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Critiques de Laurine Roux (445)
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Le Sanctuaire

Laurine Roux a un talent fou pour installer une ambiance sous la forme d'un récit initiatique qui revêt les atours d'un roman postapocalyptique. Une famille retiré du monde dans une nature sauvage après une pandémie aviaire qui a décimé une grande partie de l'humanité. Deux soeurs à la relation fusionnelle, dont Gemma, l'enfant-chasseresse née au Sanctuaire, la seule qui n'a pas connu le monde d'avant. Un père intransigeant qui a érigé la survie en religion implacable. Tout oiseau est un ennemi, tout oiseau doit être tué pour éviter une contagion fatale.



Si je me suis facilement fondue dans le décor, j'ai été toutefois freiné dans mon avancée littéraire par les échos d'autres lectures ou d'autres images, un peu incommode pour s'approprier la première partie du roman, la présentation des lieux et des personnages. J'ai eu du mal à me défaire d'un sentiment de déjà-lu ( My absolute darling, Dans la forêt entre autres ), de déjà-vu ( Captain Fantastic, Mosquito coast notamment ). Gemma m'a tellement fait penser à Turtle ...



Mais cela ne m'a pas empêché de savourer la plume éclatante de Laurine Roux. Le phrasé est rythmé, parfois chaloupé, parfois plus saccadé, toujours très musical. Et les mots savent se faire poésie, ils nous emplissent de sensations très charnelles et organiques qui décrivent à merveille la nature du Sanctuaire.



A sa mitan, le récit mue et se fait fable. Plus que d'un récit postapocalyptique, il s'agit d'un roman d'initiation, celui de l'émancipation de Gemma. Pour sortir de l'enfance et découvrir le monde avec ses propres lunettes, elle doit se rebeller contre tout ce que son père a construit, matériellement et psychiquement, faisant valser les certitudes apprises. Elle doit sortir de la cellule familiale autarcique. Ici, l'élément perturbateur et déclencheur qui fait exploser le huis-clos est un vieillard entouré d'oiseaux, notamment un fabuleux aigle qui plane au-dessus du Sanctuaire.



Même si je comprends bien que la sortie de l'enfance passe par la confrontation à l'autre et notamment à l'homme qui peut être prédateur face à une jeune fille, qu'elle doit s'extraire de toute domination masculine présente ( le père ) ou future ( les hommes hors du Sanctuaire ), j'ai été gênée par son caractère libidineux très outré. Le personnage était suffisamment fort, vivant dans sa caverne platonicienne, subversif avec ses oiseaux compagnons, pour ne pas surcharger le propos.



Lu dans le cadre du collectif Les 68 Premières fois
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L'autre moitié du monde

Dans le delta de l’Èbre et ses rizières, les paysans travaillent dur et sont exploités sans vergogne par des bourgeois qui se disent marquis et marquise, plus leur fils, Carlos. Ces derniers vivent dans un château dominant les alentours.

Laurine Roux, déjà autrice de deux romans primés, s’adjuge une nouvelle récompense avec L’autre moitié du monde. En effet, c’est le Prix Orange du Livre 2022 qui lui a été attribué fort justement par un jury composé de lecteurs, de libraires et d’auteurs, jury présidé par, excusez du peu, Jean-Christophe Rufin !

Sur les pas de Toya, petite fille un peu sauvageonne, unique enfant de Pilar et Juan, débute une histoire qui m’a pris aux tripes.

En trois grandes parties, j’ai suivi ces paysans qui, peu à peu, sous l’influence de José, un jeune avocat idéaliste, créent une collectivité réussissant à concrétiser un rêve : une société égalitaire.

Autour de ces femmes et de ces hommes, je me suis attaché à leur vie, à leurs peines, à leurs espoirs, à leurs joies tout en redoutant ceux qui ne croient qu’en la dictature, à une société où la masse du peuple est exploitée avec l’aval et le soutien de la religion.

C’est le début des années 1930. L’Espagne est républicaine au service des puissants mais certains espèrent tout de même le rétablissement de la royauté.

L’utopie, le rêve d’une société égalitaire se mettent peu à peu en place. Hélas, les excès inévitables, les dissensions entre idéalistes, marxistes et anarchistes, ne facilitent pas l’instauration d’une vraie république au service du peuple.

Pilar, la mère de Toya, est le symbole de l’exploitation éhontée de celles et de ceux qui donnent leur vie pour le confort, le bien-être de quelques-uns, en l’occurrence, la famille Ibañez. Pilar est une cuisinière hors pair mais la conduite scandaleuse de Carlos pourrit sa vie jusqu’à l’issue inévitable.

Quand Horacio, jeune instituteur, arrive dans le village, Alejandra, une jeune fille, est retrouvée pendue après avoir subi les pires outrages. C’est d’ailleurs Horacio qui organise la recherche du criminel. Mais la Guardia Civil débarque, arrête les meneurs et classe l’affaire.

Toya n’est pas insensible au charme d’Horacio qui, en jouant du piano, déclenche des sentiments insoupçonnés jusque-là dans le cœur de Toya.

Petit à petit, je fais connaissance avec les principaux protagonistes d’une histoire remarquablement contée par Laurine Roux. Elle me fait vivre la collectivisation des terres, la résistance de ces paysans à l’insolant mépris de la señora Ibañez, la Marquise, qui ne paie plus ceux qui travaillent dans les rizières, pour son profit… un simple caprice : « De temps en temps, la Marquise enregistre un décès. Quand il s’agit d’un homme, elle propose à un fils de prendre la relève. S’il n’y a pas de garçon, Madame prie la famille de quitter les lieux. »

Quand, dans la seconde partie, Laurine Roux me fait faire un bond dans le temps, voici Luz et Paco qui vivent à Barcelone. Tous les deux, ils travaillent dans un labo dont le vieux professeur est obsédé par les écosystèmes. Très en avance, il ne croit qu’en l’écologie et à la préservation des zones humides. Pour cela, Luz et Paco doivent étudier le delta de l’Èbre. Victime d’une entorse, Paco laisse Luz partir seule, là-bas.

