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Critiques de Lauren Groff (257)
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Matrix

De Marie de France, on connaît les lais et les fables, mais sa vie reste un mystère. Plusieurs hypothèses ont vu le jour, dont celle qui dit qu'elle serait une demi soeur batârde d'Henry II Plantagenêt. C'est de ce postulat que part Lauren Groff dans Matrix. Marie de France aurait été écartée de la cour par Aliénor d'Aquitaine et aurait été envoyée à l'abbaye de Shaftesbury où elle finira ses jours en tant qu'abbesse crainte et respectée.

Si l'écriture est flamboyante et les 100 premières pages palpitantes, la fiction imaginée par Lauren Groff devient vite lourde et redondante, comme la vie de ces nonnes repliées sur elles-mêmes. De la lettrée, il est très peu question et Marie de France est vite perçue comme un mystique orgueilleuse à qui la vierge confie l'épanouissement de l'abbaye. Les femmes y vivent entre elles protégées de la mâle malfaisance par Marie et ses visions. Autant dire que ça m'a un peu gavée. Dommage, j'attendais autre chose de ce roman. Reste tout de même un style, de belles pages sur la beauté de la nature et quelques beaux moments de douce sororité.
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Les furies

Ils sont beaux, ils sont jeunes ...

Il est choyé de tous, riche et a vécu dans un cocon doré.

D'elle, on ne sait pas grand chose sauf qu'elle n'a pas de famille.

Ils se marient rapidement et tous se disent qu'ils vont rapidement divorcer.

Dit comme cela, on dirait un roman entre la "new romance" et la collection Arlequin.

Mais il ne faut pas s'y fier.

C'est un roman typiquement américain qui embrassent à la fois des destins individuels tout en faisant la peinture sans concession de la société américaine.

La construction est remarquable. Si l'on pense que la première partie (voire le premier roman) est plus classique, la seconde est emplie de révélations qui bouleversent tout ce que l'on croyait savoir tout en les recoupant.

L'écriture est envoûtante, pleine de réalisme mais aussi de métahores avec un côté instructif sur la réalité du "théâtre" aux Etats-Unis, sans oublier Shakespeare qui traverse continuellement le roman.

Pour moi, c'est splendide .... mais je comprends les réserves de beaucoup de lecteurs que cela ne passionne pas ou qui trouve cela plutôt vain.

Mais tout de même, le personnage de Mathilde est superbe !!!





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Les furies

Il y a des livres dont la quatrième de couverture est plus plaisante que le reste... Une impression de dorure qui colle aux doigts.



Une construction qui n'est pas inintéressante mais les personnages m'ont paru froids, peu crédibles... Je n'ai pas réussi à vouloir en savoir plus sur eux, sur leurs motivations.



Les citations littéraires qui émaillent le récit m'ont donné l'impression d'un exercice de création littéraire.



Bref...que dire sinon bof.
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Matrix

Captivant et singulier, Matrix est un livre sur un pouvoir inutile à conquérir, puisqu’il est toujours là : le pouvoir d’être soi, dans le flot des événements.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Matrix

Matrix m’attirait au départ pour son intrigue. J’étais curieux de découvrir son univers en huis clos, et la façon dont Marie allait réussir à transformer l’abbaye en lieu prospère. Au final, j’ai surtout été séduit par le style de Lauren Groff (sans doute grâce au travail de traduction de Carine Chichereau).

L’autrice intègre, effectivement, des expressions et tournures archaïques, mais aussi de nombreuses références aux œuvres de Marie de France.



J’ai également beaucoup été séduit par la vivacité des images et descriptions, la sensualité qui se dégage du roman et du personnage de Marie, que Lauren Groff décrit de façon presque animale dans la première partie du roman. Les nombreuses répétitions rappellent la poésie, mais aussi le rythme de l’abbaye, marqué par les heures liturgiques et le passage des saisons. Lauren Groff décrit un univers où les aléas de la nature, la faim, la mort et la maladie sont bien plus présent qu’à notre époque, et elle utilise pour cela une écriture parfois très crue.



