses affreuses que j’ai faites, le secret que j’ai gardé, l’homme que j’ai tué.. et celui que j’aurai dû tuer? p179.
Le rossignol a chanté. p 266
Sa maman lui avait vraiment manqué. C’était en permanence en elle, comme un vide qui la tiraillait la journée et se transformait en une douleur cuisante le soir. Elle s’était promis que, si sa maman revenait un jour, elle serait sage. Parfaite. Quoi qu’elle ait pu faire ou dire de si mal, elle arrangerait les choses ou se reprendrait. Ce qu’elle voulait plus que tout, c’était rendre sa mère fière.
Je retrouve ma fille que je n’ai pas vue depuis trois ans. L’amour, c’est ça, la plus grande des ivresses.
Meilleures amies pour la vie.Elles avaient cru que ce serment résisterait au temps, qu’un jour elles seraient de vieilles femmes assises dans leurs rocking-chairs, sur une terrasse au bois grinçant, et qu’elles se raconteraient leurs plus grands moments en riant.À présent, bien sûr, elle n’était plus dupe. Depuis plus d’un an, elle se répétait que ce n’était pas grave, qu’elle pouvait poursuivre son chemin sans meilleure amie. Il lui arrivait même parfois d’y croire.Mais elle entendait alors la musique. Leur musique.
Il y a une chose que tous les enfants de prisonniers de guerre savaient : à quel point les gens pouvaient facilement être démolis.
Une mère était comme le fil d'un cerf-volant. Si elle ne vous retenait pas fermement, solidement, on pouvait bien s'envoler dans les airs et se perdre dans les nuages.
La peur, apprenait Leni, n'était pas le petit placard obscur qu'elle avait toujours imaginé: des murs oporessants, un plafond contre lequel on se cognait la tête, un sol froid au toucher.
Non.
La peur était une grande maison composée d'une enfilade de pièces reliées par des couloirs sans fin.
Dans les jours qui suivirent la fermeture du portail, avec sa chaîne en métal, Leni découvrit la sensation que procuraient ces pièces.
Vianne devait reconnaître que la vie au Jardin était plus facile sans Isabelle.
" Avoir peur c'est du bon sens ici "
- Embrasse-moi, murmura-t-elle. Fais-moi oublier.
- Ce n'est pas d'oublier dont nous avons besoin, Vianne, dit-il en se penchant pour l'embrasser. C'est de nous souvenir.
Lorsqu'il l'embrassa, quelque chose s'ouvrit dans le creux du coeur éraflé et vide d'Isabelle, se déploya. Pour la première fois, ses romans d'amour lui semblaient sensés ; elle se rendait compte que l'âme d'une femme pouvait changer aussi vite qu'un monde en guerre.
Je ferme les yeux et, dans une obscurité où règne une odeur de moisissure et de vies lointaines, mon esprit replonge dans le passé, ouvrant une brèche à travers les années et les continents. Contre ma volonté - ou peut-être en accord avec elle, qui sait encore cela ? -, je me souviens.
J'ai pris un coup de vieux au cours des mois qui ont suivi la mort de mon mari et l'annonce de mon diagnostic. Ma peau a l'aspect froissé du papier sulfurisé qu'on a essayé de lisser pour le réutiliser. Mes yeux me font souvent défaut - dans l'obscurité, quand je suis face à des phares, quand il pleut. C'est perturbant de ne plus pouvoir me fier à ma vue. C'est peut-être pour ça que je me surprends à jeter un regard en arrière. Le passé a une clarté que je ne peux plus trouver dans le présent.
Quand les crétins de votre acabit ont commencé à envahir ma vallée, j'ai passé une annonce dans dix grands journaux pour chercher un associé...
J’appuie trop fort sur l’accélérateur et recule dans la rue, reléguant mes souvenirs dans mon rétroviseur. Si seulement ils y restaient ! Ils se comportent, hélas ! comme des passagers importuns, qui m’encombrent et me privent d’oxygène.