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Critiques de Kun-woong Park (46)
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Mémoires d'un frêne

•OXYMORE TRAGIQUE•

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🦊 Il fallait que mes mots pleurent sur cet oxymore tragique. Mémoires d'un frêne c'est avant tout, la vision d'un arbre sur le monde. Comme si l'être humain n'était pas capable d'avoir la même hauteur d'esprit. Traduit du coréen par Kette Amoruso, il s'agit d'un ouvrage qui ne peut laisser personne indifférent. Certains seront choqués, d'autres meurtris mais n'est-ce pas là le propre de la littérature ? J'entends certains puristes affirmer que l'art graphique n'est pas de la littérature. Ne sous-estimez jamais le pouvoir d'une image, d'un dessin, d'un croquis. Celui qui image votre esprit. Si je ne m'attendais pas à pareille violence, elle s'avère être nécessaire en son écorce. Une branche se casse, elle repoussera. Les feuilles chantent au gré des saisons mais tout prend racine. Sans nos racines, continuons-nous d'exister ?•••

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🦊 Tout au long de l'album, sans couleur autres que le noir et le blanc, en pleine guerre de Corée en 1950, nous suffoquons. le massacre de la ligue Bodo, épisode méconnu des années post seconde guerre mondiale éclate à nos visages pour se planter dans nos coeurs fissurés. Les visages grossiers, aux yeux exorbités, au langage corporel éreinté, à l'absence de révolte forment un tronc qui se délite peu à peu. Dans cette forêt où ce frêne existe sans exister, impassible, sans bouger, sans moyen d'agir, la lumière intervient par petites touches pour ne pas sombrer. Les corps s'entassent, les visages se superposent, les membres se disloquent, le buisson de l'espoir ne répond plus. Déraciné. Abattu. Parfois, le vocabulaire s'avère trompeur. Si souvent ce sont les arbres qui tombent. Ici ce sont les hommes. Les innocents. Par crainte d'une contamination communiste. Adapté d'une nouvelle coréenne, Park Kun-Woong excelle dans l'horreur. Vous serez choqués ou révulsés par certaines scènes, combattre le mal par le mal est adopté en poncif. Si la luminosité de ce frêne éclate, on sent le vice de ce dernier à observer ce spectacle de loin pour tromper l'ennui. Il faudra attendre 2005 pour que la commission « Vérité et réconciliation » puisse faire toute la lumière sur ces évènements. Pour ne jamais oublier, pour témoigner de l'échec humain, cet album nous ramène à la triste réalité que l'Homme est loin d'être la meilleure chose sur Terre•••

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🦊 Avec des dessins arrondis, des seconds plans précis pour attirer l'oeil et une force graphique, l'auteur propose des cases à géométrie variable où celles en pleine page vous encercleront avec leur liane. Oxymore tragique. Les éléments prennent ainsi le pouvoir dans cette longue chaine humaine aux vagues successives. L'horreur humaine à travers la vision d'un frêne si petit soit-il, si fragile soit-il. Des hommes déshumanisés devant l'horreur, en proie à la folie font face au vice des capitaines. Au plaisir de faire mal, d'engendrer des souffrances et une mort indigne. Devant les cris, l'indifférence. Devant les pleurs, la fuite. L'auteur utilise ainsi des gros plans sur certaines parties du corps humain pour accentuer le trait alors que certains tortionnaires apparaissent parfois sans visage. L'oppression et la barbarie font face au désarroi et l'impuissance. Et puis ces bruits, ces bruits sourds ou creux qui résonnent dans le silence forestier, qui traduisent d'une angoisse profonde où le sol continue de vivre malgré les morts. Tels des animaux. Tel du bétail, la notion d'humanité disparait. Ce qui ne disparaitra pas, est de toute évidence la cruauté somptueuse de cet album. Sa barbarie poétique et sa violence lumineuse. Tout n'est qu'oxymore. Tout n'est que tragique. Oxymore tragique, voici venu le temps de la reconstruction•••


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Mémoires d'un frêne

S'il est original de confier la narration de ces massacres tragiques à un arbre, j'ai trouvé que celui-ci était bien davantage au spectacle et même que celui-ci venait rompre la monotonie de sa jeune existence en le distrayant. J'aurais préféré un arbre compatissant aux souffrances de ces malheureux, à la douleur de leurs proches tentant de les identifier, mais non, il se satisfait même de la contribution en engrais organique que lui apportent les personnes assassinées.