La complexité du personnage de Marie de France est également un point fort du roman. L’abbaye autant que ses écrits semblent un moyen pour Marie d’exprimer sa vision et d’impressionner Aliénor d’Aquitaine, autant que de former une sorte d’utopie féminine et de protéger ses sœurs. Figure émancipée et protectrice, elle a toutefois du mal à supporter que d’autres visions s’expriment dans la communauté, et n’hésite pas à utiliser son habileté pour empêcher l’émergence de rivales. On suit également l’évolution de sa pensée tout au long du roman, et sa conversion mystique.



Mes seules critiques à l’égard de Matrix seraient la frustration que j’ai parfois ressentie dans le traitement de certaines intrigues : le style du roman est assez elliptique, et on aimerait que l’autrice ralentisse un peu le rythme à certains passages, comme lorsqu’elle décrit les stratagèmes de Marie pour faire fructifier et protéger l’abbaye. Il en est de même pour certains personnages secondaires, que je trouve « écrasés » par la présence de Marie, et qu’on aimerait voir plus développés.



Ça reste un très bon roman, à conseiller en particulier si vous avez lu les écrits de Marie de France.
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Matrix

En l’an 1158, la jeune Marie, dix-sept ans, bâtarde et demie-soeur d’Aliénor d’Aquitaine, est envoyée par cette dernière dans un couvent en Angleterre, un endroit déshérité où les sœurs meurent de faim et de maladies diverses. Grande et peu gracieuse, mais pleine de ressources mentales, la jeune fille ne voit pourtant pas moyen d’échapper à cette assignation à devenir religieuse. Elle va donc en tirer partie et devenir la prieure respectée de l’abbaye, reconnue pour ses visions de la Vierge, visions qui lui suggèrent des améliorations à apporter au fonctionnement fruste de l’établissement religieux. La jeune fille, devenue une femme, écrit aussi des lais et des fables qu’elle envoie à sa demie-sœur ou conserve dans sa cellule. Elle sera connue comme Marie de France, première femme poétesse à écrire en français.



Ce que je peux dire à propos de Lauren Groff, c’est qu’elle réussit toujours, qu’on aime ou pas ses livres, à déstabiliser et à proposer des atmosphères très différentes les unes des autres. J’ai beaucoup apprécié les nouvelles de Floride et, dans un format roman, Les furies, sur le thème du couple, mais abandonné Arcadia, autour d’une famille dans une communauté hippie des années 60. Qu’allait-il en être cette fois ?

Tout d’abord, il ne faut pas s’attendre à une biographie historiquement irréprochable de la femme de lettres, son histoire étant de toute manière peu ébruitée et sujette à diverses hypothèses. Lauren Groff a choisi un point de vue très personnel, que je qualifierais de féministe, qui montre davantage une sororité médiévale, avec ses difficultés et ses moments d’enthousiasme, que la découverte d’une poétesse illustre.

Ceci étant posé, le roman provoque une sorte de fascination qui m’a obligée à le continuer, même si le quotidien d’une abbaye au XIIème siècle n’aurait pas eu tendance à me passionner. Quoique l’autosuffisance à laquelle parvient Marie, avec l’aide de nonnes de plus en plus nombreuses, et les ressources des fermages, ne manque pas d’intérêt, et de résonances avec d’autres lectures…

L’un des atouts de ce roman est tout d’abord le caractère très fort, entier et, d’une certaine manière visionnaire, de Marie. C’est un personnage qui ne peut pas laisser indifférent. Ensuite, ce qui m’a plu, paradoxalement, c’est une sorte de décalage, pour ne pas dire d’anachronisme, entre la vie des sœurs une fois que Marie dirige l’abbaye à sa manière, et le monde extérieur, repoussé de plus en plus loin, non sans quelques résistance.

L’écriture, sensuelle, mêlée de quelques termes médiévaux, voire de mots créés de toutes pièces, comme les noms de métiers en -ix, au lieu de générer une cacophonie, lie le tout d’une manière que j’ai trouvée équilibrée. J’adresse un coup de chapeau à Carine Chichereau pour la traduction !

