Je le vois changer de visage : il est blême. Deux ombres, comme deux traits au fusain, apparaissent sous ses yeux.
Shanghai. C'est l'heure du crépuscule. La pluie a lavé le ciel de sa pollution. La ville est à mes pieds, allumant une à une ses lumières.
« Il est derrière les barreaux. Il respire. D’autres seraient contents de savoir qu’il ne respire plus le même air qu’eux, mais pas moi. Pas moi. Depuis quinze ans il continue de respirer alors que moi j’étouffe, je suffoque, je vis avec une oppression qui, le jour, m’oblige à m’asseoir subitement la main sur la poitrine, et, la nuit, me réveille en sursaut la bouche ouverte comme si j’étais en train de me noyer.
Il ne m’a pas touchée. Il ne m’a pas brutalisée ou violentée, ni contrainte à agir contre ma volonté. Je veux pourtant qu’il cesse de respirer même si je sais que rien au monde, – rien !, ne pourra réparer le mal qu’il m’a fait. C’est comme si je sentais sa respiration contre ma joue, comme s’il mêlait son souffle au mien. Comment décrire cette impression atroce d’être maintenue contre lui et de ne pas pouvoir me délivrer ? J’ai beau me débattre, je reste prisonnière de ses bras. »
Cette pièce est mon royaume, Maître, rétorqua-t-elle en désignant la pièce d’un geste large des bras. Ici, j’ai tous les droits. Je suis votre geôlière, votre juge, votre avocat, votre infirmière, votre pire ennemie ou votre meilleure amie. C’est à vous de décider.
Voilà. A présent, il connaissait les raisons de sa captivité. Clémence Lange n'était ni folle à lier, ni de mauvaise foi, ni ignorante de la réalité : elle était un bras vengeur qui réclamait justice. Et elle désignait son défenseur, son principal accusé
Ainsi, tous les témoins acquis aux débats étaient présents. Cependant ces derniers n'étant pas autorisés à assister aux échanges qui précèdent leur déposition, ils doivent, après l'appel, se retirer dans la pièce qui leur est réservée et dont ils ne devront sortir que pour déposer séparément. Aussi, sur invitation de l'huissier, les sept individus quittèrent la salle d'audience par la porte devant laquelle ils s'étaient regroupés.
Tant de sentiments le submergeaient en ce moment, le remords, la stupéfaction, la peur, la colère… C’était à peine s’il parvenait à respirer
Elle enfila sa veste, rangea son arme de service dans le tiroir de son bureau, enfouit dans ses poches son téléphone portable, un jeu de clés, ses lunettes, deux ou trois autres bricoles…
– Alors ? hurla Forlano.
Elle était à la porte, elle se retourna lentement :
– Alors, c’est les assises !
Son cri de victoire se mêla à celui de son collègue.
Quand ça marche comme un canard, que ça ressemble à un canard et que ça caquète comme un canard, alors c'est un canard.
Petite anecdote :
Il y a quelques mois, une invitation faite par Laura Sadowski est apparue sur ma page facebook.
Ne sachant qui était cette personne, j'ai pris quelques renseignements sur le net.
J’avoue avoir été flattée lorsque j’ai découvert qu’une auteure m’invitait à faire partie de son cercle d’amis.
Une correspondance par messages privés a alors débuté et au fil du temps, une amitié virtuelle a vu le jour.
J’ai donc décidé de lire " la peur elle-même " et ai découvert un univers qui m’a tant plu que j’ai enchaîné avec " Les origines du sexe".
Mon avis :
Dans ce livre, deux mondes se côtoient : celui du Paris Mondain et celui, plus révélateur de notre Société : les Banlieues.
L’intrigue tourne autour de Daphné : Bourgeoise délicate qui semble si irréelle et que tout le monde aime.
A sa mort, tout s’écroule.
Son mari, le professeur Cassan, éminent chirurgien spécialisé dans les greffes semble lié à la mort de sa femme.
Diane, sœur de la défunte qui pensait , suite à un pari avec sa sœur : ( " Pour mon anniversaire : « Etonnes-moi ") lui faire un cadeau d’anniversaire des plus surprenant en la faisant suivre par un détective afin de lui faire un beau pêle-mêle de clichés pris sur le vif se sentira coupable de sa mort.
Mais au fil des photos que Daphné reçoit, elle ne reconnaît pas cette femme blafarde, égarée, qui se perd dans des lieux glauques, la tendre et douce sœur qu’elle chérit. Les derniers clichés de l’horreur la pousseront à demander l’aide d’un journaliste, ancien flic, qui suit déjà une piste. Epaulée dans leurs recherches par Malika, Capitaine de Police, pourront-ils faire face à la vérité ?
Le mythe de Frankenstein revisité de nos jours, est-ce humainement possible ?
Jusqu’où peut -on aller par amour ?
La peur de la perte de l’amour de l’être cher, peut-elle faire de nous un monstre ?
Tel est le destin que suivra le professeur Cassan.
L’auteur distille des indices qui nous permettront de comprendre peu à peu la logique des choses.
Une écriture fluide, précise et rapide qui nous entraîne de plein fouet dans la noirceur de l’esprit .
Un petit plus au fil des chapitres, l’analogie entre Daphné et Ophélie, tirée du Poéme d’Arthur Rimbaud.