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Citations de Laure Barachin (133)


Dans la réalité, les préjugés demeurent et lutter contre eux n’a rien d’évident surtout lorsqu’ils reposent sur certaines croyances solidement ancrées dans les mentalités depuis des siècles.
Soudain, tandis que nous déambulions au milieu de la foule, de la circulation et de l’agitation citadine, l’attention de Mattia fut attirée par un groupe d’hommes allongés sur un trottoir, à l’écart de l’artère principale.

" Que font-ils ? Ils se reposent ? Ils ont eu un malaise, me demanda-t-il, inquiet.
- C’est un coin reculé, lui répondis-je. Ils l’ont probablement choisi pour dormir quelques heures avant de reprendre le service. Ils ont des sacs à côté d’eux qui doivent contenir leurs affaires. Ils sont à deux pas d’un restaurant très fréquenté. Regardez, ils portent des vêtements kaki, ils doivent appartenir à une caste inférieure. Les serveurs qui apportent les plats sont vêtus de blanc, ils appartiennent aux castes supérieures car la nourriture mangée ne doit pas être touchée ou préparée par des impurs. Ceux qui débarrassent la table sont vêtus de kaki, ce sont le plus souvent des Intouchables car ils sont parfois obligés de toucher les restes que des impurs ont mangés. Il est interdit aux membres des castes élevées d’être confrontés à cette pollution. C’est inconcevable. Quand je vous disais que les préjugés ont la vie tenace."
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Joséphine reprit son souffle avant d’exposer ses idées avec la même ferveur. Elle avait peur, avait sans cesse peur que ses interlocuteurs outrecuidants la rabaissent et se moquent d’elle, de son érudition inutile puisqu’elle n’était qu’une pute ou officiellement une assistée, une chômeuse de longue durée bonne à rien, à part à vider les caisses de l’État car elle était bénéficiaire des minima sociaux. Nadia le devina, elle n’en fut que plus indulgente. Elle éprouvait une empathie soudaine et surprenante pour cette femme qu’elle avait longtemps détestée parce qu’elle avait besoin de haïr quelqu’un. Pourquoi pas la sale négresse du cagibi voisin ?