Débute alors une quête passionnante, faite de rebondissements et de rencontres amenant une troisième partie à la fois terrible et belle. Une femme âgée, toujours vêtue de noir, se prend d’amitié pour Luz et finit par lui raconter ce qui s’est passé quelques années auparavant.

Au travers de cette expérience locale, Laurine Roux réussit à faire un peu mieux comprendre le combat mené par ces hommes épris tout simplement de liberté et de dignité.

L’autrice parsème son roman d’expressions en espagnol, sans en abuser. Elle me fait voler avec les sternes qui reviennent d’Afrique et nager avec « les anguilles qui cherchent toujours à revenir là où elles sont nées. »

L’autre moitié du monde, m’a fait vivre l’expérience de collectivisation des terres par ces paysans sauvagement abattus par les nationalistes, les fascistes aux ordres de Franco. Ceux-ci sont au service des plus riches et des dignitaires de l’église catholique.

L’autre moitié du monde, avec une belle photo de couverture en hommage aux femmes et aux hommes travaillant dur dans les rizières, est un livre qui m’a beaucoup marqué et que je n’oublierai pas.

Je remercie Nicolas Zwirn de Lecteurs.com qui m’a permis une émouvante et instructive aventure littéraire.




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Sur l'épaule des géants

« Sur l’épaule des géants » est une saga familiale, celle des Aghulon, où les femmes portent des noms de fleurs, de Violette à Iris en passant par Églantine, Marguerite, Rose et Camélia, et où les chats sont philosophes et bavards.



C’est à travers l’arbre généalogique de la famille Aghulon que Laurine Roux invite les lecteurs à traverser le XIXe et le XXe siècle. Une revisite plutôt rocambolesque qui permet de croiser une belle brochette de personnages historiques, dont Pasteur et Picasso, mais qui passe également inévitablement par les deux guerres mondiales. Un enchaînement de péripéties qui se déroule sur un rythme effréné de la moitié du XIXe siècle à nos jours.



En livrant son récit sous forme de chapitres courts qui donnent à l’ensemble un air de feuilleton ancien, Laurine Roux a cependant eu du mal à me garder accroché à l’histoire. Ces immersions trop courtes, séparées par trop de petits sauts temporels, m’ont également empêché de m’attacher pleinement aux personnages, même si la répartie des chats philosophes m’a souvent fait sourire. Le langage volontairement désuet et les tournures de phrases trop recherchées, ont également contribué à accroître ce sentiment de distance et cette impression de me retrouver plutôt dans un rôle de spectateur. Du coup, même si j’ai passé un bon moment de lecture, je ne suis jamais totalement parvenu à rentrer dans l’histoire, me contentant de suivre les péripéties des protagonistes tout en admirant les gravures en noir et blanc d’Hélène Bautista qui viennent agrémenter le texte.
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L'autre moitié du monde

1930, en Espagne, des paysans s’éreintent dans les rizières du delta de l’Èbre exploités par Doña Serena, l’impitoyable Marquise et son mari et dont le fils dégénéré Carlos, abuse du corps des employées.

C’est dans ce cadre que grandit Toya, douze ans, une gamine sauvage dégourdie et insoumise qui connaît la nature et les marais comme sa poche, choyée par ses parents Pilar, cuisinière au château et Juan travailleur dans les rizières.

Bien qu’harassés par le travail, ces paysans miséreux que les dominants considèrent comme invisibles sont solidaires entre eux et parviennent à partager quelques moments de joie.

Mais, dans ces restes d’une société éminemment féodale, la colère couve et les idées révolutionnaires du jeune instituteur Horacio vont les aider à organiser la révolte face aux terribles injustices que leur font subir ces propriétaires terriens, ces grands bourgeois associés à l’Église complice, révolte qui se manifeste dans tout le pays, les prémices de la guerre civile sont là. Franco ne tardera pas et la fin de la République avec.

L’Histoire va donc jouer un rôle primordial dans la vie de Toya, la révolution lui faisant goûter au meilleur tandis que la répression franquiste le lui ôtera.

Avec l’épopée de cette adolescente entourée de personnages consistants qui, par leur forte personnalité, ont quasiment une présence réelle dans le récit, Laurine Roux, avec une écriture pleine de souplesse, de poésie, de sensualité où la nature est présente physiquement plonge le lecteur dans une véritable tragédie humaine sur fond de guerre d’Espagne.

Beaucoup de cruauté émaille le roman mais aussi énormément de tendresse et notamment celle de Pilar pour sa fille.

J’ai été très sensible à cette capacité qu’a Toya à faire corps avec la nature, tout comme aux talents culinaires exceptionnels de sa mère et sa capacité à accommoder et à tirer le meilleur de chaque élément. J’ai également été émerveillée par ces moments sublimes où Toya découvre le pouvoir des notes de musique : des passages enchanteurs !

Quelques termes et expressions espagnoles sont les bienvenus et apportent crédibilité et musicalité au roman.

Mais le contexte historique, cette guerre d’Espagne, montre combien il est important d’unir toutes les forces possibles pour faire face au tyran et que chaque homme compte mais aussi combien, hélas, il est difficile même dans les pires moments que les hommes s’entendent et les tensions entre ces Républicains composés de loyalistes à l'égard du gouvernement légalement établi, de communistes, de marxistes et de révolutionnaires anarchistes en est l’exemple type.

Le choix de Laurine Roux d’avoir pris ce delta de l’Èbre pour situer son roman me semble fort intéressant. Il est rare en effet que ce cadre rural soit choisi pour évoquer la révolution sociale espagnole de 1936 et pourtant la bataille de l’Èbre fut un des plus vastes combats qui furent livrés durant la guerre d’Espagne entre les forces républicaines et les insurgés nationalistes. Ce soulèvement rural a été parmi les expériences de collectivisation des terres, avant, hélas...

Ce n’est pas du tout un hasard si L’autre moitié du monde de Laurine Roux a remporté le Prix Orange du Livre 2022, ce récit haletant, émouvant et bouleversant le mérite amplement !

Un grand merci à Nicolas Zwirn de Lecteurs.com pour cette fabuleuse découverte que j’invite chacune et chacun à découvrir pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore fait.