Donc, pas d'empathie pour ce frêne qui n'aura qu'une branche cassée par un malheureux tentant de s'y accrocher, d'ailleurs il dispose de nombreux surgeons qui lui permettront de survivre et de se développer tandis que les victimes meurent.



Sur le plan graphique, c'est très noir, et pour cause, le sujet est terrible, donc peu de commentaires sur l'esthétique de cette bande dessinée, dont la forme de la présentation ne m'a pas convaincu.
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Mémoires d'un frêne

Récit sobre mais glaçant du "massacre de la ligue Bodo" par la police et l'armée sud coréenne en 1950, pendant la guerre fratricide en Corée, qui a fait des millions de morts sur l'autel de la guerre froide.

Le narrateur est un frêne, qui a été intelligemment incarné par l'écrivain Choi Yong-tak dans une de ses nouvelles. Le dessinateur Park Kun-woong en a fait sa BD. Les auteurs se sont manifestement imprégnés du caractère de cet arbre robuste.

L'étonnement de cet arbre spectateur de ce massacre au bord d'une sombre vallée où des corps s'entassent, donne à ce récit une couleur à la fois sombre, ironique et vivante.

Ce point de vue permet de s'interroger sur la sagesse et la vanité de l'être humain.
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Mémoires d'un frêne

Heureusement que ce roman graphique est en noir et blanc, je crois que je n’aurais pas pu supporter de le lire en couleur, la violence, la terreur et le sang omniprésents auraient surement été trop agressifs.

Cette adaptation sous forme de bande dessinée d’une nouvelle de l’écrivain coréen Choi Yong-Tak est d’une force inouïe, tout en étant très sobre.

L’histoire nous est racontée par un jeune frêne, témoin du massacre de centaines et de centaines d’habitants d’une région située en Corée du Sud.

Les faits se sont déroulés en 1950, au cours de la guerre de Corée et entre 100 000 et 200 000 personnes, des hommes, des femmes et des enfants, tous des civils, ont été assassinés dans le plus grand secret.

Le fait que l’histoire soit racontée par un arbre permet de mettre une distance avec ces évènements dramatiques et rend la barbarie presque poétique, tant les dessins sont magnifiques, mettant l’accent sur le cycle de la nature, plus important ici que l’aspect moral du massacre.

L’arbre n’éprouvant aucun sentiment, il nous dépeint juste ce dont il a été témoin, il énumère les hommes qu’il a vus tomber, attachés les uns aux autres par des barbelés, il raconte les coups portés, les coups de feu qui émettent une lumière vive, les cris qui viennent animer le calme de la forêt, l’accumulation des corps entassés les uns sur les autres, la décomposition, le travail des insectes, les agapes des rats et des chiens sauvages et ce, jour après jour, encore et encore jusqu’à transformer la vallée paisible en une vallée de sang et de fluides de toutes sortes.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Rue de l’échiquier pour cet envoi, ainsi que pour le petit mot manuscrit, le marque-page et le catalogue des parutions.

J’ai beaucoup aimé cet ouvrage, d’un esthétisme délicat et sombre à la fois, et œuvrant pour que l’on garde en mémoire des faits que l’histoire a longtemps occultés.

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Mémoires d'un frêne

Park Kun-woong livre un récit glaçant du massacre de la Ligue Bodo, un événement tragique au début de la guerre de Corée.




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Mémoires d'un frêne

Avec ce roman graphique, Park Kun-Woong a choisi d’adapter une nouvelle de l’écrivain coréen Choi Yong-Tak afin de nous restituer en images un épisode dramatique de la guerre de Corée. Un événement historique longtemps occulté par les coréens.



Le narrateur de cette bande-dessinée est peu commun puisqu’il s’agit d’un jeune frêne. Celui-ci vit paisiblement dans la vallée et assiste quotidiennement aux allées et venues des paysans qui travaillent. Un jour, il va devenir le spectateur d’un effroyable massacre de civils, orchestré par les autorités coréennes par peur de la contagion communiste.



Cet arbre, témoin du massacre, nous dépeint l’horreur en toute impartialité. Curieux par l’agitation qui se déroule sous ses yeux, il n’éprouve aucune compassion pour les victimes. Une mise à distance indispensable pour le lecteur qui n’est, malgré tout, pas épargné par les détails inhumains de cette tragédie.