C’est donc pour moi plutôt un bon cru de l’autrice américaine, dont je continuerai à suivre les parutions.
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Matrix

Bienvenue en Angleterre au XII° siècle. Lauren Groff écrit une bio très romancée de Marie de France dont on sait peu de choses. Née en France, elle grandit à la cour anglaise après la mort de sa mère, auprès de la reine Alienor d'Aquitaine qu'elle aime avec passion. Bientôt, celle-ci la chasse de Westminster et la contraint à prendre le voile dans une abbaye royale isolée dans la campagne anglaise. C'est un déchirement pour Marie qui quitte les jours fastes de la cour pour un endroit sordide et un accueil des sœurs très hostile. Après une période de désespoir, effarée par les conditions de vie à l'abbaye, Marie se lance dans le travail, bien décidée à transformer l'abbaye en un lieu prospère et libre pour les femmes. Elle commence par créer un potager pour que chacune puisse manger à sa faim, puis récupère l'argent dû et mets au pas les débiteurs récalcitrants. A force de courage, de travail et de détermination, Marie réussit à enrichir l'abbaye, elle construit des dépendances pour accueillir les étrangers de passage, ajoute une aile à l'abbaye pour installer les jeunes filles qui souhaitent étudier, crée un labyrinthe pour protéger le lieu, et que les femmes y soient en sécurité. Marie restera fidèle à son amour pour Aliénor, elle lui écrira des poèmes, elle est d'ailleurs "la première poétesse française connue pour son recueil Les Lais de Marie de France, douze récits en vers narrant des aventures chevaleresques et l'amour courtois". Et consacrera sa vie aux femmes, à son abbaye et à l'écriture.



Je me suis régalée. Le style de l'autrice est tout à fait surprenant, fleuri et enrichi de mots archaïques (bravo à la traductrice qui a su conserver le style), les descriptions nous projettent dans un univers d'odeurs, de sensations ; humidité de l'air et des corps, âpreté des matières et des corps. On souffre avec les sœurs, de la malefaim, de la maladie, du froid glacial, de la boue, de la jalousie et de la méchanceté aussi, et puis on revit ensemble ! Moi j'y étais dans cette abbaye anglaise au XII siècle ;)
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Matrix

Je ne suis pas une fan des romans historiques, mais j'étais heureuse de me lancer dans cette lecture "bien vendue" par les responsables de ma Médiathèque. Hélas, la mayonnaise n'a pas pris, le livre m'est tombé des mains.

Je ne sais pas si c'est le style, le huit-clos dans l'abbaye, en tous les cas j'ai abandonné la lecture très rapidement. Je ne suis pas fière de moi, mais tellement de belles histoires m'attendent et je n'aurais pas le temps de tout lire, alors pourquoi se forcer.
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Les furies

Lotto et Mathilde. Mathilde et Lotto. Ils sont de ceux qu'on sait inséparables. Ils avancent ensemble, coûte que coûte. Malgré la bénédiction maternelle qui ne vient pas, malgré les amis qui parient sur un prochain divorce, malgré le succès qui tarde à venir, ils font front, main dans la main.

Mais on sait aussi que ce genre de couples cache bien des choses. Mathilde, si froide, d'où vient-elle ? Lotto, si solaire, qui est-il ?

C'est ce que Lauren Groff va nous faire découvrir dans un texte malin tout en cynisme.



Deux parties, Fortune et Furies, comédie et tragédie, c'est shakespearien en diable. Une scène cristallise tout, celle de la rencontre de Mathilde et Lotto qui est aussi celle de la demande en mariage. Une fête et soudain ils sont seuls au monde. Mais la légende elle-même n'est pas vraiment ce que l'on croit. Les relations humaines sont faites d'intérêts, de manipulation, de mensonges par omission, de persuasion. D'amour, aussi. De sexe, beaucoup. Mais rien de tout ça n'est incompatible.



Mathilde et Lotto. Lotto et Mathilde. Le couple populaire par excellence. Lotto excelle sur scène. On l'aime et on l'adule, pas une fille ne lui résiste. Il deviendra un dramaturge de talent. Mathilde, à la beauté anguleuse, est mannequin à ses heures perdues. Elle sera l'amante et la muse. Mais Lauren Groff n'a pour but que de faire craqueler le vernis. Et ce sont les personnages secondaires et les retours dans le passé qui nous donneront la version en nuances de bleus de cette histoire trop rose.