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Une immense sensation de calme

Un long enseignement d'abandon…



C'est un bien beau premier roman que nous offre Laurine Roux, un conte fantastique empreint de poésie et de noirceur, à la margelle du rêve, à la lisière du chamanisme, à la bordure de l'animalité, à mi-chemin entre les plus terribles bassesses humaines et les plus grandes sagesses ancestrales, où s'entrelacent la mort et l'amour.

Un récit tel que nous lèguent les peuples premiers, à l'intérieur duquel des histoires orales sont également racontées, matriochka de contes entremêlés qui s'emboitent faisant la lumière sur les personnages.

Un conte dont l'esprit rôde dans les terres mystérieuses du Grand Passage, celui qui mène vers l'au-delà et dans lequel les esprits transmettent leurs messages à celles et ceux qui savent entendre.

Une histoire qui permet d'accepter tout simplement le cycle de la vie car nous ne sommes que de passage, éphémères, acceptation sereine accueillie dans « une immense sensation de calme ». Une ode à l'impermanence où notre existence « n'a pas plus d'importance que le nuage ou la bécasse. Pas moins non plus. Il y uniquement la densité de chaque instant ».



« L'instant s'échappe vers un autre, insaisissable. En chute permanente, ou plutôt en grande glissade, car le temps n'est qu'une succession d'effondrements à l'infini ».



Nous sommes probablement en Russie, j'imagine très bien ce récit en Sibérie, sur une terre glacée, montagneuse, où coule la Taïga. Alors qu'elle vient d'enterrer sa grand-mère, sa chère Baba qui l'a élevée, ses parents étant morts alors qu'elle était enfant, une jeune femme rencontre Igor, être sauvage et magnétique, presque animal, qui livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne. Ces vieilles femmes sont les ultimes témoins d'une guerre qui, cinquante plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d'un monde que traversent les plus curieuses légendes. Sans un mot, rien que par les regards et l'attitude, dans un calme absolu, les deux jeunes gens vont s'unir et former immédiatement un couple, le couple.

L'amour absolu que se vouent la jeune femme et Igor se passe de mots, silence et gestes quotidiens fondent leur union. Voici la jeune femme à suivre désormais Igor, nomadisme qui va lui permettre de côtoyer ces vieilles femmes, ces « invisibles » et d'en apprendre un peu plus sur son envoutant compagnon.





La nature, somptueusement décrite, est souveraine, elle seule poursuit sa mécanique implacable alors que les êtres passent, que les cycles sont incessants. La plume de Laurine Roux est somptueuse jusqu'à l'ivresse, jusqu'à une forme de joie et d'abandon, elle arrive à nous transmettre la nécessité de regarder, de ressentir, de capter toute l'intensité des instants de vie, aussi courts soient-ils…



« L'immensité du ciel. La trainée laiteuse d'un nuage juvénile. La fulgurance des trouées de lumière à travers les frondaisons. Un bourdon volette au-dessus de ma tête, peine d'une grâce pataude. Tout entre dans mes poumons. Je lampe l'air à grandes goulées, et ma langue reconnait dans ce baiser un goût de terre et de ciel. Vert et bleu. La couleur des baisers d'Igor ».



« Et puis il y a ce ruban de sable, petits grains insignifiants qui crépitent au passage des vagues, millions de minuscules témoins du travail immémorial de l'eau sur la pierre, de ses coups de langue insistants qui érodent petit à petit la forteresse, la réduisant en poudre à force de constance et d'opiniâtreté, la plage couchée en signe de soumission ».



Une plume magnifique, de celle qui illumine le coeur, mais aussi très singulière, métaphorique, narrant une histoire à l'allure de fable dans laquelle s'entremêlent les oppositions, dure réalité et légendes, amour et mort, sagesse et vulgarité, pragmatisme et chamanisme. Et qui nous offre une grande leçon de vie, celle de ne pas avoir peur de la mort…



« Nous sommes tous de passage. Simplement de passage ».



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Sur l'épaule des géants

Elles portent toutes les six un nom de fleur.

De Violette à Iris en passant par Églantine, Marguerite, Rose et Camélia, elles ont profondément marqué la généalogie de Gabriel qui, revenu aux Mûriers, le domaine cévenol, berceau de la famille Aghulon, retrace son histoire.

sur l’épaule des géants, formidable saga familiale signée Laurine Roux est, pour moi, une nouvelle réussite littéraire d’une autrice que j’avais découverte grâce à L’autre moitié du monde, Prix Orange du livre 2022.

Dans un genre sensiblement différent, même si elle se base aussi sur l’Histoire, Laurine Roux m’a embarqué de la fin du XIXe au début du XXIe siècle en me faisant côtoyer de nombreux personnages dont Socrate, Érasme et Diogène, ces chats philosophes au rôle non négligeable.

Comme la couverture de ce livre en est ornée, il faut souligner sans tarder la qualité des nombreuses gravures en noir et blanc signées Hélène Bautista. Elles illustrent régulièrement un récit plein de surprises, de coups de théâtre, de bouleversements, d’amours, de révélations, d’émotions et surtout d’humour, le tout agrémenté de l’excellent aïthos oinos, un nectar élaboré par Violette. La traduction littérale de ce nom venant du grec pourrait être vin (oinos) brûlé par le soleil (aïthos)… à déguster avec modération…quoique…

Que je voudrais savoir exprimer les délices d’un bon vin comme le fait Laurine Roux ! Cette dernière affiche aussi un semblable talent pour parler cuisine, détailler le contenu d’une assiette à faire saliver le moins gourmand de ses lecteurs ! Avec ça, je n’oublie pas la musique qui prend une grande importance grâce à Rose et Haïm.

Auparavant, Les aventures des aïeux de Gabriel m’emmènent aussi dans le Jura sur les traces de Louis Pasteur et surtout à Paris où quantité d’aventures conditionnent l’avenir de la famille. Que ce soit à la ménagerie du Jardin des Plantes, au restaurant des Trois Frères, au Théâtre des Champs Élysées, au Bœuf sur le toit ou ailleurs, les épisodes parisiens ne manquent pas.