Massacres à la chaîne, civils attachés par des barbelés, terreur qui déforme les visages et décomposition des corps entassés, l’auteur nous heurte de plein fouet grâce à la puissance d’évocation de ses dessins.



Un graphisme sobre, tout en noir et blanc et une ambiance sinistre à l’image du drame saisissant auquel on assiste. La nature tranche ici de manière poétique avec l’horreur du carnage et l’auteur n’hésite pas à mettre en relief l’absurdité des actes de l’être humain.



Une bande-dessinée qui met en avant la barbarie des hommes avec ce récit qui nous restitue l’un des plus effroyables massacres perpétré lors de la guerre de Corée. Une lecture difficile mais nécessaire et des illustrations d’une grande force.
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Mémoires d'un frêne

"De mémoire de frêne, on n'avait jamais vu une telle foule dans la vallée."

Le narrateur, un frêne, témoin curieux assiste à une tragédie se déroulant au fond d'une vallée qui se verra peupler de nombreux anonymes. Il y a dans son monologue un côté poétique qui tranche avec la gravité des événements, se déroulant sur plusieurs jours. La nature tiens une certaine place - indifférente devant "l'opiniâtreté" humaine - des bourreaux et des civils qui s'agitent vainement.

Un dessin en noir et blanc, très réussit, une ambiance noire et qui s'adapte très bien "une beauté sombre". Appuyé par des planches en pleine ou double page et voir des cases, des textes assez forts. La foule est représentée comme des animaux qu'on envoie à l'abattoir. Les visages, leurs expressions marquées par la peur. Ils sont terrifiés par leur fin brutale, terrible et absurde !

À la fin, quelques pages de l'auteur et de l'écrivain (adapté d'une nouvelle de Choi Yong-Tak dont le grand-père est une des victimes), éclairent et dénoncent ces atrocités commise par la Corée du Sud en 1950, lors de l'invasion de la Corée du Nord. Des sympathisants communistes, des civils ont purement et simplement été assassinés. Un chapitre de l'histoire longtemps méconnu.

Merci à Babelio et les éditions Rue de l'échiquier pour cette découverte !
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Mémoires d'un frêne

Un épisode sanglant, longtemps occulté de l'histoire de la Corée, représenté depuis le point de vue d'un arbre, témoin des massacres qui se déroulent sous son feuillage. Voilà l'étonnant, éprouvant et magnifique projet de Park Kun-woong.


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Mémoires d'un frêne

Je suis l’arbre qui parle, l’arbre qui raconte, l’arbre qui témoigne.



Petit, je n’étais qu’arbrisseau, isolé parmi les autres frênes dans cette vallée coréenne de Chungcheong, épargné de la coupe par deux jeunes frères débordant de joie de vivre.



Et un matin, j’ai vu… J’ai vu les soldats arriver ; j’ai vu les prisonniers enchaînés ; j’ai vu leurs yeux apeurés, horrifiés ; j’ai vu les visages supplier, appeler à un dernier sursaut d’humanité ; j’ai vu les fusils s’armer, et les soldats tirer ; j’ai vu les corps tomber, et tomber, et tomber encore ; et j’ai vu les autres convois s’enchaîner et les massacres recommencer…



Aujourd’hui, je suis adulte. J’ai grandi, nourri par le sang de tous ces hommes, par les pleurs de tous leurs proches, par la sève de leur souvenir. « Je suis à présent un grand frêne robuste. Mes racines ont conservé les vestiges de cette époque. Il semblerait que certains souvenirs résistent à l’épreuve du temps ».



Alors qui mieux que moi, qui ai tout vu et qui ai survécu, pouvait raconter ce massacre de la Ligue de Bodo durant la guerre de Corée en 1950 ? Qui mieux que Choi Yong-tak pouvait le transcrire en histoire ? Qui mieux que Kette Amoruso pouvait la traduire ? Et surtout, qui mieux que Park Kun-woong pouvait en magnifier l’horreur et la profondeur par des dessins d’une noirceur effroyable autant que poétique ?



Lisez Mémoires d’un frêne, une BD magnifique, un témoignage bouleversant.
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Mémoires d'un frêne

Démarrons sans préambule par un simple constat : Mémoires d'un frêne est un petit joyau de la bande dessinée. Avec cet album le Coréen Park Kun-woong déploie une maestria graphique et un sens de la narration remarquable, à mi-chemin entre la poésie et la tragédie la plus cruelle. En choisissant ici d'adapter une nouvelle inédite de l'écrivain coréen Choi Yong-tak, il revient sur l'épisode resté dans les mémoires comme "le massacre de la ligue Bodo", lors duquel les autorités sud-coréennes exécutèrent froidement en 1950 plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées d'activisme communiste révolutionnaire.