J'ai dévoré Fortune, me suis un peu essoufflée en lisant Furies. Il me manquait le contrepoint qui marchait tant dans la première partie. Les révélations sur Mathilde se succédaient un peu trop vite pour moi. Pour autant, je ne boude pas mon plaisir à la lecture de ce conte cruel portait par un style ironique à souhait. J'ai aimé Matrix, j'ai aimé Les Furies, je suis convaincue de lire une voix qui compte et qui comptera en littérature américaine. Il y a du lion chez Lauren Groff et j'aime bien ça.
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Les furies

Lotto, Mathilde, Chollie et les autres…



Après un premier rendez-vous manqué avec Lauren Groff (Matrix), il me fallait persister et Les Furies, traduit par Carine Chichereau, était tout adapté. Une autopsie du couple et de la réussite US des années 90, en mode trompe l’œil efficace et addictif.



D’un côté, Lotto, jeune mec beau, brillant et riche, star des soirées étudiantes qui croque la vie et les filles avec Shakespeare pour compagnon, persuadé de son destin d’acteur puis d’auteur ce qu’il deviendra après avoir rompu avec sa famille et ses dollars.



De l’autre, voici Mathilde, « fille solitaire, les yeux baissés comme une putain de campanule timide, alors qu’à l’intérieur, une tornade l’habitait ». Une orpheline un peu mystérieuse et au parcours atypique, qui au premier contact avec Lotto, va déclencher un de ces coups de foudre qui changent une destinée.



Au milieu, Chollie et les autres, vrais et faux amis de fêtes, compagnons de réussites ou de galères, opportunistes ou piliers. Des vies en flous artistiques qui masquent l’essentiel, mais peu importe, c’est l’époque et tout le monde la croque à pleine dents.



« Mais aujourd’hui, la ville elle-même ressemblait à un buffet auquel il pouvait goûter (…) Lotto avalerait tout. Partout, la beauté, l’abondance. Il était Lancelot Satterwhite. Un soleil rayonnait en lui. Et ce magnifique tout, il était justement en train de le baiser. »



Mais entre l’affichage et la réalité, le fossé est grand, et les tourments ou errements du passé refont toujours surface. Suffit de leur laisser un peu de temps…



Au-delà de son histoire et de son habile construction – qui n’est pas sans rappeler celle de Trust – Lauren Groff a un sacré talent de portraitiste tant elle excelle à nous faire entrer tour à tour en adhésion d’esprit avec Mathilde et Lotto.



Au milieu de cette comédie humaine qui tourne au tragique, de cette course à l’ambition et à la reconnaissance, c’est la mécanique des forces et faiblesses du couple qu’elle décrypte, entre passion, appui, faiblesse, non-dits ou effacements, avec en premier plan, le rôle de l’épouse.



C’est réussi, un peu long, mais suffisant pour me donner envie d’une 3e lecture de Groff avec Arcadia qui m’attend.

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Matrix

Marie de France a été la toute première femme de lettres à écrire en français. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, on ne sait pas grand-chose d’autre sur elle.
Lien : https://www.journaldequebec...
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Floride

FLORIDE de LAUREN GROFF

11 nouvelles assez sombres, essentiellement des femmes ou des jeunes filles au bord de là rupture.

Elle hurle, alors, après dîner elle laisse les enfants à son mari qu’elle aime et va se promener dans le quartier, mesure l’évolution des immeubles, des gens, celui qui la siffle, le psy qui s’est pris une balle dans la jambe et qui boîte pour avoir couché avec la femme de son patient…

Il est né dans une maison entourée de 40 hectares de marécages, son père ne s’intéresse qu’aux serpents, ils peuplent la maison, sa mère n’en peut plus, Jude reste avec son père qui ne veut pas vendre quelque hectares à l’université qui veut s’agrandir…

Les deux sœurs se retrouvent sur une île, abandonnées. Les parents leur avaient dit qu’ils revenaient puis Mélanie et Smokey, mais même le chien était parti, alors la survie avait commencé…

Lui emplissait la porte de toute sa présence, elle c’était la reine du chaos, quand il s’absente deux jours pour s’occuper d’appartements dévastés par le cyclone, elle doit s’occuper des enfants…