« Je sais que le monde a changé, l’organisation sociale, balbutia Joséphine. Tout a changé et pourtant rien n’a changé, ou alors en pire. Le progrès est mort. La révolution industrielle est morte. Nous ne sommes plus une classe solidaire, unie, qui fait la force. Nous sommes seuls, isolés. La désindustrialisation est passée par là, ainsi que son bébé : le chômage de masse. Avant, on tirait de nous de très grosses fortunes ; maintenant, la condition indispensable à l’enrichissement est de nous licencier. Plus personne ne veut nous embaucher, nous payer, nous permettre de travailler. L’obsession majeure est de réduire les coûts salariaux, de se débarrasser de ceux qui n’ont pas encore été virés sans se retrouver au tribunal. Peut-être recherchent-ils d’authentiques misérables à exploiter, des hommes, des femmes, voire des enfants qui vivraient comme à l’époque du bouquin. Je l’ignore. Ça me désespère… »
Nadia la serra dans ses bras. Elle s’occuperait d’elle, elle ne manquerait de rien. Elle ne la laisserait pas sombrer dans cette lente déchéance.
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Onze autre lettres étaient rangées dans la boîte. La dernière datait d'environ un an et demi en arrière. Les premiers temps, Chris avait écrit fréquemment. Une phrase revenait sans cesse, reflet de la peine qu'il avait éprouvée, et qui faisait écho à la mienne : "Pourquoi ne me réponds-tu pas ?" Il me racontait en détail son quotidien. Pendant que je lisais, j'avais l'impression de combler morceau par morceau un vide de six longues années, si cela était possible. Il me semblait que je me rapprochais, bien que lentement et partiellement, de l'ancien compagnon de mon enfance, qui avait été si cher à mes yeux.
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La prison guérit rarement les détenus même si elle essaie de le faire grâce à des dispositifs de réinsertion.
(page 52)
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Après la mort, la seule trace qui reste de nous sur Terre, hormis la tombe – et encore… -, réside dans nos écrits.
(page 15)
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Un juge ou un procureur n’est pas Dieu, il ne peut pas remonter le temps et observer le déroulement exact et parfait de la scène du crime. Par contre, lorsque vous connaissez la vérité et que vous êtes obligé de vous taire, quelle qu’en soit la raison, ce silence forcé, à la longue, devient intolérable. Je ne suis pas blasé et indifférent. J’espère ne jamais l’être au point d’accepter la corruption. Quand la justice est corrompue, elle n’existe plus, et, croyez-moi, ce n’est pas parce qu’il y a un ministère de la justice dans toutes nos grandes et prospères démocraties, qu’elle existe dans tous les tribunaux. Elle dépend des hommes qui la font, elle peut donc être objective et juste ou fragile, arbitraire, aléatoire voire carrément illusoire. Malheur à celui qui aura affaire à son deuxième visage… Entre la perfection et la décadence, il y a des degrés divers mais, dans tous les cas, l’unicité, l’uniformité de la notion de justice ainsi que l’égalité de tous devant la balance ne sont que des mirages.
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Le commerce n’est pas le domaine de l’idéalisme et des questions philosophiques sur le sens de toute chose. Tu n’as pas le temps de t’arrêter et de réfléchir, tu dois agir et être productif, dans quel but ? Gagner davantage de pognon, le reste on s’en fiche. Il faut se maintenir face à la concurrence, être compétitif. Il n’y a que des luttes de pouvoir, c’est vrai aussi au niveau mondial. Nous avons construit une Europe économique pour ne pas être écrasés par les Américains, les Chinois, les Brésiliens etc. On y a collé quelques valeurs : la paix, la dignité, l’égalité, les droits de l’homme, de l’enfant, le dialogue social, afin d’avoir l’air ultra généreux et humaniste parce que cela fait bien, c’est à la mode, c’est de bon ton, comme il y a un siècle il était de bon ton d’être catholique, d’aller à la messe et de mimer la charité tout en laissant les gueux crever dans leur cahute et être enterrés à la fosse commune, car il est clair que, de toute façon, cela faisait longtemps que Dieu les avait abandonnés. 
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L’essentiel est dans l’accomplissement d’un rêve de petite fille : une belle robe blanche, symbole de pureté, une longue traîne et un serment d’amour qu’incarnent deux anneaux placés à l’annulaire gauche car, selon des traditions anciennes, ce doigt-là possède une veine directement reliée au cœur.
(page 111)
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Comment peut-on encore croire en la bonté de Dieu et même en son existence quand on songe à cette infernale machine à tuer qui a été mise en œuvre sans que la Providence n’intervienne ? S’il n’avait dû y avoir qu’un seul miracle dans l’Histoire de l’Humanité, il aurait dû se produire au moment où un soldat nazi enfermait une femme et son bébé dans une chambre à gaz.
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L’action permet de rayer de la mémoire ce qui est source de souffrance et d’angoisse. Elle semble libératrice et salvatrice.
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La ville de Rome est mon lieu de promenade favori. Grand-père est blasé, il la connaît par cœur et pense qu’il n’a plus rien à y découvrir alors que j’ai gardé mon enthousiasme intact. C’est une chance d’habiter une ville aussi riche culturellement, où il y a tant d’endroits, de fresques, de monuments à voir et à revoir. J’ai glané en autodidacte un nombre incalculable d’informations et d’anecdotes sur l’histoire de cette cité antique. Si la police ne veut plus de moi, je pourrai au moins me recycler et devenir guide touristique !
(page 64)
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Quand la justice est corrompue, elle n’existe plus, et, croyez-moi, ce n’est pas parce qu’il y a un ministère de la justice dans toutes nos grandes et prospères démocraties, qu’elle existe dans tous les tribunaux. Elle dépend des hommes qui la font, elle peut donc être objective et juste ou fragile, arbitraire, aléatoire voire carrément illusoire. Malheur à celui qui aura affaire à son deuxième visage…
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- la fatalité existe, je veux bien le croire. Il faut peut-être accepter le monde tel qu’il est. Mais le monde, ce sont surtout les gens et leur volonté individuelle. Si nous le voulons collectivement, certaines choses peuvent être améliorées. La question est : combien sommes-nous à le vouloir vraiment ? Nous sommes parfois tellement frileux et indécis.
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Pourquoi nous a-t-on envoyés ici ? Pour protéger les habitants de nos colonies du terrorisme indépendantiste ou simplement pour tenter par tous les moyens envisageables de conserver un territoire qui nous échappe malgré nous, au nom de l’ancienne grandeur du pays ?
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Le bénévolat, c’est un moyen de se rassurer, de se donner bonne conscience, de rencontrer des gens, de se socialiser soi-même par un acte généreux en apparence. Tu as l’impression que ça te range immédiatement dans la catégorie des personnes qui ont du civisme et c’est peut-être pour ça que tu t’engages dans une association à but caritatif, pour ne pas qu’on te montre du doigt, qu’on te traite d’individualiste totalement indifférent aux misères d’autrui.
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En bas de l’escalier, le directeur du foyer, M. Gendron, nous attendait. Il arborait un sourire de circonstance – et surtout d’hypocrite – qu’il sortait du tiroir pour les grands jours. Dans ce tiroir, cet homme policé renfermait une série d’attitudes parfaitement adaptées à chaque moment de la vie qu’il soit solennel, léger, triste ou joyeux.
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Tu peux te permettre de commettre les pires crimes ; du moment que tu es assez malin pour en détruire les preuves , tu seras déclaré innocent.
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Pourtant, je crois bien que j’ai toujours été plus ou moins en quête de beauté et d’idéal dans un monde qui nous offre trop souvent le spectacle de la laideur, de la bassesse et des compromissions nauséabondes et, dans certains endroits, chercher l’amour et la compassion c’est à n’en pas douter une folie, une illusion, un espoir vain.
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Les blessures physiques cicatrisent ; pour ce qui est des blessures morales, elles sont quasi invisibles et pourtant elles sont tout aussi nuisibles que du poison. Il est difficile d’en détecter la nature exacte et de les soigner. Le plus souvent, la guérison dépend surtout de la volonté de la personne, de son désir de remonter la pente. Si cette volonté n’est pas présente, l’entourage a beau faire, il se sent impuissant.
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Tout le monde se confie à moi, je ne me confie à personne. Parler est tout aussi dur que se taire.
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