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Citations de Laure Barachin (133)


Elle avait perdu un ami et de nombreux détails la tracassaient. Sa mort brutale était étrange, suspecte. Elle se souvenait du discours sur la corruption qu’il avait prononcé à l’Assemblée nationale devant des députés médusés. Il avait un ton à la fois grandiloquent et énigmatique. Il prétendait vouloir en finir avec des pratiques archaïques qui contribuaient à l’injuste pillage des ressources de l’Afrique. La complicité des autochtones appartenant à l’élite, au détriment de l’ensemble de la population, ne les honorait pas et les rendait en partie responsables des malheurs et de la misère endémique de leurs pays. Qui cherchait-il à incriminer ? N’était-ce qu’une tirade générale, classique, sans but précis, si ce n’est celui d’entrer dans les annales de la rhétorique politique car la presse commenterait ses paroles sibyllines et leur donnerait une portée qu’elles n’avaient peut-être pas ?
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Hector ne lui en tenait pas rigueur. Lui aussi avait ses secrets. Il dissimulait la récente découverte qu’il avait effectuée et les informations troublantes qu’il possédait sur la mort mystérieuse du ministre des Affaires étrangères, Robert Legendre, en 1994. Dans sa chambre d’hôtel, il visionnait sur son ordinateur portable le discours du ministre sur la corruption qu’il avait l’intention d’éradiquer. Son charisme face aux députés de l’Assemblée nationale avait rendu sa tirade célèbre. Elle était entrée dans les annales de la rhétorique politique française, comme longtemps auparavant, à Rome, celle de l’avocat et brillant orateur Cicéron contre Catilina dont il avait déjoué la conjuration ou, en Grèce, berceau de la démocratie, celle de Démosthène et ses mémorables philippiques, dont plus personne ne se souvenait aujourd’hui, contre Philippe de Macédoine.
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J'ai gardé en mémoire chaque minute de notre captivité car ce sont les derniers instants que j'ai passés auprès des miens, de tous ceux que j'aimais et ça je ne peux l'oublier. Le 4 mai 1944 , un an et deux mois après le début de notre enfermement, nous avons revu le soleil par une belle matinée de printemps. Les oiseaux chantaient à travers la grille de l'aération quand ils ouvrirent la porte. Ils portaient des uniformes de S.S et hurlaient. Nous étions effrayés. Je serrai Anna et le bébé contre mon coeur pour que personne ne me les prenne. Émilie pleurait, elle n'avait pas un an... Sarah et Samuel ne faisaient qu'un bloc pendant que Jacob tenait fermement Maria et Schlomo par la main.

Un homme grand et blond au regard bleu se détachait de la meute en furie. C'était le chef. Il eut un rictus vicieux en lisant la peur sur nos visages et nous fit évacuer les lieux à coups de matraque. Il fut déçu car nous sûmes garder notre sang-froid, résignés que nous étions, abandonnés de tous, y compris de Dieu qui préférait mettre dans le ciel un beau soleil plutôt que de nous sauver...
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Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l’hérédité. Vous êtes vous et non un mélange de caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être. (page 231)
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Laure Barachin
J’ai étudié les Lettres à Toulouse mais une partie de ma famille est originaire de la région de Narbonne où j’ai passé de nombreux étés de mon enfance.(...)
Je m’intéresse à l’actualité internationale, à l’Histoire récente, du XXe siècle en particulier, quand la petite histoire rejoint la grande, ainsi qu’au journalisme d’investigation. Ce métier est parfois dangereux. Le personnage principal d’Un été en terre catalane est d’ailleurs une journaliste au chômage, à cause des restructurations de la presse écrite, qui mène une enquête liée à des crimes commis durant la Seconde Guerre mondiale. J’ai publié ce premier roman en 2016 mais j’écrivais déjà depuis plusieurs années. J’aime créer des personnages, fruits de mes observations du monde contemporain. La littérature et l’écriture m’ont toujours passionnée. (...)