Dire qu’on était parti d’une maladie mettant en péril sérieux l’élevage de vers à soie qui faisait la fierté de la famille Aghulon et assurait largement sa subsistance ! Comme Lazare, le père de Barthélémy, était un scientifique avant d’être un père, il ne fut même pas ému lorsque Violette donna le jour à son fils, le quadrisaïeul de Gabriel.

Détails et références historiques foisonnent et les rencontres, les mésaventures marquent l’évolution de la société en passant par deux guerres mondiales. La première cause quantité de victimes, laisse revenir tant de « gueules cassées » alors que la seconde voit le nazisme tenter d’imposer sa loi, recevoir le renfort du gouvernement de Vichy et de collaborateurs zélés, même dans la région nîmoise. Heureusement, tous les Français ne sont pas ainsi et certains ont le courage de cacher des familles juives comme les Papernick…

Voilà, Mamita est morte le 12 septembre 2001, à 107 ans mais des avions ont fait exploser deux grandes tours à New York et Gabriel ne pleure même pas le décès de sa trisaïeule.

Onze ans plus tard, grâce à lui et à un paquet de lettres découvertes dans le grenier, l’histoire foisonnante d’aventures de sa famille a été écrite par l’intermédiaire de Laurine Roux dont l’écriture est percutante, sans fioritures. C’est énergique, ça dépote !

Si les références historiques et scientifiques émaillent le récit, ses réflexions humoristiques tellement justes m’ont régalé car elle ne s’embarrasse pas de précautions pour appeler un chat, un chat et c’est jouissif de dévorer un tel bouquin d’un si beau format.


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Une immense sensation de calme

Aux confins de cette région glacée, les rares habitants survivent en s’adaptant à leur sévère environnement. Condamnée à l’errance après la mort de sa grand-mère, la narratrice est recueillie par une famille de pêcheurs et épouse Igor, une force de la nature qui subsiste en colportant des vivres chez les vieilles femmes isolées. Commence alors pour le couple une existence nomade, soumise aux rudesses d’hivers sibériens et aux dangers de fièvres terrassantes, imprégnée d’étranges légendes sur un passé apocalyptique, et menant à la paisible acceptation des inévitables cycles de vie et de mort.





Laurine Roux nous offre un joli conte, où quelques hommes issus d’une Histoire presque oubliée, guerrière et destructrice, qui a fait d’eux des parias isolés dans une nature aussi splendide qu’inhospitalière, reviennent aux valeurs essentielles pour s’accorder à leur environnement et à leur destin de mortels. Laissant une large place à leur cadre de vie, où les beautés et les miracles de la nature n’ont d’équivalents que sa puissance et sa sauvagerie, le récit fait combattre le lecteur aux côtés de personnages en lutte pour leur survie, avant de le faire s’abandonner à leur inéluctable retour au tout originel.





De ce roman-fable aussi tendre que cruel émerge une délicate et poétique esthétique. L’on est tenté d’y voir transparaître le souvenir d’anciens modes de vie, de ces peuples nomades du Grand Nord, en osmose avec leur rude environnement, porteur d’une sagesse ancestrale et d’un savoir chamanique quant à leur bref, souvent éprouvant, mais si magique passage sur terre.


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L'autre moitié du monde

Bon, ben, le moins que l'on puisse dire c'est que L'autre moitié du monde m'a laissée perplexe. Peut-être parce qu'un roman historique espagnol traitant de la guerre d'Espagne aurait mérité une auteure française un peu plus pointue sur le sujet (même si son grand-père, Jean Roumilhac, était un industriel français qui a soutenu les réfugiés espagnols). Faute de quoi on passe (pour ne pas dire on perd) son temps à lire des descriptions de préparation de repas quand ce n'est pas l'étalage de poncifs de classes — de gentils et pauvres paysans luttant contre de méchants riches, avec des personnages aussi caricaturaux que le petit marquis qui affame ses chiens, viole la cuisinière et tue des jeunes filles. Des paysans qui, après avoir tenté l'expérience de la collectivisation, sont sauvagement assassinés par les nationalistes, suppos de Franco, de l'Église et de l'oligarchie dominante, ce qui est historiquement exact, mais superficiellement traité, tellement le sujet est noyé dans les mièvreries, les bons sentiments et plus surprenant, les propos graveleux. Et que dire des multiples mots espagnols pour faire couleur locale émaillant ce roman dont, au regard des retours positifs sur Babelio, je me dis que je suis une buse insensible pour ne l'avoir pas apprécié :)
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L'autre moitié du monde

Sur le delta de l’Ebre, un tyran perpétuant des traditions moyenâgeuses, incluant servage et droit de cuissage, règne sur son fief, tandis que naît au sein du peuple espagnol des envies de s’affranchir des contraintes et de la pauvreté. La petite sauvageonne, Toya, observe avec ses yeux d’enfant. Sans tout comprendre, mais en percevant les douleurs non dites. Horacio, l’instituteur, lui inspire à la fois de la méfiance et de la fascination. Surtout lorsqu’il se met au piano.



L’escalade de mauvais traitements, à l’origine d’un deuil cruel pour la fillette mettra la feu aux poudres.



Qui est-elle des années plus tard, cette jeune militante de Barcelone au prénom de lumière ? Il faudra une révélation inattendue pour que la quête des origines nous ramène au delta.





Ce roman est un magnifique restitution des temps maudits qui ont marqué l’histoire de l’Espagne. Portée par des personnages dont on fait les héros, prêts à tout sacrifier pour une cause qu’ils revendiquent, et dont on sait le sacrifice vain.



Très différent du roman précédent Le Sanctuaire, ici les personnages sont nombreux et animés d’une volonté farouche pour soutenir un idéal en commun. L’écritures est vive, convaincante et animé d’une belle énergie communicative.


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Le Sanctuaire

Ils sont quatre dans ce coin de montagne quelque part, là où la nature est souveraine, là où se côtoient la vie et la mort, la haine et l’amour, la beauté et la laideur, l’espoir et l’abattement, là ou le présent se fait sentir, ou le passé devient envahissant, ou le futur ne peut s’envisager...



Magnifique récit qui se dévoile par petite touche, où l’on apprend les raisons de ce refuge... peut-être..., où l’homme redevient chasseur cueilleur au milieu d’une nature hostile, où un être mystérieux se manifeste... pourquoi... ?