Le cyclone arrive, elle est seule, son mari est mort, ordre d’évacuation, elle repense à lui, à son amant, elle descend boire le vin à la cave, elle reste…

Les avis d’expulsion s’entassent, elle repense à ces dizaines de milliers de dollars dépensés en futilité, elle va dormir dans sa voiture…

Elle pense continuellement aux serpents qui vous guettent, son mari en a trouvé une pelletée en plantant un arbre dans le jardin…

Elle ne supporte plus la chaleur qui lui donne des boutons, elle part en Normandie avec ses enfants pour écrire sur Maupassant, un vieux projet…

Elle n’en peut plus d’attendre que son mari lui téléphone alors que les coraux blanchissent, comme elle…
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Matrix

Dans ce roman étrange et captivant, Lauren Groff invente la biographie fictive de Marie de France, poétesse du XIIe siècle. Grâce à une écriture soignée, sans dialogue, l'auteure construit un monde entièrement féminin autour d'une héroïne forte, lesbienne avant l'heure. On peut cependant regretter le grand écart avec la « vraie » Marie de France et l'absence de poésie ou d'amour courtois dans ce roman.



De Marie de France, on ne sait à peu près rien, à part ce prénom et cette mention géographique elle-même un peu floue puisqu'elle peut désigner aussi bien le territoire du roi de France proprement dit (l'Ile de France actuelle) ou le Royaume dans son ensemble, c'est-à-dire toutes les terres contrôlées par les vassaux du roi. Les textes laissés par Marie sont écris en anglonormand (dialecte du vieux français parlé en Normandie et à la cour d'Angleterre) ou en picard. Les textes parlent principalement d'amours adultères, dans la pure logique de l'amour courtois de l'époque, avec la spécificité qu'ils donnent un rôle actif aux personnages féminins.



C'est sans doute ce proto-féminisme qui a intéressé Lauren Groff quand elle a décidé de s'emparer du personnage. Piochant dans les multiples hypothèses élaborées par les historiens sur la véritable identité de Marie, elle décide d'en faire la demi-soeur du roi anglais, envoyée par la reine Aliénor pourrir dans une abbaye délabrée. Sauf que… Marie aime Aliénor dans un amour à la fois absolu et à sens unique, et elle va vite montrer ses capacités de gestionnaires pour prendre la tête de cette abbaye et la transformer en un lieu prospère et protecteur pour les femmes qu'elle abrite.



Il ne suffisait pas à l'auteure de faire de Marie une femme puissante, elle la rend aussi mystique (Marie a des visions) et icone queer (l'abbaye devient une sorte de paradis lesbien médiéval). Tout cela est osé, et je dois dire assez intéressant parce que c'est amené progressivement, avec un raffinement dans l'écriture qui fait savourer les mots tout en accrochant à l'histoire.



Malheureusement, à force, ça se grippe un peu. Cette volonté de construire un roman où il n'y a aucun homme (on en parle d'eux que de façon indirecte, et ils sont toujours idiots, dangereux ou les deux à la fois) finit par être prévisible. Vers la moitié du roman, je m'étais dit :



Autre regret : que la poésie de Marie ne soit pas du tout exploitée. C'est même une grosse interrogation pour moi : de la vraie Marie, on ne sait rien sauf le fait qu'elle a été une romancière de talent. Et Lauren Groff choisit de faire une Marie dont l'activité d'auteure est complètement marginale par rapport à son statut d'abbesse de génie, amoureuse de femmes et mystique visionnaire. Ce n'est qu'un demi regret, car en vrai j'ai bien aimé le personnage inventé. Mais je me demande pourquoi avoir rattaché cette histoire à Marie de France si le thème de l'amour courtois n'intéressait pas Groff. Elle aurait pu inventer à 100% une abbesse puissante.



Je mets 4/5 pour le plaisir pris à la lecture, malgré ces quelques regrets et interrogations.

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Fugues : Histoires

FUGUES de LAUREN GROFF

9 nouvelles autour des femmes et des jeunes filles.