C’est beaucoup de travail, il faut aussi du courage pour présenter ses écrits aux lecteurs, se sentir prêt. Je partage mes lectures sur Babelio en tant que Melpomene125 et j’ai eu la chance de rencontrer d’autres passionnés de littérature qui m’ont donné envie de continuer. Dans mes romans, se retrouvent une partie de mes centres d’intérêt, mon goût pour la littérature mondiale, la découverte de nouvelles cultures, j’essaie de faire voyager mes lecteurs grâce au pouvoir de l’imagination. J’aime aussi les romans policiers qui ont un ancrage social, une dimension psychologique ou historique.

Extrait d'un article sur editions-actu.org:
https://editions-actu.org/laure-barachin-le-mirage-de-la-justice/
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Quand la justice est corrompue, elle n’existe plus, et, croyez-moi, ce n’est pas parce qu’il y a un ministère de la justice dans toutes nos grandes et prospères démocraties, qu’elle existe dans tous les tribunaux. Elle dépend des hommes qui la font, elle peut donc être objective et juste ou fragile, arbitraire, aléatoire voire carrément illusoire. Malheur à celui qui aura affaire à son deuxième visage… Entre la perfection et la décadence, il y a des degrés divers mais, dans tous les cas, l’unicité, l’uniformité de la notion de justice ainsi que l’égalité de tous devant la balance ne sont que des mirages.
(pages 125-126)
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Le foyer des Lilas ! Quel beau nom évocateur du printemps. Comment pourrait-on être mal dans ce lieu paradisiaque ? Et pourtant, je ne m'y sens pas à mon aise, même si je fais des efforts pour m'habituer. Je voudrais que Lucie se remette à parler rien que pour moi, pour me prouver qu'elle m'aime et qu'elle veut être ma petite soeur. Mais là aussi je suis déçue car elle se refuse à prononcer un son. Elle ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus. Malgré tout, je vois que ses yeux sont expressifs. Elle a de beaux yeux bleus dans lesquels je peux lire toute la misère et la détresse qu'elle essaie de crier sans y parvenir. Je voudrais l'aider, ce qui me permettrait par la même occasion d'oublier ma colère envers tout le monde et personne, cependant je suis tout autant impuissante face à ses problèmes que face aux miens.
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Cette adversité impitoyable les avait rapprochés. Nadia n’avait ni père ni mère dignes de ce nom. Elle aimait les livres et le théâtre. Hector l’appelait sa Bérénice. Celle-ci, reine de Palestine, n’avait pu épouser Titus, l’empereur. Le peuple romain était hostile à cette union. Les deux amants avaient cédé à la raison d’État et s’étaient séparés mais Hector, dont la naissance avait été placée sous le sceau des tragédies raciniennes, avait refusé une fin aussi tragique, il ne souhaitait pas servir « d’exemple à l’univers / De l’amour la plus tendre et la plus malheureuse / Dont il puisse garder l’histoire douloureuse».
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Une lumière au bout du tunnel.
Il est difficile de traduire avec des mots une expérience qui relève de la foi - de l'imagination ou du délire, penseront certains. Cependant beaucoup de choses nous échappent. La vie et la mort ont-elles un sens ou bien le souhaitons-nous si ardemment que nous leur en attribuons un pour satisfaire notre soif d'idéal sans que ce soit fondé ? Il y a autant de réponses à cette question que d'individus sur Terre mais, quant à moi, je suis intimement persuadée qu'un principe qui nous dépasse et que nous ne comprenons pas existe. Dieu ? Le Bien absolu ? Le Mal absolu ? Les deux peut-être ? Ou quelque chose de tout autre.
Toujours est-il que, durant mon état comateux, je me rappelle avoir eu le sentiment de monter, de me détacher de moi alors que j'étais encore moi, de m'élever vers une source de lumière. J'ai senti cette lumière bienveillante à mes côtés et mon instinct me disait que Lucie était là, dans la lumière et que le monde de la lumière était celui de la paix, de la sérénité, du Bonheur... Celui qu'elle n'avait pas eu de son vivant.
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" Le mal progresse de l'inaction des hommes de bien. "