La profonde originalité de ces Mémoires d'un frêne, c'est que l'histoire nous est comptée par un jeune arbre, un jeune frêne de quelques années assistant incrédule et curieux à ces massacres de masse. Son point de vue d'arbre niché à flanc de vallée ne peut donc relever de l'ordre moral, mais le coup de crayon de Park Kun-woong met en exergue l'animalité des exactions commises, en changeant parfois les traits des victimes en ceux de moutons ou bovins menés à l'abattoir. Son art du dessin, qui dévide devant les yeux du lecteur un sublime noir et blanc, apparaissent telles des estampes à l'encre de Chine. Cet ouvrage à la fois très esthétique et saisissant ne peut laisser indifférent ; il constitue (...)
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Mémoires d'un frêne

Dans les années 50, des dizaines de milliers de Coréens du Sud ont été massacrés par le régime, composé de petits chefs qui obéissaient au parti

Un frêne assiste aux scènes de massacre posant un regard distancié et magnifique sur la bêtise humaine et toute son horreur

Le frêne lui ne peut rien faire pour empêcher ces exécutions

On préférerait parfois être un frêne
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Mémoires d'un frêne

Je n'ai pas pour habitude de lire des romans graphiques, mais il était une fois sur bookstagram, l'éloge d'un dessin en noir et blanc qui fleurit sur les comptes des personnes que je suis assidument. Céline (@point.a.laligne), Karine (@c_est_ma_kam), Thael (@thaelh) (et encore tant d'autres) sont les messagers de ce roman graphique, qui parvient jusqu'à mes oreilles (enfin plutôt jusqu'à mon fil instagram, mais c'était moins poétique). Je le boude, rechigne : je déteste la lecture "populaire" alors j'attends. Quelle erreur cette fois que de passer à côté d'une pépite pareil (je n'ai que quelques mois de retard), si touchante et si brute à la fois.

Nous nous trouvons du point de vue d'un petit frêne, gracieusement épargné de la coupe estivale par deux frères espiègles. Toujours présent dans le coin gauche d'une case, il nous conte aisément sa vie monotone d'arbre à la grande longévité. Il assiste à l'évolution de sa vallée, et au coucher du soleil, un jour, cogne le pas douloureux de milliers de prisonniers enchaînés. 100 000 à 200 000 morts (on ne sait pas le chiffre exact, il y en a sûrement plus) qui gisent, abattus par les soldats, au pied du frêne spectateur de ce massacre. Et les familles, qui pleurent leurs enfants, maris, frères ; et l'humanité, réduite en une bouillie de membres cassés, l'insecte qui se mêle à l'intestin qui gît sciemment en dehors d'un abdomen. Oui, à travers son feuillage, le frêne nous raconte "le massacre de la Ligue Bodo", ayant eu lieu au début de la guerre de Corée en 1950. L'auteur de la nouvelle nous explique dans la post-face que, dans cette région de Chungcheong, son grand-père faisait partie des victimes ; et, "c'est un sujet si douloureux que j'ai choisi de le traiter du point de vue d'un arbre. Il m'a paru essentiel d'adopter le regard distancié d'un témoin neutre pour évoquer l'horreur"- Choi Yong-Tak. le rendu est tout simplement bluffant.

J'ai lu sur Babelio un avis qui disait "heureusement que ce roman graphique est en noir et blanc, je crois que je n'aurais pas pu supporter de le lire en couleur" (@LePamplemousse), et je suis assez d'accord avec elle. La bichromie de ce roman, le noir et le blanc qui s'atténuent et se confondent ensemble, les coups de pinceaux, de brosses, les jets d'encre suffisent à construire et comprendre ce massacre. On devine aisément les fluides, qui s'écoulent comme une rivière sanglante ; les expressions sont ahuries, les yeux globuleux, la terreur dépeinte par les traits horrifiés et cassants. Les scènes d'horreur et de dégoût côtoient la délicatesse d'une nuit étoilée, dans une ambivalence poétique qui m'a fait fondre en larmes.