On fait connaissance de Gemma, la fille du terrain, entrainée par un père intransigeant qui attend d’elle qu’elle survive dans ce milieu, qu’elle manie l’arc avec dextérité, sans tolérance, on côtoie June, la sœur ainée, celle qui a connu la vie d’avant... On s’attache à la mère, dévouée et aimante, soumise à cet homme ambigu qu’est le père, le seul qui peut sortir du sanctuaire aux limites fixées par lui-même.



On y baigne dans le mystère qui se dévoile à qui se montre patient, on y prend malgré l’inconfort de cette famille, un bol d’air offert par cette nature décrite avec tant de poésie, on y subit toutes les tensions, tous les affronts, toutes les blessures dont Gemma et June seront les victimes.



Concentré d’émotions et de sensations, ce court roman, peut-être post apocalyptique, à moins qu’il ne décrive simplement la psychologie de personnages parvenus en ce refuge par choix, où qui ont fui la civilisation pour se protéger, le lecteur saura faire la part des choses, plaira à tout ceux qui aiment les textes sibyllins et subtiles et les belles odes à la nature.
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L'autre moitié du monde

Nés de la crise agraire dans un pays resté en marge du développement industriel de l’Europe, grèves et anarchisme secouent l’Espagne depuis longtemps déjà, lorsqu’au début des années trente, l’état d’urgence est décrété, puis le roi forcé à l’exil. Jusqu’ici demeurés à l’écart de l’agitation, les paysans du delta de l’Ebre, au Sud de la Catalogne, continuent encore de subir la férule quasi féodale des Ibáñez, propriétaires omnipotents des rizières. Mais un drame de trop, provoqué par les brutales iniquités de doña Serena, la Marquise, et de son cruel fils Carlos, met le feu aux poudres. Et pendant que la guerre civile finit par s’emparer aussi de ces paisibles lagunes où elle a grandi en sauvageonne, la jeune Toya n’a bientôt plus de cesse que de rejoindre les combattants de la liberté et de venger les siens.





Commencée dans l’innocence au simple rythme des saisons, entre les savoureux fumets dont sa mère emplit les cuisines du château et le bruissement dans la brise saline des épis de riz qui étalent de vastes aplats ocres sous la brûlure d’un soleil ardent, l’enfance de celle que l’on surnomme affectueusement la « pequeña salvaje » se déroule au plus près d’une nature qu’elle absorbe par tous ses pores et dont chaque page du roman exhale les parfums et les couleurs. Avant que l’Histoire et ses soubresauts ne viennent souffler la tempête, c’est donc toute une géographie, qu’en une vivante peinture, la narration se plaît à nous faire ressentir avec la même viscéralité que ses personnages.





Dans ce décor, le temps semble n’avoir aucune prise. Traités comme du bétail par une aristocratie propriétaire de toutes les terres, soutenue par l’Église et proche du pouvoir militaire qui commence à multiplier les tentatives de coup d’État contre la toute jeune République, les paysans vivent quasiment comme les serfs d’autrefois, misérablement exploités et maltraités, sans défense ni droits. Laurine Roux excelle à mettre en scène la morgue et la cruauté des uns, bientôt supplantées par la peur et la violence aveugle, alors qu’harassés et impuissants, les autres subissent en silence, laissant grandir la colère et la haine qu’une étincelle d’espoir, rapportée par l’instituteur et son ami avocat d’une Barcelone en plein affrontement entre nationalistes et républicains, finit par transformer en vague révolutionnaire. Alors, avant qu’une répression sanglante ne s’abatte définitivement sur les insurgés, se déploie le temps compté d’une liberté et d’un espoir de justice sociale, portés par l'anarchisme et par la collectivisation des terres.





Le désenchantement sera à la hauteur du rêve, anéanti par la dictature, les exécutions et l’emprisonnement. Toya, qui aura vu mûrir puis flétrir l’espoir en même temps que l’amour, n’oubliera rien de ses passions et de ses idéaux. Elle en portera éternellement le deuil, sous la forme de ces bouquets d’oeillets sur lesquels s’ouvrent le récit, obstinément déposés au même endroit, en bord de route, en un geste qui la fait passer pour folle.





Un récit magnifique et poignant, où les fantômes de l’Histoire espagnole s’incarnent en quelques personnages forts et inoubliables, au fil d’une narration aux phrases courtes et aiguisées, sans dialogues, dont l’aspect rétrospectif ajoute au sentiment de fatalité tragique. Coup de coeur.


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Le Sanctuaire

L'écriture ciselée de Laurine Roux ne suffit pas, à mon goût, pour produire un bon livre. Celui-ci est court. Heureusement.



Il aborde cependant, maladroitement je trouve, quelques thèmes importants, celui de la famille, celui de l'homme dominant, écrasant la femme, même ses propres filles, celui de la nature avec quelques descriptions brèves mais efficaces.



Le Sanctuaire qui devait préserver la famille d'une épidémie est devenu une prison pour les filles et la mère. Si cette dernière subit, les filles veulent savoir, surtout la cadette, Gemma qui brave l'inconnu et les remontrances du père qui se tranforment peu à peu en châtiments violents.



Elle rencontre un vieil homme solitaire qui a dressé un aigle, partage avec lui différents moments, souvent silencieux, faits plutôt de haine que d'amitié, ce qui aurait peut-être changé la teneur pessimiste et glauque de ce roman. le vieux la désire, cela est exprimé par Laurine Roux de manière où l'érotisme sombre dans une pornographie inutile. Mais Gemma n'est pas Lolita et le vieux ne ressent aucun amour pour elle.



Pas d'empathie pour les différents personnages, chacun subissant son destin, le père croyant le forger alors qu'il est le destructeur de sa famille.



Il reste une écriture intéressante qui ne comble pas toutes les lacunes de ce roman déroutant.
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Le Sanctuaire

Roman court et dense, dont l’alibi post-apocalyptique cache un autre propos, beaucoup plus universel.



La famille vit isolée, aux abords d’une forêt et le père entraîne les filles au maniement des armes, fondamental dans cet univers où la menace plante au dessus de leurs têtes : les oiseaux, porteurs du virus mortel. Le père seul se risque à s’approvisionner là où des humains ont laissé des biens utiles dans un paysage dévasté.