(p. 20)
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Le meurtre est horrible. Toutefois, l’impunité du coupable l’est tout autant. Je ne cesse de me répéter que, si la police avait effectué son travail correctement, l’assassin de mes parents serait désormais sous les verrous. Je ne supporte pas cette absence de visage et de nom, je VEUX savoir qui a fait ça, mais comment ?
(page 14)
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J'avais revêtu ma belle robe blanche aux manches longues et dépourvue de décolleté car nous étions au mois de novembre 1965 et la température extérieure n'avoisinait pas les six degrés. Elle avait un col dentelé et une longue traîne, tu la connais, je te l'ai si souvent montrée. Elle avait plus d'éclat à l'époque, elle était moins poussiéreuse que maintenant, enfermée dans le fond d'un placard telle une relique associée à un souvenir inoubliable. Je ne pourrais pas la remettre, j'ai perdu ma taille de jeune fille, elle ne te servira pas : si tu te maries, tu voudras ta robe, et pourtant, je ne peux pas envisager de la jeter. C'est un objet précieux et sacré.
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Laure Barachin
Il faut se ménager des moments de solitude pour finaliser, mener à terme un projet, un roman mais écrire permet aussi d’aller à la rencontre d’autrui, de découvrir et faire découvrir aux lecteurs le monde, de maintenir en permanence la curiosité, les capacités d’observation en éveil.

Lorsque l’écriture du roman est terminée, commence une autre histoire : celle de la rencontre avec les lecteurs. Parfois de belles relations de partage et de discussion peuvent se créer avec certains. Je n’oublie jamais d’ailleurs de remercier les lecteurs de Babelio, un réseau social et littéraire destiné aux amateurs de livres, car j’aime la qualité de nos échanges.

Tout a vraiment commencé pour moi en 2017 grâce à la rencontre virtuelle d’un lecteur belge kielosa-Jean-Pierre qui s’est intéressé à mes romans, a eu envie de les découvrir et de les faire connaître à d’autres.

L’aventure s’est ensuite poursuivie : de la Belgique (Claire, Christine) à la Guadeloupe (Cristine) en passant par la Bretagne et le Sud de la France avec, entre autres, Ghislaine, Jean-Paul, Gaëlle, Bernard, Denis, Marie, Marie-Christine, Chrystèle, Sandrine, Francine et tous les autres, que je salue au passage…