Championne de natation elle est mal dans sa peau, attend la réponse des universités auxquelles elle a envoyé sa candidature. Un soir elle est surprise par l’invitation d’élèves de son lycée pour dîner chez Chow Fun, le seul chinois du village, l’issue sera inattendue…

Mars 1918, les méduses prolifèrent tandis qu’une étrange épidémie sévit chez les soldats du Kansas. Aliette est touchée par la poliomyélite et veut apprendre à nager. L.fût médaillé d’or en natation, aujourd’hui en pleine déconfiture, il va l’aider. Un lien se crée et la grippe avance…

Elle a 16 ans, ex miss de la région, elle va se marier, elle est enceinte, trois vont suivre, le père boit et se retrouve au chômage. Son aîné est douée pour le lancer de bâtons, elle se retrouve enceinte…

Le dictateur revient de voyage avec une femme qu’il épouse, elle paraît banale, enceinte rapidement tandis que son mari part en guerre contre les rebelles. Il revient avec des têtes coupées accrochées à sa ceinture pendant qu’elle promène leur enfant…

Ils vont se marier, il a acheté une maison dans un petit village. En rentrant un soir elle se plaint de tout, la maison, les voisins, les gens bornés , sans éducation. Amer il demande si elle le considère comme responsable, elle acquiesce. Il prend le camion et part…

Elle vient de se marier, ils partent en voyage de noces, incertains de leur sexualité. En Argentine ils vont croiser un baron fortuné, d’une élégance et d’une classe qui vont la faire rêver, rien ne se passera, elle le rencontrera par hasard souvent jusqu’au soir où elle recevra sa visite, vieux et ruiné…

Harriet est avocate, veut changer de vie, suit des ateliers de poésie. Un jour arrive Blythe, une beauté, mannequin, perturbée, qui rapidement va lui demander d’être sa meilleure amie, la vie d’Harriet va s’en trouver bouleversée à jamais ..,

Une plume romanesque trempée dans l’humour noir, ces nouvelles donnent souvent l’impression d’une douceur et d’une tranquillité qui s’avèrent bien trompeuses. Elle sait toucher juste et laisse pointer une érudition discrète mais bien présente.
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Matrix

Une biographie imaginaire qui se donne pour ambition de plonger le lecteur dans une ambiance féministe médiévale : pourquoi pas ? J'avais beaucoup aimé La nuit des béguines, dans ce registre.

Mais Matrix ne m'aura pas embarquée, j'arrête après une centaine de pages. La préciosité du style, le flux un peu brumeux de la narration, les scènes érotiques lesbiennes, ce n'était pas pour moi.



J'étais peut être simplement contrariée par le fait que ce roman présente, la reine Aliénor qui m'a tant fait rêver enfant, comme une sacrée garce ! Je souffre apparemment du même syndrome que l'héroïne du roman...
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Matrix

Roman tout à fait singulier qui détaille la vie monacale du XIIe siècle avec une précision hallucinante, qui fait ressentir mille sensations, des vents froids, du gel et de la boue aux odeurs des feuilles en décomposition et des oignon sauvages, qui fait alterner les batailles épiques aux moments de solitude, et qui suggère une méditation sur le désir de conquêtes inutiles.
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Matrix

Un roman historique intéressant, avec Aliénor d'Aquitaine comme personnage secondaire. L'héroïne est la bâtarde Marie de France, demi-sœur d'Aliénor, grande, massive, toute en muscle et en rage. En un mot immariable, raison pour laquelle elle est envoyée dans une abbaye misérable, pour l'éloigner de la cour. Mais Marie est pleine de ressources et fait prospérer cette abbaye au-delà toute attente.

Dans ce roman, il n'y a que des personnages feminins, les hommes sont à peine mentionnés. Les femmes sont politiques, intelligentes, manipulatrices, capables du meilleur comme du pire. Il y a beaucoup de sensualité, beaucoup de religion bien sûr.