Gemma est née dans la montagne, elle est la seule à ne pas avoir connu le monde d’avant la pandémie. Le jour où elle ose s’affranchir des interdits et s’aventurer au delà des limites imposées, le doute s’installe et les certitudes ancrées en elle par une éducation sans concession vacillent.



Si le sujet nous renvoie à une actualité encore brulante, ce n’est qu’un coïncidence ou une prémonition troublante. Ecrit avant que ne survienne le bouleversement de nos habitudes, le roman explore cette période de la vie où la sortie de l’enfance s’effectue dans la rupture et le rejet des principes inculqués , et où le regard sur les parents change d’angle.



C’est aussi le récit d’une folie complotiste dans une ambiance de survivalisme.



La nature est bien présente, source d’approvisionnement pour la famille et base de réflexion pour la jeune fille en quête d’identité.





Récit marquant .


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Sur l'épaule des géants

Sur l'épaule des géants nous raconte l'histoire d'une famille sur un siècle et demi, de 1850 à nos jours. La vie de cette famille se déroulera en partie à Paris , en partie aux Muriers, propriété des Cévennes, où la vigne remplaça le ver à soie après l'invasion d'un papillon ravageur.



Je me suis régalée, dans cette lecture, que je conseille à tous les amateurs de chat. Ces félins dans ce roman ont la particularité d'être compris par les membres de la famille et de philosopher de Socrate à Diogène en passant par Érasme, noms prédestinés.



J'ai aimé la structure du roman en petits chapitres, évoquant avec beaucoup de réussite les feuilletons du XIXème siècle.

J'ai aimé les titres de ces courts chapitres, mêlant aphorismes, jeux de mots, références littéraires et musicales ... Je vous en donne quelques exemples :

Où il est question de lettres et du néant

Où ci-git Allais sans Retour

Où il est question de papillote et de pénis, nullement de pénis en papillote



J'ai aimé cette famille de femmes qui portent toutes des noms de fleur et qui sont la colonne vertébrale de cette famille,



J'ai aimé les échanges savoureux avec les chats, qui délivrent avec beaucoup d'à-propos réflexions parfois philosophiques, parfois beaucoup plus terre à terre.



J'ai aimé tous les personnages qui traversent ces pages, certains ayant vraiment existé, de Pasteur à Picasso, d'autres créations de l'autrice, pour notre plus grand plaisir de lecteur.



J'ai aimé ressentir l'amour présent dans toute ces pages, entre maris et femmes, entre amis, entre membres de la famille.



J'ai aimé le ton , le vocabulaire utilisé parfois un peu suranné, mais tellement approprié.



J'ai aimé aussi les illustrations en noir et blanc qui enrichissent ces pages. Merci à Hélène Bautista.



Un moment de lecture vraiment enchanteur pour moi.

Vous ai-je dit que j'ai aimé ce livre ?

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Sur l'épaule des géants

Un petit poisson un petit oiseau s’aimaient d’amour tendre mais comment s’y prendre …

On s'est connus, on s'est reconnus

On s'est perdus de vue, on s'est r'perdus d'vue

On s'est retrouvés, on s'est réchauffés

Puis on s'est séparés

Chacun pour soi est reparti

Dans l'tourbillon de la vie



En lisant ce livre, j’avais ces deux douces ritournelles en tête

Quelque chose de triste et de gai à la fois, comme la vie avec son lot de tendresses, de petits bonheurs et les malheurs, les deuils…

Gai comme la lumière chaude et réconfortante du soleil qui illumine le soleil dans le Sud.

Une escapade à laquelle nous invite Laurine Roux, belle échappée à travers les siècles, les générations à la découverte du mas des Muriers près d’Alès et son élevage de vers à soie.

Nous suivons en particulier l’histoire pleine de rebondissements de Marguerite. La vie d’une jeune fille qui n’a pas froid aux yeux, prête à tout pour sa première histoire d’amour.

J’ai sautillé avec entrain, vibré avec la foule des personnages, l’autrice fait défiler ces visages avec bienveillance, telle une fée saupoudrant les défauts et qualités d’un coup de baguette magique au-dessus des berceaux de ses personnages.

J’ai été charmée par l’écriture, la vie déroulant son fil patiemment comme les vers à soie, même si parfois le fil se casse, à cause de la guerre ou d’un accident ...

J’ai virevolté, tourbillonné dans les bras des femmes du clan Aghulon, des femmes fortes et indépendantes qui portent des noms de fleurs Églantine, Rose, Violette, Marguerite, Iris, …

J’ai découvert Laurine Roux avec ce livre, et je compte bien la laisser continuer à me laisser conter fleurette. Venez effeuiller la marguerite vous aussi. Laurine Roux ? je l’aime un peu, beaucoup, passionnément, …

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Le Souffle du puma

Cordillère des Andes, 1999 : une équipe d’archéologues exhume trois petites momies, deux enfants et une jeune fille. Les scientifiques partent du principe qu’ils ont été conduits au sommet du volcan Llullaillaco pour être sacrifiés. Des analyses ADN à l’examen des prélèvements effectués sur les corps, toutes les techniques modernes sont mises au service de l’enquête qui doit révéler ce qui s’est passé…



Cette histoire, on va la découvrir par deux bouts.



D’une part, la vie de Poma, qui vécut dans les Andes au XVIème siècle et dont le destin bascule le jour où des émissaires de l’empereur, frappés par sa beauté, décident de l’emporter à Cuzco. Sa force de caractère sera-t-elle de taille face à Sapa Inca et à la marche harassante qui l’attend dans un décor à couper le souffle ? Sera-t-elle suffisante pour lui permettre d’échapper à son destin ?