Extrait d'un article sur https://editions-actu.org/ecrire-un-livre-les-conseils-de-laure-barachin/
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Il me parlait souvent de l’horreur que représentait l’inégalité de naissance, de cette forme de fatalité qui nous enferme dans un milieu qui peut parfois nous tuer après nous avoir fait subir maintes douleurs. Pourquoi naît-on pauvre en Afrique, dans un pays en proie à la guerre et à la famine, et non riche, au même endroit, dans la famille d’un dirigeant corrompu – ou honnête, si cela existe –, dans un environnement qui permet de vivre aisément, d’aller étudier à l’étranger et ainsi de se libérer d’un contexte négatif ? Mattia me posait souvent ce genre de questions mais je ne savais que lui répondre. Le hasard détermine cette distribution aléatoire. Les Hindous se rassurent et résolvent le problème en disant que les impurs, les Intouchables sont la réincarnation de gens qui ont fait le mal dans des vies antérieures et qui expient leurs fautes dans celle-ci. Les chrétiens se contentent de proposer une solution de rechange pour plus tard : le paradis.
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Elle s’était éloignée de son père et de sa mère parce qu’elle avait honte de ses origines. Une telle bassesse sociale et morale n’était pas présentable. Elle n’était pas digne d’un honorable maître de conférences. Il l’avait souvent entendue mentir à des amis, des collègues, affirmer qu’elle était orpheline.
Cette réaction, cette dissimulation, l’avait déçu. Elle avait changé, elle était désormais arrogante, dédaigneuse, hautaine. Elle n’était plus sa noble Bérénice, la Nadia des débuts de leur relation. Elle était froide, distante. Elle lui manquait. Il espérait la retrouver. Elle ne lui avait pas parlé depuis le décollage. Elle dormait contre son épaule. Ce voyage les rapprocherait-il ? Le retour intempestif de Noël et François dans leur vie bien réglée serait-il un mal pour un bien ? Les épreuves la rendaient admirable, courageuse. Il savait qu’elle avait accepté d’aller en Ukraine récupérer la clé USB qui leur vaudrait de l’or non par cupidité mais par sens du devoir.
Il lui prit soudain la main et la lui serra. Malgré ses doutes, il lui sembla qu’ils se regardaient à nouveau avec amour.
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Pourtant, si l’époque de la monarchie absolue de droit divin, de l’alliance française entre la noblesse et le clergé et de celle, en Espagne, entre l’église catholique, les riches propriétaires terriens et les franquistes est révolue, les fidèles qui vont communier le dimanche sont plutôt bien habillés, plutôt bien placés socialement dans l’ensemble. À croire que Dieu ne s’adresse qu’aux nantis.
(page 196)
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Mattia sembla touché par mon ton péremptoire. Il me prit la main et essaya de me rassurer.
"Aurore, ma chérie, tu as tort. L'amour, c'est la plus grande force qui soit au monde. Mais je te comprends. Moi aussi, il m'arrive d'avoir peur. J'ai surtout peur de te perdre.
- Je ne vais pas mourir ! m'exclamai-je.
- Moi non plus. Tu vois que c'est idiot d'avoir peur d'aimer à cause de ça."
Comme il avait raison ! Pourtant, j'étais toujours un peu inquiète. Il me serra fort et tous mes soucis s'envolèrent l'espace d'un moment.
"Je peux rester avec toi ce soir... cette nuit ?...", m'interrogea-t-il timidement.
Avec ma voix la plus tendre et la plus douce, je lui répondis délicatement que non puis j'ajoutai en plaisantant que nous n'étions pas encore mariés. Il était dépité mais il se ressaisit vite.
"Et si je te demandais en mariage, tu accepterais ?"
Sa question me laissa pantoise.
"Tu le ferais ?"
Cette folie et cette spontanéité ne me déplaisaient pas.
"Oui, bien sûr."
Il joignit le geste à la parole en se mettant à genoux et en me prenant la main :
"Tu veux m'épouser ?"
Je lui souris, émue, et le relevai :
"Un jour prochain, oui. Pour l'instant, c'est encore trop tôt. Je ne suis pas prête. Cependant, quand je me marierai, je veux que ce soit avec toi.
- Alors, je t'attendrai puisque tu ne me laisses pas d'autre choix."
Il sortit et je restai seule et triste à me demander si la relation que nous avions serait à la hauteur de celle qu'avaient eue mes parents, si elle serait aussi forte et indestructible que celle de mon modèle.
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Depuis que l’enfer de la Shoah a été révélé, chacun d’entre nous sait que l’espèce humaine, si elle est capable du meilleur, est aussi capable du pire, de l’horreur absolue. Un être humain peut-être inhumain et alors il devient difficile de l’arrêter. Le Mal serait-il tout puissant ? Je veux croire que non puisque la Shoah a été stoppée. Il n’en reste pas moins effrayant. (page 249)
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Elles sont sorties du camp par la cheminée comme tant d’autres pendant qu’on me faisait le cadeau empoisonné de la vie… Est-ce une chance de survivre ou un fardeau, une punition supplémentaires ? Je ne suis rentré en France qu’en 1946, terriblement amaigri, squelettique, épuisé et déjà presque un vieillard dans ma tête à tout juste vingt-six ans. (page 143)
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Je souhaiterais que la Terre soit remplie d’amour et de fraternité mais je sais que ce n’est pas le cas, ce n’est qu’un bel idéal. Dans la réalité, il n’y a pas de place pour les faibles. C’est la loi du plus fort qui règne et, si, face à cela, l’amour et les châteaux en Espagne sont notre force parce qu’ils nous permettent de nous évader et de nous régénérer alors il est légitime de les cultiver et de les exalter.
(page 184)
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