Les dessins sont superbes, le ton est original, le message est fort, et je vous avoue ne pas en être ressortie indemne. Je revois ces scènes qui défilent, la brise qui souffle sur un branchage cassé, et je hume à travers les pages l'odeur ferrugineuse d'une mare coagulée. Ce roman graphique est percutant (un de mes mots préférés vous avez l'habitude), et il est préférable de ne pas passer à côté. Un grand moment de lecture que je pense réitérer encore et encore ; et les autres lecteurs ne vous en diront pas le contraire.
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Mémoires d'un frêne

Témoin d'écorce.

La guerre de Corée, c'est près de 3 millions de morts , dont 2 millions de civils. Les massacres de la ligue Bodo, milice extrémiste, ont fait plus de 200 000 victimes dans les campagnes.



Vous avez remarqué comme les chiffres nous tiennent à distance des drames. Comme si une série de nombres, aussi longue soit elle , ne pesait pas plus lourd qu'une plume sur les mémoires et les consciences. Les hommes sont ainsi faits.



Alors dans cette histoire , d'une rare intensité, c'est un témoin silencieux qui va raconter l'horreur. Loin des chiffres, un frêne pose un regard naïf, distant et froid, sur les hommes et se souvient des jours où la colline de cadavres a recouvert sa vallée et nourri ses racines.

Ces cernes ont emprisonné les saisons, les sècheresses et les hivers trop rudes, et ses racines se rappellent la mort et la vie.



Cette bande dessinée est d'une puissance artistique rare.

En mettant en scène le végétal , pour déshumaniser cette guerre, ce récit déclenche un raz-de-marée qui déborde le lecteur.rice par le ventre.



L'angle choisi pour raconter ce massacre relève du coup de génie. On marche sur un fil entre deux mondes, un monde sauvage et un monde de sauvagerie.

Tout devient plus intense et plus prégnant. Les dessins de Park Kun-Woong , à la fois poétiques et crus, exacerbent l'atrocité.



Hypnotisant et dévastateur,

on ne sort pas vraiment indemne de cette lecture.

...et le témoin d'écorce, devient témoin de chair
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Mémoires d'un frêne

Frênes humains.



Au commencement, il y a un frêne. Un jeune frêne, encore un peu frêle. Il parle de lui, ce sont ses mémoires après tout. Il ne se passe rien de très notable autour. On pourrait croire qu'il s'ennuie, un peu. Jusqu'à ce que des cris, des plaintes montent jusqu'à lui. Des hommes surveillés, enchaînés, frappés, bientôt massacrés sont devant lui. Les visages déformés par la douleur, la peur. Une balle, une autre, un coup de crosse, bientôt ils seront tous au fond de la vallée. Morts. Et puis il y en aura d'autres. Et d'autres encore.



Le frêne ne sait pas pourquoi ils sont morts. Il s'en moque un peu. Il a vu du monde, la nature se nourrit de tout ça, des fluides, de l'organique. Parce que l'arbre est fait d'un autre bois que le nôtre, il ne s'émeut pas de ce charnier.

Le frêne ne sait pas pourquoi ils sont morts, tout comme eux ne savaient pas pourquoi ils allaient mourir. On les a amené là. Ni dissidents, ni résistants, ils ont eu le malheur d'être désignés. C'est la Corée en 1950, ça pourrait être n'importe quel pogrom, le Rwanda en 1994, une prison syrienne. N'importe quel moment de l'histoire où les frères humains ne le sont plus, où un homme ne reconnaît plus l'humanité dans le regard de celui qui se tient en face de lui. Alors on tue à la chaîne.



Le frêne est distant, c'est une grande violence pour le lecteur qui lit ses mémoires. Comment peut-il voir de la beauté dans cette flaque de sang sous les étoiles ? Le frêne est impuissant. Il ne peut rien arrêter. Rien décider. Et à cet égard, il n'est pas si éloigné de nous. Ce massacre à ciel ouvert, personne ne le voit, ne l'arrête. Comment blâmer l'immobilité de l'arbre quand on sait que bien des hommes auraient agi de la même façon en détournant les yeux ?

Il faudra l'abnégation de deux femmes fouillant le charnier en Antigone, donnant sépulture, pour que l'humanité refleurisse.



Cette bande-dessinée est un choc. Les dessins sont d'une violence rare, ils m'ont fait penser à ceux réalisés dans les camps de concentration ou au retour des camps (Zoran Music toujours, nous ne serons pas les derniers). Le texte presque naïf, bucolique, renforçant encore l'horreur.