J'ai quand même trouvé pas mal de longueurs. Dans le même univers, j'ai nettement préféré Les simples de Yannick Grannec et La nuit des béguines d'Aline Kinner, que je conseille chaudement pour les thématiques Moyen-âge, communautés de femmes et féminisme avant l'heure.
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Arcadia

Ridley, surnommé Pouce, en raison de sa petite taille pour ses trois ans, est le premier né d'Arcadia, une communauté hippie de l'état de New York, comme il en a existé beaucoup aux États-Unis dans les années 1960-1970. Enfant unique d'Abe et d'Hannah, membres fondateurs de la communauté avec Handy, propriétaire du terrain et l'immense demeure délabrée où ils se sont installés, véritable gourou de l'ensemble, Arcadia prône l'égalité, l'auto-suffisance, l'acceptation de tout et de tous... jusqu'à l'implosion, progressivement pressentie, alors que la communauté s'étend, que les principaux membres en envisagent des évolutions bien différentes . Implosion qui sous-entend, pour Abe et Hannah, mais plus encore pour Pouce, qui a toujours vécu à Arcadia, sans en sortir un seul instant, une adaptation brutale à la société qui l'entoure, et à laquelle il n'a jamais été préparé, alors qu'il a désormais quatorze ans.



Chronique de la chute annoncée d’une utopie libertaire qui n’en avait que l’apparence, Arcadia est un roman d’abord âpre, en ce que la tragédie que l’on sent arriver progressivement nous tombe finalement dessus sans crier gare, que l’on découvre, tout aussi progressivement, celles et ceux de la communauté qui ont, ou pas, réussi à s’adapter à la nouvelle vie qui les attendait, qui n’avaient jamais vécu en dehors d’elle, qui avaient choisi de la rejoindre pour échapper à ce qu’ils devaient de nouveau subir… Et Pouce, à l’adaptation plutôt bénéfique dans une société qui lui était terriblement étrangère, va en faire violemment les frais.



Mais c’est aussi un roman qui, malgré l’ombre de la communauté, qui plane encore et toujours sur chacun, laissera apparaître au fil du récit lumière et espérance tant pour celui qui, en devenant adulte redeviendra Ridley, que pour son entourage, même si les épreuves pour ce faire seront nombreuses et éprouvantes.



J’avais bien aimé Les Furies, j’ai encore davantage apprécié ce roman qui lui est antérieur, en ce que les personnages principaux qui nous sont dépeints y sont d’une remarquable humanité, et de fait particulièrement touchants. Je vais poursuivre ma découverte de Lauren Groff sous peu, et en version originale cette fois !
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Les furies

Une aventure lyrique rythmée où l'on suit la vie de Lotto et Mathilde un couple fort et uni pour le meilleur et pour le pire. Deux destins, une folie furieuse [non des folies furieuses].

Dans cette comédie [ou tragédie, cela dépend du point de vue], Lauren Groff dresse une ode à l' amour, au mensonge [aussi et peut-être à la fidélité] [oui certainement], tout cela dans une écriture flamboyante.

Alors, oui, on peut y trouver quelques longueurs mais reste à la fin une splendide oeuvre pleine de furie.
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Matrix

Ce roman en 3 parties est le portrait de Marie de France, la « bâtarde », qu’Aliénor d’Aquitaine décide d’envoyer dans une abbaye en Angleterre, loin de la cour. Marie est trop grande et moche pour être mariée, il ne reste plus que le couvent pour l’accueillir. Enfin accueillir n’est pas le terme adéquat, car les nonnes y subissent la malefaim et la misère. Peu à peu Marie prend ses marques et se résout à cette vie. Elle prend même le pouvoir et gère très bien le domaine de l’abbaye, si bien que la vie des religieuses s’améliore très nettement. Marie a de grande idées pour sa communauté qui lui sont dictées par des visions. C’est ainsi qu’elle fait bâtir une forteresse autour du domaine pour protéger les nonnes et exclure les hommes. Tout cela attire des jalousies, mais Marie sait toujours faire face.

Il est question de sororité, de féminisme, de désir féminin, d’homosexualité dans ce roman médiéval.

Conseillé par Maria Larrea, lu avec Annie-Rose et Charles, j’avoue n’avoir pas été emportée par cette biographie romancée. C’est donc une lecture mitigée pour ma part, où j’ai été un peu perturbée par les mélanges de styles et de temps conjugués, les incursions de mots latins (retrouvez sur le blog, un exemple de passage de ce type). C’est à la fois moderne et ancien, empreint de mysticisme. L’entre soi m’a également gênée. Bref je n’ai pas été convaincue par ce roman, ni son propos, un peu trop féministe avant l’heure, même si la vie et le destin de Marie sont intéressants.
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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