D’autre part, l’histoire se reconstitue au fil des avancées de l’enquête menée par Astrid, médecin légiste suédoise dépêchée sur place pour faire parler les momies. Si j’ai bien aimé cette drôle de femme plus à l’aise avec les morts qu’avec les vivants, j’ai été moins convaincue par ce fil d’intrigue dans son ensemble. Il y a un personnage un peu caricatural dont la marque de rouge à lèvre est mentionnée au moins vingt fois, une romance dont je n’ai pas trop vu l’intérêt… Mais ces incursions dans le futur permettent à la fois de nourrir notre curiosité en nous donnant des indices sur ce qui va suivre (pourquoi les enfants ont-ils été drogués ? D’où vient telle cicatrice, telle marque noire ?) et de ménager des temps de respiration plus légers dans une histoire aussi terrible que plausible (puisque les trois momies existent bel et bien, vérifiez !).



L’ensemble est romanesque et très prenant, porté par une plume vive et immersive. On remarque à peine qu’au passage, on en apprend un rayon sur la civilisation Inca et le travail de médecin légiste. Tant et si bien qu’on ne voit pas les pages passer et qu’on en voudrait presque plus. Pour filer la métaphore du puma, j’aurais aimé que l’intrigue rebondisse encore un peu.



Un roman à lire pour l’évasion loin des sentiers battus, l’atmosphère étrange, presque magique et des personnages féminins qui, hier comme aujourd’hui, luttent farouchement pour leur liberté.
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Le Sanctuaire

Je me suis laissé tenter par ce roman à la médiathèque il y a déjà un mois. C’est un titre qui est passé assez inaperçu je trouve, peut-être à cause de sa couverture que je ne trouve pas très attrayante. Il a néanmoins été primé par le Grand Prix de l’imaginaire en 2021 dans la catégorie Roman Francophone ce qui a de quoi rendre assez curieux quand même je trouve.



Le roman est court, 147 pages. Une plume agréable au vocabulaire riche. Une histoire qui se laisse peu à peu dévoiler. On se situe ici sur un récit post-apocalyptique, un virus transmis par les oiseaux aurait balayé la quasi-totalité d’humanité, on suit une petite famille dans une sorte de huis clos au sein d’un sanctuaire, une zone montagneuse, boisée où s'est réfugié une famille.



L’aspect post-apo n’est pas vraiment mis en avant, ne le lisez pas pour cela, non ici il ne s’agit que d’un arrière-plan, au premier plan c’est cette famille qui est mise en avant et notamment le personnage de Gemma, narratrice de ce récit à la première personne du singulier. Gemma, la plus jeune de la famille, elle ne connaît que le Sanctuaire et ses limites, que son père violent mais qu’elle aime car c’est son père. A côté de ce père quelque peu tortionnaire, sa grande sœur se sent enfermée dans ce lieu qui fait office de prison tandis que leur mère est mélancolique de la vie d’avant le virus. J'ai aimé les relations entre les personnages de plus en plus mal à l'aise par ce père au comportement si problématique et touché par la relation entre les deux sœurs qui se soutiennent.



Un jour, la vie de Gemma va basculer, elle va dépasser les frontières du sanctuaire, rencontrer un vieil homme au comportement violent qui m'a plusieurs fois mis mal à l'aise notamment par son comportement lubrique que j'ai trouvé de trop. Une rencontre marquante pour la jeune fille mais pâle en comparaison avec celle d'un aigle, un oiseau ! Entre peur d'un virus et fascination pour ce rapace, et culpabilité de ressentir cette fascination pour ce dernier.



Le Sanctuaire est un roman assez lent, avec de belles descriptions de la nature, une très belle plume. Une histoire avec une fin percutante. Un petit roman dont je ne regrette pas la découverte.

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L'autre moitié du monde

Emprunté à la bibliothèque- fin septembre 2023





Gros, gros coup de coeur.... du vrai chagrin à quitter ces personnages si attachants, cette belle héroïne, Luz....Comme son prénom l'indique, une vraie Belle lumière ; mais aussi Toya, cette gamine "ensauvagée", vivant dans les années 30, à la fois une enfance heureuse avec des parents très aimants, mais dans un contexte historique, politique terrifiant, avec l'arrivée de Franco au pouvoir....



"On parle d'exécutions. Les journaux évoquent une poignée de victimes, mais le bruit court qu'il y aurait plus d'une centaine de fusillés. Des camarades abattus froidement, sans jugement, dans les cours des casernes.Ça fait mal au bide d'entendre ça. L'espoir ne devrait jamais se solder d'une manière aussi dégueulasse.Le général qui dirige la répression ? Un certain Franco."



Un art du récit, un style aussi fluide, poétique qu'envoûtant...On est sous le charme, totalement...



Espagne, années 1930. Des paysans s'épuisent dans les rizières du delta de l'Èbre; ils sont outrageusement exploités pour le compte de l'impitoyable Marquise. Parmi eux grandit Toya, gamine qui découvre avec colère le monde des adultes et surtout ce monde où sa mère travaille comme une "esclave", "cuisinière" , et femme à tout faire de cette sorcière de "Marquise" et de son fils, odieux personnage, prédateur, cumulant les outrages envers les femmes, dont envers la maman de Toya....



La colère, la révolte grondent parmi ces paysans qui sont à bout; à bout à cause des mauvais traitements et des salaires de misère !!



L'émancipation sociale fait rage, devient vitale pour ce peuple écrasé encore et encore !

Jusqu'à gagner ce bout de terre où vit Toya, que la Guerre civile s'apprête à faire basculer.

Ces évènements ,on les vit d'autant plus intensément, qu'ils sont racontés avec talent par Laurine Roux, à travers les yeux d'une petite fille, puis d'une adolescente et d'une jeune femme, Toya....le récit sera alterné par en son milieu par la voix de nouveaux personnages...je n'en dis pas plus, pour, ensuite, revenir à l'existence de Toya, si impactée par cette période historique espagnole, si pleine d'espoir , et rendue féroce par la venue du dictateur, Franco...



"Puis ils avaient discuté. Paco avait des idées radicales. Ses mots levaient des ennemis : Franco, les bourgeois, la famille catholique. Un but unique: tout renverser. A partir de ce jour, Luz avait foncé , tête baissée. Elle avait dévoré les ouvrages interdits, rencontré les amis de Paco, découvert qu’il existait une autre Espagne. Qui avait soif. De vin, de joie, de liberté. Dans le groupe, on y croyait dur au retour de la révolution, l’espoir jutait comme une pastèque en été. "

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Le Sanctuaire

La vie après la pandémie



Écrit avant le Covid-19, se second roman de Laurine Roux a un côté indéniablement prémonitoire, car Le Sanctuaire met aux prise une famille réfugiée en forêt après une pandémie dévastatrice. Et pose la question de la légitimité d’un déconfinement.