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Mémoires d'un frêne

Mémoires d'un frêne est un roman graphique inspiré d'une nouvelle de Choi Yong-tak qui évoque un épisode méconnu - même par les coréens du sud - de l'histoire post-séparation des deux Corée.

Le narrateur, un jeune frêne de quatre ans, est témoin de l'exécution des membres de la ligue Bodo et du parti des travailleurs de Corée du Sud en juin 1950 par les forces sud-coréennes aidées par des groupements anti-communistes, plusieurs massacres d'hommes qui avaient été recrutés par les communistes sans vraiment avoir de réelles convictions politiques.



Un roman graphique historique où Kun-woong Park avec des vignettes en noir et blanc, très contrastées sauf pour les paysages grisés et brumeux, installe la dramaturgie, un dessin expressionniste pour les personnages et les portraits, un peu comme l'iconographie expressionniste allemande de Die Brücke, utilisant des traits épais comme dans la technique des gravures sur bois. le ton est froid et distancié à la limite du cynisme, le frêne survivant et se repaissant de la terre où se décompose le charnier.

Mémoires d'un frêne est un récit prenant mais quelque fois distant qui éclaire un épisode dramatique à l'instigation de la Corée du Sud.

Merci aux Éditions Rue de l'échiquier BD et Babelio pour cette découverte dans le cadre de l'opération Masse critique.
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Mémoires d'un frêne

La nature garde trace des exactions perpétrées par les Hommes.



Dans ce roman graphique qui donne voix à un frêne, c'est un pan d'histoire sud-coréenne, méconnu, qui nous est dévoilé par des planches en noir et blanc, au dessin aussi glauque que terrible et intéressant!
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Mémoires d'un frêne

Cet album bouleversant nous raconte le massacre (parmi de nombreux autres) d'une partie de la population sud-coréenne par la police sud-coréenne elle-même sous le prétexte que les victimes étaient des "cocos" (communistes)...A la sortie de la libération du pays des japonais et pendant la guerre de Corée, de nombreux massacres similaires seront perpétrés (voir aussi Jiseul, Sarbacane, 2015).



Park Kun-woong fait ici la magnifique adaptation de la nouvelle du même nom de Choi Yong-tak.

Nous avons le point de vue neutre d'un frêne qui assiste au meurtre atroce de centaines de personnes.

Le trait, le texte, tout transpire de la violence de cet acte horrible et impardonnable et nous atteint en plein cœur.



Quand on pense que ce massacre a été tout simplement occulté de l'histoire officielle jusque dans la fin des années 90 ! Comme le dit l'artiste lui-même, il fait un travail de mémoire. Nous ne pouvons pas oublier que ça a eut lieu et ainsi espérer que cela ne se reproduira pas.
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Mémoires d'un frêne

(CF971) Un récit original et très sombre adapté d'une nouvelle d'un auteur coréen. L'originalité réside dans le point de vue de l'arbre témoin silencieux et mutique de massacres perprétés en Corée du Sud vers 1950. le graphisme noir et blanc permet de rendre le tout supportable voire poétique. A voir pour le Prix.

(IK971) Album à la limite du supportable. Malgré un très beau texte et un point de vue plus qu'original, je suis trop sensible pour ce type de récit. Non pour le Prix.
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Traité comme une bête

Ce roman graphique tout en noir et blanc retrace l'histoire du démocrate sud-coréen Kim Keun-tae. Ce nom ne vous parle probablement pas et c'est pas grave. Ce jeune homme croyait en ses idées et il luttait face à la dictature. À tel point qu'il a fini par se faire arrêter et emprisonner à Namyong-dong. Il y est torturé pendant 22 jours.

Le récit de cette captivité est simplement bouleversant. Et ce n'est qu'un exemple d'atrocités parmi tant d'autres.
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Un matin de ce printemps-là

Avec Un Matin de ce printemps-là, Park Kun-Woong passe au Sud si l’on peut dire, à une Corée qui est aussi une dictature à l’époque et revient sur les évènements de 1975 où huit innocents ont été froidement et sans preuves exécutés sous prétexte d’avoir participé à un complot sur ordre de la Corée du Nord. Le Comité pour le rétablissement du Parti révolutionnaire populaire devait être éliminé de Corée du Sud. Un ouvrage fort et troublant.
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