C'est l'histoire d'une famille qui vit recluse dans une cabane, au cœur d'une forêt nichée dans un massif montagneux, à quelques encablures d'une mine de sel. À la suite d'une pandémie, elle a trouvé refuge là, retrouvant des réflexes ancestraux, se nourrissant de cueillettes et de chasse. C'est dans ce Sanctuaire qu'est née Gemma, la narratrice de ce roman. Avec sa sœur June, elle est soumise à un entrainement de type commando par son père, à la fois pour l'aguerrir et lui donner les armes pour survivre. S'il est le seul à pouvoir franchir les limites de leur territoire, il n'est pas le seul à pouvoir raconter le monde d'avant. Sa femme écrivait des romans. Et, si elle ne dispose plus de papier pour écrire, elle n'a pas vraiment arrêté. Elle parle. «Sa voix coule. June et moi nous asseyons à ses pieds, attendons que le flot nous emporte. Les mots tombent en courbes ou en angles droits. Les lignes parallèles deviennent des rues qu’elle goudronne en répétant, noir, noir comme le dessus d'un gâteau brûlé, avec cet arôme d'huile de cade, et grâce à ces lignes elle construit des lotissements les soirs d'août, quand le sucre des tilleuls se mêle au macadam. Sa voix installe des bancs sous les catalpas, y dispose des familles qui se promènent main dans la main.»

Tout bascule le jour où, avec leur père, les deux filles croisent un aigle. Comme les oiseaux sont susceptibles de transporter la maladie, il faut les tuer et les brûler. Mais la flèche de Gemma n'atteint que l'aile du rapace. Sur la piste de l'animal, elle va quitter le périmètre autorisé, sans se rendre compte qu'elle est suivie par un vieil homme qui va l'assommer. Quand elle se réveille, elle se retrouve dans une grotte en compagnie de l'aigle et de son agresseur qui lui promet la vie sauve, ainsi qu'à sa famille, si elle promet de ne pas révéler son existence. Un lourd secret qui la perturbe beaucoup. «L'avertissement de l’homme n'en finit plus de rôder sous mon crâne. Il sait où nous habitons. Si je parle, il nous saignera tous.»

Mais la curiosité est trop forte et cette loi d'Airain édictée par son père vacille. Le vieil homme vit avec les oiseaux et n'est pas malade. Elle veut en avoir le cœur net. Aussi décide-t-elle de profiter du départ de son père en expédition pour tenter de retrouver l'oiseleur.

On pourrait voir dans ce second roman de Laurine Roux, après le délicieux Une immense sensation de calme, l'idée de coller à l'actualité et de peindre un monde post-pandémie très noir, mais il s'agit bien davantage d'un roman d'initiation. Quand Gemma à ses premières règles, elle découvre que le monde de l'enfance et de l'innocence s'achève pour elle. Que le monde est plus complexe, plus vaste, plus violent aussi qu'elle ne l'imaginait jusque-là.

Elle comprend alors cette phrase de sa mère, qui éprouvait devant les toiles de Monet «ce trouble irrésolu, nacré, qui laisse penser qu'un autre monde est possible». Mais avant de le découvrir, il lui faudra franchir un rite de passage que je vous laisse découvrir, car la fin du livre est tout simplement époustouflante !




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L'autre moitié du monde

«Pero nada pueden bombas donde sobra corazón»



En nous entraînant dans le delta de l’Èbre dans les années 1930 Laurine Roux fait bien davantage que rendre hommage à son grand-père. Son troisième roman nous rappelle, plus que jamais, l’urgence de combattre pour la liberté.



Laurine Roux a pris son rythme de croisière, nous livrant tous les deux ans un roman qui nous permet d'explorer la planète et une large palette d'émotions. Dès ses débuts en 2018 avec Une immense sensation de calme (2018), on découvrait comment survivre dans une région inhospitalière. Deux ans plus tard, et avant le confinement lié à la covid, elle dressait le portrait d'une famille tentant de vivre en autarcie dans Le Sanctuaire. Avec ce troisième roman, on part pour la première dans un endroit identifiable, le delta de l'Èbre. C’est dans ce coin d’Espagne que vivent difficilement Toya et ses parents, Juan qui trime dans les rizières et Pilar, cuisinière au sein du vaste domaine d’un marquis et de son épouse tyrannique ainsi que leur fils dont l’activité principale semble être le droit de cuissage. La jeune fille va développer au fil des jours, avec le constat de l'exploitation dont sa famille et tout le bas peuple est victime, une colère qui va se transformer en conscience politique, en nécessité de se révolter.

Avec l'adolescence et avec l'aide de Horacio, l’instituteur, elle va découvrir la lutte des classes. Bientôt nourrie d'exemples que livre José, l’avocat catalan qui va également éclairer son engagement.

Cette vaste fresque historique, qui va des années 1930 à l'instauration de la dictature franquiste, nous permet d'embrasser espoirs et désillusions, de la victoire éphémère des paysans du delta à la sanglante défaite des partisans de la démocratie.

Comme dans ses précédents romans, Laurine Roux fait foin de la théorie pour se concentrer sur ses personnages, leurs émotions et leurs relations dans une écriture qui fait la part belle à la sensualité, aux bruits et aux odeurs. Ici l'amour côtoie la rage, le rire se perd dans les larmes, le bonheur qui étincelle n'est qu'un leurre. C'est dans les terres ingrates du delta de l'Èbre que Toya avance avec une conviction chevillée au corps. C’est aussi là qu’elle retrouvera les victimes des troupes franquistes de la bataille de l'Èbre.

Avec ces républicains – dont faisait partie le grand-père de la romancière – qui se font écraser, on se retrouve soudain en pleine actualité, quand la force brutale et sans discernement des dictateurs tente d’écraser les peuples qui aspirent à la liberté. Quand une moitié du monde entend dicter sa loi à l’autre moitié du monde.




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